684
NAÏ NAÎ NAT
ger qu'en grant eau, COTGRAVE. Il ne faut appren-
dre aux poissons à nager, m.
— ÉTYM. Hainaut, nanger ; picard, nanger, lan-
ger, larger. On le tire du latin navigare, naviguer.
Il est certain qu'un des sens primitifs de nager est
naviguer; cela doit faire passer sur la difficulté de
tirer nager ou nagier de navigare; le provençal dit
naveiar, le-français devrait avoir une forme analo-
gue : naveier. Du sens d'un vaisseau qui navigue,
flotte sur l'eau, à celui d'un homme qui nage, le
passage est facile. Le vieux français avait aussi neer,
naviguer : xue s. Cil vait par haute mer néant,
Grég. le Grand, p. 26. Neer vient de ïiotai-e. Il
a lait aussi nouer, qui vient également de nature,
mais par une forte altération de la voyelle.
yNAGERET (na-je-rè), s. m. Terme de chasse.
Petit bateau pour chasser le gibier d'eau.
— ÉTYM. Nager.
NAGEUR,EUSE (na-jeur, jeû-z'), s. m. et f. ||Ie Ce-
lui, celle qui nage. || 2° Terme de marine. Ra-
meur.||3° Adj". Oiseau nageur, seditdes palmipèdes
qui ont des pieds dont les doigts sont unis par une
membrane. ||S.?n. pi. Les nageurs, famille de quadru-
pèdes rongeurs dont les doigts des pattes de derrière
sont réunis par une membrane. || Serpent nageur,
la couleuvre à collier, tropidonotus natrix, Kuhl.
— HIST. xme s. Il avoit bien ccc. nageurs en sa
galie, et à chascun de ses nageurs avoit une targe
[écu] de ses armes, JOINV. 216. ||xvies. Un soldat de
Niort, grand naieur, m'a conté.... D'AUB. Hist. n,
468. Comme un nageur venant du profond de son
plonge, Tous sortent de la mort comme l'on sort
d'un songe, ID. Tragiques, Jugement. Bon nageur de
n'estre noyé n'est pas seur, LEROUX DE LINCY, Prov.
t. u, p. 262. Crates disoit des escripts de Heraclitus,
qu'ils avoient besoing d'un lecteur bon nageur, afin
que la profondeur et poids de sa doctrine ne l'en-
gloutist et suffoquast, MONT, IV, 236..
— ÉTYM. Nager. On trouve aussi noueur, au xme
siècle, pour rameur.
y NAGOR (na-gor), s. m. Nom vulgaire et spéci-
fique de l'antilope nagor, qui est l'antilope crochue
de certains auteurs.
NAGUÈRE ou NAGUÈRES (na-ghè-r'), adv. Il y
a peu de temps. Est-ce lui qui naguère aux dépens
de sa vie Sauva des ennemis votre empereur Dé-
cie ? CORN. Poly. i, 3. L'ombre avec la lumière y
peut tracer souvent [dans une lunette astronomi-
que] Un homme, un boeuf, un éléphant : Naguère
l'Angleterre y vit chose pareille, LA FONT. Fabl. vn,
18. Le grand désir de vous voir un enfant Vous
transportait naguère d'allégresse, m. Mandrag. Un
roi qui naguère, avec quelque apparence, De l'au-
rore au couchant portait son espérance.... RAC.
Mithr. ni, l. Ceux qui naguère étaient de petits
tyrans dans leurs provinces ou dans les places fron-
tières, n'en étaient plus que les gouverneurs, HA-
MILT. Gramm. 6.
— REM. Naguère d'après Marguerite Buffet, Ob-
seru.p. 62, en 1668, était un mot suranné; il
fallait dire depuis peu. Purisme sans raison; car les
meilleurs auteurs employaient le mot qui est resté
en usage, surtout en poésie et dans le style relevé.
— HIST. xme s. N'a encor gueres qu'il cuida Tel
engingnier qui l'engingna, Ren. 2166. || xve s. Gens
qui nagueres avoient esté leurs ennemys, COMM. V,
9. Comme n'a guieres seïsse en mon estude.... me
prindrent diverses ymaginacions moult parfondes,
CHASTELAIN, Exposit. sur vérité mal prise. Il devint
amoureux d'une jeune demoiselle, qui nagueres es-
toit mariée, LOUIS xi, Nouv. XLVin. || xvie s. Elle
avoit de nagueres fait divorce avec son mary,
AMYOT, Sylla, 72.
— ÉTYM. Adverbe composé de trois mots : ne, a,
guère, c'est-à-dire il n'y a guère [de temps].
NAÏADE (na-ia-d'), s. f. || Ie Divinité inférieure
qui, suivant le polythéisme, présidait aux fon-
taines et aux rivières. Je ne me déclare caution
que de l'histoire du fleuve en colère [le Rhin], que
j'ai apprise d'une de ses naïades qui s'est réfugiée
dans la Seine, BOIL. Ép. iv, Passage du Rhin, au
lecteur. Il [le dieu du Rhin] se trouble, il regarde,
et partout sur ses rives II voit fuir à grands pas ses
naïades craintives, ID. Ép. iv. Je sais, quand le
midi leur fait désirer l'ombre, Entrer à pas muets
•sous le roc frais et sombre, D'où parmi le cresson
et l'humide gravier La naïade se fraie un oblique
sentier, A. CHÉN. Idylle, fragment. || Fig. Ce serait à
ceux qui ont des millions de quarante écus de rente,
à se charger de ce grand ouvrage [amener l'Yvette
à Paris]; mais l'incertitude du succès les effraie,
le travail les rebute, et les filles de l'opéra l'em-
portent sur les naïades de l'Yvette, VOLT. Lett. de
Parcieux, I7juin 1768. || 2° Terme de botanique.
Genre de plantes aquatiques, monocotylédones, fa-
mille des naïadées. || 3° S. f. pi. Terme de zoologie.
Famille de mollusques comprenant les conchifères
des eaux douces. || Se dit aussi de certaines arai-
gnées qui plongent dans l'eau. || Genre de vers aqua-
tiques. Il a vu de ces vers d'eau douce apodes, qu'il
nomme assez improprement des naïades, qui mul-
tipliaient sous ses yeux par division naturelle, BON-
NET, OEuv. t. xn, p. 141, dans POUGENS.
— ÉTYM. Lat. naias, du grec vaïàç, vïiïàç, de
vâeiv, couler. Au contraire, Kuhn, Zschr. f. vergl.
Sprachf. t. i,f p. 636, rattache vatà; au sanscrit
ndvyâs, les eaux des nuées, c'est-à-dire les navi-
gantes, les nuages étant nommés dans le Véda nouas,
vaisseaux.
f NAÏADÉES (na-ia-dee/, s. f. pi. Terme de bo-
tanique. Nom d'une famille de plantes monocotylé-
dones qui croissent dans l'eau ou nagent à sa
surface; elles ont des feuilles alternes, souvent em-
brassantes à leur base.
— ÉTYM. Naïade.
NAÏF, 1VE (na-ïf, i-v'. Au pluriel, qu'il écrivait
naïfz, le xvï° siècle prononçait na-ï, sans f, 3. PEL-
LETIER, dans LIVET, la Gramm. franc, p. 148), adj.
i| 1° Natif (vieilli en ce sens). Une couleur de roses...
avait... Rehaussé de son teint la naïve blancheur,
LA FONT. Climène, Comédie. || En termes de lapidaire,
pointe naïve,diamantqui,naturellement et sans taille,
offre une forme pyramidale. || 2° Fig. Qui retrace
simplement la vérité, la nature, sans artifice et sans
effort. Faire une description, une peinture, une rela-
tion naïve. L'attitude, la pose de cette statue est
naïve. Jacques Amyot, plus connu par sa naïve tra-
duction de Plutarque que par cette ambassade, VOLT.
Afoeurs, 172. || 3° Fig. Oui est gracieusement inspiré
par le sentiment. Une beauté naïve. Les grâces naïves
de l'enfance.... X cet air si naïf croirait-on qu'elle y
touche? REGNARD, le Distr. i, 4. La nature naïve
anime ses discours, VOLT. Zaïre, iv, 3. J'estime ta
valeur Et de ton coeur ouvert la naïve candeur, ID.
Scythes, n, 2. Tout ce qui est vrai n'est pas naïf:
mais tout ce qui est naïf est vrai, d'une vérité pi-
quante, originale et rare, DIDER. Pensées sur la peint.
OEuv. t. xv, p. 232, dans POUGENS. Soit que j'eusse
perdu la naïveconfiance du premier âge, MARMONTEL,
Mém. vu. Dans un long entretien, à sa pitié naïve
J'offris tout le tableau des maux que j'ai soufferts,
DUCIS, Othello, i, B. Ciell de faibles sanglots I un
cri naïf et tendre! M. J. CHËN. OEdipe roi, Y, S.
|| 4° En parlant des personnes, qui obéit gracieu-
sement à ses sentiments. Une personne franche et
naïve Elle [Mme de Bouillon sortant de l'interroga-
toire pour l'affaire des poisonsj fut reçue de tous
ses amis, parents et amies avec adoration; tant elle
était jolie, naïve, naturelle, hardie, et d'un bon air
et d'un esprit tranquille, SÉV. 31 janv. 1680. ||5° Qui
dit sa pensée sans détour, ingénument. Vous dites
donc que Diderot est un bon homme ; je le crois, car
il est naïf, VOLT. Lett. d'Argental, 12 mars 1758.
|| En mauvaise part. Qui dit par un excès de sim-
plicité ce qu'il aurait intérêt à cacher. C'est un
homme naïf dont on tire tout ce qu'on veut. Vous
êtes bien naïf. Il lui dit qu'il était un peu naïf,
HAMILT. Gramm. iv. || En ce sens, il se ditdes choses.
Une réponse naïve. Un amour-propre naïf. Une va-
nité naïve. || 6° Il se prend encore en mauvaise part
et s'applique à ceux qui ne sont pas pénétrants, qui
ne comprennent pas ce que tout le monde com-
prend. Ah ! vous comptiez qu'arrivé au pouvoir, il
tiendrait ses promesses ; vous êtes naïf. || 7° S. m.
Ce qui est naïf. L'école flamande offre des modèles
du naïf en peinture. La cour désabusée Dédaigna de
ces vers [burlesques] l'extravagance aisée, Distingua
le naïf du plat et du bouffon, BOIL. Art poét. i. Brancas
parlait bien et de source, avec un air naturel, sou-
vent un naïf inimitable, ST-SIM. 447, 277.
— SYN. NAÏF, NATUREL. Le naturel est opposé au
recherché et au forcé ; le naïf est opposé au réflé-
chi, et appartient au sentiment. En littérature, le
naïf est le naturel dans les petites choses.
— HIST. xue s. Il a un fiz nez de nos gens, Qui
devers sa mère est naïs De nos [nous], del règne
et du païs, Chron. de Normand, t. i, p. 365, v.
8186. [Les seigneurs] Qui de nostre franchise [im-
munité] sont prudhome naïf [nés instruits], Sax.
xxiv. || XIIIe s. La pierre est de roche naïve, De
quoi l'en fist le fondement, ta Rose, 3852.... Jà
famé, jor qu'elevive, N'aura fors sa biauté naïve,
ib. 8942. Moult est chetis et fox [fou] naïs, Qui
croit que ci est son païs, ib. 6649. || xive s Alloit
à piet, par la forest naïe, Baud. de Seb. vm, 68.
|| xvie s. De tel façon, que ce qui tant me nuit,
Corromp du tout le nayf de ma muse, MAROT, ni,
274. L'un grave en bronze, et dans le marbre à
force Veut le naïf de nature imiter, RONS. Odes,
nr, 18. Cela faict [des coups de bâtons reçus], voylà
Chicquanous riche pour quatre 2aoys ; "comme si.
coups de baston feussent ses naïfves moissons, RAB.
Pant. iv, 12. L'histoire du siège de Jérusalem qui
représente au naïf celuy de nostre ville [Paris], Sat.
Mén. p. 166. Il avoit la langue un peu grasse, ce qui
ne luy seoit pas mal, ains donnoit une certaine grâce
naïfve et attrayante à son parler, AMYOT, Aie.. 2..
Puis, tout rayy de leur grâce naïve, Dormir au
frais d'une source d'eau vive, Dont le doux bruit
semble parler d'amour, DESPORTES, Bergeries. Ils
font une mine de duc et d'empereur; mais tan-
tost après les voyez devenus valets et crocheteurs
misérables, qui est leur naïfve et originelle condi-
tion, MONT, I, 327. Mes deffauts s'y liront au vif,
mes imperfections et ma forme naïfve, autant que
la révérence publique me l'a permis, ID. Essais, l'au-
teur au lecteur.
— ÉTYM. Provenç. natiu ; espagn. et ital. natit'O;
du lat. nativus, qui vient de natus, né.
NAIN, AINE (nin, nè-n'), s. m. et f. || 1° Celui,
celle qui est d'une taille beaucoup plus petite que
la taille ordinaire. La naine, un abrégé des mer-
veilles des cieux, MOL. Mis. u, 5. Il y avait alors
dans la chambre du roi un petit nain qui était muet,
mais qui n'était pas sourd, VOLT. Zadig, 8. Je viens
de voir un véritable nain chez Mme la comtesse
Humieska; il est Polonais, fils d'un gentilhomme,
il a vingt-deux ans. et n'est haut que de vingt-huit
pouces, SAINT-FOIX, ESS. Paris, OEuv. t. rv, p. 227.
Les citoyens de ce pays-là [Saturne] sont des nains
qui n'ont que mille toises de haut ou environ, VOLT.
Microm. 1. On a des exemples de nains qui n'a-
vaient que deux pieds, vingt-un et dix-huit pouces,
et même d'un qui, à l'âge de trente-sept ans, n'a-
vait que seize pouces, BUFF. Suppl. 'd l'hist. nat.
OEuv. t. xi, p. 125. En prenant cinq pieds pour la
mesure commune de la taille des hommes, sept
pieds pour celle des géants, et trois pieds pour celle
des nains, on trouvera encore des géants plus grands
et des nains plus petits, ID. ib. p. 127. D'anciens
châteaux s'offraient-ils à,mes yeux, Point n'invo-
quais, à la porte fermée, Pour m'introduire, un
nain mystérieux, BÉRANG. Fille du peuple. || Fig.
....Il faut... X tout petit esprit des dignités, des
places; Le nain monte sur des échasses; Que de
nains couronnés paraissent des géants I VOLT. Lett.
pr. roy. de Pr. 1740. Ô géant! se peut-il que tu
dormes? On vend-ton sceptre au poids; un tas
de nains difformes Se taillent des pourpoints dans
ton manteau de roi, v. HUGO, Ruy Bios, m, 2. Car
nous sommes des nains à côté de nos pères, BAR-
BIER, ïambes, Quatre-vingt-treize. || 2° Terme de
jeu. Nain jaune, sorte de jeu de cartes pour lequel
on emploie un tableau au milieu duquel est repré-
senté un nain tenant à la main un sept de carreau.
|| 3° Terme de commerce. Nain londrin, drap fin
qui se fabrique à Londres avec des laines d'Espagne.
|| 4° Adj. Qui a une taille de nain. Sa fille a le
visage de travers, elle est bossue, naine et boiteuse,
DANCOURT, Vend. Surêne,$c. 17. ||Fig. Que t'importe
avec ses outrages, X toi, géant, un peuple nain?
v. HUGO, Odes, iv, 6. || 5° Végétaux nains, végétaux
dont la taille est beaucoup au-dessous de celle des
individus de même espèce. On dit que telle plante
s'élève beaucoup dans un terrain aqueux, mais qu'elle
reste naine dans un terrain sec. || Arbres nains, arbres
qu'on élève en buissons. Le rosier maintenant, ô pro-
diges nouveaux ! Elève vers les-cieux sa tête enor-
gueillie, Et sur des arbres nains la pomme est re- -
cueillie, DELILLLE, Homme des champs, il. 11 Buis nain,
buis qui ne devient jamais aussi grand que le buis
ordinaire. || On le dit, dans le même sens, des ani-
maux. Cheval nain. || OEuf nain, oeuf de poule qui
ne contient point de jaune.
— HIST. xme s Ung si très petit homme, Que
chascun à nain le renomme, la Rose, 18422. Après
li vont deus chars corant, Qui tuit sont de vitaille
plein ; Et dui escuiers et un nein Les conduient
sanz plus de gent, Ren. 22590. Un neim [ill i trove
sulement Vestu de paile estreitement, Lai del dé-
siré. || xvie s. Tous arbres dont la branche est enra-
cinable, se convertissent en nains, si on fourre en
terre les sommités de leurs branches renversées sen
dessus dessous, o. DE SERRES, 674. Naintre,NicoT,Dict
— ÉTYM. Picard, naintre, . nain, naintresse,
naine; Berry, nine, naine; provenç. nat., riant;
espagn. enano ; portug. ando; ital. nano; du lat.
nanus; grec, vâvoç.
NAÏRE (na-i-r'), s. m. Nom que les Indiens du
NAÏ NAÎ NAT
ger qu'en grant eau, COTGRAVE. Il ne faut appren-
dre aux poissons à nager, m.
— ÉTYM. Hainaut, nanger ; picard, nanger, lan-
ger, larger. On le tire du latin navigare, naviguer.
Il est certain qu'un des sens primitifs de nager est
naviguer; cela doit faire passer sur la difficulté de
tirer nager ou nagier de navigare; le provençal dit
naveiar, le-français devrait avoir une forme analo-
gue : naveier. Du sens d'un vaisseau qui navigue,
flotte sur l'eau, à celui d'un homme qui nage, le
passage est facile. Le vieux français avait aussi neer,
naviguer : xue s. Cil vait par haute mer néant,
Grég. le Grand, p. 26. Neer vient de ïiotai-e. Il
a lait aussi nouer, qui vient également de nature,
mais par une forte altération de la voyelle.
yNAGERET (na-je-rè), s. m. Terme de chasse.
Petit bateau pour chasser le gibier d'eau.
— ÉTYM. Nager.
NAGEUR,EUSE (na-jeur, jeû-z'), s. m. et f. ||Ie Ce-
lui, celle qui nage. || 2° Terme de marine. Ra-
meur.||3° Adj". Oiseau nageur, seditdes palmipèdes
qui ont des pieds dont les doigts sont unis par une
membrane. ||S.?n. pi. Les nageurs, famille de quadru-
pèdes rongeurs dont les doigts des pattes de derrière
sont réunis par une membrane. || Serpent nageur,
la couleuvre à collier, tropidonotus natrix, Kuhl.
— HIST. xme s. Il avoit bien ccc. nageurs en sa
galie, et à chascun de ses nageurs avoit une targe
[écu] de ses armes, JOINV. 216. ||xvies. Un soldat de
Niort, grand naieur, m'a conté.... D'AUB. Hist. n,
468. Comme un nageur venant du profond de son
plonge, Tous sortent de la mort comme l'on sort
d'un songe, ID. Tragiques, Jugement. Bon nageur de
n'estre noyé n'est pas seur, LEROUX DE LINCY, Prov.
t. u, p. 262. Crates disoit des escripts de Heraclitus,
qu'ils avoient besoing d'un lecteur bon nageur, afin
que la profondeur et poids de sa doctrine ne l'en-
gloutist et suffoquast, MONT, IV, 236..
— ÉTYM. Nager. On trouve aussi noueur, au xme
siècle, pour rameur.
y NAGOR (na-gor), s. m. Nom vulgaire et spéci-
fique de l'antilope nagor, qui est l'antilope crochue
de certains auteurs.
NAGUÈRE ou NAGUÈRES (na-ghè-r'), adv. Il y
a peu de temps. Est-ce lui qui naguère aux dépens
de sa vie Sauva des ennemis votre empereur Dé-
cie ? CORN. Poly. i, 3. L'ombre avec la lumière y
peut tracer souvent [dans une lunette astronomi-
que] Un homme, un boeuf, un éléphant : Naguère
l'Angleterre y vit chose pareille, LA FONT. Fabl. vn,
18. Le grand désir de vous voir un enfant Vous
transportait naguère d'allégresse, m. Mandrag. Un
roi qui naguère, avec quelque apparence, De l'au-
rore au couchant portait son espérance.... RAC.
Mithr. ni, l. Ceux qui naguère étaient de petits
tyrans dans leurs provinces ou dans les places fron-
tières, n'en étaient plus que les gouverneurs, HA-
MILT. Gramm. 6.
— REM. Naguère d'après Marguerite Buffet, Ob-
seru.p. 62, en 1668, était un mot suranné; il
fallait dire depuis peu. Purisme sans raison; car les
meilleurs auteurs employaient le mot qui est resté
en usage, surtout en poésie et dans le style relevé.
— HIST. xme s. N'a encor gueres qu'il cuida Tel
engingnier qui l'engingna, Ren. 2166. || xve s. Gens
qui nagueres avoient esté leurs ennemys, COMM. V,
9. Comme n'a guieres seïsse en mon estude.... me
prindrent diverses ymaginacions moult parfondes,
CHASTELAIN, Exposit. sur vérité mal prise. Il devint
amoureux d'une jeune demoiselle, qui nagueres es-
toit mariée, LOUIS xi, Nouv. XLVin. || xvie s. Elle
avoit de nagueres fait divorce avec son mary,
AMYOT, Sylla, 72.
— ÉTYM. Adverbe composé de trois mots : ne, a,
guère, c'est-à-dire il n'y a guère [de temps].
NAÏADE (na-ia-d'), s. f. || Ie Divinité inférieure
qui, suivant le polythéisme, présidait aux fon-
taines et aux rivières. Je ne me déclare caution
que de l'histoire du fleuve en colère [le Rhin], que
j'ai apprise d'une de ses naïades qui s'est réfugiée
dans la Seine, BOIL. Ép. iv, Passage du Rhin, au
lecteur. Il [le dieu du Rhin] se trouble, il regarde,
et partout sur ses rives II voit fuir à grands pas ses
naïades craintives, ID. Ép. iv. Je sais, quand le
midi leur fait désirer l'ombre, Entrer à pas muets
•sous le roc frais et sombre, D'où parmi le cresson
et l'humide gravier La naïade se fraie un oblique
sentier, A. CHÉN. Idylle, fragment. || Fig. Ce serait à
ceux qui ont des millions de quarante écus de rente,
à se charger de ce grand ouvrage [amener l'Yvette
à Paris]; mais l'incertitude du succès les effraie,
le travail les rebute, et les filles de l'opéra l'em-
portent sur les naïades de l'Yvette, VOLT. Lett. de
Parcieux, I7juin 1768. || 2° Terme de botanique.
Genre de plantes aquatiques, monocotylédones, fa-
mille des naïadées. || 3° S. f. pi. Terme de zoologie.
Famille de mollusques comprenant les conchifères
des eaux douces. || Se dit aussi de certaines arai-
gnées qui plongent dans l'eau. || Genre de vers aqua-
tiques. Il a vu de ces vers d'eau douce apodes, qu'il
nomme assez improprement des naïades, qui mul-
tipliaient sous ses yeux par division naturelle, BON-
NET, OEuv. t. xn, p. 141, dans POUGENS.
— ÉTYM. Lat. naias, du grec vaïàç, vïiïàç, de
vâeiv, couler. Au contraire, Kuhn, Zschr. f. vergl.
Sprachf. t. i,f p. 636, rattache vatà; au sanscrit
ndvyâs, les eaux des nuées, c'est-à-dire les navi-
gantes, les nuages étant nommés dans le Véda nouas,
vaisseaux.
f NAÏADÉES (na-ia-dee/, s. f. pi. Terme de bo-
tanique. Nom d'une famille de plantes monocotylé-
dones qui croissent dans l'eau ou nagent à sa
surface; elles ont des feuilles alternes, souvent em-
brassantes à leur base.
— ÉTYM. Naïade.
NAÏF, 1VE (na-ïf, i-v'. Au pluriel, qu'il écrivait
naïfz, le xvï° siècle prononçait na-ï, sans f, 3. PEL-
LETIER, dans LIVET, la Gramm. franc, p. 148), adj.
i| 1° Natif (vieilli en ce sens). Une couleur de roses...
avait... Rehaussé de son teint la naïve blancheur,
LA FONT. Climène, Comédie. || En termes de lapidaire,
pointe naïve,diamantqui,naturellement et sans taille,
offre une forme pyramidale. || 2° Fig. Qui retrace
simplement la vérité, la nature, sans artifice et sans
effort. Faire une description, une peinture, une rela-
tion naïve. L'attitude, la pose de cette statue est
naïve. Jacques Amyot, plus connu par sa naïve tra-
duction de Plutarque que par cette ambassade, VOLT.
Afoeurs, 172. || 3° Fig. Oui est gracieusement inspiré
par le sentiment. Une beauté naïve. Les grâces naïves
de l'enfance.... X cet air si naïf croirait-on qu'elle y
touche? REGNARD, le Distr. i, 4. La nature naïve
anime ses discours, VOLT. Zaïre, iv, 3. J'estime ta
valeur Et de ton coeur ouvert la naïve candeur, ID.
Scythes, n, 2. Tout ce qui est vrai n'est pas naïf:
mais tout ce qui est naïf est vrai, d'une vérité pi-
quante, originale et rare, DIDER. Pensées sur la peint.
OEuv. t. xv, p. 232, dans POUGENS. Soit que j'eusse
perdu la naïveconfiance du premier âge, MARMONTEL,
Mém. vu. Dans un long entretien, à sa pitié naïve
J'offris tout le tableau des maux que j'ai soufferts,
DUCIS, Othello, i, B. Ciell de faibles sanglots I un
cri naïf et tendre! M. J. CHËN. OEdipe roi, Y, S.
|| 4° En parlant des personnes, qui obéit gracieu-
sement à ses sentiments. Une personne franche et
naïve Elle [Mme de Bouillon sortant de l'interroga-
toire pour l'affaire des poisonsj fut reçue de tous
ses amis, parents et amies avec adoration; tant elle
était jolie, naïve, naturelle, hardie, et d'un bon air
et d'un esprit tranquille, SÉV. 31 janv. 1680. ||5° Qui
dit sa pensée sans détour, ingénument. Vous dites
donc que Diderot est un bon homme ; je le crois, car
il est naïf, VOLT. Lett. d'Argental, 12 mars 1758.
|| En mauvaise part. Qui dit par un excès de sim-
plicité ce qu'il aurait intérêt à cacher. C'est un
homme naïf dont on tire tout ce qu'on veut. Vous
êtes bien naïf. Il lui dit qu'il était un peu naïf,
HAMILT. Gramm. iv. || En ce sens, il se ditdes choses.
Une réponse naïve. Un amour-propre naïf. Une va-
nité naïve. || 6° Il se prend encore en mauvaise part
et s'applique à ceux qui ne sont pas pénétrants, qui
ne comprennent pas ce que tout le monde com-
prend. Ah ! vous comptiez qu'arrivé au pouvoir, il
tiendrait ses promesses ; vous êtes naïf. || 7° S. m.
Ce qui est naïf. L'école flamande offre des modèles
du naïf en peinture. La cour désabusée Dédaigna de
ces vers [burlesques] l'extravagance aisée, Distingua
le naïf du plat et du bouffon, BOIL. Art poét. i. Brancas
parlait bien et de source, avec un air naturel, sou-
vent un naïf inimitable, ST-SIM. 447, 277.
— SYN. NAÏF, NATUREL. Le naturel est opposé au
recherché et au forcé ; le naïf est opposé au réflé-
chi, et appartient au sentiment. En littérature, le
naïf est le naturel dans les petites choses.
— HIST. xue s. Il a un fiz nez de nos gens, Qui
devers sa mère est naïs De nos [nous], del règne
et du païs, Chron. de Normand, t. i, p. 365, v.
8186. [Les seigneurs] Qui de nostre franchise [im-
munité] sont prudhome naïf [nés instruits], Sax.
xxiv. || XIIIe s. La pierre est de roche naïve, De
quoi l'en fist le fondement, ta Rose, 3852.... Jà
famé, jor qu'elevive, N'aura fors sa biauté naïve,
ib. 8942. Moult est chetis et fox [fou] naïs, Qui
croit que ci est son païs, ib. 6649. || xive s Alloit
à piet, par la forest naïe, Baud. de Seb. vm, 68.
|| xvie s. De tel façon, que ce qui tant me nuit,
Corromp du tout le nayf de ma muse, MAROT, ni,
274. L'un grave en bronze, et dans le marbre à
force Veut le naïf de nature imiter, RONS. Odes,
nr, 18. Cela faict [des coups de bâtons reçus], voylà
Chicquanous riche pour quatre 2aoys ; "comme si.
coups de baston feussent ses naïfves moissons, RAB.
Pant. iv, 12. L'histoire du siège de Jérusalem qui
représente au naïf celuy de nostre ville [Paris], Sat.
Mén. p. 166. Il avoit la langue un peu grasse, ce qui
ne luy seoit pas mal, ains donnoit une certaine grâce
naïfve et attrayante à son parler, AMYOT, Aie.. 2..
Puis, tout rayy de leur grâce naïve, Dormir au
frais d'une source d'eau vive, Dont le doux bruit
semble parler d'amour, DESPORTES, Bergeries. Ils
font une mine de duc et d'empereur; mais tan-
tost après les voyez devenus valets et crocheteurs
misérables, qui est leur naïfve et originelle condi-
tion, MONT, I, 327. Mes deffauts s'y liront au vif,
mes imperfections et ma forme naïfve, autant que
la révérence publique me l'a permis, ID. Essais, l'au-
teur au lecteur.
— ÉTYM. Provenç. natiu ; espagn. et ital. natit'O;
du lat. nativus, qui vient de natus, né.
NAIN, AINE (nin, nè-n'), s. m. et f. || 1° Celui,
celle qui est d'une taille beaucoup plus petite que
la taille ordinaire. La naine, un abrégé des mer-
veilles des cieux, MOL. Mis. u, 5. Il y avait alors
dans la chambre du roi un petit nain qui était muet,
mais qui n'était pas sourd, VOLT. Zadig, 8. Je viens
de voir un véritable nain chez Mme la comtesse
Humieska; il est Polonais, fils d'un gentilhomme,
il a vingt-deux ans. et n'est haut que de vingt-huit
pouces, SAINT-FOIX, ESS. Paris, OEuv. t. rv, p. 227.
Les citoyens de ce pays-là [Saturne] sont des nains
qui n'ont que mille toises de haut ou environ, VOLT.
Microm. 1. On a des exemples de nains qui n'a-
vaient que deux pieds, vingt-un et dix-huit pouces,
et même d'un qui, à l'âge de trente-sept ans, n'a-
vait que seize pouces, BUFF. Suppl. 'd l'hist. nat.
OEuv. t. xi, p. 125. En prenant cinq pieds pour la
mesure commune de la taille des hommes, sept
pieds pour celle des géants, et trois pieds pour celle
des nains, on trouvera encore des géants plus grands
et des nains plus petits, ID. ib. p. 127. D'anciens
châteaux s'offraient-ils à,mes yeux, Point n'invo-
quais, à la porte fermée, Pour m'introduire, un
nain mystérieux, BÉRANG. Fille du peuple. || Fig.
....Il faut... X tout petit esprit des dignités, des
places; Le nain monte sur des échasses; Que de
nains couronnés paraissent des géants I VOLT. Lett.
pr. roy. de Pr. 1740. Ô géant! se peut-il que tu
dormes? On vend-ton sceptre au poids; un tas
de nains difformes Se taillent des pourpoints dans
ton manteau de roi, v. HUGO, Ruy Bios, m, 2. Car
nous sommes des nains à côté de nos pères, BAR-
BIER, ïambes, Quatre-vingt-treize. || 2° Terme de
jeu. Nain jaune, sorte de jeu de cartes pour lequel
on emploie un tableau au milieu duquel est repré-
senté un nain tenant à la main un sept de carreau.
|| 3° Terme de commerce. Nain londrin, drap fin
qui se fabrique à Londres avec des laines d'Espagne.
|| 4° Adj. Qui a une taille de nain. Sa fille a le
visage de travers, elle est bossue, naine et boiteuse,
DANCOURT, Vend. Surêne,$c. 17. ||Fig. Que t'importe
avec ses outrages, X toi, géant, un peuple nain?
v. HUGO, Odes, iv, 6. || 5° Végétaux nains, végétaux
dont la taille est beaucoup au-dessous de celle des
individus de même espèce. On dit que telle plante
s'élève beaucoup dans un terrain aqueux, mais qu'elle
reste naine dans un terrain sec. || Arbres nains, arbres
qu'on élève en buissons. Le rosier maintenant, ô pro-
diges nouveaux ! Elève vers les-cieux sa tête enor-
gueillie, Et sur des arbres nains la pomme est re- -
cueillie, DELILLLE, Homme des champs, il. 11 Buis nain,
buis qui ne devient jamais aussi grand que le buis
ordinaire. || On le dit, dans le même sens, des ani-
maux. Cheval nain. || OEuf nain, oeuf de poule qui
ne contient point de jaune.
— HIST. xme s Ung si très petit homme, Que
chascun à nain le renomme, la Rose, 18422. Après
li vont deus chars corant, Qui tuit sont de vitaille
plein ; Et dui escuiers et un nein Les conduient
sanz plus de gent, Ren. 22590. Un neim [ill i trove
sulement Vestu de paile estreitement, Lai del dé-
siré. || xvie s. Tous arbres dont la branche est enra-
cinable, se convertissent en nains, si on fourre en
terre les sommités de leurs branches renversées sen
dessus dessous, o. DE SERRES, 674. Naintre,NicoT,Dict
— ÉTYM. Picard, naintre, . nain, naintresse,
naine; Berry, nine, naine; provenç. nat., riant;
espagn. enano ; portug. ando; ital. nano; du lat.
nanus; grec, vâvoç.
NAÏRE (na-i-r'), s. m. Nom que les Indiens du
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