Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
66
INC
INC
IND
quand la culture manque dans les pays habités, où
elle pourrait être donnée.
— HIST. xive s. Inculliver, Ordonn. des rois de
France, t! u, p. 494. || xvi" s. En lieux incultivés qui
sont en chaulmes, en fruiches et brueres et buis-
sons, n'y a et n'y enchet point de prinse de bestes,
THAUMASS. Coust. du Berry, p. 367, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et cultivé.
INCULTURE (in-kul-tu-r'), s. f.\\ 1° Etat de ce
qui est inculte. L'état d'inculture où sont ces terres.
....sur les terres incultes, vaines et vagues, et sur
les marais.... qui ne sont ouverts aux usages publics
des habitants du territoire, qu'à cause de leur in-
culture et de l'état d'abandon dans lequel ils se trou-
vent, ROBIN, Mémoire sur les marais de Cliville
[Calvados], p. 67. Ces plaines [le littoral de la
Corse], si bien partagées à tant d'égards, ont un dé-
faut extrême : y séjourner est mortel pendant une
partie de l'année ; elles sont donc condamnées à
l'inculture, MICHEL CHEVALIER, Journ. des Débats, 41
avril 4 866. || 2° Fig. Absence de culture intellectuelle
et morale. Il [Louis XI] ne tint pas son fils dans
l'ignorance et dans l'inculture par je ne sais quel
ombrage de despote oriental ; la santé de ce fils, frêle
et délicat...., DUPONT-WHITE, Centralisation, p. 206.
— ÉTYM. In.... 4, et culture.
f INCUNABLE (in-ku-na-bT), adj. Édition incu-
nable, édition qui date des commencements de Tini-
primerie. || S. m. Un incunable, un livre qui date
des premiers temps de l'imprimerie.
— ÉTYM. Lat. incunabulum, berceau. La locu-
tion vient de ce qu'on a dit : remonter aux incu-
nables, au berceau de l'imprimerie.
ESCURABILITÉ (in-ku-ra-bi-li-té), s. f. || 1° Ca-
ractère des maladies qui ne sont pas susceptibles
de guérison. || 2" Fig. Il se dit des mauvaises dispo-
sitions morales. Le ton plaisant, déjà usé, est en
cette manière le dernier symptôme de Tincurabilité,
DUCLOS, Mém. rég. OEuv. t. vi, p. 5, dans POUGENS.
— ÉTYM. Incurable.
INCURABLE (in-ku-ra-bT), adj. \\ 1° Qui ne peut
être guéri, en parlant de maladies pour lesquelles on
ne connaît aucun moyen de guérison ou qui n'en
comportent réellement aucun. Les blessures qu'elles
[les flèches trempées dans le sang de l'hydre de
I.erne] faisaient étaient incurables, FÉN. Tél. xv.
Pour ma maladie, elle est incurable, puisqu'elle date
de quatre-vingts ans; c'est un mal qui m'empêche
quelquefois d'être aussi exact que je le voudrais
dans mes réponses, VOLT. lett. Florian, e fév. 1774.
|| Fig. La plaie de vos yeux est toujours incurable,
RÉGNIER, Élégie i. Si jadis aux rives de Loire Vous
avez récité l'histoire De mes incurables douleurs,
RACAN, Ode au Roi. Si Dieu n'eût point été in-
flexible, si l'aveuglement des peuples n'eûtpas été
incurable, elle aurait guéri les esprits, et le parti le
plus juste aurait été le plus fort, BOSS. Reine d'Anglet.
D'un incurable amour remèdes impuissants, RAC.
Phèdre, i, 3. ô mes enfants, quelle maladie incurable
que celle del'ambition! MARMONTEL, Mém. vin. || 2" U
se dit aussi des personnes. Ce malade est incurable.
|| Substantivement. Un incurable, l'homme ou la
femme atteints de maladies incurables. ||S. m. pi.
Les Incurables, un hospice d'incurables (en ce sens
on met un I majuscule). Il faut voir de ce pas les
plus considérables; L'un demeure au Marais, et
l'autre aux Incurables, Bon.. Ép. vi. Arrivée à Pa-
ris, Mme de Maintenon se rendit seule aux Incura-
bles chez la marquise de la Sablière, GENLIS,
J!!mc de Maintenon, t. n, p. 4 69, dans POUGENS.
|| Hospice des Incurables (femmes), fondé à Paris
en 4 637 par les soins du cardinal François de la
Rochefoucauld.
— SYN. INCURABLE, INGUÉRISSABLE. Dans incura-
ble est cure; et dans guérissable est guérison. Un
mal incurable est donc un mal qui n'a pas de cure,
de traitement, et un mal inguérissable est un mai
qui n'a pas de guérison. Il y aurait là lieu à syno-
nymie ; mais, comme cure signifie aussi guériscn,
les acceptions se confondent ; confusion qui s'opère
assez facilement entre deux mots qui, avec un
sens analogue, proviennent de deux langues diffé-
rentes (cure du latin, et guérison du germanique).
— HIST. xive s. La plaie est incurable es grelles
Doiaux,H.DE MONDEVILLE, f" 6t. Chauveté [par vieil-
lesse] est incurable, se les cheveux ne cheent [tom-
bent] par cause de maladie, LANFRANC, f° 40, verso.
B sunt mauvais et incurables de leur malice,
ORESME. Elh. 465. Illiberalité est vice incurable, ID.
ib. 4 io.||xv s. Et puis tomba en grieve maladie in-
curable, COMM.vi, 4 3. || xvies. Seray-je tousjours butte
aux douleurs incurables? DESPORTES, Diane, n, 53.
Purge etguarimon ame,helas! presque incurable,
ID. OEuv. chresliennes, Sonnet, 4 0.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. incurable; ital. in-
curabile; du lat. incuràbilis, de in.... 4, et curabi-
lis, curable.
■j- TNCURABLEMENT (in-ku-ra-ble-man), ado.
D'une manière incurable.
INCURIE (in-ku-rie), s. f. Défaut de soin, négli-
gence. Il y en a qui ne trouvent leur repos que dans
une incurie de toutes choses, BOSS. Pensées déta-
chées, i. Heureux qui voit couler ses jours Dans la
mollesse et l'incurie! VOLT. Lettres en vers et en
prose, i. Je ne puis qu'admirer la négligence, Tin-
curie de la nation anglaise, i. J. ROUSS. Pologne, vu.
Les suites funestes de l'incurie ou Ton laissait Sa
Majesté, BACHAÙMONT, Mém. secrets, t. xxxv, p< 4 80.
— HIST. xvi" s. Incurie, COTGRAYE.
— ÉTYM. Lat. incuria, de in... 4, et cura, soin
(voy. CURE)
t INCURIEUSEMENT (in-ku-ri-eû-ze-man), adv.
D'une façon incurieuse.
— Hisï. xvie s. Et a Ton de quoy couler plus in-
curieusement en la pauvreté qu'en l'abondance in-
justement dispensée, MONT, m, 4 65.
f INCURIEUX, EUSE (in-ku-ri-eû, eû-z'), adj.
Qui ne se soucie pas de. Un esprit incurieux. Incu-
rieux d'accroître sa fcrtune.
— HIST. xvie s. Les esprits simples et incurieux
se trouvent plus dociles, MONT, II, 236. Lanoue ar-
rivé fut aussitost depescbé à Orléans, où il ne mena
que quinze chevaux, comme ceux qui ont fait.la
guerre avec lui l'ont toujours vu incurieux de gros-
sir sa troupe, D'AUB. Hist. î, 244.
— ÉTYM. Lat. incuriosus, de in.... 4, etcuriosus,
curieux.
INCURIOSITÉ (in-ku-ri-6-zi-té), s. f. Insouciance
d'apprendre ce qu'on ignore. L'ignorance et TincU-
riosité sont deux doux'oreillers pour une tête bien
faite, comme il [Montaigne] le dit lui-même, PASC.
Enlret. sur Épict. et Mont. L'ignorance et Tincu-
ricsité sont deux oreillers fort doux ; mais pour les
trouver tels, il faut avoir la tête aussi bien faite que
Montaigne, DIDEROT, Pens. phil. 27.
— HIST. xvie s. [Une dame négligée en ses ajus-
tements] monstrant pourtant avec son incuriosité
une grande beauté, BRANT. Dames gai. t. 11, p. 155.
— ÉTYM. Lat. incuriositatem, de in.... 4, et cu-
nositas, curiosité.
t INCURSIF, IVE (in-kur-sif, si-v'), adj". Qui fait
irruption, qui envahit.
— ÉTYM. Voy. INCURSION.
INCURSION (in-kur-sion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Course de gens de guerre en pays
ennemi. Les Turcs, sous Bajazet II, moins terribles
que sous Mahomet, ne laissent pas de l'être encore,
ils font des incursions en Hengrie, et sur les terres
de la maison d'Autriche, VOLT. Ann.Êmp. Maximilien,
4 494. y 2e Par extension, courses, voyages que Ton
fait dans un pays par curiosité ou pour l'explorer.
Les incursions de nos savants dans cette contrée
ont eu d'importants résultats. || 3° Fig. Étude, travail
dans quelque partie des lettres, des sciences dont
on ne s'occupe pas habituellement. Le célèbre phy-
siologiste Haller ne s'est pas toujours borné à l'étude
des animaux ; il a fait quelques incursions dans le
domaine de la poésie.
— SYN. INCURSION, IRRUPTION. L'incursion est une
course ; par conséquent celui qui là fait passe seu-
lement sur le terrain qu'il ravage. L'irruption, qui
exprime l'action de rompre une barrière, de péné-
trer de vive force, n'a pas ce caractère passager ;
elle est profonde. Après des incursions, les barbares
rentraient en Germanie; après leur irruption défi-
nitive, ils s'établirent dans les provinces romaines.
— HIST. xive s. Reprimer les incursions des enne-
mis, BERCHEURE, f" 52. Il xvi" s. Les invasions et incur-
sions contraires [des catholiques et des protestants,
dans le pays], MONT, IV, 93.
— ÉTYM._Lat. incursionem, de in.... 2, et cur-
rere (voy. COURIR).
t INCURVABLE (in-kur-va-W), adj. Terme di-
dactique. Qui est susceptible d'être incurvé.
— ÉTYM. Incurver. En latin, incurvabilis signifie
au contraire qui ne peut-être courbé.
t INCURVATION (in-kur-va-sion), s. f. Terme
didactique. Action d'incurver, résultat de cette
action. L'incurvation de l'épine dorsale.
— ÉTYM. Lat. incurvationem, de incurvare, in-
curver.
t INCURVER (in-kur-vé), v. a. Terme didacti-
que. Donner une courbure de dehors en dedans.
Une ligne incurvée.
— HIST. xue s. Laz [ils] apresterent à mes piez,
et encurverent la meie aneme [âme], liber psalm.
p; 74. Encurvé sunt li tertre del mont [du monde],
ib. p. 239.
— ÉTYM. Lat, incurvare, de in,... 2, et curvare
(voy. COURBER).
t INCURVIFOLIÉ, ÉE(in-kur-vi-fo-li-é, ée), adj.
Terme de botaniquei Qui a les feuilles recourbées
de dehors en dedans.
— ÉTYM. Lat. incurvus, courbé, et folium ,
feuille.
INCUSE(in-ku-z'), adj". Se dit de certaines mé-
dailles frappées d'un seul côté,- par la négligence
et la précipitation des ouvriers. || Substantivement.
Une incuse.
— ÉTYM. Lat. incususj frappé, de in.... 2, et cu-
dere, frapper, imprimer.
INDE (in-d'), s. m. || 1° Couleur bleue que Ton
tire de l'indigo. L'inde est une fécule que Ton tire
de la même plante [l'indigotier] ; mais, pour l'obte-
nir, on n'emploie exactement que les feuilles de la
plante, au lieu que, pour la préparation de l'indigo,
on emploie les feuilles et la tige, Dict. des arts el
met. Indigotier. || 2° On a donné abusivement aussi
le nom d'inde à une couleur bleue tirée de la
guède. [I 3° Inde ou bois d'Inde, nom donné quel-
quefois au bois de campêche, qui fournit une cou-
leur rouge.
— HIST. xme s..... .de colors i a cent paire ; D'er-
bes, de flors indes et perses, Et de maintes colors di-
verses, la Rose, v. 63. || xve s. Avoit sur le chef du
duc un drap de soie de couleur inde à quatre bas-
toHs d'argent, FROISS. ni, iv, 78. ||xvie s. L'escume
du pastel est sechée, puis convertie en poudre
qu'on appelle florée, servant à certaines taintures
de soie; aussi les paintres emploient la florée en
une couleur violette par eux nommée inde, 0. DE
SERRÉS, 735.
— ÉTYM. Lat. India, TIndé, à cause de la prove-
nance de cette couleur; Berry, devenir inde, rougir
immodérément jusqu'au bleu. India vient du sans-
crit Sindhus, nom du fleuve Indus.
f INDÉBATI U, UE (in-dé-ba-ttt, tue), adj. Qui
n'a été soumis à aucun débat.
— ÉTYM. In.... 4, et débattu.
INDÉBROUILLABLE (in-dé-brou-lla-bT, Il mouil-
lées, et non in-dé-brou-ya-bT), adj. Qui ne peut
être débrouillé. Là question du bien et du mal de-
meure un chaos indébrouillable pour ceux qui
cherchent de bonne foi, VOLT. Dict. phil. Bien,
tout est bien.
— ÉTYM. In.... t, et débrouiller.
f INDÉBROUILLÉ, ÉE (in-dé-brou-llé, liée,
Il mouillées), adj". Qui n'est point débrouillé.
— ÉTYM. In.... 4, et débrouillé.
t INDÉCACHETABLE (in-dé-ka-ché-ta-bT), adj".
Qui ne peut être décacheté. Enveloppe indécache-
table.
— ÉTYM. In.... 4, et décacheter.
INDÉCEMMENT (in-dé-sa-mân), àdv. D'une ma-
nière indécente. Le prince de Conti, à la mort du-
quel il [Vendôme] fut si indécemment insensible,
ST-SIM. 294, 4 0. Louvois fut accusé de s'être réjoui
indécemment de la mort de Turenne, VOLT.
LouisXIV, 42.
— HIST. xv" s. Ces encherimens deshontez sont
non seulement indécemment, mais dommageable-
ment employez envers nos femmes, MONT, I, 225.
— ÉTYM. Indécent, et le suffixe ment.
INDÉCENCE (in-dè-san-s'), s. f. || Ie Vice de ce
qui est contraire à la décence, à l'honnêteté, aux
bienséances. En quelque indécence que l'impiété ou
le hasard mette le voilé corruptible sous lequel il
[le Verbe] se cache, FÉN. t. xvn, p. 304. L'abbé de Po -
Iignac s'était brouillé avec la reine de Pologne jus-
qu'aux éclats et à l'indécence, ST-SIM. 47, 40. C'é-
tait une très-grande indécence à un moine de
conduire une jeune veuVe hors de sa patrie, VOLT.
Louis XIV, 38. La danse et tous les arts, briguant
de vils succès, De leurs jeux effrontés déployant
l'indécence, Par des tableaux impurs appellent
la licence, LEGOUVÊ, Épich. et N. 1, 4. || 2" Action,
propos indécent. Le sexe s'avilissant par des indé-
cences dont les siècles de nos pères auraient rougi,
MASS. Carême, Moi. de conv. Les indécences hon-
teuses des enfants d'Héli qui avaient durant si
longtemps profané sa maison [de Dieu], ID. Ca-
rême, Temples. Nous avons marqué en détail un
remède à chacun de nos maux : la retraite, à cer-
taines dissipations; la modestie, à certaines in-
décences, ID. Carême, Pâques. || Chose obscène.
Cette pièce est remplieïTindécençes.
— ÉTYM. Lat. indecentia, de indecens, indécent.
INDÉCENT, ENTÉ (in-d'é-san , san-t'), adj. Qui
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quand la culture manque dans les pays habités, où
elle pourrait être donnée.
— HIST. xive s. Inculliver, Ordonn. des rois de
France, t! u, p. 494. || xvi" s. En lieux incultivés qui
sont en chaulmes, en fruiches et brueres et buis-
sons, n'y a et n'y enchet point de prinse de bestes,
THAUMASS. Coust. du Berry, p. 367, dans LACURNE.
— ÉTYM. In.... 4, et cultivé.
INCULTURE (in-kul-tu-r'), s. f.\\ 1° Etat de ce
qui est inculte. L'état d'inculture où sont ces terres.
....sur les terres incultes, vaines et vagues, et sur
les marais.... qui ne sont ouverts aux usages publics
des habitants du territoire, qu'à cause de leur in-
culture et de l'état d'abandon dans lequel ils se trou-
vent, ROBIN, Mémoire sur les marais de Cliville
[Calvados], p. 67. Ces plaines [le littoral de la
Corse], si bien partagées à tant d'égards, ont un dé-
faut extrême : y séjourner est mortel pendant une
partie de l'année ; elles sont donc condamnées à
l'inculture, MICHEL CHEVALIER, Journ. des Débats, 41
avril 4 866. || 2° Fig. Absence de culture intellectuelle
et morale. Il [Louis XI] ne tint pas son fils dans
l'ignorance et dans l'inculture par je ne sais quel
ombrage de despote oriental ; la santé de ce fils, frêle
et délicat...., DUPONT-WHITE, Centralisation, p. 206.
— ÉTYM. In.... 4, et culture.
f INCUNABLE (in-ku-na-bT), adj. Édition incu-
nable, édition qui date des commencements de Tini-
primerie. || S. m. Un incunable, un livre qui date
des premiers temps de l'imprimerie.
— ÉTYM. Lat. incunabulum, berceau. La locu-
tion vient de ce qu'on a dit : remonter aux incu-
nables, au berceau de l'imprimerie.
ESCURABILITÉ (in-ku-ra-bi-li-té), s. f. || 1° Ca-
ractère des maladies qui ne sont pas susceptibles
de guérison. || 2" Fig. Il se dit des mauvaises dispo-
sitions morales. Le ton plaisant, déjà usé, est en
cette manière le dernier symptôme de Tincurabilité,
DUCLOS, Mém. rég. OEuv. t. vi, p. 5, dans POUGENS.
— ÉTYM. Incurable.
INCURABLE (in-ku-ra-bT), adj. \\ 1° Qui ne peut
être guéri, en parlant de maladies pour lesquelles on
ne connaît aucun moyen de guérison ou qui n'en
comportent réellement aucun. Les blessures qu'elles
[les flèches trempées dans le sang de l'hydre de
I.erne] faisaient étaient incurables, FÉN. Tél. xv.
Pour ma maladie, elle est incurable, puisqu'elle date
de quatre-vingts ans; c'est un mal qui m'empêche
quelquefois d'être aussi exact que je le voudrais
dans mes réponses, VOLT. lett. Florian, e fév. 1774.
|| Fig. La plaie de vos yeux est toujours incurable,
RÉGNIER, Élégie i. Si jadis aux rives de Loire Vous
avez récité l'histoire De mes incurables douleurs,
RACAN, Ode au Roi. Si Dieu n'eût point été in-
flexible, si l'aveuglement des peuples n'eûtpas été
incurable, elle aurait guéri les esprits, et le parti le
plus juste aurait été le plus fort, BOSS. Reine d'Anglet.
D'un incurable amour remèdes impuissants, RAC.
Phèdre, i, 3. ô mes enfants, quelle maladie incurable
que celle del'ambition! MARMONTEL, Mém. vin. || 2" U
se dit aussi des personnes. Ce malade est incurable.
|| Substantivement. Un incurable, l'homme ou la
femme atteints de maladies incurables. ||S. m. pi.
Les Incurables, un hospice d'incurables (en ce sens
on met un I majuscule). Il faut voir de ce pas les
plus considérables; L'un demeure au Marais, et
l'autre aux Incurables, Bon.. Ép. vi. Arrivée à Pa-
ris, Mme de Maintenon se rendit seule aux Incura-
bles chez la marquise de la Sablière, GENLIS,
J!!mc de Maintenon, t. n, p. 4 69, dans POUGENS.
|| Hospice des Incurables (femmes), fondé à Paris
en 4 637 par les soins du cardinal François de la
Rochefoucauld.
— SYN. INCURABLE, INGUÉRISSABLE. Dans incura-
ble est cure; et dans guérissable est guérison. Un
mal incurable est donc un mal qui n'a pas de cure,
de traitement, et un mal inguérissable est un mai
qui n'a pas de guérison. Il y aurait là lieu à syno-
nymie ; mais, comme cure signifie aussi guériscn,
les acceptions se confondent ; confusion qui s'opère
assez facilement entre deux mots qui, avec un
sens analogue, proviennent de deux langues diffé-
rentes (cure du latin, et guérison du germanique).
— HIST. xive s. La plaie est incurable es grelles
Doiaux,H.DE MONDEVILLE, f" 6t. Chauveté [par vieil-
lesse] est incurable, se les cheveux ne cheent [tom-
bent] par cause de maladie, LANFRANC, f° 40, verso.
B sunt mauvais et incurables de leur malice,
ORESME. Elh. 465. Illiberalité est vice incurable, ID.
ib. 4 io.||xv s. Et puis tomba en grieve maladie in-
curable, COMM.vi, 4 3. || xvies. Seray-je tousjours butte
aux douleurs incurables? DESPORTES, Diane, n, 53.
Purge etguarimon ame,helas! presque incurable,
ID. OEuv. chresliennes, Sonnet, 4 0.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. incurable; ital. in-
curabile; du lat. incuràbilis, de in.... 4, et curabi-
lis, curable.
■j- TNCURABLEMENT (in-ku-ra-ble-man), ado.
D'une manière incurable.
INCURIE (in-ku-rie), s. f. Défaut de soin, négli-
gence. Il y en a qui ne trouvent leur repos que dans
une incurie de toutes choses, BOSS. Pensées déta-
chées, i. Heureux qui voit couler ses jours Dans la
mollesse et l'incurie! VOLT. Lettres en vers et en
prose, i. Je ne puis qu'admirer la négligence, Tin-
curie de la nation anglaise, i. J. ROUSS. Pologne, vu.
Les suites funestes de l'incurie ou Ton laissait Sa
Majesté, BACHAÙMONT, Mém. secrets, t. xxxv, p< 4 80.
— HIST. xvi" s. Incurie, COTGRAYE.
— ÉTYM. Lat. incuria, de in... 4, et cura, soin
(voy. CURE)
t INCURIEUSEMENT (in-ku-ri-eû-ze-man), adv.
D'une façon incurieuse.
— Hisï. xvie s. Et a Ton de quoy couler plus in-
curieusement en la pauvreté qu'en l'abondance in-
justement dispensée, MONT, m, 4 65.
f INCURIEUX, EUSE (in-ku-ri-eû, eû-z'), adj.
Qui ne se soucie pas de. Un esprit incurieux. Incu-
rieux d'accroître sa fcrtune.
— HIST. xvie s. Les esprits simples et incurieux
se trouvent plus dociles, MONT, II, 236. Lanoue ar-
rivé fut aussitost depescbé à Orléans, où il ne mena
que quinze chevaux, comme ceux qui ont fait.la
guerre avec lui l'ont toujours vu incurieux de gros-
sir sa troupe, D'AUB. Hist. î, 244.
— ÉTYM. Lat. incuriosus, de in.... 4, etcuriosus,
curieux.
INCURIOSITÉ (in-ku-ri-6-zi-té), s. f. Insouciance
d'apprendre ce qu'on ignore. L'ignorance et TincU-
riosité sont deux doux'oreillers pour une tête bien
faite, comme il [Montaigne] le dit lui-même, PASC.
Enlret. sur Épict. et Mont. L'ignorance et Tincu-
ricsité sont deux oreillers fort doux ; mais pour les
trouver tels, il faut avoir la tête aussi bien faite que
Montaigne, DIDEROT, Pens. phil. 27.
— HIST. xvie s. [Une dame négligée en ses ajus-
tements] monstrant pourtant avec son incuriosité
une grande beauté, BRANT. Dames gai. t. 11, p. 155.
— ÉTYM. Lat. incuriositatem, de in.... 4, et cu-
nositas, curiosité.
t INCURSIF, IVE (in-kur-sif, si-v'), adj". Qui fait
irruption, qui envahit.
— ÉTYM. Voy. INCURSION.
INCURSION (in-kur-sion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Course de gens de guerre en pays
ennemi. Les Turcs, sous Bajazet II, moins terribles
que sous Mahomet, ne laissent pas de l'être encore,
ils font des incursions en Hengrie, et sur les terres
de la maison d'Autriche, VOLT. Ann.Êmp. Maximilien,
4 494. y 2e Par extension, courses, voyages que Ton
fait dans un pays par curiosité ou pour l'explorer.
Les incursions de nos savants dans cette contrée
ont eu d'importants résultats. || 3° Fig. Étude, travail
dans quelque partie des lettres, des sciences dont
on ne s'occupe pas habituellement. Le célèbre phy-
siologiste Haller ne s'est pas toujours borné à l'étude
des animaux ; il a fait quelques incursions dans le
domaine de la poésie.
— SYN. INCURSION, IRRUPTION. L'incursion est une
course ; par conséquent celui qui là fait passe seu-
lement sur le terrain qu'il ravage. L'irruption, qui
exprime l'action de rompre une barrière, de péné-
trer de vive force, n'a pas ce caractère passager ;
elle est profonde. Après des incursions, les barbares
rentraient en Germanie; après leur irruption défi-
nitive, ils s'établirent dans les provinces romaines.
— HIST. xive s. Reprimer les incursions des enne-
mis, BERCHEURE, f" 52. Il xvi" s. Les invasions et incur-
sions contraires [des catholiques et des protestants,
dans le pays], MONT, IV, 93.
— ÉTYM._Lat. incursionem, de in.... 2, et cur-
rere (voy. COURIR).
t INCURVABLE (in-kur-va-W), adj. Terme di-
dactique. Qui est susceptible d'être incurvé.
— ÉTYM. Incurver. En latin, incurvabilis signifie
au contraire qui ne peut-être courbé.
t INCURVATION (in-kur-va-sion), s. f. Terme
didactique. Action d'incurver, résultat de cette
action. L'incurvation de l'épine dorsale.
— ÉTYM. Lat. incurvationem, de incurvare, in-
curver.
t INCURVER (in-kur-vé), v. a. Terme didacti-
que. Donner une courbure de dehors en dedans.
Une ligne incurvée.
— HIST. xue s. Laz [ils] apresterent à mes piez,
et encurverent la meie aneme [âme], liber psalm.
p; 74. Encurvé sunt li tertre del mont [du monde],
ib. p. 239.
— ÉTYM. Lat, incurvare, de in,... 2, et curvare
(voy. COURBER).
t INCURVIFOLIÉ, ÉE(in-kur-vi-fo-li-é, ée), adj.
Terme de botaniquei Qui a les feuilles recourbées
de dehors en dedans.
— ÉTYM. Lat. incurvus, courbé, et folium ,
feuille.
INCUSE(in-ku-z'), adj". Se dit de certaines mé-
dailles frappées d'un seul côté,- par la négligence
et la précipitation des ouvriers. || Substantivement.
Une incuse.
— ÉTYM. Lat. incususj frappé, de in.... 2, et cu-
dere, frapper, imprimer.
INDE (in-d'), s. m. || 1° Couleur bleue que Ton
tire de l'indigo. L'inde est une fécule que Ton tire
de la même plante [l'indigotier] ; mais, pour l'obte-
nir, on n'emploie exactement que les feuilles de la
plante, au lieu que, pour la préparation de l'indigo,
on emploie les feuilles et la tige, Dict. des arts el
met. Indigotier. || 2° On a donné abusivement aussi
le nom d'inde à une couleur bleue tirée de la
guède. [I 3° Inde ou bois d'Inde, nom donné quel-
quefois au bois de campêche, qui fournit une cou-
leur rouge.
— HIST. xme s..... .de colors i a cent paire ; D'er-
bes, de flors indes et perses, Et de maintes colors di-
verses, la Rose, v. 63. || xve s. Avoit sur le chef du
duc un drap de soie de couleur inde à quatre bas-
toHs d'argent, FROISS. ni, iv, 78. ||xvie s. L'escume
du pastel est sechée, puis convertie en poudre
qu'on appelle florée, servant à certaines taintures
de soie; aussi les paintres emploient la florée en
une couleur violette par eux nommée inde, 0. DE
SERRÉS, 735.
— ÉTYM. Lat. India, TIndé, à cause de la prove-
nance de cette couleur; Berry, devenir inde, rougir
immodérément jusqu'au bleu. India vient du sans-
crit Sindhus, nom du fleuve Indus.
f INDÉBATI U, UE (in-dé-ba-ttt, tue), adj. Qui
n'a été soumis à aucun débat.
— ÉTYM. In.... 4, et débattu.
INDÉBROUILLABLE (in-dé-brou-lla-bT, Il mouil-
lées, et non in-dé-brou-ya-bT), adj. Qui ne peut
être débrouillé. Là question du bien et du mal de-
meure un chaos indébrouillable pour ceux qui
cherchent de bonne foi, VOLT. Dict. phil. Bien,
tout est bien.
— ÉTYM. In.... t, et débrouiller.
f INDÉBROUILLÉ, ÉE (in-dé-brou-llé, liée,
Il mouillées), adj". Qui n'est point débrouillé.
— ÉTYM. In.... 4, et débrouillé.
t INDÉCACHETABLE (in-dé-ka-ché-ta-bT), adj".
Qui ne peut être décacheté. Enveloppe indécache-
table.
— ÉTYM. In.... 4, et décacheter.
INDÉCEMMENT (in-dé-sa-mân), àdv. D'une ma-
nière indécente. Le prince de Conti, à la mort du-
quel il [Vendôme] fut si indécemment insensible,
ST-SIM. 294, 4 0. Louvois fut accusé de s'être réjoui
indécemment de la mort de Turenne, VOLT.
LouisXIV, 42.
— HIST. xv" s. Ces encherimens deshontez sont
non seulement indécemment, mais dommageable-
ment employez envers nos femmes, MONT, I, 225.
— ÉTYM. Indécent, et le suffixe ment.
INDÉCENCE (in-dè-san-s'), s. f. || Ie Vice de ce
qui est contraire à la décence, à l'honnêteté, aux
bienséances. En quelque indécence que l'impiété ou
le hasard mette le voilé corruptible sous lequel il
[le Verbe] se cache, FÉN. t. xvn, p. 304. L'abbé de Po -
Iignac s'était brouillé avec la reine de Pologne jus-
qu'aux éclats et à l'indécence, ST-SIM. 47, 40. C'é-
tait une très-grande indécence à un moine de
conduire une jeune veuVe hors de sa patrie, VOLT.
Louis XIV, 38. La danse et tous les arts, briguant
de vils succès, De leurs jeux effrontés déployant
l'indécence, Par des tableaux impurs appellent
la licence, LEGOUVÊ, Épich. et N. 1, 4. || 2" Action,
propos indécent. Le sexe s'avilissant par des indé-
cences dont les siècles de nos pères auraient rougi,
MASS. Carême, Moi. de conv. Les indécences hon-
teuses des enfants d'Héli qui avaient durant si
longtemps profané sa maison [de Dieu], ID. Ca-
rême, Temples. Nous avons marqué en détail un
remède à chacun de nos maux : la retraite, à cer-
taines dissipations; la modestie, à certaines in-
décences, ID. Carême, Pâques. || Chose obscène.
Cette pièce est remplieïTindécençes.
— ÉTYM. Lat. indecentia, de indecens, indécent.
INDÉCENT, ENTÉ (in-d'é-san , san-t'), adj. Qui
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