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et aise, jouir tranquillement d'une vie commede. 11
ne veut que paix et aise. || On dit qu' un homme est
paix et aise chez lui, lorsqu'il a toutes les commo-
dités de la vie, sans procès ni querelle. Je suis hon-
teux d'être chez moi paix et aise, et d'avoir quel-
quefois vingt personnes à dîner, quand les trois
quarts de l'Europe souffrent [de la guerre de sept
ans], VOLT. iett. Thiriol, 4 7 sept. 4 758. || Paix et peu,
il faut peu de chose pour rendre un homme heu-
ïeux, à condition qu'il en jouisse en repos. || 8° La
Paix, personnifiée (avec une majuscule). La Paix
était représentée avec une branche d'olivier à la
main. Vespasien dédia un temple à la Paix. Quand
la discorde encor toute noire de crimes.... Avec
cet air affreux qui fait frémir la Paix, BOIL. Lulr. i.
|| 9° Terme de jeux. Se dit, au pharaon, d'une rna-
nière de plier sa carte pour annoncer qu'on ne
joue que ce qu'on a gagné sur cette carte. || 10" Os
plat et large d'une épaule de veau ou de mouton,
quand la chair en a été ôtée. || 11° Paix! inter-
jection dont on se sert pour faire faire silence.
Paix-là, messieurs. Eh'..paix donc. Chut, paix!
Sganarelle : Ap_prenez de moi, qui suis votre valet,
que le ciel punit tôt ou tard les impies, qu'une mé-
chante vie amène une méchante mort, et que....
— D. Juan : Paix 1 MOL. le Festin, i, 2. Paix, coquin
que TOUS êtes, vous ne savez ce que vous dites, ID. ib.
II,2. Paix, tais-toi, parle bas, tu sauras mondes-
sein, REGNARD, Fol. amour. 1,4. Certain huissier,
étant à l'audience, Criait toujours : paix-là 1 mes-
sieurs, paix-là, J. B. ROUSS. Épigr. ï, 9, || Proverbe.
Qui de tout se tait, de tout a paix.
— REM. 4. Paix, dans la locution en paix, n'ayant
point d'article, ne peut ensuite être représenté par
un pronom, à moins que le sens ne soit très-clair.
Ainsi on ne condamnera pas ces phrases-ci : Laissez
l'Église en paix, et je vous y laisserai, PASC. Prov.
xvm. Mettons-nous en paix avec Dieu, et nous l'au-
rons avec les hommes, MASS. Carême, Mot. de conv.
|| 2. Féraud remarque que dans le sens de tran-
quillité de Pâme, paix ne se joint pas avec les ad-
jectifs possessifs, et qu'on ne dit pas: ma paix, sa
paix, leur paix, comme on dit ma tranquillité, sa
tranquillité, leur tranquillité.
—HIST. xie s. Pais à saint yglise, Lois de Guill. 4.
Seit qui Pocie [Roland], toute pais puis auriomes,
Ch. de Roi. xxvm. Pais ne amour [je] ne dei [dois]
àpaien rendre, ib. CCLXII. || XII'S. Qui d'olr et d'en-
tendre a loisir et talant, Fasse pais, si escoute bone
chançon vaillant, Sax. i. En pais [nous] tenons nos
terres, ses !si les] faisons gaaignier [cultiver], ib.
xvi. Bien [je] cuidai vivre sans amour Dès ore en
paix tout mon aé [âge], Couci, ni. De tout le tai-
lleur] rien ne demande, Fors le marchié de la
viande, Pais de venir et pais d'aler, Et pais de
viande achater, Rou, ms. p. 44, dans LACURNE.
|| xme s. Moult orent li baron de peine toute la
auit et toute celé semaine, et li dus de Venise ausi,
pour faire la pais, VILLEH. L. 11 dist et afrema en soy
meymes que jamais, en jour de sa vie, ses cuers
[son coeur] ne serait aise ne à pais, desci à donc
qu'il en serait vengiés, Chron. de Rains, p. 58. De
ma pès fairg ranvoiteux, la Jlose, 3165. Se je fes
pes à mes anemis et lor doins du mien por peur
qu'il ne m'ocient ou mehaingnent, BEAUM. XXXIV, 31.
Quant ce vint à la pez donner, je vi que le clerc
qui aidoit la messe à chanter, estoit grand, noir,
megre et hericiés, JOINV. 279. Deus moult vaillans
bachelers qui estaient en grief courine [discorde] l'un
vers l'autre, ne nulz n'en pooit faire la pez, ID. 214.
|| xive s. Quant est pour recevoir bien et profit de
son ami bien fortuné, l'en y doit aler tout à paes
et sans soy haster, ORESME, Elh. 291. Item en
quelle manière, si comme tout à pais ou fort et im-
pétueusement, ID. ib. 64. Il xve s. X ces mots je lais-
sai le chevalier en paix, FROISS. n, m, 41. Luy fut
donnée en mariage dès jeunesse par l'accord des
deux royaumes d'Angleterre et d'Escoce, et par paix
faisant, ID. liv. 1, p. 3, dans LACURNE. Je ne puis
demeurer en paix, Fortune ne m'y veult laisser,
CH. D'ORL. Bal. 39. Vivre du sien et qu'on puist de-
mourerEn paix decueur.... E. DESCH. Manière d'estre
à la cour. Et avient aucunes fois que par l'orgueil et
bobant de la femme le mary prend riote à un autre
aussi puissant et plus que lui, pour le banc de leurs
femmes, et pour la paix [la patène], et se deba-
tent et combatent; car l'une veult aller devant
l'autre, tes 4 6 joyes de mariage, p. 4 4 4. Pour
l'honneur de' la très-grande beauté de sa personne,
voulentiers sçauroye qui elle est, saulve sa révé-
rence et sa paix [contentement]. Sire, dist elle,
quand vous dites que vous voulez saulver sa paix,
déporter voue convient de celle demande ; car, se
le vous disois, ce ne serait pas sa paix, Perceforest,
t. v, f° 20. Les feit endormir au gyron l'un de l'au-
tre, et en ce point dormirent paix et aises jusques
à heure de none qu'il faisoit chaud, bel et clair,
ib. t. v, f° 35. Un porte paix d'or, où il y a un an-
gle [ange] tenant un crucifix, couvert par dessus
d'un cristal, DE LABORDE, Émaux, p. 427. Comme
Martin chantoit la messe, Son hoste estoit de lèpre
plain, En baisant la paix eubt liesse, Car il fust
guéri tout à plain, ID. ib. p. 428. ||xvie s. Paix
de par le dyahle, paix, RAB. Pont, n, 4 8. Et
voulentiers feust retourné à Paris pour faire sa
paix avecqués la dame, ID. ib. 11, 24. Je me res-
souviens d'une response qui fut faite à la cour à un
qui ne partait jamais que de guerre, encore qu'il
fust paix, LANOUE, 202. La douce jouissance d'une
bonne et fleurissante paix, D'AUB. Bist. 11, 252. Le
zèle et la dévotion qu'il [Coligny] a porté à sa reli-
gion font foy de tout, et, qui plus est, les paix qu'il
a faites-, car, aussitost que le roy luy accordoit et
à ses partisans l'exercice de leur religion, le voilà
qu'il mettait aussitost les armes bas, BRANTÔME, Cap.
franc, t. m, p. 168, dans LACURNE. Au bout de deux
ans, la paix se renouvela, qu'on appelloit la paix
boiteuse et mal assise, parce qu'elle avoit esté com-
mencée par M. de Malasise et par M. de Biron, qui
estoit boiteux, ID. ib. t. iv, p. 102. Homicides ne
pourront intenter action soit réelle ou-personnelle,
jusques à ce qu'ils auront fait apparoir de corps def-
fendant, ou fait paix à partie et obtenu remission,
Nouv. coust. gén. t. Ii, p. 55. Imposer la paix en-
tre les parties tant dehors que dedans les villes ; ce
qui arrive en trois sortes de manières : sçavoir, par
lebailly et la loy en office, ce que l'on appelle la
paix du seigneur; la seconde est une paix de la jus-
tice, laquelle est accordée à la réquisition de l'une
ou de l'autre des parties; et la troisième est une
paix amiable, laquelle l'une ou l'autre des parties
demandent, ib.'t. 1, p. 4442. La paix est la feste de
tous saints, COTGRAVE. Baston porte paix quant et
soi, ID. Mieux vaut en paix un oeuf, qu'en guerre
un boeuf, ID. Maison de la paix [hôtel de ville], DU
CANGE, pair. Il y aura tel qui avec sa plume gai-
gnera sa demi-douzaine d'escus par jour, paix et
aise, CHOLIÈRES, Contes, t. 1, Matinée 8, p. 229,
dans POUGENS.
— ÉTYM. Bourg, poi; wallon, paie, paûie ; prov.
palz ; esp. paz ; ital. pace ; du lat. pacem, de même
radical que pacisci (voy. PACTE). D'après Lamon-
noye, paix, interjection, signifiant silence, vient du
grec Ttàij, qui a en effet ce sens; mais il n'est pas
nécessaire de recourir à ce mot pour faire de paia;
une interjection avec le sens de silence
t PAJONISTES (pa-jo-ni-sf), s. m. pi. Sectaires
de la réforme qui ne reconnaissent de grâce que
dans la prédication.
— ÊTYM. Pajon, ministre d'Orléans, fameux
parmi les prolestants.
PAL (pal), s. m. || 1° Longue pièce de bois ai-
guisée par un bout. Le supplice du pal. Il fut con-
damné au pal. Il 2° Terme de blason. Pieu posé de-
bout, qui divise l'écu de haut en bas. Composa tous
ces mots de cimier et d'écart, De pal, de contrepal,
de lambel et de fasce, BOIL. Sat. v. Le vert était
nommé sinople, un pieu était un pal,VOLT. Moeurs,
99. Venez tous ! soit qu'au sein des jeux ou des
alarmes Votre écu de Milan porte le vert dragon,
La fleur de lis de France, ou le pal d'Aragon, v.
HUGO, Odes, iv, 4 2. [| Au plur. Des pals. On a dit
aussi des paux. Il-porte d'or à deux pals, ou à deux
paux de sinople. || 3° Terme rural. Outil de fer
pour faire dans la terre les trous qui doivent rece-
voir les jeunes plants. || 4° Planche garnie de dus-
ses ou ais, pour faire des digues ou bâtardeaux
(MASSÉ, 1766). Il 5° Terme de métallurgie. Gros rin-
gard. Il 6° Le milandre, poisson.
— HIST. xve s. Car le fort au foible toloit [enle-
vait] Et par tyrannie acquérait Ce qu'il avoit dedans
son pal [son enclos], E. DESCH. Poésies mss. f° 438.
Et la partie du roy et de la royne.... estoit environ-
née de palis joinctes.... et alloient les paux jusques
à la rivière de Seine, JUVÉN. Charles VI, 1419.Tous
les archiers deshousez, chascun ung pal planté de-
vant eulx, COMM. I, 3. Il xvie s. Ils [les soldats ro-
mains] portoient une certaine quantité de paulx
pour faire leurs remparts, MONT, n, 96. Il falut ar-
mer le pont d'une liaison de masts de navires, def-
fendus encor de plusieurs paux que les Italiens
appellent slechi, D'AUB. Hist. n, 481. Les perches,
lattes, paux et autres soustenemens des vignes, 0.
DE SERRES, su. Il feit commandement aux Syracu-
sains, que chacun eust à coupper un pau, et à l'ap-
porter là auprès, AMYOT, Dion, 60. j
— ÉTYM. Bourg, pau; wall. pa; prov. pat; esp.
et ital. palo ; portug. pao;du lat. pultis (voy. PIEU).
t PALABRE (pa-la-br'), s. f. [\ 1° Discours long et
inutile. || 2° Présent que les commerçants font aux
petits rois de la côte d'Afrique. )| Conférence dans
laquelle se font ces présents.
— HIST. xvie s. Palabre, COTGRAVE.
— ÉTYM. Espagn. palabra, parole.
f PALADE (pa-la-d'), s. f. Terme de marine.
Quantité dont un navire à rames avance sur l'eau
entre deux coups d'aviron. || Chaque coup d'aviron
d'un nageur dans une embarcation.
— ÉTYM. Pale 4. ,
PALADIN (pa-la-din), s. m. \\ 1° Nom donné aux
seigneurs qui suivaient Charlemagne à la guerre.
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques Qui
précédaient la mort des paladins antiques, A. DE
VIGNY, le Cor. Il 2° Par extension, chevalier errant.
Son nom était Atis, son métier paladin, LA FONT.
Petit chien Ces fiers paladins Qui parcouraient
toute la terre, DESHOULIÈRES, iett. d Jfme d'Ussé.
Des paladins toujours armés, dans une partie du
monde pleine de châteaux, de forteresses et de bri-
gands, trouvaient de l'honneur à punir l'injustice et
à défendre la faiblesse, MONTESQ. Esp. xxvm, 22.
Ce Kônig [un mathématicien de Berlin] est amou-
reux d'un problème de géométrie, comme les an-
ciens paladins de leurs dames, VOLT. Lett. Mme Denis,
24 juill. 4752. Ferons-nous d'Emile un redresseur
de torts, un paladin ? J. 1. ROUSS. Ém. iv. Souvent
ma muse aventurière Ceignit la ceinture guerrière
Et l'écharpe des paladins, v. HUGO, Odes, n, 3.
Il Familièrement. C'est un vrai paladin, il est brave
et galant.
— HIST. XIIe s. Turpins i monte à loi de palacin,
Ronc. p. 60. y xnr s. Le plus hardi, le plus douté
De toute la chrestienté Ont là occis li Sarrazin;
Çou [ce] fu grans dious [deuil] del palasin, PH. MOUS-
KES, ms. p. 199, dans LACURNE. Ces hautes dames
palasines, Ces abeesses, ces béguines, la Rose,
11783. [| xvie s. U fait bien son paladin, COTGRAVE.
— ÉTYM. Prov. palaisi, palazi; espagn. pala-
tino ; ital. paladino ; du lat. palalinus, qui appar-
tient au palais, de palalium (voy. PALAIS 4). Ce mot
vient de ce que les seigneurs qui les premiers reçu-
renteenom, vivaient dans le palais de Charlemagne.
f PALAFITTE (pa -ia-fi-f), s. m. Nom donné aux
pilotis qui forment les habitations lacustres des hom-
mes préhistoriques. Les palafittes peuvent être re-
gardés comme caractérisant, dans l'Europe occiden-
tale, la dernière phase de l'âge de pierre, l'époque
de la pierre polie; c'est ce qui explique la présence
des métaux dans quelques-unes de ces habitations
sur pilotis, A. MAURY, l'Homme primitif, dans Revue
des Deux-Mondes, i" avril 1867, p. 654.
— ÊTYM. Ital. palafitla, palis, clayonnage, de
polo, pelle, et fitlo, fiché.
+ PALAGON1TE (pa-la-go-ni-f), s. f. Nom donné
par Bunsen à un minéral toujours amorphe qui se
rencontre dans les formations volcaniques de Pala-
gonia, en Sicile.
4. PALAIS (pa-lê; l's se lie : un palê-z immense),
s. m. H 1° Maison vaste et somptueuse qui sert de
logement à un grand personnage. Le nom du mont
Palatin était Palalium, comme Capilolium celui du
mont Capitolin; ce mot palalium devint le nom de
la maison d'Auguste, plus tard de l'ensemble d'édi-
fices qui composaient le palais et finirent par cou-
vrir la colline tout entière ; ce nom, qui fut d'abord
celui d'un lieu où quelques pâtres campèrent, est
resté dans presque toutes le.s langues modernes
pour désigner la demeure des rois et des princes :
singulière fortune d'un mot ! AMPÈRE, l'Hist. rom.
à Rome, t. 1, p. 30. Et puis qu'est un palais qu'une
maison pompeuse...? ROTR. Vencesl. 11, 4. Que le
chemin est court d'un palais au tombeau ! ID.
Bélis. v, 4. Dans ces superbes palais à qui Madame
donnait un éclat que vos yeux recherchent encore,
BOSS. Duch. d'Orl. Des portes du palais elle sort
éperdue, RAC. Brit. v, 8. Venez dans mon palais,
vous y verrez ma gloire, ID. Alh. n, 7. Le vieux
palais des rois de Babylone, situé au côté oriental
du fleuve, avait trente stades de circuit, c'est-
à-dire une lieue et demie, ROLLIN, Hist. ant.
OEuv. t u, p. 31, dans POUGENS. C'est ici le palais
qu'ont bâti vos aïeux, VOLT. Zaïre, 11, 3. Huniaïou,
fils de Babar, régna dans l'Inde avec des fortunes
diverses; c'était, dit-on, un bon astronome et plus
grand astrologue; il avait sept palais dédiés chacut
à une planète, VOLT. Polit, et législ. Fragm. hist.
sur l'Inde, xxxnt. Dans nos palais, où près de 1E
victoire Brillaient les arts, enfants des beaux cli-
mats, J'ai vu du nord les peuplades sans gloi.e Ce
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et aise, jouir tranquillement d'une vie commede. 11
ne veut que paix et aise. || On dit qu' un homme est
paix et aise chez lui, lorsqu'il a toutes les commo-
dités de la vie, sans procès ni querelle. Je suis hon-
teux d'être chez moi paix et aise, et d'avoir quel-
quefois vingt personnes à dîner, quand les trois
quarts de l'Europe souffrent [de la guerre de sept
ans], VOLT. iett. Thiriol, 4 7 sept. 4 758. || Paix et peu,
il faut peu de chose pour rendre un homme heu-
ïeux, à condition qu'il en jouisse en repos. || 8° La
Paix, personnifiée (avec une majuscule). La Paix
était représentée avec une branche d'olivier à la
main. Vespasien dédia un temple à la Paix. Quand
la discorde encor toute noire de crimes.... Avec
cet air affreux qui fait frémir la Paix, BOIL. Lulr. i.
|| 9° Terme de jeux. Se dit, au pharaon, d'une rna-
nière de plier sa carte pour annoncer qu'on ne
joue que ce qu'on a gagné sur cette carte. || 10" Os
plat et large d'une épaule de veau ou de mouton,
quand la chair en a été ôtée. || 11° Paix! inter-
jection dont on se sert pour faire faire silence.
Paix-là, messieurs. Eh'..paix donc. Chut, paix!
Sganarelle : Ap_prenez de moi, qui suis votre valet,
que le ciel punit tôt ou tard les impies, qu'une mé-
chante vie amène une méchante mort, et que....
— D. Juan : Paix 1 MOL. le Festin, i, 2. Paix, coquin
que TOUS êtes, vous ne savez ce que vous dites, ID. ib.
II,2. Paix, tais-toi, parle bas, tu sauras mondes-
sein, REGNARD, Fol. amour. 1,4. Certain huissier,
étant à l'audience, Criait toujours : paix-là 1 mes-
sieurs, paix-là, J. B. ROUSS. Épigr. ï, 9, || Proverbe.
Qui de tout se tait, de tout a paix.
— REM. 4. Paix, dans la locution en paix, n'ayant
point d'article, ne peut ensuite être représenté par
un pronom, à moins que le sens ne soit très-clair.
Ainsi on ne condamnera pas ces phrases-ci : Laissez
l'Église en paix, et je vous y laisserai, PASC. Prov.
xvm. Mettons-nous en paix avec Dieu, et nous l'au-
rons avec les hommes, MASS. Carême, Mot. de conv.
|| 2. Féraud remarque que dans le sens de tran-
quillité de Pâme, paix ne se joint pas avec les ad-
jectifs possessifs, et qu'on ne dit pas: ma paix, sa
paix, leur paix, comme on dit ma tranquillité, sa
tranquillité, leur tranquillité.
—HIST. xie s. Pais à saint yglise, Lois de Guill. 4.
Seit qui Pocie [Roland], toute pais puis auriomes,
Ch. de Roi. xxvm. Pais ne amour [je] ne dei [dois]
àpaien rendre, ib. CCLXII. || XII'S. Qui d'olr et d'en-
tendre a loisir et talant, Fasse pais, si escoute bone
chançon vaillant, Sax. i. En pais [nous] tenons nos
terres, ses !si les] faisons gaaignier [cultiver], ib.
xvi. Bien [je] cuidai vivre sans amour Dès ore en
paix tout mon aé [âge], Couci, ni. De tout le tai-
lleur] rien ne demande, Fors le marchié de la
viande, Pais de venir et pais d'aler, Et pais de
viande achater, Rou, ms. p. 44, dans LACURNE.
|| xme s. Moult orent li baron de peine toute la
auit et toute celé semaine, et li dus de Venise ausi,
pour faire la pais, VILLEH. L. 11 dist et afrema en soy
meymes que jamais, en jour de sa vie, ses cuers
[son coeur] ne serait aise ne à pais, desci à donc
qu'il en serait vengiés, Chron. de Rains, p. 58. De
ma pès fairg ranvoiteux, la Jlose, 3165. Se je fes
pes à mes anemis et lor doins du mien por peur
qu'il ne m'ocient ou mehaingnent, BEAUM. XXXIV, 31.
Quant ce vint à la pez donner, je vi que le clerc
qui aidoit la messe à chanter, estoit grand, noir,
megre et hericiés, JOINV. 279. Deus moult vaillans
bachelers qui estaient en grief courine [discorde] l'un
vers l'autre, ne nulz n'en pooit faire la pez, ID. 214.
|| xive s. Quant est pour recevoir bien et profit de
son ami bien fortuné, l'en y doit aler tout à paes
et sans soy haster, ORESME, Elh. 291. Item en
quelle manière, si comme tout à pais ou fort et im-
pétueusement, ID. ib. 64. Il xve s. X ces mots je lais-
sai le chevalier en paix, FROISS. n, m, 41. Luy fut
donnée en mariage dès jeunesse par l'accord des
deux royaumes d'Angleterre et d'Escoce, et par paix
faisant, ID. liv. 1, p. 3, dans LACURNE. Je ne puis
demeurer en paix, Fortune ne m'y veult laisser,
CH. D'ORL. Bal. 39. Vivre du sien et qu'on puist de-
mourerEn paix decueur.... E. DESCH. Manière d'estre
à la cour. Et avient aucunes fois que par l'orgueil et
bobant de la femme le mary prend riote à un autre
aussi puissant et plus que lui, pour le banc de leurs
femmes, et pour la paix [la patène], et se deba-
tent et combatent; car l'une veult aller devant
l'autre, tes 4 6 joyes de mariage, p. 4 4 4. Pour
l'honneur de' la très-grande beauté de sa personne,
voulentiers sçauroye qui elle est, saulve sa révé-
rence et sa paix [contentement]. Sire, dist elle,
quand vous dites que vous voulez saulver sa paix,
déporter voue convient de celle demande ; car, se
le vous disois, ce ne serait pas sa paix, Perceforest,
t. v, f° 20. Les feit endormir au gyron l'un de l'au-
tre, et en ce point dormirent paix et aises jusques
à heure de none qu'il faisoit chaud, bel et clair,
ib. t. v, f° 35. Un porte paix d'or, où il y a un an-
gle [ange] tenant un crucifix, couvert par dessus
d'un cristal, DE LABORDE, Émaux, p. 427. Comme
Martin chantoit la messe, Son hoste estoit de lèpre
plain, En baisant la paix eubt liesse, Car il fust
guéri tout à plain, ID. ib. p. 428. ||xvie s. Paix
de par le dyahle, paix, RAB. Pont, n, 4 8. Et
voulentiers feust retourné à Paris pour faire sa
paix avecqués la dame, ID. ib. 11, 24. Je me res-
souviens d'une response qui fut faite à la cour à un
qui ne partait jamais que de guerre, encore qu'il
fust paix, LANOUE, 202. La douce jouissance d'une
bonne et fleurissante paix, D'AUB. Bist. 11, 252. Le
zèle et la dévotion qu'il [Coligny] a porté à sa reli-
gion font foy de tout, et, qui plus est, les paix qu'il
a faites-, car, aussitost que le roy luy accordoit et
à ses partisans l'exercice de leur religion, le voilà
qu'il mettait aussitost les armes bas, BRANTÔME, Cap.
franc, t. m, p. 168, dans LACURNE. Au bout de deux
ans, la paix se renouvela, qu'on appelloit la paix
boiteuse et mal assise, parce qu'elle avoit esté com-
mencée par M. de Malasise et par M. de Biron, qui
estoit boiteux, ID. ib. t. iv, p. 102. Homicides ne
pourront intenter action soit réelle ou-personnelle,
jusques à ce qu'ils auront fait apparoir de corps def-
fendant, ou fait paix à partie et obtenu remission,
Nouv. coust. gén. t. Ii, p. 55. Imposer la paix en-
tre les parties tant dehors que dedans les villes ; ce
qui arrive en trois sortes de manières : sçavoir, par
lebailly et la loy en office, ce que l'on appelle la
paix du seigneur; la seconde est une paix de la jus-
tice, laquelle est accordée à la réquisition de l'une
ou de l'autre des parties; et la troisième est une
paix amiable, laquelle l'une ou l'autre des parties
demandent, ib.'t. 1, p. 4442. La paix est la feste de
tous saints, COTGRAVE. Baston porte paix quant et
soi, ID. Mieux vaut en paix un oeuf, qu'en guerre
un boeuf, ID. Maison de la paix [hôtel de ville], DU
CANGE, pair. Il y aura tel qui avec sa plume gai-
gnera sa demi-douzaine d'escus par jour, paix et
aise, CHOLIÈRES, Contes, t. 1, Matinée 8, p. 229,
dans POUGENS.
— ÉTYM. Bourg, poi; wallon, paie, paûie ; prov.
palz ; esp. paz ; ital. pace ; du lat. pacem, de même
radical que pacisci (voy. PACTE). D'après Lamon-
noye, paix, interjection, signifiant silence, vient du
grec Ttàij, qui a en effet ce sens; mais il n'est pas
nécessaire de recourir à ce mot pour faire de paia;
une interjection avec le sens de silence
t PAJONISTES (pa-jo-ni-sf), s. m. pi. Sectaires
de la réforme qui ne reconnaissent de grâce que
dans la prédication.
— ÊTYM. Pajon, ministre d'Orléans, fameux
parmi les prolestants.
PAL (pal), s. m. || 1° Longue pièce de bois ai-
guisée par un bout. Le supplice du pal. Il fut con-
damné au pal. Il 2° Terme de blason. Pieu posé de-
bout, qui divise l'écu de haut en bas. Composa tous
ces mots de cimier et d'écart, De pal, de contrepal,
de lambel et de fasce, BOIL. Sat. v. Le vert était
nommé sinople, un pieu était un pal,VOLT. Moeurs,
99. Venez tous ! soit qu'au sein des jeux ou des
alarmes Votre écu de Milan porte le vert dragon,
La fleur de lis de France, ou le pal d'Aragon, v.
HUGO, Odes, iv, 4 2. [| Au plur. Des pals. On a dit
aussi des paux. Il-porte d'or à deux pals, ou à deux
paux de sinople. || 3° Terme rural. Outil de fer
pour faire dans la terre les trous qui doivent rece-
voir les jeunes plants. || 4° Planche garnie de dus-
ses ou ais, pour faire des digues ou bâtardeaux
(MASSÉ, 1766). Il 5° Terme de métallurgie. Gros rin-
gard. Il 6° Le milandre, poisson.
— HIST. xve s. Car le fort au foible toloit [enle-
vait] Et par tyrannie acquérait Ce qu'il avoit dedans
son pal [son enclos], E. DESCH. Poésies mss. f° 438.
Et la partie du roy et de la royne.... estoit environ-
née de palis joinctes.... et alloient les paux jusques
à la rivière de Seine, JUVÉN. Charles VI, 1419.Tous
les archiers deshousez, chascun ung pal planté de-
vant eulx, COMM. I, 3. Il xvie s. Ils [les soldats ro-
mains] portoient une certaine quantité de paulx
pour faire leurs remparts, MONT, n, 96. Il falut ar-
mer le pont d'une liaison de masts de navires, def-
fendus encor de plusieurs paux que les Italiens
appellent slechi, D'AUB. Hist. n, 481. Les perches,
lattes, paux et autres soustenemens des vignes, 0.
DE SERRES, su. Il feit commandement aux Syracu-
sains, que chacun eust à coupper un pau, et à l'ap-
porter là auprès, AMYOT, Dion, 60. j
— ÉTYM. Bourg, pau; wall. pa; prov. pat; esp.
et ital. palo ; portug. pao;du lat. pultis (voy. PIEU).
t PALABRE (pa-la-br'), s. f. [\ 1° Discours long et
inutile. || 2° Présent que les commerçants font aux
petits rois de la côte d'Afrique. )| Conférence dans
laquelle se font ces présents.
— HIST. xvie s. Palabre, COTGRAVE.
— ÉTYM. Espagn. palabra, parole.
f PALADE (pa-la-d'), s. f. Terme de marine.
Quantité dont un navire à rames avance sur l'eau
entre deux coups d'aviron. || Chaque coup d'aviron
d'un nageur dans une embarcation.
— ÉTYM. Pale 4. ,
PALADIN (pa-la-din), s. m. \\ 1° Nom donné aux
seigneurs qui suivaient Charlemagne à la guerre.
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques Qui
précédaient la mort des paladins antiques, A. DE
VIGNY, le Cor. Il 2° Par extension, chevalier errant.
Son nom était Atis, son métier paladin, LA FONT.
Petit chien Ces fiers paladins Qui parcouraient
toute la terre, DESHOULIÈRES, iett. d Jfme d'Ussé.
Des paladins toujours armés, dans une partie du
monde pleine de châteaux, de forteresses et de bri-
gands, trouvaient de l'honneur à punir l'injustice et
à défendre la faiblesse, MONTESQ. Esp. xxvm, 22.
Ce Kônig [un mathématicien de Berlin] est amou-
reux d'un problème de géométrie, comme les an-
ciens paladins de leurs dames, VOLT. Lett. Mme Denis,
24 juill. 4752. Ferons-nous d'Emile un redresseur
de torts, un paladin ? J. 1. ROUSS. Ém. iv. Souvent
ma muse aventurière Ceignit la ceinture guerrière
Et l'écharpe des paladins, v. HUGO, Odes, n, 3.
Il Familièrement. C'est un vrai paladin, il est brave
et galant.
— HIST. XIIe s. Turpins i monte à loi de palacin,
Ronc. p. 60. y xnr s. Le plus hardi, le plus douté
De toute la chrestienté Ont là occis li Sarrazin;
Çou [ce] fu grans dious [deuil] del palasin, PH. MOUS-
KES, ms. p. 199, dans LACURNE. Ces hautes dames
palasines, Ces abeesses, ces béguines, la Rose,
11783. [| xvie s. U fait bien son paladin, COTGRAVE.
— ÉTYM. Prov. palaisi, palazi; espagn. pala-
tino ; ital. paladino ; du lat. palalinus, qui appar-
tient au palais, de palalium (voy. PALAIS 4). Ce mot
vient de ce que les seigneurs qui les premiers reçu-
renteenom, vivaient dans le palais de Charlemagne.
f PALAFITTE (pa -ia-fi-f), s. m. Nom donné aux
pilotis qui forment les habitations lacustres des hom-
mes préhistoriques. Les palafittes peuvent être re-
gardés comme caractérisant, dans l'Europe occiden-
tale, la dernière phase de l'âge de pierre, l'époque
de la pierre polie; c'est ce qui explique la présence
des métaux dans quelques-unes de ces habitations
sur pilotis, A. MAURY, l'Homme primitif, dans Revue
des Deux-Mondes, i" avril 1867, p. 654.
— ÊTYM. Ital. palafitla, palis, clayonnage, de
polo, pelle, et fitlo, fiché.
+ PALAGON1TE (pa-la-go-ni-f), s. f. Nom donné
par Bunsen à un minéral toujours amorphe qui se
rencontre dans les formations volcaniques de Pala-
gonia, en Sicile.
4. PALAIS (pa-lê; l's se lie : un palê-z immense),
s. m. H 1° Maison vaste et somptueuse qui sert de
logement à un grand personnage. Le nom du mont
Palatin était Palalium, comme Capilolium celui du
mont Capitolin; ce mot palalium devint le nom de
la maison d'Auguste, plus tard de l'ensemble d'édi-
fices qui composaient le palais et finirent par cou-
vrir la colline tout entière ; ce nom, qui fut d'abord
celui d'un lieu où quelques pâtres campèrent, est
resté dans presque toutes le.s langues modernes
pour désigner la demeure des rois et des princes :
singulière fortune d'un mot ! AMPÈRE, l'Hist. rom.
à Rome, t. 1, p. 30. Et puis qu'est un palais qu'une
maison pompeuse...? ROTR. Vencesl. 11, 4. Que le
chemin est court d'un palais au tombeau ! ID.
Bélis. v, 4. Dans ces superbes palais à qui Madame
donnait un éclat que vos yeux recherchent encore,
BOSS. Duch. d'Orl. Des portes du palais elle sort
éperdue, RAC. Brit. v, 8. Venez dans mon palais,
vous y verrez ma gloire, ID. Alh. n, 7. Le vieux
palais des rois de Babylone, situé au côté oriental
du fleuve, avait trente stades de circuit, c'est-
à-dire une lieue et demie, ROLLIN, Hist. ant.
OEuv. t u, p. 31, dans POUGENS. C'est ici le palais
qu'ont bâti vos aïeux, VOLT. Zaïre, 11, 3. Huniaïou,
fils de Babar, régna dans l'Inde avec des fortunes
diverses; c'était, dit-on, un bon astronome et plus
grand astrologue; il avait sept palais dédiés chacut
à une planète, VOLT. Polit, et législ. Fragm. hist.
sur l'Inde, xxxnt. Dans nos palais, où près de 1E
victoire Brillaient les arts, enfants des beaux cli-
mats, J'ai vu du nord les peuplades sans gloi.e Ce
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