MOU
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raifort que l'on mange quelquefois râpé, avec la
viande.
— ÉTYM. Afouforde.
MOUTARDIER (mou-tar-dié ; l'r ne se lie jamais;
au pluriel, l's se lie : des mou-tar-dié-z en faïence),
t. m.||l° Petit pot servant à mettre la moutarde. Les
moutardiers seront marqués et contremarques au
corps ; le pied, anse et couvercle seront marqués du
poinçon du maître, Règl. orfév. 30 déc. 1679.
|| 2°*Celui qui fait et qui vend de la moutarde.
|| Fig. et familièrement. Il se croit le premier mou-
tardier du pape, se dit d'un homme médiocre qui
affecte de l'importance. || 3' Martinet noir, oiseau.
|| Grand moutardier, le moutardier des murailles.
— HIST. XVe s. Ung moustardier, le tout d'estaing,
DE LABORDE, Émaux, p. 4ûo. || xvie s. Aucun ne
pourra faire fait de maistre buffetier, vinaigrier et
moustardier à Paris qui... Ordonn. sept. 1514.
— ÉTYM. Moutarde.
y MOUTARDIN (mou-tar-din), s. m. Moutarde
blanche.
f MOUTELLE (mou-tè-1'), s. f. Un des noms vul-
gaires de la lotte et loche franche.
— ÉTYH. Lat. mustela, nom d'un poisson et de la
belette.
MOÛTEER (mou-tié ; IV ne se lie jamais ; au plu-
riel, l's se lie : des mou-tié-z antiques), s. m. Vieux
mot qui signifie monastère et qui ne s'emploie plus
que dans le style plaisant ou familier ou archaïque.
Puis au moûtier le couple s'alla rendre, LA FONT.
Gag. || Fig. Il faut laisser lé moûtier où il est, c'est-
à-dire il ne faut rien changer aux usages reçus.
— REM. L'Académie écrit moûtier sans circonflexe.
— HIST. XIe s. [Ils] Enfouiront nous en aitres de
mustiers, Ch. defiot.cxxx. || xnes. Ansëys [ils] couro-
nerent à Saint Denis mostier, Sax. iv. || xme s. Et s'ils
sont escommenié et il voelent entrer el moustier mal-
gré leprestre....BEAUM.i,38. || xive s.Dieucommande
à aler au moustier et matin lever ; et la gloutonie
dit : il me fault dormir, je fus hier yvre; le moustier
n'est pas lièvre, il me attendra bien, Ménagier, i, 3.
— ÉTYM. Prov. mostier, monestier; portug. mos-
teiro ; du lat. monasterium. Dans l'ancienne langue,
moustier avait aussi l'acception d'église.
MOUTON (mou-ton ; l'n ne se lie pas : un mou-
ton en chair; au pluriel, l's se lie : des mou-ton-z
en chair), s. m.|| 1° Bélier châtré que l'on engraisse.-
Il tourne à l'entour du troupeau, Marque entre cent
moutons le plus gras, le plus beau, LA FONT.
Fabl. u, 16. Eh bien! manger moutons, canaille,
sotte espèce, Est-ce un péché? ID. Fabl. vu, i. Le
ciel y avait répandu [sur le visage d'une fille d'hon-
neur] certain air d'incertitude qui lui donnait la
physionomie d'un mouton qui rêve, HAMILT. Gramm.
9. Dans les terrains secs, dans les lieux élevés, où
le serpolet et les autres herbes odoriférantes abon-
dent, la chair du mouton est de bien meilleure
qualité que dans les plaines basses et dans les val-
lées humides, BUFF. Ouadrup. t. i, p. 241. Quand
au mouton bêlant la sombre boucherie Ouvre ses
cavernes de mort, Pauvres chiens et moutons,
toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort; Les
enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine....
Sans plus penser à lui le mangent s'il est tendre,
A. CHËN. ïambe n. On évalue à peu près à huit
livres l'herbe qu'un mouton peut manger, GENLIS,
Maison rust. t. i, p. 260, dans POUGENS. On sait
que les moutons .nourris de, luzerne ont la graisse
de couleur jaunâtre et d'un goût désagréable, et que
ceux qui mangent du trèfle ont aussi la graisse
jaunâtre, mais de bon goût, D'AUBENTON, Instit.
Mém. scienc. t. i, p. 281. Partout où j'ai, comme
un mouton, Qui laisse sa laine au buisson, Senti
se dénuer mon âme, A. DE MUSSET, Poésies nouv.
iïuit de décembre. || Populairement. Mouton de
Berry, homme qui a quelque marque sur le nez.
|| Fig. Il cherche cinq pieds à un mouton, se dit
d'un homme qui veut tirer d'une chose plus qu'elle
ne peut fournir. || Se laisser égorger comme des
moutons, n'opposer aucune résistance contre les
gens qui tuent. On se disait les uns aux autres [entre
protestants durant les premières persécutions] que
se laisser égorger comme des moutons sans se dé-
fendre, ce n'était pas le métier de gens de coeur,
BOSS. Var. x. || 2° La viande de mouton. Le mouton
est une viande noire. Les Egyptiens de Thèbes ne
mangeaient point de mouton, parce qu'ils adoraient
Ammon sous la figure d'un bélier, FLEURY, Moeurs
des Israël, tit. vm, 2e part. p. 134, dans POUGENS.
H Sentir l'épaule de mouton, se dit de ceux dont les
aisselles sentent mauvais ; locution tirée de ce que
les épaules de mouton, et, en général, la viande de
.mouton a une odeur de bouc, quand les béliers ont
été châtrés trop tard. || Il ne jette pas les épaulés de
mouton toutes rôties par les fenêtres, se dit d'un
avare. || 3" En un sens plus général, béliers, brebis,
et agneaux, réunis en troupeau. Troupeau de mou-
tons. Hélas 1 petits moutons que vous êtes heureux !
Vous paissez dans nos champs, sans souci, sans
alarmes, DESHOULIERES, les Moutons. Qu'est-ce donc
que ce drôle de fou qui traite le public comme Ajax
traitait ses moutons, et qui tombe sur lui en fu-
rieux? VOLT. Lett. Damilaville, 6 déc. 1762. Les
moutons vivent en société fort douce, leur caractère
passe pour très-débonnaire.... la république des
moutons est l'image fidèle de l'âge d'or, ID. Dict.
phil. Lois, 3. Robert, enfant de mon village, Re-
tourne garder tes moutons, BÉRANG. Vieux caporal.
||Fig. Revenons à nos moutons, revenons à notre
sujet; locution tirée de la farce de Patelin, où
M. Guillaume embrouille sans cesse son drap et ses
moutons. Or, laissant tout ceci, [je] retourne à mes
moutons, RÉGNIER, Sat. u. Laissez-là ce drap et cet
homme, et revenez à vos moutons, BRUEYS, AVOC.
Pat. ni, 2. Il ne s'agit pas, monsieur, des idylles
et des moutons de Mme Deshoulieres; revenons aux
nôtres, s'il vous plaît, GENLIS, Ad. et Tliéod. t. i,
p. 282, dans POUGENS. || Sauter comme les moutons
de Panurge, se dit des gens qui font une chose
par esprit d'imitation; locution tirée de Rabelais,
représentant Panurge, qui, pour se venger de Dinde-
■nault, lui achète un mouton et le fait sauter par-
dessus bord dans la mer : tous les autres moutons
sautent après lui et le marchand de moutons se
trouve ruiné. || Fig. En vrais moutons, comme des
moutons, en imitant niaisement ce que font les
autres. Quelques imitateurs, sot bétail, je l'avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue,
LA FONT. Poés. mél. LXX. On fut sans ordre et comme
des moutons, chez les princes et princesses du
sang, ST-SIM. 324, 242. || 4° Terme de zoologie.
Genre de mammifères ruminants à cornes creuses.
|| 5° Peau de mouton préparée. Reliure en mouton,
jj 6e Fig. Personne douce, traitable. Les commis-
saires d'aujourd'hui Sont des moutons auprès de lui
[Rhadamante], SCARR. Virg. vi. Par lui [l'amour]
les loups deviennent des moutons, LA FONT. Court.
Angélique-: Il est fâcheux d'être contrainte d'oublier
de telles injures ; mais, quelque violence que je me
fasse, c'est à moi de vous obéir. — Claudine :
Pauvre mouton! MOL. Georg. Dandin, m, 14. J'ai
trouvé le moyen d'apprivoiser le diable; j'en ai fait
un mouton, DESTOUCHES , Homm. sing. n, 2. Je veux
croire que ton docteur est un homme de bien; mais
l'Éternel nous permet de nous défier de ces étran-
gers; s'ils sont moutons à Bénarès, on dit qu'ils
sont tigres dans les contrées où les Européens se
sont établis, VOLT. Amabed, Réponse de Shastasid.
|| 7e Fig. Homme aposté par la police près d'un
prisonnier, pour gagner sa confiance et découvrir
son secret. On mit près de lui un mouton pour le
faire parler. Cet éloquent tribun n'était autre chose
qu'un mouchard, ce qu'on nomme en langage d'ar-
got un mouton, chargé de faire jaser les détenus,
CH. DE BERNARD, un Homme sérieux, g xv. || 8° Masse
de fer, ou gros billot de bois armé de fer, qui se
lève à bras ou à machine, et qui, retombant, sert à
enfoncer des pilotis, des pieux; ainsi dit parce que
le mouton donne des coups avec sa tête; c'est l'ana-
logue du bélier. || Terme d'architecture hydraulique.
Eau qui tombe rapidement par une rigole et qui,
trouvant tout à coup un obstacle, se relève en
bouillonnant. || 9° Pièce de bois dans laquelle on fait
entrer les anses d'une cloche, pour la suspendre.
|| Moutons d'un carrosse, se disait, avant l'usage des
ressorts, des pièces de bois, posées d'aplomb sur l'es-
sieu, auxquelles on suspendait la caisse de la voi-
ture. Bois de charronnage.... pour une voie com-
posée de 76 moutons de trois pieds et demi de long
entrant par eau, est dû loi» 12« ld, Déelar. 22 oct.
1716, tari/ 1. || Pièce qui descend avec la vis de la
presse à papier. || Terme de marine. Arbre en fer
qui supporte la cloche du bord. || Ancien terme de
marine. Nom d'un cordage servant à manier l'an-
tenne. || 10e S. m. plur. Vagues écumantes, ainsi
dites à cause de la blancheur de l'écume, comparée
à une toison blanche. || 11° Terme de pêche. Petit
tas de morues qui ont reçu 4 ou 6 soleils. || 12° Mou-
ton du Pérou, nom donné autrefois au lama. || Mou-
ton du Cap, ou, simplement, mouton, nom vul-
gaire donné aux albatros parce que, aux environs
du Cap de Bonne-Espérance,- à la surface de la
mer, leur plumage blanc les fait ressembler à
la frisure de la laine (diomedea exulans, Linné,
palmipèdes). || Mouton marin, espèce de poisson.
|| 13° Terme d'architecture. Queue de mouton, or-
nement en forme de grosse guirlande autour des
médaillons. || 14° Nom donné par les ouvriers à des
congestions locales qui se forment quand des
hommes font, sans y être habitués, pendant
longtemps de grands 1 efforts musculaires, et qui
dessinent les muscles les plus fatigués ; par exem-
ple, quand un apprenti forgeron cogne toute une
journée sur son enclume, le mouton survient à
l'épaule ; quand un apprenti terrassier se courbe et se
redresse successivement toute une journée,lemouton
survient au dos. || 15° Nom d'une ancienne monnaie
d'or de France, qui portait d'un côté l'image de saint
Jean-Baptiste, et de l'autre celle d'un agneau, avec
Ecce Agnus Dei pour légende ; dans le courant du
xve siècle, elle valait 7 fr. 95. || 16° Pain de mou-
ton, très-petit pain dont la surface était couverte
de grains de blé, et que l'on donnait aux enfants
comme une friandise. || 17° Adj. Mouton, moutonne,
qui appartient aux moutons. Caractère mouton.
Elle a l'air doux, je crois qu'elle n'a pas de malice,
elle a une figure moutonne, GENLIS, Thédt. d'êduc.
le Bal d'enfants, n, 3. || La gent moutonne, les
moutons. || S. f. Moutonne, se dit comme terme fa-
milier de caresse à une jeune femme. Me voilà' de
retour, moutonne ; et tu seras mariée dès ce soir,
comme tu le souhaites, DANCOURT , Colin-maillard,
se. 23. || S. f. Moutonne, coiffure de femmes qui a
été longtemps en usage, et qui consistait dans une
tresse de cheveux frisés et fort touffus, qu'elles se
mettaient sur le front.
— HIST. xn" s. Li mont s'esledecerent [se ré-
jouirent] sicume multun [arietes], etli tertre sicume
li aignel des oeilles [ouailles, brebis], Liber psalm.
p. 175. Le multon qu'il volt tuer, Bois, p. 60. As
set pas que cil firent qui l'arche portèrent, l'um
sacrifiout un buef e un multum en l'onurance
nostre Seigneur, ib. 14t. || xnr* s. Il ont les grei-
gneurs [les plus grands] moutons du monde,
MARC POL , p. 631. Je voel mangier char de
mouton, Chr. de Rains, p. no. ||xive s. Que la
lune ne soit pas en signe rungant [ruminant], si
cum mouton [aries], torel, capricorne, H. DE MONDE-
VILLE, f° 100. Et sachiez qu'il a empruntez pour nous
[Jean, roi de France, prisonnier] à Londres la somme
de mil et XLIIII moutons, Lett. de JEAN, dans Hist.
Utt-deFr. t. xxiv, p. 175. |]xves. L'en cognoist
bien le monton àla laine, E. DESCH. Poésies mss.
f° 218. Il avoit, en eux prenant, une belle journée
et une belle aventure de bons prisonniers, pour
avoir cent mille moutons [monnaie], FROISS~I, i,
272. De tels engins de canons, de bombardes, de
truies e de moutons se mettaient en peine ceux
de Gand de .adommager ceux de Oudenarde, ID.
II, n, 161. Sus, revenons à ces moutons? Qu'en
fut-il? Patelin. Or revenons à nos moutons: Ma per-
sonne fust 'descendue; Et, pour faire les comptes
rons, Je veys ma dame emmy la rue, COQUILLART,
te Monologue de la botte de foin. || xvies. X peine de
l'amende de trois livres parisis pour chacune beste,
dix moutons n'estant pris que pour une vache, A'ouu.
cottst. génér. 1.1, p. 647. Chair de mouton, manger
de glouton, LEROUX DE. LINCY, Prov. t. i, p. 186.
Vous avez nom Robin Mouton ; voyez ce mouton-là,
il a nom Robin comme vous, BAB. IV, 6.
— ÉTYM. Bourg, môton; provenç. molto, multo,
moto; cat.moifô;ital.moltone et montone;bas-lat.
multonem, moltonem, mutilonem. La forme primi-
tive a une l: molt.... On a dans le celtique : gaël.
mult; kimry, mollt; irl. molt; bas-breton, maoud,
bélier; Cornouailles (texte du IXe siècle), molt. On
objecte à cette étymologie que molt paraît isolé
dans les langues celtiques, et n'a rien qui l'explique.
Diez cherche une étymologie latine : le dialecte des
Grisons a mult, châtré, qu'on tire, par inversion des
lettres, du latin mutilus, mutilé; il rapproche le
provençal moderne cabro mouto, chèvre à laquelle
on a enlevé les cornes (toutefois, pour ce mot,
voy. MUTÉ). X cela on objecte que multon s'est dit
constamment pour bélier, avant l'introduction de
bélier, laquelle est assez récente ; ce qui va mal avec
le sens de mutilé. De plus toutes les langues cel-
tiques ont le même mot pour bélier ; c'est un in-
dice pour croire que le mot y est indigène. Ainsi
l'étymologie incline vers le celtique.
t MOUTONNAILLE (mou-to-nâ-11', // mouillées;,
s. f. S'est dit, par plaisanterie, de ceux qui se
laissent toujours conduire par l'exemple.
— HIST. xvie s. Moutonnaille, COTGRAVE.
— ÉTYM. Mouton, et la finale péjorative aille.
MOUTONNÉ, ÉE (mou-to-né, née), part, passé de
moutonner. || 1° Frisé comme la laine du mouton.
M. de Turenne, qui était vêtu fort simplement, m'en
railla devant le cardinal, et me dit que j'étais bien
MOU
MOU
655
raifort que l'on mange quelquefois râpé, avec la
viande.
— ÉTYM. Afouforde.
MOUTARDIER (mou-tar-dié ; l'r ne se lie jamais;
au pluriel, l's se lie : des mou-tar-dié-z en faïence),
t. m.||l° Petit pot servant à mettre la moutarde. Les
moutardiers seront marqués et contremarques au
corps ; le pied, anse et couvercle seront marqués du
poinçon du maître, Règl. orfév. 30 déc. 1679.
|| 2°*Celui qui fait et qui vend de la moutarde.
|| Fig. et familièrement. Il se croit le premier mou-
tardier du pape, se dit d'un homme médiocre qui
affecte de l'importance. || 3' Martinet noir, oiseau.
|| Grand moutardier, le moutardier des murailles.
— HIST. XVe s. Ung moustardier, le tout d'estaing,
DE LABORDE, Émaux, p. 4ûo. || xvie s. Aucun ne
pourra faire fait de maistre buffetier, vinaigrier et
moustardier à Paris qui... Ordonn. sept. 1514.
— ÉTYM. Moutarde.
y MOUTARDIN (mou-tar-din), s. m. Moutarde
blanche.
f MOUTELLE (mou-tè-1'), s. f. Un des noms vul-
gaires de la lotte et loche franche.
— ÉTYH. Lat. mustela, nom d'un poisson et de la
belette.
MOÛTEER (mou-tié ; IV ne se lie jamais ; au plu-
riel, l's se lie : des mou-tié-z antiques), s. m. Vieux
mot qui signifie monastère et qui ne s'emploie plus
que dans le style plaisant ou familier ou archaïque.
Puis au moûtier le couple s'alla rendre, LA FONT.
Gag. || Fig. Il faut laisser lé moûtier où il est, c'est-
à-dire il ne faut rien changer aux usages reçus.
— REM. L'Académie écrit moûtier sans circonflexe.
— HIST. XIe s. [Ils] Enfouiront nous en aitres de
mustiers, Ch. defiot.cxxx. || xnes. Ansëys [ils] couro-
nerent à Saint Denis mostier, Sax. iv. || xme s. Et s'ils
sont escommenié et il voelent entrer el moustier mal-
gré leprestre....BEAUM.i,38. || xive s.Dieucommande
à aler au moustier et matin lever ; et la gloutonie
dit : il me fault dormir, je fus hier yvre; le moustier
n'est pas lièvre, il me attendra bien, Ménagier, i, 3.
— ÉTYM. Prov. mostier, monestier; portug. mos-
teiro ; du lat. monasterium. Dans l'ancienne langue,
moustier avait aussi l'acception d'église.
MOUTON (mou-ton ; l'n ne se lie pas : un mou-
ton en chair; au pluriel, l's se lie : des mou-ton-z
en chair), s. m.|| 1° Bélier châtré que l'on engraisse.-
Il tourne à l'entour du troupeau, Marque entre cent
moutons le plus gras, le plus beau, LA FONT.
Fabl. u, 16. Eh bien! manger moutons, canaille,
sotte espèce, Est-ce un péché? ID. Fabl. vu, i. Le
ciel y avait répandu [sur le visage d'une fille d'hon-
neur] certain air d'incertitude qui lui donnait la
physionomie d'un mouton qui rêve, HAMILT. Gramm.
9. Dans les terrains secs, dans les lieux élevés, où
le serpolet et les autres herbes odoriférantes abon-
dent, la chair du mouton est de bien meilleure
qualité que dans les plaines basses et dans les val-
lées humides, BUFF. Ouadrup. t. i, p. 241. Quand
au mouton bêlant la sombre boucherie Ouvre ses
cavernes de mort, Pauvres chiens et moutons,
toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort; Les
enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine....
Sans plus penser à lui le mangent s'il est tendre,
A. CHËN. ïambe n. On évalue à peu près à huit
livres l'herbe qu'un mouton peut manger, GENLIS,
Maison rust. t. i, p. 260, dans POUGENS. On sait
que les moutons .nourris de, luzerne ont la graisse
de couleur jaunâtre et d'un goût désagréable, et que
ceux qui mangent du trèfle ont aussi la graisse
jaunâtre, mais de bon goût, D'AUBENTON, Instit.
Mém. scienc. t. i, p. 281. Partout où j'ai, comme
un mouton, Qui laisse sa laine au buisson, Senti
se dénuer mon âme, A. DE MUSSET, Poésies nouv.
iïuit de décembre. || Populairement. Mouton de
Berry, homme qui a quelque marque sur le nez.
|| Fig. Il cherche cinq pieds à un mouton, se dit
d'un homme qui veut tirer d'une chose plus qu'elle
ne peut fournir. || Se laisser égorger comme des
moutons, n'opposer aucune résistance contre les
gens qui tuent. On se disait les uns aux autres [entre
protestants durant les premières persécutions] que
se laisser égorger comme des moutons sans se dé-
fendre, ce n'était pas le métier de gens de coeur,
BOSS. Var. x. || 2° La viande de mouton. Le mouton
est une viande noire. Les Egyptiens de Thèbes ne
mangeaient point de mouton, parce qu'ils adoraient
Ammon sous la figure d'un bélier, FLEURY, Moeurs
des Israël, tit. vm, 2e part. p. 134, dans POUGENS.
H Sentir l'épaule de mouton, se dit de ceux dont les
aisselles sentent mauvais ; locution tirée de ce que
les épaules de mouton, et, en général, la viande de
.mouton a une odeur de bouc, quand les béliers ont
été châtrés trop tard. || Il ne jette pas les épaulés de
mouton toutes rôties par les fenêtres, se dit d'un
avare. || 3" En un sens plus général, béliers, brebis,
et agneaux, réunis en troupeau. Troupeau de mou-
tons. Hélas 1 petits moutons que vous êtes heureux !
Vous paissez dans nos champs, sans souci, sans
alarmes, DESHOULIERES, les Moutons. Qu'est-ce donc
que ce drôle de fou qui traite le public comme Ajax
traitait ses moutons, et qui tombe sur lui en fu-
rieux? VOLT. Lett. Damilaville, 6 déc. 1762. Les
moutons vivent en société fort douce, leur caractère
passe pour très-débonnaire.... la république des
moutons est l'image fidèle de l'âge d'or, ID. Dict.
phil. Lois, 3. Robert, enfant de mon village, Re-
tourne garder tes moutons, BÉRANG. Vieux caporal.
||Fig. Revenons à nos moutons, revenons à notre
sujet; locution tirée de la farce de Patelin, où
M. Guillaume embrouille sans cesse son drap et ses
moutons. Or, laissant tout ceci, [je] retourne à mes
moutons, RÉGNIER, Sat. u. Laissez-là ce drap et cet
homme, et revenez à vos moutons, BRUEYS, AVOC.
Pat. ni, 2. Il ne s'agit pas, monsieur, des idylles
et des moutons de Mme Deshoulieres; revenons aux
nôtres, s'il vous plaît, GENLIS, Ad. et Tliéod. t. i,
p. 282, dans POUGENS. || Sauter comme les moutons
de Panurge, se dit des gens qui font une chose
par esprit d'imitation; locution tirée de Rabelais,
représentant Panurge, qui, pour se venger de Dinde-
■nault, lui achète un mouton et le fait sauter par-
dessus bord dans la mer : tous les autres moutons
sautent après lui et le marchand de moutons se
trouve ruiné. || Fig. En vrais moutons, comme des
moutons, en imitant niaisement ce que font les
autres. Quelques imitateurs, sot bétail, je l'avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue,
LA FONT. Poés. mél. LXX. On fut sans ordre et comme
des moutons, chez les princes et princesses du
sang, ST-SIM. 324, 242. || 4° Terme de zoologie.
Genre de mammifères ruminants à cornes creuses.
|| 5° Peau de mouton préparée. Reliure en mouton,
jj 6e Fig. Personne douce, traitable. Les commis-
saires d'aujourd'hui Sont des moutons auprès de lui
[Rhadamante], SCARR. Virg. vi. Par lui [l'amour]
les loups deviennent des moutons, LA FONT. Court.
Angélique-: Il est fâcheux d'être contrainte d'oublier
de telles injures ; mais, quelque violence que je me
fasse, c'est à moi de vous obéir. — Claudine :
Pauvre mouton! MOL. Georg. Dandin, m, 14. J'ai
trouvé le moyen d'apprivoiser le diable; j'en ai fait
un mouton, DESTOUCHES , Homm. sing. n, 2. Je veux
croire que ton docteur est un homme de bien; mais
l'Éternel nous permet de nous défier de ces étran-
gers; s'ils sont moutons à Bénarès, on dit qu'ils
sont tigres dans les contrées où les Européens se
sont établis, VOLT. Amabed, Réponse de Shastasid.
|| 7e Fig. Homme aposté par la police près d'un
prisonnier, pour gagner sa confiance et découvrir
son secret. On mit près de lui un mouton pour le
faire parler. Cet éloquent tribun n'était autre chose
qu'un mouchard, ce qu'on nomme en langage d'ar-
got un mouton, chargé de faire jaser les détenus,
CH. DE BERNARD, un Homme sérieux, g xv. || 8° Masse
de fer, ou gros billot de bois armé de fer, qui se
lève à bras ou à machine, et qui, retombant, sert à
enfoncer des pilotis, des pieux; ainsi dit parce que
le mouton donne des coups avec sa tête; c'est l'ana-
logue du bélier. || Terme d'architecture hydraulique.
Eau qui tombe rapidement par une rigole et qui,
trouvant tout à coup un obstacle, se relève en
bouillonnant. || 9° Pièce de bois dans laquelle on fait
entrer les anses d'une cloche, pour la suspendre.
|| Moutons d'un carrosse, se disait, avant l'usage des
ressorts, des pièces de bois, posées d'aplomb sur l'es-
sieu, auxquelles on suspendait la caisse de la voi-
ture. Bois de charronnage.... pour une voie com-
posée de 76 moutons de trois pieds et demi de long
entrant par eau, est dû loi» 12« ld, Déelar. 22 oct.
1716, tari/ 1. || Pièce qui descend avec la vis de la
presse à papier. || Terme de marine. Arbre en fer
qui supporte la cloche du bord. || Ancien terme de
marine. Nom d'un cordage servant à manier l'an-
tenne. || 10e S. m. plur. Vagues écumantes, ainsi
dites à cause de la blancheur de l'écume, comparée
à une toison blanche. || 11° Terme de pêche. Petit
tas de morues qui ont reçu 4 ou 6 soleils. || 12° Mou-
ton du Pérou, nom donné autrefois au lama. || Mou-
ton du Cap, ou, simplement, mouton, nom vul-
gaire donné aux albatros parce que, aux environs
du Cap de Bonne-Espérance,- à la surface de la
mer, leur plumage blanc les fait ressembler à
la frisure de la laine (diomedea exulans, Linné,
palmipèdes). || Mouton marin, espèce de poisson.
|| 13° Terme d'architecture. Queue de mouton, or-
nement en forme de grosse guirlande autour des
médaillons. || 14° Nom donné par les ouvriers à des
congestions locales qui se forment quand des
hommes font, sans y être habitués, pendant
longtemps de grands 1 efforts musculaires, et qui
dessinent les muscles les plus fatigués ; par exem-
ple, quand un apprenti forgeron cogne toute une
journée sur son enclume, le mouton survient à
l'épaule ; quand un apprenti terrassier se courbe et se
redresse successivement toute une journée,lemouton
survient au dos. || 15° Nom d'une ancienne monnaie
d'or de France, qui portait d'un côté l'image de saint
Jean-Baptiste, et de l'autre celle d'un agneau, avec
Ecce Agnus Dei pour légende ; dans le courant du
xve siècle, elle valait 7 fr. 95. || 16° Pain de mou-
ton, très-petit pain dont la surface était couverte
de grains de blé, et que l'on donnait aux enfants
comme une friandise. || 17° Adj. Mouton, moutonne,
qui appartient aux moutons. Caractère mouton.
Elle a l'air doux, je crois qu'elle n'a pas de malice,
elle a une figure moutonne, GENLIS, Thédt. d'êduc.
le Bal d'enfants, n, 3. || La gent moutonne, les
moutons. || S. f. Moutonne, se dit comme terme fa-
milier de caresse à une jeune femme. Me voilà' de
retour, moutonne ; et tu seras mariée dès ce soir,
comme tu le souhaites, DANCOURT , Colin-maillard,
se. 23. || S. f. Moutonne, coiffure de femmes qui a
été longtemps en usage, et qui consistait dans une
tresse de cheveux frisés et fort touffus, qu'elles se
mettaient sur le front.
— HIST. xn" s. Li mont s'esledecerent [se ré-
jouirent] sicume multun [arietes], etli tertre sicume
li aignel des oeilles [ouailles, brebis], Liber psalm.
p. 175. Le multon qu'il volt tuer, Bois, p. 60. As
set pas que cil firent qui l'arche portèrent, l'um
sacrifiout un buef e un multum en l'onurance
nostre Seigneur, ib. 14t. || xnr* s. Il ont les grei-
gneurs [les plus grands] moutons du monde,
MARC POL , p. 631. Je voel mangier char de
mouton, Chr. de Rains, p. no. ||xive s. Que la
lune ne soit pas en signe rungant [ruminant], si
cum mouton [aries], torel, capricorne, H. DE MONDE-
VILLE, f° 100. Et sachiez qu'il a empruntez pour nous
[Jean, roi de France, prisonnier] à Londres la somme
de mil et XLIIII moutons, Lett. de JEAN, dans Hist.
Utt-deFr. t. xxiv, p. 175. |]xves. L'en cognoist
bien le monton àla laine, E. DESCH. Poésies mss.
f° 218. Il avoit, en eux prenant, une belle journée
et une belle aventure de bons prisonniers, pour
avoir cent mille moutons [monnaie], FROISS~I, i,
272. De tels engins de canons, de bombardes, de
truies e de moutons se mettaient en peine ceux
de Gand de .adommager ceux de Oudenarde, ID.
II, n, 161. Sus, revenons à ces moutons? Qu'en
fut-il? Patelin. Or revenons à nos moutons: Ma per-
sonne fust 'descendue; Et, pour faire les comptes
rons, Je veys ma dame emmy la rue, COQUILLART,
te Monologue de la botte de foin. || xvies. X peine de
l'amende de trois livres parisis pour chacune beste,
dix moutons n'estant pris que pour une vache, A'ouu.
cottst. génér. 1.1, p. 647. Chair de mouton, manger
de glouton, LEROUX DE. LINCY, Prov. t. i, p. 186.
Vous avez nom Robin Mouton ; voyez ce mouton-là,
il a nom Robin comme vous, BAB. IV, 6.
— ÉTYM. Bourg, môton; provenç. molto, multo,
moto; cat.moifô;ital.moltone et montone;bas-lat.
multonem, moltonem, mutilonem. La forme primi-
tive a une l: molt.... On a dans le celtique : gaël.
mult; kimry, mollt; irl. molt; bas-breton, maoud,
bélier; Cornouailles (texte du IXe siècle), molt. On
objecte à cette étymologie que molt paraît isolé
dans les langues celtiques, et n'a rien qui l'explique.
Diez cherche une étymologie latine : le dialecte des
Grisons a mult, châtré, qu'on tire, par inversion des
lettres, du latin mutilus, mutilé; il rapproche le
provençal moderne cabro mouto, chèvre à laquelle
on a enlevé les cornes (toutefois, pour ce mot,
voy. MUTÉ). X cela on objecte que multon s'est dit
constamment pour bélier, avant l'introduction de
bélier, laquelle est assez récente ; ce qui va mal avec
le sens de mutilé. De plus toutes les langues cel-
tiques ont le même mot pour bélier ; c'est un in-
dice pour croire que le mot y est indigène. Ainsi
l'étymologie incline vers le celtique.
t MOUTONNAILLE (mou-to-nâ-11', // mouillées;,
s. f. S'est dit, par plaisanterie, de ceux qui se
laissent toujours conduire par l'exemple.
— HIST. xvie s. Moutonnaille, COTGRAVE.
— ÉTYM. Mouton, et la finale péjorative aille.
MOUTONNÉ, ÉE (mou-to-né, née), part, passé de
moutonner. || 1° Frisé comme la laine du mouton.
M. de Turenne, qui était vêtu fort simplement, m'en
railla devant le cardinal, et me dit que j'étais bien
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