Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
984
PAS
PAS
PAS
négociation de la reine mère avec le roi de Navarre
dans la ville de Nérac dura plus longtemps qu'elle
n'avait pas cru, MÉZERAI, Abr. de l'hist. de France,
an 4 679. Ah ! vous avez plus faim que vous ne pen-
sez pas, MOL. L'Ét. vr, 4.
— SYN. PAS, POINT. Point nie plus fortement que
pas. On dira également : 11 n'a pas d'esprit ; Il n'a
point d'esprit ; et on pourra dire : Il n'a pas d'es-
prit ce qu'il en faudrait pour sortir d'un te! em-
barras ;.mais, quand on dit il n'a point d'esprit, on
ne peut rien ajouter. Ainsi, point, suivi de la par-
ticule de, forme une négation absolue; au lieu que
pas laisse la liberté de restreindre, de réserver.
Par cette raison, pas vaut mieux que point devant
plus, moins, si, autant, et autres termes compa-
ratifs : Cicéron n'est pas moins véhément que Dé-
mosthène ; Démosthène n'est pas si abondant que
Cicéron. Par la même raison pas est préférable de-
vant les noms de nombre : Il n'en reste pas un seul
petit morceau; il n'y a pas dix ans; vous n'en trou-
verez pas deux de votre avis.
— HIST. xi" s. Vous n'irez pas uan [cette année]
de mei si loin, Ch. de Roi. xvn. Hxn" s. Douce
dame, .je ne vous os [ose] rover [demander] Ce dont
amors ne me rave pas taire, Couci, n. N'est pas
amors dont on se puet mouvoir, ib. xvm. || xxn' s.
Chanter m'estuet [il me faut chanter], que m'en
est pris courage, Non pas pour ce que d'amors me
soit rien, QUESNES, Romancero, p. 86. Sa femme
[il] enmene o lui, ne Pi a pas laissie, Berte, il. Cil
n'ont mort deservie, à ce pas ne pensons [ne pen-
sons pas à cela], ib. LXXVII. j| xvi" s. La plus belle
royne vient-elle pas de mourir? MONT, I, 66. Il ne
s'en est encore trouvé pas un, que moy seul, qui
l'ait entièrement achevé [traduire Plutarque] en
quelque langue que ce soit, AMYOT, Préf. xxvi, 65. Il
n'alla jamais soupper chez pas un de ses amis, ID.
PeVic. 12. Hz eurent un oracle qui leur commanda
de ne mettre pas Cimon en nonchaloir, ID. Cimon,
86. Les vainqueurs n'estoient en tout que la ving-
tième partie, et encore pas, de ceulx qui furent
vaincus, ID. Lucull. 66. Ces choses mettent plus
clairement en évidence le naturel des personnes
que ne font pas les grosses batailles, ID. Alex. 4.
— ÉTYM. Provenç. et catal. pas. C'est le substan-
tif pas pris pour renforcer la négation, comme les
substantifs point, mie, goutte, brin, etc. Dans l'ex-
emple suivant qui est du xn" siècle, le caractère du
substantif est manifestement conservé : Mun defens
[ma défense] un pas ne gardas; Delivrenient le
trespassas, Adam, p. 34.
y PASAN (pa-zan), s. m. Espèce de ruminant
du genre des antilopes (antilope oryx).
PASCAL, ALE (pa-skal, ska-P), adj. [| i- Qui con-
cerne la pâque des Juifs. Les Juifs mangeaient l'a-
gneau pascal, debout, les reins ceints, et un bâton
à la main. || 2° Qui concerne la fête de Pâques des
chrétiens. Souvent ils en viennent jusqu'à se dis-
penser de la communion pascale, BOURDAL. Dim.
oct. du St Sacrement, Dominic. t. n, p. 331. Vous
étiez touché autrefois à l'approche de la solennité
pascale,MASs. Carême, Inconst. Porterez-vous jus-
qu'au festin pascal, jusqu'à la solennité de la résur-
rection, vos impuretés et votre ignominie? ID. Ca-
rême, Prodig. || Epître pascale, lettre que le pape,
et primitivement le patriarche d'Alexandrie, écri-
vait aux évêques pour leur indiquer l'époque de Pâ-
ques. || 3° S. m. Le pascal ou pascaou, cépage parti-
culier à la Provence.
— REM. L'Académie dit que le pluriel pascaux
n'est pas usité. Trévoux, Gattel, Boniface et Laveaux
sont d'avis qu'on peut très-bien dire des derges pas-
cals. Il vaut mieux dire pascaux, qu'on trouve
d'ailleurs dans l'historique.
— HIST. xvi* s. Jeux paschaux, Nef des fols,!'' 99,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Prov. pascal; catal. pasqual; espagn.
pascual; ital. pascuale;- du lat. pasclialis, de pas-
cha, pàques.!
t PASCALLNE (pa-ska-li-n'), s. f. Machine ainsi
nommée du célèbre Pascal, son auteur, pour faire
toutes les opérations d'arithmétique avec une par-
faite justesse sans avoir besoin de raisonnement. On
la nomme autrement roulette ou roue pascaline.
+ PASENG (pa-zan), s. f. Nom sous lequelBuffon
a décrit la chèvre êgagre.
PASIGRAPHIE (pa-zi-gra-fie), s. f. Ecriture uni-
verselle. Je conclus que le projet d'une pasigrapbie
est une conception vicieuse dans son principe, qui
ne produira jamais un résultat utile, et à laquelle
on ne se serait pas attaché, si l'on s'en était fait une
idée bien nette, DESTUTT-TRACY,Instit. Mém. scienc.
mor. et pol. t. m, p. 548. L'idée de de Murr, qui
voulait faire de l'écriture chinoise une sorte de lan-
gue universelle ou de pasigrapbie, ABEL RÉMUSAT,
Instit. Mém. inscr. et beUes-lett. t. vm, p. 39.
— ÉTYM. nâç, tout, et ypâçEiv, écrire.
t PASIGRAPHIER (pa-zi-gra-fi-é), v. n. User de
la pasigraphie. On n'écrit ni ne lit en pasigraphiant ;
on traduit toujours, et l'on s'en apperçoit bien à la
peine qu'on éprouve, DESTUTT-TRACY, Instit. Mém.
se. mor. et pol. t. m, p. 642.
| PASIGRAPHIQUE (pa-zi-gra-fi-k'), adj. Qui a
rapport à la pasigraphie.
t PASPALE (pa-spa-P), s. m. Genre de la famille
des graminées, sorte de millet.
— ÉTYM. natnrâXï], grain de millet.
PASQUIN (pa-skin), s. m. H i° Nom d'une statue
mutilée, en marbre, qui est au coin du palais des
Ursins, à Rome, et à laquelle on attache des sati-
res et des railleries, en vers ou en prose. Marforio
est le nom d'une statue antique placée en face
de celle de Pasquin ; quand on voulait attribuer à
Pasquin un mot satirique, on le préparait par une
question placée dans la bouche de Marforio. Ces
maraudailles de Paris disent que Marfore demande
à Pasquin pour quoi on prend en une même année
Philisbourg et Maêstricht, et que Pasquin répond
que c'est parce que M. de Turenne est à Saint-Denis
et monsieur le Prince à Chantilly, SÉV. 26 août 4676.
|| 2° Méchant bouffon, satirique trivial ; on met une
majuscule. Cet homme est un Pasquin, n'est qu'un
Pasquin. || 3° Écrit satirique (on met une minuscule
en ce sens). Faire courir un pasquin. Je n'eusse pas
cru qu'il pût arriver_que je vous donnasse jamais
quelque sujet de plainte, ni que l'on dût faire un
jour des pasquins contre moi dans Madrid, VOIT.
Lett. 2. Un écrit scandaleux sous votre nom se
donne; D'un pasquin. qu'on a fait, au Louvre on
vous soupçonne, BOIL. Ép. vi. || 4° Valet de comé-
die. Le Pasquin de la troupe.
— HIST. xvi" s. Du temps du feu roy Charles IX
fut fait un pasquin à Fontainebleau, fort vilain et
scandaleux, où il n'espargnoit pas les princesses et
les plus grandes dames ny autres ; que si l'on eust
sceu au vray l'autheur, il s'en fust trouvé très mal,
BRANT. Dames gai. t. u, p. 497, dans LACURNE. Pas-
quilli doctoris marmorei, de capreolis cum car-
doneta comedendis, RABEL. Pant. i, 7.
— ÉTYM. D'après Castelvetro, cité dans Ménage,
ce mot vient d'un tailleur de Rome nommé Pas-
quino, chez qui on faisait des médisances. Les Ita-
liens ont dit pasquillo, pour écrit satirique, que
Diez tire de pasquino, par un diminutif, pasqui-
nolo, comme corolla, de corona. Ce pasquillo avait
donné pasquil ou pasquille en français : Le Pasquil
de la cour, 4 664 ; la Pasquille d'Allemagne, 4 546; et
dans Rabelais Pasquillus. C'est de pasquille, au fé-
minin, que vient le wallon pasquèie, pasquée, pas-
quaye, paskèie, et aussi pasqueille, chanson en dia-
logue, élogieuse ou satirique.
PASQUINADE (pa-ski-na-d'), s. f. || l°Placard sa-
tirique attaché à la statue de Pasquin. Il y a eu
une pasquinade à Rome, qui disait que, le cardinal
Alfieri s'étant confessé, 'gli hanno date per \peni-
tenga quattro corone; ce dernier mot, à leur' ma-
nière, veut dire quatre chapelets aussi bien que
quatre couronnes, PELUSSON, Iett. hist. t. n, p. 237,
dans POUGENS. || 2° Par extension, raillerie bouf-
fonne et triviale. Il courut cent pasquinades repré-
sentant milord Aaronet milord Judas, séants dans la
chambre des pairs, VOLT. Moeurs, 4 03. Ballottée en-
tre deux guerres civiles sur les bords de la Ta-
mise, elle pa reine d'Angleterre] rencontre les cri-
mes sérieux des révolutions; sur les rivages de la
Seine, les pasquinades sanglantes de la Fronde; là
le drame de la liberté, ici sa parodie, CHATEAUBR. Les
quatre Stuarts, Benriette-Marie. Je croyais être
venu ici pour discuter des intérêts sérieux, et non
pour écouter des pasquinades d'écolier, CH. DE BER-
NARD, Un homme sérieux, § xvi.
— ÉTYM. Ital. pasquinata, de Pasquino, Pasquin.
PASSABLE (pâ-sa-bP), adj. Qui peut être admis,
qui peut passer comme n'étant pas mauvais. C'est
la pièce la plus passable pour le style de toutes
celles que j'ai jamais faites : je Pai cherchée pour
l'insérer ici, et je ne l'ai pu trouver, RETZ, Mém.
t. ni, liv. iv, p. 4 68. Ma foi, tout est passable [dans
ce dîner], il.le faut confesser ; Et Mignot sur ce point
s'est voulu surpasser, BOIL. Sat. m. Si tout n'est pas
bien [dans l'univers], tout est passable, VOLT. Babouc.
Avec du laitage, des oeufs, des herbes, du fromage,
du pain bis et du vin passable, on est toujours sûr
de me bien régaler, J. i. ROUSS. Confess. n. ||11 se
dit des personnes. U dit.... Que Virgile est passa-
ble, encor qu'en quelques pages.... RÉGNIER,Sat.
x. Elle n'est point tant sotte, ma foi, et je la trouve
assez passable, MOL. Scap. |i, 3. Mettez-vous à m
place ; c'était le garçon le plus passable de nos can-
tons, MARIVAUX, Doubl. inconst. n, 4 4. Cachemire
a subsisté plus de treize cents ans, sans avoir eu
ni de vrais poètes, ni d'architectes passables, VOLT.
Dial. 4. Elles ![les Parisiennes] sont tout au plus
passables de figure, 3. 3. ROUSS. Hél. n, 24. Je me
crois passable moraliste, parce que cette science ne
suppose qu'un peu de justesse dans l'esprit, DIDER.
Claude et Nér. n, 109.
—HIST. xvie s. Styx, des mort l'éternel séjour,
qui n'est plus passable au retour, Sot. Mén. p. 24 6.
Plusieurs choses quipeut-estre se trouvaient passables
lorsqu'il le composa, mais en temps où nous sommes
pourraient engendrer quelque scandale, ib. p. 223.
—ÉTYM. Passer; wallon, passdb, passâub.
PASSABLEMENT(pâ-sa-ble-man), adv. || 1°D'une
manière passable, de manière qu'on puisse s'en
contenter. Ce n'est pas peu dans les provinces éloi-
gnées de la cour d'être passablement raisonnable,
BALZ., liv. vn, lett. 44. Ainsi, monsieur, on lui sera
obligé, s'il s'ein tire passablement; et l'on ne lui
saura point mauvais gré s'il s'en tire mal, KAINTE-
NON, Iett. au card. de Noailles, 48 mai 4695. 11
me semble que c'est vous aimer passablement....
Passablement est une expression bien touchante,
passablement 1 DUFRESNY, le Double veuvage, 1, 3.
Quand on est passablement quelque part, il faut y
rester, VOLT. Candide, 4 8. Quoi qu'on ait bien dit
du mal des femmes, je maintiens qu'il est plus rare
de trouver des femmes parfaitement belles que de
passablement bonnes, ID. Dict. phil. Rare. || 2° D'une
manière dépassant en mal la mesure ordinaire. Ses
mains étaient passablement grandes, HAMILTON ,
Gramm. 4. Son mari, plus âgé qu'elle et passable-
ment jaloux, la laissait durant ses voyages sous la
garde d'un commis, J. 3. ROUSS. Confess. n.
— HIST. xvr s. J'ay à soupper assez passablement
Pommes, pruneaux, tout plein de bon fruictage,
MAROT, IV, 7. Il s'excita à plaider des causes assez
passablement, AMYOT, Sert. 2.
— ÉTYM. Passable, et le suffixe ment.
PASSACAJXLE (pa-sa-kâ-lP, U mouillées), s. f.
Il l'Ancien terme de musique. Espèce de chaconne
d'un mouvement plus lent que la chaconne ordi-
naire. Allons, ma reine, la passacaille d'Armide ;
chorus, vous autres, DANCOURT, Renaud et Armide,
se. 21. Il 2° Ancienne danse qu'on exécutait sur l'air
d'une passacaille. Mlle Salle.... avait eu.l'adresse de
placer une action épisodique fort injurieuse dans
la passacaille de l'Europe galante, CAHUSAC, Danse
anc. et mod. ni, 4, n. || 3° Espèce de ruban ou de
ceinture dont on se servait pour soutenir le man-
chon. H 4° Terme de jeu. Faire la passacaille, cou-
per avec une carte inférieure, dam; l'espoir que le
joueur suivant n'aura pas une carte plus forte.
— ÉTYM. Espagn. pasacalle, de pasar, passer,
calle, rue ; à cause que les Espagnols jouaient sou-
vent dans les rues l'air de la passacaille.
PASSADE (pâ-sa-d'), s. f. \\ 1° Passage d'un
homme dans un lieu où il fait peu de séjour. Ce
gîte est assez bon pour une passade. Le cardinal de
Bouillon demanda la passade à plusieurs personnes
dont les maisons étaient plus commodes que les
méchants cabarets d'une route de traverse, ST-SIM.
200, 469. y De passade, en ne faisant que passer.
Le P. Goutery prêchant de passade dans une ville
huguenotte, GARASSE,' Rech. des rech. p. 794, dans
LACURNE. Il Fig. Ah ! mon ami, défiez-vous des char-
latans.qui ont usurpé, en leur temps, une réputation
de passade, VOLT. Lett. Belvélius, 22 juill. 4764. [| X
la passade, en passant. Le duc de Bourgogne con- -
ferait quelquefois, mais à la passade, sur des ma-
tières particulières, ST-SIM. 322, 24 8. || En passade,
en ne faisant que passer. Vous faut-il une soubrette,
une toute marquée? Mlle Picart sort de l'Odéon,
....et s'en va en passade aux Folies-Saint-Germain
jouer la Fille du millionnaire, SARCEY, Opinion nat.
4" avril 4867. || Cela est bon pour une passade, cela
est bon pour une fois, mais à la charge de n'y pas
revenir. || 2° Fig. et familièrement. Dans le langage
de la galanterie, commerce avec une femme que
l'on quitte aussitôt. L'humeur de Mme de Montespan
fatiguait Louis XIV; au plus fort de sa faveur, il
avait eu des passades ailleurs, ST-SIM. 68, 249.
Riom n'avait jamais imaginé causer une passion
qui durât toujours, sans néanmoins empêcher les
passades et les goûts de traverse, ID. 436, 65. Le
prince répondit.... qu'il n'était ni assez riche ni as-
sez sot pour payer si chèrement une passade, VOLT.
Polit, et lég. Probab. de justice, veuve Genep. Elle
lui associa un jeune homme de robe, sans compter
PAS
PAS
PAS
négociation de la reine mère avec le roi de Navarre
dans la ville de Nérac dura plus longtemps qu'elle
n'avait pas cru, MÉZERAI, Abr. de l'hist. de France,
an 4 679. Ah ! vous avez plus faim que vous ne pen-
sez pas, MOL. L'Ét. vr, 4.
— SYN. PAS, POINT. Point nie plus fortement que
pas. On dira également : 11 n'a pas d'esprit ; Il n'a
point d'esprit ; et on pourra dire : Il n'a pas d'es-
prit ce qu'il en faudrait pour sortir d'un te! em-
barras ;.mais, quand on dit il n'a point d'esprit, on
ne peut rien ajouter. Ainsi, point, suivi de la par-
ticule de, forme une négation absolue; au lieu que
pas laisse la liberté de restreindre, de réserver.
Par cette raison, pas vaut mieux que point devant
plus, moins, si, autant, et autres termes compa-
ratifs : Cicéron n'est pas moins véhément que Dé-
mosthène ; Démosthène n'est pas si abondant que
Cicéron. Par la même raison pas est préférable de-
vant les noms de nombre : Il n'en reste pas un seul
petit morceau; il n'y a pas dix ans; vous n'en trou-
verez pas deux de votre avis.
— HIST. xi" s. Vous n'irez pas uan [cette année]
de mei si loin, Ch. de Roi. xvn. Hxn" s. Douce
dame, .je ne vous os [ose] rover [demander] Ce dont
amors ne me rave pas taire, Couci, n. N'est pas
amors dont on se puet mouvoir, ib. xvm. || xxn' s.
Chanter m'estuet [il me faut chanter], que m'en
est pris courage, Non pas pour ce que d'amors me
soit rien, QUESNES, Romancero, p. 86. Sa femme
[il] enmene o lui, ne Pi a pas laissie, Berte, il. Cil
n'ont mort deservie, à ce pas ne pensons [ne pen-
sons pas à cela], ib. LXXVII. j| xvi" s. La plus belle
royne vient-elle pas de mourir? MONT, I, 66. Il ne
s'en est encore trouvé pas un, que moy seul, qui
l'ait entièrement achevé [traduire Plutarque] en
quelque langue que ce soit, AMYOT, Préf. xxvi, 65. Il
n'alla jamais soupper chez pas un de ses amis, ID.
PeVic. 12. Hz eurent un oracle qui leur commanda
de ne mettre pas Cimon en nonchaloir, ID. Cimon,
86. Les vainqueurs n'estoient en tout que la ving-
tième partie, et encore pas, de ceulx qui furent
vaincus, ID. Lucull. 66. Ces choses mettent plus
clairement en évidence le naturel des personnes
que ne font pas les grosses batailles, ID. Alex. 4.
— ÉTYM. Provenç. et catal. pas. C'est le substan-
tif pas pris pour renforcer la négation, comme les
substantifs point, mie, goutte, brin, etc. Dans l'ex-
emple suivant qui est du xn" siècle, le caractère du
substantif est manifestement conservé : Mun defens
[ma défense] un pas ne gardas; Delivrenient le
trespassas, Adam, p. 34.
y PASAN (pa-zan), s. m. Espèce de ruminant
du genre des antilopes (antilope oryx).
PASCAL, ALE (pa-skal, ska-P), adj. [| i- Qui con-
cerne la pâque des Juifs. Les Juifs mangeaient l'a-
gneau pascal, debout, les reins ceints, et un bâton
à la main. || 2° Qui concerne la fête de Pâques des
chrétiens. Souvent ils en viennent jusqu'à se dis-
penser de la communion pascale, BOURDAL. Dim.
oct. du St Sacrement, Dominic. t. n, p. 331. Vous
étiez touché autrefois à l'approche de la solennité
pascale,MASs. Carême, Inconst. Porterez-vous jus-
qu'au festin pascal, jusqu'à la solennité de la résur-
rection, vos impuretés et votre ignominie? ID. Ca-
rême, Prodig. || Epître pascale, lettre que le pape,
et primitivement le patriarche d'Alexandrie, écri-
vait aux évêques pour leur indiquer l'époque de Pâ-
ques. || 3° S. m. Le pascal ou pascaou, cépage parti-
culier à la Provence.
— REM. L'Académie dit que le pluriel pascaux
n'est pas usité. Trévoux, Gattel, Boniface et Laveaux
sont d'avis qu'on peut très-bien dire des derges pas-
cals. Il vaut mieux dire pascaux, qu'on trouve
d'ailleurs dans l'historique.
— HIST. xvi* s. Jeux paschaux, Nef des fols,!'' 99,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Prov. pascal; catal. pasqual; espagn.
pascual; ital. pascuale;- du lat. pasclialis, de pas-
cha, pàques.!
t PASCALLNE (pa-ska-li-n'), s. f. Machine ainsi
nommée du célèbre Pascal, son auteur, pour faire
toutes les opérations d'arithmétique avec une par-
faite justesse sans avoir besoin de raisonnement. On
la nomme autrement roulette ou roue pascaline.
+ PASENG (pa-zan), s. f. Nom sous lequelBuffon
a décrit la chèvre êgagre.
PASIGRAPHIE (pa-zi-gra-fie), s. f. Ecriture uni-
verselle. Je conclus que le projet d'une pasigrapbie
est une conception vicieuse dans son principe, qui
ne produira jamais un résultat utile, et à laquelle
on ne se serait pas attaché, si l'on s'en était fait une
idée bien nette, DESTUTT-TRACY,Instit. Mém. scienc.
mor. et pol. t. m, p. 548. L'idée de de Murr, qui
voulait faire de l'écriture chinoise une sorte de lan-
gue universelle ou de pasigrapbie, ABEL RÉMUSAT,
Instit. Mém. inscr. et beUes-lett. t. vm, p. 39.
— ÉTYM. nâç, tout, et ypâçEiv, écrire.
t PASIGRAPHIER (pa-zi-gra-fi-é), v. n. User de
la pasigraphie. On n'écrit ni ne lit en pasigraphiant ;
on traduit toujours, et l'on s'en apperçoit bien à la
peine qu'on éprouve, DESTUTT-TRACY, Instit. Mém.
se. mor. et pol. t. m, p. 642.
| PASIGRAPHIQUE (pa-zi-gra-fi-k'), adj. Qui a
rapport à la pasigraphie.
t PASPALE (pa-spa-P), s. m. Genre de la famille
des graminées, sorte de millet.
— ÉTYM. natnrâXï], grain de millet.
PASQUIN (pa-skin), s. m. H i° Nom d'une statue
mutilée, en marbre, qui est au coin du palais des
Ursins, à Rome, et à laquelle on attache des sati-
res et des railleries, en vers ou en prose. Marforio
est le nom d'une statue antique placée en face
de celle de Pasquin ; quand on voulait attribuer à
Pasquin un mot satirique, on le préparait par une
question placée dans la bouche de Marforio. Ces
maraudailles de Paris disent que Marfore demande
à Pasquin pour quoi on prend en une même année
Philisbourg et Maêstricht, et que Pasquin répond
que c'est parce que M. de Turenne est à Saint-Denis
et monsieur le Prince à Chantilly, SÉV. 26 août 4676.
|| 2° Méchant bouffon, satirique trivial ; on met une
majuscule. Cet homme est un Pasquin, n'est qu'un
Pasquin. || 3° Écrit satirique (on met une minuscule
en ce sens). Faire courir un pasquin. Je n'eusse pas
cru qu'il pût arriver_que je vous donnasse jamais
quelque sujet de plainte, ni que l'on dût faire un
jour des pasquins contre moi dans Madrid, VOIT.
Lett. 2. Un écrit scandaleux sous votre nom se
donne; D'un pasquin. qu'on a fait, au Louvre on
vous soupçonne, BOIL. Ép. vi. || 4° Valet de comé-
die. Le Pasquin de la troupe.
— HIST. xvi" s. Du temps du feu roy Charles IX
fut fait un pasquin à Fontainebleau, fort vilain et
scandaleux, où il n'espargnoit pas les princesses et
les plus grandes dames ny autres ; que si l'on eust
sceu au vray l'autheur, il s'en fust trouvé très mal,
BRANT. Dames gai. t. u, p. 497, dans LACURNE. Pas-
quilli doctoris marmorei, de capreolis cum car-
doneta comedendis, RABEL. Pant. i, 7.
— ÉTYM. D'après Castelvetro, cité dans Ménage,
ce mot vient d'un tailleur de Rome nommé Pas-
quino, chez qui on faisait des médisances. Les Ita-
liens ont dit pasquillo, pour écrit satirique, que
Diez tire de pasquino, par un diminutif, pasqui-
nolo, comme corolla, de corona. Ce pasquillo avait
donné pasquil ou pasquille en français : Le Pasquil
de la cour, 4 664 ; la Pasquille d'Allemagne, 4 546; et
dans Rabelais Pasquillus. C'est de pasquille, au fé-
minin, que vient le wallon pasquèie, pasquée, pas-
quaye, paskèie, et aussi pasqueille, chanson en dia-
logue, élogieuse ou satirique.
PASQUINADE (pa-ski-na-d'), s. f. || l°Placard sa-
tirique attaché à la statue de Pasquin. Il y a eu
une pasquinade à Rome, qui disait que, le cardinal
Alfieri s'étant confessé, 'gli hanno date per \peni-
tenga quattro corone; ce dernier mot, à leur' ma-
nière, veut dire quatre chapelets aussi bien que
quatre couronnes, PELUSSON, Iett. hist. t. n, p. 237,
dans POUGENS. || 2° Par extension, raillerie bouf-
fonne et triviale. Il courut cent pasquinades repré-
sentant milord Aaronet milord Judas, séants dans la
chambre des pairs, VOLT. Moeurs, 4 03. Ballottée en-
tre deux guerres civiles sur les bords de la Ta-
mise, elle pa reine d'Angleterre] rencontre les cri-
mes sérieux des révolutions; sur les rivages de la
Seine, les pasquinades sanglantes de la Fronde; là
le drame de la liberté, ici sa parodie, CHATEAUBR. Les
quatre Stuarts, Benriette-Marie. Je croyais être
venu ici pour discuter des intérêts sérieux, et non
pour écouter des pasquinades d'écolier, CH. DE BER-
NARD, Un homme sérieux, § xvi.
— ÉTYM. Ital. pasquinata, de Pasquino, Pasquin.
PASSABLE (pâ-sa-bP), adj. Qui peut être admis,
qui peut passer comme n'étant pas mauvais. C'est
la pièce la plus passable pour le style de toutes
celles que j'ai jamais faites : je Pai cherchée pour
l'insérer ici, et je ne l'ai pu trouver, RETZ, Mém.
t. ni, liv. iv, p. 4 68. Ma foi, tout est passable [dans
ce dîner], il.le faut confesser ; Et Mignot sur ce point
s'est voulu surpasser, BOIL. Sat. m. Si tout n'est pas
bien [dans l'univers], tout est passable, VOLT. Babouc.
Avec du laitage, des oeufs, des herbes, du fromage,
du pain bis et du vin passable, on est toujours sûr
de me bien régaler, J. i. ROUSS. Confess. n. ||11 se
dit des personnes. U dit.... Que Virgile est passa-
ble, encor qu'en quelques pages.... RÉGNIER,Sat.
x. Elle n'est point tant sotte, ma foi, et je la trouve
assez passable, MOL. Scap. |i, 3. Mettez-vous à m
place ; c'était le garçon le plus passable de nos can-
tons, MARIVAUX, Doubl. inconst. n, 4 4. Cachemire
a subsisté plus de treize cents ans, sans avoir eu
ni de vrais poètes, ni d'architectes passables, VOLT.
Dial. 4. Elles ![les Parisiennes] sont tout au plus
passables de figure, 3. 3. ROUSS. Hél. n, 24. Je me
crois passable moraliste, parce que cette science ne
suppose qu'un peu de justesse dans l'esprit, DIDER.
Claude et Nér. n, 109.
—HIST. xvie s. Styx, des mort l'éternel séjour,
qui n'est plus passable au retour, Sot. Mén. p. 24 6.
Plusieurs choses quipeut-estre se trouvaient passables
lorsqu'il le composa, mais en temps où nous sommes
pourraient engendrer quelque scandale, ib. p. 223.
—ÉTYM. Passer; wallon, passdb, passâub.
PASSABLEMENT(pâ-sa-ble-man), adv. || 1°D'une
manière passable, de manière qu'on puisse s'en
contenter. Ce n'est pas peu dans les provinces éloi-
gnées de la cour d'être passablement raisonnable,
BALZ., liv. vn, lett. 44. Ainsi, monsieur, on lui sera
obligé, s'il s'ein tire passablement; et l'on ne lui
saura point mauvais gré s'il s'en tire mal, KAINTE-
NON, Iett. au card. de Noailles, 48 mai 4695. 11
me semble que c'est vous aimer passablement....
Passablement est une expression bien touchante,
passablement 1 DUFRESNY, le Double veuvage, 1, 3.
Quand on est passablement quelque part, il faut y
rester, VOLT. Candide, 4 8. Quoi qu'on ait bien dit
du mal des femmes, je maintiens qu'il est plus rare
de trouver des femmes parfaitement belles que de
passablement bonnes, ID. Dict. phil. Rare. || 2° D'une
manière dépassant en mal la mesure ordinaire. Ses
mains étaient passablement grandes, HAMILTON ,
Gramm. 4. Son mari, plus âgé qu'elle et passable-
ment jaloux, la laissait durant ses voyages sous la
garde d'un commis, J. 3. ROUSS. Confess. n.
— HIST. xvr s. J'ay à soupper assez passablement
Pommes, pruneaux, tout plein de bon fruictage,
MAROT, IV, 7. Il s'excita à plaider des causes assez
passablement, AMYOT, Sert. 2.
— ÉTYM. Passable, et le suffixe ment.
PASSACAJXLE (pa-sa-kâ-lP, U mouillées), s. f.
Il l'Ancien terme de musique. Espèce de chaconne
d'un mouvement plus lent que la chaconne ordi-
naire. Allons, ma reine, la passacaille d'Armide ;
chorus, vous autres, DANCOURT, Renaud et Armide,
se. 21. Il 2° Ancienne danse qu'on exécutait sur l'air
d'une passacaille. Mlle Salle.... avait eu.l'adresse de
placer une action épisodique fort injurieuse dans
la passacaille de l'Europe galante, CAHUSAC, Danse
anc. et mod. ni, 4, n. || 3° Espèce de ruban ou de
ceinture dont on se servait pour soutenir le man-
chon. H 4° Terme de jeu. Faire la passacaille, cou-
per avec une carte inférieure, dam; l'espoir que le
joueur suivant n'aura pas une carte plus forte.
— ÉTYM. Espagn. pasacalle, de pasar, passer,
calle, rue ; à cause que les Espagnols jouaient sou-
vent dans les rues l'air de la passacaille.
PASSADE (pâ-sa-d'), s. f. \\ 1° Passage d'un
homme dans un lieu où il fait peu de séjour. Ce
gîte est assez bon pour une passade. Le cardinal de
Bouillon demanda la passade à plusieurs personnes
dont les maisons étaient plus commodes que les
méchants cabarets d'une route de traverse, ST-SIM.
200, 469. y De passade, en ne faisant que passer.
Le P. Goutery prêchant de passade dans une ville
huguenotte, GARASSE,' Rech. des rech. p. 794, dans
LACURNE. Il Fig. Ah ! mon ami, défiez-vous des char-
latans.qui ont usurpé, en leur temps, une réputation
de passade, VOLT. Lett. Belvélius, 22 juill. 4764. [| X
la passade, en passant. Le duc de Bourgogne con- -
ferait quelquefois, mais à la passade, sur des ma-
tières particulières, ST-SIM. 322, 24 8. || En passade,
en ne faisant que passer. Vous faut-il une soubrette,
une toute marquée? Mlle Picart sort de l'Odéon,
....et s'en va en passade aux Folies-Saint-Germain
jouer la Fille du millionnaire, SARCEY, Opinion nat.
4" avril 4867. || Cela est bon pour une passade, cela
est bon pour une fois, mais à la charge de n'y pas
revenir. || 2° Fig. et familièrement. Dans le langage
de la galanterie, commerce avec une femme que
l'on quitte aussitôt. L'humeur de Mme de Montespan
fatiguait Louis XIV; au plus fort de sa faveur, il
avait eu des passades ailleurs, ST-SIM. 68, 249.
Riom n'avait jamais imaginé causer une passion
qui durât toujours, sans néanmoins empêcher les
passades et les goûts de traverse, ID. 436, 65. Le
prince répondit.... qu'il n'était ni assez riche ni as-
sez sot pour payer si chèrement une passade, VOLT.
Polit, et lég. Probab. de justice, veuve Genep. Elle
lui associa un jeune homme de robe, sans compter
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