Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-07-08
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124274 Nombre total de vues : 124274
Description : 08 juillet 1891 08 juillet 1891
Description : 1891/07/08 (Numéro 1128). 1891/07/08 (Numéro 1128).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k546344f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/04/2008
Cao~rQ o&ntimes JLE T
AMM~ ~(mTBÏte Sëne) N* li~S
RÉDACTION
S, 6ot<ïecard <~t C'apttCtMt,
BtcntttHttusMAttutnM
ANNONCES ET RÉCLAMES
Chez MBT Ch t-tterramBe, Cerf A C'*
6,Pt~CItDEl.~BOCZM,6
CtUinee" Fils. Se~ny et C", t6, rnt ermgt-B&ttUtM
ET AU BuRRAU DC J&tmNAf.
A.BC'N'ITBMTBN'TS 3
PAMa: Smoit. 6&.
6moi< Ofr.
Un an. i8ft.
te< BMntMcW~ non «u
MERCREDI 8 JUILLE'i 1891
ADMtN!STRAT!ON
S, 6ottZeMM'd de* CttpMCtKM, S
B* DBE )MUMM DO MATM A BIX MtCHM DE 6ANNONCES ET RÉCLAMES
Chez NQtt. Ch. tazrtmee, Cert C"
6, Ft-AC* DE t.A BOORSB, 6
BttUBgen FUB, Segn~ et C", t6. rM anmge-MdUt
ttT AC BCHE~C DU JotTBHAI.
A.BO~rN'BM:Bi!rTa:
D~MManaatm 3 mou. 6&.
6 moia. IZEr.
UnM. a.4&.
ETRANOt& Le port
J~ ttMMtMCtth tMtt MM
-1-t
JoM~~ .Z~~M~~ ~o~~e~
Directeur Politique, Rédacteur en'chef GEORGES LAGUERRE
~CMXYi~LSM~~ S
EST-CE LA GUERRE?–GfttM'~t~.
L'AFFAÉRE BARRËMH.
BAtLLET ET BUTtLLEUL BEVAMT LÀ COUR
D'ASSISES DE BQUAt.
'.ÏNDtSCRÈTtONS THEATRALES.
f LES MANŒUVRES NAVALES.
EST-CE LAJ.UERRE?
Sommes-nous à. la veiUe d'une nbu-
;'veUe guerre religieuse? Au remue-ménage
qui se produit dans !es casernes conser-
jvatrices et cléricales, depuis l'archevêché
jusqu'au bureau de journal on pourrait, le
.penser.
Le cardinal Lavigerie a donné le branle
'en entonnant la Mac~e~&M'M; depuis cet
'incident fameux, l'Eglise ~e France rappene
au drapeau et astique ses armes; clercs ou
laïques, tous ceux qui prennent chez elle
'leur mot d'ordre, se raltient~ avec plus ou
moins d'enthousiasme~ sur le terrain de la
République. Les uns arrivent sans bruit et,
timidement, les autres avec audace et
bruyamment; mais tous y viennent.
L'évêque de Grenoble est un~de ceux qui
s'y sont places avec le plus d'éclat. Ce pré-
lat agressif et batailleur, qui s'est autrefois
rendu cétëbre par sa résistance de Chàteau-
villain, est entré dans le mouvement en ti-
Tant un coup d~ pistolet, comme il convient,
je ne dirai pas à son caractère sacré, mais à
son vigoureux tempérament. On peut dire
qu'il a proclamé la République tl&nsson dio-
cèse. Il n'y va pas de-main morte,. M. Fava!
D'un coup de plume épiscopale, il engage la
conscience de ses curés, vicaires et desser-
vants.
« Voici ce que nous déclarons publique-
ment pour vous et p&ur nous, leur prescrit-
il, nous acceptons la forme du gouverne-
ment qui est celle de la France aujourd'hui,
c'est-à-dire la République. Voilà la Répu-
'blique bien avancée! 1
Si bizarre que soit la forme de cette adhé-
sion et si inutile qu'elle puisse être dans un
département où la Répubiitfue n'est discutée
que par d'innmes mm-ontes, j'aurais été
tenté de l'enregistrer avec joie, comme un
indice nouveau du besoin de réconciliation
qui est au fond du co&ur de tous les Fran-
çais. Malheureusement, en même temps
qu'il déclare hautement « accepter la forme
du gouvernement, qui est celle de la France
aujourd'hui H, révêque de Grenoble nous
signifie, non moins ouvertement, son inten-
tion de faire de. la République française
quelque chose approchant dé la République
de l'Equateur où les dépenses du denier de
Saint-Pierre constituent un des plus gros
chapitres du budget.
C'est à cette glorieuse fin qu'il a invité
les membres de son clergé à former immé-
diatement, sous son haut patronage et son
active direction, une association électorale à
qui il donne le nom de P~?' c~Ao~'yMe.
J'avoue que j'avais cru à quelque fantaisie
personnelle, à une frasque particulière au
pétulant M, Fava. Mais voilà qu'un de nos
confrères, un de ceux qui n'a point l'ha-
bitude de parler sans savoir, nous assure ce
matin que l'étonnant appel aux armes de ce
prélat n'est que la première manifestation
d'une attaque désespérée concertée~ entre
les hauts dignitaires du clergé français, con-
tre ~a société modern&.
L'Eglise de France ne serait plus aujour-
d'hui qu'une vaste association électorale
dont les arches ques, réunis so dence d'un cardinal, formerait le grand con-
seil ayant pour agents de propagande ces
milliers de prêtres qui prennent encore cha-
que année~ en ~hi tires ronds, quarante-cinq
millions dans l'escarcelle des contribuables.
Quand je lis les mandements politiques de
M. Fava, quand je découvre qu'ils ne sont
que l'expression des sentiments de l'armée
ecclésiastique, je me demande si la loi du
18 Germinal an X, n'est plus en vigueur ou
si la République a encore un gouvernement.
Existe-il, oui ou non, un article 7 du
Concordat qui ordonne aux évêques et aux
curés de prêter entre les mains de l'autorité
civile le serment que voici
cc Je jure et promets à Dieu, sur les saints
Evangiles, de garder obéissance et fidélité
au Gouvernement établi par la Constitution
dé la République française. Je promets aussi
de n'avoir aucune Mï~~ey!cc, de n'assister à
aucun conseil, de n'entretenir aucune ~Msoit au dedans, soit au dehors, qui soit con-
traire à la ~MÎ/~?6' ~MM~e et si, dans
mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se
trame quelque chose au préjudice de l'Etat,
je le ferai savoir au Gouvernement. ?
Voilà qui est formel. Dieu me garde de
demander aux curés de dénoncer leurs pa-
roissiens mais entre le fait de révéler les
complots et celui de conspirer soi-même
contre la tranquillité publique, il y a loin.
Or, il est impossible que les évoques de
France ne comprennent pas qu'en ayant en-
tre eux des ~~t~fMCM pour la création
d'un « Parti catholique w, en se réunissant
en un grand Co/Me~ électoral, en formant
une ~M~ pour faire réussir des candidats
aux élections prochaines, ils compromettent
singulièrement la ~M~7e jOMM~, ils
préparent pour notre pays la plus abomi-
nable et la plus odieuse des lattes civiles, la
guerre religieuse.
Voyons! le gouvernement de la Répu-
blique ne peut pas laisser le déjugé de
France s'engager dans cette voie pleine de
P~rns. T&nt que l'Eglise aur& sa part au
budget, elle relèvera de l'Etat. Nos ministres
le savent bien et ils ne s'en souviennent
parfois que trop quand l'influence d'une de
leurs créatures électorales est en jeu; sec-
taires de l'omnipotence gouvernementale,
ils se rappellent volontiers leurs droits et
sont même disposés à les exagérer dès que
quelque pauvre prêtre, usant de sa liberté
individuelle, soutient uii candidat qui n'est
point celui du pouvoir. Mais cette fois, ce
n'est point d'une misérable élection qu'il
s'agit. Il s'agit du repos du pays. Ce n'est
point la majorité ministérielle qui est mise
en question, c'est la Révolution elle-même.
.Et, maintenant, je me demande ce que
la religion peut avoir à gagner à cette, croi-
sade à l'intérieur pour lequelle les Richard
Cœur de Lion de 1 épiscopat commencent à
discipliner leurs troupes. On a dit qu'il faut
une religion à un peuple. C'est possible.
Mais ce qui est certain, c'est que les peuples
n'aiment pas plus les religions que les gou-
vernements de combat. Un prêtre, qui sait
s'enfermer dans son église pour y enseigner
la morale et y prêcher la charité, y a plus
d'une fois attiré ceux-là même qui n'ont
pas le fétichisme de la soutane. S'il essaye
d'en sortir pour se mêler aux petitesses
et aux misères de la politique, il y perd sa
force morale, quand il n'y laisse pas sa con-
sidération.
Avant d'endosser les armures de carton
que lui tendent ses évêques et de se jeter
dans ùu& lutte dont l'issue ne peut être dou-
teuse, le clergé~ le vrai clergé, celui des cu-
rés, ceiui qui a produit les Ballard, les Gal-
let eties Grégoire, fera sagement d'y regarder
à deux fois.
GERMINAL.
LA PRESSE, <MaMïere eoMp~~e a /<7Me CM?'!OS!~ ~e s~
core a ~M ~r~ce~'m/'o~ï~'o~e~~e repor-
te.
~~e ~'a~oeZ/e ~M'ae MM/!yner/'aceMe~ ~~eMy~M: c e/e /a~ aM.r
ar~e~ c~e ~'eer!!)a::M ~M~Ma'Me ~Mt ~rM
~eM~OKy~e~ GERMINAL.
LA PRESSE publiera demain un article de
SËVERtNE
i~ ~a -M- U 3S
A la salle des Capucines
Ge soir, à 8 h. 1/3, notre emment collabora-
teur et ami Naquet fera une conférence sur
«les Relations entre la France et l'Italie H.
Le prince Tafeb-Bey, frère du bey de Tunis,
arrivera à Paris le 15 courant.
La statue de Gambetta à Ville-d'Avray, pro-
duit d'une souscription couverte exclusive-
ment par les Alsaciens-Lorrains, due au
ciseau d'un Alsacien, Bartholdi, ne à Cotmar,
sera inaugurée en novembre prochain.
Le chef de la Défense nationale est repré-
sente debout, en une taille gigantesque, ser-
rant contre son cœur les débris du drapeau
national dëpouUlé de l'aigle impëriafe. qui gH
PORTRAIT DE M. BARRÈME
à ses pieds, écrasée. Ce drapeau, on le devine,
Gambetta le reconstituera sans l'aigle. Il en
fera flotter désormais les troiscouleurssur la
patrie comme un symbole d'espérance et de
paix.
Hier soir, grand dîner chez le ministre des
finances, suivi d'une soirée musicale et dra-
matique.
~)~
On annonce la mort de la fille du maréchal
Magnan.
Mme Ohier, qui recevait depuis 1868 une
pension de 5,000 francs du gouvernement
français, a succombe à. Paris à l'âge de
soixante-deux ans.
Petite statistique.
Il résulte d'un relevé publié par l'adminis-
~ation des contributions directes que, dans le
courant de l'année 1890, on a taxé 350,847 voi-
tures à quatre roues, 1,011,658 voitures à deux
roues et 1,124,297 chevaux, mules et mulets,
Le nombre des billards imposés s'est élevé à
94,944. Quant au nombre de chiens soumis à
la taxe municipale, il se chiffre par 8,859,000,
soit 784,500 pour les chiens de luxe et3,074,500
pour les chiens de garde.
Un télégramme dé Saint-Louis (Sénégal)
mande que la santô du colonel Archinard
n'est heurj3nse:nent pas aussi ébranlée que
certaines nouvelle]: venues de Kayes avalent
pu le faire craindre. Le colonel embarquera
mardi à Dakar avec une vingtaine d'officiers
qui servaient au Soudan français.
~m~M~jtMi~E
MAURICE SOUFFRÀIN ACCUSÉ
Dénonciation de Mme Souffrain. Mme
Barrème réclame justice. Une con-
frontation nécessaire. Chez Mme
Barrème. Chez Mme SouNrain.
A la préfecture de police
Cinq années nous séparent de l'assassinat mysté-
rieux du préfet de l'Eure. M. Barrème fut frappé,
on s'en souvient, dans un wagon du chemin de fer
de l'Ouest, et son corps, jeté pantelant sur la voie
ferrée, fut retrouvé à l'aube, non loin de la station
de Maisons-Laffitte.
L'assassin s'échappa, bien qu'il ait été vu à la
gare Saint-Lazare, dans la soirée du crime, et à
minuit à la gare de Mantes. Un employé de la voie
donna son signalement complet.
K Grand, épaules larges, teint basané, mousta-
ches noires, coiffé d'un chapeau de feutre à bords
plats, paletot gris assez long, etc.
Malgré ces données, complétées par celles du
contrôleur Palois, le mystérieux personnage ne pût
ôtre découvert..
La police suivit alors plusieurs pistes, aucune
n'aboutit.
On prétendit même, dans le public, que Jaume,
l'inspecteur principal de la Sûreté, connaissait le
coupable, mais que ce damier était trop haut placé
pour être atteint..
L'an'aire fut classée.
Une dénonciation
Or, cette aSaire classée, ou réputée telle, retrouve
soudainement une palpitante actualité.
De môme que Prado, en prison pour un fait insi-
gnifiant, fut formellement accusé par son ancienne
maîtresse, de l'assassinat de Marie Aguétant, l'indi-
vidu que l'on croit être l'assassin de M. Barrème,
est dénoncé aujourd'hui par sa femme, dont il est
divorcé.
Cet individu, arrêté il y à quelques jours, fut
envoyé à Mazas, sous l'inculpation de rapt
d'enfants.
Il s'agit du nommé Maurice SoufTra.in, ancien
agent du ministère de l'intérieur.
Dès qu'elle eut connaissance de la dénonciation
faite par Mme Sounrain, Mme Barreme, la veuve
de l'infortuné préfet, écrivit à M. Fëron, juge d'ins-
truction/la lettre suivante, dont nos lecteurs ap-
précieront l'imper, ance
Exposé des faits è
Monsieur le juge,
Je viens d'être informée qu'une déclaration très
importante ayant trait à 1 assassinat de M. Bar-
reme a été faite, ces jnurs derniers, au Service de
la Sûreté.
Il s'agit d'un certain «Maurice Sounrain)', an-
cien agent de la préfecture de police et de la Sûreté
générale, qui est.en ce moment à Mazas, sous l'in-
culpation de rapt d'enfants. Cet individu, quon m'a
dit être un bandit de la pire espèce, capable dé per-
pétrer, pour de l'argent, les forfaits les plus'abomi-
nables, a commis une foule de méfaits.
Ledit Souffrain était en fonctions au ministère de
l'intérieur à l'époque de l'assassinat de M. Barreme
il a donc pu connaître mon mari. Sa femme, do~it
il est maintenant divorcé, a spontanément déclaré
à l'agent qui venait lui demander des renseigne-
ments que Souffrain était parfaitement capable
d'avoir tué M. Barreme pour le voler, et, à l'appui
de son dire, elle a cité le fait suivant, dont la gra-
vité ne vous échappera certainement pas
Trois sëmannes environ avant le crime, Mme Souf-
frain, qui habitait alors dans le. quartier Saint-
Georges avec son mari, a trouvé dans le portefeuille
de celui-ci la photographie, d'une.personne dont elle
a exprimé le désir de connaître le nom. « Oh c'est
le portrait d'un personnage politique que tu ne con-
nais pas, H lui a répondu Sounrain. Sa femme n'a
pas insisté davantage.
~M!<~OM~ opT'M le ~rime, Mme Souffrain ayant
vu dsms les journaux illusit~ le portrait de M. Bar-
reme, dit à son mari: « Mais le po~rait que tu avais
l'autre jour dans ta. coche, c'etant celui ~u prôfet de
1 Eure, ~qui a été tue en~hemin de fer ? 't Sounra.m.
répondit, visiblement embarrassé par ta remarqua
de sa femma: '< Oui, on me l'a donné au ministère,
'car je suis chargé do rechercher les assassins. Je
dois même aller m'entendre, a ce sujet/avec Mmo
Barrôme. H
Tout d'abord, monsieur le juge d'instruction, je
dois vous assurer que je n'ai jamais reçu la visite
de ce Souffrain. Ensuite, comment cet homme a-t-it
pu dire qu'on lui avait remis la photographie de M.
Barreme pour rechercher les assassins, quand ça
n est que trois semaines seulement après que Mma
Sounrain a vu le portrait dans le portefemUe de son
mari que M. Barreme a été assassine?
Dans sa déclaration, très catégorique, Mme Souf-
frain ajoute que son mari était hé, au moment da
crime, avec des individus très suspects dont elle a
donné les noms. D'après tout ce qu'elle a observé à
cette époque, sa conviction est que c'est bien Souf-
frain qui a fait assassiner mon mari, s'il ne l'a pM
assassiné lui-môme.
Le signalement de l'ancien agent, {d'après cequt
m'a été dit, répondrait d'une façon très exacte à
celui de l'homme qui a été vu à la gare Saint'
Lazare dans la soirée du 13 janvier 1886, qui a été
ensuite aperçu dans le compartiment de 1" classe
où M. Barrôme était monté pour rentrer à Evreux,.
et qui a été rencontré sur la route de Mantes par les
deux jeunes filles qui l'ont vu jeter la couverture de
M. Barreme.
En outre, Souffrain connaissait par/'atligne de l'Oueet, sur laquelle il voyageait très fré-
quemment la gare Saint-Lazare lui était également
très familière.
Vous connaissez, Monsieur le juge, la ténacité
que j'ai toujours apportée dans la recherche des
assassins de mon infortuné mari. Pour moi-même
et pour mes enfants, je tiens à persévérer dans
cette voie, et je ne serai véritablement satisfaite
que le jour où la justice aura atteint les cou-
pables.
Veuillez agréer, etc.
VEUVE BARREME~
Rapprochement bizarre
En 1838, la préfecture de police raçut une lettft
anonyme, dont nous reproduisons ci-dessous cer-
tains passages, et qui semble avoir désigné le mys-
térieux assassin du préfet de l'Eure.
Les préposés aux antichambres'ministérielles sont
forcément au courant de tous les secrets.
L'un des agents qui se trouvaient de service ce jour-
là, a certainement appris qu'une somme de 30,000 fr.
avait été touchée par M. Barreme.
Libre à sept heures, l'un de ces agents n'a-t-il pa&
pu être l'instigateur, voire même l'auteur du crinM
jusqu'à ce jour impuni ? 2
Le fameux mouchoir à carreaux marqué d'un V n'é-
tait certes pas un. mouchoir de luxe, mais celui d'ua
petit employé ou d'un ouvrier.
M. Barreme avait donc en pèche au moment de l'as-
sassinat, 30,000 francs plus 500 francs ? On n'a retrouva
sur la victime que cette dernière somme. Les person-
nages sur lesquels ont plané ou planent actuellement
les soupçons, gens plus qu'à leur aise, seraient donc à
la fois voleurs et assassins ? C'est peu probable, c'esi
même iuadmissible. Ils se seraient contentés de la
mort de leur ennemi sans s'enrichir de ses dé-
pouilles.
De.pitis, te.coup a;ëteha.Mlementex6outë. L'assassin
doit avoir nie sa victime jusqu'au moment de son do-
part il devait être ëxpert.cn'ia'ataticre.
En conséquence,-n'y au.rait-11-pas lieu de recherche)
quels étaient, le jour de l'assassinat, les agents de ser-
vice.au ministère.de 1 intérieur; de voir si, parmi eux,
îln'enetaitpasundont le nom ou le prénom com
mence par un V de constater, ce pivs, si, depuis oettf
époque, aucun agent de la sûreté générale n'a auitté le
service.
Chez Mme Barreme
Nous avons tenu à connaître l'opinion de la vouvf
de l'infortuné préfet.
Mme Barreme demeure 9, boulevard de Mont-
parnasse.
J'ai été avisée, nous dit-elle, de la dénoncia-
tion de Mme SouHrain et aussitôt j'ai écrit la letLrc
que vous connaissez à M. Feron, juge d'instruction
à Versailles. Il était do mon devoir d'agir ainsi et
tant que je vivrai je poursuivrai dans la mesure d~
mes forces ceux que je soupçonnerai être les assas-
sins de mon mari.
Plus que jamais, je suis convaincus que M. Bar-
reme a été frappé par un voleur assassin et non par
un homme désireux de se venger. M. Barreme n'a-
vait aucun ennemi.
J'espère que la police va s'occuper activement d&
rechercher les preuves de la culpabilité de celui que
sa femme dénonce aujourd'hui comme l'assassin da
M. Barrôme.
Chez MmoSouB'rain
Nous n'avons pas pu voir Mme SouSra.in qui ha'
bite, 5X, rue Saint-Georges. Elle a consigné s&
porte.
–Madame ne reçoit pas, nous répond sonCon-
cierge. A la Sûreté
A la Sûreté, M. Goron déclare qu'il n'a reçu au-
cune dénonciation.
Je ne sais pas ce que cela veut dire, af arme-t-il,
et je ne m'occuperai de nouveau de l'atl'aire Bar-
reme que sur un ordre du parquet.
M. Féron, juge d'instruction à Versailles, qui 9
reçu la lettre de Mme Barremo ne paut pas, il noua'
semble, ne pas ordonner une enquête. Tous cjux
qui ont déclaré « avoir vu l'assassin du préfet d(
qùi ont déclaré « avoir va » 1'assassin préfet d~
l'Eure, sont encore vivants II est très facile dt
confronter avec eux Maurice Sounrain, le chef dE
la bande des voleurs d'enfants. L'opinion publiquf
réclame cette confrontation.
DERNiËRE HEURE
Notre devoir est de publier tout ce qui st.
fait et tout ce qui se dit. C'est pourquoi nous
avons jugé intéressant pour nos lecteurs d€
recueillir la version publiée par notre con
frère 7e Afa~n, en lui en laissant l'entière res-
ponsabilité, et de reproduire, en même temps
que les traits de l'infortune préfet de l'Eure, !a
découverte du cadavre.
La préfecture de police opposait hier soir au
signalement de l'assassin de M. Barreme le
signalement de Maurice Souffrain.
Ce dernier est petit, blond, un peu gros. B
a le teint colore. Ce signalement le différentie
donc complètement de. l'individu resté in*
connu qui frappa M. Barreme.. 1
On croit savoir, d'ailleurs, à la préfecture.
que l'assassin du préfet de l'Eure est mort de-
puis plus d'une année.
Le sieur Souffrain poursuivrait le jMa<:n, qui
a lancé cette nouvelle ssnsationnelle, et il ré-
clamerait à notre confrère 800,000 francs de
dommages-intérêts. L'avocat de Soufirain se-
rait M'=0bermayer.
LES ASSASSINS DU NORD
Lire à la. 2~ page le compte rendu
de h première audience.
AMM~ ~(mTBÏte Sëne) N* li~S
RÉDACTION
S, 6ot<ïecard <~t C'apttCtMt,
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Chez MBT Ch t-tterramBe, Cerf A C'*
6,Pt~CItDEl.~BOCZM,6
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ET AU BuRRAU DC J&tmNAf.
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PAMa: Smoit. 6&.
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Un an. i8ft.
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6, Ft-AC* DE t.A BOORSB, 6
BttUBgen FUB, Segn~ et C", t6. rM anmge-MdUt
ttT AC BCHE~C DU JotTBHAI.
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D~MManaatm 3 mou. 6&.
6 moia. IZEr.
UnM. a.4&.
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J~ ttMMtMCtth tMtt MM
-1-t
JoM~~ .Z~~M~~ ~o~~e~
Directeur Politique, Rédacteur en'chef GEORGES LAGUERRE
~CMXYi~LSM~~ S
EST-CE LA GUERRE?–GfttM'~t~.
L'AFFAÉRE BARRËMH.
BAtLLET ET BUTtLLEUL BEVAMT LÀ COUR
D'ASSISES DE BQUAt.
'.ÏNDtSCRÈTtONS THEATRALES.
f LES MANŒUVRES NAVALES.
EST-CE LAJ.UERRE?
Sommes-nous à. la veiUe d'une nbu-
;'veUe guerre religieuse? Au remue-ménage
qui se produit dans !es casernes conser-
jvatrices et cléricales, depuis l'archevêché
jusqu'au bureau de journal on pourrait, le
.penser.
Le cardinal Lavigerie a donné le branle
'en entonnant la Mac~e~&M'M; depuis cet
'incident fameux, l'Eglise ~e France rappene
au drapeau et astique ses armes; clercs ou
laïques, tous ceux qui prennent chez elle
'leur mot d'ordre, se raltient~ avec plus ou
moins d'enthousiasme~ sur le terrain de la
République. Les uns arrivent sans bruit et,
timidement, les autres avec audace et
bruyamment; mais tous y viennent.
L'évêque de Grenoble est un~de ceux qui
s'y sont places avec le plus d'éclat. Ce pré-
lat agressif et batailleur, qui s'est autrefois
rendu cétëbre par sa résistance de Chàteau-
villain, est entré dans le mouvement en ti-
Tant un coup d~ pistolet, comme il convient,
je ne dirai pas à son caractère sacré, mais à
son vigoureux tempérament. On peut dire
qu'il a proclamé la République tl&nsson dio-
cèse. Il n'y va pas de-main morte,. M. Fava!
D'un coup de plume épiscopale, il engage la
conscience de ses curés, vicaires et desser-
vants.
« Voici ce que nous déclarons publique-
ment pour vous et p&ur nous, leur prescrit-
il, nous acceptons la forme du gouverne-
ment qui est celle de la France aujourd'hui,
c'est-à-dire la République. Voilà la Répu-
'blique bien avancée! 1
Si bizarre que soit la forme de cette adhé-
sion et si inutile qu'elle puisse être dans un
département où la Répubiitfue n'est discutée
que par d'innmes mm-ontes, j'aurais été
tenté de l'enregistrer avec joie, comme un
indice nouveau du besoin de réconciliation
qui est au fond du co&ur de tous les Fran-
çais. Malheureusement, en même temps
qu'il déclare hautement « accepter la forme
du gouvernement, qui est celle de la France
aujourd'hui H, révêque de Grenoble nous
signifie, non moins ouvertement, son inten-
tion de faire de. la République française
quelque chose approchant dé la République
de l'Equateur où les dépenses du denier de
Saint-Pierre constituent un des plus gros
chapitres du budget.
C'est à cette glorieuse fin qu'il a invité
les membres de son clergé à former immé-
diatement, sous son haut patronage et son
active direction, une association électorale à
qui il donne le nom de P~?' c~Ao~'yMe.
J'avoue que j'avais cru à quelque fantaisie
personnelle, à une frasque particulière au
pétulant M, Fava. Mais voilà qu'un de nos
confrères, un de ceux qui n'a point l'ha-
bitude de parler sans savoir, nous assure ce
matin que l'étonnant appel aux armes de ce
prélat n'est que la première manifestation
d'une attaque désespérée concertée~ entre
les hauts dignitaires du clergé français, con-
tre ~a société modern&.
L'Eglise de France ne serait plus aujour-
d'hui qu'une vaste association électorale
dont les arches ques, réunis so
seil ayant pour agents de propagande ces
milliers de prêtres qui prennent encore cha-
que année~ en ~hi tires ronds, quarante-cinq
millions dans l'escarcelle des contribuables.
Quand je lis les mandements politiques de
M. Fava, quand je découvre qu'ils ne sont
que l'expression des sentiments de l'armée
ecclésiastique, je me demande si la loi du
18 Germinal an X, n'est plus en vigueur ou
si la République a encore un gouvernement.
Existe-il, oui ou non, un article 7 du
Concordat qui ordonne aux évêques et aux
curés de prêter entre les mains de l'autorité
civile le serment que voici
cc Je jure et promets à Dieu, sur les saints
Evangiles, de garder obéissance et fidélité
au Gouvernement établi par la Constitution
dé la République française. Je promets aussi
de n'avoir aucune Mï~~ey!cc, de n'assister à
aucun conseil, de n'entretenir aucune ~Msoit au dedans, soit au dehors, qui soit con-
traire à la ~MÎ/~?6' ~MM~e et si, dans
mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se
trame quelque chose au préjudice de l'Etat,
je le ferai savoir au Gouvernement. ?
Voilà qui est formel. Dieu me garde de
demander aux curés de dénoncer leurs pa-
roissiens mais entre le fait de révéler les
complots et celui de conspirer soi-même
contre la tranquillité publique, il y a loin.
Or, il est impossible que les évoques de
France ne comprennent pas qu'en ayant en-
tre eux des ~~t~fMCM pour la création
d'un « Parti catholique w, en se réunissant
en un grand Co/Me~ électoral, en formant
une ~M~ pour faire réussir des candidats
aux élections prochaines, ils compromettent
singulièrement la ~M~7e jOMM~, ils
préparent pour notre pays la plus abomi-
nable et la plus odieuse des lattes civiles, la
guerre religieuse.
Voyons! le gouvernement de la Répu-
blique ne peut pas laisser le déjugé de
France s'engager dans cette voie pleine de
P~rns. T&nt que l'Eglise aur& sa part au
budget, elle relèvera de l'Etat. Nos ministres
le savent bien et ils ne s'en souviennent
parfois que trop quand l'influence d'une de
leurs créatures électorales est en jeu; sec-
taires de l'omnipotence gouvernementale,
ils se rappellent volontiers leurs droits et
sont même disposés à les exagérer dès que
quelque pauvre prêtre, usant de sa liberté
individuelle, soutient uii candidat qui n'est
point celui du pouvoir. Mais cette fois, ce
n'est point d'une misérable élection qu'il
s'agit. Il s'agit du repos du pays. Ce n'est
point la majorité ministérielle qui est mise
en question, c'est la Révolution elle-même.
.Et, maintenant, je me demande ce que
la religion peut avoir à gagner à cette, croi-
sade à l'intérieur pour lequelle les Richard
Cœur de Lion de 1 épiscopat commencent à
discipliner leurs troupes. On a dit qu'il faut
une religion à un peuple. C'est possible.
Mais ce qui est certain, c'est que les peuples
n'aiment pas plus les religions que les gou-
vernements de combat. Un prêtre, qui sait
s'enfermer dans son église pour y enseigner
la morale et y prêcher la charité, y a plus
d'une fois attiré ceux-là même qui n'ont
pas le fétichisme de la soutane. S'il essaye
d'en sortir pour se mêler aux petitesses
et aux misères de la politique, il y perd sa
force morale, quand il n'y laisse pas sa con-
sidération.
Avant d'endosser les armures de carton
que lui tendent ses évêques et de se jeter
dans ùu& lutte dont l'issue ne peut être dou-
teuse, le clergé~ le vrai clergé, celui des cu-
rés, ceiui qui a produit les Ballard, les Gal-
let eties Grégoire, fera sagement d'y regarder
à deux fois.
GERMINAL.
LA PRESSE, <MaMïere eoMp~~e a /<7Me CM?'!OS!~ ~e s~
te.
~~e ~'a~oeZ/e ~M'ae MM/!yner/'aceMe~ ~~eMy~M: c e/e /a~ aM.r
ar~e~ c~e ~'eer!!)a::M ~M~Ma'Me ~Mt ~rM
~eM~OKy~e~ GERMINAL.
LA PRESSE publiera demain un article de
SËVERtNE
i~ ~a -M- U 3S
A la salle des Capucines
Ge soir, à 8 h. 1/3, notre emment collabora-
teur et ami Naquet fera une conférence sur
«les Relations entre la France et l'Italie H.
Le prince Tafeb-Bey, frère du bey de Tunis,
arrivera à Paris le 15 courant.
La statue de Gambetta à Ville-d'Avray, pro-
duit d'une souscription couverte exclusive-
ment par les Alsaciens-Lorrains, due au
ciseau d'un Alsacien, Bartholdi, ne à Cotmar,
sera inaugurée en novembre prochain.
Le chef de la Défense nationale est repré-
sente debout, en une taille gigantesque, ser-
rant contre son cœur les débris du drapeau
national dëpouUlé de l'aigle impëriafe. qui gH
PORTRAIT DE M. BARRÈME
à ses pieds, écrasée. Ce drapeau, on le devine,
Gambetta le reconstituera sans l'aigle. Il en
fera flotter désormais les troiscouleurssur la
patrie comme un symbole d'espérance et de
paix.
Hier soir, grand dîner chez le ministre des
finances, suivi d'une soirée musicale et dra-
matique.
~)~
On annonce la mort de la fille du maréchal
Magnan.
Mme Ohier, qui recevait depuis 1868 une
pension de 5,000 francs du gouvernement
français, a succombe à. Paris à l'âge de
soixante-deux ans.
Petite statistique.
Il résulte d'un relevé publié par l'adminis-
~ation des contributions directes que, dans le
courant de l'année 1890, on a taxé 350,847 voi-
tures à quatre roues, 1,011,658 voitures à deux
roues et 1,124,297 chevaux, mules et mulets,
Le nombre des billards imposés s'est élevé à
94,944. Quant au nombre de chiens soumis à
la taxe municipale, il se chiffre par 8,859,000,
soit 784,500 pour les chiens de luxe et3,074,500
pour les chiens de garde.
Un télégramme dé Saint-Louis (Sénégal)
mande que la santô du colonel Archinard
n'est heurj3nse:nent pas aussi ébranlée que
certaines nouvelle]: venues de Kayes avalent
pu le faire craindre. Le colonel embarquera
mardi à Dakar avec une vingtaine d'officiers
qui servaient au Soudan français.
~m~M~jtMi~E
MAURICE SOUFFRÀIN ACCUSÉ
Dénonciation de Mme Souffrain. Mme
Barrème réclame justice. Une con-
frontation nécessaire. Chez Mme
Barrème. Chez Mme SouNrain.
A la préfecture de police
Cinq années nous séparent de l'assassinat mysté-
rieux du préfet de l'Eure. M. Barrème fut frappé,
on s'en souvient, dans un wagon du chemin de fer
de l'Ouest, et son corps, jeté pantelant sur la voie
ferrée, fut retrouvé à l'aube, non loin de la station
de Maisons-Laffitte.
L'assassin s'échappa, bien qu'il ait été vu à la
gare Saint-Lazare, dans la soirée du crime, et à
minuit à la gare de Mantes. Un employé de la voie
donna son signalement complet.
K Grand, épaules larges, teint basané, mousta-
ches noires, coiffé d'un chapeau de feutre à bords
plats, paletot gris assez long, etc.
Malgré ces données, complétées par celles du
contrôleur Palois, le mystérieux personnage ne pût
ôtre découvert..
La police suivit alors plusieurs pistes, aucune
n'aboutit.
On prétendit même, dans le public, que Jaume,
l'inspecteur principal de la Sûreté, connaissait le
coupable, mais que ce damier était trop haut placé
pour être atteint..
L'an'aire fut classée.
Une dénonciation
Or, cette aSaire classée, ou réputée telle, retrouve
soudainement une palpitante actualité.
De môme que Prado, en prison pour un fait insi-
gnifiant, fut formellement accusé par son ancienne
maîtresse, de l'assassinat de Marie Aguétant, l'indi-
vidu que l'on croit être l'assassin de M. Barrème,
est dénoncé aujourd'hui par sa femme, dont il est
divorcé.
Cet individu, arrêté il y à quelques jours, fut
envoyé à Mazas, sous l'inculpation de rapt
d'enfants.
Il s'agit du nommé Maurice SoufTra.in, ancien
agent du ministère de l'intérieur.
Dès qu'elle eut connaissance de la dénonciation
faite par Mme Sounrain, Mme Barreme, la veuve
de l'infortuné préfet, écrivit à M. Fëron, juge d'ins-
truction/la lettre suivante, dont nos lecteurs ap-
précieront l'imper, ance
Exposé des faits è
Monsieur le juge,
Je viens d'être informée qu'une déclaration très
importante ayant trait à 1 assassinat de M. Bar-
reme a été faite, ces jnurs derniers, au Service de
la Sûreté.
Il s'agit d'un certain «Maurice Sounrain)', an-
cien agent de la préfecture de police et de la Sûreté
générale, qui est.en ce moment à Mazas, sous l'in-
culpation de rapt d'enfants. Cet individu, quon m'a
dit être un bandit de la pire espèce, capable dé per-
pétrer, pour de l'argent, les forfaits les plus'abomi-
nables, a commis une foule de méfaits.
Ledit Souffrain était en fonctions au ministère de
l'intérieur à l'époque de l'assassinat de M. Barreme
il a donc pu connaître mon mari. Sa femme, do~it
il est maintenant divorcé, a spontanément déclaré
à l'agent qui venait lui demander des renseigne-
ments que Souffrain était parfaitement capable
d'avoir tué M. Barreme pour le voler, et, à l'appui
de son dire, elle a cité le fait suivant, dont la gra-
vité ne vous échappera certainement pas
Trois sëmannes environ avant le crime, Mme Souf-
frain, qui habitait alors dans le. quartier Saint-
Georges avec son mari, a trouvé dans le portefeuille
de celui-ci la photographie, d'une.personne dont elle
a exprimé le désir de connaître le nom. « Oh c'est
le portrait d'un personnage politique que tu ne con-
nais pas, H lui a répondu Sounrain. Sa femme n'a
pas insisté davantage.
~M!<~OM~ opT'M le ~rime, Mme Souffrain ayant
vu dsms les journaux illusit~ le portrait de M. Bar-
reme, dit à son mari: « Mais le po~rait que tu avais
l'autre jour dans ta. coche, c'etant celui ~u prôfet de
1 Eure, ~qui a été tue en~hemin de fer ? 't Sounra.m.
répondit, visiblement embarrassé par ta remarqua
de sa femma: '< Oui, on me l'a donné au ministère,
'car je suis chargé do rechercher les assassins. Je
dois même aller m'entendre, a ce sujet/avec Mmo
Barrôme. H
Tout d'abord, monsieur le juge d'instruction, je
dois vous assurer que je n'ai jamais reçu la visite
de ce Souffrain. Ensuite, comment cet homme a-t-it
pu dire qu'on lui avait remis la photographie de M.
Barreme pour rechercher les assassins, quand ça
n est que trois semaines seulement après que Mma
Sounrain a vu le portrait dans le portefemUe de son
mari que M. Barreme a été assassine?
Dans sa déclaration, très catégorique, Mme Souf-
frain ajoute que son mari était hé, au moment da
crime, avec des individus très suspects dont elle a
donné les noms. D'après tout ce qu'elle a observé à
cette époque, sa conviction est que c'est bien Souf-
frain qui a fait assassiner mon mari, s'il ne l'a pM
assassiné lui-môme.
Le signalement de l'ancien agent, {d'après cequt
m'a été dit, répondrait d'une façon très exacte à
celui de l'homme qui a été vu à la gare Saint'
Lazare dans la soirée du 13 janvier 1886, qui a été
ensuite aperçu dans le compartiment de 1" classe
où M. Barrôme était monté pour rentrer à Evreux,.
et qui a été rencontré sur la route de Mantes par les
deux jeunes filles qui l'ont vu jeter la couverture de
M. Barreme.
En outre, Souffrain connaissait par/'at
quemment la gare Saint-Lazare lui était également
très familière.
Vous connaissez, Monsieur le juge, la ténacité
que j'ai toujours apportée dans la recherche des
assassins de mon infortuné mari. Pour moi-même
et pour mes enfants, je tiens à persévérer dans
cette voie, et je ne serai véritablement satisfaite
que le jour où la justice aura atteint les cou-
pables.
Veuillez agréer, etc.
VEUVE BARREME~
Rapprochement bizarre
En 1838, la préfecture de police raçut une lettft
anonyme, dont nous reproduisons ci-dessous cer-
tains passages, et qui semble avoir désigné le mys-
térieux assassin du préfet de l'Eure.
Les préposés aux antichambres'ministérielles sont
forcément au courant de tous les secrets.
L'un des agents qui se trouvaient de service ce jour-
là, a certainement appris qu'une somme de 30,000 fr.
avait été touchée par M. Barreme.
Libre à sept heures, l'un de ces agents n'a-t-il pa&
pu être l'instigateur, voire même l'auteur du crinM
jusqu'à ce jour impuni ? 2
Le fameux mouchoir à carreaux marqué d'un V n'é-
tait certes pas un. mouchoir de luxe, mais celui d'ua
petit employé ou d'un ouvrier.
M. Barreme avait donc en pèche au moment de l'as-
sassinat, 30,000 francs plus 500 francs ? On n'a retrouva
sur la victime que cette dernière somme. Les person-
nages sur lesquels ont plané ou planent actuellement
les soupçons, gens plus qu'à leur aise, seraient donc à
la fois voleurs et assassins ? C'est peu probable, c'esi
même iuadmissible. Ils se seraient contentés de la
mort de leur ennemi sans s'enrichir de ses dé-
pouilles.
De.pitis, te.coup a;ëteha.Mlementex6outë. L'assassin
doit avoir nie sa victime jusqu'au moment de son do-
part il devait être ëxpert.cn'ia'ataticre.
En conséquence,-n'y au.rait-11-pas lieu de recherche)
quels étaient, le jour de l'assassinat, les agents de ser-
vice.au ministère.de 1 intérieur; de voir si, parmi eux,
îln'enetaitpasundont le nom ou le prénom com
mence par un V de constater, ce pivs, si, depuis oettf
époque, aucun agent de la sûreté générale n'a auitté le
service.
Chez Mme Barreme
Nous avons tenu à connaître l'opinion de la vouvf
de l'infortuné préfet.
Mme Barreme demeure 9, boulevard de Mont-
parnasse.
J'ai été avisée, nous dit-elle, de la dénoncia-
tion de Mme SouHrain et aussitôt j'ai écrit la letLrc
que vous connaissez à M. Feron, juge d'instruction
à Versailles. Il était do mon devoir d'agir ainsi et
tant que je vivrai je poursuivrai dans la mesure d~
mes forces ceux que je soupçonnerai être les assas-
sins de mon mari.
Plus que jamais, je suis convaincus que M. Bar-
reme a été frappé par un voleur assassin et non par
un homme désireux de se venger. M. Barreme n'a-
vait aucun ennemi.
J'espère que la police va s'occuper activement d&
rechercher les preuves de la culpabilité de celui que
sa femme dénonce aujourd'hui comme l'assassin da
M. Barrôme.
Chez MmoSouB'rain
Nous n'avons pas pu voir Mme SouSra.in qui ha'
bite, 5X, rue Saint-Georges. Elle a consigné s&
porte.
–Madame ne reçoit pas, nous répond sonCon-
cierge. A la Sûreté
A la Sûreté, M. Goron déclare qu'il n'a reçu au-
cune dénonciation.
Je ne sais pas ce que cela veut dire, af arme-t-il,
et je ne m'occuperai de nouveau de l'atl'aire Bar-
reme que sur un ordre du parquet.
M. Féron, juge d'instruction à Versailles, qui 9
reçu la lettre de Mme Barremo ne paut pas, il noua'
semble, ne pas ordonner une enquête. Tous cjux
qui ont déclaré « avoir vu l'assassin du préfet d(
qùi ont déclaré « avoir va » 1'assassin préfet d~
l'Eure, sont encore vivants II est très facile dt
confronter avec eux Maurice Sounrain, le chef dE
la bande des voleurs d'enfants. L'opinion publiquf
réclame cette confrontation.
DERNiËRE HEURE
Notre devoir est de publier tout ce qui st.
fait et tout ce qui se dit. C'est pourquoi nous
avons jugé intéressant pour nos lecteurs d€
recueillir la version publiée par notre con
frère 7e Afa~n, en lui en laissant l'entière res-
ponsabilité, et de reproduire, en même temps
que les traits de l'infortune préfet de l'Eure, !a
découverte du cadavre.
La préfecture de police opposait hier soir au
signalement de l'assassin de M. Barreme le
signalement de Maurice Souffrain.
Ce dernier est petit, blond, un peu gros. B
a le teint colore. Ce signalement le différentie
donc complètement de. l'individu resté in*
connu qui frappa M. Barreme.. 1
On croit savoir, d'ailleurs, à la préfecture.
que l'assassin du préfet de l'Eure est mort de-
puis plus d'une année.
Le sieur Souffrain poursuivrait le jMa<:n, qui
a lancé cette nouvelle ssnsationnelle, et il ré-
clamerait à notre confrère 800,000 francs de
dommages-intérêts. L'avocat de Soufirain se-
rait M'=0bermayer.
LES ASSASSINS DU NORD
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