Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
628
MOR
MOR
MOR
atteinte comparée à une morsure. Mordu par la criti-
que. || 3° Terme de botanique. Se dit dès parties qui
sont comme tronquées irrégulièrement. || 4° Terme
de marine. Se dit du garant d'une poulie, quard
il se trouve pris entre le réa et la caisse de la
poulie. || 5° Une couture trop mordue, une couture
dont les bords empiètent trop l'un sur l'autre.
MORE ou MAURE (mo-r'), s. m. || i°Nom ancien
des habitants du nord de l'Afrique. Les Romains sub-
juguèrent les Maures. Du levant au couchant, du
More jusqu'au Scythe Les peuples vanteront et Bé-
rénice et Tite, CORN. 2Yte et Bêrên. v, 6. || Nom
donné, aux habitants des pays du nord de l'Afrique
où les musulmans ont implanté leur religion. Un
plaisant de ce temps-là lui fit accroire [à un chancelier
ignorant] que la Morée était le pays des Mores,
BALZ. De la cour, 2e dise. J'envoie demain des car-
tels aux Mores de Maroc et ùe Fez,' où je m'offre à
soutenir que l'Afrique n'a jamais rien produit de
plus rare ni de plus cruel que vous, VOIT. Lett. 40.
En ce temps-là les débauches du roi Roderic ou Ro-
drigue firent livrer l'Espagne aux Maures : c'est
ainsi qu'on appelait les Sarrasins d'Afrique, BOSS.
Hist. i, 11. Les Maures sont assez petits, maigres et
de mauvaise mine, avec de l'esprit, de la finesse ; les
nègres au contraire sont grands, gros, bien faits,
mais niais et sans génie, BUFF. Hist. nat. Homme,
OEuvr. t. v, p. 127. || Maures d'Espagne, les Sarra-
sins qui habitèrent l'Espagne depuis la conquête
musulmane jusqu'à leur expulsion par un décret de
Philippe III. Après avoir vu à Grenade tout ce qui y
reste de la magnificence des rois mores, VOIT. Lett.
39. L'expulsion des Maures fit bien plus de tort à la
monarchie [espagnole] ; Philippe III ne pouvait ve-
nir à bout d'un petit nombre de Hollandais, et il
put malheureusement chasser six ou sept cent mille
Maures de ses États, VOLT. Moeurs, 177. || 2° Nom
des populations qui, dans l'Afrique, sont ou étaient
soumises aux Turcs. Les Mores d'Alger. || Fig. Traiter
quelqu'un de ..Turc à More, en user avec lui de Turc
à More, le traiter avec une extrême dureté ; locu-
tion qui provient de ce que les Turcs souverains des
régences* barbaresques traitaient fort durement les
Mores habitants.de ces régences. Je vois ici deux
yeux qui ont la mine d'être de fort mauvais gar-
çons, de faire insulte aux libertés, et de traiter
une âme de Turc à Maure, MOL.: Pcéc. 10. Si quel-
ques-uns d'eux [du parlement] faisaient : les inso-
lents, [le duc d'Orléans n'avait qu'à] les traiter de
Turc-à More, ST-SIM. 399, 198. || 3° Abusivement,
, nom donné aux populations musulmanes de la côte
orientale. d'Afrique et même de l'Inde. Nos mar-
chands d'Europe très-mal instruits appelèrent indis-
tinctement Maures tous ces peuples mahométans
[de l'Inde] ; cette méprise vient de ce que les pre-
miers que nous avions autrefois connus étaient ceux
qui vinrent de Mauritanie conquérir l'Espagne, VOLT.
Pol. et lég. Fragni. hist. sur l'Inde, v. Les Espagnols
les ont appelés Mores [les peuples de la côte orien-
tale d'Afrique] et leurs souverains sultans, à cause
de l'identité de leur religion avec celle des peuples
d'Afrique de ce nom, ennemis de l'Espagne depuis
tant de siècles, LA PÉROUSE, Voyag. t. n, p. 35",
dans POUGENS. || 4° Nom donné aux nègres mêmes.
Elle eut d'abord un More; dès qu'elle vit qu'ils de-
venaient trop communs et que la vanité d'en
avoir avait passé jusques aux bourgeoises, elle
n'en voulut plus et prit un petit Turc, BRUEYS,
Muet, n, 3. || Une More, une femme du pays des
More» (on dit aujourdhui plutôt une Moresque). Je
ne laisserai pas de vous montrer quelque jour des
poulets [billets doux] en castillan et en portugais;
et, si une More qui demeure devant mes fenêtres
savait écrire, je vous en pourrais faire voir encore
en guinois [langage du pays de Guinée], VOIT.
Lett. 43. || Fig. X laver la tête d'un More on perd
son temps et sa lessive, inutilement on se donne
beaucoup de soin pour faire comprendre à un homme
quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger
un homme incorrigible. Peser le vent, blanchir un
Maure, Testament de Scarron, OEuv. t. i, p. 137,
dans POUGENS. le vous répondrai, mon cher maître,
par un proverbe bien trivial mais bien vrai, qu'à la-
ver la tête d'un mort ou d'un Maure, on y perd sa
peine, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 6 avr. 1773. || Che-
val de cap more ou cwecé de more, cheval d'un
poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.
|| Gris de More, couleur,grise tirant sur le noir. Des
bas gris de More. Gris de Maure, Régi, sur lesma-
nufact. août 1669, teint, en soie, etc. art. 30. || L'Aca-
démie varie, elle met tantôt une petite m, tantôt
une m majuscule : gris de more (au mot GRIS),
teint de More (au mot TEINT).
— HIST. XIII S. Par icelui Dieu qui ne ment, Se
vous jamès parlés à li, Vous en aurés le vis [visage]
pâli, Voires certes plus noir que more, la Rose,
8379. || xvf s. Il se mit sur ses vieux jours à aimer
une more, qu'il aima et tint en ses délices, de telle
sorte qu'il dédaigna toutes sortes de beautez et toutes
autres dames honnestes, BRANT. Cap. franc, t. iv,
p. 349, dans LACURNE.
— ÉTYM. Prov. mor;'esp. moro; du lat. Maurus,
habitant de la Mauritanie (voy. SALLUSTE, Jug. 18).
1. MOREAU (mo-rô), adj. m. Qui a le poil d'un
noir foncé, vif et luisant, en parlant d'un cheval.
Des chevaux moreaux. || Substantivement. Les mo-
reaux figurent souvent dans les chansons de gestes
comme montures des chevaliers un jour de combat.
Sans dégainer et sans monter moreau, Mettez à fin
périlleuse aventure, DESHOUL. Rondeau redoublé, au
duc de Saint-Aignan.
— REM. Cet adjectif n'a point de féminin ; mais
il conviendrait de reprendre l'ancien féminin et de
dire : une jument morelle.
— HIST. xn" s. Li cons [le comte] Gerins sist au
cheval morel, Ronc. 67. || xme s. Il monta sor un
sien cheval moriel, et le heurta des espérons, H. DE
VALENC. m. Et verriés [l'étalon] contre li [la ju-
ment] corre, S'il n'iert qui l'en peûst rescorre, Non
pas morel contre morele Solement, mes contre
fauvele, Contre grise, contre liarde, la Rose, 14263.
|| xve s. Jean Lyon tout premier monté sur un che-
val morel, FROISS. II, n, 66. || xvi° s. Sire, vois-tu
point ce barbare là, qui est monté sur un cheval
moreau aux pieds blancs? AMYOT, Pyrrh. 35.
— ÉTYM. Diminutif de more ; ital. morello.
t 2. MOREAU (mo-rô), s. m.Nom d'une espèce de
sac, ou de panier de corde, dans lequel les bâtiers
donnent du foin à leurs mulets, en marchant.
f MORÉES (mo-rée), s. f. pi. Famille de plantes
voisines des ulmacées, cannabinées et euphorbia-
cées, toutes détachées de la famille des urticées
de Jussieu.
— ÉTYM. Lat. morus, mûrier.
t MORÉLNE (mo-ré-i-n'), s. f. Terme de chimie.
Principe qui accompagne lamorine et se forme par
l'oxydation de celle-ci (voy. MORINE) .
1. MORELLE (mo-rè-l')j s. f. Genre de la famille
des solanées. ||La morelle noire (solanum ni-
grum, L.), plante vénéneuse. || La morelle tubéreuse
(solanum tuberosum), la pomme de terre.i || Morelle
grimpante, vigne de Judée, || Morelle des Indes,
herbe de la laque, vermillon.
— HIST. XIV 8 s. Jus de morelle ou de semblable,
H. DE MONDEVILLE, f° 96.
— ÉTYM. Féminin de moreau, c'est-à-dire la noire;
bas-latin, morella et maurellum.
t 2. MORELLE (mo-rè-F), s. f. Douce morelle, va-
riété de pomme à cidre de la haute Normandie. || On
dit aussi dure peau. || Douce morelle d'Aumale, au-
tre variété de pomme à cidre, précoce, ronde et
douceâtre. Ces deux pommes sont une variété de
première saison, à fruits amers. || On dit aussi grand-
vallée et blanc-mollet.
MORESQUE (mo-rè-sk'), adj. ||i° Qui a rapport
aux coutumes, aux usages, au goût des Mores. Fête
moresque. Édifice moresque. Costume moresque. Les
moresques balcons en trèfles découpés, v. HUGO,
Orientales, m. || Danse moresque, ou, substantive-
ment, la moresque, danse à la manière des Mores.
|| Peinture moresque, à la moresque, ou, substan-
tivement, moresque, sorte de peinture et de gra-
vure à la manière des anciens Mores d'Espagne,
qui consiste en rameaux accompagnés de feuil-
lages, sans ordre et sans aucun assujettissement à
l'imitation de la nature. || Au fém. Moresque se dit.
aussi d'ornements de caprice, feuillages de fantai-
sie, qu'on emploie dans la damasquinerie. ||2° S. f.
Une moresque, une femme du pays more.
— HIST. xve s. Or allez, dit sire Cosme au héraut,
et faites bien la besogne, et nous vous donnerons
vingt moresques [monnaie d'Espagne], FROISS. II,
m, 43. Les Suysses dansent leurs morisques, Atout
leurs tabourins sonnans, COQUILLART, Blason des
armes et des dames. Qui est celui qui d'amer se
tendroit, Quant beaulté fait de morisque l'entrée,
CH. D'ORL. Rondeau.
— ÉTYM. More.
t MORET (mo-rè) ou MOURET (mou-rè), s. m.
Nom normand de l'airelle.
— ÉTYM. Diminutif de more, à cause de la cou-
leur noire du fruit.
t MORFER (mor-fé), v. n. Terme hors d'usage.
Manger goulûment. Il ne faut pas s'enquérir com-
ment il fut morfé, Francion. v, p. 191.
— ÉTYM. Ital. mor fia, bouche, mor/tre, manger.
1. MORFIX (mor-fil), s. m. Barbes ou aspérités
métalliques, irrégulières et extérieures au véritable
tranchant fait de dentelures microscopiques; as-
pérités qui proviennent d'un premier repassage sur
des pierres trop vives et disparaissent par un se-
cond repassage de deux faces sur des matières plus
fines, plus onctueuses. On ôte le morfil au rasoir
en le passant à l'huile, sur la pierre.
— HIST. xvie s. Morfil, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Jfort, fil : tranchant mort, émoussé ;
namur. moirt-fil.
2. MORFIL (mor-fil), s. m. Nom donné à l'ivoire
qui n'a pas encore été travaillé, aux dents d'éléphant
séparées de l'animal. Morfil ou ivoire, le cent pe-
sant, 30 livres, Décl. du roi, nov. 1640, tari/ 1. || On
dit aussi marfil.
— HIST. xvie s. Morfil, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Anc. esp. almafil (texte de l'an 930) ;
esp. marfil; port, marfim. On reconnaît dans la finale
l'arahe fil, éléphant ; mais le préfixe, quel est-ili? Diez
y voit l'arabe nab, dent; mais le mot devrait être
nafil, oualnafil. Pihan croit qu'il est pour mâlfil, de
mal, richesse : la richesse en ivoire. Comme on
voit, il reste du doute sur la première partie du mot.
MORFONDRE (mor-fon-dr'), v. a. Se conjugue
comme fondre. || 1° Ancien terme de vétérinaire.
Causer un coryza, un catarrhe nasal, chez le che-
val. || 2° Causer un froid qui pénètre. L'air glacial
de la nuit l'a morfondu. || 3° Se morfondre, v. réfl.
Prendre froid. 11 pleure souvent les victoires de ce
prince, et se morfond auprès de leurs feux de joie,
BALZ. Disc, à la régente. Pendant que sa peur le fait
fuir jusque dans le jardin de l'hôtellerie, où il ha-
sarde de se morfondre, SCAHR. flom. coin, n, 7. || Fig.
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace,
Que ces vers où Mo tin se morfond et nous glace,
BOIL. Art p. iv. || 4° Perdre du temps à attendre. La
vogue [d'une devineresse] était passée Au galetas; il
avait le crédit; L'autre femme se morfondit, LA
FONT. Fabl. vu, 15. Un amant qui sans lui se serait
morfondu, ID. Coupe. Et, bravant des sergents la
timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se
morfondre à sa porte, BOIL. Sat. v. On peut vous
reprocher de vous être venu morfondre plus d'un an
devant une bicoque, i. BRUSLË, Lucien en belle hu-
meur, t. i, p. 379, dans POUGENS. J'avais cru qu'il
ne s'agissait que de diminuer le ressort du parle-
ment de Paris, et de ne plus obliger les pauvres
provinciaux de courir deux cents lieues pour aller
se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un
conseiller au parlement, VOLT. Lett. Mme de St-Jul-
lien, 6 avril 1777. Pendant les cinq ou six mois
que les équipages des navires européens se morfon-
dent ou périssent à Hoang-fou, les agents du com-
merce font leurs ventes et leurs achats à Canton, RAY-
NAL, Hist. phil. v, 25. || Fig. Au lieu de vous mor-
fondre tristement dans cette vue, osez prendre un
plus grand essor, VAUVEN. Conseils, x. H Avec el-
lipse du pronom se. Clarice : Je prendrai du plaisir
du moins à le confondre. — Isabelle : J'en pren-
drais davantage à le laisser morfondre, CORN, le
Ment, m, 3. ]| En termes de boulangerie, la pâte
se morfond, elle perd la force de fermentation.
— HIST. xive s. S'aucun cheval est morfondu, il
le convient tantosl faire seigner des jambes devant
au plus bas, et au hault du plat des cuisses, et re-
cueillir le sang, et d'icelluy oindre les pies, puis
torchier de foing moullié..., Ménagier, n, 3. || xve s.
Eux et leurs chevaux, après la grand chaleur du so-
leil que ils auront eue le jour, morfondront, ne jà
ne s'en sauront garder, FROISS. II, m, 61. ||xvie s.
S'il temporise, il pourra veoir morfondre son en-
nemy et se desfaire soy-mesme, MONT, I, 356. Le
chaud du jour les estouffoit, et le froid de la nuit les
morfondoit, PARÉ, XXIV, 62.
—ÉTYM. On a dit mort et fondre : fondre jusqu'à
la mort. Mais, comme le mot est originairement de
l'art vétérinaire, il faut y voir, avec Ménage :
morve et fondre.
MORFONDU, UE (mor-fon-du, due), part,
passé de morfondre. |) 1° Pénétré d'humidité et
de froid. Pour se sauver de la pluie, Entre un
passant morfondu, LA FONT. Fabl. v, 7. L'air
devenu serein, il part tout morfondu, Sèche
du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie, ID.
ib. ix, 2. || Substantivement. Ouvrez, dit-il, je suis
nu; Moi, charitable et bonhomme, J'ouvre au pau-
vre morfondu, ID. Autre imit. d'Anacr. || 2° Fig.
Qui perd son temps à attendre. Courtisan morfondu,
frénétique et rêveur, Portrait de la disgrâce et de la
défaveur, RÉGNIER, Sat. m. || 3" Fig. Qui a souffert
I quelque dommage, quelque perte comparée à l'état
de celui qui est morfondu. Elle [Catherine de Mé-
MOR
MOR
MOR
atteinte comparée à une morsure. Mordu par la criti-
que. || 3° Terme de botanique. Se dit dès parties qui
sont comme tronquées irrégulièrement. || 4° Terme
de marine. Se dit du garant d'une poulie, quard
il se trouve pris entre le réa et la caisse de la
poulie. || 5° Une couture trop mordue, une couture
dont les bords empiètent trop l'un sur l'autre.
MORE ou MAURE (mo-r'), s. m. || i°Nom ancien
des habitants du nord de l'Afrique. Les Romains sub-
juguèrent les Maures. Du levant au couchant, du
More jusqu'au Scythe Les peuples vanteront et Bé-
rénice et Tite, CORN. 2Yte et Bêrên. v, 6. || Nom
donné, aux habitants des pays du nord de l'Afrique
où les musulmans ont implanté leur religion. Un
plaisant de ce temps-là lui fit accroire [à un chancelier
ignorant] que la Morée était le pays des Mores,
BALZ. De la cour, 2e dise. J'envoie demain des car-
tels aux Mores de Maroc et ùe Fez,' où je m'offre à
soutenir que l'Afrique n'a jamais rien produit de
plus rare ni de plus cruel que vous, VOIT. Lett. 40.
En ce temps-là les débauches du roi Roderic ou Ro-
drigue firent livrer l'Espagne aux Maures : c'est
ainsi qu'on appelait les Sarrasins d'Afrique, BOSS.
Hist. i, 11. Les Maures sont assez petits, maigres et
de mauvaise mine, avec de l'esprit, de la finesse ; les
nègres au contraire sont grands, gros, bien faits,
mais niais et sans génie, BUFF. Hist. nat. Homme,
OEuvr. t. v, p. 127. || Maures d'Espagne, les Sarra-
sins qui habitèrent l'Espagne depuis la conquête
musulmane jusqu'à leur expulsion par un décret de
Philippe III. Après avoir vu à Grenade tout ce qui y
reste de la magnificence des rois mores, VOIT. Lett.
39. L'expulsion des Maures fit bien plus de tort à la
monarchie [espagnole] ; Philippe III ne pouvait ve-
nir à bout d'un petit nombre de Hollandais, et il
put malheureusement chasser six ou sept cent mille
Maures de ses États, VOLT. Moeurs, 177. || 2° Nom
des populations qui, dans l'Afrique, sont ou étaient
soumises aux Turcs. Les Mores d'Alger. || Fig. Traiter
quelqu'un de ..Turc à More, en user avec lui de Turc
à More, le traiter avec une extrême dureté ; locu-
tion qui provient de ce que les Turcs souverains des
régences* barbaresques traitaient fort durement les
Mores habitants.de ces régences. Je vois ici deux
yeux qui ont la mine d'être de fort mauvais gar-
çons, de faire insulte aux libertés, et de traiter
une âme de Turc à Maure, MOL.: Pcéc. 10. Si quel-
ques-uns d'eux [du parlement] faisaient : les inso-
lents, [le duc d'Orléans n'avait qu'à] les traiter de
Turc-à More, ST-SIM. 399, 198. || 3° Abusivement,
, nom donné aux populations musulmanes de la côte
orientale. d'Afrique et même de l'Inde. Nos mar-
chands d'Europe très-mal instruits appelèrent indis-
tinctement Maures tous ces peuples mahométans
[de l'Inde] ; cette méprise vient de ce que les pre-
miers que nous avions autrefois connus étaient ceux
qui vinrent de Mauritanie conquérir l'Espagne, VOLT.
Pol. et lég. Fragni. hist. sur l'Inde, v. Les Espagnols
les ont appelés Mores [les peuples de la côte orien-
tale d'Afrique] et leurs souverains sultans, à cause
de l'identité de leur religion avec celle des peuples
d'Afrique de ce nom, ennemis de l'Espagne depuis
tant de siècles, LA PÉROUSE, Voyag. t. n, p. 35",
dans POUGENS. || 4° Nom donné aux nègres mêmes.
Elle eut d'abord un More; dès qu'elle vit qu'ils de-
venaient trop communs et que la vanité d'en
avoir avait passé jusques aux bourgeoises, elle
n'en voulut plus et prit un petit Turc, BRUEYS,
Muet, n, 3. || Une More, une femme du pays des
More» (on dit aujourdhui plutôt une Moresque). Je
ne laisserai pas de vous montrer quelque jour des
poulets [billets doux] en castillan et en portugais;
et, si une More qui demeure devant mes fenêtres
savait écrire, je vous en pourrais faire voir encore
en guinois [langage du pays de Guinée], VOIT.
Lett. 43. || Fig. X laver la tête d'un More on perd
son temps et sa lessive, inutilement on se donne
beaucoup de soin pour faire comprendre à un homme
quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger
un homme incorrigible. Peser le vent, blanchir un
Maure, Testament de Scarron, OEuv. t. i, p. 137,
dans POUGENS. le vous répondrai, mon cher maître,
par un proverbe bien trivial mais bien vrai, qu'à la-
ver la tête d'un mort ou d'un Maure, on y perd sa
peine, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 6 avr. 1773. || Che-
val de cap more ou cwecé de more, cheval d'un
poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.
|| Gris de More, couleur,grise tirant sur le noir. Des
bas gris de More. Gris de Maure, Régi, sur lesma-
nufact. août 1669, teint, en soie, etc. art. 30. || L'Aca-
démie varie, elle met tantôt une petite m, tantôt
une m majuscule : gris de more (au mot GRIS),
teint de More (au mot TEINT).
— HIST. XIII S. Par icelui Dieu qui ne ment, Se
vous jamès parlés à li, Vous en aurés le vis [visage]
pâli, Voires certes plus noir que more, la Rose,
8379. || xvf s. Il se mit sur ses vieux jours à aimer
une more, qu'il aima et tint en ses délices, de telle
sorte qu'il dédaigna toutes sortes de beautez et toutes
autres dames honnestes, BRANT. Cap. franc, t. iv,
p. 349, dans LACURNE.
— ÉTYM. Prov. mor;'esp. moro; du lat. Maurus,
habitant de la Mauritanie (voy. SALLUSTE, Jug. 18).
1. MOREAU (mo-rô), adj. m. Qui a le poil d'un
noir foncé, vif et luisant, en parlant d'un cheval.
Des chevaux moreaux. || Substantivement. Les mo-
reaux figurent souvent dans les chansons de gestes
comme montures des chevaliers un jour de combat.
Sans dégainer et sans monter moreau, Mettez à fin
périlleuse aventure, DESHOUL. Rondeau redoublé, au
duc de Saint-Aignan.
— REM. Cet adjectif n'a point de féminin ; mais
il conviendrait de reprendre l'ancien féminin et de
dire : une jument morelle.
— HIST. xn" s. Li cons [le comte] Gerins sist au
cheval morel, Ronc. 67. || xme s. Il monta sor un
sien cheval moriel, et le heurta des espérons, H. DE
VALENC. m. Et verriés [l'étalon] contre li [la ju-
ment] corre, S'il n'iert qui l'en peûst rescorre, Non
pas morel contre morele Solement, mes contre
fauvele, Contre grise, contre liarde, la Rose, 14263.
|| xve s. Jean Lyon tout premier monté sur un che-
val morel, FROISS. II, n, 66. || xvi° s. Sire, vois-tu
point ce barbare là, qui est monté sur un cheval
moreau aux pieds blancs? AMYOT, Pyrrh. 35.
— ÉTYM. Diminutif de more ; ital. morello.
t 2. MOREAU (mo-rô), s. m.Nom d'une espèce de
sac, ou de panier de corde, dans lequel les bâtiers
donnent du foin à leurs mulets, en marchant.
f MORÉES (mo-rée), s. f. pi. Famille de plantes
voisines des ulmacées, cannabinées et euphorbia-
cées, toutes détachées de la famille des urticées
de Jussieu.
— ÉTYM. Lat. morus, mûrier.
t MORÉLNE (mo-ré-i-n'), s. f. Terme de chimie.
Principe qui accompagne lamorine et se forme par
l'oxydation de celle-ci (voy. MORINE) .
1. MORELLE (mo-rè-l')j s. f. Genre de la famille
des solanées. ||La morelle noire (solanum ni-
grum, L.), plante vénéneuse. || La morelle tubéreuse
(solanum tuberosum), la pomme de terre.i || Morelle
grimpante, vigne de Judée, || Morelle des Indes,
herbe de la laque, vermillon.
— HIST. XIV 8 s. Jus de morelle ou de semblable,
H. DE MONDEVILLE, f° 96.
— ÉTYM. Féminin de moreau, c'est-à-dire la noire;
bas-latin, morella et maurellum.
t 2. MORELLE (mo-rè-F), s. f. Douce morelle, va-
riété de pomme à cidre de la haute Normandie. || On
dit aussi dure peau. || Douce morelle d'Aumale, au-
tre variété de pomme à cidre, précoce, ronde et
douceâtre. Ces deux pommes sont une variété de
première saison, à fruits amers. || On dit aussi grand-
vallée et blanc-mollet.
MORESQUE (mo-rè-sk'), adj. ||i° Qui a rapport
aux coutumes, aux usages, au goût des Mores. Fête
moresque. Édifice moresque. Costume moresque. Les
moresques balcons en trèfles découpés, v. HUGO,
Orientales, m. || Danse moresque, ou, substantive-
ment, la moresque, danse à la manière des Mores.
|| Peinture moresque, à la moresque, ou, substan-
tivement, moresque, sorte de peinture et de gra-
vure à la manière des anciens Mores d'Espagne,
qui consiste en rameaux accompagnés de feuil-
lages, sans ordre et sans aucun assujettissement à
l'imitation de la nature. || Au fém. Moresque se dit.
aussi d'ornements de caprice, feuillages de fantai-
sie, qu'on emploie dans la damasquinerie. ||2° S. f.
Une moresque, une femme du pays more.
— HIST. xve s. Or allez, dit sire Cosme au héraut,
et faites bien la besogne, et nous vous donnerons
vingt moresques [monnaie d'Espagne], FROISS. II,
m, 43. Les Suysses dansent leurs morisques, Atout
leurs tabourins sonnans, COQUILLART, Blason des
armes et des dames. Qui est celui qui d'amer se
tendroit, Quant beaulté fait de morisque l'entrée,
CH. D'ORL. Rondeau.
— ÉTYM. More.
t MORET (mo-rè) ou MOURET (mou-rè), s. m.
Nom normand de l'airelle.
— ÉTYM. Diminutif de more, à cause de la cou-
leur noire du fruit.
t MORFER (mor-fé), v. n. Terme hors d'usage.
Manger goulûment. Il ne faut pas s'enquérir com-
ment il fut morfé, Francion. v, p. 191.
— ÉTYM. Ital. mor fia, bouche, mor/tre, manger.
1. MORFIX (mor-fil), s. m. Barbes ou aspérités
métalliques, irrégulières et extérieures au véritable
tranchant fait de dentelures microscopiques; as-
pérités qui proviennent d'un premier repassage sur
des pierres trop vives et disparaissent par un se-
cond repassage de deux faces sur des matières plus
fines, plus onctueuses. On ôte le morfil au rasoir
en le passant à l'huile, sur la pierre.
— HIST. xvie s. Morfil, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Jfort, fil : tranchant mort, émoussé ;
namur. moirt-fil.
2. MORFIL (mor-fil), s. m. Nom donné à l'ivoire
qui n'a pas encore été travaillé, aux dents d'éléphant
séparées de l'animal. Morfil ou ivoire, le cent pe-
sant, 30 livres, Décl. du roi, nov. 1640, tari/ 1. || On
dit aussi marfil.
— HIST. xvie s. Morfil, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Anc. esp. almafil (texte de l'an 930) ;
esp. marfil; port, marfim. On reconnaît dans la finale
l'arahe fil, éléphant ; mais le préfixe, quel est-ili? Diez
y voit l'arabe nab, dent; mais le mot devrait être
nafil, oualnafil. Pihan croit qu'il est pour mâlfil, de
mal, richesse : la richesse en ivoire. Comme on
voit, il reste du doute sur la première partie du mot.
MORFONDRE (mor-fon-dr'), v. a. Se conjugue
comme fondre. || 1° Ancien terme de vétérinaire.
Causer un coryza, un catarrhe nasal, chez le che-
val. || 2° Causer un froid qui pénètre. L'air glacial
de la nuit l'a morfondu. || 3° Se morfondre, v. réfl.
Prendre froid. 11 pleure souvent les victoires de ce
prince, et se morfond auprès de leurs feux de joie,
BALZ. Disc, à la régente. Pendant que sa peur le fait
fuir jusque dans le jardin de l'hôtellerie, où il ha-
sarde de se morfondre, SCAHR. flom. coin, n, 7. || Fig.
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace,
Que ces vers où Mo tin se morfond et nous glace,
BOIL. Art p. iv. || 4° Perdre du temps à attendre. La
vogue [d'une devineresse] était passée Au galetas; il
avait le crédit; L'autre femme se morfondit, LA
FONT. Fabl. vu, 15. Un amant qui sans lui se serait
morfondu, ID. Coupe. Et, bravant des sergents la
timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se
morfondre à sa porte, BOIL. Sat. v. On peut vous
reprocher de vous être venu morfondre plus d'un an
devant une bicoque, i. BRUSLË, Lucien en belle hu-
meur, t. i, p. 379, dans POUGENS. J'avais cru qu'il
ne s'agissait que de diminuer le ressort du parle-
ment de Paris, et de ne plus obliger les pauvres
provinciaux de courir deux cents lieues pour aller
se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un
conseiller au parlement, VOLT. Lett. Mme de St-Jul-
lien, 6 avril 1777. Pendant les cinq ou six mois
que les équipages des navires européens se morfon-
dent ou périssent à Hoang-fou, les agents du com-
merce font leurs ventes et leurs achats à Canton, RAY-
NAL, Hist. phil. v, 25. || Fig. Au lieu de vous mor-
fondre tristement dans cette vue, osez prendre un
plus grand essor, VAUVEN. Conseils, x. H Avec el-
lipse du pronom se. Clarice : Je prendrai du plaisir
du moins à le confondre. — Isabelle : J'en pren-
drais davantage à le laisser morfondre, CORN, le
Ment, m, 3. ]| En termes de boulangerie, la pâte
se morfond, elle perd la force de fermentation.
— HIST. xive s. S'aucun cheval est morfondu, il
le convient tantosl faire seigner des jambes devant
au plus bas, et au hault du plat des cuisses, et re-
cueillir le sang, et d'icelluy oindre les pies, puis
torchier de foing moullié..., Ménagier, n, 3. || xve s.
Eux et leurs chevaux, après la grand chaleur du so-
leil que ils auront eue le jour, morfondront, ne jà
ne s'en sauront garder, FROISS. II, m, 61. ||xvie s.
S'il temporise, il pourra veoir morfondre son en-
nemy et se desfaire soy-mesme, MONT, I, 356. Le
chaud du jour les estouffoit, et le froid de la nuit les
morfondoit, PARÉ, XXIV, 62.
—ÉTYM. On a dit mort et fondre : fondre jusqu'à
la mort. Mais, comme le mot est originairement de
l'art vétérinaire, il faut y voir, avec Ménage :
morve et fondre.
MORFONDU, UE (mor-fon-du, due), part,
passé de morfondre. |) 1° Pénétré d'humidité et
de froid. Pour se sauver de la pluie, Entre un
passant morfondu, LA FONT. Fabl. v, 7. L'air
devenu serein, il part tout morfondu, Sèche
du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie, ID.
ib. ix, 2. || Substantivement. Ouvrez, dit-il, je suis
nu; Moi, charitable et bonhomme, J'ouvre au pau-
vre morfondu, ID. Autre imit. d'Anacr. || 2° Fig.
Qui perd son temps à attendre. Courtisan morfondu,
frénétique et rêveur, Portrait de la disgrâce et de la
défaveur, RÉGNIER, Sat. m. || 3" Fig. Qui a souffert
I quelque dommage, quelque perte comparée à l'état
de celui qui est morfondu. Elle [Catherine de Mé-
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