MON
MON
MON
611
t MONOZOÏCITÉ (mo-no-zo-i-si-té), s. f. Terme
de zoologie. Caractère des animaux qui sont mono-
zoïques.
t MONOZOÏQUE (mo-no-zo-i-k'), adj". Terme
d'histoire naturelle. Animaux monozoïques, ani-
maux dont les individus sont isolés et vivent hors
de l'état d'agrégation.
— ÉTYM. ifono..., et Çûov, animal.
MONS (mons'), s. m. Abréviation du mot mon-
sieur, qui est familière ou méprisante. Le fils de
Sommery n'avait pas honte de dire devant des gens
qui avaient au moins le sens commun : le pauvre
mons Turenne me disait.... ST-SIM. 71, 171. Nous
n'avons rien à nous dire, mons de Lépine, j'ai af-
faire et je vous laisse, MARIV. 7c %egs, se. 3. Une
conscience ! là, regardez-moi un peu sans rire, si
vous le pouvez, mons Dumont, la conscience d'un
intendant ! SAURIN, les Moeurs du temps, se. 8..Mais
mons ton fils, le sieur de Fierenfat, Me semble avoir
un procédé bien plat, VOLT. Enf. prod. i, 1. Mons
de Louvois nous envoie de tous côtés des jésuites
et des dragons, ID. l'Ingénu, vm. Vous êtes, mons
Picard, trop parleur avec moi, AL. DUVAL, ifanie
des grands, t, 7. Parlez donc, mons Frise-Pavets,
savez-vous bien ce que vous venez de dire? BABGEUF,
Pièces, i, 211. || Ce mot est pris dans le sens sérieux
quand les rois parlaient aux archevêques et aux
évêques : Mons l'archevêque. Ils ne leur disaient ni
monsieur, ni monseigneur.
— ÉTYM. Forme qui provient sans doute de ce
que dans les anciens actes on trouve souvent tuons,
en abrégé pour monsieur ou monseigneur.
MONSEIGNEUR (mon-sè-gneur ; au xvr siècle,
Palsgrave dit, p. 66, qu'on prononçait monseinieur),
s. m. || 1° Titre d'honneur qu'on donne aux person-
nes d'une dignité éminente, et qui signifie mon sei-
gneur, mon maître. Le monseigneur de France
n'est pas la même chose que le monsignor d'Italie;
en ce pays-là il ne présuppose pas nécessairement
infériorité en celui qui le donne; ....le mot de mon-
seigneur n'est pas si vulgaire en ce royaume
[France], où l'on ne s'en servait point de vive voix
sous le règne des rois derniers morts, et avant que
le cardinal de Richelieu fût venu changer les choses
du monde; dans les lettres nous ne le devons pas
seulement aux princes, aux ducs et pairs et aux of-
ficiers de la couronne, mais aussi, à mon avis, aux
gouverneurs des provinces où nous faisons notre
résidence ; .. ,.M. de Racan fut le premier qui me mit
du scrupule dans l'esprit et qui me remontra que la
dignité d'évêque ne devait pas être moins respectée
par un vrai chrétien que celle de duc et pair par
un naturel français ; sa remontrance me sembla
fondée en raison, et nous résolûmes lui et moi dé
donner, à l'avenir, du monseigneur à tous les évê-
ques, sans excepter l'évêque do Rethléem, quoi-
qu'il logeât dans un trou d'un collège de Paris, quoi-
qu'il allât à pieds par les rues, quoiqu'il fût lui-même
son aumônier, BALZ. Dissert, critiques, vu. Mon-
seigneur, je prends avantage de ma témérité, CORN.
Clitandre, Épître au duc de Longueville. Monsei-
gneur, nous vous sommes bien obligés. — Monsei-
gneur ! oh ! oh ! monseigneur ! attendez, mon ami,
monseigneur mérite quelque chose ; et ce n'est
pas une petite parole que monseigneur; tenez, voilà
ce que monseigneur vous donne, MOL. Bourg, gent.
n, 9. H Le monseigneur, le titre de monseigneur,
[li y eut une dispute à la cour de Louis XIV en
1675, pour savoir si on devait aux maréchaux de
France le monseigneur en écrivant; la question fut
tranchée en faveur des maréchaux] Après cela
j'ai parlé du monseigneur : Ah! mon Dieu, madame,
m'a dit M. de Pompone, au nom de Dieu! que
M. de Grignan se garde bien du monsieur; il fe-
rait mal sa cour; le roi s'en est expliqué sur le su-
jet du marquis d'Ambres ; il sera tondu ; le maré-
chal de Grammont conte en son langage que le
comte de Guiche n'était pas un misérable sans nais-
sance, sans dignité, et que jamais il n'a marchandé
le monseigneur à aucun maréchal de France, SÉV.
19 août 1675. || Monseigneur se dit en parlant d'un
homme qui a droit à ce titre. Monseigneur est
absent. Souvent, à pleines mains, d'Orval sème
l'argent; Parfois, faute de fonds, monseigneur est
marchand, GiLB.lse sie'c7e. || Les évêques aujourd'hui
se traitent réciproquement de monseigneur, DE CAIL-
LIÈRES, 1600. Je dînai il y a quelques jours chez
M. Ponchartrain : il fit beaucoup de railleries assez
aigres sur le monseigneur que les évêques se don-
nent, MAINTENON, Lett. au cardin. de Noailles, 12 oct.
16»5. Aujourd'hui on dit monseigneur en parlant à
un évêque, ou d'un évêque. || Monseigneur de Paris,
l'archevêque de Paris, Monseigneur de Châlons, etc.
Autrefois on disait monsieur de Paris; monsieur
de Blois, l'évêque de Blois, etc. || 2° Messeigneurs,
pluriel de monseigneur, titre dont on se sert en
parlant ou en écrivant à plusieurs personnes qui
ont droit au titre de monseigneur. || 3° Nossei-
gneurs, autre pluriel de monseigneur, dont on se
servait principalement dans les requêtes présentées
au conseil du roi, aux cours du parlement, et au-
tres cours souveraines. Au roi et à nosseigneurs
de son conseil. Nosseigneurs du parlement l'ont
mieux traité [l'auteur de la Philosophie de la na-
ture] , parce qu'ils ont eu peur du cri public,
D'ALEMB. Lett. au roi de Prusse, 28 juill. 1777.
|| On dit aussi aujourd'hui nosseigneurs les évê-
ques. || 4° On dit monseigneurs au pluriel quand
on n'adresse pas la parole aux grands personnages
et qu'on veut seulement marquer leur dignité.
....Les simples monseigneurs N'étaient d'un rang
digne de ses faveurs, LA FONT. Courlis, amour.
|| 5° Monseigneur, le Dauphin, fils de Louis XIV (on
met une majuscule). Le seul enfant de ce mariage de
Louis XIV qui vécut, fut Louis Dauphin, nommé
Monseigneur, né le premier novembre 1601, mort le
14 avril 1711, VOLT. Louis XIV, Enfants. || 6° Terme
d'argot. Espèce de levier pour forcer les serrures.
— REM. 1. On dit: Monseigneur, Votre Altesse....
et non : Votre Altesse, Monseigneur.... || 2. On écrit
souvent par abréviation Mgr. Il 3. La qualification de
monseigneur n'a pas de limite bien tracée, ou du
moins elle en change suivant les temps. Aujourd'hui
on la donne aux princes de la famille impériale,
aux évêques, aux maréchaux.
— HIST. xine s. Quant aucuns cas avient de mon-
segneur le conte contre ses homes, BEAUM. LXVH, 18.
|| xvie s. Tous ceulx qui liront celte histoire enten-
dent que celuy que je nomme monseigneur, c'est
monseigneur d'Orléans ; car en ce temps là lui ap-
partenoit-il d'estre ainsi appelle, JEAN DE ST-GELAIS,
Tfist. de Louis XII, p. 62, dans LACURNE,
— ÊTYM. ifon, et seigneur; provenç. monsennor ;
espagn. monsenor; ital. monsignore. Dans l'ancienne
langue, messire était le nominatif, et monseigneur,
le régime.
MONSEIGNEURISÉ, ÉE (mo-sè-gneu-ri-zé, zée),
part, passe, de monseigneuriser. M. Jourdain
monseigneurisé dans Molière par les garçons du
tailleur.
MONSEIGNEURISER (mon-sè-gneu-ri-zé), v. a.
Terme qui ne se dit que par plaisanterie. Affu-
bler du titre de monseigneur. Irai-je, adulateur sor-
dide, Encenser un sot dans l'éclat, Amuser un Cré-
sus stupide, Et monseigneuriser un fat? GRESSET,
la Chartreuse. || Se monseigneuriser, v. réfl. Se trai-
ter réciproquement de monseigneur. Etant allé voir
un évêque de mes amis, et ayant appris qu'il y avait
d'autres évêques avec lui, je demandai ce qu'ils
faisaient : ils se monseigneurisent, me répondit
assez plaisamment un de leurs laquais, CAILLIÈRES.
Mots à la mode, Convers. 2, dans POUGENS. Tout le
monde se moque d'eux [des évêques], et on riait de
ce qu'ils s'étaient monseigneurisés, ST-SIM. 227, 46.
Non-seulement les évêques ne se monseigneuri-
saient pas, mais ils ne donnaient point du monsei-
gneur aux cardinaux, VOLT. Dict. phil. Cérémonies.
' — ÊTYM. Monseigneur.
MONSIEUR (mo-sieu, ou souvent aussi me-sieu ;
Pr ne se lie jamais : mo-sieu et ami ; monsieur
rime avec les mots en eur, mais c'est une rime qui
n'est que pour les yeux et qui doit être bannie ; car
on prononce toujours mosieu);au pluriel, MES-
SIEURS (mè-sieû; l's se lie : mè-sieu-z et amis),
s m. H 1° Titre qui, avant la Révolution, ne se
donnait qu'à certaines classes de la société. Exercez-
la, monsieur, et gouvernez le prince, CORN. Cid, 1, 6.
Monsieur, on tient conseil, et le roi vous demande,
ROTR. Antig. 1, 6. Il me déplaît par trop d'être le
rat de cave de mon frère et de le voir monsieur,
DANCOURT, fîefr. des off. se. 2. lis l'appelèrent mon-
sieur dans la conversation; le bonhomme, à ce
terme, se retourna, s'imaginant qu'ils parlaient à
quelqu'un qui venait et qu'il ne voyait pas, MAHI-
VAUX, Pays. parv. ire part. Il [le duc d'Orléans]
ne s'opposa point à l'habitude que le parlement avait
prise de l'appeler toujours monsieur, tandis qu'il
écrivait au chancelier monseigneur, et tandis que
tous les corps de la noblesse des états provinciaux
donnaient le titre de monseigneur au régent, VOLT.
Hist. pari. ch. LIX. || Un petit monsieur, un enfant
d'une classe où se porte le titre de monsieur. En-
fermez un petit monsieur et un petit paysan dans
une chambre... J. J. ROUSS. Ém. 11. || Familièrement.
Il fait le monsieur, il fait bien le monsieur, il fait
l'homme de conséare ce Bientôt les devoirs, les
affaires, un bagage à porter m'ont forcé de faire
le monsieur et de prendre des voitures, j. J. ROUSS.
Confess. n. \\ Monsieur de, avec un nom de ville, se
disait de l'évêque du diocèse dont celte ville est la
capitale. Monsieur de Condom, monsieur do Meaux,
noms successifs de Bossuet (au lieu de monsieur,
on dit aujourd'hui monseigneur). Ce que je sais en
général du clergé, c'est qu'ils ont beaucoup paru
cette année ; et ils ont traité le pape, comme mon-
sieur de Rome, fort familièrement, SÉV. 453. Pour-
quoi monsieur de Meaux ne dit-il mot ?. MAINTENON,
Lett. au card. de Noailles, 10 mars 1702. 11 se: a
libre aux archevêques et évêques d'ajouter à leur
nom le titre de citoyen ou celui de monsieur; toutes
autres qualifications sont interdites, Art. XII des
articles organiques (Concordat). || 2° Le pluriel est
messieurs. Je vous respecte trop, vous et messieurs
vos parents, pour être amoureux de vous, MOL. G. D.
1, 6. Il Des messieurs, des hommes d'une classe où
se porte le titre de monsieur. On ne souffre pas
qu'ils deviennent des messieurs, j. 3. ROUSS. Hél. vi,
10. Nous ne prétendons pas être traités en messieurs,
ID. Ém, m. H Messieurs se disait autrefois absolument,
au parlement et dans les autres cours souveraines. Un
de messieurs. Il [le roi de Prusse] appelle M. de Mo-
rival [Gondamné dans l'affaire d'Abbeville] auprès
de lui.... cela vaut mieux, ce me semble, que d'al-
ler se mettre à genoux à Paris devant messieurs, et
de leur avouer qu'on est un impie qui vient faire
entériner sa grâce, VOLT. Lett. d'Alembert, 7 juill.
1775. De sorte qu'encore aujourd'hui l'émétique de-
meure proscrit par un arrêt [du parlement], et que
M. Silva [célèbre médecin d'alors] ne laisse pas
d'en ordonner à messieurs, quand ils sont tombés en
apoplexie, ID. Lett. la Condamine, 22 juin 1734. Voilà
nos messieurs du parlement qui recommencent leur
train, D'ALEMBERT, Lett. au roi dePr. 23 févr. 1776.
|| On dit aussi messieurs d'autres compagnies que
les anciennes cours souveraines de France. Je ne
pouvais espérer que messieurs de Berne reconnus-
sent ouvertement l'injustice qu'ils m'avaient faite,
j. J. ROUSS. Confess. xn. Je fus condamné dès
l'heure dans l'esprit de messieurs, dès que l'homme
du roi m'eut appelé pamphlétaire, p. L. COUR. Pam-
plileî des pamphlets. (| Au xvne siècle, messieurs de
la religion réformée, les ministres protestants. Après
pous d'un siècle de contestations avec messieurs de
la religion prétendue réformée, BOSS. Expos, doctr.
cath. 1. Il Ces messieurs, au xvne siècle, en parlant
des solitaires de Port-Royal. Elle [la mère Angélique]
demande qu'est-ce qu'on a servi aux capucins, quei
pain et quel vin on leur a donnés? la.tourière-lui ré-
pond qu'on leur adonné du pain blanc et du vin des
messieurs, RAC. iett. à l'auteur des Hérésies ima-
ginaires. Il 3° Titre de simple civilité qu'on donne de-
puis longtemps par bienséance à un homme à qui
l'on parle ou de qui l'on parle. Oui, monsieur. Cette
lettre, monsieur et cher confrère, est pour.... Cher
monsieur, Mon cher monsieur, se met en tête de
lettres adressées à des personnes avec qui on a une
liaison assez intime. Je vous prie, messieurs....
Messieurs les membres du Corps législatif. || On ne
donne point le nom de monsieur aux auteurs qui sont
morts il y a déjà quelque temps ; ainsi on dit Amyot,
#u Bartas,Ronsard, et non pas monsieur Amyot,
monsieur du Bartas, monsieur Ronsard, VAUGEL.
Rem. not. Th. Corn. 1.1, p. 268, dans POUGENS. AU
lieu de dire rustiquement, mon père, comme le menu
peuple, on dit monsieur, cela a plus de dignité,
MARIV. Pays. parv. i" part. Je dis toujours le grand
Corneille, qui a pour nous le mérite de l'antiquité, et
je dis monsieur Racine et monsieur Despréaux, parce
qu'ils sont presque mes contemporains, VOLT. AUX
aut. nouv. Parnasse. C'était un ordre de monsieur
son père de faire venir monsieur son fils à Paris,
ID. Jeannol et Colin. Après ma mort, toutes ces
inepties deviendront autant de faits incontestables,
parce que monsieur l'un et monsieur l'autre, et ma-
dame celle-ci et mademoiselle celle-là, tous gens de
la plus haute probité, les auront attestées, j. j. ROUSS.
Lett. à M. de St Go-main, 26 févr. 1770. || Ces mes-
sieurs, les gens dont on parle. Je priai qu'on fît
venir un chirurgien : il y a de ces messieurs-là dans
tous les quartiers, MARIV. Pays. parv. 6e part. Vol-
taire... écrivait : Ô sagesse du ciel, je te crois très-
profonde; Mais à quels plats tyrans as-tu livré le
monde ? et dans une prose non moins édifiante:
« Les fidèles sujets qui combattent- j/iur ces mes-
sieurs-là [les roisj,sontde terribles imbéciles», J.DE
MAISTRE, Corresp.St-Pélersbourg, 18H. Tandis que
tout Paris [dans les journées de juillet] se jonchait
de merveilles, Ces messieurs tremblaient dans leur
peau, AUG. BARBIER, ïambes, Curée. || Donner le
MON
MON
611
t MONOZOÏCITÉ (mo-no-zo-i-si-té), s. f. Terme
de zoologie. Caractère des animaux qui sont mono-
zoïques.
t MONOZOÏQUE (mo-no-zo-i-k'), adj". Terme
d'histoire naturelle. Animaux monozoïques, ani-
maux dont les individus sont isolés et vivent hors
de l'état d'agrégation.
— ÉTYM. ifono..., et Çûov, animal.
MONS (mons'), s. m. Abréviation du mot mon-
sieur, qui est familière ou méprisante. Le fils de
Sommery n'avait pas honte de dire devant des gens
qui avaient au moins le sens commun : le pauvre
mons Turenne me disait.... ST-SIM. 71, 171. Nous
n'avons rien à nous dire, mons de Lépine, j'ai af-
faire et je vous laisse, MARIV. 7c %egs, se. 3. Une
conscience ! là, regardez-moi un peu sans rire, si
vous le pouvez, mons Dumont, la conscience d'un
intendant ! SAURIN, les Moeurs du temps, se. 8..Mais
mons ton fils, le sieur de Fierenfat, Me semble avoir
un procédé bien plat, VOLT. Enf. prod. i, 1. Mons
de Louvois nous envoie de tous côtés des jésuites
et des dragons, ID. l'Ingénu, vm. Vous êtes, mons
Picard, trop parleur avec moi, AL. DUVAL, ifanie
des grands, t, 7. Parlez donc, mons Frise-Pavets,
savez-vous bien ce que vous venez de dire? BABGEUF,
Pièces, i, 211. || Ce mot est pris dans le sens sérieux
quand les rois parlaient aux archevêques et aux
évêques : Mons l'archevêque. Ils ne leur disaient ni
monsieur, ni monseigneur.
— ÉTYM. Forme qui provient sans doute de ce
que dans les anciens actes on trouve souvent tuons,
en abrégé pour monsieur ou monseigneur.
MONSEIGNEUR (mon-sè-gneur ; au xvr siècle,
Palsgrave dit, p. 66, qu'on prononçait monseinieur),
s. m. || 1° Titre d'honneur qu'on donne aux person-
nes d'une dignité éminente, et qui signifie mon sei-
gneur, mon maître. Le monseigneur de France
n'est pas la même chose que le monsignor d'Italie;
en ce pays-là il ne présuppose pas nécessairement
infériorité en celui qui le donne; ....le mot de mon-
seigneur n'est pas si vulgaire en ce royaume
[France], où l'on ne s'en servait point de vive voix
sous le règne des rois derniers morts, et avant que
le cardinal de Richelieu fût venu changer les choses
du monde; dans les lettres nous ne le devons pas
seulement aux princes, aux ducs et pairs et aux of-
ficiers de la couronne, mais aussi, à mon avis, aux
gouverneurs des provinces où nous faisons notre
résidence ; .. ,.M. de Racan fut le premier qui me mit
du scrupule dans l'esprit et qui me remontra que la
dignité d'évêque ne devait pas être moins respectée
par un vrai chrétien que celle de duc et pair par
un naturel français ; sa remontrance me sembla
fondée en raison, et nous résolûmes lui et moi dé
donner, à l'avenir, du monseigneur à tous les évê-
ques, sans excepter l'évêque do Rethléem, quoi-
qu'il logeât dans un trou d'un collège de Paris, quoi-
qu'il allât à pieds par les rues, quoiqu'il fût lui-même
son aumônier, BALZ. Dissert, critiques, vu. Mon-
seigneur, je prends avantage de ma témérité, CORN.
Clitandre, Épître au duc de Longueville. Monsei-
gneur, nous vous sommes bien obligés. — Monsei-
gneur ! oh ! oh ! monseigneur ! attendez, mon ami,
monseigneur mérite quelque chose ; et ce n'est
pas une petite parole que monseigneur; tenez, voilà
ce que monseigneur vous donne, MOL. Bourg, gent.
n, 9. H Le monseigneur, le titre de monseigneur,
[li y eut une dispute à la cour de Louis XIV en
1675, pour savoir si on devait aux maréchaux de
France le monseigneur en écrivant; la question fut
tranchée en faveur des maréchaux] Après cela
j'ai parlé du monseigneur : Ah! mon Dieu, madame,
m'a dit M. de Pompone, au nom de Dieu! que
M. de Grignan se garde bien du monsieur; il fe-
rait mal sa cour; le roi s'en est expliqué sur le su-
jet du marquis d'Ambres ; il sera tondu ; le maré-
chal de Grammont conte en son langage que le
comte de Guiche n'était pas un misérable sans nais-
sance, sans dignité, et que jamais il n'a marchandé
le monseigneur à aucun maréchal de France, SÉV.
19 août 1675. || Monseigneur se dit en parlant d'un
homme qui a droit à ce titre. Monseigneur est
absent. Souvent, à pleines mains, d'Orval sème
l'argent; Parfois, faute de fonds, monseigneur est
marchand, GiLB.lse sie'c7e. || Les évêques aujourd'hui
se traitent réciproquement de monseigneur, DE CAIL-
LIÈRES, 1600. Je dînai il y a quelques jours chez
M. Ponchartrain : il fit beaucoup de railleries assez
aigres sur le monseigneur que les évêques se don-
nent, MAINTENON, Lett. au cardin. de Noailles, 12 oct.
16»5. Aujourd'hui on dit monseigneur en parlant à
un évêque, ou d'un évêque. || Monseigneur de Paris,
l'archevêque de Paris, Monseigneur de Châlons, etc.
Autrefois on disait monsieur de Paris; monsieur
de Blois, l'évêque de Blois, etc. || 2° Messeigneurs,
pluriel de monseigneur, titre dont on se sert en
parlant ou en écrivant à plusieurs personnes qui
ont droit au titre de monseigneur. || 3° Nossei-
gneurs, autre pluriel de monseigneur, dont on se
servait principalement dans les requêtes présentées
au conseil du roi, aux cours du parlement, et au-
tres cours souveraines. Au roi et à nosseigneurs
de son conseil. Nosseigneurs du parlement l'ont
mieux traité [l'auteur de la Philosophie de la na-
ture] , parce qu'ils ont eu peur du cri public,
D'ALEMB. Lett. au roi de Prusse, 28 juill. 1777.
|| On dit aussi aujourd'hui nosseigneurs les évê-
ques. || 4° On dit monseigneurs au pluriel quand
on n'adresse pas la parole aux grands personnages
et qu'on veut seulement marquer leur dignité.
....Les simples monseigneurs N'étaient d'un rang
digne de ses faveurs, LA FONT. Courlis, amour.
|| 5° Monseigneur, le Dauphin, fils de Louis XIV (on
met une majuscule). Le seul enfant de ce mariage de
Louis XIV qui vécut, fut Louis Dauphin, nommé
Monseigneur, né le premier novembre 1601, mort le
14 avril 1711, VOLT. Louis XIV, Enfants. || 6° Terme
d'argot. Espèce de levier pour forcer les serrures.
— REM. 1. On dit: Monseigneur, Votre Altesse....
et non : Votre Altesse, Monseigneur.... || 2. On écrit
souvent par abréviation Mgr. Il 3. La qualification de
monseigneur n'a pas de limite bien tracée, ou du
moins elle en change suivant les temps. Aujourd'hui
on la donne aux princes de la famille impériale,
aux évêques, aux maréchaux.
— HIST. xine s. Quant aucuns cas avient de mon-
segneur le conte contre ses homes, BEAUM. LXVH, 18.
|| xvie s. Tous ceulx qui liront celte histoire enten-
dent que celuy que je nomme monseigneur, c'est
monseigneur d'Orléans ; car en ce temps là lui ap-
partenoit-il d'estre ainsi appelle, JEAN DE ST-GELAIS,
Tfist. de Louis XII, p. 62, dans LACURNE,
— ÊTYM. ifon, et seigneur; provenç. monsennor ;
espagn. monsenor; ital. monsignore. Dans l'ancienne
langue, messire était le nominatif, et monseigneur,
le régime.
MONSEIGNEURISÉ, ÉE (mo-sè-gneu-ri-zé, zée),
part, passe, de monseigneuriser. M. Jourdain
monseigneurisé dans Molière par les garçons du
tailleur.
MONSEIGNEURISER (mon-sè-gneu-ri-zé), v. a.
Terme qui ne se dit que par plaisanterie. Affu-
bler du titre de monseigneur. Irai-je, adulateur sor-
dide, Encenser un sot dans l'éclat, Amuser un Cré-
sus stupide, Et monseigneuriser un fat? GRESSET,
la Chartreuse. || Se monseigneuriser, v. réfl. Se trai-
ter réciproquement de monseigneur. Etant allé voir
un évêque de mes amis, et ayant appris qu'il y avait
d'autres évêques avec lui, je demandai ce qu'ils
faisaient : ils se monseigneurisent, me répondit
assez plaisamment un de leurs laquais, CAILLIÈRES.
Mots à la mode, Convers. 2, dans POUGENS. Tout le
monde se moque d'eux [des évêques], et on riait de
ce qu'ils s'étaient monseigneurisés, ST-SIM. 227, 46.
Non-seulement les évêques ne se monseigneuri-
saient pas, mais ils ne donnaient point du monsei-
gneur aux cardinaux, VOLT. Dict. phil. Cérémonies.
' — ÊTYM. Monseigneur.
MONSIEUR (mo-sieu, ou souvent aussi me-sieu ;
Pr ne se lie jamais : mo-sieu et ami ; monsieur
rime avec les mots en eur, mais c'est une rime qui
n'est que pour les yeux et qui doit être bannie ; car
on prononce toujours mosieu);au pluriel, MES-
SIEURS (mè-sieû; l's se lie : mè-sieu-z et amis),
s m. H 1° Titre qui, avant la Révolution, ne se
donnait qu'à certaines classes de la société. Exercez-
la, monsieur, et gouvernez le prince, CORN. Cid, 1, 6.
Monsieur, on tient conseil, et le roi vous demande,
ROTR. Antig. 1, 6. Il me déplaît par trop d'être le
rat de cave de mon frère et de le voir monsieur,
DANCOURT, fîefr. des off. se. 2. lis l'appelèrent mon-
sieur dans la conversation; le bonhomme, à ce
terme, se retourna, s'imaginant qu'ils parlaient à
quelqu'un qui venait et qu'il ne voyait pas, MAHI-
VAUX, Pays. parv. ire part. Il [le duc d'Orléans]
ne s'opposa point à l'habitude que le parlement avait
prise de l'appeler toujours monsieur, tandis qu'il
écrivait au chancelier monseigneur, et tandis que
tous les corps de la noblesse des états provinciaux
donnaient le titre de monseigneur au régent, VOLT.
Hist. pari. ch. LIX. || Un petit monsieur, un enfant
d'une classe où se porte le titre de monsieur. En-
fermez un petit monsieur et un petit paysan dans
une chambre... J. J. ROUSS. Ém. 11. || Familièrement.
Il fait le monsieur, il fait bien le monsieur, il fait
l'homme de conséare ce Bientôt les devoirs, les
affaires, un bagage à porter m'ont forcé de faire
le monsieur et de prendre des voitures, j. J. ROUSS.
Confess. n. \\ Monsieur de, avec un nom de ville, se
disait de l'évêque du diocèse dont celte ville est la
capitale. Monsieur de Condom, monsieur do Meaux,
noms successifs de Bossuet (au lieu de monsieur,
on dit aujourd'hui monseigneur). Ce que je sais en
général du clergé, c'est qu'ils ont beaucoup paru
cette année ; et ils ont traité le pape, comme mon-
sieur de Rome, fort familièrement, SÉV. 453. Pour-
quoi monsieur de Meaux ne dit-il mot ?. MAINTENON,
Lett. au card. de Noailles, 10 mars 1702. 11 se: a
libre aux archevêques et évêques d'ajouter à leur
nom le titre de citoyen ou celui de monsieur; toutes
autres qualifications sont interdites, Art. XII des
articles organiques (Concordat). || 2° Le pluriel est
messieurs. Je vous respecte trop, vous et messieurs
vos parents, pour être amoureux de vous, MOL. G. D.
1, 6. Il Des messieurs, des hommes d'une classe où
se porte le titre de monsieur. On ne souffre pas
qu'ils deviennent des messieurs, j. 3. ROUSS. Hél. vi,
10. Nous ne prétendons pas être traités en messieurs,
ID. Ém, m. H Messieurs se disait autrefois absolument,
au parlement et dans les autres cours souveraines. Un
de messieurs. Il [le roi de Prusse] appelle M. de Mo-
rival [Gondamné dans l'affaire d'Abbeville] auprès
de lui.... cela vaut mieux, ce me semble, que d'al-
ler se mettre à genoux à Paris devant messieurs, et
de leur avouer qu'on est un impie qui vient faire
entériner sa grâce, VOLT. Lett. d'Alembert, 7 juill.
1775. De sorte qu'encore aujourd'hui l'émétique de-
meure proscrit par un arrêt [du parlement], et que
M. Silva [célèbre médecin d'alors] ne laisse pas
d'en ordonner à messieurs, quand ils sont tombés en
apoplexie, ID. Lett. la Condamine, 22 juin 1734. Voilà
nos messieurs du parlement qui recommencent leur
train, D'ALEMBERT, Lett. au roi dePr. 23 févr. 1776.
|| On dit aussi messieurs d'autres compagnies que
les anciennes cours souveraines de France. Je ne
pouvais espérer que messieurs de Berne reconnus-
sent ouvertement l'injustice qu'ils m'avaient faite,
j. J. ROUSS. Confess. xn. Je fus condamné dès
l'heure dans l'esprit de messieurs, dès que l'homme
du roi m'eut appelé pamphlétaire, p. L. COUR. Pam-
plileî des pamphlets. (| Au xvne siècle, messieurs de
la religion réformée, les ministres protestants. Après
pous d'un siècle de contestations avec messieurs de
la religion prétendue réformée, BOSS. Expos, doctr.
cath. 1. Il Ces messieurs, au xvne siècle, en parlant
des solitaires de Port-Royal. Elle [la mère Angélique]
demande qu'est-ce qu'on a servi aux capucins, quei
pain et quel vin on leur a donnés? la.tourière-lui ré-
pond qu'on leur adonné du pain blanc et du vin des
messieurs, RAC. iett. à l'auteur des Hérésies ima-
ginaires. Il 3° Titre de simple civilité qu'on donne de-
puis longtemps par bienséance à un homme à qui
l'on parle ou de qui l'on parle. Oui, monsieur. Cette
lettre, monsieur et cher confrère, est pour.... Cher
monsieur, Mon cher monsieur, se met en tête de
lettres adressées à des personnes avec qui on a une
liaison assez intime. Je vous prie, messieurs....
Messieurs les membres du Corps législatif. || On ne
donne point le nom de monsieur aux auteurs qui sont
morts il y a déjà quelque temps ; ainsi on dit Amyot,
#u Bartas,Ronsard, et non pas monsieur Amyot,
monsieur du Bartas, monsieur Ronsard, VAUGEL.
Rem. not. Th. Corn. 1.1, p. 268, dans POUGENS. AU
lieu de dire rustiquement, mon père, comme le menu
peuple, on dit monsieur, cela a plus de dignité,
MARIV. Pays. parv. i" part. Je dis toujours le grand
Corneille, qui a pour nous le mérite de l'antiquité, et
je dis monsieur Racine et monsieur Despréaux, parce
qu'ils sont presque mes contemporains, VOLT. AUX
aut. nouv. Parnasse. C'était un ordre de monsieur
son père de faire venir monsieur son fils à Paris,
ID. Jeannol et Colin. Après ma mort, toutes ces
inepties deviendront autant de faits incontestables,
parce que monsieur l'un et monsieur l'autre, et ma-
dame celle-ci et mademoiselle celle-là, tous gens de
la plus haute probité, les auront attestées, j. j. ROUSS.
Lett. à M. de St Go-main, 26 févr. 1770. || Ces mes-
sieurs, les gens dont on parle. Je priai qu'on fît
venir un chirurgien : il y a de ces messieurs-là dans
tous les quartiers, MARIV. Pays. parv. 6e part. Vol-
taire... écrivait : Ô sagesse du ciel, je te crois très-
profonde; Mais à quels plats tyrans as-tu livré le
monde ? et dans une prose non moins édifiante:
« Les fidèles sujets qui combattent- j/iur ces mes-
sieurs-là [les roisj,sontde terribles imbéciles», J.DE
MAISTRE, Corresp.St-Pélersbourg, 18H. Tandis que
tout Paris [dans les journées de juillet] se jonchait
de merveilles, Ces messieurs tremblaient dans leur
peau, AUG. BARBIER, ïambes, Curée. || Donner le
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