Titre : Le Journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-06-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328005112
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 juin 1886 05 juin 1886
Description : 1886/06/05 (A9,SER3,N23). 1886/06/05 (A9,SER3,N23).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5472810n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-V-2922
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/12/2008
9" ANNEE. — 3' Série— N" 23 Paraissant le Samedi 5 Juin 4886
SOMMAIRE
I.cs Tarlls île concurrence il" article).
I.a Représentation coinmcrciiile.
Travaux léglslatlls : Sénat; Cliamlirc «les Députés.
Réponse au « Travail national ».
Courrier parlementaire.
Itevue technique.
Les Chambres syndicales cl la Crise.
Les Chemins «le 1er à l'Étranger.
Revue des Chambres de commerce : Paris.
Correspondance.
Informations commerciales.
Revue financière et industrielle.
Avis et Communications.
Supplément :
Répertoire de .lurlspriidencc : Groupage ; Homologation ;
Impôt du dixième ; l.etlre d'avis.
Tarifs homologués.
Propositions de Tarifs.
LES TARIFS DE CONCURRENCE
(1er ARTICLE.)
MONOPOLE ET CONCURRENCE.
Certains lexiques définissent la concurrence : la pré-
tention de plusieurs personnes à faire la même chose.
En matière commerciale et économique, la concurrence
est l'effort de vendeurs rivaux pour s'assurer d'un même
marché, chacun d'eux luttant pour offrir de meilleures
conditions que celles de ses compétiteurs. Par suite, la
concurrence est ce qui empêche un marchand quel-
conque de fixer les prix qui lui conviennent, parce que
ses rivaux livreraient à meilleur compte que lui, et qu'il
perdrait ainsi ses clients.
L'opposé de la concurrence est le monopole. Là où la
concurrence n'agit point, il y a monopole complet ; là où
elle agit imparfaitement, le monopole est partiel, l'n mo-
nopole peut être de trois sortes : légal, naturel ou indus-
triel.
Le monopole est légal lorsque toute concurrence est
défendue par la loi. Les corporations du moyen Age, par
exemple, étaient des monopoles légaux, car personne ne
pouvait prendre un métier en dehors de la corporation.
Actuellement, le service des Postes et Télégraphes
dans la grande majorité des Etals, la vente du la bac en
France, de l'alcool en Allemagne, du sel en Italie, sont
autant de monopoles légaux. De même la Banque de
France.
Le monopole est naturel lorsque la concurrence est
physiquement impossible. Par exemple, l'approvisionne-
ment des eaux de certaines grandes villes est le plus
souvent un monopole naturel, par ce fait que les sources
d'alimentation, étant peu nombreuses, sont entre les
mains d'une seule Compagnie. Dans celle seconde caté-
gorie peuvent être rangés également les canaux, les
mines, etc.
Enfin, le monopole est industriel lorsque les intérêts
commerciaux des parties en présence rendent la concur-
rence pratiquement impossible, même s'il n'y a ni loi ni
obstacle pour l'empêcher.
Nous vivons à une époque de monopoles industriels ;
il serait aussi puéril de le nier que malaisé de s'y sous-
traire. Dans tous les pays de l'Ancien Continentales che-
mins de fer ne sont rien aulre chose. De l'autre côté de
l'Océan, en Amérique même, la concurrence tend de plus
en plus à disparaître par suite des « pools » (arrange-
ments) qui interviennent entre les diverses Compagnies
de transports. Car, ainsi que l'a fort bien dit George
Stephenson, avec une remarquable prescience du monde
actuel, « là où l'association est possible, la concurrence
ne l'est pas. » ( Where combination is possible, compéti-
tion is impossible.)
Les Américains, du reste, commencent à se rendre
compte de cette vérité économique. Frappés des effets
désastreux d'une concurrence sans limites, ils s'efforcent
aujourd'hui de porter remède à celte déplorable situa-
tion. Si la solution se fait encore attendre, il ne faut attri-
buer ce retard qu'à une seule cause : c'est que, le jour
où l'Amérique réglementera la concurrence, elle consa-
crera du même coup un monopole, d'autant plus formi-
dable qu'il s'étendra sur un territoire de 200,000 kilo-
mètres. Et devant celte aliénation partielle de son indé-
pendance, ce peuple d'un siècle recule. Ce n'est là qu'un
arrêt temporaire, et la force même des choses amènera
d'ici peu, au régime de l'Ancien Continent, les nations
libres du Nouveau-Monde.
Nous disons que les monopoles industriels sont le ré-
sultat de la force même des choses. En abordant celte
thèse, nous sentons combien le sujet est délicat. Ce que
nous soutenons est cependant bon a dire, en dépit de la
guerre de classes que des socialistes à courte vue vou-
draient provoquer parmi nous à leur bénéfice.
La Rochefoucauld, en écrivant ses Maximes, a pré-
tendu que l'intérêt était le seul mobile de toutes nos ac-
tions. Si égoïste que soit cette pensée, le siècle présent
n'est pas pour lui donner tort.
Impatiente de sortir des limites étroites que lui avaient
imposées la civilisation slalionnaire des âges précédents,
la spéculation s'est jetée avec empressement sur les
merveilleuses découvertes de la science moderne, et, par
un essor rapide, favorisé de l'appui d'un capital abon-
dant, l'application perfectionnée de la vapeur dans toutes
les branches de l'industrie a brisé d'un coup les vieilles
barrières et transformé la vie des peuples. L'acli vite hu-
maine trouvant, dès lors, un emploi infini de ses moyens,
décupla la production antérieure que nos pères avaient
trouvée suffisante. 1-e bien-être, en se répandant, fut mis
davantage à la portée de toutes les classes, et chacun put
en espérer sa part. La généralité y gagna ; l'individua-
lité y perdit.
Les entreprises d'ordre privé, de restreintes qu'elles
étaient jadis, devinrent colossales, afin de se mettre im-
médiatement au niveau des progrès réalisés et aussi de
î les accroître. De ce prodigieux mouvement naquirent les
Ï coalitions commerciales, comme le Louvre et le Hon-
Ï Marché en France, les usines Krupp en Allemagne, les
associations métallurgiques en Angleterre, la Standard
5 Oïl Company en Amérique. Il n'est personne qui ne con-
naisse l'immense puissance capitaliste de l'usine Krupp.
> Il nous suffira de dire, pour la Standard Oil Company,
qu'elle fut fondée il y a vingt ans à peine par trois pe'r-
i sonnes intelligentes", mais presque sans capital. Le pro-
cédé que ces industriels découvrirent pour raffiner le
SOMMAIRE
I.cs Tarlls île concurrence il" article).
I.a Représentation coinmcrciiile.
Travaux léglslatlls : Sénat; Cliamlirc «les Députés.
Réponse au « Travail national ».
Courrier parlementaire.
Itevue technique.
Les Chambres syndicales cl la Crise.
Les Chemins «le 1er à l'Étranger.
Revue des Chambres de commerce : Paris.
Correspondance.
Informations commerciales.
Revue financière et industrielle.
Avis et Communications.
Supplément :
Répertoire de .lurlspriidencc : Groupage ; Homologation ;
Impôt du dixième ; l.etlre d'avis.
Tarifs homologués.
Propositions de Tarifs.
LES TARIFS DE CONCURRENCE
(1er ARTICLE.)
MONOPOLE ET CONCURRENCE.
Certains lexiques définissent la concurrence : la pré-
tention de plusieurs personnes à faire la même chose.
En matière commerciale et économique, la concurrence
est l'effort de vendeurs rivaux pour s'assurer d'un même
marché, chacun d'eux luttant pour offrir de meilleures
conditions que celles de ses compétiteurs. Par suite, la
concurrence est ce qui empêche un marchand quel-
conque de fixer les prix qui lui conviennent, parce que
ses rivaux livreraient à meilleur compte que lui, et qu'il
perdrait ainsi ses clients.
L'opposé de la concurrence est le monopole. Là où la
concurrence n'agit point, il y a monopole complet ; là où
elle agit imparfaitement, le monopole est partiel, l'n mo-
nopole peut être de trois sortes : légal, naturel ou indus-
triel.
Le monopole est légal lorsque toute concurrence est
défendue par la loi. Les corporations du moyen Age, par
exemple, étaient des monopoles légaux, car personne ne
pouvait prendre un métier en dehors de la corporation.
Actuellement, le service des Postes et Télégraphes
dans la grande majorité des Etals, la vente du la bac en
France, de l'alcool en Allemagne, du sel en Italie, sont
autant de monopoles légaux. De même la Banque de
France.
Le monopole est naturel lorsque la concurrence est
physiquement impossible. Par exemple, l'approvisionne-
ment des eaux de certaines grandes villes est le plus
souvent un monopole naturel, par ce fait que les sources
d'alimentation, étant peu nombreuses, sont entre les
mains d'une seule Compagnie. Dans celle seconde caté-
gorie peuvent être rangés également les canaux, les
mines, etc.
Enfin, le monopole est industriel lorsque les intérêts
commerciaux des parties en présence rendent la concur-
rence pratiquement impossible, même s'il n'y a ni loi ni
obstacle pour l'empêcher.
Nous vivons à une époque de monopoles industriels ;
il serait aussi puéril de le nier que malaisé de s'y sous-
traire. Dans tous les pays de l'Ancien Continentales che-
mins de fer ne sont rien aulre chose. De l'autre côté de
l'Océan, en Amérique même, la concurrence tend de plus
en plus à disparaître par suite des « pools » (arrange-
ments) qui interviennent entre les diverses Compagnies
de transports. Car, ainsi que l'a fort bien dit George
Stephenson, avec une remarquable prescience du monde
actuel, « là où l'association est possible, la concurrence
ne l'est pas. » ( Where combination is possible, compéti-
tion is impossible.)
Les Américains, du reste, commencent à se rendre
compte de cette vérité économique. Frappés des effets
désastreux d'une concurrence sans limites, ils s'efforcent
aujourd'hui de porter remède à celte déplorable situa-
tion. Si la solution se fait encore attendre, il ne faut attri-
buer ce retard qu'à une seule cause : c'est que, le jour
où l'Amérique réglementera la concurrence, elle consa-
crera du même coup un monopole, d'autant plus formi-
dable qu'il s'étendra sur un territoire de 200,000 kilo-
mètres. Et devant celte aliénation partielle de son indé-
pendance, ce peuple d'un siècle recule. Ce n'est là qu'un
arrêt temporaire, et la force même des choses amènera
d'ici peu, au régime de l'Ancien Continent, les nations
libres du Nouveau-Monde.
Nous disons que les monopoles industriels sont le ré-
sultat de la force même des choses. En abordant celte
thèse, nous sentons combien le sujet est délicat. Ce que
nous soutenons est cependant bon a dire, en dépit de la
guerre de classes que des socialistes à courte vue vou-
draient provoquer parmi nous à leur bénéfice.
La Rochefoucauld, en écrivant ses Maximes, a pré-
tendu que l'intérêt était le seul mobile de toutes nos ac-
tions. Si égoïste que soit cette pensée, le siècle présent
n'est pas pour lui donner tort.
Impatiente de sortir des limites étroites que lui avaient
imposées la civilisation slalionnaire des âges précédents,
la spéculation s'est jetée avec empressement sur les
merveilleuses découvertes de la science moderne, et, par
un essor rapide, favorisé de l'appui d'un capital abon-
dant, l'application perfectionnée de la vapeur dans toutes
les branches de l'industrie a brisé d'un coup les vieilles
barrières et transformé la vie des peuples. L'acli vite hu-
maine trouvant, dès lors, un emploi infini de ses moyens,
décupla la production antérieure que nos pères avaient
trouvée suffisante. 1-e bien-être, en se répandant, fut mis
davantage à la portée de toutes les classes, et chacun put
en espérer sa part. La généralité y gagna ; l'individua-
lité y perdit.
Les entreprises d'ordre privé, de restreintes qu'elles
étaient jadis, devinrent colossales, afin de se mettre im-
médiatement au niveau des progrès réalisés et aussi de
î les accroître. De ce prodigieux mouvement naquirent les
Ï coalitions commerciales, comme le Louvre et le Hon-
Ï Marché en France, les usines Krupp en Allemagne, les
associations métallurgiques en Angleterre, la Standard
5 Oïl Company en Amérique. Il n'est personne qui ne con-
naisse l'immense puissance capitaliste de l'usine Krupp.
> Il nous suffira de dire, pour la Standard Oil Company,
qu'elle fut fondée il y a vingt ans à peine par trois pe'r-
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