650
MOL MOU MOU
fait savoir, ID. Élégie. || Voix mourante, voix langou-
reuse et traînante. || 3° Fig. Mourant à, qui, par
mortification, renonce à. J'ai retrouvé notre cher
Corbinelli comme je l'avais laissé, un peu plus phi-
losophe, et mourant tous les jours à quelque chose,
SÉV. 24 nov. 1685. || 4° Fig. Qui s'éteint, qui cesse,
qui finit. Et son courroux mourant [de Pompée as-
sassiné] fait un dernier effort Pour reprocher aux
dieux sa défaite et sa mort, CORN. Pomp. m, t.
Qu'elle fuie avec lui; c'est tout ce^ que veut d'elle
Le souvenir mourant d'une flamme si belle, ID.
Théod. v, 3. Qu'il se trouve au milieu d'une étrange
torture, Et qu'il y soutientmal sa mourante vigueur,
ID. imif. m, 29. Avant qu'il [Antipater] y entrât
[dans Athènes], Démosthène et tous ceux de son
parti, qu'on pouvait regarder comme les derniers
des Grecs et comme les défenseurs d'une liberté
mourante, sortirent de la ville, ROLLIN, Hist. anc.
OEuv. t. vu, p. 65, dans POUGENS. Et ce reste impor-
tun de la sédition N'est qu'un bruit passager de
flots après l'orage Dont le courroux mourant frappe
encor le rivage, VOLT. Mahom. v, 1.1| 5° Qui va en
pente douce, qui s'abaisse insensiblement. Une plage
mourante. || 6° Se dit de certaines couleurs pâles.
Turnus ayant planté lui-même Sur la citadelle Lau-
rent Son étendard de bleu mourant, SCARR. rira. vm.
Il n'en resta qu'un très-petit nombre dont les feuilles
étaient d'un vert pâle et mourant, VOLT. Princ. de
Bab. 10. || Terme de peinture. Tons mourants, cou-
leurs mourantes, tons, couleurs affaiblies et dégra-
dées. || Terme, de musique. En mourant,en passant
du son fort à un son tellement faible qu'on l'entend
à peine. || 7° S.m. etf. Un mourant, une mourante,
celui, celle dont la vie s'éteint. Un mourant qui
comptait plus de cent ans de vie Se plaignait à la
Mort que précipitamment Elle le contraignait de
partir tout à l'heure Sans avoir fait son lestament,
LA FONT. Fabl. vin, i. Madame.... demande d'elle-
même.... la sainte onction des mourants avec un
pieux empressement, BOSS. Duch. d'Orl. Vous savez
l'horreur qu'on a de recueillir ces soupirs conta-
gieux qui sortent du sein d'un mourant pour faire
mourir ceux qui vivent, FLÊCH. Mme de Mont. Et
l'homme aux champs de Mars couché sur la pous-
sière, Sanglant, percé de coups, sur un tas de mou-
rants Sert d'aliment affreux aux oiseaux dévorants,
VOLT. Désast. Lisb. || Fig. Faire le mourant, du
mourant, faire le langoureux. Et faisant des mou-
rants et de l'âme saisie, Ils croient.... RÉGNIER, Sat.
xm. || Dans le langage précieux du xvne siècle, le
mourant d'une dame, son amoureux. Pour M. de
Montausier, c'a été un mourant d'une constance
qui a duré plus de treize ans, TALLEM. DES REAUX,
Historiette de Mme de Montausier.
f MOUREAU (mou-rô), s. m. Un des noms vul-
gaires du rouge-gorge. || Moureau des languedociens,
variété d'olive.
t MOUREILL1ER (mou-rè-llié, Il mouillées),
s. m. Nom vulgaire, à la Guiane, de toutes les es-
pèces du genre malpighie.
yMOURET (mou-rè),s. m.|| l°CoquiIleduSénégal,
ji 2° EnNormandie, un des noms du fruitde l'airelle.
| MOURETIER (mou-re-tié), s. m. Nom vulgaire
du vaccinium myrtillus, de Linné, à cause de la
couleur noire de son fruit, appelé moret et mouret
dans certains cantons.
t MOURIER (mou-rié), s. m. Mésange à longue
queue, parus caudalus, L.
y MOURINE (mou-ri-n'), s. f. Espèce de raie
(voy. MYLIOBATE).
MOURIR (mou-rir), je meurs, tu meurs, il meurt,
nous mourons, vous mourez, ils meurent ; je mou-
rais; je mourrai; je mourrais; je mourus; meurs,
qu'il meure, mourons, mourez, qu'ils meurent;
que je meure, que tu meures, qu'il meure, que nous
mourions, que vous mouriez, qu'ils meurent; que je
mourusse; mourant, mort (ou se change en eu, toutes
les fois qu'il porte l'accent tonique), v. n. || 1° Cesser
de vivre. Mourir de vieillesse, de maladie, de mort
violente. Son cheval vient de mourir. Il est mort de
faim. Quiconque sait mourir, sait bien aussi se taire,
DU RYER, Scévole, iv, 6. Ma fille, il est toujours as-
sez tôt de mourir, CORN. OEdipe, in, 2. Mourir pour
le pays est un si digne sort, Qu'on briguerait en
foule une si belle mort, m. Hor. n, 3. Voir le der-
nier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être
cause et mourir de plaisir! ID. ib. iv, 6. Si mou-
rir pour son prince est un illustre sort, Quand on
meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ! m. Poly.
iv, 3. Quoi! vous causez sa perte, et n'avez point de
pleurs! — Non, je ne pleure point, madame, mais
je meurs, ID. Suréna, v, o. Les jeunes gens mour-
ront par l'épée, leurs fils et leurs filles mour-
ront de faim, SACI, Bible, Jérémie, n, 22. Nous
nous connaissons si peu, que plusieurs pensent al-
ler mourir quand ils se portent bien, et plusieurs
pensent se porter bien quand ils sont proche de
mourir, PASC. Pens. xxv, 8, éd. HAVET. Je ne suis
la fin de personne, et n'ai pas de quoi le satisfaire :
ne suis-je pas prêt à mourir? ID. ib. xxiv, 39 ter.
On mourra seul ; il faut donc faire comme si on
était seul, m. ib. xiv, l. Ce qui me fâche, c'est qu'en
ne faisant rien les jours se passent, et notre pauvre
vie est composée de ces jours, et l'on vieillit, et
l'on meurt, SÉV. 6 août 1676. Si on m'avait demandé
mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les
bras de ma nourrice; cela m'aurait Ôté bien des
ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûre-
ment et bien aisément, ID. 16 mars 1672. Tant
il est vrai que tout meurt en lui [l'homme], jus-
qu'aux termes funèbres par lesquels on exprimait
ses malheureux restes, BOSS. Duch. d'Orl. Nous
mourons tous, a dit cette femme dont l'Ecriture a
loué la prudence, et nous allons sans cesse au
tombeau ainsi que des eaux qui se perdent sans
retour, ID. ib. Cette admirable parole, qu'elle ai-
mait mieux vivre et mourir sans consolation, que
d'en chercher hors de Dieu, m. Anne de Gong. Tu-
renne meurt, tout se confond, la fortune chancelle,
la victoire se lasse, la paix s'éloigne, FLÊCH. Tu-
renne. Je plains Mlles de Barneval, si elles perdent
leur mère : je ne puis plaindre ceux qui meurent,
MAINTENON, Lett. à Mme de Caylus, t. vi, p. 172,
dans POUGENS. En mourrai-je moins, me direz-vous?
vous mourrez plus tard : chaque instant de votre vie
m'est précieux, m. Lettre à Mme de Glapion,
27 déc. 1716. M. de Barbezieux meurt à la fleur de
son âge, dans une très-grande fortune, et à la
veille d'une fortune encore plus grande, ID. Lelt. au
D. de Noailles^ 7 janv. 1701. L'imbécile Ibrahim,
sans craindre sa naissance, Traîne dans le sérail
une éternelle enfance; Indigne également de vivre
et de mourir.... RAC. Baj. 1, 1. Ne tardons plus,
marchons; et, s'il faut que je meure, Mourons, moi,
cher Osmin, comme un vizir, et toi Comme le favori
d'un homme tel que moi, ID. Baj. iv, 7. Ariane,
ma soeur, de quel amour blessée, Vous mourûtes
aux bords où vous fûtes laissée ! ID. Phèdre, 1, 3.
Mourez donc, et gardez un silence inhumain, ID.
ib. 1, 3. Virgile mourut à Brunduse l'année de
Rome 736, âgé de cinquante-deux ans, ROLLIN,
Hist. anc. t. xn, p. 93, dans POUGENS. M. Cassini
mourut le 14 septembre 1712, âgé de 87 ans et demi,
sans maladie, sans douleur, par la seule nécessité
de mourir, FONTEN. Cassini. Un peu avant qu'il
[l'argent] finit, je tombai assez malade pour espé-
rer de mourir: on ne meurt jamais à propos; je fus
trompée dans mon attente, STAAL, Mém. 1.1, p. 130.
Quand il faut rendre son corps aux éléments, et ra-
nimer la nature sous une autre forme, ce qui s'ap-
pelle mourir ; quand ce moment de métamorphose
est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un
jour, c'est précisément la même chose, VOLT. Mi-
cromégas, 2. On meurt en détail, ma chère amie ;
p.uissiez-vous jouir d'une meilleure santé que la
mienne! ID. Lett. Mme de Champbonin, 17'nov.
1764. On sait bien qu'il faut mourir; mais, en con-
science, il ne faudrait pas aller à la mort par de si
vilains chemins, ID. Lett. Yasselier, mai 1773. Mou-
rir est un instant, vivre est un long supplice, SAU-
RIN, Beverlei, v, 6. Nous commençons de vivre par
degrés, et nous finissons de mourir comme nous
commençons de vivre, BUFF. Hist. nat. Hom.
OEuv. t. iv, p. 368. Je meurs, et sur la tombe
où lentement j'arrive, Nul ne viendra verser
des pleurs, GILBERT, Ode imitée de plusieurs
psaumes. Prends ton vol, ô mon âme, et dépouille
tes chaînes; Déposer le fardeau des misères hu-
maines, Est-ce donc là mourir ? LAMART ife"dit. 1, 27.
Il Mourir roi, prince, etc. mourir avec la dignité
de roi, de prince, etc. Traître, songe, en mourant,
que tu meurs mon sujet, RAC. Théb. v, 3. Il a
soixante et quatorze ans, C'est mourir pape et non
pas l'être, VOLT. Lett. en vers et en prose, 163. || Il
se dit dans un sens analogue avec un adjectif. 11
est mort repentant. Quand tu sauras mon crime et
le sort qui m'accable, Je n'en mourrai pas moins,
j'en mourrai plus coupable, RAC Phèdre,i, 3. || Mou-
rir dans une croyance, y persister jusqu'à la fin
de sa vie. Le bon religieux conçut que le philoso-
phe était résolu de mourir dans la religion de son
pays, DIDER. Opin. des anciens philos, (hobbisme).
Il En un sens analogue, mourir dans son péché, ne
pas se corriger. Ce n'est pas parce que j'ai quatre-
vingts ans que je pense ainsi ; car j'avais le même
goût à auinze, et nrobablement je mourrai dans
mon péché, VOLT. Lett. Touraille, 6 juill. 1774. || I]
mourra en sa peau, ou en sa peau mourra le re-
nard, c'est-à-dire on ne se corrige point. || On dit
de même : il mourra dans la peau d'un insolent.
Le drôle est toujours le même, et, à moins qu'on ne
l'écorche vif, je prédis qu'il mourra dans la peau
du plus fier insolent I... BEAUMARCHAIS, le Mariage
de Figaro, I, 3. || Mourir dans son fit, voy. LIT
n° 1. Il Mourir au champ d'honneur, au Ut d'hon-
neur, être tué à la guerre, en faisant son devoir,
voy. HONNEUR, n" 1. || Familièrement. Mourir de sa
belle mort, mourir de sa mort naturelle. || Ironique-
ment. Mourir dans les formes, mourir traité en règle
par la médecine. Ce n'est pas qu'avec tout cela votre
fille ne puisse mourir; mais au moins vous aurez
fait quelque chose, et vous aurez la consolation .
qu'elle sera morte dans les formes, MOL. Am. méd.
n, 5. || Mourir martyr, mourir en souffrant de
grandes douleurs. || Bien mourir, mourir chrétien-
nement, dans des sentiments de pénitence et de
foi. C'est peu de reconnaître la nécessité de mou-
rir, si l'on n'en tiré des motifs et des conséquences
pour bien vivre, FLÉCH. Lamoignon. || On dit dans
un sens analogue, mais familièrement : mourir dé-
cemment. Louis'XV.... éloigna la duBarry, commu-
nia, mourut fort décemment, MICHELET, louis JKe!
Louis XVI. || Populairement. Mourir comme un
chien, mourir sans vouloir témoigner le moindre
repentir de ses fautes. || Mourir tout en vie, mourir
d'une maladie vive et prompte, être emporté dans
la pleine vigueur du corps et de l'esprit. || Mourir tout
entier, ne laisser aucun renom après sa mort. Ne
laisser aucun nom et mourir tout entier, RAC. Iph.
1, 2, || Mourir à la peine, mourir sans avoir aucun
relâche d'occupations pénibles, sans prendre une re-
traite. Je sens bien qu'il faut mourir; mais, pen-
dant qu'on attend, tout change, et on meurt à la
peine, VOLT. £etf. d'Argental, 24 oct. 1774. || Fig.
Mourir à la peine, ne vouloir point démordre de, ce
qu'on a entrepris. Je viendrai à bout de mon dessein,
ou je mourrai à la peine. || Il ne mourra que de ma
main, se dit par menace contre quelqu'un. Si c'était
encore le même chevalier sur le même cheval, 1
no mourrait que de ma main, SÉV. 13 sept. 16' 1.
Il Fig. Mourir d'une belle épée, succomber sous un
ennemi à qui il est glorieux de céder, mourir hono-
Kablement. Quoi qu'il en soit, je me porte bien; et,
si je meurs de cette maladie, ce sera d'une belle
épée [honorablement], et je vous laisse le soin de
mon épitaphe, SËV. à Bussy, 6 sept. 1674. || Fig.
Mourir sur le coffre, mourir au service d'un roi, d'un
grand ; locution prise des coffres sur lesquels on avait
autrefois coutume dans les grandes, maisons de cou-
cher les domestiques. Ébloui de l'éclat de la splen-
deur mondaine, Je me flattais toujours d'une espé-
rance vaine ; Faisant le chien couchant auprès d'un
grand seigneur, Je me vis toujours pauvre, et tâ-
chai de paraître ; Je vécus dans la peine, attendant
le bonheur, Et mourus sur un coffre en attendant
mon maître, TRISTAN, Son épitaphe (1666). Mon-
sieur, je vous prie de croire [paroles de Turenne au
cardinal de Retz] que, sans ces affaires-ci où peut-
être on a besoin de moi, je me retirerais comme
vous, et je vous donne ma parole que, si j'en reviens,
je ne mourrai pas sur le coffre, et je mettrai,'à vo-
tre exemple, quelque temps entre la vie et la mort,
SÉV. 2 août 1675. Il 2° Impersonnellement. 11 meurt,
année moyenne, tant de personnes à Paris. 11 est
mort beaucoup de monde du choléra. Les mois dans
lesquels il meurt le plus de monde sont mars, avril
et mai, et ceux pendant lesquels il en meurt le
moins sont août, juillet et septembre, BUFF. Prob.
de la vie, OEuv. t. x, p. 613. || 3° Il est mort, a quel-
quefois la force du futur il mourra. Si ma fille
une fois met le pied dans l'Aulide, Elle est morte :
Calchas, qui l'attend en ces lieux, Fera taire nos
pburs.... RAC. Iphig. 1, l.||4° Par forme de ser-
ment, je veux mourir, que je meure à l'instant, ou
je meure, sans que, si ce que je vous dis n'est pas
vrai. Je meure, mon enfant, si tu n'es admirable,
CORN. Veuve, m, 4. Je meure, en vos'discours si je
puis rien comprendre, ID. le Ment, n, 3. Si pendant
un quart d'heure Vous suivez ce dessein, c'est beau-
coup ou je meure, DESTOUCHES, Irrésolu, rv, 1.
M. de Forlis : Promets-moi.... — Le baron : Que je
meure Si j'y manque, monsieur, BOISSY, Deh.
tromp. iv, 2. Je veux mourir si je comprends un mot
à tout ce galimatias, GENLIS, Théât. d'éduc. le Mé-
chant par air, 1, l.||On dit aussi : Que je ne
meure. Je n'ai, que je ne meure, point de joie si
sensible, que lorsque je pense que la fortune nous
donnera moyen quelque jour de passer le reste
I de notre vie l'un avec l'autre, VOIT. Lett. 126.
MOL MOU MOU
fait savoir, ID. Élégie. || Voix mourante, voix langou-
reuse et traînante. || 3° Fig. Mourant à, qui, par
mortification, renonce à. J'ai retrouvé notre cher
Corbinelli comme je l'avais laissé, un peu plus phi-
losophe, et mourant tous les jours à quelque chose,
SÉV. 24 nov. 1685. || 4° Fig. Qui s'éteint, qui cesse,
qui finit. Et son courroux mourant [de Pompée as-
sassiné] fait un dernier effort Pour reprocher aux
dieux sa défaite et sa mort, CORN. Pomp. m, t.
Qu'elle fuie avec lui; c'est tout ce^ que veut d'elle
Le souvenir mourant d'une flamme si belle, ID.
Théod. v, 3. Qu'il se trouve au milieu d'une étrange
torture, Et qu'il y soutientmal sa mourante vigueur,
ID. imif. m, 29. Avant qu'il [Antipater] y entrât
[dans Athènes], Démosthène et tous ceux de son
parti, qu'on pouvait regarder comme les derniers
des Grecs et comme les défenseurs d'une liberté
mourante, sortirent de la ville, ROLLIN, Hist. anc.
OEuv. t. vu, p. 65, dans POUGENS. Et ce reste impor-
tun de la sédition N'est qu'un bruit passager de
flots après l'orage Dont le courroux mourant frappe
encor le rivage, VOLT. Mahom. v, 1.1| 5° Qui va en
pente douce, qui s'abaisse insensiblement. Une plage
mourante. || 6° Se dit de certaines couleurs pâles.
Turnus ayant planté lui-même Sur la citadelle Lau-
rent Son étendard de bleu mourant, SCARR. rira. vm.
Il n'en resta qu'un très-petit nombre dont les feuilles
étaient d'un vert pâle et mourant, VOLT. Princ. de
Bab. 10. || Terme de peinture. Tons mourants, cou-
leurs mourantes, tons, couleurs affaiblies et dégra-
dées. || Terme, de musique. En mourant,en passant
du son fort à un son tellement faible qu'on l'entend
à peine. || 7° S.m. etf. Un mourant, une mourante,
celui, celle dont la vie s'éteint. Un mourant qui
comptait plus de cent ans de vie Se plaignait à la
Mort que précipitamment Elle le contraignait de
partir tout à l'heure Sans avoir fait son lestament,
LA FONT. Fabl. vin, i. Madame.... demande d'elle-
même.... la sainte onction des mourants avec un
pieux empressement, BOSS. Duch. d'Orl. Vous savez
l'horreur qu'on a de recueillir ces soupirs conta-
gieux qui sortent du sein d'un mourant pour faire
mourir ceux qui vivent, FLÊCH. Mme de Mont. Et
l'homme aux champs de Mars couché sur la pous-
sière, Sanglant, percé de coups, sur un tas de mou-
rants Sert d'aliment affreux aux oiseaux dévorants,
VOLT. Désast. Lisb. || Fig. Faire le mourant, du
mourant, faire le langoureux. Et faisant des mou-
rants et de l'âme saisie, Ils croient.... RÉGNIER, Sat.
xm. || Dans le langage précieux du xvne siècle, le
mourant d'une dame, son amoureux. Pour M. de
Montausier, c'a été un mourant d'une constance
qui a duré plus de treize ans, TALLEM. DES REAUX,
Historiette de Mme de Montausier.
f MOUREAU (mou-rô), s. m. Un des noms vul-
gaires du rouge-gorge. || Moureau des languedociens,
variété d'olive.
t MOUREILL1ER (mou-rè-llié, Il mouillées),
s. m. Nom vulgaire, à la Guiane, de toutes les es-
pèces du genre malpighie.
yMOURET (mou-rè),s. m.|| l°CoquiIleduSénégal,
ji 2° EnNormandie, un des noms du fruitde l'airelle.
| MOURETIER (mou-re-tié), s. m. Nom vulgaire
du vaccinium myrtillus, de Linné, à cause de la
couleur noire de son fruit, appelé moret et mouret
dans certains cantons.
t MOURIER (mou-rié), s. m. Mésange à longue
queue, parus caudalus, L.
y MOURINE (mou-ri-n'), s. f. Espèce de raie
(voy. MYLIOBATE).
MOURIR (mou-rir), je meurs, tu meurs, il meurt,
nous mourons, vous mourez, ils meurent ; je mou-
rais; je mourrai; je mourrais; je mourus; meurs,
qu'il meure, mourons, mourez, qu'ils meurent;
que je meure, que tu meures, qu'il meure, que nous
mourions, que vous mouriez, qu'ils meurent; que je
mourusse; mourant, mort (ou se change en eu, toutes
les fois qu'il porte l'accent tonique), v. n. || 1° Cesser
de vivre. Mourir de vieillesse, de maladie, de mort
violente. Son cheval vient de mourir. Il est mort de
faim. Quiconque sait mourir, sait bien aussi se taire,
DU RYER, Scévole, iv, 6. Ma fille, il est toujours as-
sez tôt de mourir, CORN. OEdipe, in, 2. Mourir pour
le pays est un si digne sort, Qu'on briguerait en
foule une si belle mort, m. Hor. n, 3. Voir le der-
nier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être
cause et mourir de plaisir! ID. ib. iv, 6. Si mou-
rir pour son prince est un illustre sort, Quand on
meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ! m. Poly.
iv, 3. Quoi! vous causez sa perte, et n'avez point de
pleurs! — Non, je ne pleure point, madame, mais
je meurs, ID. Suréna, v, o. Les jeunes gens mour-
ront par l'épée, leurs fils et leurs filles mour-
ront de faim, SACI, Bible, Jérémie, n, 22. Nous
nous connaissons si peu, que plusieurs pensent al-
ler mourir quand ils se portent bien, et plusieurs
pensent se porter bien quand ils sont proche de
mourir, PASC. Pens. xxv, 8, éd. HAVET. Je ne suis
la fin de personne, et n'ai pas de quoi le satisfaire :
ne suis-je pas prêt à mourir? ID. ib. xxiv, 39 ter.
On mourra seul ; il faut donc faire comme si on
était seul, m. ib. xiv, l. Ce qui me fâche, c'est qu'en
ne faisant rien les jours se passent, et notre pauvre
vie est composée de ces jours, et l'on vieillit, et
l'on meurt, SÉV. 6 août 1676. Si on m'avait demandé
mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les
bras de ma nourrice; cela m'aurait Ôté bien des
ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûre-
ment et bien aisément, ID. 16 mars 1672. Tant
il est vrai que tout meurt en lui [l'homme], jus-
qu'aux termes funèbres par lesquels on exprimait
ses malheureux restes, BOSS. Duch. d'Orl. Nous
mourons tous, a dit cette femme dont l'Ecriture a
loué la prudence, et nous allons sans cesse au
tombeau ainsi que des eaux qui se perdent sans
retour, ID. ib. Cette admirable parole, qu'elle ai-
mait mieux vivre et mourir sans consolation, que
d'en chercher hors de Dieu, m. Anne de Gong. Tu-
renne meurt, tout se confond, la fortune chancelle,
la victoire se lasse, la paix s'éloigne, FLÊCH. Tu-
renne. Je plains Mlles de Barneval, si elles perdent
leur mère : je ne puis plaindre ceux qui meurent,
MAINTENON, Lett. à Mme de Caylus, t. vi, p. 172,
dans POUGENS. En mourrai-je moins, me direz-vous?
vous mourrez plus tard : chaque instant de votre vie
m'est précieux, m. Lettre à Mme de Glapion,
27 déc. 1716. M. de Barbezieux meurt à la fleur de
son âge, dans une très-grande fortune, et à la
veille d'une fortune encore plus grande, ID. Lelt. au
D. de Noailles^ 7 janv. 1701. L'imbécile Ibrahim,
sans craindre sa naissance, Traîne dans le sérail
une éternelle enfance; Indigne également de vivre
et de mourir.... RAC. Baj. 1, 1. Ne tardons plus,
marchons; et, s'il faut que je meure, Mourons, moi,
cher Osmin, comme un vizir, et toi Comme le favori
d'un homme tel que moi, ID. Baj. iv, 7. Ariane,
ma soeur, de quel amour blessée, Vous mourûtes
aux bords où vous fûtes laissée ! ID. Phèdre, 1, 3.
Mourez donc, et gardez un silence inhumain, ID.
ib. 1, 3. Virgile mourut à Brunduse l'année de
Rome 736, âgé de cinquante-deux ans, ROLLIN,
Hist. anc. t. xn, p. 93, dans POUGENS. M. Cassini
mourut le 14 septembre 1712, âgé de 87 ans et demi,
sans maladie, sans douleur, par la seule nécessité
de mourir, FONTEN. Cassini. Un peu avant qu'il
[l'argent] finit, je tombai assez malade pour espé-
rer de mourir: on ne meurt jamais à propos; je fus
trompée dans mon attente, STAAL, Mém. 1.1, p. 130.
Quand il faut rendre son corps aux éléments, et ra-
nimer la nature sous une autre forme, ce qui s'ap-
pelle mourir ; quand ce moment de métamorphose
est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un
jour, c'est précisément la même chose, VOLT. Mi-
cromégas, 2. On meurt en détail, ma chère amie ;
p.uissiez-vous jouir d'une meilleure santé que la
mienne! ID. Lett. Mme de Champbonin, 17'nov.
1764. On sait bien qu'il faut mourir; mais, en con-
science, il ne faudrait pas aller à la mort par de si
vilains chemins, ID. Lett. Yasselier, mai 1773. Mou-
rir est un instant, vivre est un long supplice, SAU-
RIN, Beverlei, v, 6. Nous commençons de vivre par
degrés, et nous finissons de mourir comme nous
commençons de vivre, BUFF. Hist. nat. Hom.
OEuv. t. iv, p. 368. Je meurs, et sur la tombe
où lentement j'arrive, Nul ne viendra verser
des pleurs, GILBERT, Ode imitée de plusieurs
psaumes. Prends ton vol, ô mon âme, et dépouille
tes chaînes; Déposer le fardeau des misères hu-
maines, Est-ce donc là mourir ? LAMART ife"dit. 1, 27.
Il Mourir roi, prince, etc. mourir avec la dignité
de roi, de prince, etc. Traître, songe, en mourant,
que tu meurs mon sujet, RAC. Théb. v, 3. Il a
soixante et quatorze ans, C'est mourir pape et non
pas l'être, VOLT. Lett. en vers et en prose, 163. || Il
se dit dans un sens analogue avec un adjectif. 11
est mort repentant. Quand tu sauras mon crime et
le sort qui m'accable, Je n'en mourrai pas moins,
j'en mourrai plus coupable, RAC Phèdre,i, 3. || Mou-
rir dans une croyance, y persister jusqu'à la fin
de sa vie. Le bon religieux conçut que le philoso-
phe était résolu de mourir dans la religion de son
pays, DIDER. Opin. des anciens philos, (hobbisme).
Il En un sens analogue, mourir dans son péché, ne
pas se corriger. Ce n'est pas parce que j'ai quatre-
vingts ans que je pense ainsi ; car j'avais le même
goût à auinze, et nrobablement je mourrai dans
mon péché, VOLT. Lett. Touraille, 6 juill. 1774. || I]
mourra en sa peau, ou en sa peau mourra le re-
nard, c'est-à-dire on ne se corrige point. || On dit
de même : il mourra dans la peau d'un insolent.
Le drôle est toujours le même, et, à moins qu'on ne
l'écorche vif, je prédis qu'il mourra dans la peau
du plus fier insolent I... BEAUMARCHAIS, le Mariage
de Figaro, I, 3. || Mourir dans son fit, voy. LIT
n° 1. Il Mourir au champ d'honneur, au Ut d'hon-
neur, être tué à la guerre, en faisant son devoir,
voy. HONNEUR, n" 1. || Familièrement. Mourir de sa
belle mort, mourir de sa mort naturelle. || Ironique-
ment. Mourir dans les formes, mourir traité en règle
par la médecine. Ce n'est pas qu'avec tout cela votre
fille ne puisse mourir; mais au moins vous aurez
fait quelque chose, et vous aurez la consolation .
qu'elle sera morte dans les formes, MOL. Am. méd.
n, 5. || Mourir martyr, mourir en souffrant de
grandes douleurs. || Bien mourir, mourir chrétien-
nement, dans des sentiments de pénitence et de
foi. C'est peu de reconnaître la nécessité de mou-
rir, si l'on n'en tiré des motifs et des conséquences
pour bien vivre, FLÉCH. Lamoignon. || On dit dans
un sens analogue, mais familièrement : mourir dé-
cemment. Louis'XV.... éloigna la duBarry, commu-
nia, mourut fort décemment, MICHELET, louis JKe!
Louis XVI. || Populairement. Mourir comme un
chien, mourir sans vouloir témoigner le moindre
repentir de ses fautes. || Mourir tout en vie, mourir
d'une maladie vive et prompte, être emporté dans
la pleine vigueur du corps et de l'esprit. || Mourir tout
entier, ne laisser aucun renom après sa mort. Ne
laisser aucun nom et mourir tout entier, RAC. Iph.
1, 2, || Mourir à la peine, mourir sans avoir aucun
relâche d'occupations pénibles, sans prendre une re-
traite. Je sens bien qu'il faut mourir; mais, pen-
dant qu'on attend, tout change, et on meurt à la
peine, VOLT. £etf. d'Argental, 24 oct. 1774. || Fig.
Mourir à la peine, ne vouloir point démordre de, ce
qu'on a entrepris. Je viendrai à bout de mon dessein,
ou je mourrai à la peine. || Il ne mourra que de ma
main, se dit par menace contre quelqu'un. Si c'était
encore le même chevalier sur le même cheval, 1
no mourrait que de ma main, SÉV. 13 sept. 16' 1.
Il Fig. Mourir d'une belle épée, succomber sous un
ennemi à qui il est glorieux de céder, mourir hono-
Kablement. Quoi qu'il en soit, je me porte bien; et,
si je meurs de cette maladie, ce sera d'une belle
épée [honorablement], et je vous laisse le soin de
mon épitaphe, SËV. à Bussy, 6 sept. 1674. || Fig.
Mourir sur le coffre, mourir au service d'un roi, d'un
grand ; locution prise des coffres sur lesquels on avait
autrefois coutume dans les grandes, maisons de cou-
cher les domestiques. Ébloui de l'éclat de la splen-
deur mondaine, Je me flattais toujours d'une espé-
rance vaine ; Faisant le chien couchant auprès d'un
grand seigneur, Je me vis toujours pauvre, et tâ-
chai de paraître ; Je vécus dans la peine, attendant
le bonheur, Et mourus sur un coffre en attendant
mon maître, TRISTAN, Son épitaphe (1666). Mon-
sieur, je vous prie de croire [paroles de Turenne au
cardinal de Retz] que, sans ces affaires-ci où peut-
être on a besoin de moi, je me retirerais comme
vous, et je vous donne ma parole que, si j'en reviens,
je ne mourrai pas sur le coffre, et je mettrai,'à vo-
tre exemple, quelque temps entre la vie et la mort,
SÉV. 2 août 1675. Il 2° Impersonnellement. 11 meurt,
année moyenne, tant de personnes à Paris. 11 est
mort beaucoup de monde du choléra. Les mois dans
lesquels il meurt le plus de monde sont mars, avril
et mai, et ceux pendant lesquels il en meurt le
moins sont août, juillet et septembre, BUFF. Prob.
de la vie, OEuv. t. x, p. 613. || 3° Il est mort, a quel-
quefois la force du futur il mourra. Si ma fille
une fois met le pied dans l'Aulide, Elle est morte :
Calchas, qui l'attend en ces lieux, Fera taire nos
pburs.... RAC. Iphig. 1, l.||4° Par forme de ser-
ment, je veux mourir, que je meure à l'instant, ou
je meure, sans que, si ce que je vous dis n'est pas
vrai. Je meure, mon enfant, si tu n'es admirable,
CORN. Veuve, m, 4. Je meure, en vos'discours si je
puis rien comprendre, ID. le Ment, n, 3. Si pendant
un quart d'heure Vous suivez ce dessein, c'est beau-
coup ou je meure, DESTOUCHES, Irrésolu, rv, 1.
M. de Forlis : Promets-moi.... — Le baron : Que je
meure Si j'y manque, monsieur, BOISSY, Deh.
tromp. iv, 2. Je veux mourir si je comprends un mot
à tout ce galimatias, GENLIS, Théât. d'éduc. le Mé-
chant par air, 1, l.||On dit aussi : Que je ne
meure. Je n'ai, que je ne meure, point de joie si
sensible, que lorsque je pense que la fortune nous
donnera moyen quelque jour de passer le reste
I de notre vie l'un avec l'autre, VOIT. Lett. 126.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.93%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Littré Émile Littré Émile /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Littré Émile" or dc.contributor adj "Littré Émile")Histoire littéraire de la France. T. XXVI-XXVIII, quatorzième siècle et suite. Tome 27 / ouvrage commencé par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint Maur et continué par des membres de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles lettres) /ark:/12148/bd6t57813555.highres Application de la philosophie positive au gouvernement des sociétés et en particulier à la crise actuelle / par É. Littré,... /ark:/12148/bpt6k30562987.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 658/1408
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5460034d/f658.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5460034d/f658.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5460034d/f658.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5460034d/f658.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5460034d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5460034d
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5460034d/f658.image × Aide