MOR
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dicis] avait souvent sondé l'esprit du roi sur cela,
et tâché de lui persuader que le -sang était bien
morfondu au delà du sixième degré; que les Bour-
bons ne lui étaient plus parents que d'Adam et
d'Eve, et qu'il était plus naturel de laisser sa suc-
cession à ses neveux qu'à des gens si éloignés MË-
ZERAY, Abrégé chronol. Depuis la guerre on ne fait
rien ici de nouveau; les libraires sont trop mor-
fondus, et depuis quatre mois les presses n'ont roulé
que sur des paperasses mazarines, GUI PATIN, Lett.
t. n, p. 516. Tous nos marchands sont ici merveil-
leusement morfondus de cette guerre trop lougue,
ID. ib. p. 552. Ne trouvez-vous pas cette plaisante-
rie d'un esprit morfondu? M™e DU DEFFANT, Corresp.
t. n, p. 47, dans POUGENS. Les économistes sont les
plus étonnés et les plus morfondus de tous les êtres,
GALIANI, Corresp. t. i, p. 231, dans POUGENS.
|| 4° Graine morfondue, graine des vers à soie
quand le germe a péri. || 5° S. m. Terme de marine.
Un morfondu, cordage fait avec de vieux câbles
qu'on a préalablement' détordus.
MORFONDURE (mor-fon-du-r'j, s./'.Ancienterme
de vétérinaire. Le catarrhe nasal ou coryza du
cheval.
— HIST. xve s. Et porra estre que" l'un de ses
chevaulx se recroira, ou demourra par aucun acci-
dent de morfonture, de releveure, nu d'aultre
chose, Les 15 joyes de mariage, p. 82. || xvie s. La
poulaille d'Inde craint la morfondure et les gouttes,
o. DE SERRES, 363. La roigne leur avient [aux bre-
bis] au dos, par.pluies et morfondures, se donne et
prend comme peste, ID. 987.
— ÉTYM. Morfondu. Au xvr 5 siècle, on disait aussi
morfondement.
t MORGANATIQUE (mor-ga-na-ti-k'), adj. Terme
de droit germanique. Mariage morganatique, ma-
riage de la main gauche, mariage dans lequel un
nomme épousant une femme d'un rang inférieur
mi donne la main gauche dans la cérémonie nuptiale.
—ÉTYM. Bas-lat. matrimoniumadmorganaticam
contractum. Origine incertaine. On a indiqué Mor-
gengabe, le don du matin ; à quoi Scheler objecte
qu'on ne voit pas comment Morgengabe donnerait
rtîoro/awafictts, et que le don du matin n'est pas es-
sentiel au mariage morganatique; il suggère, avec
doute, le gothique maurgjan, restreindre : un ma-
riage avec restriction. Legoarant propose : à la Mor-
gane, à la manière de la fée Morgane; mais, pour
autoriser cette étymologie, il faudrait quelque
texte. Pourquoi ne serait-ce pas Morgen, matin :
mariage célébré le matin, subrepticement, sans
.a grande pompe du mariage de midi?
j MORGANATIQUEMENT (mor-ga-na-ti-ke-man),
adv. X la morganatique.
f MORGANE (mor-ga-n'), s. f. Soeur d'Artus et
élève de Merlin, enchanteresse fameuse dans les
romans de chevalerie. Que ce soit Urgèle ou Mor-
gane, J'aime, en un rêve sans effroi, Qu'une.fée au
corps diaphane, Ainsi qu'une fleur qui se fane,
tienne pencher son front sur moi, v. HUGO, Bail. i.
| Fée Morgane,château de la fée Morgane, nom donné
M mirage qui, sur la côte d'Italie, fait voir au-dessus
de la mer des châteaux, des palais, des villes, etc.
I| On dit aussi Morgain.
— ÉTYM. Nom celtique que M- de la Villemar-
qué propose d'interpréter par le bas-breton mor;
très, fort, et gan, pour can, brillant : la très-bril-
lante; ital. fata morgana,le mirage.
f MORGANT, ANTE (mor-gan, gan-t'), adj.
Terme vieilli. Qui morgue; qui témoigne de la
morgue. Pourvu qu'on soit morgant, qu'on bride sa
moustache, Qu'on frise ses cheveux, qu'on porte un
grand panache.... En ce temps d'aujourd'hui l'on
n'est que trop savant, RÉGNIER, Sat. m. |] Le Mor-
gante, héros d'un poëme de Pulci, au xv" siècle,
doit être notre mot morgant.
f MORGATE (mor-ga-f), s. f. Nom de la sèche
dans le Finistère et le Morbihan, corrompu enmar-
gate dans les Côtes-du-Nord et la Normandie.
— ÉTYM. Bas-breton, mor, mer, et gat,.lièvre:
lièvre de mer.
MORGELINE (mor-je-lî-n'), s. f. Plante à petites
fleurs et à feuilles pointues, que l'on nomme au-
trement alsine (genre de caryophyliées). || Morge-
!ine d'été, le mouron des champs.
— ÉTYM. ilfbrs, ancien mot signifiant morsure,
et geiine, poule : la morsure de la geline, plante
ainsi nommée parce que les poules l'aiment (ital.
mordigallina).
f MORGOULE (mor-gou-1'), «. f. Mollusque ma-
rin, en forme de moitié d'orange.
1. MORGUE (mor-gh'), s. f. || 1° Contenance
sérieuse et fière. Morgue de magistrat rébarbatif,
sévère, Qui ne dément jamais son grave caractère,
DUFRÉNY, JEfar. fait et rompu, i, 2. || 2° Orgueil et
suffisance. T'ai-je tracé la vieille à morgue domi-
nante? BOIL..Sat. x. [Le maréchal de Villeroy] esprit
borné et sans culture, de la vieille galanterie,
un jargon de cour, de la morgue, haut ou plutôt
glorieux, et plus bas que respectueux auprès du feu
roi et de Mme de Maintenon, DUCLOS, OEuwes, t. v,
p. 217. La fausse dignité ou la morgue, DIDEROT,
Salon de 1767, OEuv, t. xv, p. 147 dans POUGENS.
Nous sommes loin de confondre la morgue sophis-
tique avec les saines connaissances de l'esprit et du
coeur, CHATEAUBR. Génie, m, n, 1.
— HIST. xvie s. Ces parolles achevées, Juppiter,
contournant la teste comme un singe qui avalle pil-
lules, feit une morgue tant espouvantable que tout
le grand Olympe trembla, RAB. Pant. iv, Nouv. prol.
Loyre et sa femme se vestirent de leurs beaux ha-
billemens, comparurent en la salle, faisans bonne
morgue, ID. ib. iv, 12. Vous trouvez de ces mor-
gues de vent coustumierement aux Espagnols, D'AUB.
Foen. iv, 6. C'est injustice et folie de priver les
enfants qui sont en aage, de la familiarité des pè-
res, et vouloir maintenir en leur endroict une mor-
gue austère et desdaigneuse, MONT, II, 79.
— ÉTYM. Origine inconnue. Cependant Grand-
gagnage, au mot mouron, cite le languedocien
morga, museau; ce serait le même mot. Morgue
ne paraît pas dans la langue avant le xvie siècle.
2. MORGUE (mor-gh'), s. f. || 1° Petite chambre
à l'entrée des prisons, où l'on met d'abord les pri-
sonniers, pour donner le temps aux guichetiers de
bien les reconnaître. On me conduit au petit Châ-
telet, où, du guichet étant passé dans la morgue, un
homme gros, court et carré vint à moi, la Prison
de M. Dassoucy,- etc. Paris, 1674, in-12, p. 35.
Il 2° Par assimilation. Entrée de la manche de certains
filets. Il 3° Endroit où l'on expose les corps des per-
sonnes mortes hors de leur domicile, afin qu'elles
puissent être reconnues. La morgue est un endroit
situé dans l'enceinte du grand Châtelet, où les corps
morts dont la justice se saisit, sont exposés à la
vue du public, afin qu'on puisse les reconnaître,
SAINT-FOIX, Ess. Paris, OEuvr. t. m, p 221, dans POU-
GENS. Il extermine en effetma pauvre Irène; il prétend
qu'elle sera traînée à la morgue, et pendue par les
pieds, parce qu'elle s'est tuée étant chrétienne, VOLT.
Lett. Thibouville, 10 nov. 1777.
— REM. Mercier dit morne et non pas morgue :
C'est à l'Hôtel-Dieu, c'est à la morne, que l'on aper-
çoit les nombreuses et déplorables victimes des tra-
vaux publics et d'une trop nombreuse population,
Tabl'. de Paris. Lieutenant de police.
— ÉTYM. D'après Ménage, morgue signifie visage,
et est le même que morgue 1 : le lieu où l'on re-
connaît la morgue, le visage des morts. L'étymologie
est bonne, mais à condition que morne de Mercier
soit une faute.
1. MORGUE, ÉE (mor-ghé, ghée) part, passé de
morguer 1. || 1° S qui on fait la morgue. Morgue
par un fat. || 2° Qui fait la morgue. Monseigneur,
paraissait rêveur et morgue, ST-SIM. 27I, 156. Je
vis mettre le roi à table, il me sembla plus morgue
qu'à l'ordinaire, et regardant fort à droite et à
' gauche, ID. 3691 243.
f 2. MORGUE (mor-ghé), interj. Sorte de juron
de paysan. Morgue! queu mal te fais-je? MOL.
Festin, 11, 1.
— ÉTYM. Altération de mordié.
1. MORGUER (mor-ghé), je morguais, nous mor-
■ guions, vous morguiez ; que je morgue, que nous
1 morguions, que vous morguiez, v. a. || 1° Faire
1 la morgue à quelqu'un. Je pris vengeance de ceux qui
■ m'avaient morgue autrefois, en les morguant tout de
même, Francion, liv. vi, p. 232. Et, de son large dos
morguant les spectateurs, Aux trois quarts du par-
; terre [il] a caché les acteurs, MOL. Fdch. 1, 1. La co-
médienne [une maîtresse de Charles II] est aussi fière
que la duchesse de Portsmouth : elle la morgue, elle
lui fait la grimace, elle l'attaque et lui dérobe souvent
le roi, SÉV. 216. Guitaut m'écrit de Fontainebleau,
; où il est allé morguer la cour, ID. 437. Il faut s'y
attendre, en prévenir les acteurs, ne se pas décou-
• rager, jouer la pièce avec un majestueux enthou-
siasme, bien morguer le public, et le traiter avec
, la dernière insolence, VOLT. Lelt. d'Argental,
• 21 oct. 1772. H Fig. Morguant la destinée et gour-
. mandant lamort, RÉGNIER, Sat. vi. ||.2° Se morguer,
v. réfl. Se faire la morgue l'un à l'autre. Là ils [les
deux Simon] commencèrent tous deux à se morguer,
VOLT. Philos. Ép. aux Rom. V imp.
— HIST. xve s. Cet escuyer breton les alla morguer
1 luy tout seul. Mém. s. D. G. ch. 28. || xvie s. Un
homme si desdaigneux, si morguant, doibt estre
plus habile, MONT, IV, 47.
— ÉTYM. Morgue 1.
f MORGUER (mor-ghé), v. a. Ancien terme de
pratique. Examiner les prisonniers à leur eirirée
dans la geôle, afin de les reconnaître.
— ÉTYM. Morgue 2.
t MORGUEUR (mor-gheur), s. m. Celui qui re-
garde avec morgue.
— HIST. xvie s. Hardi, d'un nouveau coeur, main-
tenant je m'adresse A ce géant morgueur, par qui
chacun trompé Souffre à ses pieds languir tout le
monde usurpé, D'AUB. Tragiques, Princes.
t MORGUIENNE (mor-ghiè-n'), interj. Sorte de
jurement de paysan. Morguienne ! si j'avais su ça
tantôt, MOL. Festin, n, 3.
— ÉTYM. Altération de morgue 2.
MORIBOND, ONDE (mo-ri-bon,bon-d'), adj". Qui
est près de mourir. ...comme un pauvre malade
moribond qui ne sait plus que faire ; il s'imagine
qu'en se levant il sera un peu allégé; il achève de
perdre son peu de force par un travail qu'il ne peut
supporter,., BOSS. rr sermon,Pentec. 1.Que diantre
voulez-vous que l'amour aille faire Dans un corps
moribond à ses feux si contraire? REGNARD, le Légat.
n, 5. || Être tout moribond, être dans un état de lan-
gueur, comme si l'on allait mourir. N'est-il pas cruel,
me dit-il, que mon oncle, tout moribond qu'il est,
épouse demain mademoiselle de Taviré pour la
laisser veuve au bout de six mois? MARIVAUX, Ma-
rianne, 9e part. || S. m. et f. Un moribond, une
moribonde. Que voit-on dans le tableau d'Eudami-
das? le moribond sur la couche, à côté le médecin
qui lui lâte le pouls, DIDER. Pensées sur la peint.
OEuv. t. xv, p. 206, dans POUGENS.
— HIST. xvr s. Je le trouvai avec un visage mo-
ribonde et jaunastre, PARÉ, t. m, p. 726.
— ÉTYM. Lat. moribundus, de mori, mourir.
MORICAUD, AUDE (mo-ri-kô, kô-d'), adj. Terme
familier. Qui a le teint de. couleur brune. Il est
moricaud. || S. m. et f. Moricaud, moricaude, homme
ou femme dont le teint est brun. Mlle de la Garde
et Mlle Bardou, toutes deux Françaises, avaient été
placées par la reine mère ; la première était
une petite moricaude... HAMILT. Gramm. 9. J| Il se
dit familièrement aussi des nègres.
— HIST. xvie s. Il [Henri II] estoit beau, encore
qu'il fust un peu mauricaut; mais ce teint brun en
effaçoitbiend'autres'plus blancs,BRANT. Cap.franç.
t. n, p. 59, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dérivé de more, par l'intermédiaire de
morisque.
MORIGÉNÉ, ÉE (mo-ri-jé-né, née), part, passé
de morigéner. || 1° Dont les moeurs se sont amélio-
rées. Et chacun sait que maître Énée, Personne bien
morigénée, Était sans faste et vanité, Adoré pour
sa charité, SCARR. Virg. vi. Vous avez-là un grand
garçonbien mal morigéné,monsieur, REGNARD, Sérén.
se. 8. Il 2° Qui a reçu une réprimande. Ce jeune
homme morigéné par son père. || Par plaisanterie.
Le sanglier mal morigéné s'est impertinemment dé-
tourné contre nous, MOL. Am. magn. v, 1.
MORIGÉNER (mo-ri-gé-né. La syllabe gê prend
un accent grave quand la syllabe qui suit est muette:
je morigène, excepté au futur et au conditionnel:
je morigénerai, je morigénerais), v. a. || 1° Former
les moeurs de quelqu'un (vieilli en ce sens). Si vous
aviez, en brave père, morigéné votre fils, il ne vous
aurait pas joué le tour qu'il vous a fait, MOL; Scap.
11,1. ]| 2e Réprimander, remettre dans l'ordre et dans
le devoir (il est familier en ce sens). C'est un étourdi
qui mérite que vous le morigéniez sévèrement.
— REM. C'est une faute de dire moriginer.
— HIST. xve s D'autres assez, lesquels le ser-
vice d'amour a faict devenir vaillans et bien mori-
génés, Bouciq. 1, 7. Vaillant aux armes et bien mo-
riginé, ib. 111, 1. || xvr s. Il faut que la nourrice
soit sage et bien morigénée, PARÉ, xvm, 24. Sans
cette hemoragie il n'auroit pu se morigéner, à
cause du sang bouillant qui le dominoit naturelle-
ment, D'AUB. Vie, XXVII.
— ÉTYM. Provenç. morigenar ; du latin morige-
rari, être docile, par le changement de l'r en n,
changement très-rare, tandis que le changement de
l'n en r ne l'est pas. Morigerari vient de mos, moris,
moeurs, et genre, porter.
MORILLE (mo-ri-ir, Il mouillées, et non mo-
ri-ye), s. f. || 1° Espèce de champignon comestible
vanté autrefois comme aphrodisiaque et percé de
petits trous,-morchella esculenla, famille des pe-
zizes. Il 2° Morilles de mer, polypiers de la famille
des éponges.
— ÉTYM. Picard, meroule, nvrouxlle; holland.
MOR
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dicis] avait souvent sondé l'esprit du roi sur cela,
et tâché de lui persuader que le -sang était bien
morfondu au delà du sixième degré; que les Bour-
bons ne lui étaient plus parents que d'Adam et
d'Eve, et qu'il était plus naturel de laisser sa suc-
cession à ses neveux qu'à des gens si éloignés MË-
ZERAY, Abrégé chronol. Depuis la guerre on ne fait
rien ici de nouveau; les libraires sont trop mor-
fondus, et depuis quatre mois les presses n'ont roulé
que sur des paperasses mazarines, GUI PATIN, Lett.
t. n, p. 516. Tous nos marchands sont ici merveil-
leusement morfondus de cette guerre trop lougue,
ID. ib. p. 552. Ne trouvez-vous pas cette plaisante-
rie d'un esprit morfondu? M™e DU DEFFANT, Corresp.
t. n, p. 47, dans POUGENS. Les économistes sont les
plus étonnés et les plus morfondus de tous les êtres,
GALIANI, Corresp. t. i, p. 231, dans POUGENS.
|| 4° Graine morfondue, graine des vers à soie
quand le germe a péri. || 5° S. m. Terme de marine.
Un morfondu, cordage fait avec de vieux câbles
qu'on a préalablement' détordus.
MORFONDURE (mor-fon-du-r'j, s./'.Ancienterme
de vétérinaire. Le catarrhe nasal ou coryza du
cheval.
— HIST. xve s. Et porra estre que" l'un de ses
chevaulx se recroira, ou demourra par aucun acci-
dent de morfonture, de releveure, nu d'aultre
chose, Les 15 joyes de mariage, p. 82. || xvie s. La
poulaille d'Inde craint la morfondure et les gouttes,
o. DE SERRES, 363. La roigne leur avient [aux bre-
bis] au dos, par.pluies et morfondures, se donne et
prend comme peste, ID. 987.
— ÉTYM. Morfondu. Au xvr 5 siècle, on disait aussi
morfondement.
t MORGANATIQUE (mor-ga-na-ti-k'), adj. Terme
de droit germanique. Mariage morganatique, ma-
riage de la main gauche, mariage dans lequel un
nomme épousant une femme d'un rang inférieur
mi donne la main gauche dans la cérémonie nuptiale.
—ÉTYM. Bas-lat. matrimoniumadmorganaticam
contractum. Origine incertaine. On a indiqué Mor-
gengabe, le don du matin ; à quoi Scheler objecte
qu'on ne voit pas comment Morgengabe donnerait
rtîoro/awafictts, et que le don du matin n'est pas es-
sentiel au mariage morganatique; il suggère, avec
doute, le gothique maurgjan, restreindre : un ma-
riage avec restriction. Legoarant propose : à la Mor-
gane, à la manière de la fée Morgane; mais, pour
autoriser cette étymologie, il faudrait quelque
texte. Pourquoi ne serait-ce pas Morgen, matin :
mariage célébré le matin, subrepticement, sans
.a grande pompe du mariage de midi?
j MORGANATIQUEMENT (mor-ga-na-ti-ke-man),
adv. X la morganatique.
f MORGANE (mor-ga-n'), s. f. Soeur d'Artus et
élève de Merlin, enchanteresse fameuse dans les
romans de chevalerie. Que ce soit Urgèle ou Mor-
gane, J'aime, en un rêve sans effroi, Qu'une.fée au
corps diaphane, Ainsi qu'une fleur qui se fane,
tienne pencher son front sur moi, v. HUGO, Bail. i.
| Fée Morgane,château de la fée Morgane, nom donné
M mirage qui, sur la côte d'Italie, fait voir au-dessus
de la mer des châteaux, des palais, des villes, etc.
I| On dit aussi Morgain.
— ÉTYM. Nom celtique que M- de la Villemar-
qué propose d'interpréter par le bas-breton mor;
très, fort, et gan, pour can, brillant : la très-bril-
lante; ital. fata morgana,le mirage.
f MORGANT, ANTE (mor-gan, gan-t'), adj.
Terme vieilli. Qui morgue; qui témoigne de la
morgue. Pourvu qu'on soit morgant, qu'on bride sa
moustache, Qu'on frise ses cheveux, qu'on porte un
grand panache.... En ce temps d'aujourd'hui l'on
n'est que trop savant, RÉGNIER, Sat. m. |] Le Mor-
gante, héros d'un poëme de Pulci, au xv" siècle,
doit être notre mot morgant.
f MORGATE (mor-ga-f), s. f. Nom de la sèche
dans le Finistère et le Morbihan, corrompu enmar-
gate dans les Côtes-du-Nord et la Normandie.
— ÉTYM. Bas-breton, mor, mer, et gat,.lièvre:
lièvre de mer.
MORGELINE (mor-je-lî-n'), s. f. Plante à petites
fleurs et à feuilles pointues, que l'on nomme au-
trement alsine (genre de caryophyliées). || Morge-
!ine d'été, le mouron des champs.
— ÉTYM. ilfbrs, ancien mot signifiant morsure,
et geiine, poule : la morsure de la geline, plante
ainsi nommée parce que les poules l'aiment (ital.
mordigallina).
f MORGOULE (mor-gou-1'), «. f. Mollusque ma-
rin, en forme de moitié d'orange.
1. MORGUE (mor-gh'), s. f. || 1° Contenance
sérieuse et fière. Morgue de magistrat rébarbatif,
sévère, Qui ne dément jamais son grave caractère,
DUFRÉNY, JEfar. fait et rompu, i, 2. || 2° Orgueil et
suffisance. T'ai-je tracé la vieille à morgue domi-
nante? BOIL..Sat. x. [Le maréchal de Villeroy] esprit
borné et sans culture, de la vieille galanterie,
un jargon de cour, de la morgue, haut ou plutôt
glorieux, et plus bas que respectueux auprès du feu
roi et de Mme de Maintenon, DUCLOS, OEuwes, t. v,
p. 217. La fausse dignité ou la morgue, DIDEROT,
Salon de 1767, OEuv, t. xv, p. 147 dans POUGENS.
Nous sommes loin de confondre la morgue sophis-
tique avec les saines connaissances de l'esprit et du
coeur, CHATEAUBR. Génie, m, n, 1.
— HIST. xvie s. Ces parolles achevées, Juppiter,
contournant la teste comme un singe qui avalle pil-
lules, feit une morgue tant espouvantable que tout
le grand Olympe trembla, RAB. Pant. iv, Nouv. prol.
Loyre et sa femme se vestirent de leurs beaux ha-
billemens, comparurent en la salle, faisans bonne
morgue, ID. ib. iv, 12. Vous trouvez de ces mor-
gues de vent coustumierement aux Espagnols, D'AUB.
Foen. iv, 6. C'est injustice et folie de priver les
enfants qui sont en aage, de la familiarité des pè-
res, et vouloir maintenir en leur endroict une mor-
gue austère et desdaigneuse, MONT, II, 79.
— ÉTYM. Origine inconnue. Cependant Grand-
gagnage, au mot mouron, cite le languedocien
morga, museau; ce serait le même mot. Morgue
ne paraît pas dans la langue avant le xvie siècle.
2. MORGUE (mor-gh'), s. f. || 1° Petite chambre
à l'entrée des prisons, où l'on met d'abord les pri-
sonniers, pour donner le temps aux guichetiers de
bien les reconnaître. On me conduit au petit Châ-
telet, où, du guichet étant passé dans la morgue, un
homme gros, court et carré vint à moi, la Prison
de M. Dassoucy,- etc. Paris, 1674, in-12, p. 35.
Il 2° Par assimilation. Entrée de la manche de certains
filets. Il 3° Endroit où l'on expose les corps des per-
sonnes mortes hors de leur domicile, afin qu'elles
puissent être reconnues. La morgue est un endroit
situé dans l'enceinte du grand Châtelet, où les corps
morts dont la justice se saisit, sont exposés à la
vue du public, afin qu'on puisse les reconnaître,
SAINT-FOIX, Ess. Paris, OEuvr. t. m, p 221, dans POU-
GENS. Il extermine en effetma pauvre Irène; il prétend
qu'elle sera traînée à la morgue, et pendue par les
pieds, parce qu'elle s'est tuée étant chrétienne, VOLT.
Lett. Thibouville, 10 nov. 1777.
— REM. Mercier dit morne et non pas morgue :
C'est à l'Hôtel-Dieu, c'est à la morne, que l'on aper-
çoit les nombreuses et déplorables victimes des tra-
vaux publics et d'une trop nombreuse population,
Tabl'. de Paris. Lieutenant de police.
— ÉTYM. D'après Ménage, morgue signifie visage,
et est le même que morgue 1 : le lieu où l'on re-
connaît la morgue, le visage des morts. L'étymologie
est bonne, mais à condition que morne de Mercier
soit une faute.
1. MORGUE, ÉE (mor-ghé, ghée) part, passé de
morguer 1. || 1° S qui on fait la morgue. Morgue
par un fat. || 2° Qui fait la morgue. Monseigneur,
paraissait rêveur et morgue, ST-SIM. 27I, 156. Je
vis mettre le roi à table, il me sembla plus morgue
qu'à l'ordinaire, et regardant fort à droite et à
' gauche, ID. 3691 243.
f 2. MORGUE (mor-ghé), interj. Sorte de juron
de paysan. Morgue! queu mal te fais-je? MOL.
Festin, 11, 1.
— ÉTYM. Altération de mordié.
1. MORGUER (mor-ghé), je morguais, nous mor-
■ guions, vous morguiez ; que je morgue, que nous
1 morguions, que vous morguiez, v. a. || 1° Faire
1 la morgue à quelqu'un. Je pris vengeance de ceux qui
■ m'avaient morgue autrefois, en les morguant tout de
même, Francion, liv. vi, p. 232. Et, de son large dos
morguant les spectateurs, Aux trois quarts du par-
; terre [il] a caché les acteurs, MOL. Fdch. 1, 1. La co-
médienne [une maîtresse de Charles II] est aussi fière
que la duchesse de Portsmouth : elle la morgue, elle
lui fait la grimace, elle l'attaque et lui dérobe souvent
le roi, SÉV. 216. Guitaut m'écrit de Fontainebleau,
; où il est allé morguer la cour, ID. 437. Il faut s'y
attendre, en prévenir les acteurs, ne se pas décou-
• rager, jouer la pièce avec un majestueux enthou-
siasme, bien morguer le public, et le traiter avec
, la dernière insolence, VOLT. Lelt. d'Argental,
• 21 oct. 1772. H Fig. Morguant la destinée et gour-
. mandant lamort, RÉGNIER, Sat. vi. ||.2° Se morguer,
v. réfl. Se faire la morgue l'un à l'autre. Là ils [les
deux Simon] commencèrent tous deux à se morguer,
VOLT. Philos. Ép. aux Rom. V imp.
— HIST. xve s. Cet escuyer breton les alla morguer
1 luy tout seul. Mém. s. D. G. ch. 28. || xvie s. Un
homme si desdaigneux, si morguant, doibt estre
plus habile, MONT, IV, 47.
— ÉTYM. Morgue 1.
f MORGUER (mor-ghé), v. a. Ancien terme de
pratique. Examiner les prisonniers à leur eirirée
dans la geôle, afin de les reconnaître.
— ÉTYM. Morgue 2.
t MORGUEUR (mor-gheur), s. m. Celui qui re-
garde avec morgue.
— HIST. xvie s. Hardi, d'un nouveau coeur, main-
tenant je m'adresse A ce géant morgueur, par qui
chacun trompé Souffre à ses pieds languir tout le
monde usurpé, D'AUB. Tragiques, Princes.
t MORGUIENNE (mor-ghiè-n'), interj. Sorte de
jurement de paysan. Morguienne ! si j'avais su ça
tantôt, MOL. Festin, n, 3.
— ÉTYM. Altération de morgue 2.
MORIBOND, ONDE (mo-ri-bon,bon-d'), adj". Qui
est près de mourir. ...comme un pauvre malade
moribond qui ne sait plus que faire ; il s'imagine
qu'en se levant il sera un peu allégé; il achève de
perdre son peu de force par un travail qu'il ne peut
supporter,., BOSS. rr sermon,Pentec. 1.Que diantre
voulez-vous que l'amour aille faire Dans un corps
moribond à ses feux si contraire? REGNARD, le Légat.
n, 5. || Être tout moribond, être dans un état de lan-
gueur, comme si l'on allait mourir. N'est-il pas cruel,
me dit-il, que mon oncle, tout moribond qu'il est,
épouse demain mademoiselle de Taviré pour la
laisser veuve au bout de six mois? MARIVAUX, Ma-
rianne, 9e part. || S. m. et f. Un moribond, une
moribonde. Que voit-on dans le tableau d'Eudami-
das? le moribond sur la couche, à côté le médecin
qui lui lâte le pouls, DIDER. Pensées sur la peint.
OEuv. t. xv, p. 206, dans POUGENS.
— HIST. xvr s. Je le trouvai avec un visage mo-
ribonde et jaunastre, PARÉ, t. m, p. 726.
— ÉTYM. Lat. moribundus, de mori, mourir.
MORICAUD, AUDE (mo-ri-kô, kô-d'), adj. Terme
familier. Qui a le teint de. couleur brune. Il est
moricaud. || S. m. et f. Moricaud, moricaude, homme
ou femme dont le teint est brun. Mlle de la Garde
et Mlle Bardou, toutes deux Françaises, avaient été
placées par la reine mère ; la première était
une petite moricaude... HAMILT. Gramm. 9. J| Il se
dit familièrement aussi des nègres.
— HIST. xvie s. Il [Henri II] estoit beau, encore
qu'il fust un peu mauricaut; mais ce teint brun en
effaçoitbiend'autres'plus blancs,BRANT. Cap.franç.
t. n, p. 59, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dérivé de more, par l'intermédiaire de
morisque.
MORIGÉNÉ, ÉE (mo-ri-jé-né, née), part, passé
de morigéner. || 1° Dont les moeurs se sont amélio-
rées. Et chacun sait que maître Énée, Personne bien
morigénée, Était sans faste et vanité, Adoré pour
sa charité, SCARR. Virg. vi. Vous avez-là un grand
garçonbien mal morigéné,monsieur, REGNARD, Sérén.
se. 8. Il 2° Qui a reçu une réprimande. Ce jeune
homme morigéné par son père. || Par plaisanterie.
Le sanglier mal morigéné s'est impertinemment dé-
tourné contre nous, MOL. Am. magn. v, 1.
MORIGÉNER (mo-ri-gé-né. La syllabe gê prend
un accent grave quand la syllabe qui suit est muette:
je morigène, excepté au futur et au conditionnel:
je morigénerai, je morigénerais), v. a. || 1° Former
les moeurs de quelqu'un (vieilli en ce sens). Si vous
aviez, en brave père, morigéné votre fils, il ne vous
aurait pas joué le tour qu'il vous a fait, MOL; Scap.
11,1. ]| 2e Réprimander, remettre dans l'ordre et dans
le devoir (il est familier en ce sens). C'est un étourdi
qui mérite que vous le morigéniez sévèrement.
— REM. C'est une faute de dire moriginer.
— HIST. xve s D'autres assez, lesquels le ser-
vice d'amour a faict devenir vaillans et bien mori-
génés, Bouciq. 1, 7. Vaillant aux armes et bien mo-
riginé, ib. 111, 1. || xvr s. Il faut que la nourrice
soit sage et bien morigénée, PARÉ, xvm, 24. Sans
cette hemoragie il n'auroit pu se morigéner, à
cause du sang bouillant qui le dominoit naturelle-
ment, D'AUB. Vie, XXVII.
— ÉTYM. Provenç. morigenar ; du latin morige-
rari, être docile, par le changement de l'r en n,
changement très-rare, tandis que le changement de
l'n en r ne l'est pas. Morigerari vient de mos, moris,
moeurs, et genre, porter.
MORILLE (mo-ri-ir, Il mouillées, et non mo-
ri-ye), s. f. || 1° Espèce de champignon comestible
vanté autrefois comme aphrodisiaque et percé de
petits trous,-morchella esculenla, famille des pe-
zizes. Il 2° Morilles de mer, polypiers de la famille
des éponges.
— ÉTYM. Picard, meroule, nvrouxlle; holland.
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