PAR
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937
porteiez pas en paradis, c'est-à-dire vous me le re-
vaudras avant de mourir, je me vengerai tôt ou
tard. || Il a heurté à la porte du paradis, se dit d'un
homme qui a été à l'agonie. || Fig. Mettre en pa-
radis, glorifie!. Peut-être qu'avec toute sa haute
faveur, il [Mazarin] ne rejetterait pas la bonne
volonté d un artisan qui peut, aussi bien que Mi-
chel-Ange, mettre en enfer ou en paradis un cardi-
nal, BALZAC, Lett. à Chapelain, 21 janv. 1644, dans
PELLISSON, Bist. del'Acad. m. || Fig. Aller par delà
paradis, faire au delà de son devoir, de ce qui est
exigé. Je ne veux pas surpasser la mère de Chan-
tai, qui serait proprement vouloir aller par delà
paradis, SÉV. 9 fév. 1683. Le maréchal de Schom-
berg a donné sur Parrière-garde des ennemis....
quarante dragons plus braves que "des héros y ont
péri; un d'Aigremont tué sur le champ; le fils de
Bussy, qui voulait aller par delà paradis, prisonnier,
ID. 18.sept; 1676. || Titre de poèmes consacrés au
paradis chrétien. Le Paradis, une des trois parties
du poème de Dante. Le Paradis perdu, de Milton.
il 5° Le paradis de Mahomet, lieu où les fidèles
musulmans jouiront, après leur mort, de toutes sor-
tes de plaisirs. On déclame tous les jours contre
le paradis sensuel de Mahomet ; mais l'antiquité
n'en avait jamais connu d'autres, VOLT. Moeurs, 7.
Il 6° Fig. État le plus agréable et le plus heureux
dont on puisse jouir. Un bon ménage est le para-
dis sur terre. En me tirant d'erreur m'ôte du para-
dis, BOIL. Sat. iv. Je serai en paradis quand mes
oreilles entendront mes vers embellis par votre
musique, VOLT. Iett. en vers el en prose, 42. Le
paradis ou l'enfer des familles dépend à tout jamais
de l'opinion qu'elles ont donnée d'elles, BEAUMARCH.
Mère coupable, n, 2. || 7° Ancien terme de marine.
Nom donné, dans le xvi« et le xvne siècle, à une
retraite pratiquée dans un port, pour mettre les
navires à l'abri des accidents de la mer et du vent.
La France n'avait avant le règne de Votre Majesté
aucun havre qui fût capable de recevoir une flotte
royale.... c'est par la prudence et les ordres de Vo-
tre Majesté que le paradis de Calais, le bassin du
Havre de Grâce, la chambre dé Brest.... ont été bâ-
tis, P. FOURNIER (1643), dans JAL. Il 8° Terme de
théâtre. Amphithéâtre placé au plus haut rang des
loges. Pourquoi a-t-on appelé paradis lé rang des
troisièmes loges à la comédie et à l'opéra? est-ce
parce que, ces places étant moins chères que les
autres, on a cru qu'elles étaient faites pour les pau-
vies, et qu'on prétend que dans l'autre paradis il y
a beaucoup plus de pauvres que de riches? est-ce
parce que, ces loges étant fort hautes, on leur a
donné un nom qui signifie aussi le ciel ? VOLT. Dict.
phil. Paradis. || 9° Nom donné anciennement à des
cours devant une église. Pourquoi a-t-on donné le
nom de paradis à des cours carrées au devant d'une
église? m. ib. || Se disait des autels provisoires élevés
dans les rues les jours de procession solennelle. On
dit maintenant reposoir. || 10° Oiseau de paradis, oi-
seau des Indes à longues plumes effilées, genre pa-
radisxa, Linné, passereaux conirostres. || Oiseau de
paradis, se dit aussi des plumes dé cet oiseau que
les femmes portent dans leur coiffure. Son oiseau de
paradislui coûte fort cher. || 11° Pommier de paradis,
ou, simplement, paradis, espèce de pommier nain.
Il Pomme de paradis, ou, simplement, paradis,
espèce de pomme rouge qui se mange en été.
|] 12° Fleurs de paradis, bel arbre du Pérou. |1 Pa-
radis des jardiniers, le saule pleureur. || 13" Nom
spécifique d'un polynème, poisson. || Proverbes.
C'est le chemin du paradis, on n'y va qu'un à un,
se dit d'un chemin, d'un passage fort étroit. || Paris
est le paradis des femmes, le purgatoire des hom-
mes et l'enfer des chevaux.
— HIST. XIe s. Sièges aurez al greignor [au plus
grand] pareïs, Ch. de Roi. LXXXVII. ||xn' s. Lors
dit Ansiauxde Chartres : par Deu de paradis.... Sax.
xxvi. Quant Deus ot fait Adam e mis en paradis, Th.
le mart. 34. || xm' s. Diex I dist Renart, sainte
Marie ! Où fu trovez icist biax estres '? Je cuit c'est
paradis terrestres, lien. 4896. Et il [Louis IX] de-
manda se il avoit nulles nouvelles du conte d'Ar-
tois son frère; et il dit que il en savoit bien nou-
velles; car estoit certein que son frère le conte
d'Artois estoit en paradis, JOINV. 229. ||xve S. Le-
quel ils affirmoient, sur leur-part de paradis et sur
le péril de leurs âmes, que celui estoit droict et
vrai pape, Bouciq. m, 4. Vous regarder est un
droit paradis; De jour en jour vo beauté renouvelle,
E. DESCH. Poésies mss. f" 260. Quand madame et ma
dessse Et mon paradis mondain... ID. ib.f" 4 00. Quand
elle me vit, pour entrée Elle me bailla un soubriz,
Et, pour dire vray, sa risée M'estoyt ung petit
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
paradis, COQUILL. Monol. de la botte de foin. || XVIe s.
11 n'y a ny paradis [reposoirs] bien tapissez et do-
rez, ny processions.... qui nous donnent à manger,
Sat. Mén. p. 175. Je chante une beauté des beautez
la première, Le paradis des yeux.... DESPORTES,
Angélique, 4.
— ÉTYM. Bourg, pairaidi; prov. paradis;espagn.
paraiso ; ital. paradiso; du lat. paradisus, de jra-l
pâoEio-oç, jardin. IlapâSEioo; est un mot persan :
zend, pairidaesa, enclos, de pairi, entour (le grec
7tepi), et daeza, rempart, sanscrit -délia, équivalent
au grec TSÏXOÇ. Le paradis des théâtres vient des
mystères, qui représentaient le paradis en haut, la
terre au-dessous, l'enfer au niveau du sol.
t PARADISIAQUE {pa-ra-di-zi-a-k'), adj. Qui
est du paradis, qui appartient au paradis. Les joies
paradisiaques.
— ÉTYM. Lat. paradisiacus,deparadisus,paradis,
t PARADISTE (pa-ra-di-sf), s. m. Paillasse qui
joue des parades.
— ÉTYM. Parade.
t PARADOS (pa-ra-dô), s. m. Traverses élevées
en arrière de certaines batteries de siège, pour les
mettre à l'abri des coups qui pourraient les prendre
à revers, ou pour protéger les canonniers contre les
éclats des projeciiles creux.
■ — ÉTYM. Parer, à, dos.
PARADOXAL, ALE (pa-ra-do-ksal, ksa-P), adj.
Il 1° Qui tient du paradoxe. Opinion paradoxale.
Il S. m. Le paradoxal, comme on dit le vrai, le
beau, etc. || 2° Qui aime le paradoxe. Esprits para-
doxaux. Un auteur paradoxal ne doit jamais dire
son mot.... DIDEROT, Réfl. sur l'esprit. || 3° Terme de
minéralogie. Se dit d'un cristal dont la structure
présente des résultats inattendus. || Se dit des ani-
maux dont l'existence est contestée, ou dont la
configuration semble contrarier les lois générale-
ment connues. || Fig. Existence paradoxale, celle de
certains hommes dont on ne connaît pas les res-
sources, ordinairement nulles, et qui cependant vi-
vent dans l'aisance.
— ÉTYM. Paradoxe.
f PARADOXALEMENT (pa-ra-do-ksa-le-man),
adu.D'une manière paradoxale, en forme de paradoxe.
— HIST. xvie s. Combien que Cicéron ayt dit pa-
radoxallement, que liberté est puissance de vivre
ainsi qu'on veut, ST-JULIEN, Jfesl. tu'st. p. 204, dans
LACURNE.
PARADOXE (pa-ra-do-ks'), s. m. |] 1° Opinion
contraire à l'opinion commune. On aime à soutenir
des opinions extraordinaires et à réduire tout en pa-
radoxe, MONTESQ. Iett. pers. 38. Rien n'est si aisé et
par conséquent rien ne prouve moins que de soutenir
des paradoxes et des idées singulières, ST-FOIX, ESS.
Paris, OEuv. t. iv, p. 222, dans POUGENS. Le Tout est
bien de Shaftesbury, de Bolingbroke et de Pope n'est
qu'un paradoxe de bel esprit, une mauvaise plaisan-
terie, VOLT. Dict. pliil. Puissance. J'aime mieux être
hommeà paradoxe qu'homme à préjugés,j. 1.ROUSS.
Em.11. Comme depuis mille ans les vérités nouvelles
et fécondes sont infiniment rares, il [Helvétius]
avait pris pour thèse le paradoxe qu'il a développé
dans son livre de l'Esprit, MARMONTEL, Mém. vi.
|] Crier au paradoxe, dénoncer une opinion comme
contraire à l'opinion commune. Tous les hommes
vulgaires, tous les petits littérateurs sont faits pour
crier toujours au paradoxe,- pour me reprocher
d'être outré, j. j, ROUSS. Iett. à M. Moultou, Cor-
resp. t. vi, p. 34, dans POUGENS. || Par extension.
Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes
à vous-même; humiliez-vous, raison superbe ; tai-
sez-vous, nature imbécile, PASC. Pens. vm, 4, éd.
HAVET. Faut-il que sur l'office de votre salut seule-
ment vous soyez un abîme de contradictions et un
paradoxe incompréhensible? MASS. Avent, Délai de
la conv. Il 2° Chose qui est contre l'opinion commune
(peu usité en ce sens). Le tempérament a beaucoup
de part à la jalousie, el elle ne suppose pas toujours
une grande passion ; c'est cependant un paradoxe
qu'un violent amour sans délicatesse, LA BRUY. IV.
Il 3° Adj. Paradoxal. Les béatitudes de Jésus-Christ
en apparence si paradoxes et si incroyables, au-
thentiquement et sensiblement vérifiées, BOURDAL.
Avent, Réc. des saints, 28. Une réponse qui paraî-
tra d'abord avoir quelque chose de paradoxe, mais
dont on reconnaîtra bientôt la solidité, ID. Pensées,
t. 1, p. 207. Une carte de l'empire d'Alexandre, dont
il rendait l'étendue beaucoup moindre, par ce même
principe paradoxe dont il se servait pour la retraite
des dix mille, FONTEN. Delisle. Cette proposition si
paradoxe et si chimérique, ID. Amontons. || Comme
îdjectif il a vieilli.
— HIST. xvi" s. François I", pour les paradoxes
vertus qu'il reconnut en lui [Bayard], le choisit,
pour recevoir l'ordre de chevalerie par ses mains,
PASQUIER, Rech. liv. vi, p. 620,dans LACURNE. Voylà-
un discours ignorant, voylà un discours paradoxe;
en voylà un trop fol, MONT, m, 356.
— ÉTYM. IlapâSoEoç, de wapà, à côté, et Sôlja,
opinion. .
PARADOXISME (pa-ra-do-ksi-sm'), s. m. Figure
de rhétorique par laquelle on réunit sur un même
sujet des attributs qui semblent inconciliables.
— ÉTYM. Paradoxe.
t PARADROME (pa-ra-dro-m'), s. m. Terme d'an-
tiquité grecque. Lieu découvert où s'exerçaient les
lutteurs.
— ÊTYM. ItapàSpou.oç, de irapà, à côté, et Spo-
po:, course, palestre.
PARAFE ou PARAPHE (pa-ra-f ), s. m. [| 1° Sorte
de chiffre qu'on ajoute à son nom, dans les signa-
tures, afin qu'il soit plus difficile de les contrefaire.
Signer avec paraphe. Attendez donc, et mon parafe
donc? diable, c'est important; je suis peut-être le
seul négociant dont on ne puisse contrefaire la si-
gnature, PICARD, ,11. Musard, se. 34. || 2° Sorte de
signature abrégée que l'on met aux mots écrits en
marge des actes, à la place des mots changés ou
raturés. ,-" )
— HIST. xv" s. Et m'escripvez à ung paraphe Sur
moy ce petit epitaphe, VILLON, Archer de Bagnolet.
Xu tiers pàraffe ou article, Bist. de la Toison d'or,
t. n, f° 66, dans LACURNE. || XVI» S. VOUS dites pa-
rafe, corrompant la diction, laquelle signifie un si-
gne ou note posée près Pescriture, RABEL. Notes
sur le 4« livre de Pantagr. Sa vérité [de l'Évan-
gile] est signée par les croyans comme quand 011
met son signe ou paraphe en une lettre, CALV.
Instit. 424.
• —ÉTYM. Abréviation de paragraphe, qui vient
de irapaYpaç^i, deirapà, à côté, et ypâçeiv, écrire;
génev. «ne parafe.
PARAFÉ, ÉE, ou PARAPHÉ, ÉE (pa-ra-fé, fée),
part, passé de parafer ou parapher. Le testament est
paraphé, LA BRUY. XIV. || Fig. Rappelez en votre mé-
moire vos dangereux commerces, et écoutez Ter-
tullien qui vous dit : Prenez garde que ces lettres
que vous avez écrites ne soient produites un jour
contre vous, signées et paraphées de la main des an-
ges, BOSS. Sermons, Anges gardiens, 2.
PARAFER ou PARAPHER (pa-ra-fé), v. a.
Il 1° Mettre son paraphe au bas d'un écrit. On pa-
raphe les écritures, de peur qu'on ne puisse en
supposer d'autres, BOSS. Sermons, Anges, 2. Que
faites-vous, Clitiphon, dans cet endroit le plus re-
culé de votre appartement, de si laborieux qui vous
empêche de m'entendre ? vous enfilez quelques
mémoires, vous collationnez un registre, vous si-
gnez, vous paraphez, LA BRUY. V. [| 2° Mettre son
parafe à la marge d'un acte pour les mots changés
ou çaturés. Marcellin : Et de quoi s'agit-il à présent,
monsieur Marcellin ? —Léonard : Délire, parapher
et signer.— Marcellin : Eh bien ! lisons, paraphons et
signons, PICARD, Marionnettes, n, 9. )| 3° En termes
de palais, parafer ne varietur, se dit d'un officier
public qui met son parafe sur un papier, afin que
ce papier ne puisse être changé, et qu'on n'en
substitue point un autre à la place.
— ÉTYM. Parafe.
t PARAFEU (pa-ra-feu), s. m. Petit mur élevé,
devant les ouvreaux, dans les verreries.
— ÉTYM. Parer, à, feu.
t PARAFFINE (pa-ra-ffi-n'), s. (. Terme de chi-
mie. Substance solide, blanche, tirée des schistes
bitumineux et formée exclusivement de carbone et
d'hydrogène dans les proportions convenables poui
donner une flamme bien éclairante. Il n'y a pas
vingt ans, on se montrait dans les laboratoires do
chimie une substance curieuse, blanche et nacrée,
à laquelle on avait, donné le nom de paraffine, en
raison de son peu d'affinité pour les autres corps
(du latin parum affinis); découverte en 4 834 dans
les produits de la distillation de la houille par
Reichenbach, cette substance resta sans emploi jus-
qu'au jour où Sellègue en confectionna des bougies,
CH. MARTIN, Monit. univ. 28. juin 1867, p. 828, 4e col.
[| Adj. La société dite de la lumière paraffine, in. ib.
t PARAFFINÉ, ÉE (pa-raf-fi-né, née), adj. Qui a
la nature de la paraffine. On comprendra que l'uti-
lisation des huiles paraffinées provenant de l'exploi-
tation des tourbes est un complémentdeproduits....
CH. MARTIN, Monit. univ. 28 juin 4867,p. 828, 5" col,
t PARAFOUDRE (pa-ra-fou-dr1), s. m. Instrument
qui seU à remédier aux effets de la foudre et de l'élec-
tricité atmosphérique sur le télégraphe électrique.
— ÉTYM. Parer, à, foudre.
II. — 118
PAR
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porteiez pas en paradis, c'est-à-dire vous me le re-
vaudras avant de mourir, je me vengerai tôt ou
tard. || Il a heurté à la porte du paradis, se dit d'un
homme qui a été à l'agonie. || Fig. Mettre en pa-
radis, glorifie!. Peut-être qu'avec toute sa haute
faveur, il [Mazarin] ne rejetterait pas la bonne
volonté d un artisan qui peut, aussi bien que Mi-
chel-Ange, mettre en enfer ou en paradis un cardi-
nal, BALZAC, Lett. à Chapelain, 21 janv. 1644, dans
PELLISSON, Bist. del'Acad. m. || Fig. Aller par delà
paradis, faire au delà de son devoir, de ce qui est
exigé. Je ne veux pas surpasser la mère de Chan-
tai, qui serait proprement vouloir aller par delà
paradis, SÉV. 9 fév. 1683. Le maréchal de Schom-
berg a donné sur Parrière-garde des ennemis....
quarante dragons plus braves que "des héros y ont
péri; un d'Aigremont tué sur le champ; le fils de
Bussy, qui voulait aller par delà paradis, prisonnier,
ID. 18.sept; 1676. || Titre de poèmes consacrés au
paradis chrétien. Le Paradis, une des trois parties
du poème de Dante. Le Paradis perdu, de Milton.
il 5° Le paradis de Mahomet, lieu où les fidèles
musulmans jouiront, après leur mort, de toutes sor-
tes de plaisirs. On déclame tous les jours contre
le paradis sensuel de Mahomet ; mais l'antiquité
n'en avait jamais connu d'autres, VOLT. Moeurs, 7.
Il 6° Fig. État le plus agréable et le plus heureux
dont on puisse jouir. Un bon ménage est le para-
dis sur terre. En me tirant d'erreur m'ôte du para-
dis, BOIL. Sat. iv. Je serai en paradis quand mes
oreilles entendront mes vers embellis par votre
musique, VOLT. Iett. en vers el en prose, 42. Le
paradis ou l'enfer des familles dépend à tout jamais
de l'opinion qu'elles ont donnée d'elles, BEAUMARCH.
Mère coupable, n, 2. || 7° Ancien terme de marine.
Nom donné, dans le xvi« et le xvne siècle, à une
retraite pratiquée dans un port, pour mettre les
navires à l'abri des accidents de la mer et du vent.
La France n'avait avant le règne de Votre Majesté
aucun havre qui fût capable de recevoir une flotte
royale.... c'est par la prudence et les ordres de Vo-
tre Majesté que le paradis de Calais, le bassin du
Havre de Grâce, la chambre dé Brest.... ont été bâ-
tis, P. FOURNIER (1643), dans JAL. Il 8° Terme de
théâtre. Amphithéâtre placé au plus haut rang des
loges. Pourquoi a-t-on appelé paradis lé rang des
troisièmes loges à la comédie et à l'opéra? est-ce
parce que, ces places étant moins chères que les
autres, on a cru qu'elles étaient faites pour les pau-
vies, et qu'on prétend que dans l'autre paradis il y
a beaucoup plus de pauvres que de riches? est-ce
parce que, ces loges étant fort hautes, on leur a
donné un nom qui signifie aussi le ciel ? VOLT. Dict.
phil. Paradis. || 9° Nom donné anciennement à des
cours devant une église. Pourquoi a-t-on donné le
nom de paradis à des cours carrées au devant d'une
église? m. ib. || Se disait des autels provisoires élevés
dans les rues les jours de procession solennelle. On
dit maintenant reposoir. || 10° Oiseau de paradis, oi-
seau des Indes à longues plumes effilées, genre pa-
radisxa, Linné, passereaux conirostres. || Oiseau de
paradis, se dit aussi des plumes dé cet oiseau que
les femmes portent dans leur coiffure. Son oiseau de
paradislui coûte fort cher. || 11° Pommier de paradis,
ou, simplement, paradis, espèce de pommier nain.
Il Pomme de paradis, ou, simplement, paradis,
espèce de pomme rouge qui se mange en été.
|] 12° Fleurs de paradis, bel arbre du Pérou. |1 Pa-
radis des jardiniers, le saule pleureur. || 13" Nom
spécifique d'un polynème, poisson. || Proverbes.
C'est le chemin du paradis, on n'y va qu'un à un,
se dit d'un chemin, d'un passage fort étroit. || Paris
est le paradis des femmes, le purgatoire des hom-
mes et l'enfer des chevaux.
— HIST. XIe s. Sièges aurez al greignor [au plus
grand] pareïs, Ch. de Roi. LXXXVII. ||xn' s. Lors
dit Ansiauxde Chartres : par Deu de paradis.... Sax.
xxvi. Quant Deus ot fait Adam e mis en paradis, Th.
le mart. 34. || xm' s. Diex I dist Renart, sainte
Marie ! Où fu trovez icist biax estres '? Je cuit c'est
paradis terrestres, lien. 4896. Et il [Louis IX] de-
manda se il avoit nulles nouvelles du conte d'Ar-
tois son frère; et il dit que il en savoit bien nou-
velles; car estoit certein que son frère le conte
d'Artois estoit en paradis, JOINV. 229. ||xve S. Le-
quel ils affirmoient, sur leur-part de paradis et sur
le péril de leurs âmes, que celui estoit droict et
vrai pape, Bouciq. m, 4. Vous regarder est un
droit paradis; De jour en jour vo beauté renouvelle,
E. DESCH. Poésies mss. f" 260. Quand madame et ma
dessse Et mon paradis mondain... ID. ib.f" 4 00. Quand
elle me vit, pour entrée Elle me bailla un soubriz,
Et, pour dire vray, sa risée M'estoyt ung petit
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
paradis, COQUILL. Monol. de la botte de foin. || XVIe s.
11 n'y a ny paradis [reposoirs] bien tapissez et do-
rez, ny processions.... qui nous donnent à manger,
Sat. Mén. p. 175. Je chante une beauté des beautez
la première, Le paradis des yeux.... DESPORTES,
Angélique, 4.
— ÉTYM. Bourg, pairaidi; prov. paradis;espagn.
paraiso ; ital. paradiso; du lat. paradisus, de jra-l
pâoEio-oç, jardin. IlapâSEioo; est un mot persan :
zend, pairidaesa, enclos, de pairi, entour (le grec
7tepi), et daeza, rempart, sanscrit -délia, équivalent
au grec TSÏXOÇ. Le paradis des théâtres vient des
mystères, qui représentaient le paradis en haut, la
terre au-dessous, l'enfer au niveau du sol.
t PARADISIAQUE {pa-ra-di-zi-a-k'), adj. Qui
est du paradis, qui appartient au paradis. Les joies
paradisiaques.
— ÉTYM. Lat. paradisiacus,deparadisus,paradis,
t PARADISTE (pa-ra-di-sf), s. m. Paillasse qui
joue des parades.
— ÉTYM. Parade.
t PARADOS (pa-ra-dô), s. m. Traverses élevées
en arrière de certaines batteries de siège, pour les
mettre à l'abri des coups qui pourraient les prendre
à revers, ou pour protéger les canonniers contre les
éclats des projeciiles creux.
■ — ÉTYM. Parer, à, dos.
PARADOXAL, ALE (pa-ra-do-ksal, ksa-P), adj.
Il 1° Qui tient du paradoxe. Opinion paradoxale.
Il S. m. Le paradoxal, comme on dit le vrai, le
beau, etc. || 2° Qui aime le paradoxe. Esprits para-
doxaux. Un auteur paradoxal ne doit jamais dire
son mot.... DIDEROT, Réfl. sur l'esprit. || 3° Terme de
minéralogie. Se dit d'un cristal dont la structure
présente des résultats inattendus. || Se dit des ani-
maux dont l'existence est contestée, ou dont la
configuration semble contrarier les lois générale-
ment connues. || Fig. Existence paradoxale, celle de
certains hommes dont on ne connaît pas les res-
sources, ordinairement nulles, et qui cependant vi-
vent dans l'aisance.
— ÉTYM. Paradoxe.
f PARADOXALEMENT (pa-ra-do-ksa-le-man),
adu.D'une manière paradoxale, en forme de paradoxe.
— HIST. xvie s. Combien que Cicéron ayt dit pa-
radoxallement, que liberté est puissance de vivre
ainsi qu'on veut, ST-JULIEN, Jfesl. tu'st. p. 204, dans
LACURNE.
PARADOXE (pa-ra-do-ks'), s. m. |] 1° Opinion
contraire à l'opinion commune. On aime à soutenir
des opinions extraordinaires et à réduire tout en pa-
radoxe, MONTESQ. Iett. pers. 38. Rien n'est si aisé et
par conséquent rien ne prouve moins que de soutenir
des paradoxes et des idées singulières, ST-FOIX, ESS.
Paris, OEuv. t. iv, p. 222, dans POUGENS. Le Tout est
bien de Shaftesbury, de Bolingbroke et de Pope n'est
qu'un paradoxe de bel esprit, une mauvaise plaisan-
terie, VOLT. Dict. pliil. Puissance. J'aime mieux être
hommeà paradoxe qu'homme à préjugés,j. 1.ROUSS.
Em.11. Comme depuis mille ans les vérités nouvelles
et fécondes sont infiniment rares, il [Helvétius]
avait pris pour thèse le paradoxe qu'il a développé
dans son livre de l'Esprit, MARMONTEL, Mém. vi.
|] Crier au paradoxe, dénoncer une opinion comme
contraire à l'opinion commune. Tous les hommes
vulgaires, tous les petits littérateurs sont faits pour
crier toujours au paradoxe,- pour me reprocher
d'être outré, j. j, ROUSS. Iett. à M. Moultou, Cor-
resp. t. vi, p. 34, dans POUGENS. || Par extension.
Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes
à vous-même; humiliez-vous, raison superbe ; tai-
sez-vous, nature imbécile, PASC. Pens. vm, 4, éd.
HAVET. Faut-il que sur l'office de votre salut seule-
ment vous soyez un abîme de contradictions et un
paradoxe incompréhensible? MASS. Avent, Délai de
la conv. Il 2° Chose qui est contre l'opinion commune
(peu usité en ce sens). Le tempérament a beaucoup
de part à la jalousie, el elle ne suppose pas toujours
une grande passion ; c'est cependant un paradoxe
qu'un violent amour sans délicatesse, LA BRUY. IV.
Il 3° Adj. Paradoxal. Les béatitudes de Jésus-Christ
en apparence si paradoxes et si incroyables, au-
thentiquement et sensiblement vérifiées, BOURDAL.
Avent, Réc. des saints, 28. Une réponse qui paraî-
tra d'abord avoir quelque chose de paradoxe, mais
dont on reconnaîtra bientôt la solidité, ID. Pensées,
t. 1, p. 207. Une carte de l'empire d'Alexandre, dont
il rendait l'étendue beaucoup moindre, par ce même
principe paradoxe dont il se servait pour la retraite
des dix mille, FONTEN. Delisle. Cette proposition si
paradoxe et si chimérique, ID. Amontons. || Comme
îdjectif il a vieilli.
— HIST. xvi" s. François I", pour les paradoxes
vertus qu'il reconnut en lui [Bayard], le choisit,
pour recevoir l'ordre de chevalerie par ses mains,
PASQUIER, Rech. liv. vi, p. 620,dans LACURNE. Voylà-
un discours ignorant, voylà un discours paradoxe;
en voylà un trop fol, MONT, m, 356.
— ÉTYM. IlapâSoEoç, de wapà, à côté, et Sôlja,
opinion. .
PARADOXISME (pa-ra-do-ksi-sm'), s. m. Figure
de rhétorique par laquelle on réunit sur un même
sujet des attributs qui semblent inconciliables.
— ÉTYM. Paradoxe.
t PARADROME (pa-ra-dro-m'), s. m. Terme d'an-
tiquité grecque. Lieu découvert où s'exerçaient les
lutteurs.
— ÊTYM. ItapàSpou.oç, de irapà, à côté, et Spo-
po:, course, palestre.
PARAFE ou PARAPHE (pa-ra-f ), s. m. [| 1° Sorte
de chiffre qu'on ajoute à son nom, dans les signa-
tures, afin qu'il soit plus difficile de les contrefaire.
Signer avec paraphe. Attendez donc, et mon parafe
donc? diable, c'est important; je suis peut-être le
seul négociant dont on ne puisse contrefaire la si-
gnature, PICARD, ,11. Musard, se. 34. || 2° Sorte de
signature abrégée que l'on met aux mots écrits en
marge des actes, à la place des mots changés ou
raturés. ,-" )
— HIST. xv" s. Et m'escripvez à ung paraphe Sur
moy ce petit epitaphe, VILLON, Archer de Bagnolet.
Xu tiers pàraffe ou article, Bist. de la Toison d'or,
t. n, f° 66, dans LACURNE. || XVI» S. VOUS dites pa-
rafe, corrompant la diction, laquelle signifie un si-
gne ou note posée près Pescriture, RABEL. Notes
sur le 4« livre de Pantagr. Sa vérité [de l'Évan-
gile] est signée par les croyans comme quand 011
met son signe ou paraphe en une lettre, CALV.
Instit. 424.
• —ÉTYM. Abréviation de paragraphe, qui vient
de irapaYpaç^i, deirapà, à côté, et ypâçeiv, écrire;
génev. «ne parafe.
PARAFÉ, ÉE, ou PARAPHÉ, ÉE (pa-ra-fé, fée),
part, passé de parafer ou parapher. Le testament est
paraphé, LA BRUY. XIV. || Fig. Rappelez en votre mé-
moire vos dangereux commerces, et écoutez Ter-
tullien qui vous dit : Prenez garde que ces lettres
que vous avez écrites ne soient produites un jour
contre vous, signées et paraphées de la main des an-
ges, BOSS. Sermons, Anges gardiens, 2.
PARAFER ou PARAPHER (pa-ra-fé), v. a.
Il 1° Mettre son paraphe au bas d'un écrit. On pa-
raphe les écritures, de peur qu'on ne puisse en
supposer d'autres, BOSS. Sermons, Anges, 2. Que
faites-vous, Clitiphon, dans cet endroit le plus re-
culé de votre appartement, de si laborieux qui vous
empêche de m'entendre ? vous enfilez quelques
mémoires, vous collationnez un registre, vous si-
gnez, vous paraphez, LA BRUY. V. [| 2° Mettre son
parafe à la marge d'un acte pour les mots changés
ou çaturés. Marcellin : Et de quoi s'agit-il à présent,
monsieur Marcellin ? —Léonard : Délire, parapher
et signer.— Marcellin : Eh bien ! lisons, paraphons et
signons, PICARD, Marionnettes, n, 9. )| 3° En termes
de palais, parafer ne varietur, se dit d'un officier
public qui met son parafe sur un papier, afin que
ce papier ne puisse être changé, et qu'on n'en
substitue point un autre à la place.
— ÉTYM. Parafe.
t PARAFEU (pa-ra-feu), s. m. Petit mur élevé,
devant les ouvreaux, dans les verreries.
— ÉTYM. Parer, à, feu.
t PARAFFINE (pa-ra-ffi-n'), s. (. Terme de chi-
mie. Substance solide, blanche, tirée des schistes
bitumineux et formée exclusivement de carbone et
d'hydrogène dans les proportions convenables poui
donner une flamme bien éclairante. Il n'y a pas
vingt ans, on se montrait dans les laboratoires do
chimie une substance curieuse, blanche et nacrée,
à laquelle on avait, donné le nom de paraffine, en
raison de son peu d'affinité pour les autres corps
(du latin parum affinis); découverte en 4 834 dans
les produits de la distillation de la houille par
Reichenbach, cette substance resta sans emploi jus-
qu'au jour où Sellègue en confectionna des bougies,
CH. MARTIN, Monit. univ. 28. juin 1867, p. 828, 4e col.
[| Adj. La société dite de la lumière paraffine, in. ib.
t PARAFFINÉ, ÉE (pa-raf-fi-né, née), adj. Qui a
la nature de la paraffine. On comprendra que l'uti-
lisation des huiles paraffinées provenant de l'exploi-
tation des tourbes est un complémentdeproduits....
CH. MARTIN, Monit. univ. 28 juin 4867,p. 828, 5" col,
t PARAFOUDRE (pa-ra-fou-dr1), s. m. Instrument
qui seU à remédier aux effets de la foudre et de l'élec-
tricité atmosphérique sur le télégraphe électrique.
— ÉTYM. Parer, à, foudre.
II. — 118
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