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Les infiniment petits, les humains. Le Sirien
[l'habitant de Sirius] reprit les petites mites [les
hommes] ; il leur parla encore avec beaucoup de
bonté, quoiqu'il fût un peu fâché dans le fond du
coeur de voir que les infiniment petits eussent un
orgueil presque infiniment grand, VOLT, ilficrotn. 7.
|| 2° Beaucoup, extrêmement. Quand je ne considé-
rerais pointmes intérêts, je ne me pourrais empêcher
de regretter '"nfiniment une personne de qui vous
étiez infiniment aimée, VOIT. Lett. 74. Ce serait le
reconnaître [le pape] pour infaillible, blesser infini-
ment" nos libertés, ruiner les appels au concile gé-
néral, PASCAL, Prou. xix. Il cacha si infiniment son
envie.... SÉV. mercr. des cendres 4680.
— REM. Comment faut-il dire : il a infiniment
de l'esprit, ou bien : il a de l'esprit infiniment ; ou
bien : il a infiniment d'esprit? La première ma-
nière, recommandée par Domergue, .est correcte
mais peu usitée. La seconde est correcte aussi, et
d'un usage plus fréquent que la première: Elle
avait de l'esprit infiniment, SEGRAIS, Princesse de
Paphlagonie, t. n, p. 216. La troisième est la plus
usitée; mais elle est peu correcte, puisqu'il faut
prendre infiniment pour l'équivalent de beaucoup :
M. de Brissac avait infiniment d'esprit, avec une
figure de plat apothicaire, grosset, basset, et fort
enluminé, ST-SIM, 64, 56. C'est un abus; mais Tu-
sage Ta consacre. On trouve les adverbes diable-
ment, extrêmement, furieusement (voy. ces mots)
employés de même.
— HIST. xvi° s. J'ay toujours esté infiniement
empesché à pourvoir aux séditions, CONDÉ, Mém.
p. 554. Ceux-là qui pensent l'avoir trouvée [la vé-
rité] se trompent infiniment, MONT, II, 230.
— ÉTYM. Infinie, et le suffixe ment ; provenç. in-
finitament, enfinidamen; espagn. et ital. infinita-
mente.
t INFINITAIRE (in-fi-ni-tê-r'), s. m. Partisan du
calcul infinitésimal. Il ne laissait pas d'y glisser
adroitement des accusations d'insuffisance ou même
de fausseté contre le nouveau calcul, avec lequel il
ne s'est jamais bien réconcilié, et les infinitaires
étaient au guet pour ne lui rien passer qui les in-
téressât trop, FONTEN. Rolle.
— ÉTYM. Infini.
INFINITÉ (in-fi-ni-té), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est infini. L'homme n'est produit que pour l'infi-
nité, PASC Préf. Vide. Il est bien croyable que
Dieu, qui aime infiniment, en donne des preuves
proportionnées à l'infinité de son amour et à l'in-
finité de sa puissance, BOSS. Anne de Gonz. Rien ne
finit en cette contrée [au delà du. tombeau] ; c'est
le Seigneur lui-même ijui va commencer de mesu-
rer toutes choses par sa propre infinité, ID. Sermons,
Impénit. 2. L'auteur de la nature a marqué du
sceau de son infinité ses moindres productions, BON-
NET, Contempl. nat. OEuv. t. .vm, p. 444, dans
POUGENS. Il Au plur. Je ne vois que des infinités de
toutes parts, qui m'enferment comme un atome, et
comme une ombre qui ne dure qu'un instant sans
retour, PASC. Pensées, t. î, p. 299, édit. LAHURE.
Il 2"Par extension, besoin d'infini dans Tâme humaine.
Que veulent-ils dire de travailler jour et nuit inuti-
lement à remplir un abîme et à contenter l'infinité?
BALZ. la Gloire. Elles [les passions] ont toutes une
infinité qui se fâché de ne pouvoir être assouvie,
BOSS. Sermons, Nécessité de la pénit. 4. || 3e U se dit,
par exagération, de ce qui est très-considérable. Ma
chère enfant, que dites-vous de l'infinité de ma let-
tre? si je voulais, j'écrirais jusqu'à demain, SÉV. 48.
U faut croire qu'il passe autant de vin dans le corps
de nos Bretons que d'eau sous les ponts, puisqu'on
prend là-déssus l'infinité d'argent qui se donne à
tous les états, ID. 42 août 4674. || Un très-grand
nombre. Sous ombre que vous avez à cette heure
une infinité d'affaires, VOIT. Icft. 83. Une infinité
d'infinités de propositions, PASC. dans COUSIN. On
dit qu'il y en a une infinité qui ont'péri, SÉV. 4 47.
Je vois des harangues, des infinités de compli-
ments, de civilités, de visites, ID. 3 mars 4674. Dans
les provinces éloignées et même dans cette ville
[Paris], au milieu de tant de plaisirs et de tant
d'excès, une infinité de familles meurent de faim et
de désespoir, vérité constante, publique, assurée,
BOSS. Sermons, impén. finale, 3. Une infinité d'ac-
cidents peuvent toujours tarir quelques sources de
la consommation dans Paris, FONTEN. Éloge d'Ar-
genson. Le peuple, qui n'avait point de roi, avait
une infinité de tyrans, DUCLOS, Hist. de Louis XI,
OEuv. 1.11, p. 4 9, dans POUGENS. U faut avoir com-
biné des infinités de rapports pour acquérir des
idées de convenance, de proportion, d'harmonie et
d'ordre, t. J. ROUSS. dans LAVEAUX. Une infinité d'A-
méricains, Anglais, Français, Hollandais, dont les
plantations sont épuisées, RAYNAL, Hist. phil. ix, 28.
— REM. 1. Quand ce mot régit un nom au plu-
riel, le verbe doit se mettre au pluriel J'ai eu cette
consolation en mes ennuis qu'une infinité de per-
sonnes ont pris la peine de me témoigner le déplai-
sir qu'ils en ont eu, MALHERBE, cité dans VAUGELAS.
Il 2. Il en est de même quand ce mot est précédé de
la particule en, parce que cette particule exprime un
pluriel : Il y en a une infinité qui pensent que....
Mais on dira: Une infinité de monde se jette là dedans.
|| 3. Infinité n'a pas ordinairement de pluriel, el
l'Académie ne lui en donne point. Cependant il est
des cas où le pluriel rend plus exactement l'idée
que Ton attache à ce mot; voyez-en plus haut des
exemples de Pascal, de Sévigné, de J. J. Rousseau.
— HIST. XVe s. Adonc entrèrent François de tous
costez, qui occirent tant d'Engloiz, que ce fust in-
finité, MENARD, Hist. de du Guescl. p. 446, dans
LACURNE. Dont il a dueil tel et si grant, Que ce iuy
est infinité, A. CHART. Poésies, p. 747. || xvie s.
L'infinité de sen essence [de Dieu] neus dpit espou-
vanter, à ce que nous n'attentions point de le me-
surer à nostre sens, CALV. Instit. 69. Si les plaisirs
que lu nous promets en Taultre vie sont de ceulx
que j'ay sentis çà bas, cela n'a rien de commun
avecques l'infinité, MONT, II, 262. Si on regarde
l'infinité de belles maisons qu'elle [la France] pos-
sède, LANOUE, 448. Il courut une infinité de ris-
ques, D'AUB. Vie, xrx.
— ÉTYM. Provenç. infinitat, enfenitat; espagn.
infinidad; ital. infinité ; du latin infinitatem, de
infinitus, infini.
INFINITÉSIMAL, ALE (in-fi-ni-té-zi-mal, ma-T),
adj. Terme de mathématique. Qui a le caractère
d'une quantité infiniment petite. Le plus vil métal
recouvert d'une couche infinitésimale d'or ou d'ar-
gent par les procédés de la galvanoplastie, simu-
lera l'or ou l'argent, COURNOT, Princ. de la théorie
des richesses, n, 4. || Calcul infinitésimal, nom com-
mun du calcul différentiel et de son inverse le cal-
cul intégral. || Par extension. Si une progression
harmonique règne entre tous les êtres terrestres,
si une même chaîne les embrasse tous, combien
est-il probable que cette chaîne merveilleuse se
prolonge dans tous les mondes planétaires, qu'elle
les unit tous et qu'ils ne sont ainsi que des parties
constituantes et infinitésimales de la même série!
BONNET, Paling. xxn, .3.
— ÉTYM. Infinilésime.
J INFINITÉSIME (in-fi-ni-té-zi-m'), adj. Terme
de mathématique. Infiniment petit. || S. f. Les infi-
nitésimes, les parties infiniment petites d'une chose.
— ÉTYM. Lat. infinitus, avec la finale esimus, que
le latin emploie pour exprimer les nombres ordi-
naux, par exemple : vig-esimus, vingtième, mill-esi-
mus, millième.
INFINITIF (in-fi-ni-tif), s. m. Terme de gram-
maire. Mode des verbes qui exprime l'état ou l'ac-
tion, sans déterminer ni le nombre ni la personne.
Aimer est l'infinitif du verbe dont j'aime est l'indi-
catif présent. Un verbe à l'infinitif. Le boire est un
infinitif employé comme substantif. || Adjective-
ment. Le mode infinitif.
— HIST. xvie s. Uses donques hardiment de l'infi-
nitif pour le nom, comme l'aller, le chanter, le vi-
vre, le mourir,DU BELLAY, Illust.de lalanguefranç.
n, 9.
— ÉTYM. Provenç. infinitiu, enfenitiu; espagn.
et ital. infinitivo ; du latin infinitivus, de infinitus,
indéfini, c'est-à-dire impersonnel ; c'est en effet le
sens de l'infinitif pour les anciens, qui y compre-
naient le participe.
f INFIN1TOVISTE (in-fi-ni-to-vi-sf), s. m. Phy-
siologiste qui pense que tous les germes sont em-
boîtés à l'infini les uns dans les autres, et que la
génération ne fait que retirer l'un après l'autre les
germes de leur emboîtement.
— ÉTYM. Lat. infinitus, infini, et ovum, oeuf,
t INFINITUDE (in-fi-ni-tu-d'), s. f. Celle des qua-
lités de Dieu par laquelle il est infini. Dieu accable
nos facultés par son infinitude. C'est à Descartes
qu'il [Pascal] a visiblement emprunté ses plus
beaux morceaux sur Tinfinilude et la perfection de
Dieu, COUSIN, Sur les Pensées de Pascal, p. 40. ■
— ÉTYM. Infini.
t INFlRMABLE (in-fir-ma-bT), adj. Que Ton peut
infirmer. Témoignage infirmable.
INFIRMATIF,IVE (in-fir-ma-tif, ti-v'), adj.Terme
de palais. Qui infirme, qui rend nul. Arrêt infirmatif
d'une sentence, d'un jugement.
— HIST. xv» s. Infirmatif, COTGRAVE.
— ÉTYM. Infirmer,
f INFIRMATION (in-fir-ma-sion), s. f. Terme de
pratique. Action d'infirmer.
— ÉTYM. Lat. infirmationem, de infirmare, in-
firmer.
INFIRME (in-fir-nf), adj. || Ie Qui nlest pas ferme,
solide, résistant. L'esprit est prompt et la chair in-
firme, PASC Myst. de Jésus, i, éd. FAUGÈRE. L'homme
est assurément trop infirme pour.... ID. ib. dans
COUSIN. H Substantivement. Donner le lait aux in-
firmes et le pain aux forts, BOSS. le Tellier. || 2° Qui
est sujet à des infirmités, ou qui a présentement
quelque infirmité. Vieillesse infirme. Me voyant in-
firme et malade cemme je le suis, je veux me faire
un gendre et des alliés médecins, MOL. Mal. imag.
I, 6. Elle n'a plus pensé qu'à accemplir son temps
de pénitence, et n'a pas même voulu souhaiter d'être
moins infirme, FLÉCH. Mme de Mont. X l'indigence
infirme ouvrir de doux hospices, LEMIERRE, Charlem.
II, i. Il S. m. et f. C'est un infirme. Une vieille in-
firme. Les chambres des pauvres infirmes, les lits
non de repos et de sommeil, mais d'inquiétudes et
de veilles laborieuses, BOSS. 4er sermon, Fête de tous
les saints, préambule. Dire merveilles de sa santé
devant des infirmes, LA BRUY. V.
— HIST. xie s. Tut soie anferm [bien que je sois
infirme], si m' pais [nourris-moi] pur sue amorfpour
l'amour de Dieu], St Alexis, XLIV. || xne s. Et si [le
Christ] atempra sa clarteit as oylz [aux yeux] qui
estoient emfarm, ST-BERN. 626. ||xmes. Nus bons
n'i vient, tant soit enfers, Que maintenant gariz ne
fust, Ben. t. n, p. 4 4 5. Tant est fox [fou] de pesme
[très-mauvaise] nature,Que plusli est doctrine.sure
[aigre] Que ne soit à Tenferm le pain, le Reclus de
Molliens, dans RAYNOUARD, à eferm. || xive s. Ceux
qui sont malades et enfermes, ORESME, Eth. 50.
Il xve s. Doivent les parens.... faire comme le bon
médecin qui désire la garison de son enferme,
CHR. DE PISAN, Charles V, 1,41. || xvie s. Par suc-
cession de temps nous avons repris l'i latin ; car
nous disons aujourd'hui infirme, infirmité, PASQUIER,
Recherches, vin, p. 702, dans LACURNE. -
— ÉTYM. Provenç. eferm, enferm; espagn. en-
fermo; ital. infermo; du lat. infirmus, de in.... 4,
et firmus, ferme.
INFIRMÉ, ÉE (in-fir-mé, niée), part, passe" d'in-
firmer. Décision infirmée par le tribunal.
INFIRMER (in-fir-mé), v. a. Ôter de la fermeté,
force, créance. Pour infirmer l'immutabilité de sa
parole, MASS. Caré'me, Parole. On se fait une étude
d'infirmer les plus beaux titres de sa gloire, ID.
Mystères, Incarn. Nous nous faisons de fausses
raisons pour en infirmer la vérité, ID. Panég. St
Etienne. || Infirmer une preuve, un témoignage,
montrer le faible d'une preuve, d'un témoignage.
Il Terme de palais. Infirmer une pièce, un acte, en
attaquer la force, la créance. || Terme de jurispru-
dence. Infirmer un jugement, une sentence, se dit
d'un juge supérieur qui annule ou réforme la sen-
tence rendue par un juge inférieur. La cour impé-
riale infirma le jugement du tribunal de première
instance.
_— HIST. xnie s. Il verra que enfermée [devenue
malade] soit leur mains, Psautier, f" 4 89. ||xive s.
Et ont grant tristece se leur raisons sont infirmées
et non tenues aussi comme se ce estoientsentences
ou autorités, ORESME, Eth. 214. || xvie s. Plusieurs
des nostres ou le confirment [que le monde est un
animal], ou ne l'osent infirmer, MONT, II, 262.
— ÉTYM. Provenç. enfermar, enfirmar, rendre
malade; espagn. enfermar; ital. infermare; du lat.
infirmare, de in.... 4, et firmus, ferme, sain, solide.
INFIRMERIE (in-fir-me-rie), s. f. || i" Local des-
tiné, dans les collèges et lycées, dans les couvents et
autres lieux où sont réunies beaucoup de person
nés, au traitement des malades. U est à l'infirmerie,
dans une des salles de l'infirmerie. || Endroit d'un
vaisseau destiné aux malades. || Écurie destinée à
recevoir des chevaux malades. || Local disposé pour
les chiens malades. || Cage doublée pour renfermer
les oiseaux malades. || Abri où Ton met les caisses
renfermant des plantes ou des arbustes faibles
ou nouvellement transplantés. || Fig. et familière-
ment. Maison où il y a plusieurs personnes mala-
des. Il2" Dans certaines abbayes d'hommes, nom
d'un office claustral dont le revenu est destiné,à
l'entretien des religieux malades. Il était dû tant
de blé de rente à l'infirmerie de telle abbaye.
Il 3° Prieur de l'infirmerie, dignitaire de Tordre de
Malte, présidant les douze prêtres chargés du spi-
rituel dans l'intérieur de l'hôpital.
— HIST. xme s. Et la ramenèrent [une folle] en
Tenfermerie, et la lièrent en un lit de fust seur
cordes, Miracles StLoys, p. 4 63. || xivs. Dixgalice»
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Les infiniment petits, les humains. Le Sirien
[l'habitant de Sirius] reprit les petites mites [les
hommes] ; il leur parla encore avec beaucoup de
bonté, quoiqu'il fût un peu fâché dans le fond du
coeur de voir que les infiniment petits eussent un
orgueil presque infiniment grand, VOLT, ilficrotn. 7.
|| 2° Beaucoup, extrêmement. Quand je ne considé-
rerais pointmes intérêts, je ne me pourrais empêcher
de regretter '"nfiniment une personne de qui vous
étiez infiniment aimée, VOIT. Lett. 74. Ce serait le
reconnaître [le pape] pour infaillible, blesser infini-
ment" nos libertés, ruiner les appels au concile gé-
néral, PASCAL, Prou. xix. Il cacha si infiniment son
envie.... SÉV. mercr. des cendres 4680.
— REM. Comment faut-il dire : il a infiniment
de l'esprit, ou bien : il a de l'esprit infiniment ; ou
bien : il a infiniment d'esprit? La première ma-
nière, recommandée par Domergue, .est correcte
mais peu usitée. La seconde est correcte aussi, et
d'un usage plus fréquent que la première: Elle
avait de l'esprit infiniment, SEGRAIS, Princesse de
Paphlagonie, t. n, p. 216. La troisième est la plus
usitée; mais elle est peu correcte, puisqu'il faut
prendre infiniment pour l'équivalent de beaucoup :
M. de Brissac avait infiniment d'esprit, avec une
figure de plat apothicaire, grosset, basset, et fort
enluminé, ST-SIM, 64, 56. C'est un abus; mais Tu-
sage Ta consacre. On trouve les adverbes diable-
ment, extrêmement, furieusement (voy. ces mots)
employés de même.
— HIST. xvi° s. J'ay toujours esté infiniement
empesché à pourvoir aux séditions, CONDÉ, Mém.
p. 554. Ceux-là qui pensent l'avoir trouvée [la vé-
rité] se trompent infiniment, MONT, II, 230.
— ÉTYM. Infinie, et le suffixe ment ; provenç. in-
finitament, enfinidamen; espagn. et ital. infinita-
mente.
t INFINITAIRE (in-fi-ni-tê-r'), s. m. Partisan du
calcul infinitésimal. Il ne laissait pas d'y glisser
adroitement des accusations d'insuffisance ou même
de fausseté contre le nouveau calcul, avec lequel il
ne s'est jamais bien réconcilié, et les infinitaires
étaient au guet pour ne lui rien passer qui les in-
téressât trop, FONTEN. Rolle.
— ÉTYM. Infini.
INFINITÉ (in-fi-ni-té), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est infini. L'homme n'est produit que pour l'infi-
nité, PASC Préf. Vide. Il est bien croyable que
Dieu, qui aime infiniment, en donne des preuves
proportionnées à l'infinité de son amour et à l'in-
finité de sa puissance, BOSS. Anne de Gonz. Rien ne
finit en cette contrée [au delà du. tombeau] ; c'est
le Seigneur lui-même ijui va commencer de mesu-
rer toutes choses par sa propre infinité, ID. Sermons,
Impénit. 2. L'auteur de la nature a marqué du
sceau de son infinité ses moindres productions, BON-
NET, Contempl. nat. OEuv. t. .vm, p. 444, dans
POUGENS. Il Au plur. Je ne vois que des infinités de
toutes parts, qui m'enferment comme un atome, et
comme une ombre qui ne dure qu'un instant sans
retour, PASC. Pensées, t. î, p. 299, édit. LAHURE.
Il 2"Par extension, besoin d'infini dans Tâme humaine.
Que veulent-ils dire de travailler jour et nuit inuti-
lement à remplir un abîme et à contenter l'infinité?
BALZ. la Gloire. Elles [les passions] ont toutes une
infinité qui se fâché de ne pouvoir être assouvie,
BOSS. Sermons, Nécessité de la pénit. 4. || 3e U se dit,
par exagération, de ce qui est très-considérable. Ma
chère enfant, que dites-vous de l'infinité de ma let-
tre? si je voulais, j'écrirais jusqu'à demain, SÉV. 48.
U faut croire qu'il passe autant de vin dans le corps
de nos Bretons que d'eau sous les ponts, puisqu'on
prend là-déssus l'infinité d'argent qui se donne à
tous les états, ID. 42 août 4674. || Un très-grand
nombre. Sous ombre que vous avez à cette heure
une infinité d'affaires, VOIT. Icft. 83. Une infinité
d'infinités de propositions, PASC. dans COUSIN. On
dit qu'il y en a une infinité qui ont'péri, SÉV. 4 47.
Je vois des harangues, des infinités de compli-
ments, de civilités, de visites, ID. 3 mars 4674. Dans
les provinces éloignées et même dans cette ville
[Paris], au milieu de tant de plaisirs et de tant
d'excès, une infinité de familles meurent de faim et
de désespoir, vérité constante, publique, assurée,
BOSS. Sermons, impén. finale, 3. Une infinité d'ac-
cidents peuvent toujours tarir quelques sources de
la consommation dans Paris, FONTEN. Éloge d'Ar-
genson. Le peuple, qui n'avait point de roi, avait
une infinité de tyrans, DUCLOS, Hist. de Louis XI,
OEuv. 1.11, p. 4 9, dans POUGENS. U faut avoir com-
biné des infinités de rapports pour acquérir des
idées de convenance, de proportion, d'harmonie et
d'ordre, t. J. ROUSS. dans LAVEAUX. Une infinité d'A-
méricains, Anglais, Français, Hollandais, dont les
plantations sont épuisées, RAYNAL, Hist. phil. ix, 28.
— REM. 1. Quand ce mot régit un nom au plu-
riel, le verbe doit se mettre au pluriel J'ai eu cette
consolation en mes ennuis qu'une infinité de per-
sonnes ont pris la peine de me témoigner le déplai-
sir qu'ils en ont eu, MALHERBE, cité dans VAUGELAS.
Il 2. Il en est de même quand ce mot est précédé de
la particule en, parce que cette particule exprime un
pluriel : Il y en a une infinité qui pensent que....
Mais on dira: Une infinité de monde se jette là dedans.
|| 3. Infinité n'a pas ordinairement de pluriel, el
l'Académie ne lui en donne point. Cependant il est
des cas où le pluriel rend plus exactement l'idée
que Ton attache à ce mot; voyez-en plus haut des
exemples de Pascal, de Sévigné, de J. J. Rousseau.
— HIST. XVe s. Adonc entrèrent François de tous
costez, qui occirent tant d'Engloiz, que ce fust in-
finité, MENARD, Hist. de du Guescl. p. 446, dans
LACURNE. Dont il a dueil tel et si grant, Que ce iuy
est infinité, A. CHART. Poésies, p. 747. || xvie s.
L'infinité de sen essence [de Dieu] neus dpit espou-
vanter, à ce que nous n'attentions point de le me-
surer à nostre sens, CALV. Instit. 69. Si les plaisirs
que lu nous promets en Taultre vie sont de ceulx
que j'ay sentis çà bas, cela n'a rien de commun
avecques l'infinité, MONT, II, 262. Si on regarde
l'infinité de belles maisons qu'elle [la France] pos-
sède, LANOUE, 448. Il courut une infinité de ris-
ques, D'AUB. Vie, xrx.
— ÉTYM. Provenç. infinitat, enfenitat; espagn.
infinidad; ital. infinité ; du latin infinitatem, de
infinitus, infini.
INFINITÉSIMAL, ALE (in-fi-ni-té-zi-mal, ma-T),
adj. Terme de mathématique. Qui a le caractère
d'une quantité infiniment petite. Le plus vil métal
recouvert d'une couche infinitésimale d'or ou d'ar-
gent par les procédés de la galvanoplastie, simu-
lera l'or ou l'argent, COURNOT, Princ. de la théorie
des richesses, n, 4. || Calcul infinitésimal, nom com-
mun du calcul différentiel et de son inverse le cal-
cul intégral. || Par extension. Si une progression
harmonique règne entre tous les êtres terrestres,
si une même chaîne les embrasse tous, combien
est-il probable que cette chaîne merveilleuse se
prolonge dans tous les mondes planétaires, qu'elle
les unit tous et qu'ils ne sont ainsi que des parties
constituantes et infinitésimales de la même série!
BONNET, Paling. xxn, .3.
— ÉTYM. Infinilésime.
J INFINITÉSIME (in-fi-ni-té-zi-m'), adj. Terme
de mathématique. Infiniment petit. || S. f. Les infi-
nitésimes, les parties infiniment petites d'une chose.
— ÉTYM. Lat. infinitus, avec la finale esimus, que
le latin emploie pour exprimer les nombres ordi-
naux, par exemple : vig-esimus, vingtième, mill-esi-
mus, millième.
INFINITIF (in-fi-ni-tif), s. m. Terme de gram-
maire. Mode des verbes qui exprime l'état ou l'ac-
tion, sans déterminer ni le nombre ni la personne.
Aimer est l'infinitif du verbe dont j'aime est l'indi-
catif présent. Un verbe à l'infinitif. Le boire est un
infinitif employé comme substantif. || Adjective-
ment. Le mode infinitif.
— HIST. xvie s. Uses donques hardiment de l'infi-
nitif pour le nom, comme l'aller, le chanter, le vi-
vre, le mourir,DU BELLAY, Illust.de lalanguefranç.
n, 9.
— ÉTYM. Provenç. infinitiu, enfenitiu; espagn.
et ital. infinitivo ; du latin infinitivus, de infinitus,
indéfini, c'est-à-dire impersonnel ; c'est en effet le
sens de l'infinitif pour les anciens, qui y compre-
naient le participe.
f INFIN1TOVISTE (in-fi-ni-to-vi-sf), s. m. Phy-
siologiste qui pense que tous les germes sont em-
boîtés à l'infini les uns dans les autres, et que la
génération ne fait que retirer l'un après l'autre les
germes de leur emboîtement.
— ÉTYM. Lat. infinitus, infini, et ovum, oeuf,
t INFINITUDE (in-fi-ni-tu-d'), s. f. Celle des qua-
lités de Dieu par laquelle il est infini. Dieu accable
nos facultés par son infinitude. C'est à Descartes
qu'il [Pascal] a visiblement emprunté ses plus
beaux morceaux sur Tinfinilude et la perfection de
Dieu, COUSIN, Sur les Pensées de Pascal, p. 40. ■
— ÉTYM. Infini.
t INFlRMABLE (in-fir-ma-bT), adj. Que Ton peut
infirmer. Témoignage infirmable.
INFIRMATIF,IVE (in-fir-ma-tif, ti-v'), adj.Terme
de palais. Qui infirme, qui rend nul. Arrêt infirmatif
d'une sentence, d'un jugement.
— HIST. xv» s. Infirmatif, COTGRAVE.
— ÉTYM. Infirmer,
f INFIRMATION (in-fir-ma-sion), s. f. Terme de
pratique. Action d'infirmer.
— ÉTYM. Lat. infirmationem, de infirmare, in-
firmer.
INFIRME (in-fir-nf), adj. || Ie Qui nlest pas ferme,
solide, résistant. L'esprit est prompt et la chair in-
firme, PASC Myst. de Jésus, i, éd. FAUGÈRE. L'homme
est assurément trop infirme pour.... ID. ib. dans
COUSIN. H Substantivement. Donner le lait aux in-
firmes et le pain aux forts, BOSS. le Tellier. || 2° Qui
est sujet à des infirmités, ou qui a présentement
quelque infirmité. Vieillesse infirme. Me voyant in-
firme et malade cemme je le suis, je veux me faire
un gendre et des alliés médecins, MOL. Mal. imag.
I, 6. Elle n'a plus pensé qu'à accemplir son temps
de pénitence, et n'a pas même voulu souhaiter d'être
moins infirme, FLÉCH. Mme de Mont. X l'indigence
infirme ouvrir de doux hospices, LEMIERRE, Charlem.
II, i. Il S. m. et f. C'est un infirme. Une vieille in-
firme. Les chambres des pauvres infirmes, les lits
non de repos et de sommeil, mais d'inquiétudes et
de veilles laborieuses, BOSS. 4er sermon, Fête de tous
les saints, préambule. Dire merveilles de sa santé
devant des infirmes, LA BRUY. V.
— HIST. xie s. Tut soie anferm [bien que je sois
infirme], si m' pais [nourris-moi] pur sue amorfpour
l'amour de Dieu], St Alexis, XLIV. || xne s. Et si [le
Christ] atempra sa clarteit as oylz [aux yeux] qui
estoient emfarm, ST-BERN. 626. ||xmes. Nus bons
n'i vient, tant soit enfers, Que maintenant gariz ne
fust, Ben. t. n, p. 4 4 5. Tant est fox [fou] de pesme
[très-mauvaise] nature,Que plusli est doctrine.sure
[aigre] Que ne soit à Tenferm le pain, le Reclus de
Molliens, dans RAYNOUARD, à eferm. || xive s. Ceux
qui sont malades et enfermes, ORESME, Eth. 50.
Il xve s. Doivent les parens.... faire comme le bon
médecin qui désire la garison de son enferme,
CHR. DE PISAN, Charles V, 1,41. || xvie s. Par suc-
cession de temps nous avons repris l'i latin ; car
nous disons aujourd'hui infirme, infirmité, PASQUIER,
Recherches, vin, p. 702, dans LACURNE. -
— ÉTYM. Provenç. eferm, enferm; espagn. en-
fermo; ital. infermo; du lat. infirmus, de in.... 4,
et firmus, ferme.
INFIRMÉ, ÉE (in-fir-mé, niée), part, passe" d'in-
firmer. Décision infirmée par le tribunal.
INFIRMER (in-fir-mé), v. a. Ôter de la fermeté,
force, créance. Pour infirmer l'immutabilité de sa
parole, MASS. Caré'me, Parole. On se fait une étude
d'infirmer les plus beaux titres de sa gloire, ID.
Mystères, Incarn. Nous nous faisons de fausses
raisons pour en infirmer la vérité, ID. Panég. St
Etienne. || Infirmer une preuve, un témoignage,
montrer le faible d'une preuve, d'un témoignage.
Il Terme de palais. Infirmer une pièce, un acte, en
attaquer la force, la créance. || Terme de jurispru-
dence. Infirmer un jugement, une sentence, se dit
d'un juge supérieur qui annule ou réforme la sen-
tence rendue par un juge inférieur. La cour impé-
riale infirma le jugement du tribunal de première
instance.
_— HIST. xnie s. Il verra que enfermée [devenue
malade] soit leur mains, Psautier, f" 4 89. ||xive s.
Et ont grant tristece se leur raisons sont infirmées
et non tenues aussi comme se ce estoientsentences
ou autorités, ORESME, Eth. 214. || xvie s. Plusieurs
des nostres ou le confirment [que le monde est un
animal], ou ne l'osent infirmer, MONT, II, 262.
— ÉTYM. Provenç. enfermar, enfirmar, rendre
malade; espagn. enfermar; ital. infermare; du lat.
infirmare, de in.... 4, et firmus, ferme, sain, solide.
INFIRMERIE (in-fir-me-rie), s. f. || i" Local des-
tiné, dans les collèges et lycées, dans les couvents et
autres lieux où sont réunies beaucoup de person
nés, au traitement des malades. U est à l'infirmerie,
dans une des salles de l'infirmerie. || Endroit d'un
vaisseau destiné aux malades. || Écurie destinée à
recevoir des chevaux malades. || Local disposé pour
les chiens malades. || Cage doublée pour renfermer
les oiseaux malades. || Abri où Ton met les caisses
renfermant des plantes ou des arbustes faibles
ou nouvellement transplantés. || Fig. et familière-
ment. Maison où il y a plusieurs personnes mala-
des. Il2" Dans certaines abbayes d'hommes, nom
d'un office claustral dont le revenu est destiné,à
l'entretien des religieux malades. Il était dû tant
de blé de rente à l'infirmerie de telle abbaye.
Il 3° Prieur de l'infirmerie, dignitaire de Tordre de
Malte, présidant les douze prêtres chargés du spi-
rituel dans l'intérieur de l'hôpital.
— HIST. xme s. Et la ramenèrent [une folle] en
Tenfermerie, et la lièrent en un lit de fust seur
cordes, Miracles StLoys, p. 4 63. || xivs. Dixgalice»
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