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NAU
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NAU
Tellement beaucoup de noblesse, d'élévation el de
grandeur d'âme, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. v, p. 191,
dans POUGENS. Naturellement l'homme ne pense
guère ; peuser est un art qu'il apprend comme tous
les autres et même plus difficilement, J. J. ROUSS.
Ém. v. || 2- Par le seul secours, par les seules for-
ces de lanalure, par opposition à surnaturellement.
Naturellement parlant, un mort ne peut revivre.
li Cela ne se fait pas naturellement, cela n'arrive
pas d'ordinaire. || Cela ne se fait pas naturellement,
se dit aussi quand on soupçonne quelque superche-
rie. Il a gagné toutes les parties, cela ne se fait pas
naturellement. || 3° Comme on doit s'y attendre par
une conséquence naturelle. On l'attaqua ; naturel-
lement, il se défendit. Je me suis trouvée naturel-
lement dans cette affaire par le plaisir que je pris
de lui dire [au maréchal d'Estrées] ce que vous me
mandiez de lui sur sa nouvelle dignité, SÉV. à
llussy, 24 juin 1681. ||4° De famille, de naissance.
.11 [le chancelier Pierre Séguier] ne laisse que soixante
el dix mille livres de rente : est-ce du bien pour un
homme qui a été quarante ans chancelier, et qui
était riche naturellement? sÉy. 3 fév. 1672.
|| 5° D'une manière naturelle, simple, facile. Voilà
le sens qui s'offre naturellement à l'esprit. Cela s'ex-
plique naturellement. Une espèce de fatalité veut
qu'en toul genre les méthodes ou les idées les plus
naturelles ne soient pas celles qui se présentent le
plus naturellement, FONTEN. l'Hôpital. || 6° D'une
manière naïve et propre à imiter la nature. Il con-
trefait les gens très-naturellement. || 7° Sans affec-
tation ni recherche. Parler, écrire naturellement.
Reconnaissez le héros, qui, toujours égal à lui-
même, sans se hausser pour' paraître grand, sans
s'abaisser pour être civil et obligeant, se trouve na-
turellement tout ce qu'il doit être envers tous les
hommes, BOSS. Louis de Bourbon. Le comhle de ma
bonne fortune, c'est que vous écrivez naturelle-
ment, et que votre esprit n'a pas besoin d'art : on
dit que votre figure est comme votre esprit,
VOLT. Lett. Mine de Beauharnais, 1772. Lorsque
nous disons que Racine, Despréaux, Bossuet et
Mme de Sévigné écrivent naturellement, nous
sommes portés à prendre ce mot dans un sens ab-
solu, comme si le naturel était le même dans tous
les genres, CONDILLAC, Art d'écr. iv, 6. Comment
faire parler naturellement un villageois, un homme
du peuple, sans blesser la délicatesse d'un homme
poli, cultivé? MARMONTEL, Élém. litt. OEuv. t. vu,
p. 91, dans POUGENS. || 8° Sans déguisement, avec
franchise. Cet homme ne va pas naturellement, il
dissimule. Répondez-moi naturellement. Pourquoi
me faire des excuses de mè parler naturellement?
MAINTENON, lett. d Aline de R. 11 oct. 1693. Dites-
moi naturellement comment vous la trouvez, GEN-
LIS, l'héât. d'éduc. Zélie, n, 4. || Naturellement
parlant, en parlant sans figure.
— HIST. xnie s. Naturaument, BRUN. LAT. Très.
p. 269. Naturelment, ID. ib. p. 260. ||xve s. Et
aujourd'hui [les enfants] se seulent encliner Natu-
relment à vie doleréuse, E. DESCH. Femme et en-
fants. || xvi" s. Naturellement il avoit le cueur
grand et convoiteux d'honneur, AMYOT, Fabius, 5.
Le naturel de l'homme est bien d'estre franc et de
le vouloir estre ; mais aussi sa nature est telle que
naturellement il tient le ply que la nourriture luy
donne, LA BOÉTIE, Servit, volont:
— ÉTYM.Naturelle, et le suffixe ment; prov.natu-
ralmenl, naturalmens; esp. et ital. naturalmente.
f NATURISME (na-tu-ri-sm'), s. m. Synonyme
de naturalisme. |] Terme de philosophie. Système
dans lequel la nature est considérée comme auteur
d'elle-même. || Terme de médecine. Système ou opi-
nion de ceux qui attribuent tout à la nature rnédi-
catrice, comme souverainement sage etprévoyante.
— ÊTYM. Nature.
| NATURISTE (na-tu-ri-sf), s. m. Médecin qui
pratique la médecine expectanle, c'est-à-dire qui
confie le sort du malade à la nature supposée tou-
jours conservatrice.
f NAUCLÉE (nô-klée), s. f. Genre de la famille
des rubiacées, composé d'arbrisseaux grimpants de
la Chine, de l'Inde, etc. On y distingue la nauclée
gambir de Hunter, uncarie gambir de Roxburgh, qui,
selon Thompson, fournit tout le kino du commerce.
NAUFRAGE (nô-fra-j'; du temps de Chifflet,
Gramm. p. 183, on prononçait naufrage; du temps
de Palsgrave on écrivait • et prononçait naufraige),
s. m. || 1° Perte d'un vaisseau sur une côte de mer,
sur un banc de sable, sur un écueil, etc. Alger sera
toujours pour moi partout où vous serez; et, quoi-
que je sois à Rruxelles, je ne fus jamais plus près
de la captivité et du naufrage, VOIT. Lett. 60. Il
vendit son troupeau, Trafiqua de l'argent, le mit
entier sur l'eau ; Cet argent périt par naufrage, LA
FONT. Fabl. iv, 2. Ceux qui sont échappés du nau-
frage disent un éternel adieu à la mer et aux vais-
seaux, BOSS. fleiîie d'Anglet. Un navire qui venait
de faire naufrage, FÉN. Tél. I. Les Romains, qui
faisaient des lois pour tout l'univers, en avaient de
très-humaines sur les naufrages, MONTESQ. is'sp. xxi,
17. Echappée au naufrage, [une urne] elle est près de
ces lieux, VOLT. Oreste, u, l. || Faire naufrage au port,
échouer quand on est hors de péril et qu'on est ar-
rivé; et fig. réussir mal sur la fin de quelque affaire.
Vous qui l'estimez tant, allez lui rendre hommage;
Mais songez .qu'au port même il peut faire nau-
frage, CORN. Pomp. i, 3. || 2° Il se dit aussi des bâti-
ments et barques qui naviguent sur les lacs et les
rivières. La gabare heurta contre une pile du pont
et fit naufrage. || 3° Fig. Perte, malheur, chute
morale, ô beauté, qui de mes amours Êtes le port
et le naufrage, MALH. V, 16. Pour suivre Cléopatre,
il quitta son bonheur, Et, s'embarquant ainsi, fit
naufrage d'honneur, TRISTAN, Mariane, i, 3. Me
voici rembarqué sur la mer amoureuse, Moi pour
qui tant de fois elle fut malheureuse, Qui ne suis
pas encor du naufrage essuyé, LA FONT. Poésies
mêlées, xxxvi. Vos réflexions sont tristes et justes
sur la déroute de la maison de Créquy.... mais il y
a un petit Blanchefort, resté du naufrage.... affligé,
sans être abattu, des malheurs de sa maison, SÉV.
26 avr. 1687. Faut-il vous représenter et le péril de
ce sexe [les femmes], et les suites dangereuses de
sa pauvreté, l'écueil le plus ordinaire où sa pudeur
fait naufrage? BOSS. Sermons, Sepluag. 2. Lorsque le
juge veut s'agrandir et qu'il change en une souplesse
de coeur le rigide et inexorable ministère de la jus-
tice, il fait naufrage contre ces écueils [déchirer la
loi], m. le Tellier. Siècle vainement subtil, où tant
d'âmes insensées cherchent leur repos dans le nau-
frage de la foi, ID. Anne de Gong. Cette mer où tu
cours est célèbre en naufrages, BOIL. Épître i. Aussi
bien, que ferais-je en ce commun naufrage ? RAC.
Théb. n, 2. Leur coeur était corrompu, avant que
leur foi fît naufrage, MASS. Carême, Avenir. La vo-
cation vient échouer et faire un triste naufrage, ID.
Profess. relig. 2. Dans le grand naufrage des sys-
tèmes, VOLT. Dict. phil. Dieu, dieux. Ce peu de
nos amis qui, dans un tel orage, Pourraient encor
sauver les débris du naufrage, ID. Mérope, n, 3.
Dans nos discords j'ai fait plus d'un naufrage,
Sans jamais fuir la France et son doux ciel, BÉ-
FIANG. le Bon vieillard. Qu'elle [la patrie] se relève
à jamais Du grand naufrage de la Loire, ID. Ch.
d'asile. || Le naufrage du temps, l'oubli que le temps
amène dans la mémoire des hommes. Garantissez
du naufrage du temps Les noms fameux et les faits
éclatants, J. B. ROUSS. Ép. ire.
— HIST. xvie s. Eusse je, o souverain, comme le
second père, Au naufrage du monde une arche à
me sauver! DESPORTES, OEuvres chresliennes, Son-
nets, 9. Cest estranger, pauvre, chetif, et nu, Un
vif naufrage à ma rive venu, RONS. 637. Les costes
et rivages d'alenviron par plusieurs jours furent
pleins et semez de corps morts et de naufrages que
les vagues de la mer y jetterent, AMYOT, Lucul. 24. Il
n'avoit à gouverner que les reliques du naufrage de
son pals. — X dire la vérité, Demades estoit luy-
mesme le naufrage [la perte] de sa ville, ID. Phoc.
i. Demetrius se retira en la Grèce, en intention de
recueillir et ramasser encore les pièces et reliques
de son naufrage, ID. Démet. 63. Leur chef assas-
siné ; et (qui arrachoit plus l'espérance que tout)
un grand nauffrage des courages et volontez, D'AUB.
Hist. n, 484.
— ÉTYM. Lat. .naufragium, de navis, nef, et
frangere, briser (voy. FRAGILE). Naufrage s'est dit
.pour naufragé : Je semble dépiter [braver], nau-
frage audacieux, L'infortune.... RÉGNIER, Sat. vu.
NAUFRAGÉ, ÉE (nô-fra-jé, jée), adj. Qui a essuyé
un naufrage, soit personne, soit chose. Des ma-
rins naufragés. Un navire naufragé. Qu'auraient dit
de nous les Chinois, s'ils eussent fait naufrage sur
nos côtes maritimes dans le temps où les lois des
nations de l'Europe confisquaient les effets naufra-
gés, et que la coutume permettait qu'on égorgeât
les propriétaires? VOLT. Moeurs, 1.1| S. m. Un nau-
fragé. De malheureux naufragés.
— ÉTYM. Naufrage.
| 1. NAUFRAGER (nô-fra-jé. Le g prend un e de-
vant a et o : il naufragea), v. n. Faire naufrage.
— REM. Ce mot, qui s'entend de soi et qui est
soutenu par naufragé, a vieilli, mais il mériterait
d'être repris.
— HIST. xvie s Comme les vents siflans en voile et
tref [mât] Font nauffragier souvent la povre nef....
j. MAROT, V, 200.
— ÉTYM. Naufrage; ital. naufragar.
12. NAUFRAGER, ÈRE (nô-fia-jè, jè-r'), adj
Sujet à faire naufrage. Une barque naufragère.
— REM. Ce mot élégant et poétique mériterait
d'être repris.
—HIST. xvie s. Voilà du bois et des outils assez
Pour tes carreaux rudement compassés, Dont tu
bastis ta barque naufragère, RONS. 947.
NAULAGE (nô-la-j'), s. m. Terme de marine.
Synonyme de fret, dans la Méditerranée. || On dit
aussi nolis, anciennement naulis : Vous êtes quitte
à lui quand vous lui avez payé son naulis, MALH.
dans VAUGEL. NOUV. rem. p. 263, dans POUGENS.
— HIST. xvie s. Je perdrais le naulage que je paye
aux mariniers, AMYOT, Que la vertu se peut ap-
prendre, 6. En vain tendons les mains vers le nau-
tonnier sourd; Nous n'avons un quatrin pour payer
le naulage, DO BELLAY, V, 8, recto.
— ÉTYM. Dérivé de l'ancien français naule, qui
vient du latin naulum; grec, vaîXov, fret, de vaùç,
nef; provenç. naulage.
t NAULIS' (nô-11), s. m. Voy. NAULAGE.
NAUMACIHE (nô-ma-chie), s. f. || 1° Spectacle
d'un combat naval chez les anciens Romains. ||2°Lieu
où se donnait ce spectacle.
— ÊTYM. Lat. naumachia, de vaup.ocYja> de vaù;,
nef, et piyeaOai, combattre.
t NAUSCOPE (nô-sko-p'), s. m. Terme de marine.
Instrument pour découvrir les vaisseaux à une très-
grande distance.
— ÉTYM. Naùç, nef, et axonscv, voir.
NAUSÉAROND, ONDE ( nô-zé-a-bon, bon-d'),
adj. Qui cause des nausées. Une odeur nauséa-
bonde. La saveur n'était plus acide, elle était au
contraire nauséabonde et iade,FOURCROY et VAIIQUF.-
LIN, Instit. Mém. scienc. t.vi, p. 339. || Fig. Qui déplaît
en excitant le dégoût. Ces détails sont nauséabonds.
— REM. Nauséabond n'est dans le Dictionnaire
de l'Académie que depuis l'édition de 1836.
— ÉTYM. Lat. nauseabundus, de nausea, nausée.
NAUSÉE (nô-zée), s. f. || 1° Sensation éprouvée
par ceux qui, n'ayant pas l'habitude de la naviga-
tion, sont tourmentés d'envie de vomir. || 2° Envie
de vomir en général. Les nausées précèdent le vo-
missement. || 3° Fig. Dégoût qu'inspirent dans l'or-
dre intellectuel ou moral les choses fastidieuses ou
honteuses. U ne nous est pas libre d'éprouver ou
non des nausées à son aspect, DIDER. Rech. philos,
sur le beau, OEuv. t. n, p. 472, dans POUGENS.
Voilà je ne sais combien de fois que je prends la
plume pour faire l'article Marin, et la remets dans
l'encrier; à quoi bon ces délais? malgré la nausée,
il faut toujours y venir, BEAUMARCH. 4e mémoire.
— HIST. xvi" s. X cause d'ung estouffement, qui
luy estoit ordinaire, que les médecins appellent
nausée ; car il ne trouvoit goust en viande quel-
conque, CARL01X, vi, 60.
— ÉTYM. Lat. nausea, de vaocrfa, mal de mer,
de vaùç, nef.
tNAUSÉEUX, EUSE (nô-zé-eû, eû-z'), adj. Terme
de médecine. Qui a rapport aux nausées. Efforts
nauséeux, ceux qui accompagnent la sensation de
nausée sans amener le vomissement.
f NAUTIER (nô-tiê), s. m. Terme de pêche. Sorte
de couteau dont les pêcheurs de morue se servent
pour ôter les noues.
— ÉTYM. Noue 3.
NAUTILE (nô-ti-f), s. m. || 1° Mollusque testacé à
coquille divisée en plusieurs cellules, appartenant
à l'ordre des céphalopodes. On y distingue le nau-
tile flambé, très-belle coquille nacrée, de 16 à 20
centimètres, commune dans la mer des Indes, sur-
tout aux Moluques, et le nautile ombiliqué, plus
rare que le précédent. Le nautile ressemble si bien
à une gondole, et il sait si bien gouverner son petit
vaisseau, qu'on a cru qu'il avait enseigné à l'homme
l'art de naviguer, BONNET, Contempl. nat. x, 25.
On sait que les nautiles, remplissant ou vidant une
partie de leurs coquilles, ont la faculté de se tenir à
la profondeur d'eau qu'ils désirent, LA PÊRODSE, Voy
t. iv, p. 136, dans POUGENS. || 2° Nautile papyiacé
nom donné abusivement à l'argonaute, dont la ce
quille estmonothalame, c'est-à-dire à une seule loge,
tandis que celle des nautiles est polythalarhe,c'est-à-
dire divisée en plusieurs cellules. f| Nautile à large
carène, nom impropre donné à l'argonaute béante.
Il Nautile à grains de riz, nom improprement donné
à l'argonaute tuberculée, LEGOARANT. (| 3° Sorte de
grosse ceinture en tissu imperméable, remplie d'air
et maintenue gonflée à l'aide d'anneaux en fil de fer.
— ÉTYM. NaOvO.o',, dérivé de vauç, uef.
NAU
NAU
NAU
Tellement beaucoup de noblesse, d'élévation el de
grandeur d'âme, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. v, p. 191,
dans POUGENS. Naturellement l'homme ne pense
guère ; peuser est un art qu'il apprend comme tous
les autres et même plus difficilement, J. J. ROUSS.
Ém. v. || 2- Par le seul secours, par les seules for-
ces de lanalure, par opposition à surnaturellement.
Naturellement parlant, un mort ne peut revivre.
li Cela ne se fait pas naturellement, cela n'arrive
pas d'ordinaire. || Cela ne se fait pas naturellement,
se dit aussi quand on soupçonne quelque superche-
rie. Il a gagné toutes les parties, cela ne se fait pas
naturellement. || 3° Comme on doit s'y attendre par
une conséquence naturelle. On l'attaqua ; naturel-
lement, il se défendit. Je me suis trouvée naturel-
lement dans cette affaire par le plaisir que je pris
de lui dire [au maréchal d'Estrées] ce que vous me
mandiez de lui sur sa nouvelle dignité, SÉV. à
llussy, 24 juin 1681. ||4° De famille, de naissance.
.11 [le chancelier Pierre Séguier] ne laisse que soixante
el dix mille livres de rente : est-ce du bien pour un
homme qui a été quarante ans chancelier, et qui
était riche naturellement? sÉy. 3 fév. 1672.
|| 5° D'une manière naturelle, simple, facile. Voilà
le sens qui s'offre naturellement à l'esprit. Cela s'ex-
plique naturellement. Une espèce de fatalité veut
qu'en toul genre les méthodes ou les idées les plus
naturelles ne soient pas celles qui se présentent le
plus naturellement, FONTEN. l'Hôpital. || 6° D'une
manière naïve et propre à imiter la nature. Il con-
trefait les gens très-naturellement. || 7° Sans affec-
tation ni recherche. Parler, écrire naturellement.
Reconnaissez le héros, qui, toujours égal à lui-
même, sans se hausser pour' paraître grand, sans
s'abaisser pour être civil et obligeant, se trouve na-
turellement tout ce qu'il doit être envers tous les
hommes, BOSS. Louis de Bourbon. Le comhle de ma
bonne fortune, c'est que vous écrivez naturelle-
ment, et que votre esprit n'a pas besoin d'art : on
dit que votre figure est comme votre esprit,
VOLT. Lett. Mine de Beauharnais, 1772. Lorsque
nous disons que Racine, Despréaux, Bossuet et
Mme de Sévigné écrivent naturellement, nous
sommes portés à prendre ce mot dans un sens ab-
solu, comme si le naturel était le même dans tous
les genres, CONDILLAC, Art d'écr. iv, 6. Comment
faire parler naturellement un villageois, un homme
du peuple, sans blesser la délicatesse d'un homme
poli, cultivé? MARMONTEL, Élém. litt. OEuv. t. vu,
p. 91, dans POUGENS. || 8° Sans déguisement, avec
franchise. Cet homme ne va pas naturellement, il
dissimule. Répondez-moi naturellement. Pourquoi
me faire des excuses de mè parler naturellement?
MAINTENON, lett. d Aline de R. 11 oct. 1693. Dites-
moi naturellement comment vous la trouvez, GEN-
LIS, l'héât. d'éduc. Zélie, n, 4. || Naturellement
parlant, en parlant sans figure.
— HIST. xnie s. Naturaument, BRUN. LAT. Très.
p. 269. Naturelment, ID. ib. p. 260. ||xve s. Et
aujourd'hui [les enfants] se seulent encliner Natu-
relment à vie doleréuse, E. DESCH. Femme et en-
fants. || xvi" s. Naturellement il avoit le cueur
grand et convoiteux d'honneur, AMYOT, Fabius, 5.
Le naturel de l'homme est bien d'estre franc et de
le vouloir estre ; mais aussi sa nature est telle que
naturellement il tient le ply que la nourriture luy
donne, LA BOÉTIE, Servit, volont:
— ÉTYM.Naturelle, et le suffixe ment; prov.natu-
ralmenl, naturalmens; esp. et ital. naturalmente.
f NATURISME (na-tu-ri-sm'), s. m. Synonyme
de naturalisme. |] Terme de philosophie. Système
dans lequel la nature est considérée comme auteur
d'elle-même. || Terme de médecine. Système ou opi-
nion de ceux qui attribuent tout à la nature rnédi-
catrice, comme souverainement sage etprévoyante.
— ÊTYM. Nature.
| NATURISTE (na-tu-ri-sf), s. m. Médecin qui
pratique la médecine expectanle, c'est-à-dire qui
confie le sort du malade à la nature supposée tou-
jours conservatrice.
f NAUCLÉE (nô-klée), s. f. Genre de la famille
des rubiacées, composé d'arbrisseaux grimpants de
la Chine, de l'Inde, etc. On y distingue la nauclée
gambir de Hunter, uncarie gambir de Roxburgh, qui,
selon Thompson, fournit tout le kino du commerce.
NAUFRAGE (nô-fra-j'; du temps de Chifflet,
Gramm. p. 183, on prononçait naufrage; du temps
de Palsgrave on écrivait • et prononçait naufraige),
s. m. || 1° Perte d'un vaisseau sur une côte de mer,
sur un banc de sable, sur un écueil, etc. Alger sera
toujours pour moi partout où vous serez; et, quoi-
que je sois à Rruxelles, je ne fus jamais plus près
de la captivité et du naufrage, VOIT. Lett. 60. Il
vendit son troupeau, Trafiqua de l'argent, le mit
entier sur l'eau ; Cet argent périt par naufrage, LA
FONT. Fabl. iv, 2. Ceux qui sont échappés du nau-
frage disent un éternel adieu à la mer et aux vais-
seaux, BOSS. fleiîie d'Anglet. Un navire qui venait
de faire naufrage, FÉN. Tél. I. Les Romains, qui
faisaient des lois pour tout l'univers, en avaient de
très-humaines sur les naufrages, MONTESQ. is'sp. xxi,
17. Echappée au naufrage, [une urne] elle est près de
ces lieux, VOLT. Oreste, u, l. || Faire naufrage au port,
échouer quand on est hors de péril et qu'on est ar-
rivé; et fig. réussir mal sur la fin de quelque affaire.
Vous qui l'estimez tant, allez lui rendre hommage;
Mais songez .qu'au port même il peut faire nau-
frage, CORN. Pomp. i, 3. || 2° Il se dit aussi des bâti-
ments et barques qui naviguent sur les lacs et les
rivières. La gabare heurta contre une pile du pont
et fit naufrage. || 3° Fig. Perte, malheur, chute
morale, ô beauté, qui de mes amours Êtes le port
et le naufrage, MALH. V, 16. Pour suivre Cléopatre,
il quitta son bonheur, Et, s'embarquant ainsi, fit
naufrage d'honneur, TRISTAN, Mariane, i, 3. Me
voici rembarqué sur la mer amoureuse, Moi pour
qui tant de fois elle fut malheureuse, Qui ne suis
pas encor du naufrage essuyé, LA FONT. Poésies
mêlées, xxxvi. Vos réflexions sont tristes et justes
sur la déroute de la maison de Créquy.... mais il y
a un petit Blanchefort, resté du naufrage.... affligé,
sans être abattu, des malheurs de sa maison, SÉV.
26 avr. 1687. Faut-il vous représenter et le péril de
ce sexe [les femmes], et les suites dangereuses de
sa pauvreté, l'écueil le plus ordinaire où sa pudeur
fait naufrage? BOSS. Sermons, Sepluag. 2. Lorsque le
juge veut s'agrandir et qu'il change en une souplesse
de coeur le rigide et inexorable ministère de la jus-
tice, il fait naufrage contre ces écueils [déchirer la
loi], m. le Tellier. Siècle vainement subtil, où tant
d'âmes insensées cherchent leur repos dans le nau-
frage de la foi, ID. Anne de Gong. Cette mer où tu
cours est célèbre en naufrages, BOIL. Épître i. Aussi
bien, que ferais-je en ce commun naufrage ? RAC.
Théb. n, 2. Leur coeur était corrompu, avant que
leur foi fît naufrage, MASS. Carême, Avenir. La vo-
cation vient échouer et faire un triste naufrage, ID.
Profess. relig. 2. Dans le grand naufrage des sys-
tèmes, VOLT. Dict. phil. Dieu, dieux. Ce peu de
nos amis qui, dans un tel orage, Pourraient encor
sauver les débris du naufrage, ID. Mérope, n, 3.
Dans nos discords j'ai fait plus d'un naufrage,
Sans jamais fuir la France et son doux ciel, BÉ-
FIANG. le Bon vieillard. Qu'elle [la patrie] se relève
à jamais Du grand naufrage de la Loire, ID. Ch.
d'asile. || Le naufrage du temps, l'oubli que le temps
amène dans la mémoire des hommes. Garantissez
du naufrage du temps Les noms fameux et les faits
éclatants, J. B. ROUSS. Ép. ire.
— HIST. xvie s. Eusse je, o souverain, comme le
second père, Au naufrage du monde une arche à
me sauver! DESPORTES, OEuvres chresliennes, Son-
nets, 9. Cest estranger, pauvre, chetif, et nu, Un
vif naufrage à ma rive venu, RONS. 637. Les costes
et rivages d'alenviron par plusieurs jours furent
pleins et semez de corps morts et de naufrages que
les vagues de la mer y jetterent, AMYOT, Lucul. 24. Il
n'avoit à gouverner que les reliques du naufrage de
son pals. — X dire la vérité, Demades estoit luy-
mesme le naufrage [la perte] de sa ville, ID. Phoc.
i. Demetrius se retira en la Grèce, en intention de
recueillir et ramasser encore les pièces et reliques
de son naufrage, ID. Démet. 63. Leur chef assas-
siné ; et (qui arrachoit plus l'espérance que tout)
un grand nauffrage des courages et volontez, D'AUB.
Hist. n, 484.
— ÉTYM. Lat. .naufragium, de navis, nef, et
frangere, briser (voy. FRAGILE). Naufrage s'est dit
.pour naufragé : Je semble dépiter [braver], nau-
frage audacieux, L'infortune.... RÉGNIER, Sat. vu.
NAUFRAGÉ, ÉE (nô-fra-jé, jée), adj. Qui a essuyé
un naufrage, soit personne, soit chose. Des ma-
rins naufragés. Un navire naufragé. Qu'auraient dit
de nous les Chinois, s'ils eussent fait naufrage sur
nos côtes maritimes dans le temps où les lois des
nations de l'Europe confisquaient les effets naufra-
gés, et que la coutume permettait qu'on égorgeât
les propriétaires? VOLT. Moeurs, 1.1| S. m. Un nau-
fragé. De malheureux naufragés.
— ÉTYM. Naufrage.
| 1. NAUFRAGER (nô-fra-jé. Le g prend un e de-
vant a et o : il naufragea), v. n. Faire naufrage.
— REM. Ce mot, qui s'entend de soi et qui est
soutenu par naufragé, a vieilli, mais il mériterait
d'être repris.
— HIST. xvie s Comme les vents siflans en voile et
tref [mât] Font nauffragier souvent la povre nef....
j. MAROT, V, 200.
— ÉTYM. Naufrage; ital. naufragar.
12. NAUFRAGER, ÈRE (nô-fia-jè, jè-r'), adj
Sujet à faire naufrage. Une barque naufragère.
— REM. Ce mot élégant et poétique mériterait
d'être repris.
—HIST. xvie s. Voilà du bois et des outils assez
Pour tes carreaux rudement compassés, Dont tu
bastis ta barque naufragère, RONS. 947.
NAULAGE (nô-la-j'), s. m. Terme de marine.
Synonyme de fret, dans la Méditerranée. || On dit
aussi nolis, anciennement naulis : Vous êtes quitte
à lui quand vous lui avez payé son naulis, MALH.
dans VAUGEL. NOUV. rem. p. 263, dans POUGENS.
— HIST. xvie s. Je perdrais le naulage que je paye
aux mariniers, AMYOT, Que la vertu se peut ap-
prendre, 6. En vain tendons les mains vers le nau-
tonnier sourd; Nous n'avons un quatrin pour payer
le naulage, DO BELLAY, V, 8, recto.
— ÉTYM. Dérivé de l'ancien français naule, qui
vient du latin naulum; grec, vaîXov, fret, de vaùç,
nef; provenç. naulage.
t NAULIS' (nô-11), s. m. Voy. NAULAGE.
NAUMACIHE (nô-ma-chie), s. f. || 1° Spectacle
d'un combat naval chez les anciens Romains. ||2°Lieu
où se donnait ce spectacle.
— ÊTYM. Lat. naumachia, de vaup.ocYja> de vaù;,
nef, et piyeaOai, combattre.
t NAUSCOPE (nô-sko-p'), s. m. Terme de marine.
Instrument pour découvrir les vaisseaux à une très-
grande distance.
— ÉTYM. Naùç, nef, et axonscv, voir.
NAUSÉAROND, ONDE ( nô-zé-a-bon, bon-d'),
adj. Qui cause des nausées. Une odeur nauséa-
bonde. La saveur n'était plus acide, elle était au
contraire nauséabonde et iade,FOURCROY et VAIIQUF.-
LIN, Instit. Mém. scienc. t.vi, p. 339. || Fig. Qui déplaît
en excitant le dégoût. Ces détails sont nauséabonds.
— REM. Nauséabond n'est dans le Dictionnaire
de l'Académie que depuis l'édition de 1836.
— ÉTYM. Lat. nauseabundus, de nausea, nausée.
NAUSÉE (nô-zée), s. f. || 1° Sensation éprouvée
par ceux qui, n'ayant pas l'habitude de la naviga-
tion, sont tourmentés d'envie de vomir. || 2° Envie
de vomir en général. Les nausées précèdent le vo-
missement. || 3° Fig. Dégoût qu'inspirent dans l'or-
dre intellectuel ou moral les choses fastidieuses ou
honteuses. U ne nous est pas libre d'éprouver ou
non des nausées à son aspect, DIDER. Rech. philos,
sur le beau, OEuv. t. n, p. 472, dans POUGENS.
Voilà je ne sais combien de fois que je prends la
plume pour faire l'article Marin, et la remets dans
l'encrier; à quoi bon ces délais? malgré la nausée,
il faut toujours y venir, BEAUMARCH. 4e mémoire.
— HIST. xvi" s. X cause d'ung estouffement, qui
luy estoit ordinaire, que les médecins appellent
nausée ; car il ne trouvoit goust en viande quel-
conque, CARL01X, vi, 60.
— ÉTYM. Lat. nausea, de vaocrfa, mal de mer,
de vaùç, nef.
tNAUSÉEUX, EUSE (nô-zé-eû, eû-z'), adj. Terme
de médecine. Qui a rapport aux nausées. Efforts
nauséeux, ceux qui accompagnent la sensation de
nausée sans amener le vomissement.
f NAUTIER (nô-tiê), s. m. Terme de pêche. Sorte
de couteau dont les pêcheurs de morue se servent
pour ôter les noues.
— ÉTYM. Noue 3.
NAUTILE (nô-ti-f), s. m. || 1° Mollusque testacé à
coquille divisée en plusieurs cellules, appartenant
à l'ordre des céphalopodes. On y distingue le nau-
tile flambé, très-belle coquille nacrée, de 16 à 20
centimètres, commune dans la mer des Indes, sur-
tout aux Moluques, et le nautile ombiliqué, plus
rare que le précédent. Le nautile ressemble si bien
à une gondole, et il sait si bien gouverner son petit
vaisseau, qu'on a cru qu'il avait enseigné à l'homme
l'art de naviguer, BONNET, Contempl. nat. x, 25.
On sait que les nautiles, remplissant ou vidant une
partie de leurs coquilles, ont la faculté de se tenir à
la profondeur d'eau qu'ils désirent, LA PÊRODSE, Voy
t. iv, p. 136, dans POUGENS. || 2° Nautile papyiacé
nom donné abusivement à l'argonaute, dont la ce
quille estmonothalame, c'est-à-dire à une seule loge,
tandis que celle des nautiles est polythalarhe,c'est-à-
dire divisée en plusieurs cellules. f| Nautile à large
carène, nom impropre donné à l'argonaute béante.
Il Nautile à grains de riz, nom improprement donné
à l'argonaute tuberculée, LEGOARANT. (| 3° Sorte de
grosse ceinture en tissu imperméable, remplie d'air
et maintenue gonflée à l'aide d'anneaux en fil de fer.
— ÉTYM. NaOvO.o',, dérivé de vauç, uef.
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