Titre : Le Journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-03-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328005112
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mars 1886 27 mars 1886
Description : 1886/03/27 (A9,SER3,N13). 1886/03/27 (A9,SER3,N13).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5472757q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-V-2922
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/12/2008
9' ANNEE. -S* Série-w 13 Paraissant le~Samèdï ~. r - ;:'.' 27 MW-tas» ^
SOMMAIRE :
Les Idées de M. Pelletait.
I.a Tarification aiifllalse (levant les Chambres de commerce.
Travaux parlementaires : Sénat, Chambre des députés.
Courrier parlementaire.
Discours de M. Félix Faure (suite et lin).
Informations commerciales.
Revue financière et Industrielle.
Avis et Communications.
Supplément :
Répertoire de Jurisprudence en matière de transports.
Tarifs homologués.
Propositions tlo Tarils.
LES IDÉES DE M. PELLETAN
M. Camille Pcllelan a, sur les chemins de fer, un cer-
tain nombre d'idées qui, à défaut d'autres qualités, ont
du moins le mérite d'être neuves. Gela ne veut aucu-
nement dire qu'elles soient justes : le vrai, c'est qu'elles
sont superbement dites et merveilleusement creuses.
F^e discours du jeune député des Bouches-du-llhone
constitue ce qu'on peut appeler « un beau morceau
d'éloquence ». Les périodes y sont heureusement dis-
tribuées, les coups de force en bonne place , l'esprit en
dose suffisante; il n'y manque qu'une seule chose, une
bonne raison.
Il ne suffit pas, en effet, de terroriser les foules —
fussent celles du Palais-Bourbon —dansFéblouissemcnl
passager des redondances oratoires pours'atlribuer une
compétence quelconque sur la question des chemins de
fer. Il faut pour cela tout simplement quitterles nuages
de la péroraison, et s'en tenir au terre-à-terre banal,
c'est-à-dire aux discussions de chiffres certains, aux
citations de faits précis.
L'honorable M. Félix Faure a fort bien saisi la nuance,
•et, à cause de cela, nous préférons de beaucoup son
discours à celui de M. Camille Pelletan, qui,lorsqu'on lui
demande de donner des exemples, se borne à invoquer
M. de la Palisse. Ce témoignage n'est pas suffisant, en
l'espèce, même pour un avocat distingué des doctrines
socialistes dont le talent incontestable peut, à la rigueur,
se passer fort bien de cet innocent patronage.
Sans doute, M. Camille Pelletan s'est senti gêné par
l'argumentation serrée de son prédécesseur à la tribune.
De là vient cet aveu que nous recueillons au début de
son réquisitoire : « En ce qui me concerne, je suis résolu
.à laisser de coté les détails techniques, les détails spé-
ciaux de la question ». Celle résolution est d'autant plus
regrettable qu'elle a pour but de laisser dans l'ombre
les cotés intéressants du problème à résoudre. Mais
M. Pelletan a, sur ce sujet, des idées tout aussi curieuses,
qui lui font ajouter aussitôt ce commentaire déso-
bligeant : « A quoi cela servirait-il? Le lendemain du
jour où vous auriez découvert la tarification idéale, les
tjfxes les plus utiles au pays, vous vous trouveriez en
face d'hommes qui auraient cherché, pendant ce temps-
là, les tarifs les plus utiles à leurs dividendes ».
Colle déclaration nous fait connaître, sans autre délai,
i
la thèse soutenue par M. Pelletan, après Lassalle et ses
disciples de l'école socialiste collectiviste. L'honorable
député des Bouches-du-Uhone en veut à « l'oligarchie
financière qui ruine le pays en pleine crise », et il trouve
que le moment est venu « d'en libérer le territoire ».
Ce sont là des mots, des boursouflures, et rien de plus :
nous n'en parlerions point du tout si nous avions trouvé
seulement ces excitations malsaines à la haine contre le
capital dans le discours de M. Pelletan. Il s'y trouve
malheureusement encore d'autres sophisines qui, pour
n'être point exprimés de façon aussi violente, n'en
demeurent pas moins dangereux.
En somme, l'honorable député est imbu de ce principe
que les Compagnies de chemins de fer établissent « les
tarifs les plus utiles à leurs dividendes », et ne se sou-
cient aucunement des intérêts du pays. L'inconséquence
est flagrante pour qui connaît tant s'oit peu la situation.
Car si, d'un côté, M. Pelletan déplore la garantie d'intérêts
qui * grève le Trésor de sommes considérables », il ne
devrait pas, d'autre part, au pied même de la lettre,
reprocher aux Compagnies d'établir des tarifs « utiles à
leurs dividendes », qui, par conséquent, produiraient des
excédents de recettes et non plus des insuffisances.
En fait, l'honorable député sait fort bien que ces
mêmes Compagnies, endettées envers l'Etat toutes les
fois qu'elles ont recours, contre leur gré, à la garantie
d'intérêts, sont forcées parallèlement de concilier dans
la plus large mesure possible les intérêts légitimes de
leurs actionnaires avec les intérêts non moins légitimes
du commerce national. La prospérité des chemins de fer
est intimement liée à celle des régions qu'ils desservent :
il est donc illogique de croire qu'une tarification exces-
sive , ayant pour effet de restreindre les transports en
les surchargeant, serait une tarification avantageuse.
Ce système irait toul simplement conlre le bon sens, et
ce n'est point celui-là que les Compagnies françaises ont
adopté. L'ignorance où se trouve M. Pelletan de ces
détails techniques, — et qu'il avoue, du reste, avec une
rare bonne foi, — l'a conduit à commettre celte exagé-
ration nouvelle.
Nous en relevons une autre encore dans ce tableau
fortement chargé : « Oui, les sociétés financières qui ont
versé 1,460,000,000 fr., c'est-à-dire moins que l'Etat et à
peine plus d'un huitième de la dépense totale des
réseaux des six grandes Compagnies, ont aujourd'hui
dans les mains une valeur de 3,600,000,000 fr. ' environ ;
c'est-à-dire que les diverses conventions qui sont inter-
venues leur ont donné 2 milliards de bénéfices dont on
garantit le revenu ».
Nous ne pousserons pas la curiosité jusqu'à demander
au véhément orateur comment il faut entendre celte
expression de « deux milliards de bénéfices dont on
garantit le revenu », les deux choses nous paraissant
également inexplicables : nous ndus bornerons à com-
battre la théorie qu'il soutient et dont il croit vainement
pouvoir faire un axiome.
Pour M. Pelletan, en effet, il n'y a point de démocratie
intéressée dans le capital des grandes Compagnies ; il
n'y a point de petites gens possédant une action ou une
obligation de chemin de fer; il n'v a poinl d'épargne
préférant ce placement sûr aux placements aléatoires
qu'on lui offre de toutes parts : il n'y a que des « sociétés
SOMMAIRE :
Les Idées de M. Pelletait.
I.a Tarification aiifllalse (levant les Chambres de commerce.
Travaux parlementaires : Sénat, Chambre des députés.
Courrier parlementaire.
Discours de M. Félix Faure (suite et lin).
Informations commerciales.
Revue financière et Industrielle.
Avis et Communications.
Supplément :
Répertoire de Jurisprudence en matière de transports.
Tarifs homologués.
Propositions tlo Tarils.
LES IDÉES DE M. PELLETAN
M. Camille Pcllelan a, sur les chemins de fer, un cer-
tain nombre d'idées qui, à défaut d'autres qualités, ont
du moins le mérite d'être neuves. Gela ne veut aucu-
nement dire qu'elles soient justes : le vrai, c'est qu'elles
sont superbement dites et merveilleusement creuses.
F^e discours du jeune député des Bouches-du-llhone
constitue ce qu'on peut appeler « un beau morceau
d'éloquence ». Les périodes y sont heureusement dis-
tribuées, les coups de force en bonne place , l'esprit en
dose suffisante; il n'y manque qu'une seule chose, une
bonne raison.
Il ne suffit pas, en effet, de terroriser les foules —
fussent celles du Palais-Bourbon —dansFéblouissemcnl
passager des redondances oratoires pours'atlribuer une
compétence quelconque sur la question des chemins de
fer. Il faut pour cela tout simplement quitterles nuages
de la péroraison, et s'en tenir au terre-à-terre banal,
c'est-à-dire aux discussions de chiffres certains, aux
citations de faits précis.
L'honorable M. Félix Faure a fort bien saisi la nuance,
•et, à cause de cela, nous préférons de beaucoup son
discours à celui de M. Camille Pelletan, qui,lorsqu'on lui
demande de donner des exemples, se borne à invoquer
M. de la Palisse. Ce témoignage n'est pas suffisant, en
l'espèce, même pour un avocat distingué des doctrines
socialistes dont le talent incontestable peut, à la rigueur,
se passer fort bien de cet innocent patronage.
Sans doute, M. Camille Pelletan s'est senti gêné par
l'argumentation serrée de son prédécesseur à la tribune.
De là vient cet aveu que nous recueillons au début de
son réquisitoire : « En ce qui me concerne, je suis résolu
.à laisser de coté les détails techniques, les détails spé-
ciaux de la question ». Celle résolution est d'autant plus
regrettable qu'elle a pour but de laisser dans l'ombre
les cotés intéressants du problème à résoudre. Mais
M. Pelletan a, sur ce sujet, des idées tout aussi curieuses,
qui lui font ajouter aussitôt ce commentaire déso-
bligeant : « A quoi cela servirait-il? Le lendemain du
jour où vous auriez découvert la tarification idéale, les
tjfxes les plus utiles au pays, vous vous trouveriez en
face d'hommes qui auraient cherché, pendant ce temps-
là, les tarifs les plus utiles à leurs dividendes ».
Colle déclaration nous fait connaître, sans autre délai,
i
la thèse soutenue par M. Pelletan, après Lassalle et ses
disciples de l'école socialiste collectiviste. L'honorable
député des Bouches-du-Uhone en veut à « l'oligarchie
financière qui ruine le pays en pleine crise », et il trouve
que le moment est venu « d'en libérer le territoire ».
Ce sont là des mots, des boursouflures, et rien de plus :
nous n'en parlerions point du tout si nous avions trouvé
seulement ces excitations malsaines à la haine contre le
capital dans le discours de M. Pelletan. Il s'y trouve
malheureusement encore d'autres sophisines qui, pour
n'être point exprimés de façon aussi violente, n'en
demeurent pas moins dangereux.
En somme, l'honorable député est imbu de ce principe
que les Compagnies de chemins de fer établissent « les
tarifs les plus utiles à leurs dividendes », et ne se sou-
cient aucunement des intérêts du pays. L'inconséquence
est flagrante pour qui connaît tant s'oit peu la situation.
Car si, d'un côté, M. Pelletan déplore la garantie d'intérêts
qui * grève le Trésor de sommes considérables », il ne
devrait pas, d'autre part, au pied même de la lettre,
reprocher aux Compagnies d'établir des tarifs « utiles à
leurs dividendes », qui, par conséquent, produiraient des
excédents de recettes et non plus des insuffisances.
En fait, l'honorable député sait fort bien que ces
mêmes Compagnies, endettées envers l'Etat toutes les
fois qu'elles ont recours, contre leur gré, à la garantie
d'intérêts, sont forcées parallèlement de concilier dans
la plus large mesure possible les intérêts légitimes de
leurs actionnaires avec les intérêts non moins légitimes
du commerce national. La prospérité des chemins de fer
est intimement liée à celle des régions qu'ils desservent :
il est donc illogique de croire qu'une tarification exces-
sive , ayant pour effet de restreindre les transports en
les surchargeant, serait une tarification avantageuse.
Ce système irait toul simplement conlre le bon sens, et
ce n'est point celui-là que les Compagnies françaises ont
adopté. L'ignorance où se trouve M. Pelletan de ces
détails techniques, — et qu'il avoue, du reste, avec une
rare bonne foi, — l'a conduit à commettre celte exagé-
ration nouvelle.
Nous en relevons une autre encore dans ce tableau
fortement chargé : « Oui, les sociétés financières qui ont
versé 1,460,000,000 fr., c'est-à-dire moins que l'Etat et à
peine plus d'un huitième de la dépense totale des
réseaux des six grandes Compagnies, ont aujourd'hui
dans les mains une valeur de 3,600,000,000 fr. ' environ ;
c'est-à-dire que les diverses conventions qui sont inter-
venues leur ont donné 2 milliards de bénéfices dont on
garantit le revenu ».
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expression de « deux milliards de bénéfices dont on
garantit le revenu », les deux choses nous paraissant
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battre la théorie qu'il soutient et dont il croit vainement
pouvoir faire un axiome.
Pour M. Pelletan, en effet, il n'y a point de démocratie
intéressée dans le capital des grandes Compagnies ; il
n'y a point de petites gens possédant une action ou une
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