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1408 pages
Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
INE
INE
INE
83
qui n'a ni aiguillons, ni épines, par opposition à
armé. La lige de cette plante estinërme. || 2° Terme
de zoologie. Qui n'a point de cornes.
— ÉTYM. Lat. inermis, sans armes, de foi.... 4, et
arma, armes.
INERTE (i-nèr-t'), ddj". || 1° Qui est sans activité
propre. Lès minéraux sont appelés Corps inertes,
parce qu'ils paraissent dépourvus de toute espèce
d'activité. || Terme d'agriculture. Sol inerte, partie
du sol arable située entre le sol actif et lé sùus-sdl.
La composition du sol inerte est toujours là même
que celle du sol actif; il en a les qualités et lès dé-
fauts. || 2" Qui n'a-point d'activité intellectuelle ou
morale. Un esprit inerte. || Il se dit des choses dans
le même sens. X cette foule de malheurs il [Napo-
léon] ne peut opposer qu'une résistance inerte, une
fermeté impassible, une attitude inébranlable, SÉ-
GUR. Hist. de Nap. x, 2.
— ÉTYM. Lat. inertem, deih:... 4, et ôrs, arliê, art.
INERTIE (i-nèr-sie), s. f. || 1° Terme scientifique.
Etat de ce qui est inerte; défaut d'aptitùdè à chan-
ger spontanément d'état. || Terme de physique.
Propriété qu'pnt les corps de ne pouvoir modifier
d'eux-mêmes l'état de mouvement où de rèpbs dans
lequel ils sont. Tout corps, étant indiffèrent de lui-
même au repos et au mouvement, et ayant cette
inertie qui est un attribut de la matière; suit né-
cessairement la ligne' dans laquelle il est mû, VOLT.
Phil. New. m, 4. Cette tendance de là matière à
persévérer dans son état de mouvement où dé re-
pos est ce que Ton nomme inertie ; c'est là première
loi du mouvement des corps, LA PLACE, Expos, ili,
2. || Force d'inertie dans les corps, résistance au
mouvement qui ne vient que de leur massé et qui
est proportionnelle, comme la pesanteur, à là quan-
tité de matière qui leur est propre. Elle [la boule]
est soutenue par mon plancher, et vous donnez à
mon plancher libéralement la force d'inertie ; iner-
tie signifie inactivité, impuissance; or n'est-il pas
singulier qu'on donne à l'impuissance le nom de
force? VOLT. Dict. phil. Force physique. || Fig. Force
d'inertie, résistance passive qui consiste principale-
ment à ne pas obéir aux ordres qui prescrivent une
action. U rencontra dans la nation une forcé d'i-
nertie qui arrêta toutes ses mesures. |[ 2e Terme
de médecine. Inertie de la matrice; état de cet
organe qui, après l'expulsion du foetus, ne revient
pas sur lui-même, et ne resserre ni ne rapproche
ses parois. || 3e Manque d'activité intellectuelle ou
morale. Si une grande application de l'esprit com-
pense souvent le défaut de pénétration, c'est que
l'application est une force qui se déploie sur les
organes et en surmonte l'inertie, BONNET, ESS.
analyt. âme, ch. 23. Il retombe promptement dans
son inertie naturelle, GENLIS, Mlle de la Fayette,
p. 80, dans POUGENS.
— ÉTYM. Lat. inertia, de iners, inerte.
| INÉRUDITION (i-né-ru-di-sion), s. f. Défaut
d'érudition ; manque d'instruction.
— ÉTYM. In.... 4, et érudition.
t INESPÉRABLE (i-nè-spé-ra-bT), adj Qu'on ne
peut espérer. Dans cette angoissé, une fortune ines-
pérable les vint trouver, ST-SIM. 4 67, 249.
— HIST. xvr s. Souhait inesperable, UELAPORTE,
Épithèles.
— ÉTYM. In.... 4, et espérer.
INESPÉRÉ, ÉE (i-nè-spé-ré, rée), adj". Qui n'est
pas espéré. Le choix qu'il [votre esprit] vous a fait
faire de trois ou quatre paroles, avec lesquelles
votre dernière lettre m'a semblé plus obligeante que
les autres, a produit en moi des contentements
inespérés, VOIT. lett. 64. Les biens inespérés que le
ciel vous envoie, CORN. Héracl. m, 2. Les succès
inespérés de Luther dont il avait été ébloui d'abord
et qu'il [Mélanchthon] prenait avec tous les autres
peur une marque du doigt de Dieu, n'eurent plus
pour lui qu'un faible agrément, lorsque le temps
lui eut découvert les véritables causes de ces grands
progrès et leurs effets déplorables, BOSS. Var. v, 4.
La grâce inespérée d'un beau jour d'hiver, ID. Mar.-
Tltér. Il [le grand Condé] savait que tout ce qui
est soudain et inespéré transporte les hommes,VOLT.
Louis XIV, 5. || Inattendu. D'où [le sol s'affaissant]
s'ensuit la ruine infaillible et inespérée de tout
l'édifice, DESC. Bem. sur les 7" obj". 58.
— SYN. INESPÉRÉ, DÉSESPÉRÉ. Ces deux mots signi-
fient l'espoir perdu; mais inespéré le signifie peur
le passé, et désespéré eu égard à l'avenir ; désespéré
se dit parce qu'il ne reste actuellement aucun es-
poir, et inespéré parce que l'espoir était perdu et
qu'il est revenu : un bonheur inespéré, une situa-
tion désespérée. s
— HIST. XYI" s. Je sens ce proufit inespéré de la
publication de mes moeurs, qu'elle me sert aucu-
nement de règle, MONT, iv, 4 4 3.
— ÉTYM. In..:. 4, et espère'.
ÎNESPÉRÉMENT (i-nè-spé-ré-man), àdv. D'une
manière inespérée. U était ruiné, il lui est survenu
inespérémentune succession qui a rétabli ses affaires.
— HIST. XVIe s. Là seule chose qui lui avait de-
failli pour défaire les Pàrthes lui estoit ineSpere-
mèht offerte, AMYOT; Aht. 67.
— ÉTYM. Inespéré; et le suffixe ment.
t INESSAYÉ, ÉE (i-hè-sè-ié, iée), adj". Qui n'a
point été mis à l'essai.
— ÈTYlil. In.... 4; et essayé.
' INESTIMABLE (i-nè-sti-ma-bT), adj. Qu'on ne
peut estimer, qui est au-dessus de toute estima-
tion, en parlant des choses. Un diamant inestimable.
Jamais la liberté ne cesse d'être aimable; Et c'est
toujours pour Rome un bien inestimable, CORN.
Cifind, il, 2. Ayant fait un butin inestimable des
richesses de plusieurs années, PERROT, Tac. 14 3.
L'habit de M. le prince de Cônti était inestimable;
c'était une broderie de diamants, SÉV. 399. A quel
prix inestimable ai-je toujours mis les moindres
marques de votre amitié ! ID. 48 mars 4 674.
— REM. Inestimable ne s'applique jamais aux-
personnes en ce sens; car, si Ton disait d'un homme
qu'il est inestimable, cela signifierait qu'il n'est
digne d'aucune estime.
— HIST. xiv" s. Dé ce que les enfans du marquis
estoient retournés, à l'inestimable consolation du
marquis, Ménagier, i, 6. ]| xvie s. Les despences des
dittes guerres sont infinies et inestimables, D'AUB.
Hist. u, 243. Une quantité inestimable de riches et
précieux meubles, AMYOT, Alex. 67. Le thresor ines-
timable de tant d'amis, MONT, IV, 4 4. Un estude de
fruict inestimable, ID. I, 4 69.
— ÉTYM. Provenç. inestimable; ital. ineslima-
bile; dû lat. inasstimabilis, de in.. . i, et oesti-
mdre, estimer.
f INESTIMÉ, ÉE (i-nè-sti-mé, mée), adj". Qui
n'est point apprécié, estimé.
— ÉTYM. In.... 4, et estimé.
f INÉTENDU, UE (i-né-tan-du, due), adj. Qui n'est
pas étendu. Un être inélendù [Tâme] gouvernant un
être étendu, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 4 0 avril
1772. Dire simplement que Tune [des deux sub-
stances] est inétendue, immatérielle, immortelle,....
BUFFON, De l'homme. || En théologie, on dit que le
corps de Jésus-Christ est inétendu dans l'eucharistie.
— ÉTYM. In.... 4,et e'tendu.
t INÉTIRABLE (i-né-ti-ra-bT), adj. Qui ne peut
pas être étiré. Les produits carbures [aciers et fers]
offrent une série de termes étirables entre des li-
mites chimiquement peu différentes.... ils devien-
nent inétirables dès que les gaz oxydants y ont
existé; CIZANCOURT, Acad. des se. Comptes rendus,
t. Lvn, p. 318.
— ÉTYM. In.... 4,et itirer.
t INÉTUDIÉ, ÉE (i-né-tu-di-é, ée), adj". Qui n'a
point été étudié;
— ÉTYM. In.... I, et étudié.
t INÉVIDENCE (i-né-vi-dan-s'), s. f. Manque d'é-
vidence. La difficulté de former une idée juste de
cet être [la substance en soi] ne vient pas de quel-
que inévidence, mais de la disproportion de sa na-
ture et de la mienne, BOULAINVILLIERS, Réfut. de
Spinosa,-p. 4 3.
f INÉVIDENT, ENTE (i-né-vi-dan, dan-t'), adj".
Qui manque d'évidence. Un de nos écrivains a dit :
des preuves inévidentes et inévidence, BOUHOURS,
Rem. sur la langue.
— ÉTYM. In.... 4, et évident;lat. inevidens (QUI-
CHERATJ Addenda), de in.... 4, et evidens, évident.
t INEVITABLLITÉ (î-né-vi-ta-bi-li-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est inévitable. C'est précisément cette
inévitabilité du jugement ou de la conclusion, qui
se fait par l'esprit en conséquencede la perception, qui
s'appelle évidence, BOULAINVILLIERS, Réfut. de Spi-
nosa, p. 4 38,
— ÉTYM. Tiré du latin inevitabilis, comme si ine-
vitabililas existait.
INÉVITABLE (i-né-vi-ta-bT), adj'. Qu'on ne peut
éviter. [L'astrologie] Pour nous faire éviter des maux
inévitables? LA FONT, Fabl. n, 4 3. Jamais on a fait
la guerre avec une force plus inévitable, puisqu'en
méprisant les saisons, il [Louis XIV] a ôté jusqu'à la
défense à ses ennemis, BOSS. Mar.-Thér. Ce tombeau,
où tous ensemble nous ne voyons plus que l'inévi-
table néant des grandeurs humaines; iD.it. Quand
il voulut sauver la ville de Béthulie, il [Dieu]
tendit, dans la beauté de Judith, un piège imprévu
et inévitable à l'aveugle brutalité d'Holopherne, ID.
Reine d'Anglet. Comme une aigle.... aussi vifs étaient
les regards, aussi vile et impétueuse était Tàttàqùe,
aussi fortes et inévitables étaient les mains du prince
dé Condé, ID. louis de Bourbon. Des embarras du
trône effet inévitable, RAC Esth, n. 3. Une légèreté
de nature pour qui là nouveauté à des charmes iné-
vitables, MASS. Carême, Inconst. J'étais ravie dé voir
lé charme qui m'avait séduite, produire le même
effet de toutes parts; l'excuse de ne l'avoir pas évité
était qu'il fût inévitable, STAAL, Mini, t. I, p. 74.
Vous vous perdez, songez qu'un maître impitoyable
Nous obsède, nous suit d'un oeil inévitable, VOLT.
Oreste, il, 7. 11 vaudrait mieux ignorer l'avenir Que
de prévoir d'inévitables peines, MALFILÂTRÈ, Nar-
cisse, m. Un avenir qui semble impossible, lors
même qu'on le sait inévitable, STÀEL, Corinne,
vm, 2. Il Inévitable avec la préposition 'à. Les plaisirs
sont devenus des amusements inévitables à Ténnùi
qui nous persécute, MASS. Carême, Prière 2. || 11 est
inévitable, avec que et le subjonctif. Il est inévita-
blé qu'on vous fasse un procès. || En cet emploi
Pascal à mis là particule ne qu'on ne mettrait pas
aujourd'hui. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous
espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être
heureux, il est inévitable que nous né le soyons
jamais, PASC. Pensées, t. i, p. 266, éd. LAIIURE.
Aussitôt qu'on fait apercevoir à Tâme qu'une chose
peut la conduire à ce qu'elle aime souverainement,
il est inévitable qu'elle ne s'y porte avec joie, PASC
Art de persuader, éd. FAUGÈRE.
— HIST. XVe s. Et suis très desplaisânt de ce qui
en est advenu; mais lès Occasionsm'enésteient iné-
vitables, CARLOIX, IX, 22.
— ÉTYM. Lat. inevitabilis, de in.... 1, et evilare,
éviter.
INÉVITABLEMENT ( i-né-vi-ta-ble-màn ), _ adv.
D'une manière inévitable. 11 s'exposait à être inévi-
tablement défait," si les troupes eussent été droit à
lui, LÀ ROCHEFOUC dans RICHELET. Lès sons vifs et
légers ne portent-ils pas inévitablement dans notre
âme le plaisir gai? GRAFFIGNY, léff. Péruv. Lett. 47.
—HIST. xvie s. Inévitablement, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Inévitable, et le suffixe ment; ital. iiie-
vitabilmenle.
t INÉVITÉ, ÉÉ (i-né-vi-lé, tée), adj. Qui n'a
point été évité.
— ÉTYM. In.... 4, et évité.
INEXACT, ACTE (i-né-gzakt, gza-kt' ; voy. EXACT
pour la prononciation de la finale), ddj". || 1° Qui n'est
pas exact, en parlant des Chose3. Copie inexacte.
|| 2° Qui n'est pas exact, en parlant des jièrsonnes.
C'est un homme fort inexact.
— ÉTYM. In.... 4, et exact.
INEXACTEMENT (i-né-gza-kte-inàn), adt>. D'Une
manière inexacte.
— ÉTYM. Inexacte, et le suffixe ment.
INEXACTITUDE (i-nè-gza-kti-tu-d'), s. f. || 1" Dé-
faut d'exactitude dans les choses. L'inexactitude d'un
calcul. || Défaut d'exactitude dans les pèrsonhes. Il
est d'une grande inexactitude à remplir ses deveirs.
|| 2° Faute, erreur commise par inexactitude. Oh a re-
marqué beaucoup d'inexactitudes dans cet ouvrage.
— ÉTYM. Inexact.
f INEXAUCÉ, ÉE (i-nè-gzô-sé, sée), adj. Qui n'a
point été exaucé. Prières inexaucées.
— ÉTYM.In.... 4, et exaucé.
f INEXCITABLE (i-nè-ksi-ta-bT), adj. Terme de
physiologie. Qui ne peut être excité. Sur des ani-
nimaux récemment tués, la substance propre de la
moelle allongée est inexci table dans ses parties pro-
fondes ; mais les fibres des racines [des nerfs mo-
teurs] qui traversent celte substance sent excitables
dans toute l'étendue de leur trajet ihtra-niédùllaire,
au même titre que leur partie libre, ciiAUVEifu, Acdd.
des se. Comptes rendus, t. LIV, p. 4152.
— ÉTYM. In.... 4, et excitable.
INEXCUSABLE (i-nêk-sku-za
ne peut' être excusé, en parlant des choses. Ce
crime, quoique grand, énorme, inexcusable, CORN.
Hor. v, 3. Dans quelques-unes de ses meilleures
pièces [de Corneille], il y à des fautes inexcusables
contre les moeurs, LA BRUY. i. || 2° Qui rie peut être
excusé, en parlant des personnes. Tellement que les
philosophes même dû paganisme bht été inexcusa-
bles de ne pas rendre à ces pei'fections divines,
qu'ils,ne pouvaient ignorer, le juste tribut de louan-
ges qui leur était dû. BOURDAL. Pensées, t.:, p. 26.
L'un pèche avec connaissance et il est plus inexcu-
sable, FLÉCH. Lamoignon. Marùt et Rabelais sont
inexcusables d'avoir semé TérdUre dans leurs écrits:
tous deux avaient assez de génie et de nàttirèl
peur.... LA BRUY. i.
— HIST. xve s. Remettre à entendre ce qu'on Juy
apporte de nouveau!... s'il est homme ayant charge
INE
INE
83
qui n'a ni aiguillons, ni épines, par opposition à
armé. La lige de cette plante estinërme. || 2° Terme
de zoologie. Qui n'a point de cornes.
— ÉTYM. Lat. inermis, sans armes, de foi.... 4, et
arma, armes.
INERTE (i-nèr-t'), ddj". || 1° Qui est sans activité
propre. Lès minéraux sont appelés Corps inertes,
parce qu'ils paraissent dépourvus de toute espèce
d'activité. || Terme d'agriculture. Sol inerte, partie
du sol arable située entre le sol actif et lé sùus-sdl.
La composition du sol inerte est toujours là même
que celle du sol actif; il en a les qualités et lès dé-
fauts. || 2" Qui n'a-point d'activité intellectuelle ou
morale. Un esprit inerte. || Il se dit des choses dans
le même sens. X cette foule de malheurs il [Napo-
léon] ne peut opposer qu'une résistance inerte, une
fermeté impassible, une attitude inébranlable, SÉ-
GUR. Hist. de Nap. x, 2.
— ÉTYM. Lat. inertem, deih:... 4, et ôrs, arliê, art.
INERTIE (i-nèr-sie), s. f. || 1° Terme scientifique.
Etat de ce qui est inerte; défaut d'aptitùdè à chan-
ger spontanément d'état. || Terme de physique.
Propriété qu'pnt les corps de ne pouvoir modifier
d'eux-mêmes l'état de mouvement où de rèpbs dans
lequel ils sont. Tout corps, étant indiffèrent de lui-
même au repos et au mouvement, et ayant cette
inertie qui est un attribut de la matière; suit né-
cessairement la ligne' dans laquelle il est mû, VOLT.
Phil. New. m, 4. Cette tendance de là matière à
persévérer dans son état de mouvement où dé re-
pos est ce que Ton nomme inertie ; c'est là première
loi du mouvement des corps, LA PLACE, Expos, ili,
2. || Force d'inertie dans les corps, résistance au
mouvement qui ne vient que de leur massé et qui
est proportionnelle, comme la pesanteur, à là quan-
tité de matière qui leur est propre. Elle [la boule]
est soutenue par mon plancher, et vous donnez à
mon plancher libéralement la force d'inertie ; iner-
tie signifie inactivité, impuissance; or n'est-il pas
singulier qu'on donne à l'impuissance le nom de
force? VOLT. Dict. phil. Force physique. || Fig. Force
d'inertie, résistance passive qui consiste principale-
ment à ne pas obéir aux ordres qui prescrivent une
action. U rencontra dans la nation une forcé d'i-
nertie qui arrêta toutes ses mesures. |[ 2e Terme
de médecine. Inertie de la matrice; état de cet
organe qui, après l'expulsion du foetus, ne revient
pas sur lui-même, et ne resserre ni ne rapproche
ses parois. || 3e Manque d'activité intellectuelle ou
morale. Si une grande application de l'esprit com-
pense souvent le défaut de pénétration, c'est que
l'application est une force qui se déploie sur les
organes et en surmonte l'inertie, BONNET, ESS.
analyt. âme, ch. 23. Il retombe promptement dans
son inertie naturelle, GENLIS, Mlle de la Fayette,
p. 80, dans POUGENS.
— ÉTYM. Lat. inertia, de iners, inerte.
| INÉRUDITION (i-né-ru-di-sion), s. f. Défaut
d'érudition ; manque d'instruction.
— ÉTYM. In.... 4, et érudition.
t INESPÉRABLE (i-nè-spé-ra-bT), adj Qu'on ne
peut espérer. Dans cette angoissé, une fortune ines-
pérable les vint trouver, ST-SIM. 4 67, 249.
— HIST. xvr s. Souhait inesperable, UELAPORTE,
Épithèles.
— ÉTYM. In.... 4, et espérer.
INESPÉRÉ, ÉE (i-nè-spé-ré, rée), adj". Qui n'est
pas espéré. Le choix qu'il [votre esprit] vous a fait
faire de trois ou quatre paroles, avec lesquelles
votre dernière lettre m'a semblé plus obligeante que
les autres, a produit en moi des contentements
inespérés, VOIT. lett. 64. Les biens inespérés que le
ciel vous envoie, CORN. Héracl. m, 2. Les succès
inespérés de Luther dont il avait été ébloui d'abord
et qu'il [Mélanchthon] prenait avec tous les autres
peur une marque du doigt de Dieu, n'eurent plus
pour lui qu'un faible agrément, lorsque le temps
lui eut découvert les véritables causes de ces grands
progrès et leurs effets déplorables, BOSS. Var. v, 4.
La grâce inespérée d'un beau jour d'hiver, ID. Mar.-
Tltér. Il [le grand Condé] savait que tout ce qui
est soudain et inespéré transporte les hommes,VOLT.
Louis XIV, 5. || Inattendu. D'où [le sol s'affaissant]
s'ensuit la ruine infaillible et inespérée de tout
l'édifice, DESC. Bem. sur les 7" obj". 58.
— SYN. INESPÉRÉ, DÉSESPÉRÉ. Ces deux mots signi-
fient l'espoir perdu; mais inespéré le signifie peur
le passé, et désespéré eu égard à l'avenir ; désespéré
se dit parce qu'il ne reste actuellement aucun es-
poir, et inespéré parce que l'espoir était perdu et
qu'il est revenu : un bonheur inespéré, une situa-
tion désespérée. s
— HIST. XYI" s. Je sens ce proufit inespéré de la
publication de mes moeurs, qu'elle me sert aucu-
nement de règle, MONT, iv, 4 4 3.
— ÉTYM. In..:. 4, et espère'.
ÎNESPÉRÉMENT (i-nè-spé-ré-man), àdv. D'une
manière inespérée. U était ruiné, il lui est survenu
inespérémentune succession qui a rétabli ses affaires.
— HIST. XVIe s. Là seule chose qui lui avait de-
failli pour défaire les Pàrthes lui estoit ineSpere-
mèht offerte, AMYOT; Aht. 67.
— ÉTYM. Inespéré; et le suffixe ment.
t INESSAYÉ, ÉE (i-hè-sè-ié, iée), adj". Qui n'a
point été mis à l'essai.
— ÈTYlil. In.... 4; et essayé.
' INESTIMABLE (i-nè-sti-ma-bT), adj. Qu'on ne
peut estimer, qui est au-dessus de toute estima-
tion, en parlant des choses. Un diamant inestimable.
Jamais la liberté ne cesse d'être aimable; Et c'est
toujours pour Rome un bien inestimable, CORN.
Cifind, il, 2. Ayant fait un butin inestimable des
richesses de plusieurs années, PERROT, Tac. 14 3.
L'habit de M. le prince de Cônti était inestimable;
c'était une broderie de diamants, SÉV. 399. A quel
prix inestimable ai-je toujours mis les moindres
marques de votre amitié ! ID. 48 mars 4 674.
— REM. Inestimable ne s'applique jamais aux-
personnes en ce sens; car, si Ton disait d'un homme
qu'il est inestimable, cela signifierait qu'il n'est
digne d'aucune estime.
— HIST. xiv" s. Dé ce que les enfans du marquis
estoient retournés, à l'inestimable consolation du
marquis, Ménagier, i, 6. ]| xvie s. Les despences des
dittes guerres sont infinies et inestimables, D'AUB.
Hist. u, 243. Une quantité inestimable de riches et
précieux meubles, AMYOT, Alex. 67. Le thresor ines-
timable de tant d'amis, MONT, IV, 4 4. Un estude de
fruict inestimable, ID. I, 4 69.
— ÉTYM. Provenç. inestimable; ital. ineslima-
bile; dû lat. inasstimabilis, de in.. . i, et oesti-
mdre, estimer.
f INESTIMÉ, ÉE (i-nè-sti-mé, mée), adj". Qui
n'est point apprécié, estimé.
— ÉTYM. In.... 4, et estimé.
f INÉTENDU, UE (i-né-tan-du, due), adj. Qui n'est
pas étendu. Un être inélendù [Tâme] gouvernant un
être étendu, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 4 0 avril
1772. Dire simplement que Tune [des deux sub-
stances] est inétendue, immatérielle, immortelle,....
BUFFON, De l'homme. || En théologie, on dit que le
corps de Jésus-Christ est inétendu dans l'eucharistie.
— ÉTYM. In.... 4,et e'tendu.
t INÉTIRABLE (i-né-ti-ra-bT), adj. Qui ne peut
pas être étiré. Les produits carbures [aciers et fers]
offrent une série de termes étirables entre des li-
mites chimiquement peu différentes.... ils devien-
nent inétirables dès que les gaz oxydants y ont
existé; CIZANCOURT, Acad. des se. Comptes rendus,
t. Lvn, p. 318.
— ÉTYM. In.... 4,et itirer.
t INÉTUDIÉ, ÉE (i-né-tu-di-é, ée), adj". Qui n'a
point été étudié;
— ÉTYM. In.... I, et étudié.
t INÉVIDENCE (i-né-vi-dan-s'), s. f. Manque d'é-
vidence. La difficulté de former une idée juste de
cet être [la substance en soi] ne vient pas de quel-
que inévidence, mais de la disproportion de sa na-
ture et de la mienne, BOULAINVILLIERS, Réfut. de
Spinosa,-p. 4 3.
f INÉVIDENT, ENTE (i-né-vi-dan, dan-t'), adj".
Qui manque d'évidence. Un de nos écrivains a dit :
des preuves inévidentes et inévidence, BOUHOURS,
Rem. sur la langue.
— ÉTYM. In.... 4, et évident;lat. inevidens (QUI-
CHERATJ Addenda), de in.... 4, et evidens, évident.
t INEVITABLLITÉ (î-né-vi-ta-bi-li-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est inévitable. C'est précisément cette
inévitabilité du jugement ou de la conclusion, qui
se fait par l'esprit en conséquencede la perception, qui
s'appelle évidence, BOULAINVILLIERS, Réfut. de Spi-
nosa, p. 4 38,
— ÉTYM. Tiré du latin inevitabilis, comme si ine-
vitabililas existait.
INÉVITABLE (i-né-vi-ta-bT), adj'. Qu'on ne peut
éviter. [L'astrologie] Pour nous faire éviter des maux
inévitables? LA FONT, Fabl. n, 4 3. Jamais on a fait
la guerre avec une force plus inévitable, puisqu'en
méprisant les saisons, il [Louis XIV] a ôté jusqu'à la
défense à ses ennemis, BOSS. Mar.-Thér. Ce tombeau,
où tous ensemble nous ne voyons plus que l'inévi-
table néant des grandeurs humaines; iD.it. Quand
il voulut sauver la ville de Béthulie, il [Dieu]
tendit, dans la beauté de Judith, un piège imprévu
et inévitable à l'aveugle brutalité d'Holopherne, ID.
Reine d'Anglet. Comme une aigle.... aussi vifs étaient
les regards, aussi vile et impétueuse était Tàttàqùe,
aussi fortes et inévitables étaient les mains du prince
dé Condé, ID. louis de Bourbon. Des embarras du
trône effet inévitable, RAC Esth, n. 3. Une légèreté
de nature pour qui là nouveauté à des charmes iné-
vitables, MASS. Carême, Inconst. J'étais ravie dé voir
lé charme qui m'avait séduite, produire le même
effet de toutes parts; l'excuse de ne l'avoir pas évité
était qu'il fût inévitable, STAAL, Mini, t. I, p. 74.
Vous vous perdez, songez qu'un maître impitoyable
Nous obsède, nous suit d'un oeil inévitable, VOLT.
Oreste, il, 7. 11 vaudrait mieux ignorer l'avenir Que
de prévoir d'inévitables peines, MALFILÂTRÈ, Nar-
cisse, m. Un avenir qui semble impossible, lors
même qu'on le sait inévitable, STÀEL, Corinne,
vm, 2. Il Inévitable avec la préposition 'à. Les plaisirs
sont devenus des amusements inévitables à Ténnùi
qui nous persécute, MASS. Carême, Prière 2. || 11 est
inévitable, avec que et le subjonctif. Il est inévita-
blé qu'on vous fasse un procès. || En cet emploi
Pascal à mis là particule ne qu'on ne mettrait pas
aujourd'hui. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous
espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être
heureux, il est inévitable que nous né le soyons
jamais, PASC. Pensées, t. i, p. 266, éd. LAIIURE.
Aussitôt qu'on fait apercevoir à Tâme qu'une chose
peut la conduire à ce qu'elle aime souverainement,
il est inévitable qu'elle ne s'y porte avec joie, PASC
Art de persuader, éd. FAUGÈRE.
— HIST. XVe s. Et suis très desplaisânt de ce qui
en est advenu; mais lès Occasionsm'enésteient iné-
vitables, CARLOIX, IX, 22.
— ÉTYM. Lat. inevitabilis, de in.... 1, et evilare,
éviter.
INÉVITABLEMENT ( i-né-vi-ta-ble-màn ), _ adv.
D'une manière inévitable. 11 s'exposait à être inévi-
tablement défait," si les troupes eussent été droit à
lui, LÀ ROCHEFOUC dans RICHELET. Lès sons vifs et
légers ne portent-ils pas inévitablement dans notre
âme le plaisir gai? GRAFFIGNY, léff. Péruv. Lett. 47.
—HIST. xvie s. Inévitablement, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Inévitable, et le suffixe ment; ital. iiie-
vitabilmenle.
t INÉVITÉ, ÉÉ (i-né-vi-lé, tée), adj. Qui n'a
point été évité.
— ÉTYM. In.... 4, et évité.
INEXACT, ACTE (i-né-gzakt, gza-kt' ; voy. EXACT
pour la prononciation de la finale), ddj". || 1° Qui n'est
pas exact, en parlant des Chose3. Copie inexacte.
|| 2° Qui n'est pas exact, en parlant des jièrsonnes.
C'est un homme fort inexact.
— ÉTYM. In.... 4, et exact.
INEXACTEMENT (i-né-gza-kte-inàn), adt>. D'Une
manière inexacte.
— ÉTYM. Inexacte, et le suffixe ment.
INEXACTITUDE (i-nè-gza-kti-tu-d'), s. f. || 1" Dé-
faut d'exactitude dans les choses. L'inexactitude d'un
calcul. || Défaut d'exactitude dans les pèrsonhes. Il
est d'une grande inexactitude à remplir ses deveirs.
|| 2° Faute, erreur commise par inexactitude. Oh a re-
marqué beaucoup d'inexactitudes dans cet ouvrage.
— ÉTYM. Inexact.
f INEXAUCÉ, ÉE (i-nè-gzô-sé, sée), adj. Qui n'a
point été exaucé. Prières inexaucées.
— ÉTYM.In.... 4, et exaucé.
f INEXCITABLE (i-nè-ksi-ta-bT), adj. Terme de
physiologie. Qui ne peut être excité. Sur des ani-
nimaux récemment tués, la substance propre de la
moelle allongée est inexci table dans ses parties pro-
fondes ; mais les fibres des racines [des nerfs mo-
teurs] qui traversent celte substance sent excitables
dans toute l'étendue de leur trajet ihtra-niédùllaire,
au même titre que leur partie libre, ciiAUVEifu, Acdd.
des se. Comptes rendus, t. LIV, p. 4152.
— ÉTYM. In.... 4, et excitable.
INEXCUSABLE (i-nêk-sku-za
ne peut' être excusé, en parlant des choses. Ce
crime, quoique grand, énorme, inexcusable, CORN.
Hor. v, 3. Dans quelques-unes de ses meilleures
pièces [de Corneille], il y à des fautes inexcusables
contre les moeurs, LA BRUY. i. || 2° Qui rie peut être
excusé, en parlant des personnes. Tellement que les
philosophes même dû paganisme bht été inexcusa-
bles de ne pas rendre à ces pei'fections divines,
qu'ils,ne pouvaient ignorer, le juste tribut de louan-
ges qui leur était dû. BOURDAL. Pensées, t.:, p. 26.
L'un pèche avec connaissance et il est plus inexcu-
sable, FLÉCH. Lamoignon. Marùt et Rabelais sont
inexcusables d'avoir semé TérdUre dans leurs écrits:
tous deux avaient assez de génie et de nàttirèl
peur.... LA BRUY. i.
— HIST. xve s. Remettre à entendre ce qu'on Juy
apporte de nouveau!... s'il est homme ayant charge
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