NE
NE
NE
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navire, COMM. vu, IS. Je.suis d'avis que hastive- i
ment les deux navires [barques] soient mises es
fossez.... Perceforest, t. i, f° 83. ||xvie s. Aussi fa- .
cilement que le timon faict retourner la navire....
MONT, II, 19 5. Tous les navires qui relaschoient du ;
port de Pyrée, m. n, 22p.
— ÉTYM. Bourg, naivire, s. f.; du bas-latin na-
virium, dérivé du. latin navis (voy. NEF). Navire
signifie proprement flotte, puis, par restriction, vais- ;
seau. La forme navirie est purement orthographi- 1
que, et ne compte que pour trois syllabes. X côté :
de navire, il y avait une forme en / : bas-latin, na- '.
vilium; provenç. navili, naveli; ital. navile, na-
■iglio.
' NAVRANT, ANTE (na-vran, vran-t'), adj. Qui :
navre. Une scène nayrante. Des maux navrants.
— REM. On a proposé de former le substantif
navrancejil serait utile ; mais jusqu'à présent il
n'a pas été adopte.
NAVRÉ, ÉE(na-vré, vrée), part, passé de navrer.
U 1° Blessé. Je suis résolu de vous écrire des lettres
toutes pures d'amour, pleines de feux, de flèches et de
coeurs navrés,voiT. Lett. 28. Quand ces bergers navrés,
tout moites de leur sang.... RÉGNIER, Dial. ||2° Fig.
: Navré de douleur, blessé d'une profonde douleur.
Père et mère, navrés, de douleur sur la dépense...,
maudissant l'heure et le jour de son mariage,
SÉV. 25 oct. 1679. Il Absolument, Très-affligé. On
passe sa vie à espérer, et on meurt en espérant;
adieu, monsieur, vous m'avez instruit, mais j'ai le
coeur navré, VOLT. l'H. aux 40 écus, Entretien avec
un géomètre. Mais du temple voisin quand la cloche
sacrée Annonça qu'un mortel avait quitté le jour,
Chaque son retentit dans mor âme navrée, MILLEV.
Élêg. 1, 2.
NAVRER (na-vré), v. a. || i" Blesser (peu usité en
ce sens qui est le sens propre). Cette manière de
s'armer jusqu'aux dents avec ses amis me paraît si
cruelle, que j'aime cent fois mieux me présenter
nu et être navré, J. 3. ROUSS-. lett.- à du Peyrou, S
janv. 1767. Il 2" Ancien terme de jardinier. Donner
un coup de serpe à l'endroit d'un échalas ou d'une
perche qui ne sont pas assez droits. Si vous voulez
bien planter cet échalas, il le faut un peu na-
vrer, LA QUINTINYE, Jard. i, dans RICHELET. || 3° Fig.
Causer une souffrance morale comparée à une bles-
sure. Les lumières.... Qui, me navrant le cosur, me
promettaient la paix, RÉGNIER, Élég. n. C'est assez,
ce me semble, de déplorer les pertes publiques;
c'est peu pour moi d'en être navrée, MAINTENON,
Lett. à Mme de Dangeau, 4 sept. 1704. Vous na-
vrâtes mon âme des plus amères douleurs que j'aie
jamais senties, j. J. ROUSS. 1er dial. Je suis navré
que vous soyez dupe à ce point, et que vous le
soyez d'un homme si vil, D'ALEMB. Lett. d Voltaire,
13 mai 1773.
— HIST. xie s. Oliviers sent qu'il est à mort naf-
fi-et, Ch. de Roi. CXLY. || xme s. Tous les navrés ne
tous les mors, ne quanques s'en issit, ne saije mie
deviser, VILLEH. LXXV. Lors fu il [Ninus] navrez
d'une saiete dont il morut en la fin, BRUN, LAT
Très. p. 32. Crestiens de Troies dit miex [mieux]
Du cuer navré de dart des iex, Que je ne vos por-
role dire, HUON DI, MERI, dans HOLLAND, p. 257.
|| xvie s. Tant feut ;rand le cry dès navrez que le
prieur de l'abbaye sortit, RAB. Garg. 1, 27. Cassar,
couvrant son visagf: avec sa robbe, abandonna son
corps à qui le voulut navrer, AMYOT, Brut. 20.
— ÉTYM. Norm. nafre, coup, blessure; provenç.
nafrar, naffrar; ital. naverare, dans le composé
innaverare; de l'aac. h. allem. nabagêr; holland.
neuioer, neffiger; scandin. nafar, tous mots qui si-
gnifient instrumen ; pour percer.
f NAZARÉEN (ra-za-ré-in), s. m. Habitant de
Nazareth, ville de Galilée. Sur la croix, l'inscription
désigne Jésus cornu le Nazaréen (Évang. de Si Jean,
xix, 19). Tu as va;ncu, Nazaréen, mot attribué à
l'empereur Julien biessé à mort dans son expédition
contre les Perses. ||Nom donné anciennement aux
chrétiens.
j- NAZIRÉAT (na-zi-ré-a), s. m. Condition, du
naziréea.
j NAZIRÉEN (na-zi-ré-in), s. m. Hébreu qui se
vouait au sacerdoce, bien que n'étant pas de la
tribu de Lévi.
— ÉTYM. Hébreu, nagir, séparé, parce que ces
hommes se séparaient de la vie commune.
t NAZORÉENS (na-zo-ré-in), s. m. pi. Secte
chrétienne (voy. SABÉISME).
NE (ne). |1 Ie Mot qui rend une proposition néga-
tive et qui précède toujours le verbe; seul et isolé
de pas ou point, il n'a plus son ancienne vertu né-
gative que dans certains emplois déterminés. Ne
s'emploie seul avec les verbes cesser, oser, savoir,
avoir garde, pouvoir et importer (impersonnel).
11 n'a cessé de gronder. On n'ose l'aborder. Il n'a
garde d'y manquer. Je ne puis me taire. L'un dit :
je n'y vais point, je ne suis pas si sot; L'autre ; je
ne saurais; LA FONT. Fabl. n, 2. Il n'importe d'avoir
payé Le Vacher ou non, SÉV. 1er août 1685.
Il Toutefois, en ces cas, on peut mettre aussi pas ou
point. 11 ne cesse pas de gronder. Chacun demeure
d'accord qu'il ne pouvait pas mieux jouer, MOL. Crit.
se. 6. Il II se dit seul avec d'autres verbes, mais dans
le style familier et un peu archaïque. L'âne ap-
pelle aussitôt le chien à son secours : Le chien
ne bouge et dit.... LA FONT. Fabl. vm, 17. Le jeu
n'est sûr avec cette rihaude, BOIL. Épigr. ni. || On
le met seul aussi avec l'impératif, mais dans la con-
versation et dans le style familier. Ne bougez d'ici.
Tiens cette bague, et ne la lâche, LA FONT. Ann.
Il Cela se fait encore quelquefois à l'impératif, dans
la poésie élevée. Henri.... Ne refuse à mes voeux
un favorable appui, MALH. I, 4. || 2° Dans des
phrases négatives ou interrogatives, ne se dit seul
au second membre, quand ce second membre est
négatif. Y a-t-il un homme dont elle ne médise?
Avez-vous un ami qui ne soit des miens? Je ne vois
personne qui ne vous loue. Don Rodrigue, surtout,
n'a trait en son visage Qui d'un homme de coeur
ne soit la haute image, CORN. Cid, 1, i. || 3° Ne se
dit seul quand l'étendue de la négation est restreinte
par quelque terme. Il ne lit guère. Je ne sortirai de
trois jours. Tout fut mis en morceaux; un seul n'en
échappa, LA FONT. Fabl. in, 13. U n'est demeure
plus secrète, ID. ib. x, 4. Chose n'est ici plus com-
mune : Le bien nous le faisons, le mal, c'est la for-
tune, ID. ib. vu, 14. y 4° Ne se dit seul avec autre
et que. Je n'ai d'autre désir que celui de vous être
utile. Il Mais on peut dire aussi : je n'ai pas d'autre
désir.... y 5" /Ve se dit seul, quand le mot que signifie
pourquoi, au commencement d'une phrase, ou quanti
il sert à exprimer un désir, à former une impré-
cation. Que n'êtes-vous arrivé plus tôt ! Que ne
m'est-il permis.... Que n'est-il encore vivant !
Il 6° Après depuis que ou il y a, suivi d'un mot
qui indique une certaine quantité de temps, on se
sert de ne seul, quand le verbe est au parfait. De-
puis que je ne l'ai vu. Il y a six mois que je ne lui
ai parlé. || Mais il faut pas ou point, si le verbe est
au présent; ce qui forme un sens tout différent. De-
puis que nous ne nous voyons pas. Il y a six mois
que nous ne nous voyons plus. || 7° Ne se dit seul
dans un membre de phrase gouverné par si, au sens
de à moins que. Je ne sortirai point, si vous ne me
venez prendre en voiture. || Cependant on dit aussi,
quoique moins bien : je ne sortirai pas si vous ne
venez pas me prendre en voiture. || 8° On se sert de
ne seul, lorsque deux négations sont jointes parnt. Je
ne l'estime ni ne l'aime. Heureux qui n'a ni dettes,
ni procès ! |{ On s'en sert aussi quand ni est redou-
blé, soit dans le sujet : Ni les biens ni les honneurs
ne valent la santé ; soit dans l'attribut : Il est avan-
tageux de n'être ni trop pauvre ni trop riche. || 9° C'est
ne seul qu'on emploie dans la tournure n'était, n'eût
été, qui se dit pour si ce n'était, si ce n'eût été.
Et je suivrais encore un si noble exercice, N'était
que l'autre hiver, faisant ici ma cour, Je vous vis
et je fus retenu par l'amour, CORN, le Ment. 1, 3.
Confessez-le, ma soeur, vous sauriez vous en taire,
N'était le testament du feu roi notre père, m. Pomp.
I, 3. Et n'eût été Léonce, en la dernière guerre,
Ce dessein avec lui serait tombé par terre, ID. Hé-
racl. 1, 1. Je le trouvais en vous, n'eût été la bas-
sesse Qui pour ce cher rival contre moi s'intéresse,
ID. Sertor. iv, 2. Je me soucierais peu de ce qu'ils
peuvent dire, n'était l'artifice MOL. Tart. Préface.
Il 10° Le plus ordinairement, ne, jugé insuffisant
par l'usage, est accompagné de pas ou point, ce
qui fait la négation complète; toutefois il ne faut
pas oublier que le sens négatif appartient à ne seu-
lement, et que pas et point sont des mots essen-
tiellement affirrnatifs. Il ne veut pas. Ne viendra-t-il
pas avec nous? Ne vendez point votre maison. || On
peut mettre indifféremment pas et point devant ou
après le verbe, s'il est à l'infiniLif : pour ne pas
souffrir, pour ne souffrir pas. Toutefois ia première
façon de parler est ia plus usitée. j| Dans temps
simples du verbe, pas et point doivent toujours sui-
vre le verbe. Il ne souffre point, fl ne souffrit pas.
Il Au contraire, dans les temps composés, ils se
mettent entre l'auxiliaire et le participe. Il n'a point
souffert II n'a pas chanté. || Pour la distinction en-
tre pas etpoint, voy. PAS. ||Lorsque ne n'est suivi
ni de pas ni de point ni d'aucun autre mot équiva-
lent, le sens de la proposition est moins négatif. Je
ne sais marque une ignorance moins absolue qua
je ne sais pas. || Quant aux différents emplois
de savoir avec ne, voy. SAVOIR. || 11° Les mots
personne, rien, goutte, jamais, mot, jouent avec
ne le même rôle que pas ou point. Je n'y con-
nais personne. Je ne le verrai jamais. Je n'y
vois goutte. Je ne demande rien. Je ne dis mot.
Il 12° Nul, qui est essentiellement négatif, est tou-
jours accompagné de ne, quand il n'est pas attribut
(autrement on ne met pas ne : ses moyens sont
nuls). Je n'ai nul souci. Je vous porterai tous, L'UL-
après l'autre, en ma retraite; Nul que Dieu seul el
moi n'en connaît les chemins, LA FONT. Fabl. x,
4. y 13° Ne.... pas.... ne.... pas, double'négation
qui affirme. Je ne puis pas ne pas croire qu'il en
est ainsi, c'est-à-dïre je suis forcé de croire qu'il
en est ainsi. Ces archers aux casaques peintes Ne
peuvent pas n'être surpris, Ayant à combattre les
feintes De tant d'infidèles esprits, MALH. II, i.
Il 14° JVe est dubitatif après les verbes craindre,
trembler, appréhender, avoir peur et expressions
analogues. Je crains qu'il ne pleuve. Je tremble
qu'il ne s'aperçoive de ma faute, etc. Dans ces
phrases, il n'y a aucune négation, et ne n'ex-
prime que le caractère dubitatif. || Quand le verbe
douter est négatif ou simplement interrogatif, on
emploie le ne dubitatif dans la seconde proposition,
à moins qu'on ne veuille exprimer une chose po-
sitive et en quelque sorte incontestable, comme :
Je ne doute pas que César ait été assassiné dans le
sénat. Doutez-vous que je sois votre ami?||De
même, lorsque le verbe de la proposition primor-
diale est nier ou l'un de ses équivalents discon-
venir, désespérer, employés négativement, on se
sert de la dubitative ne dans la proposition complé-
tive, à moins que cette proposition ne renferme au-
cune idée de doute, n'exprime un fait incontesta-
ble comme : Je ne nie pas qu'il y ait un Dieu. Je
ne nie pas que vous soyez heureux, LEGOARANT.
Il 15° ATe explétif après un compaiatif d'inégalité
suivi de que et d'une proposition complétive. Vous
écrivez mieux que vous ne parlez. Il est plus riche
qu'il ne l'était. Elle est plus belle que vous ne
croyez. Je pars plus amoureux que je ne fus ja-
mais, RAC. Bérén. 1, 4. Je vous entends ici mieux
que vous ne pensez, ID. Mithr. n, 4. Depuis l'inven-
tion de la poudre, les batailles sont beaucoup moins
sanglantes qu'elles n'étaient, parce qu'il n'y a pres-
que plus de mêlée, MONTSSQ. Lett. pers. 106. ||Le
caractère explétif de ce ne est prouvé par le latin qui
ne met point de négation : ditior est quam crat, il
est plus riche qu'il n'était. H Après les mêmes compa-
ratifs d'inégalité, si le premier membre est négatif,
le second d'ordinaire ne prend point le ne explétif.
Il n'est pas plus riche qu'il était. Vous n'écrivez pas
mieux que vous parlez. Ils n'ont point coutume d'en
désirer plus qu'ils en ont, DESC. Méth. 1,1. Je ne
crois pas qu'on puisse mieux danser qu'ils dansent,
MOL. Am. magn. 11, t. On n'en peut pas user
mieux que je fais, je pense, m. Tart. v, 4. On n'est
pas plus maître de toujours aimer qu'on l'a été de
ne pas aimer, LA BRUY. IV. Les rochers de Thes-
salie ne sont pas plus sourds ni plus insensibles aux
plaintes des amants désespérés que Télémaque l'était
à toutes ces offres, FÉN. dans GIRAULT-DUVIVIER.
Il Cependant des écrivains ont mis ce ne, et, quoi-
que des grammairiens aient noté cela comme
une faute, le caractère explétif de ce ne ne permet
pas, grammaticalement, de souscrire à leur déci-
sion. Cependant vous m'aviez fait une réponse, et
on ne peut avoir été mieux perdue qu'elle ne l'a
été, SÉV. dans GIRAULT-DUVIVIER. L'animal que l'on
appelle cujuacu-apara ne diffère pas plus de nolie
chevreuil que le cerf du Canada ne diffère de notre
cerf, BUFF. dans GIRAULT-DUVIVIER. Il Quand, avec des
comparatifs d'inégalité, la phrase exprime une vraie
égalité, il faut mettre le ne explétif. Vous n'écrivez
pas mieux que vous ne parlez, c'est-à-dire vous
écrivez aussi mal que vous parlez. L'existence de
Scipion ne sera pas plus deuteuse dans dix siècles
qu'elle ne l'est aujourd'hui, D'ALEMB. dans GIRAULT-
DUVIVIER. U Avec une phrase interrogative, sans né-
gation, on supprime le ne explétif, parce que c'e-t
une vraie inégalité qu'on veut exprimer. Puis-j
mieux servir un maître que j'ai servi don Garcicr
le Roman de Zaïde, dans GIRAULT-DUVIVIER. Croyez-
vous qu'un homme puisse être plus heureux que
vous l'êtes depuis trois mois? 3. 3. ROUSS. dans GI-
RAULT-DUVIVIER. Quel mortel fut jamais plus heu-
reux que vous l'êtes! VOLT. Zaïre, 1, 2. ||Si la
phrase exprime sous forme interrogative ce qui
aurait été exprimé sous forme négative, on n?ei
ne. L'oxistence de Scipion sera-t-elle plus douteuse
NE
NE
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navire, COMM. vu, IS. Je.suis d'avis que hastive- i
ment les deux navires [barques] soient mises es
fossez.... Perceforest, t. i, f° 83. ||xvie s. Aussi fa- .
cilement que le timon faict retourner la navire....
MONT, II, 19 5. Tous les navires qui relaschoient du ;
port de Pyrée, m. n, 22p.
— ÉTYM. Bourg, naivire, s. f.; du bas-latin na-
virium, dérivé du. latin navis (voy. NEF). Navire
signifie proprement flotte, puis, par restriction, vais- ;
seau. La forme navirie est purement orthographi- 1
que, et ne compte que pour trois syllabes. X côté :
de navire, il y avait une forme en / : bas-latin, na- '.
vilium; provenç. navili, naveli; ital. navile, na-
■iglio.
' NAVRANT, ANTE (na-vran, vran-t'), adj. Qui :
navre. Une scène nayrante. Des maux navrants.
— REM. On a proposé de former le substantif
navrancejil serait utile ; mais jusqu'à présent il
n'a pas été adopte.
NAVRÉ, ÉE(na-vré, vrée), part, passé de navrer.
U 1° Blessé. Je suis résolu de vous écrire des lettres
toutes pures d'amour, pleines de feux, de flèches et de
coeurs navrés,voiT. Lett. 28. Quand ces bergers navrés,
tout moites de leur sang.... RÉGNIER, Dial. ||2° Fig.
: Navré de douleur, blessé d'une profonde douleur.
Père et mère, navrés, de douleur sur la dépense...,
maudissant l'heure et le jour de son mariage,
SÉV. 25 oct. 1679. Il Absolument, Très-affligé. On
passe sa vie à espérer, et on meurt en espérant;
adieu, monsieur, vous m'avez instruit, mais j'ai le
coeur navré, VOLT. l'H. aux 40 écus, Entretien avec
un géomètre. Mais du temple voisin quand la cloche
sacrée Annonça qu'un mortel avait quitté le jour,
Chaque son retentit dans mor âme navrée, MILLEV.
Élêg. 1, 2.
NAVRER (na-vré), v. a. || i" Blesser (peu usité en
ce sens qui est le sens propre). Cette manière de
s'armer jusqu'aux dents avec ses amis me paraît si
cruelle, que j'aime cent fois mieux me présenter
nu et être navré, J. 3. ROUSS-. lett.- à du Peyrou, S
janv. 1767. Il 2" Ancien terme de jardinier. Donner
un coup de serpe à l'endroit d'un échalas ou d'une
perche qui ne sont pas assez droits. Si vous voulez
bien planter cet échalas, il le faut un peu na-
vrer, LA QUINTINYE, Jard. i, dans RICHELET. || 3° Fig.
Causer une souffrance morale comparée à une bles-
sure. Les lumières.... Qui, me navrant le cosur, me
promettaient la paix, RÉGNIER, Élég. n. C'est assez,
ce me semble, de déplorer les pertes publiques;
c'est peu pour moi d'en être navrée, MAINTENON,
Lett. à Mme de Dangeau, 4 sept. 1704. Vous na-
vrâtes mon âme des plus amères douleurs que j'aie
jamais senties, j. J. ROUSS. 1er dial. Je suis navré
que vous soyez dupe à ce point, et que vous le
soyez d'un homme si vil, D'ALEMB. Lett. d Voltaire,
13 mai 1773.
— HIST. xie s. Oliviers sent qu'il est à mort naf-
fi-et, Ch. de Roi. CXLY. || xme s. Tous les navrés ne
tous les mors, ne quanques s'en issit, ne saije mie
deviser, VILLEH. LXXV. Lors fu il [Ninus] navrez
d'une saiete dont il morut en la fin, BRUN, LAT
Très. p. 32. Crestiens de Troies dit miex [mieux]
Du cuer navré de dart des iex, Que je ne vos por-
role dire, HUON DI, MERI, dans HOLLAND, p. 257.
|| xvie s. Tant feut ;rand le cry dès navrez que le
prieur de l'abbaye sortit, RAB. Garg. 1, 27. Cassar,
couvrant son visagf: avec sa robbe, abandonna son
corps à qui le voulut navrer, AMYOT, Brut. 20.
— ÉTYM. Norm. nafre, coup, blessure; provenç.
nafrar, naffrar; ital. naverare, dans le composé
innaverare; de l'aac. h. allem. nabagêr; holland.
neuioer, neffiger; scandin. nafar, tous mots qui si-
gnifient instrumen ; pour percer.
f NAZARÉEN (ra-za-ré-in), s. m. Habitant de
Nazareth, ville de Galilée. Sur la croix, l'inscription
désigne Jésus cornu le Nazaréen (Évang. de Si Jean,
xix, 19). Tu as va;ncu, Nazaréen, mot attribué à
l'empereur Julien biessé à mort dans son expédition
contre les Perses. ||Nom donné anciennement aux
chrétiens.
j- NAZIRÉAT (na-zi-ré-a), s. m. Condition, du
naziréea.
j NAZIRÉEN (na-zi-ré-in), s. m. Hébreu qui se
vouait au sacerdoce, bien que n'étant pas de la
tribu de Lévi.
— ÉTYM. Hébreu, nagir, séparé, parce que ces
hommes se séparaient de la vie commune.
t NAZORÉENS (na-zo-ré-in), s. m. pi. Secte
chrétienne (voy. SABÉISME).
NE (ne). |1 Ie Mot qui rend une proposition néga-
tive et qui précède toujours le verbe; seul et isolé
de pas ou point, il n'a plus son ancienne vertu né-
gative que dans certains emplois déterminés. Ne
s'emploie seul avec les verbes cesser, oser, savoir,
avoir garde, pouvoir et importer (impersonnel).
11 n'a cessé de gronder. On n'ose l'aborder. Il n'a
garde d'y manquer. Je ne puis me taire. L'un dit :
je n'y vais point, je ne suis pas si sot; L'autre ; je
ne saurais; LA FONT. Fabl. n, 2. Il n'importe d'avoir
payé Le Vacher ou non, SÉV. 1er août 1685.
Il Toutefois, en ces cas, on peut mettre aussi pas ou
point. 11 ne cesse pas de gronder. Chacun demeure
d'accord qu'il ne pouvait pas mieux jouer, MOL. Crit.
se. 6. Il II se dit seul avec d'autres verbes, mais dans
le style familier et un peu archaïque. L'âne ap-
pelle aussitôt le chien à son secours : Le chien
ne bouge et dit.... LA FONT. Fabl. vm, 17. Le jeu
n'est sûr avec cette rihaude, BOIL. Épigr. ni. || On
le met seul aussi avec l'impératif, mais dans la con-
versation et dans le style familier. Ne bougez d'ici.
Tiens cette bague, et ne la lâche, LA FONT. Ann.
Il Cela se fait encore quelquefois à l'impératif, dans
la poésie élevée. Henri.... Ne refuse à mes voeux
un favorable appui, MALH. I, 4. || 2° Dans des
phrases négatives ou interrogatives, ne se dit seul
au second membre, quand ce second membre est
négatif. Y a-t-il un homme dont elle ne médise?
Avez-vous un ami qui ne soit des miens? Je ne vois
personne qui ne vous loue. Don Rodrigue, surtout,
n'a trait en son visage Qui d'un homme de coeur
ne soit la haute image, CORN. Cid, 1, i. || 3° Ne se
dit seul quand l'étendue de la négation est restreinte
par quelque terme. Il ne lit guère. Je ne sortirai de
trois jours. Tout fut mis en morceaux; un seul n'en
échappa, LA FONT. Fabl. in, 13. U n'est demeure
plus secrète, ID. ib. x, 4. Chose n'est ici plus com-
mune : Le bien nous le faisons, le mal, c'est la for-
tune, ID. ib. vu, 14. y 4° Ne se dit seul avec autre
et que. Je n'ai d'autre désir que celui de vous être
utile. Il Mais on peut dire aussi : je n'ai pas d'autre
désir.... y 5" /Ve se dit seul, quand le mot que signifie
pourquoi, au commencement d'une phrase, ou quanti
il sert à exprimer un désir, à former une impré-
cation. Que n'êtes-vous arrivé plus tôt ! Que ne
m'est-il permis.... Que n'est-il encore vivant !
Il 6° Après depuis que ou il y a, suivi d'un mot
qui indique une certaine quantité de temps, on se
sert de ne seul, quand le verbe est au parfait. De-
puis que je ne l'ai vu. Il y a six mois que je ne lui
ai parlé. || Mais il faut pas ou point, si le verbe est
au présent; ce qui forme un sens tout différent. De-
puis que nous ne nous voyons pas. Il y a six mois
que nous ne nous voyons plus. || 7° Ne se dit seul
dans un membre de phrase gouverné par si, au sens
de à moins que. Je ne sortirai point, si vous ne me
venez prendre en voiture. || Cependant on dit aussi,
quoique moins bien : je ne sortirai pas si vous ne
venez pas me prendre en voiture. || 8° On se sert de
ne seul, lorsque deux négations sont jointes parnt. Je
ne l'estime ni ne l'aime. Heureux qui n'a ni dettes,
ni procès ! |{ On s'en sert aussi quand ni est redou-
blé, soit dans le sujet : Ni les biens ni les honneurs
ne valent la santé ; soit dans l'attribut : Il est avan-
tageux de n'être ni trop pauvre ni trop riche. || 9° C'est
ne seul qu'on emploie dans la tournure n'était, n'eût
été, qui se dit pour si ce n'était, si ce n'eût été.
Et je suivrais encore un si noble exercice, N'était
que l'autre hiver, faisant ici ma cour, Je vous vis
et je fus retenu par l'amour, CORN, le Ment. 1, 3.
Confessez-le, ma soeur, vous sauriez vous en taire,
N'était le testament du feu roi notre père, m. Pomp.
I, 3. Et n'eût été Léonce, en la dernière guerre,
Ce dessein avec lui serait tombé par terre, ID. Hé-
racl. 1, 1. Je le trouvais en vous, n'eût été la bas-
sesse Qui pour ce cher rival contre moi s'intéresse,
ID. Sertor. iv, 2. Je me soucierais peu de ce qu'ils
peuvent dire, n'était l'artifice MOL. Tart. Préface.
Il 10° Le plus ordinairement, ne, jugé insuffisant
par l'usage, est accompagné de pas ou point, ce
qui fait la négation complète; toutefois il ne faut
pas oublier que le sens négatif appartient à ne seu-
lement, et que pas et point sont des mots essen-
tiellement affirrnatifs. Il ne veut pas. Ne viendra-t-il
pas avec nous? Ne vendez point votre maison. || On
peut mettre indifféremment pas et point devant ou
après le verbe, s'il est à l'infiniLif : pour ne pas
souffrir, pour ne souffrir pas. Toutefois ia première
façon de parler est ia plus usitée. j| Dans temps
simples du verbe, pas et point doivent toujours sui-
vre le verbe. Il ne souffre point, fl ne souffrit pas.
Il Au contraire, dans les temps composés, ils se
mettent entre l'auxiliaire et le participe. Il n'a point
souffert II n'a pas chanté. || Pour la distinction en-
tre pas etpoint, voy. PAS. ||Lorsque ne n'est suivi
ni de pas ni de point ni d'aucun autre mot équiva-
lent, le sens de la proposition est moins négatif. Je
ne sais marque une ignorance moins absolue qua
je ne sais pas. || Quant aux différents emplois
de savoir avec ne, voy. SAVOIR. || 11° Les mots
personne, rien, goutte, jamais, mot, jouent avec
ne le même rôle que pas ou point. Je n'y con-
nais personne. Je ne le verrai jamais. Je n'y
vois goutte. Je ne demande rien. Je ne dis mot.
Il 12° Nul, qui est essentiellement négatif, est tou-
jours accompagné de ne, quand il n'est pas attribut
(autrement on ne met pas ne : ses moyens sont
nuls). Je n'ai nul souci. Je vous porterai tous, L'UL-
après l'autre, en ma retraite; Nul que Dieu seul el
moi n'en connaît les chemins, LA FONT. Fabl. x,
4. y 13° Ne.... pas.... ne.... pas, double'négation
qui affirme. Je ne puis pas ne pas croire qu'il en
est ainsi, c'est-à-dïre je suis forcé de croire qu'il
en est ainsi. Ces archers aux casaques peintes Ne
peuvent pas n'être surpris, Ayant à combattre les
feintes De tant d'infidèles esprits, MALH. II, i.
Il 14° JVe est dubitatif après les verbes craindre,
trembler, appréhender, avoir peur et expressions
analogues. Je crains qu'il ne pleuve. Je tremble
qu'il ne s'aperçoive de ma faute, etc. Dans ces
phrases, il n'y a aucune négation, et ne n'ex-
prime que le caractère dubitatif. || Quand le verbe
douter est négatif ou simplement interrogatif, on
emploie le ne dubitatif dans la seconde proposition,
à moins qu'on ne veuille exprimer une chose po-
sitive et en quelque sorte incontestable, comme :
Je ne doute pas que César ait été assassiné dans le
sénat. Doutez-vous que je sois votre ami?||De
même, lorsque le verbe de la proposition primor-
diale est nier ou l'un de ses équivalents discon-
venir, désespérer, employés négativement, on se
sert de la dubitative ne dans la proposition complé-
tive, à moins que cette proposition ne renferme au-
cune idée de doute, n'exprime un fait incontesta-
ble comme : Je ne nie pas qu'il y ait un Dieu. Je
ne nie pas que vous soyez heureux, LEGOARANT.
Il 15° ATe explétif après un compaiatif d'inégalité
suivi de que et d'une proposition complétive. Vous
écrivez mieux que vous ne parlez. Il est plus riche
qu'il ne l'était. Elle est plus belle que vous ne
croyez. Je pars plus amoureux que je ne fus ja-
mais, RAC. Bérén. 1, 4. Je vous entends ici mieux
que vous ne pensez, ID. Mithr. n, 4. Depuis l'inven-
tion de la poudre, les batailles sont beaucoup moins
sanglantes qu'elles n'étaient, parce qu'il n'y a pres-
que plus de mêlée, MONTSSQ. Lett. pers. 106. ||Le
caractère explétif de ce ne est prouvé par le latin qui
ne met point de négation : ditior est quam crat, il
est plus riche qu'il n'était. H Après les mêmes compa-
ratifs d'inégalité, si le premier membre est négatif,
le second d'ordinaire ne prend point le ne explétif.
Il n'est pas plus riche qu'il était. Vous n'écrivez pas
mieux que vous parlez. Ils n'ont point coutume d'en
désirer plus qu'ils en ont, DESC. Méth. 1,1. Je ne
crois pas qu'on puisse mieux danser qu'ils dansent,
MOL. Am. magn. 11, t. On n'en peut pas user
mieux que je fais, je pense, m. Tart. v, 4. On n'est
pas plus maître de toujours aimer qu'on l'a été de
ne pas aimer, LA BRUY. IV. Les rochers de Thes-
salie ne sont pas plus sourds ni plus insensibles aux
plaintes des amants désespérés que Télémaque l'était
à toutes ces offres, FÉN. dans GIRAULT-DUVIVIER.
Il Cependant des écrivains ont mis ce ne, et, quoi-
que des grammairiens aient noté cela comme
une faute, le caractère explétif de ce ne ne permet
pas, grammaticalement, de souscrire à leur déci-
sion. Cependant vous m'aviez fait une réponse, et
on ne peut avoir été mieux perdue qu'elle ne l'a
été, SÉV. dans GIRAULT-DUVIVIER. L'animal que l'on
appelle cujuacu-apara ne diffère pas plus de nolie
chevreuil que le cerf du Canada ne diffère de notre
cerf, BUFF. dans GIRAULT-DUVIVIER. Il Quand, avec des
comparatifs d'inégalité, la phrase exprime une vraie
égalité, il faut mettre le ne explétif. Vous n'écrivez
pas mieux que vous ne parlez, c'est-à-dire vous
écrivez aussi mal que vous parlez. L'existence de
Scipion ne sera pas plus deuteuse dans dix siècles
qu'elle ne l'est aujourd'hui, D'ALEMB. dans GIRAULT-
DUVIVIER. U Avec une phrase interrogative, sans né-
gation, on supprime le ne explétif, parce que c'e-t
une vraie inégalité qu'on veut exprimer. Puis-j
mieux servir un maître que j'ai servi don Garcicr
le Roman de Zaïde, dans GIRAULT-DUVIVIER. Croyez-
vous qu'un homme puisse être plus heureux que
vous l'êtes depuis trois mois? 3. 3. ROUSS. dans GI-
RAULT-DUVIVIER. Quel mortel fut jamais plus heu-
reux que vous l'êtes! VOLT. Zaïre, 1, 2. ||Si la
phrase exprime sous forme interrogative ce qui
aurait été exprimé sous forme négative, on n?ei
ne. L'oxistence de Scipion sera-t-elle plus douteuse
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