MOI
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MOI
593
septembre, octobre, novembre et décembre prouvent
que l'on comptait mars pour le premier mois ; juin
et juillet, qui s'appelaient anciennement quintile et
sextile, prouvent la même chose, DELAMBRE, Abrégé
i'astron. p.cond jqur du mois, ou, absolument, le premier, le
second du mois; On dit aussi le deux du moi , et, à
partir de ce nombre, on ne se sert plus du nombre or-
dinal, on ne se sert que du nombre cardinal : le trois,
le quatre, le douze du mois. Autrefois cet usage n'exis-
tait pas ; et l'on disait le troisième, le quatrième,
le quinzième, etc. .du mois. || 2° En général, espace
de trente jours consécutifs, de quelque jour que l'on
commence à compter. Le mois finira le douze de
septembre. || D'un mois, pendant trente jours (avec
unenégation). Ma convalescence fut longue, et je ne
fus d'un mois en état de sortir, J. i. ROUSS. Conf. v.
|| Terme de palais, "Lesparties viendront au mois,
il a été ordonné qu'elles Viendraient plaider dans un
mois. || D'après la loi, dans les questions d'intérêts,
'es mois sont tous de trente jours. || 3° Le prix con-
/enupour un mois. Payer les mois d'une nourrice. Il
doit un mois au maître de musique. || Il se dit aussi
de la somme qu'on donne à un jeune homme pour ses
menus plaisirs, à une femme pour sa toilette. || Terme
de marine. Mois de table, traitement accordé durant
un mois à un officier pour sa table ou nourriture.
Il 4° Absolument, mois de grossesse d'une femme.
Cette femme est dans son septième mois. La rareté
des enfants de neuf mois m'a fait rire, SÉV. 256.
|| 5° Au plur..Les mois, se dit vulgairement pour
désigner l'évacuation menstruelle ou les menstrues.
||'6° Terme d'astronomie. Mois solaire, l'espace de
temps que le soleil met à parcourir un des signes du
zodiaque. Douze mois composent une année, qui est
le temps que la terre emploie à faire une révolu-
tion entière dans son orbite, pendant lequel temps
le soleil nous paraît parcourir les douze signes du
zodiaque, BRISSON, Traité de phys. t. ni, p. 165, =
dans POUGENS. |j Chez les Athéniens, mois caves, -.
ceux de vingt-neuf jours; mois pleins, ceux de
trente jours ; ce qui avait été fait pour s'accorder
avec la lune, dont la période est de 29 jours et demi,
et pour éviter les fractions. || 7° Mois lunaire, l'es-
pace de temps que la luné emploie dans son cours,
depuis l'instant de sa conjonction avec le soleil jus-
qu'à l'autre conjonction, et qui est d'environ vingt-
neuf jours, douze heures et quarante-quatre minutes.
On dit aussi lunaison. || Mois lunaire anomalisti-
que, espace de temps compris entre deux passages
consécutifs de la lune à son apogée. || Mois draconti-
que, draconitique, ou mois de latitude, espace de
temps compris entre deux passages consécutifs de la
lune à son noeud. || 8° Mois romains, les mois tels
qu'ils étaient disposés dans le calendrier de Rome. ■
Il Fig. Mois romains, l'imposition qu'on levaitsur les -
Étatsdel'empire germanique dans lesbesoinsextraor-
dinaires. La diète de Ratisbonne promet cette fois
nuatre-vingtsmois romains; jamais l'Empire n'avait
encore donné un si puissant secours ; mais il ne fut
guère fourni qu'en paroles, VOLT. Ann. Emp.Rodolpke
II, 1603. || 9° Terme de droit canonique. Mois des
gradués, les mois pendant lesquels certains bénéfices
vacants sont affectés aux gradués (janvier, avril,
juillet et octobre, ce sont les premiers mois de cha-
que trimestre). || Mois du pape, les mois durant les-,
quels le pape confère les bénéfices en pays d'obé-
dience. || 10° Mois entrant, se disait, dans les dates
des anciennes chartes, des seize premiers- jours
d'un mois de trente et un jours et des quinze pre-
miers jours d'un mois de trente jours. Mois sor-
tant se disait des quinze derniers jours du mois; et
ces jours se * comptaient en rétrogradant. Le troi-
sième jour du mois sortant de septembre signifie le
vingt-huit septembre. || 11° Mois sacré, se dit, chez
les musulmans, des mois pendant lesquels la guerre -
est interdite. || Proverbes. Il n'est mois qui ne re-
vienne. || On a tous, les ans douze mois, on vieillit :
malgré qu'on en ait, on vieillit sans s'en apercevoir. :
.— HIST. xie s. Jà [il] ne verrat passer cest pre- :
mer nieis, C7i. de Bo7. vi. || xne s. De cest jor en un :
mois, sans plus de delaier [de retard], Sax. vi.
Ainzois [avant] un mois passé, Ronds. 117. ||xve s. ■
Et [Geuffroy Tête-noire] tenoit bien en son chas- :
tel quatre cens compagnons à gages; et trop bien i
les payoit de mois en mois, FROISS. II, II, 214. He- i
ritaige certain ne vray demaine [vrai domaine] i
N'y puet [ne peut dans le tempsj nulz homs acquérir
ne garder; Heure, moment, jours, mois, an ne sep- i
maine, Qui soit vray sien, qu'on ne luy puist oster, 1
E. DESCH, Poésies mss. f° 105. Car il n'en estaujour- ]
.l'hui nul en vie Tel comme il fut, ne ne sera des ]
mois [de longtemps], ID.. ib. f° 28. || xvi" s. Les I
nourrices perdent leurs mois lorsque le laict leur
monte aux mammelles, PARÉ, I, 11.
— ÉTYM. Wallon, meû; Hainaut, mô ; bourg, mô;
prov. et esp. mes; ital. mese; du lat. mensis /com-
parez le grec [i-fjv ; l'anglo-sax. mono; le goth. mena;
l'ancien haut-ail. mânot; l'allem. Monat ; l'angl.
month; le persan mâh; le sanscrit mâsa, mois, de
mds, la lune. En grec, pty signifie aussi la lune.
L'origine de masa, p.vïv, mensis, est dans mô,mesurer,
la lune étant considérée comme mesurant le temps.
MOÏSE (moi-z'), s. f. || 1° Terme de charpente.
Pièces de bois plates assemblées deux à deux par
des boulons et servant à maintenir la charpente.
IIMoisede décharge, longue moise posée oblique- '
ment et qui supporte un poinçon. || 2° Moise de tête
ou brise-glace, moise posée obliquement sur la tête
des pieux d'une digue. || 3° Tirants en fer qui résis-
tent principalement aux efforts peu obliques par
rapport à la verticale. || 4° Long crochet de fer ser-
vant à enfourner et retirer les glaces du four.
|| 5e Bourrelets conservés au milieu d'un corps de
pompe en cuivre, pour y placer le collier en fer qui
doit le fixer en place. || 6° Terme de métallurgie.
Moise d'ordon, organe qui tient la principale pièce
de l'ordon.
— HIST. xve s. Phalanga, moisine, SCHELER, Gloss.
rom. latin, p. 40.
— ÉTYM. Origine incertaine. Scheler y voit le la-
tin médius (moi, comme dans moyen). Le wallon
a amoise, qui signifie amorce ; si on savait la pro-
venance de moise, on pourrait y voir le mot wallon
moise, morsure, la moise mordant les pièces de bois.
La forme moisine du XVe siècle n'explique rien.
MOISÉ, ÉE (moi-zé, zée), part, passé de moiser.
Charpente moisée.
MOISER (moi-zé), v. a. Terme de charpente.
Lier par des moises. Moiser les fermes d'un comble.
— ÉTYM. ifoise.
5 MOISI, IE (moi-zi, zie), part, passe' de moisir.
-, || 2° Des confitures moisies. || Foin moisi, foin qui
se gâte par l'humidité, prend mauvaise odeur et
mauvais goût, el est nuisible à la santé des bestiaux.
|! Fig. Vos lettres sont admirables; et, si les vieux
châteaux sont mauvais à quelques-uns, croyez-moi.
c'est que ceux qui les habitent n'ont pas une ma-
dame de Guitaut comme vous ; avec une telle com-
pagnie je vous défie tous deux d'être moisis, SÉV. à
Guitaut, 1685. || 2° S. m. Ce qui est moisi. Cela est à
demi gâté, il faut ôter le moisi. Cela sent le moisi.
MOISIR (moi-zir), v. n. j| 1° Se couvrir d'une pe-
tite végétation cryptogamique, en parlant de cer-
taines substances ; ce qui indique qu'elles s'altèrent
(voy- MOISISSURE, n° 2). Le Moïse [titre d'un
poëme] commence, à moisir par les bords, BOIL. Sat.
rx. Le pain doit être fait au biscuit pour ne pas moi-
sir, RAYNAL, Hist. phil. x, i. Il Fig. Rester longtemps.
M. Mathieu ne laisse point moisir l'argent entre les
mains de ceux qui lui doivent, REGNARD, Sérénade,
22. || 2° V. a. Rendre moisi. C'est l'humidité qui a
moisi ce pâté. || 3° Se moisir, v. réfl. Devenir moisi.
Tout se moisit dans les lieux humides.
— SYN. MOISIR, CHANCIR. Étymologiquement, moi-
sir, c'est devenir muqueux ; et chancir, c'est se cou-
vrir de blanc. Aujourd'hui chancir est beaucoup
moins usité que moisir, et il indiquo un degré
. d'altération moins avancé que moisir.
— HIST. xme s. Fors que pain noir, dur et haslé,
Tout muisi et tout très salé [lisez tresalé, c'est-à-
dire passé, qui a perdu ses qualités], RUTEB. II, I 73.
Il xive s. Mes cil ont leur lances tendues, X pointes
luizanz et moisies [rouillées], G. GUIART, t. n, p. 273.
v. 7090 (16070). ||xve s. Adonc seray en Peaue dé
liesse Tost refreschi, et au souleil de France Bien
nectié de moisy de tristesse, CH. D'ORL. 2?a7. 122.
Se on nous bailloit par inventaire Deux mil escuz
en une armoire, Ils n'auroient garde de y moisir,
VILLON, Bai!7et>ent et Malepaie. Les miens [écus] ne
moisissent guère, Pourvu que je treuve à boire; Je
sai qu'après le trespas Plus ne servent les ducats,
BASSELIN, xxxn. [| xvie s. Ils [les grains] commencent
à se moisir et à sentir le rance, MONT, II, 186.
— ÉTYM. Provenç. mogir; du lat. mucere, qui
vient de mucus (voy. MUCOSITÉ) . Moisir vient de
mucère, comme plaisir, de placêre, taisir, de ta-
cêre, etc.; mais ces verbes, à sens inchoatif, prennent
dans la conjugaison deux ss, comme s'ils venaient
de thèmes en escere : moisissant, moisissais, etc.
MOISISSURE (moi-zi-su-r'), s. f. || 1° Altération ]
d'une chose moisie. C'est la moisissure qui a gâté :
les confitures. || Fig. Je vous recommande l'un à i
l'autre, monsieur le cointe et madame la marquise ; :
parlez souvent ensemble,afin de ne point oublier votre
langue ; c'est ce qui vous a si bien préservés jus- :
ques ici de la moisissure qui arrive quasi toujours
en province, SÉV. AU comte de Bussy et à Mme de
Coligny, 18 sept. 1678. || 2° Terme de botanique. Nom
générique de toutes les petites végétations crypte- .
gamiques- qui se développent sous l'influence de
l'humidité de Pair et d'une-certaine température, sur
les végétaux morts et sur les matières qui s'altè-
rent; elles appartiennent au groupe des mucédinées
et surtout au genre mucor. Les moisissures sont
une. des parties des plus intéressantes de la botani-
que microscopique, que nous devons à l'heureuse
invention des verres, BONNET, Contempl. nat. m, 7.
On observe des moisissures sur presque tous les
corps ; ces taches, ces moisissures sont devenues
des jardins, des prairies, des forets en miniature,
dont les plantes infiniment petites laissent pourtant
entrevoir leurs fleurs et leurs semences, m. t, vm,
p. 377, dans POUGENS. j| 3° L'endroit moisi. Enlever
la moisissure. || 4° Moisissure de pierre ou de roche,
nom qu'on donne, dans les Alpes, à l'amiante en
petits filaments courts et droits qui -tapisse les fis-
sures et les cavités de certaines roches.
—ÉTYM. Moisissant.
f MOISSE (moi-s'), s. m. Vache marine.
— ÉTYM. Est-ce une corruption de morse (voy,
ce mot) ?
MOISSLNE (moi-si-n'), s. f. Faisceau de sarments
de vigne, garni de feuillesetde grappes que quelques
vignerons suspendent au plancher de leur habi-
tation.
— HIST. XIV s. Moissine, congregatio racemo-
rum, DU CANGE, moissina. ||xvie s. Je te garde un
trochet de cent noisilles branches, Et des raisins
muscats attachés à leurs branches,Une moissine belle
et un petit oiseau, R. BELLEAU, Bergeries, t. i, p. 18.
— ÉTYM. La forme du mot indique un latin fictif
mustina, dérivé de muslum, moût, ou plutôt de
muslus, frais, récent : la branche fraîche ; le chan-
gement de st en ss n'est pas rare.
MOISSON (moi-son), s. f. || 1° Action de récolter
les grains et principalement les céréales. La mois-
son de nos champs lassera la faucille, Et les fruits
passeront les promesses des fleurs, MALH. II, 1. I!
[le laboureur] tient par les moissons registre des
années, RACAN, 7a Retraite. II faut qu'avec notre
famille Nous prenions dès demain chacun une
faucille; C'est là notre plus court; et nous achève-
rons Notre moisson quand nous pourrons, LA FONT.
Fabl. iv, 22. Et laisse en soupirant ses" moissons
imparfaites, VOLT, Henr. rx. Je chante les moissons;
je dirai sous quel signe II faut ouvrir la terre et
marier la vigne, DELILLE, Géorg. i. Je ne suis qu'au
printemps, je veux voir la moisson, Et, comme la
soleil, de saison en saison, Je veux acheter mon
année, A. CHÉN. 7a Jeune captive. Jouissez, je le
veux, du fruit de vos conquêtes ; Mais pour vous
seuls faut-il que les moissons soient faites ? M. I
CHÉN. Gracq. n, 3. || Fig. Une santé dès lors fioris .
santé, éternelle, Vous ferait recueillir d'une automne
nouvelle Les nombreuses moissons, J. B. ROUSS. Ode
au comte du Luc. || 2° Le temps de la moisson. La
moisson approche. Le semer et la moisson Ont leur
temps "et leur saison, LEROUX DE LINCY, Prov. t. i,
p. 79. [| 3° Les céréales mêmes qu'on récolte. Pour
corriger le blé, Dieu permit aux moutons De retran-
cher l'excès des prodigues moissons, LA FONT. Fabl.
ix, 11. Dieu, cette année, ayant trompé Pespérance
de nos moissons, a frappé la terre de stérilité, BOSS.
Panég. SI Gorgon, 2. Provinces qu'ils [les enne-
mis] avaient déjà ravagées dans le désir et dans
la pensée, vous avez encore recueilli vos moissons,
FLÉCH. Turenne. L'un, voyant croître ses moissons,
bénit la mémoire de celui à qui il doit l'espérance
de sa récolté; l'autre.... ID. ib. Campagnes qu'en-
graissa le sang dé nos guerriers, J'aime mieux vos
moissons que celle des lauriers : La vanité les cueille
et le hasard les donne, VOLT. Poèmes, Voy. Berlin. '
J'errais parmi les fleurs, les moissons, les ruis-
seaux, DUCIS, Abufar, n, 2: || F'g. Jeter la faux en
la moisson d'autrui, entreprendre sur son mé-
tier, sur ses attributions, sur ses droits. On dit dan s. le
même sens et mieux : Il ne faut pas mettre la faucille
dans la moisson d'autrui. || 4° Fig. Année. Ilss'ado-
rent l'un l'autre; et ce couple charmant S'unit long-
temps, dit-on, avant le sacrement ; Mais, depuis
trois moissons, à leur saint assemblage L'official a
joint le nom de mariage, BOIL. Lutr. 1.1| 5° Fig. Acqui-
sition en bien ou en mal. Ce savant a fait une riche,
moisson dans les archives du royaume, il y a re-
cueilli des matériaux précieux. Ce gouverneur avait
fait dans sa province une riche moisson, il s'y était
enrichi par ses concussions. Cette quêteuse a fait une
abondante moisson, sa quête a produit beaucoup
o. — 75
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE,
MOI
MOI
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septembre, octobre, novembre et décembre prouvent
que l'on comptait mars pour le premier mois ; juin
et juillet, qui s'appelaient anciennement quintile et
sextile, prouvent la même chose, DELAMBRE, Abrégé
i'astron. p.
second du mois; On dit aussi le deux du moi , et, à
partir de ce nombre, on ne se sert plus du nombre or-
dinal, on ne se sert que du nombre cardinal : le trois,
le quatre, le douze du mois. Autrefois cet usage n'exis-
tait pas ; et l'on disait le troisième, le quatrième,
le quinzième, etc. .du mois. || 2° En général, espace
de trente jours consécutifs, de quelque jour que l'on
commence à compter. Le mois finira le douze de
septembre. || D'un mois, pendant trente jours (avec
unenégation). Ma convalescence fut longue, et je ne
fus d'un mois en état de sortir, J. i. ROUSS. Conf. v.
|| Terme de palais, "Lesparties viendront au mois,
il a été ordonné qu'elles Viendraient plaider dans un
mois. || D'après la loi, dans les questions d'intérêts,
'es mois sont tous de trente jours. || 3° Le prix con-
/enupour un mois. Payer les mois d'une nourrice. Il
doit un mois au maître de musique. || Il se dit aussi
de la somme qu'on donne à un jeune homme pour ses
menus plaisirs, à une femme pour sa toilette. || Terme
de marine. Mois de table, traitement accordé durant
un mois à un officier pour sa table ou nourriture.
Il 4° Absolument, mois de grossesse d'une femme.
Cette femme est dans son septième mois. La rareté
des enfants de neuf mois m'a fait rire, SÉV. 256.
|| 5° Au plur..Les mois, se dit vulgairement pour
désigner l'évacuation menstruelle ou les menstrues.
||'6° Terme d'astronomie. Mois solaire, l'espace de
temps que le soleil met à parcourir un des signes du
zodiaque. Douze mois composent une année, qui est
le temps que la terre emploie à faire une révolu-
tion entière dans son orbite, pendant lequel temps
le soleil nous paraît parcourir les douze signes du
zodiaque, BRISSON, Traité de phys. t. ni, p. 165, =
dans POUGENS. |j Chez les Athéniens, mois caves, -.
ceux de vingt-neuf jours; mois pleins, ceux de
trente jours ; ce qui avait été fait pour s'accorder
avec la lune, dont la période est de 29 jours et demi,
et pour éviter les fractions. || 7° Mois lunaire, l'es-
pace de temps que la luné emploie dans son cours,
depuis l'instant de sa conjonction avec le soleil jus-
qu'à l'autre conjonction, et qui est d'environ vingt-
neuf jours, douze heures et quarante-quatre minutes.
On dit aussi lunaison. || Mois lunaire anomalisti-
que, espace de temps compris entre deux passages
consécutifs de la lune à son apogée. || Mois draconti-
que, draconitique, ou mois de latitude, espace de
temps compris entre deux passages consécutifs de la
lune à son noeud. || 8° Mois romains, les mois tels
qu'ils étaient disposés dans le calendrier de Rome. ■
Il Fig. Mois romains, l'imposition qu'on levaitsur les -
Étatsdel'empire germanique dans lesbesoinsextraor-
dinaires. La diète de Ratisbonne promet cette fois
nuatre-vingtsmois romains; jamais l'Empire n'avait
encore donné un si puissant secours ; mais il ne fut
guère fourni qu'en paroles, VOLT. Ann. Emp.Rodolpke
II, 1603. || 9° Terme de droit canonique. Mois des
gradués, les mois pendant lesquels certains bénéfices
vacants sont affectés aux gradués (janvier, avril,
juillet et octobre, ce sont les premiers mois de cha-
que trimestre). || Mois du pape, les mois durant les-,
quels le pape confère les bénéfices en pays d'obé-
dience. || 10° Mois entrant, se disait, dans les dates
des anciennes chartes, des seize premiers- jours
d'un mois de trente et un jours et des quinze pre-
miers jours d'un mois de trente jours. Mois sor-
tant se disait des quinze derniers jours du mois; et
ces jours se * comptaient en rétrogradant. Le troi-
sième jour du mois sortant de septembre signifie le
vingt-huit septembre. || 11° Mois sacré, se dit, chez
les musulmans, des mois pendant lesquels la guerre -
est interdite. || Proverbes. Il n'est mois qui ne re-
vienne. || On a tous, les ans douze mois, on vieillit :
malgré qu'on en ait, on vieillit sans s'en apercevoir. :
.— HIST. xie s. Jà [il] ne verrat passer cest pre- :
mer nieis, C7i. de Bo7. vi. || xne s. De cest jor en un :
mois, sans plus de delaier [de retard], Sax. vi.
Ainzois [avant] un mois passé, Ronds. 117. ||xve s. ■
Et [Geuffroy Tête-noire] tenoit bien en son chas- :
tel quatre cens compagnons à gages; et trop bien i
les payoit de mois en mois, FROISS. II, II, 214. He- i
ritaige certain ne vray demaine [vrai domaine] i
N'y puet [ne peut dans le tempsj nulz homs acquérir
ne garder; Heure, moment, jours, mois, an ne sep- i
maine, Qui soit vray sien, qu'on ne luy puist oster, 1
E. DESCH, Poésies mss. f° 105. Car il n'en estaujour- ]
.l'hui nul en vie Tel comme il fut, ne ne sera des ]
mois [de longtemps], ID.. ib. f° 28. || xvi" s. Les I
nourrices perdent leurs mois lorsque le laict leur
monte aux mammelles, PARÉ, I, 11.
— ÉTYM. Wallon, meû; Hainaut, mô ; bourg, mô;
prov. et esp. mes; ital. mese; du lat. mensis /com-
parez le grec [i-fjv ; l'anglo-sax. mono; le goth. mena;
l'ancien haut-ail. mânot; l'allem. Monat ; l'angl.
month; le persan mâh; le sanscrit mâsa, mois, de
mds, la lune. En grec, pty signifie aussi la lune.
L'origine de masa, p.vïv, mensis, est dans mô,mesurer,
la lune étant considérée comme mesurant le temps.
MOÏSE (moi-z'), s. f. || 1° Terme de charpente.
Pièces de bois plates assemblées deux à deux par
des boulons et servant à maintenir la charpente.
IIMoisede décharge, longue moise posée oblique- '
ment et qui supporte un poinçon. || 2° Moise de tête
ou brise-glace, moise posée obliquement sur la tête
des pieux d'une digue. || 3° Tirants en fer qui résis-
tent principalement aux efforts peu obliques par
rapport à la verticale. || 4° Long crochet de fer ser-
vant à enfourner et retirer les glaces du four.
|| 5e Bourrelets conservés au milieu d'un corps de
pompe en cuivre, pour y placer le collier en fer qui
doit le fixer en place. || 6° Terme de métallurgie.
Moise d'ordon, organe qui tient la principale pièce
de l'ordon.
— HIST. xve s. Phalanga, moisine, SCHELER, Gloss.
rom. latin, p. 40.
— ÉTYM. Origine incertaine. Scheler y voit le la-
tin médius (moi, comme dans moyen). Le wallon
a amoise, qui signifie amorce ; si on savait la pro-
venance de moise, on pourrait y voir le mot wallon
moise, morsure, la moise mordant les pièces de bois.
La forme moisine du XVe siècle n'explique rien.
MOISÉ, ÉE (moi-zé, zée), part, passé de moiser.
Charpente moisée.
MOISER (moi-zé), v. a. Terme de charpente.
Lier par des moises. Moiser les fermes d'un comble.
— ÉTYM. ifoise.
5 MOISI, IE (moi-zi, zie), part, passe' de moisir.
-, || 2° Des confitures moisies. || Foin moisi, foin qui
se gâte par l'humidité, prend mauvaise odeur et
mauvais goût, el est nuisible à la santé des bestiaux.
|! Fig. Vos lettres sont admirables; et, si les vieux
châteaux sont mauvais à quelques-uns, croyez-moi.
c'est que ceux qui les habitent n'ont pas une ma-
dame de Guitaut comme vous ; avec une telle com-
pagnie je vous défie tous deux d'être moisis, SÉV. à
Guitaut, 1685. || 2° S. m. Ce qui est moisi. Cela est à
demi gâté, il faut ôter le moisi. Cela sent le moisi.
MOISIR (moi-zir), v. n. j| 1° Se couvrir d'une pe-
tite végétation cryptogamique, en parlant de cer-
taines substances ; ce qui indique qu'elles s'altèrent
(voy- MOISISSURE, n° 2). Le Moïse [titre d'un
poëme] commence, à moisir par les bords, BOIL. Sat.
rx. Le pain doit être fait au biscuit pour ne pas moi-
sir, RAYNAL, Hist. phil. x, i. Il Fig. Rester longtemps.
M. Mathieu ne laisse point moisir l'argent entre les
mains de ceux qui lui doivent, REGNARD, Sérénade,
22. || 2° V. a. Rendre moisi. C'est l'humidité qui a
moisi ce pâté. || 3° Se moisir, v. réfl. Devenir moisi.
Tout se moisit dans les lieux humides.
— SYN. MOISIR, CHANCIR. Étymologiquement, moi-
sir, c'est devenir muqueux ; et chancir, c'est se cou-
vrir de blanc. Aujourd'hui chancir est beaucoup
moins usité que moisir, et il indiquo un degré
. d'altération moins avancé que moisir.
— HIST. xme s. Fors que pain noir, dur et haslé,
Tout muisi et tout très salé [lisez tresalé, c'est-à-
dire passé, qui a perdu ses qualités], RUTEB. II, I 73.
Il xive s. Mes cil ont leur lances tendues, X pointes
luizanz et moisies [rouillées], G. GUIART, t. n, p. 273.
v. 7090 (16070). ||xve s. Adonc seray en Peaue dé
liesse Tost refreschi, et au souleil de France Bien
nectié de moisy de tristesse, CH. D'ORL. 2?a7. 122.
Se on nous bailloit par inventaire Deux mil escuz
en une armoire, Ils n'auroient garde de y moisir,
VILLON, Bai!7et>ent et Malepaie. Les miens [écus] ne
moisissent guère, Pourvu que je treuve à boire; Je
sai qu'après le trespas Plus ne servent les ducats,
BASSELIN, xxxn. [| xvie s. Ils [les grains] commencent
à se moisir et à sentir le rance, MONT, II, 186.
— ÉTYM. Provenç. mogir; du lat. mucere, qui
vient de mucus (voy. MUCOSITÉ) . Moisir vient de
mucère, comme plaisir, de placêre, taisir, de ta-
cêre, etc.; mais ces verbes, à sens inchoatif, prennent
dans la conjugaison deux ss, comme s'ils venaient
de thèmes en escere : moisissant, moisissais, etc.
MOISISSURE (moi-zi-su-r'), s. f. || 1° Altération ]
d'une chose moisie. C'est la moisissure qui a gâté :
les confitures. || Fig. Je vous recommande l'un à i
l'autre, monsieur le cointe et madame la marquise ; :
parlez souvent ensemble,afin de ne point oublier votre
langue ; c'est ce qui vous a si bien préservés jus- :
ques ici de la moisissure qui arrive quasi toujours
en province, SÉV. AU comte de Bussy et à Mme de
Coligny, 18 sept. 1678. || 2° Terme de botanique. Nom
générique de toutes les petites végétations crypte- .
gamiques- qui se développent sous l'influence de
l'humidité de Pair et d'une-certaine température, sur
les végétaux morts et sur les matières qui s'altè-
rent; elles appartiennent au groupe des mucédinées
et surtout au genre mucor. Les moisissures sont
une. des parties des plus intéressantes de la botani-
que microscopique, que nous devons à l'heureuse
invention des verres, BONNET, Contempl. nat. m, 7.
On observe des moisissures sur presque tous les
corps ; ces taches, ces moisissures sont devenues
des jardins, des prairies, des forets en miniature,
dont les plantes infiniment petites laissent pourtant
entrevoir leurs fleurs et leurs semences, m. t, vm,
p. 377, dans POUGENS. j| 3° L'endroit moisi. Enlever
la moisissure. || 4° Moisissure de pierre ou de roche,
nom qu'on donne, dans les Alpes, à l'amiante en
petits filaments courts et droits qui -tapisse les fis-
sures et les cavités de certaines roches.
—ÉTYM. Moisissant.
f MOISSE (moi-s'), s. m. Vache marine.
— ÉTYM. Est-ce une corruption de morse (voy,
ce mot) ?
MOISSLNE (moi-si-n'), s. f. Faisceau de sarments
de vigne, garni de feuillesetde grappes que quelques
vignerons suspendent au plancher de leur habi-
tation.
— HIST. XIV s. Moissine, congregatio racemo-
rum, DU CANGE, moissina. ||xvie s. Je te garde un
trochet de cent noisilles branches, Et des raisins
muscats attachés à leurs branches,Une moissine belle
et un petit oiseau, R. BELLEAU, Bergeries, t. i, p. 18.
— ÉTYM. La forme du mot indique un latin fictif
mustina, dérivé de muslum, moût, ou plutôt de
muslus, frais, récent : la branche fraîche ; le chan-
gement de st en ss n'est pas rare.
MOISSON (moi-son), s. f. || 1° Action de récolter
les grains et principalement les céréales. La mois-
son de nos champs lassera la faucille, Et les fruits
passeront les promesses des fleurs, MALH. II, 1. I!
[le laboureur] tient par les moissons registre des
années, RACAN, 7a Retraite. II faut qu'avec notre
famille Nous prenions dès demain chacun une
faucille; C'est là notre plus court; et nous achève-
rons Notre moisson quand nous pourrons, LA FONT.
Fabl. iv, 22. Et laisse en soupirant ses" moissons
imparfaites, VOLT, Henr. rx. Je chante les moissons;
je dirai sous quel signe II faut ouvrir la terre et
marier la vigne, DELILLE, Géorg. i. Je ne suis qu'au
printemps, je veux voir la moisson, Et, comme la
soleil, de saison en saison, Je veux acheter mon
année, A. CHÉN. 7a Jeune captive. Jouissez, je le
veux, du fruit de vos conquêtes ; Mais pour vous
seuls faut-il que les moissons soient faites ? M. I
CHÉN. Gracq. n, 3. || Fig. Une santé dès lors fioris .
santé, éternelle, Vous ferait recueillir d'une automne
nouvelle Les nombreuses moissons, J. B. ROUSS. Ode
au comte du Luc. || 2° Le temps de la moisson. La
moisson approche. Le semer et la moisson Ont leur
temps "et leur saison, LEROUX DE LINCY, Prov. t. i,
p. 79. [| 3° Les céréales mêmes qu'on récolte. Pour
corriger le blé, Dieu permit aux moutons De retran-
cher l'excès des prodigues moissons, LA FONT. Fabl.
ix, 11. Dieu, cette année, ayant trompé Pespérance
de nos moissons, a frappé la terre de stérilité, BOSS.
Panég. SI Gorgon, 2. Provinces qu'ils [les enne-
mis] avaient déjà ravagées dans le désir et dans
la pensée, vous avez encore recueilli vos moissons,
FLÉCH. Turenne. L'un, voyant croître ses moissons,
bénit la mémoire de celui à qui il doit l'espérance
de sa récolté; l'autre.... ID. ib. Campagnes qu'en-
graissa le sang dé nos guerriers, J'aime mieux vos
moissons que celle des lauriers : La vanité les cueille
et le hasard les donne, VOLT. Poèmes, Voy. Berlin. '
J'errais parmi les fleurs, les moissons, les ruis-
seaux, DUCIS, Abufar, n, 2: || F'g. Jeter la faux en
la moisson d'autrui, entreprendre sur son mé-
tier, sur ses attributions, sur ses droits. On dit dan s. le
même sens et mieux : Il ne faut pas mettre la faucille
dans la moisson d'autrui. || 4° Fig. Année. Ilss'ado-
rent l'un l'autre; et ce couple charmant S'unit long-
temps, dit-on, avant le sacrement ; Mais, depuis
trois moissons, à leur saint assemblage L'official a
joint le nom de mariage, BOIL. Lutr. 1.1| 5° Fig. Acqui-
sition en bien ou en mal. Ce savant a fait une riche,
moisson dans les archives du royaume, il y a re-
cueilli des matériaux précieux. Ce gouverneur avait
fait dans sa province une riche moisson, il s'y était
enrichi par ses concussions. Cette quêteuse a fait une
abondante moisson, sa quête a produit beaucoup
o. — 75
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE,
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