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MOU MOU MOU
MOTTE, ÉE (mc-té, tée), part, passe" de mot-
ter. Perdrix mottées.
- f MOTTÉE (mo-tée), s. f. Se dit, dans la Vendée,
d'une pièce de terre entourée de fossés profonds
dont on a rejeté la terre sur la pièce même.
— ÉTYM. ifofte.
MOTTER(mo-té),».a. U1° Terme rural. Jeter des
mottes de terre avec la houlette pour faire obéir les
brebis. || 2° Terme de chasse. Se motter,i;. re'/î. Se ca-
cher derrière des mottes de terre, en parlant de perdrix.
— REM. L'Académie n'a motler que comme verbe
réfléchi.
— HIST. xne s. [Le chien] Se tient ferme planté,
tant qu'il voye la place Et le gibier motte couvert
delatirace [filet], RONS. 939.
— ÉTYM. Motte.
t MOTTEREAU (mo-te-rô), s. m. Hirondelle de
rivage, hirundo riparia, L.
t MOTTEUR (mo-teur), s. m. Ouvrier qui fait des
mottes à brûler. Le motteur nus pieds presse la
tannée dans le moule [de cuivre] et la frappe pour
la durcir, Dict. des arts et m. Tanneur.
— ÉTYM.Jfotfe.
t MOTTEUX (mo-teû), s. m. Oiseau commun en
Europe (famille des turdidés, genre traquet). Le
motteux ou cul blanc, motacilla oenanthe, Linné;
le motteux roux, motacilla stapasina, Linné.
— ÉTYM. Motte, parce qu'il a l'habitude de se
tenir sur les mottes des terres labourées.
f MOTTOIS (mo-toî), s. m. Nom d'une race de
boeufs nés sur les montagnes du Cantal, dite aussi
boeufs du haut cru.
— ÉTYM. Motte, dans le sens de hauteur.
fMOTTONS (mo-ton), s. m. pi. Petites boules
produites par la farine au moment où on l'incorpore
dans du lait ou un liquide quelconque lorsqu'elle
n'est pas bien délayée préalablement.
— ÉTYM. C'est probablement un augmentatif de
motte.
f MOTU PROPRIO (DE) (dé-mo-tu-pro-pri-o), loc.
adv. Expression latine qui signifie : de propre mou-
vement, et qui appartient au style des bulles des
papes. .Ce qui la met [une bulle] le plus hors d'état
d'être reçue au parlement est qu'ayant été faite par
le pape seul, sans concile et même sans l'avis du
collège des cardinaux, elle ne peut être considérée
que comme ayant été faite par le propre mouvement
du pape, motu proprio, que l'on ne reconnaît point
en France, PASC. Prou. xix. || Il se dit aussi dans le
langage général. Je le ferai de motu proprio. || Sub-
stantivement. C'est un motu proprio. || Au heu des
locutions motu proprio et de motu proprio, on dit
aussi proprio motu.
— HIST. xvie s. Demain nous parlerons d'aller
aux.stations, De motu proprio, de reformations, D'or-
donnances, de briefs, de bulles et dispenses, DU
BELLAY, p. 4ii, verso, dans LACURNE. -
— ÉTYM. Lat. de, de, motu, mouvement, pro-
prio, propre.
MOTUS (mô-tus'), expression familière par la-
quelle on avertit quelqu'un de ne rien dire. Mais,
motus, je saurai cacher la vérité, HAUTEROCHE, les
Appar. tromp. n, 8. Motus, il ne faut pas dire que
vous m'avez vu sortirdelà, MOL. G. Dandin, i, 2.
— ÉTYM. Ce paraît être mot affublé, par plaisan-
terie, d'une terminaison latine; mot s'est dit en ef-
fet au sens de motus (voy. MOT) . Scheler est disposé
a y voir une altération du latin mutus, muet.
l. MOU, MOLLE (mou, mo-1'), adj. || l°Qui cède
facilement au toucher, à la pression, tout en con-
servant une certaine adhérence. Du fromage mou.
De même que le feu terrestre partage tellement sa
vertu, qu'il y a des choses qu'il fait plus fermes, et"
qu'il y en a d'autres qu'il rend plus molles, BOSS.
2e serm. Pentec. 2. On apporte à l'instant ses somp-
tueux habits, Où sur l'ouate molle éclate le tabis,
BOIL. Lutr. iv. Son menton sur son sein descend à dou-
ble étage, Et son corps, ramassé dans sa courte gros-
seur,Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur,
ID. ib. I Un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
ro. Art p. i Mangez sur ma parole; J'aime à
voir aux lapins cette chair blanche et molle, ID.
Sat. m. Tout ce qui est humide est en même temps
mou, c'est-à-dire moins dur que ce qui est sec;
aussi n'y a-t-il de parfaitement solide que ce qui
est entièrement sec, BUF. Min. t. i, p. 43. Le canon
tirait contre la maison; mais, les pierres étant fort
molles, il ne faisait que des trous et ne renversait
rien, VOLT. Charl.XII, 6. || Poires molles, voy. POIRE.
|| Terme de physique. Corps mous, ceux qui ne ten-
dent pas à reprendre la figure que le choc ou la
compression leur a fait perdre. || Terme d'anato-
mie. Parties molles du corps, ensemble des chairs
ou des organes qui recouvrent le squelette. || S.
m. Ce qui est mou, chose molle L'une vou- ;
dra du mou, L'autre du dur.... LA FONTAINE, Maget. :
....L'un demande du mou, L'autre du dur, MOL.
Dép. amoureux, iv, 2. || S. m. pi. Nom qu'on
donne quelquefois aux mollusques. || 2° Par exten- :
sion. Le temps est mou, le vent est mou, le temps i
est relâché, le vent est chaud et humide. || 3° Fig. :
Qui a peu de vigueur. Ce cheval est mou. Homme ,
mou au travail. || Qui a peu de suite, de ténacité, i
Cet homme est mou à servir ses amis. M. de la Po- ,
plinière, qui a du pouvoir sur cette âme molle ;
[Thiriot], et qui a quelque intérêt que la mollesse '
n'aille pas jusqu'à l'ingratitude, VOLT. Lett. Helvé- ,
tins, janvier 1,739. || Il se dit aussi des choses. Et ;
tous mes voeux pour vous seront mois et timides,
CORN. Héracl. ni, 1. || Style mou, style qui manque
de vigueur. || Terme de peinture. Touche molle, ;
manière molle, faiblesse d'expression dans le mé- ,
canisme de l'art. Pauvre, sale, mou de touche, m- ,
DEROT, Salon de 1767, OEuvres, t. xiv, p. 47, dans ,
POUGENS. || On dit dans le même sens : un pinceau ,
mou. || 4° Qui perd sa vigueur dans les plaisirs, dans
une vie énervante. Les hommes sont lâches dans ,
les petites tentations; ils sont mous dans les plaisirs,
FÉN. t. xvn, p. 281. Savez-vous, leur dit-il, à quels -
ennemis vous aurez affaire ? à des hommes mous,
lâches, efféminés, déjà à demi vaincus par les délices,
ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. II, p. 147, dans POUGENS.
La Grèce entière est libre, et la molle Ionie Sous un
joug odieux languit assujettie, VOLT. Brutus, i, 2.
Ce peuple mou, volage et facile à fléchir, ID. M. de
Ces. n, 4. || 5° Qui appartient à une âme sansvi- ,
gueur. Qu'à tant de violence 11 oppose, non plus
une molle pivdence, Mais un courage mâle, CORN.
Théod. v, 6. L'amour que j'ai pour vous hait ces
molles bassesses, ID. Perthar. iv, 6. Et dont, à tous
propos, les molles complaisances Donneraient de l'en-
cens à mes extravagances, MOL. Mis. II, 6. N'est-ce
pas ainsi qu'une molle complaisance a perdu tant
de femmes, et tous les jours en perd tant d'autres ?
BOURDAL. 2e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I,
p. 104. Je craignais beaucoup plus sa molle résis- ;
tance, RAC. Alex, n, 5. Les molles faiblesses d'un ;
coeur fragile, MASS. Carême, Mélange. Je suis per-
suadé que ceux qui ont dit que je m'étais emporté
dans cette dernière réponse sont les mêmes qui ont
dit que mes précédentes réponses étaient molles et
marquaient un ménagement trop timide, BAYLE,
lett. à des Maigequx, 23 juill. 1706. Nos moeurs
sont trop molles; j'aurais dûpeiitflre avec des traits ,
plus caractérisés la fierté sauvage des Tartares et la
morale des Chinois, VOLT. Lett. d'Argental, 17 sep- i
tembre 1755. || Qui éteint la vigueur de l'âme. Qui :
s'apprête à mourir, qui court à ses supplices, N'a-
baisse pas son âme à ces molles délices, CORNEILLE, ;
Théod. iv, 6. Ils pes grandsj livrent leurs coeurs aux ,
vaines douceurs d'une vie molle et oisive, FLÉCH.
Aiguillon, Vous avez eu une éducation molle, ID. I, ,
220 Bajazet dédaigna de tout temps La molle :
oisiveté des enfants des sultans, RAC. Baj. i, i. La i
molle volupté, sur un lit de gazons, Satisfaite et i
tranquille, écoute leurs chansons, VOLT. Henr. îx. ;
Parla molle douceur de ses impressions [de l'amour],
m. Adél. du Guescl. il, l. Et dont la danse molle •
aiguillonne aux plaisirs, A. CHÉN. Élég. xxix.
|| 6° Terme de marine. Se dit d'un navire qui tient <
mal le vent, qui va mal. || Molle mer, mer étale , i
intervalle entre le flux et le reflux.]| Cordage mou, i
cordage lâche qui n'est pas roidi. || S. m. Le. mou d'un
cordage, la partie d'un cordage qui n'est pas roidie. •
|| Donner du mou à une manoeuvre, à un câble, en i
diminuer la tension. Embraquer le mou, raidir un i
cordage. 11 7° Bronze mou, bronze chauffé au rouge et :
trempé dans l'eau fraîche. || 8° Terme de pêche. Molle
salée, morue à laquelle on n'a pas donné assez de sel. :
— REM. Dans le style soutenu et surtout en poé- .
sie, on dit quelquefois mol au masculin quand le i
mot qui suit commence par une voyelle : un mol ]
abandon. Qui le souffre a le coeur lâche, mol, abattu, i
CORN. Cinna, n, i. Cependant, même quand le mot ;
commence par une consonne, la poésie peut préfé-
rer mol à mou : L'affront que m'eût fait ce mol con- i
sentement, CORN. Hor.m, 6. Au reste, autrefois mol -
était aussi usité que mou. S'il pardonne, il est mol, s'il ]
se venge, barbare, ROTR. Yencesl. i, 4. On n'en vou- !
drait pas [de l'argent gagné au jeu], s'il était offert;
ce n'est pas cet usage mol et paisible et qui nous i
laisse penser à notre malheureuse condition, qu'on )
recherche.... PASC. Pensées,éd. LAHURE, t. i, p. 205.
— HIST. XIIe s. Si aturnadun mol mangier devant
luiàson oes [à sa commodité], Bois, p.163. ||xnr*s.
Soies [sois] movans, mais non pas mos, BRUN, LA-
TINI, Trésor, p. 385. Et quant li airs iert [sera]
apaisiés, Et li tens cler et aesiés, Et li vens mol e(
delitables, la Rose, 8442. Se ge disoie d'eus parole
Qui ne lor fust plaisante et mole, ib. 11002. Atant me
vindrent dui [deux] vilain, Chascun un baston en sa
main, Qui tant me donerent de cous Que tous les
costez en ai mous, Ren. 18823. || xve s. Par estre trop
mol, les franchises de Gand se pourraient perdre,
qui estaient si très nobles, FROISS. II, n, 63. Ten-
dres et mois comme un petit oison, E. DESCH. Poé-
sies mss. f° 2-07. Est bon avoir grant garnison de
potz plains de mol savon, le Jouvencel, f° 90, dans
LACURNE. Il xvie s. Nostre corps sera cendre esteinte,
et l'esprit sera espars comme le mol air, et nostre
nom sera oublié avec le temps, LA NOUE, 6. N'ayans
autre but qu'un mol et vain plaisir extérieur, ID.
205. Croupir en mois plaisirs et paresse, ID. 210.
Ses gents faisans plus molle garde, MONT, I, 28.
J'admire de les veoir si doulces et molles [les guerres
civiles], ID. i, 170. Une beauté molle, affettée,delicate,
artificielle, m. i, 177. Pour arracher de leur bouche
quelque parole molle et rabaissée, ID. I , 242.0 ploya-
bles esprits, o consciences molles, Téméraires jouets
des vents et des paroles, D'AUB. Tragiques, Princes.
— ÉTYM. Picard, mou; Berry, mou, mouillé,
moule, mouillée; •wallon, mô, au fém. mole; na-
mur. mol; Hainaut, mo; provenç. molh; cat. moll,
esp. mole, muele; port, et ital. molle; du lat. mollis,
pour mol-vis, comme l'indiquent les formes en u du
persan et du sanscrit ; pers. mordu; sanscr. mridn.
Palsgrave écrit au pluriel mois, prononcémoï,p. 25.
2. MOU (mou), s. m. Nom vulgaire du poumon
de certains animaux, et particulièrement du veau.
|| Morceau de mou. Le chat a-t-il eu-son mou?
— HIST. xive s. Pour faire boudins de foie, pre-
nez deux morceaulx de foie, deux morceaulx de
mol.... Mênagier, n, 6. Le mol ou poumon, car c'est
tout un, ib. n, 5.
— ÉTYM. Moût.
f MOUCET (mou-sè), s. m. Fauvette d'hiver.
t MOUCHACHE (mou-cha-ch'), s./'.Voy.MoussACHE.
MOUCHARD (mou-char; le d ne se lie pas : un
mou-char adroit; au pluriel, l's ne se lie pas : des
mou-char adroits; cependant quelques-uns la lient :
des mou-char-z adroits), s. m, || 1° Terme de déni-
grement. Espion de police. Mouchards, gens fort
dangereux, Anti-Ménagiana, p. 187. Mais nous qui
de maints brocards Poursuivons jusqu'aux mou-
chards, BÉRANG. Judas. || 2° Il se dit aussi de ceux
qui, dans la vie privée, jouent le rôle des mouchards
de police. Ne voila pas de mes mouchards qui
prennent garde à ce qu'on fait? MOL. Avare, i, 3.
Chemin faisant, on observe avec soin S'il n'est point
là de mouchard qui regarde, DU CERCEAU, Poésies,
la Nouvelle Eve. || Au fém. Dans le style fami-
lier. C'est une petite moucharde. || 3° Sans idée de
dénigrement. Un curieux. C'est sur ce fameux théâ-
tre des Tuileries, dit un écrivain de l'époque,
qu'une beauté naissante fait sa première entrée au
monde; bientôt les mouchards de la grande alléesoni
en campagne au bruit d'un visage nouveau; cha-
cun court en repattre ses yeux, les Souhaits (I693),
se. de Colombine et Isabelle; dans le Théâtre ita-
lien de Gherardi, t. v, p. 65, 66. || Inusité en ce
sens. || 4° Espion de guerre (inusité en ce sens).
Les mouches de cour sont chassées ; Les mouchards
sont pendus: et vous mourrez de faim, De froid,
de langueur, de misère, Quand Phébus régnera
sur un autre hémisphère, LA FONT. Fabl. iv, 3.
— HIST. xvie s. La reine mère, qui haïssoit et se
voyoit haïe du duc d'Anjou, et avoit par ses espions
et mouchards découvert ce qui se projettoit pour la
desauthoriser et empescher le retour du roy de
Pologne, SULLY, Mém. t. i,, p. 80, dans LACURNE.
— ÉTYM. Mouchard paraît venir de mouche qui
s'est dit pour espion. Cependant Mézeray (Règne de
François II) dit, en parlant de Démocharès,théolo-
gien de Paris et inquisiteur pour la foi, qu'il se
nommait de Mouchy, et que ses espions s'appelaient
mouchards ; étymologie adoptée par Voltaire, Hist.
parlem. ch. xxi.
t MOUCHARDAGE (mou-ehar-da-j'), s. m. Action
de moucharder. Le mouchardage gagé par nos ad-
versaires est un de leurs ressorts que nous devons le
plus craindre, BABOEUF, Pièces, i, 16 6. Là, les patriote;
seront.... moins exposés au mouchardage, ib. 180.
f MOUCHARDER (mou-char-dé), v. n. Faire le
mouchard. || Activement. Moucharder- quelqu'un,
l'espionner.
— HIST. xvie s. Moucharder, COTGRAVE.
— ÉTYM. Mouchard.
MOUCHE (mou-ch'), s. f. || 1° Genre d'insectes
MOU MOU MOU
MOTTE, ÉE (mc-té, tée), part, passe" de mot-
ter. Perdrix mottées.
- f MOTTÉE (mo-tée), s. f. Se dit, dans la Vendée,
d'une pièce de terre entourée de fossés profonds
dont on a rejeté la terre sur la pièce même.
— ÉTYM. ifofte.
MOTTER(mo-té),».a. U1° Terme rural. Jeter des
mottes de terre avec la houlette pour faire obéir les
brebis. || 2° Terme de chasse. Se motter,i;. re'/î. Se ca-
cher derrière des mottes de terre, en parlant de perdrix.
— REM. L'Académie n'a motler que comme verbe
réfléchi.
— HIST. xne s. [Le chien] Se tient ferme planté,
tant qu'il voye la place Et le gibier motte couvert
delatirace [filet], RONS. 939.
— ÉTYM. Motte.
t MOTTEREAU (mo-te-rô), s. m. Hirondelle de
rivage, hirundo riparia, L.
t MOTTEUR (mo-teur), s. m. Ouvrier qui fait des
mottes à brûler. Le motteur nus pieds presse la
tannée dans le moule [de cuivre] et la frappe pour
la durcir, Dict. des arts et m. Tanneur.
— ÉTYM.Jfotfe.
t MOTTEUX (mo-teû), s. m. Oiseau commun en
Europe (famille des turdidés, genre traquet). Le
motteux ou cul blanc, motacilla oenanthe, Linné;
le motteux roux, motacilla stapasina, Linné.
— ÉTYM. Motte, parce qu'il a l'habitude de se
tenir sur les mottes des terres labourées.
f MOTTOIS (mo-toî), s. m. Nom d'une race de
boeufs nés sur les montagnes du Cantal, dite aussi
boeufs du haut cru.
— ÉTYM. Motte, dans le sens de hauteur.
fMOTTONS (mo-ton), s. m. pi. Petites boules
produites par la farine au moment où on l'incorpore
dans du lait ou un liquide quelconque lorsqu'elle
n'est pas bien délayée préalablement.
— ÉTYM. C'est probablement un augmentatif de
motte.
f MOTU PROPRIO (DE) (dé-mo-tu-pro-pri-o), loc.
adv. Expression latine qui signifie : de propre mou-
vement, et qui appartient au style des bulles des
papes. .Ce qui la met [une bulle] le plus hors d'état
d'être reçue au parlement est qu'ayant été faite par
le pape seul, sans concile et même sans l'avis du
collège des cardinaux, elle ne peut être considérée
que comme ayant été faite par le propre mouvement
du pape, motu proprio, que l'on ne reconnaît point
en France, PASC. Prou. xix. || Il se dit aussi dans le
langage général. Je le ferai de motu proprio. || Sub-
stantivement. C'est un motu proprio. || Au heu des
locutions motu proprio et de motu proprio, on dit
aussi proprio motu.
— HIST. xvie s. Demain nous parlerons d'aller
aux.stations, De motu proprio, de reformations, D'or-
donnances, de briefs, de bulles et dispenses, DU
BELLAY, p. 4ii, verso, dans LACURNE. -
— ÉTYM. Lat. de, de, motu, mouvement, pro-
prio, propre.
MOTUS (mô-tus'), expression familière par la-
quelle on avertit quelqu'un de ne rien dire. Mais,
motus, je saurai cacher la vérité, HAUTEROCHE, les
Appar. tromp. n, 8. Motus, il ne faut pas dire que
vous m'avez vu sortirdelà, MOL. G. Dandin, i, 2.
— ÉTYM. Ce paraît être mot affublé, par plaisan-
terie, d'une terminaison latine; mot s'est dit en ef-
fet au sens de motus (voy. MOT) . Scheler est disposé
a y voir une altération du latin mutus, muet.
l. MOU, MOLLE (mou, mo-1'), adj. || l°Qui cède
facilement au toucher, à la pression, tout en con-
servant une certaine adhérence. Du fromage mou.
De même que le feu terrestre partage tellement sa
vertu, qu'il y a des choses qu'il fait plus fermes, et"
qu'il y en a d'autres qu'il rend plus molles, BOSS.
2e serm. Pentec. 2. On apporte à l'instant ses somp-
tueux habits, Où sur l'ouate molle éclate le tabis,
BOIL. Lutr. iv. Son menton sur son sein descend à dou-
ble étage, Et son corps, ramassé dans sa courte gros-
seur,Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur,
ID. ib. I Un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
ro. Art p. i Mangez sur ma parole; J'aime à
voir aux lapins cette chair blanche et molle, ID.
Sat. m. Tout ce qui est humide est en même temps
mou, c'est-à-dire moins dur que ce qui est sec;
aussi n'y a-t-il de parfaitement solide que ce qui
est entièrement sec, BUF. Min. t. i, p. 43. Le canon
tirait contre la maison; mais, les pierres étant fort
molles, il ne faisait que des trous et ne renversait
rien, VOLT. Charl.XII, 6. || Poires molles, voy. POIRE.
|| Terme de physique. Corps mous, ceux qui ne ten-
dent pas à reprendre la figure que le choc ou la
compression leur a fait perdre. || Terme d'anato-
mie. Parties molles du corps, ensemble des chairs
ou des organes qui recouvrent le squelette. || S.
m. Ce qui est mou, chose molle L'une vou- ;
dra du mou, L'autre du dur.... LA FONTAINE, Maget. :
....L'un demande du mou, L'autre du dur, MOL.
Dép. amoureux, iv, 2. || S. m. pi. Nom qu'on
donne quelquefois aux mollusques. || 2° Par exten- :
sion. Le temps est mou, le vent est mou, le temps i
est relâché, le vent est chaud et humide. || 3° Fig. :
Qui a peu de vigueur. Ce cheval est mou. Homme ,
mou au travail. || Qui a peu de suite, de ténacité, i
Cet homme est mou à servir ses amis. M. de la Po- ,
plinière, qui a du pouvoir sur cette âme molle ;
[Thiriot], et qui a quelque intérêt que la mollesse '
n'aille pas jusqu'à l'ingratitude, VOLT. Lett. Helvé- ,
tins, janvier 1,739. || Il se dit aussi des choses. Et ;
tous mes voeux pour vous seront mois et timides,
CORN. Héracl. ni, 1. || Style mou, style qui manque
de vigueur. || Terme de peinture. Touche molle, ;
manière molle, faiblesse d'expression dans le mé- ,
canisme de l'art. Pauvre, sale, mou de touche, m- ,
DEROT, Salon de 1767, OEuvres, t. xiv, p. 47, dans ,
POUGENS. || On dit dans le même sens : un pinceau ,
mou. || 4° Qui perd sa vigueur dans les plaisirs, dans
une vie énervante. Les hommes sont lâches dans ,
les petites tentations; ils sont mous dans les plaisirs,
FÉN. t. xvn, p. 281. Savez-vous, leur dit-il, à quels -
ennemis vous aurez affaire ? à des hommes mous,
lâches, efféminés, déjà à demi vaincus par les délices,
ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. II, p. 147, dans POUGENS.
La Grèce entière est libre, et la molle Ionie Sous un
joug odieux languit assujettie, VOLT. Brutus, i, 2.
Ce peuple mou, volage et facile à fléchir, ID. M. de
Ces. n, 4. || 5° Qui appartient à une âme sansvi- ,
gueur. Qu'à tant de violence 11 oppose, non plus
une molle pivdence, Mais un courage mâle, CORN.
Théod. v, 6. L'amour que j'ai pour vous hait ces
molles bassesses, ID. Perthar. iv, 6. Et dont, à tous
propos, les molles complaisances Donneraient de l'en-
cens à mes extravagances, MOL. Mis. II, 6. N'est-ce
pas ainsi qu'une molle complaisance a perdu tant
de femmes, et tous les jours en perd tant d'autres ?
BOURDAL. 2e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I,
p. 104. Je craignais beaucoup plus sa molle résis- ;
tance, RAC. Alex, n, 5. Les molles faiblesses d'un ;
coeur fragile, MASS. Carême, Mélange. Je suis per-
suadé que ceux qui ont dit que je m'étais emporté
dans cette dernière réponse sont les mêmes qui ont
dit que mes précédentes réponses étaient molles et
marquaient un ménagement trop timide, BAYLE,
lett. à des Maigequx, 23 juill. 1706. Nos moeurs
sont trop molles; j'aurais dûpeiitflre avec des traits ,
plus caractérisés la fierté sauvage des Tartares et la
morale des Chinois, VOLT. Lett. d'Argental, 17 sep- i
tembre 1755. || Qui éteint la vigueur de l'âme. Qui :
s'apprête à mourir, qui court à ses supplices, N'a-
baisse pas son âme à ces molles délices, CORNEILLE, ;
Théod. iv, 6. Ils pes grandsj livrent leurs coeurs aux ,
vaines douceurs d'une vie molle et oisive, FLÉCH.
Aiguillon, Vous avez eu une éducation molle, ID. I, ,
220 Bajazet dédaigna de tout temps La molle :
oisiveté des enfants des sultans, RAC. Baj. i, i. La i
molle volupté, sur un lit de gazons, Satisfaite et i
tranquille, écoute leurs chansons, VOLT. Henr. îx. ;
Parla molle douceur de ses impressions [de l'amour],
m. Adél. du Guescl. il, l. Et dont la danse molle •
aiguillonne aux plaisirs, A. CHÉN. Élég. xxix.
|| 6° Terme de marine. Se dit d'un navire qui tient <
mal le vent, qui va mal. || Molle mer, mer étale , i
intervalle entre le flux et le reflux.]| Cordage mou, i
cordage lâche qui n'est pas roidi. || S. m. Le. mou d'un
cordage, la partie d'un cordage qui n'est pas roidie. •
|| Donner du mou à une manoeuvre, à un câble, en i
diminuer la tension. Embraquer le mou, raidir un i
cordage. 11 7° Bronze mou, bronze chauffé au rouge et :
trempé dans l'eau fraîche. || 8° Terme de pêche. Molle
salée, morue à laquelle on n'a pas donné assez de sel. :
— REM. Dans le style soutenu et surtout en poé- .
sie, on dit quelquefois mol au masculin quand le i
mot qui suit commence par une voyelle : un mol ]
abandon. Qui le souffre a le coeur lâche, mol, abattu, i
CORN. Cinna, n, i. Cependant, même quand le mot ;
commence par une consonne, la poésie peut préfé-
rer mol à mou : L'affront que m'eût fait ce mol con- i
sentement, CORN. Hor.m, 6. Au reste, autrefois mol -
était aussi usité que mou. S'il pardonne, il est mol, s'il ]
se venge, barbare, ROTR. Yencesl. i, 4. On n'en vou- !
drait pas [de l'argent gagné au jeu], s'il était offert;
ce n'est pas cet usage mol et paisible et qui nous i
laisse penser à notre malheureuse condition, qu'on )
recherche.... PASC. Pensées,éd. LAHURE, t. i, p. 205.
— HIST. XIIe s. Si aturnadun mol mangier devant
luiàson oes [à sa commodité], Bois, p.163. ||xnr*s.
Soies [sois] movans, mais non pas mos, BRUN, LA-
TINI, Trésor, p. 385. Et quant li airs iert [sera]
apaisiés, Et li tens cler et aesiés, Et li vens mol e(
delitables, la Rose, 8442. Se ge disoie d'eus parole
Qui ne lor fust plaisante et mole, ib. 11002. Atant me
vindrent dui [deux] vilain, Chascun un baston en sa
main, Qui tant me donerent de cous Que tous les
costez en ai mous, Ren. 18823. || xve s. Par estre trop
mol, les franchises de Gand se pourraient perdre,
qui estaient si très nobles, FROISS. II, n, 63. Ten-
dres et mois comme un petit oison, E. DESCH. Poé-
sies mss. f° 2-07. Est bon avoir grant garnison de
potz plains de mol savon, le Jouvencel, f° 90, dans
LACURNE. Il xvie s. Nostre corps sera cendre esteinte,
et l'esprit sera espars comme le mol air, et nostre
nom sera oublié avec le temps, LA NOUE, 6. N'ayans
autre but qu'un mol et vain plaisir extérieur, ID.
205. Croupir en mois plaisirs et paresse, ID. 210.
Ses gents faisans plus molle garde, MONT, I, 28.
J'admire de les veoir si doulces et molles [les guerres
civiles], ID. i, 170. Une beauté molle, affettée,delicate,
artificielle, m. i, 177. Pour arracher de leur bouche
quelque parole molle et rabaissée, ID. I , 242.0 ploya-
bles esprits, o consciences molles, Téméraires jouets
des vents et des paroles, D'AUB. Tragiques, Princes.
— ÉTYM. Picard, mou; Berry, mou, mouillé,
moule, mouillée; •wallon, mô, au fém. mole; na-
mur. mol; Hainaut, mo; provenç. molh; cat. moll,
esp. mole, muele; port, et ital. molle; du lat. mollis,
pour mol-vis, comme l'indiquent les formes en u du
persan et du sanscrit ; pers. mordu; sanscr. mridn.
Palsgrave écrit au pluriel mois, prononcémoï,p. 25.
2. MOU (mou), s. m. Nom vulgaire du poumon
de certains animaux, et particulièrement du veau.
|| Morceau de mou. Le chat a-t-il eu-son mou?
— HIST. xive s. Pour faire boudins de foie, pre-
nez deux morceaulx de foie, deux morceaulx de
mol.... Mênagier, n, 6. Le mol ou poumon, car c'est
tout un, ib. n, 5.
— ÉTYM. Moût.
f MOUCET (mou-sè), s. m. Fauvette d'hiver.
t MOUCHACHE (mou-cha-ch'), s./'.Voy.MoussACHE.
MOUCHARD (mou-char; le d ne se lie pas : un
mou-char adroit; au pluriel, l's ne se lie pas : des
mou-char adroits; cependant quelques-uns la lient :
des mou-char-z adroits), s. m, || 1° Terme de déni-
grement. Espion de police. Mouchards, gens fort
dangereux, Anti-Ménagiana, p. 187. Mais nous qui
de maints brocards Poursuivons jusqu'aux mou-
chards, BÉRANG. Judas. || 2° Il se dit aussi de ceux
qui, dans la vie privée, jouent le rôle des mouchards
de police. Ne voila pas de mes mouchards qui
prennent garde à ce qu'on fait? MOL. Avare, i, 3.
Chemin faisant, on observe avec soin S'il n'est point
là de mouchard qui regarde, DU CERCEAU, Poésies,
la Nouvelle Eve. || Au fém. Dans le style fami-
lier. C'est une petite moucharde. || 3° Sans idée de
dénigrement. Un curieux. C'est sur ce fameux théâ-
tre des Tuileries, dit un écrivain de l'époque,
qu'une beauté naissante fait sa première entrée au
monde; bientôt les mouchards de la grande alléesoni
en campagne au bruit d'un visage nouveau; cha-
cun court en repattre ses yeux, les Souhaits (I693),
se. de Colombine et Isabelle; dans le Théâtre ita-
lien de Gherardi, t. v, p. 65, 66. || Inusité en ce
sens. || 4° Espion de guerre (inusité en ce sens).
Les mouches de cour sont chassées ; Les mouchards
sont pendus: et vous mourrez de faim, De froid,
de langueur, de misère, Quand Phébus régnera
sur un autre hémisphère, LA FONT. Fabl. iv, 3.
— HIST. xvie s. La reine mère, qui haïssoit et se
voyoit haïe du duc d'Anjou, et avoit par ses espions
et mouchards découvert ce qui se projettoit pour la
desauthoriser et empescher le retour du roy de
Pologne, SULLY, Mém. t. i,, p. 80, dans LACURNE.
— ÉTYM. Mouchard paraît venir de mouche qui
s'est dit pour espion. Cependant Mézeray (Règne de
François II) dit, en parlant de Démocharès,théolo-
gien de Paris et inquisiteur pour la foi, qu'il se
nommait de Mouchy, et que ses espions s'appelaient
mouchards ; étymologie adoptée par Voltaire, Hist.
parlem. ch. xxi.
t MOUCHARDAGE (mou-ehar-da-j'), s. m. Action
de moucharder. Le mouchardage gagé par nos ad-
versaires est un de leurs ressorts que nous devons le
plus craindre, BABOEUF, Pièces, i, 16 6. Là, les patriote;
seront.... moins exposés au mouchardage, ib. 180.
f MOUCHARDER (mou-char-dé), v. n. Faire le
mouchard. || Activement. Moucharder- quelqu'un,
l'espionner.
— HIST. xvie s. Moucharder, COTGRAVE.
— ÉTYM. Mouchard.
MOUCHE (mou-ch'), s. f. || 1° Genre d'insectes
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