Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
MON
MON
MON
607
parce que le monitor passe pour prévenir l'homme
de l'approche des crocodiles.
t 2. MONITOR (mo-ni-tor), s. m. Nom donné en
Amérique, par assimilation au monitor du crocodile,
à un navire cuirassé dont la principale particularité
est d'être très-peu élevé sur Peau. Elle [la .seconde
chambre de Hollande] a autorisé la construction
île quatorze monitors, de dix navires cuirassés à
tour et à éperon, et de douze corvettes à hélice
armées de seize canons de fort calibre, Moniteur
univers. 22 et 23 avril 1867, 4e col. Nous avons vu
surgir les vaisseaux cuirassés, les frégates blindées,
les monitors, les fusils à aiguille, tous engins de
destruction au prix desquels les autres n'étaient que
jeux d'enfant, E. TEXIER, Siècle, 31 mars 1867.
MONITORIAL, ALE (mo-ni-to-ri-al, a-P), adj.
Lettres monitoriales, lettres en forme de monitoire.
La cour de Vienne lui envoie [au roi de Danemark]
des lettres monitoriales, comme à un membre de
l'Empire, et lui enjoint d'évacuer les terres de
Slesvich, VOLT. Ann. Émp. Ferdinand II, 1829.
— ÉTYM. Voy. MONITOIRE.
j- MONJOLI (mon-jo-li), s. m. Genre de borragi-
nèes d'Amérique.
MONNAIE (mo-nê), s. f. || Ie Pièce de métal ser-
vant aux échanges, frappée par une autorité sou-
veraine, et marquée au coin de cette autorité ; en
d'autres termes, lingot dont le poids et le titre sont
certifiés. La monnaie d'or de France, sur mille
parties, doit contenir 898 à 902 d'or, ou 900, terme
moyen. Portion de matière à laquelle l'autorité
publique a donné un poids et une valeur certaine
pour servir de prix et égaler dans le commerce
l'inégalité des choses, BODTEROUE, Traité des mon-
naies, p. 8, dans RICHELET. Pourrait-on jamais s'i-
maginer l'étrange disproportion que le plus ou
moins de pièces de monnaie met entre les hommes?
LA BRUY. VI. Interdire [à Sparte] tout usage de la
monnaie d'or et d'argent, et en introduire à sa
place une de fer, qui était d'un grand poids et d'une
très-petite valeur, et qui ne pouvait avoir de cours
que dans le pays même, ROLLIN, Hist. anc. OEuvr.
t. iv, p. 473, dans POUGENS. J'insiste souvent sur ce
prix des monnaies; c'est, ce me semble, le pouls
d'un État, et une manière assez sûre de reconnaître
ses forces, VOLT, ifoeurs, 51. Vous savez que la pre-
mière monnaie d'or fut frappée sous Darius, fils
d'Hystaspe, ID. Quelq. niais, ch. 7. Suivant la Chro-
nique de Paros, la première monnaie d'argent fut
frappée par ordre de Phidon, dans Pile d'Ëgine,
Pan 896 avant Père vulgaire, LEVESQUE, Inst. Mém.
se. mor. et pol. t. m, p. 368. || Battre monnaie, fa-
briquer de la monnaie,. qui en effet se frappe au
balancier, et autrefois se frappait au marteau.
Le prince seul a droit de battre monnaie, J. J.
ROUSS. Ém. m. L'Angleterre avait toujours été si
pauvre que le roi Edouard 111 fut le premier qui
fit battre de la monnaie d'or, VOLT. Dict. pliil. Ar-
gent. H Fig. Battre monnaie, se procurer de l'argent.
Chamillart avait battu monnaie de tout ce qu'il
avait, et emprunté le reste, ST-SIM. 70, 153. On ne
peut que vous fournir du papier. — J'en ferai de
l'espèce, moi, je battrai monnaie, je m'en charge,
DANCOURT, lesAgiot. 111, 9. La plume d'un négociant,
d'un banquier doit battre monnaie sur son bureau,
et laisser au peuple la monnaie des métaux, qui
représente et paye journellement le travail de ses
mains, TODLONGEON, Inst. Mém. scienc. mor. et pol.
t. iv, p. 428. Il Monnaie forte, nom que l'on donnait
à la monnaie la plus pure d'alliage. Payer en mon-
naie forte, payer en espèces évaluées sur un pied
avantageux à celui qui reçoit. Monnaie faible, celle
qui ne pèse pas tout à fait le poids voulu. || 2° Mon-
naie de compte' ou monnaie imaginaire, monnaie qui
n'a jamais existé ou qui n'existeplus, mais qui sert à
faciliter les comptes, en les établissant toujours sur
un pied certain et non variable, par opposition à
monnaie réelle ou effective, monnaie dont il existe
des pièces ayant cours dans le commerce. La livre
tournois était une monnaie de compte; on comptait
par livres, sous et deniers : cent livres, deux cents
livres; mais, pour faire cent livres, il fallait seize
écus de six livres, un écu de trois livres, une pièce
de 15 sous et 5 sous. || 3° Monnaie obsidionale, mon-
naie frappée dans une ville assiégée où on lui
donne cours pendant le siège. || On donne aussi le
nom de monnaie à des pièces sans aucune valeur
intrinsèque, mais passant pour monnaie en des
temps difficiles. Le roi même fut réduit à payer
ce qu'il achetait pour sa maison en une monnaie
de cuir, qui avait au milieu un petit clou d'argent,
VOLT, ifoeurs, 76.|| 4° Papier-monnaie, papier créé
par le gouvernement pour faire office de mon-
naie. || Monnaie fiduciaire, les billets, le papier.
|| 5° Fausse monnaie, monnaie qui, imitant la
monnaie de bon aloi, ne contient pas d'or ou d'ar-
gent, ou en contient moins qu'il ne faut. Hier fut
ici pendue une femme pour avoir exposé de la
fausse monnaie, et celui qui la faisait a eu sa
grâce; il y a de l'apparence que c'est qu'il avait
de bonne monnaie, outre la fausse qu'il faisait, GUI
PATIN, Lelt. t. u, p. 204. || Fig. Confondre l'appa-
parence avec la vérité, Estimer le fantôme autant
que la personne Et la fausse monnaie à l'égal de
la bonne, MOL. Tart. 1, 6. Je suis un sou de bon
aloi; Mais en secret argentez-moi, Et me voilà
fausse monnaie, BÉRANG. Refus. \\ On dit qu'un
homme ferait de la fausse monnaie pour un autre,
pour signifier qu'il lui est entièrement dévoué.
Qu'elle ferait pour moi de la fausse monnaie, RÉ-
GNIER, Sat. xi. || Familièrement. Être décrié comme
de la fausse monnaie, comme la fausse monnaie,
comme fausse monnaie, avoir une très-mauvaise
réputation. || 6° Menues pièces d'argent ou de billon.
Je n'ai pas de monnaie sur moi. Je n'ai pas un sou
de monnaie. Changer une pièce d'or en monnaie.
Rendez-moi ma monnaie. Vous connaissez bien une
dame qui n'aime point à changer un louis d'or,
"parce qu'elle trouve le même inconvénient pour la
monnaie, SÉV. 12 oct. 1677. || Fig. Ne pouvoir sup-
porter tous les mauvais caractères dont le monde est
plein, n'est pas un fort bon caractère : il faut, dans
le commerce, des pièces d'or et de la monnaie, LA
BRUY. V. Il Valeur d'une pièce monnayée en plusieurs
pièces moindres. La monnaie d'une pièce de cent
sous. H Fig. Les diseurs de bons mots appelèrent ces
huit maréchaux [nommés après la mort de' Tu-
renne] la monnaie de M. de Turenne, IIENRI MAR-
TIN, Hist. de France, LXXXIV. |1 Valeur d'un billet en
pièces d'or ou d'argent. || Donner à quelqu'un de
belle monnaie, donner des pièces d'or ou d'argent
au lieu de pièces de cuivre ou de billon. || Fig.
Rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce, se ven-
ger, user de représailles, prendre sa revanche.
Il Payer en monnaie de singe, voy. SINGE. ||Fig. Il
l'a payé en même monnaie, se dit de celui qui,
ayant reçu quelque service ou quelque déplaisir
rend la pareille. C'est vous payer sur l'heure en la
même monnaie, TH. CORN. 7'Amour d 7a mode, 1,
i. I) 7° Fig. Chose intellectuelle ou morale, dite
monnaie en considération de sa valeur. Le plaisir,
qui est la monnaie pour laquelle nous donnons
tout ce qu'on veut, PASC. Pens. vu, 30, éd. HAVET.
La science est dans la plupart de ceux qui la culti-
vent une monnaie dont on fait grand cas, qui
cependant n'ajoute au bien-être qu'autant qu'on la
communique, et n'est bonne que dans le com-
merce, J. J. ROUSS. flc'7.1, 12. Il Paroles ou actions
dont il se fait une espèce d'échange dans la société.
La science ne doit point être payée en même mon-
naie que la beauté, FONTEN. Platon, Marg. d'Ecosse.
M. de Chevreuse fit force belles promesses, monnaie
dont aucun ne se paya, ST-SIM. 20, 238. Et de cette
fausse monnoie Que le courtisan donne au roi, Et
que le prince lui renvoie, Chacun vit ne songeant
qu'à soi, VOLT. Epît. 65. || 8° Hôtel de la monnaie,
des monnaies, et, par abréviation, la monnaie, éta-
blissement où l'on fabrique la monnaie. Aller à la
monnaie. Porter des lingots à la monnaie. C'est
ainsi que la monnaie des rois de France suivait la
cour sous les deux premières races et au commen-
cement de la troisième, MONGEZ, Inst. Mém. acad.
inscr. t. rx, p. 211. || Fig. et populairement. Être
brouillé avec le directeur de la monnaie, n'avoir
pas d'argent. || La monnaie des médailles, le lieu
où l'on frappe les médailles, les jetons. || 9° Cham-
bre des monnaies, érigée en cour par "Henri II
dans l'année 1651, cour supérieure qui était éta-
blie pour juger souverainement tout ce qui concer-
nait les monnaies. |[ 10° Terme de botanique. La lu-
naire bisannuelle. || Monnaie du pape, lalysimachie
nummulaire oumonnayère. || 11° Nom de diverses
coquilles. || 12° Terme de minéralogie. Monnaie de
Suède, nom donné anciennement, dans le com-
merce, au cuivre coulé en pains ronds. || Proverbes.
Monnaie fait tout. || 11 n'a point de monnaie, faute
de grosses pièces, se dit de quelqu'un qui prend ce
prétexte pour éviter une menue dépense.
— REM. Dans le xvne siècle, on prononçait en-
core monnoie, témoin ces vers: D'un ton qui té-
moignait sa joie : Que de filles, ô dieux ! mes pièces
de monnoie Ont produites !... LA FONT. Fabl. iv, 12.
Lorsqu'un homme vous vient embiasser avec joie,
Il faut bien le payer de Ja même monnoie, MOL.
Mis. 1, 1. Mais la diphtongue oie n'avait pas alors
exactement le son ouvert qu'elle a aujourd'hui, et
l'on disait, comme cela se dit encore en quelques
provinces, monoué [monnoie], roué [roi], etc.
— HIST. xir s. Je te doing congé de faire ta pro-
pre monoie, Machab. 1, 15. || xnie s. Monoie si fui
establie Por les giens qui n'avoient mie Chescun
vin, blé, bestes ne dras, Image du monde, m, 12.
Cil font la povre gent tuer, Et les monnoies remuer,
Ren. 10968. H xive s. Et est monnoie aucunement le
moien en commutations, car par elle mesure l'en
toutes teles choses, ORESME, Eth. 161. Et que nulle
monnoie ne soit prise au royaume, de la Saint Jean
en avant, là où il n'a point de propre monnoie,
fors la monnoie le roi.... et puet [peut] et doit
courre la monnoie le roy par tout son roiaume sans
contredit de nulli qui ait propre monnoie, ou [au]
point que ele courra en la terre le roy, DU CANGE,
moneta regia. Et fait crier que nus [nul], sur peine
de corps et d'avoir, ne soit ousez trebuchier ni
fondre nos monoies blanches ni noires que nous
faisons faire, Lett. pal. 19 mai 1306. Que nuls or-
fèvres ne rachatent.... nules monnoies d'or ne
d'argent, blanches ne noires, ne nul argent en
plate quelque il soit, Ordonnance, juin 1313. Se
ainsi estoit que li ouvriers et monoiers ne peussent
garnir nos monnoies de tant d'ouvriers et monoiers
comme l'en [l'on] auroit mestier [besoin], Ordonn.
25 sept. 1327. || xve s. Et tous les jours [le comte
de Foix] faisoit donner cinq francs en petite mon-
noie, pour l'amour de Dieu, et l'aumosne à sa porte
à toutes gens, FROISS. II, m, 13. Vous luy donnerez
quelque enseignement dont il pourra mieux valloir;
car ung marchant ne vault riens sanz monnoye, ne
ung jeune homme sanz conduite, Perceforest, t. m,
f° us. Je, Jehan Hennequart, varlet de chambre
et peintre de mon très redoubté seigneur M. S. le
duc de Bourgongne, confesse avoir reçu .... pour
avoir fait plusieurs patrons pour faire coings de
nouvelles monnoies, au nombre de trente maniè-
res, dont je lis quatre de couleurs, lesquels M. D. S.
choisit entre les autres, DE LABORDE, Émaux, p. 396.
Il xvie s. Spouvres gens menue monnoie,COTGRAVE.
— ÉTYM. Wall, manôie; provenç. et espagn.
moneda; port, moeda; ital. moneta; du lat. mo-
neta. Monèla, qui signifie sans doute celle qui
avertit, était un surnom de Junon à Rome, Juno
Moneta; c'est dans son temple qu'on fabriquait la
monnaie; de là moneta prit le sens de monnaie.
t MONNAIERIE (mo-nê-rie), s. f. Nom qu'on
donnait au lieu particulier, dans l'hôtel des mon-
naies, où l'on marquait la monnaie de l'empreinte
établie par les ordonnances.
MONNAYAGE (mo-nè-ia-j'), s. m. Fabrication
de la monnaie. Monnayage au marteau, au balan-
cier. Les types qui réussissent le mieux au mon-
nayage sont ceux dont les diverses parties se balan-
cent dans tous les sens, MONGEZ, Instit. Mém. litt.
et beaux-arts, t. n, p. 283.
— HIST. xiv" s. Tout le prouffit et émolument du
monoyage qui nous appartiendra, Ordonn. des rois,
t. II, p. 294.
" — ÉTYM. Monnayer.
MONNAYÉ, ÉE (nio-nè-ié, iée), part, passé de
monnayer. Argent monnayé, se dit par opposition
à argent ouvragé ou brut. Ce prince [Louis XI]
laissa quatre cent mille écus d'or monnayé, soixante,
douze mille marcs d'argent en vaisselle, et pour plus
de deux millions de meubles, que son fils dissipa
bientôt par ses folles entreprises, DUCLOS, OEuv. t. n,
p. 312. [| Par extension. Son argent Tedresse les
jugements de son esprit; ses louanges sont mon-
nayées, MOL. 7e Bourg. 1, 1.
MONNAYER (mo-nè-ié), v. a. Il se conjugue
comme payer. || 1° Convertir un métal en monnaie.
Monnayer des lingots d'or. [Dans une guerre de
protestant à protestant] point de divinités topiques,
ni de saints tutélaires à briser ou à monnayer;
point de reliques à jeter au vent, Analyse de Bayle,
t. 1, p. 32. Les Romains ne monnayèrent l'argent
que cinq ans avant la première guerre punique,
PASTORET , Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. m.
p. 296. y 2° Donner l'empreinte à la monnaie. Ce ba-
lancier monnaye tous les jours tant de milliers de
pièces d'or. || Absolument. L'art de monnayer a fait
de grands progrès. Avant l'adoption des coins gra-
vés au burin, on monnayait à chaud le plus souvent,
lorsqu'on ne moulait pas simplement les médailles,
MONGEZ, Instit. Mém. acad. inscr. t. ix, p. 211.
— HIST. xne s. E bien seissante livres d'argent
tut. muneé, Th. le mart. 152. ||xme s. Monees de-
niers, F7. et Bl. Il«2. Or et argent, monneé et à
monnoier, Liv. des met. 304. || xive s. Les mon-
noiers auront, de monoier le cent des deniers d'or
l'aingnel, 12 deniers tournois. Ordonn. 25 sept. 1327
MON
MON
607
parce que le monitor passe pour prévenir l'homme
de l'approche des crocodiles.
t 2. MONITOR (mo-ni-tor), s. m. Nom donné en
Amérique, par assimilation au monitor du crocodile,
à un navire cuirassé dont la principale particularité
est d'être très-peu élevé sur Peau. Elle [la .seconde
chambre de Hollande] a autorisé la construction
île quatorze monitors, de dix navires cuirassés à
tour et à éperon, et de douze corvettes à hélice
armées de seize canons de fort calibre, Moniteur
univers. 22 et 23 avril 1867, 4e col. Nous avons vu
surgir les vaisseaux cuirassés, les frégates blindées,
les monitors, les fusils à aiguille, tous engins de
destruction au prix desquels les autres n'étaient que
jeux d'enfant, E. TEXIER, Siècle, 31 mars 1867.
MONITORIAL, ALE (mo-ni-to-ri-al, a-P), adj.
Lettres monitoriales, lettres en forme de monitoire.
La cour de Vienne lui envoie [au roi de Danemark]
des lettres monitoriales, comme à un membre de
l'Empire, et lui enjoint d'évacuer les terres de
Slesvich, VOLT. Ann. Émp. Ferdinand II, 1829.
— ÉTYM. Voy. MONITOIRE.
j- MONJOLI (mon-jo-li), s. m. Genre de borragi-
nèes d'Amérique.
MONNAIE (mo-nê), s. f. || Ie Pièce de métal ser-
vant aux échanges, frappée par une autorité sou-
veraine, et marquée au coin de cette autorité ; en
d'autres termes, lingot dont le poids et le titre sont
certifiés. La monnaie d'or de France, sur mille
parties, doit contenir 898 à 902 d'or, ou 900, terme
moyen. Portion de matière à laquelle l'autorité
publique a donné un poids et une valeur certaine
pour servir de prix et égaler dans le commerce
l'inégalité des choses, BODTEROUE, Traité des mon-
naies, p. 8, dans RICHELET. Pourrait-on jamais s'i-
maginer l'étrange disproportion que le plus ou
moins de pièces de monnaie met entre les hommes?
LA BRUY. VI. Interdire [à Sparte] tout usage de la
monnaie d'or et d'argent, et en introduire à sa
place une de fer, qui était d'un grand poids et d'une
très-petite valeur, et qui ne pouvait avoir de cours
que dans le pays même, ROLLIN, Hist. anc. OEuvr.
t. iv, p. 473, dans POUGENS. J'insiste souvent sur ce
prix des monnaies; c'est, ce me semble, le pouls
d'un État, et une manière assez sûre de reconnaître
ses forces, VOLT, ifoeurs, 51. Vous savez que la pre-
mière monnaie d'or fut frappée sous Darius, fils
d'Hystaspe, ID. Quelq. niais, ch. 7. Suivant la Chro-
nique de Paros, la première monnaie d'argent fut
frappée par ordre de Phidon, dans Pile d'Ëgine,
Pan 896 avant Père vulgaire, LEVESQUE, Inst. Mém.
se. mor. et pol. t. m, p. 368. || Battre monnaie, fa-
briquer de la monnaie,. qui en effet se frappe au
balancier, et autrefois se frappait au marteau.
Le prince seul a droit de battre monnaie, J. J.
ROUSS. Ém. m. L'Angleterre avait toujours été si
pauvre que le roi Edouard 111 fut le premier qui
fit battre de la monnaie d'or, VOLT. Dict. pliil. Ar-
gent. H Fig. Battre monnaie, se procurer de l'argent.
Chamillart avait battu monnaie de tout ce qu'il
avait, et emprunté le reste, ST-SIM. 70, 153. On ne
peut que vous fournir du papier. — J'en ferai de
l'espèce, moi, je battrai monnaie, je m'en charge,
DANCOURT, lesAgiot. 111, 9. La plume d'un négociant,
d'un banquier doit battre monnaie sur son bureau,
et laisser au peuple la monnaie des métaux, qui
représente et paye journellement le travail de ses
mains, TODLONGEON, Inst. Mém. scienc. mor. et pol.
t. iv, p. 428. Il Monnaie forte, nom que l'on donnait
à la monnaie la plus pure d'alliage. Payer en mon-
naie forte, payer en espèces évaluées sur un pied
avantageux à celui qui reçoit. Monnaie faible, celle
qui ne pèse pas tout à fait le poids voulu. || 2° Mon-
naie de compte' ou monnaie imaginaire, monnaie qui
n'a jamais existé ou qui n'existeplus, mais qui sert à
faciliter les comptes, en les établissant toujours sur
un pied certain et non variable, par opposition à
monnaie réelle ou effective, monnaie dont il existe
des pièces ayant cours dans le commerce. La livre
tournois était une monnaie de compte; on comptait
par livres, sous et deniers : cent livres, deux cents
livres; mais, pour faire cent livres, il fallait seize
écus de six livres, un écu de trois livres, une pièce
de 15 sous et 5 sous. || 3° Monnaie obsidionale, mon-
naie frappée dans une ville assiégée où on lui
donne cours pendant le siège. || On donne aussi le
nom de monnaie à des pièces sans aucune valeur
intrinsèque, mais passant pour monnaie en des
temps difficiles. Le roi même fut réduit à payer
ce qu'il achetait pour sa maison en une monnaie
de cuir, qui avait au milieu un petit clou d'argent,
VOLT, ifoeurs, 76.|| 4° Papier-monnaie, papier créé
par le gouvernement pour faire office de mon-
naie. || Monnaie fiduciaire, les billets, le papier.
|| 5° Fausse monnaie, monnaie qui, imitant la
monnaie de bon aloi, ne contient pas d'or ou d'ar-
gent, ou en contient moins qu'il ne faut. Hier fut
ici pendue une femme pour avoir exposé de la
fausse monnaie, et celui qui la faisait a eu sa
grâce; il y a de l'apparence que c'est qu'il avait
de bonne monnaie, outre la fausse qu'il faisait, GUI
PATIN, Lelt. t. u, p. 204. || Fig. Confondre l'appa-
parence avec la vérité, Estimer le fantôme autant
que la personne Et la fausse monnaie à l'égal de
la bonne, MOL. Tart. 1, 6. Je suis un sou de bon
aloi; Mais en secret argentez-moi, Et me voilà
fausse monnaie, BÉRANG. Refus. \\ On dit qu'un
homme ferait de la fausse monnaie pour un autre,
pour signifier qu'il lui est entièrement dévoué.
Qu'elle ferait pour moi de la fausse monnaie, RÉ-
GNIER, Sat. xi. || Familièrement. Être décrié comme
de la fausse monnaie, comme la fausse monnaie,
comme fausse monnaie, avoir une très-mauvaise
réputation. || 6° Menues pièces d'argent ou de billon.
Je n'ai pas de monnaie sur moi. Je n'ai pas un sou
de monnaie. Changer une pièce d'or en monnaie.
Rendez-moi ma monnaie. Vous connaissez bien une
dame qui n'aime point à changer un louis d'or,
"parce qu'elle trouve le même inconvénient pour la
monnaie, SÉV. 12 oct. 1677. || Fig. Ne pouvoir sup-
porter tous les mauvais caractères dont le monde est
plein, n'est pas un fort bon caractère : il faut, dans
le commerce, des pièces d'or et de la monnaie, LA
BRUY. V. Il Valeur d'une pièce monnayée en plusieurs
pièces moindres. La monnaie d'une pièce de cent
sous. H Fig. Les diseurs de bons mots appelèrent ces
huit maréchaux [nommés après la mort de' Tu-
renne] la monnaie de M. de Turenne, IIENRI MAR-
TIN, Hist. de France, LXXXIV. |1 Valeur d'un billet en
pièces d'or ou d'argent. || Donner à quelqu'un de
belle monnaie, donner des pièces d'or ou d'argent
au lieu de pièces de cuivre ou de billon. || Fig.
Rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce, se ven-
ger, user de représailles, prendre sa revanche.
Il Payer en monnaie de singe, voy. SINGE. ||Fig. Il
l'a payé en même monnaie, se dit de celui qui,
ayant reçu quelque service ou quelque déplaisir
rend la pareille. C'est vous payer sur l'heure en la
même monnaie, TH. CORN. 7'Amour d 7a mode, 1,
i. I) 7° Fig. Chose intellectuelle ou morale, dite
monnaie en considération de sa valeur. Le plaisir,
qui est la monnaie pour laquelle nous donnons
tout ce qu'on veut, PASC. Pens. vu, 30, éd. HAVET.
La science est dans la plupart de ceux qui la culti-
vent une monnaie dont on fait grand cas, qui
cependant n'ajoute au bien-être qu'autant qu'on la
communique, et n'est bonne que dans le com-
merce, J. J. ROUSS. flc'7.1, 12. Il Paroles ou actions
dont il se fait une espèce d'échange dans la société.
La science ne doit point être payée en même mon-
naie que la beauté, FONTEN. Platon, Marg. d'Ecosse.
M. de Chevreuse fit force belles promesses, monnaie
dont aucun ne se paya, ST-SIM. 20, 238. Et de cette
fausse monnoie Que le courtisan donne au roi, Et
que le prince lui renvoie, Chacun vit ne songeant
qu'à soi, VOLT. Epît. 65. || 8° Hôtel de la monnaie,
des monnaies, et, par abréviation, la monnaie, éta-
blissement où l'on fabrique la monnaie. Aller à la
monnaie. Porter des lingots à la monnaie. C'est
ainsi que la monnaie des rois de France suivait la
cour sous les deux premières races et au commen-
cement de la troisième, MONGEZ, Inst. Mém. acad.
inscr. t. rx, p. 211. || Fig. et populairement. Être
brouillé avec le directeur de la monnaie, n'avoir
pas d'argent. || La monnaie des médailles, le lieu
où l'on frappe les médailles, les jetons. || 9° Cham-
bre des monnaies, érigée en cour par "Henri II
dans l'année 1651, cour supérieure qui était éta-
blie pour juger souverainement tout ce qui concer-
nait les monnaies. |[ 10° Terme de botanique. La lu-
naire bisannuelle. || Monnaie du pape, lalysimachie
nummulaire oumonnayère. || 11° Nom de diverses
coquilles. || 12° Terme de minéralogie. Monnaie de
Suède, nom donné anciennement, dans le com-
merce, au cuivre coulé en pains ronds. || Proverbes.
Monnaie fait tout. || 11 n'a point de monnaie, faute
de grosses pièces, se dit de quelqu'un qui prend ce
prétexte pour éviter une menue dépense.
— REM. Dans le xvne siècle, on prononçait en-
core monnoie, témoin ces vers: D'un ton qui té-
moignait sa joie : Que de filles, ô dieux ! mes pièces
de monnoie Ont produites !... LA FONT. Fabl. iv, 12.
Lorsqu'un homme vous vient embiasser avec joie,
Il faut bien le payer de Ja même monnoie, MOL.
Mis. 1, 1. Mais la diphtongue oie n'avait pas alors
exactement le son ouvert qu'elle a aujourd'hui, et
l'on disait, comme cela se dit encore en quelques
provinces, monoué [monnoie], roué [roi], etc.
— HIST. xir s. Je te doing congé de faire ta pro-
pre monoie, Machab. 1, 15. || xnie s. Monoie si fui
establie Por les giens qui n'avoient mie Chescun
vin, blé, bestes ne dras, Image du monde, m, 12.
Cil font la povre gent tuer, Et les monnoies remuer,
Ren. 10968. H xive s. Et est monnoie aucunement le
moien en commutations, car par elle mesure l'en
toutes teles choses, ORESME, Eth. 161. Et que nulle
monnoie ne soit prise au royaume, de la Saint Jean
en avant, là où il n'a point de propre monnoie,
fors la monnoie le roi.... et puet [peut] et doit
courre la monnoie le roy par tout son roiaume sans
contredit de nulli qui ait propre monnoie, ou [au]
point que ele courra en la terre le roy, DU CANGE,
moneta regia. Et fait crier que nus [nul], sur peine
de corps et d'avoir, ne soit ousez trebuchier ni
fondre nos monoies blanches ni noires que nous
faisons faire, Lett. pal. 19 mai 1306. Que nuls or-
fèvres ne rachatent.... nules monnoies d'or ne
d'argent, blanches ne noires, ne nul argent en
plate quelque il soit, Ordonnance, juin 1313. Se
ainsi estoit que li ouvriers et monoiers ne peussent
garnir nos monnoies de tant d'ouvriers et monoiers
comme l'en [l'on] auroit mestier [besoin], Ordonn.
25 sept. 1327. || xve s. Et tous les jours [le comte
de Foix] faisoit donner cinq francs en petite mon-
noie, pour l'amour de Dieu, et l'aumosne à sa porte
à toutes gens, FROISS. II, m, 13. Vous luy donnerez
quelque enseignement dont il pourra mieux valloir;
car ung marchant ne vault riens sanz monnoye, ne
ung jeune homme sanz conduite, Perceforest, t. m,
f° us. Je, Jehan Hennequart, varlet de chambre
et peintre de mon très redoubté seigneur M. S. le
duc de Bourgongne, confesse avoir reçu .... pour
avoir fait plusieurs patrons pour faire coings de
nouvelles monnoies, au nombre de trente maniè-
res, dont je lis quatre de couleurs, lesquels M. D. S.
choisit entre les autres, DE LABORDE, Émaux, p. 396.
Il xvie s. Spouvres gens menue monnoie,COTGRAVE.
— ÉTYM. Wall, manôie; provenç. et espagn.
moneda; port, moeda; ital. moneta; du lat. mo-
neta. Monèla, qui signifie sans doute celle qui
avertit, était un surnom de Junon à Rome, Juno
Moneta; c'est dans son temple qu'on fabriquait la
monnaie; de là moneta prit le sens de monnaie.
t MONNAIERIE (mo-nê-rie), s. f. Nom qu'on
donnait au lieu particulier, dans l'hôtel des mon-
naies, où l'on marquait la monnaie de l'empreinte
établie par les ordonnances.
MONNAYAGE (mo-nè-ia-j'), s. m. Fabrication
de la monnaie. Monnayage au marteau, au balan-
cier. Les types qui réussissent le mieux au mon-
nayage sont ceux dont les diverses parties se balan-
cent dans tous les sens, MONGEZ, Instit. Mém. litt.
et beaux-arts, t. n, p. 283.
— HIST. xiv" s. Tout le prouffit et émolument du
monoyage qui nous appartiendra, Ordonn. des rois,
t. II, p. 294.
" — ÉTYM. Monnayer.
MONNAYÉ, ÉE (nio-nè-ié, iée), part, passé de
monnayer. Argent monnayé, se dit par opposition
à argent ouvragé ou brut. Ce prince [Louis XI]
laissa quatre cent mille écus d'or monnayé, soixante,
douze mille marcs d'argent en vaisselle, et pour plus
de deux millions de meubles, que son fils dissipa
bientôt par ses folles entreprises, DUCLOS, OEuv. t. n,
p. 312. [| Par extension. Son argent Tedresse les
jugements de son esprit; ses louanges sont mon-
nayées, MOL. 7e Bourg. 1, 1.
MONNAYER (mo-nè-ié), v. a. Il se conjugue
comme payer. || 1° Convertir un métal en monnaie.
Monnayer des lingots d'or. [Dans une guerre de
protestant à protestant] point de divinités topiques,
ni de saints tutélaires à briser ou à monnayer;
point de reliques à jeter au vent, Analyse de Bayle,
t. 1, p. 32. Les Romains ne monnayèrent l'argent
que cinq ans avant la première guerre punique,
PASTORET , Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. m.
p. 296. y 2° Donner l'empreinte à la monnaie. Ce ba-
lancier monnaye tous les jours tant de milliers de
pièces d'or. || Absolument. L'art de monnayer a fait
de grands progrès. Avant l'adoption des coins gra-
vés au burin, on monnayait à chaud le plus souvent,
lorsqu'on ne moulait pas simplement les médailles,
MONGEZ, Instit. Mém. acad. inscr. t. ix, p. 211.
— HIST. xne s. E bien seissante livres d'argent
tut. muneé, Th. le mart. 152. ||xme s. Monees de-
niers, F7. et Bl. Il«2. Or et argent, monneé et à
monnoier, Liv. des met. 304. || xive s. Les mon-
noiers auront, de monoier le cent des deniers d'or
l'aingnel, 12 deniers tournois. Ordonn. 25 sept. 1327
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.93%.
- Collections numériques similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 615/1408
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5460034d/f615.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5460034d/f615.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5460034d/f615.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5460034d/f615.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5460034d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5460034d
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5460034d/f615.image × Aide