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MOE
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piqué, moellon travaillé avec la pointe, et servant
aux puits, aux voûtes, aux fossés, etc. || Moellon
gisant, celui qui a le plus de lit, et où il y a moins
à tailler pour le façonner. || Moellon de plat, celui
qui est posé sur son lit dans les murs qu'on élève à
plomb. || Moellon en coupe, celui qui est posé de
champ dans-la construction des voûtes. || Mauvais
- moellon, sorte de calcaire tendre. || 2° Dans les
manufactures de glaces, dalle, pierre dont on se
sert pour polir et qu'on fait mouvoir en tous sens,
avec interposition d'eau et de sable ou de poudre
usante, sur la face des pièces de marbre, des glaces,
des miroirs, etc.
— HIST. xive s. En la ville y avoit un nohile
donjon ; 11 ruèrent tout jus la pierre et le moilon,
X la fin que François n'y prennent mansion, Guescl.
Y. 21365. || xvie s. Es carrières de Paris, lesdites
pierres tendres sont appelées môilons, à cause
qu'elles sont mal condensées, PALISSY, 292. Ne
pourront estre basties.... d'autres matières que de
pierres de taille, bricques, ou massonerie de moi-
lon, nu pierres, Ordonn. janv. 1660.
— ÉTYM. Wallon, môielon, môlion; Hainaut,
molon. Origine incertaine. Palissy, comme on voit
à l'historique, le tire de moelle, à cause que cette
pierre est tendre. Scheler est disposé à y rapporter
l'espagnol mnj'on, le sarde mullone, pierre servant de
borne, tas. "Grandgagnage le tire du verbe wallon
môieler, môlier, qui veut dire bloquer, remplir de
pierres ; lequel verbe, à son tour, vient de môie,
meule de foin (voy. MEULE '2). U y a dans le lan-
gage de la maçonnerie le mot moye qui signifie
la partie tendre d'une pierre dure ; moe77on y tient-
il ? On remarquera que l'historique n'a pas de textes
au delà du xiV siècle, et que moellon, écrit toujours
moilon, n'est que de deux syllabes, ce qui concorde
mal avec l'étymologie par moelle.
t MOELLONAILLE (moi-lo-nâ-lP, 77 mouillées),
s. /. Menus moellons.
t MOELLONIER (moi-lo-nié), s. m. Coin dont on
se sert pour diviser ia pierre.
— ÉTYM. Jtfoelion.
-j- MOETTES (mo-è-t')%s. f. Terme d'agriculture.
Tenailles en bois à longs mancherons, dont on se
sert pour échardonner.
MOEUF (meuf), s. m. Terme de-grammaire. An-
cien nom des modes des verbes. S'il s'agit de grec,
surtout dans les commencements, il faut que le ré-
pondant soit en état de rendre raison de chaque
mot, où il est, en quel sens et pourquoi, en quel
temps, en quel moeuf.... ROLLIN, OEuvr. t.-jn,p. 300,
éd. F1RMIN DIDOT, 1846.
— HIST. xive s. Musique ou armonie selon tel
meuf. Meuf doriste [dorien], frigiste [phrygien], etc.
ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Lat. modus, mode (voy. MODE i); le d
ou f changé en /, changement rare, mais dont on a
un autre exemple dans soif de sitis.
MOEURS (meur; plusieurs prononcent meurs',
en faisant sentir l's, ce n'est pas une bonne pro-
nonciation; l's ne se lie pas : des meur honnêtes;
cependant quelques-uns la lient : des meur-z hon-
nêtes) , s. /. pi. || 1° Habitudes considérées par rap-
port au bien ou au mal dans la conduite de la vie.
De mauvaises moeurs. La France devant [avant] ces
orages, Pleine de moeurs et de courages Qu'on ne
pouvait assez louer, MALH. II, 4. Enfin chez les chré-
tiens les moeurs sont innocentes, CORN. Poly. iv, 6.
Ô temps, ô moeurs ! j'ai beau crier, Tout le monde
se fait payer, LA FONT. Fabl. xn, 6. La réforma-
tion des moeurs, PASC. Pens. xxm, 44, édit. HAVET.
La science des choses extérieures ne me consolera
pas de l'ignorance de la morale au temps d'afflic-
t on ; mais la science des moeurs me consolera tou-
jours de l'ignorance des sciences.extérieures, ID. ib.
vi, 41. L'Église fera unp assemblée d'hommes dont
les moeurs extérieures soient si pures, qu'elles con-
fondent les moeurs des païens, ID. Pens. xxiv, 62.
Jouissez de votre dépense, sans en faire une plus
grande, qui serait superflue et contre les bonnes
moeurs dont nous faisons profession, SÉV. 13 juin
1685. D'où lui viennent [à l'esprit] ces règles im-
muables qui dirigent le raisonnement, qui forment
les moeurs, par lesquelles il découvre les propor-
tions secrètes des figures et des monuments? BOSS.
Connaiss. iv, 9. Vous ne l'avez pas [la .foi].... c'est
pourquoi tout tombe en ruine dans vos moeurs, m.
Mar.-Thér. Nos fausses pénitences qui ne sont suivies
d'aucun changement de nos moeurs, m. ib. Ce sont
de jeunes gens dont les moeurs sont assez réglées,
BOURD. Pensées, t. ii, p. 370. Ses moeurs avaient
toujours été telles que les forment un grand atta-
chement à l'étude et l'heureuse privation du com-
merce du monde, FONTEN. Ro7Je. Il est vrai que ce vol
[du calcul des infiniment petits] ne peut avoir été
que très-subtil, et qu'il ne faudrait pas d'autre preuve
d'un grand génie que de l'avoir fait ; mais enfin il
vaut mieux ne l'avoir pas fait, et par rapport au
génie, et par rapport aux moeurs, ID. Leibnitz. Les
moeurs publiques devenues des scandales publics,
MASS. Carême, Motifs de conv. 11 ne faut pas être
étonné, si les législateurs de Lacédémone et de la
Chine confondirent les lois, les moeurs et les ma-
nières ; c'est que les moeurs représentent les lois, et
les manières représentent les moeurs, MONTESQ.
Esp. xix, 16. 11 y a cette différence entre les lois et
les moeurs, que les lois règlent plus les actions du
citoyen, et que les moeurs règlent plus les actions
de l'homme, ID. Esp. xix, 16. Il [Brutus] changera
de moeurs en changeant de fortune, VOLT. Jlf. de
Ces. i, l. Caton forma tes moeurs, Caton seul est
ton père, ID. Mort de Ces. ni, 2. Gouvernant sans
conquête, et régnant par les moeurs, ID. Orphel. iv,
2. Avant que de parler de moeurs, commençons par
déterminer les différentes idées qu'on attache à ce
terme; car, loin d'avoir des synonymes, il admet
plusieurs acceptions : dans la plus générale, il si-
gnifie les habitudes naturelles ou acquises pour le
bien et le mal, DUCLOS, Consid. moeurs, ch. l. Les
moeurs, en parlant d'un particulier et de sa vie pri-
vée, ne signifient autre chose que la pratique des
vertus morales, ou le dérèglement de la conduite,
suivant que ce terme est pris en bien ou en mal,
ID. ib. Je désigne ces actions de l'être intelligent
par les termes dictions morales ou, plus briève-
ment, par celui de moeurs, pour les distinguer des
actions purement machinales et de celles qui n'oiit
pas une liaison sensible avec la pratique ou le bon-
heur, BONNET, OEuv. mêlées, t. xvm, p. 326, dans
POUGENS. Il Certificat de vie et de moeurs, de vie et
moeurs, de bonne vie et moeurs, certilicat attestant
qu'il n'y a rien à reprocher à une telle personne.
|| Faire information de vie et moeurs, se dit de
l'autorité judiciaire ou autre qui prend des infor-
mations sur la conduite d'une personne. || 2° Ab-
solument. Moeurs se dit pour bonnes moeurs. N'a-
voir point de moeurs, en avoir de mauvaises.
Un homme, une femme sans moeurs. Les moeurs
sans épithète s'entendent toujours des bonnes
moeurs, DUCLOS, Consid. moeurs, ch. i. La sain-
teté, la paix, les moeurs vont disparaître, VOLT.
Olymp. II, 5. On n'est rien sans les moeurs, ID. Pé-
lopides, u, 2. Pesez, monsieur, ce mot de moeurs ;
j'ose vous dire que ni ma famille, ni mes amis, ni
la famille des Calas, ni celle des Sirven, ni la petite-
fille du grand Corneille ne m'accuseront de man-
quer de moeurs, m. Lett. Dorât, 28 janv. 1767.|| Cet
homme a des moeurs, c'est-à-dire il est sage, de con-
duite régulière. || Dans un sens plus restreint, avoir
des' moeurs, être d'une conduite régulière par rapport
aux femmes. Je connaîtrais un homme qui a des
moeurs entre cent mille débauchés, J. J. ROUSS. Ém.
iv. Le vice auprès des moeurs n'est jamais sans effroi,
DUCIS, Abufar, i, 2. || 3° Il se dit de la manière de
vivre, des usages, coutumes, préjugés, qui varient
chez les différents peuples et dans les différents
siècles. Autres temps, autres moeurs. 11 est bon de
savoir quelque chose des moeurs de divers peuples,
afin de juger des nôtres plus sainement, et que
nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos
modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont
coutume de faire ceux qui n'ont rien vu, DESC.
Méth. i, 8. La corruption de la raison paraît par
tant de différentes et extravagantes moeurs, PASC.
Pens. xxv, 90. Cette maxime, la plus générale de
toutes celles qui sont parmi les hommes, que cha-
cun suive les moeurs de son pays, ID. ib. ni, 8. Des
siècles, des pays étudiez les moeurs, BOIL. Art p. m..
Les moeurs, plus que les lois, font et caractérisent
une nation, DUCLOS, OEuvr. t. vi, p. 59. Les ama-
teurs de l'antiquité, ceux qui se plaisent à comparer
les génies des nations, verront avec plaisir combien
les moeurs, les usages du temps de Mahomet, d'A-
bubeker, d'Omar ressemblaient aux moeurs antiques
dont Homère a été le peintre fidèle, VOLT. Moeurs, 6.
Aux moeurs de l'Occident laissons cette bassesse,
ID. Zaïre, in, 7. Étudiez nos moeurs avant de les
blâmer; Ces moeurs sont vos devoirs : il faut s'y
conformer, ID. Alg. vi, 2. Les moeurs consistent dans
la conformité d'un grand nombre de volontés, DI-
DER. Opin. des anc. philos. (Thomasius). |[ Cela est,
n'est pas dans les moeurs de telle nation, c'est-à-dire
cela est, n'est pas conforme aux usages de telle nation.
Cette intempérance qui n'estplusmêmedenosmoeurs,
MASS. Avent, Noël. || 4° Les habitudes, les inclina-
tions des individus. Cet homme a des moeurs sim-
ples, des moeurs douces. Il était prêtre par son
zèle, par la gravité de ses moeurs, par l'innocence
de sa vie, BOSS. Rourgoing. Chaque âge a ses plai-
sirs, son esprit et ses moeurs, BOIL. Art p. m. Que
votre âme et vos moeurs, peintes dans vos ouvra-
ges, N'offrent jamais de vous que de nobles ima-
ges, ID. ib. iv. US" Les moeurs des animaux, les
habitudes naturelles des différentes espèces d'ani-
maux, les habitudes qui résultent de leur instinct.
Si un observateur aussi exact que M. de Manoncour
ne nous avait pas fait connaître les moeurs de cet
oiseau, il ne serait guère possible de le reconnaître
à la simple inspection pour un fourmilier, BUFF.
Ois. t. vm, p. 231. || 6" Terme de poétique. Ce qui
est conforme aux habitudes morales des pays, des
lieux, des personnages qui figurent dans un poëme,
dans une pièce de théâtre, etc. (on dit aujoujv
d'hui plus souvent couleur locale). Les moeurs sont
bien gardées dans cette tragédie, dans ce poème.
Vous savez en quel état se trouvait la scène fran-
çaise, lorsqu'il [Corneille] commença à travailler....
les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la
plupart des sujets extravagants et dénués de vrai-
semblance, point de moeurs, point de caractères,
RAC. Disc, à l'Acad. franc. On appellerait fausses
les moeurs d'un poëme dans lequel un auteur aurait
transféré aux Romains les usages, les coutumes,
le culte religieux et tous les préjugés des Grecs,
Mercure, 1717, janv. p. 31. Cette pièce de Thomp-
son, qui devait nous transporter dans les moeurs
poétiques du moyen âge, qui devait montrer un
roi d'Angleterre à la'croisade, sous les murs de
Ptolémaïs....viLLEMAiN, Littér. Tabl. du xnn° siècle,
2e partie, 2e Jeçon. || Terme de peinture. Le cos-
tume, les usages des différents temps, des diffé-
rents lieux. Les moeurs sont bien observées dans
ce tableau. || 7° Terme de rhétorique. La partie de
l'éloquence qui a pour objet ne gagner la confiance
des auditeurs. Dans la rhétorique, la probité, la mo-
destie, la bienveillance et la prudence, voilà les
moeurs que l'orateur doit constamment montrer, et
ce sont là les moeurs considérées dans l'orateur;
mais on doit les considérer aussi dans l'auditeur :
si Part prescrit à l'orateur de connaître les moeurs
de ceux à qui il parle,' c'est afin de proportionner
son discours à leur intelligence, à leurs senti-
ments, de remuer les passions qui leur sont le plus
familières, BATTEUX, Éléments de littérature.\\ Terme
de musique. Partie de la musique grecque qui en
fixait les convenances et l'utilité. || Proverbes. Les
honneurs changent les moeurs, c'est-à-dire un homme
dont la fortune s'élève se méconnaît et néglige ses.
amis qui sont demeurés dans la pauvreté. Tienne
qui voudra pour sentence Que les honneurs chan-
gent les moeurs; Je crois plutôt que les honneurs
Mettent les moeurs en évidence, PONS (de Verdun),
Réflexion. || Une fille suit les moeurs de sa mère,
c'est-à-dire l'exemple de sa mère la rend sage ou la
pousse au désordre.
— HIST. xne s. La grâce Deu vus fist enuindre e
coruner; Pur ce vous devez mult constraindre e
guverner, E tute nostre vie en buens murs afer-
mer, Que vus puissiez as autres buens essamples
duner, Th. le mart. 78. Cil fu bons emperere; Deus
li duna sa grâce; Saint Iglise l'eshauce ; il voit Deu
face à face; Li reis devreit ensivre et ses mors et sa
trace, ib. 91 ||xnr s. Humles et frans, de boines
mours, Très gentix et de grans honors, Amadas et
Ydoine, ms. 6987. Convenence qui est fête contre
bonnes meurs.... ne sunt pas à tenir, BEAUM. XXXIV,
24. Qui porroit toutes ces mours traire El cuer à un
riche jone home, Hon en feroit bien un preudome,"
RHTEB. 52. Honors muent et varient les mors, Prov.
ruraus et vulgaus. Tiex [telles] mors avoir doivent
et seulent [ont coutume], Qui parfetement amer
veulent, 7a Rose, v. 4717. ||xive s. Amisté qui est
selon bonnes meurs est amisté selon soy et est per-
manente et durable, ORESME, Eth. 258. U congnoist
les meurs de son ami et scet en queles choses il se
delette, ID. ib. 290. Quant l'en veult user de astro-
logie pour avoir congnoissance des choses avenir,
ce est contre philosophie et aussi contre bonnes
meurs, le Songe du vergier, i, 186. ]|xves. S'en soy
meismes [il] ne povoit refréner Les meurs mauvais
de sa cdndicion, E. DESCH. Des vertus nécess. au
pfince.|| xvie s. Les Grecs transportèrent ce nom [bar-
bare] aux meurs brutaux et cruelz, appelant toutes
nations hors la Grèce, barbares, DU BELLAY, Deffense
de la langue franc, i, l.
— ÉTYM. Provenç. mor, s. f. ; du lat. mos, ma-
ris, mores, habitude, moeurs, qui se rattache au
sanscrit ma, mesurer, faire.
MOFETTE (mo-fè-f), s. f. |[ 1° Terme d'ancienne
MOE
MOF
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piqué, moellon travaillé avec la pointe, et servant
aux puits, aux voûtes, aux fossés, etc. || Moellon
gisant, celui qui a le plus de lit, et où il y a moins
à tailler pour le façonner. || Moellon de plat, celui
qui est posé sur son lit dans les murs qu'on élève à
plomb. || Moellon en coupe, celui qui est posé de
champ dans-la construction des voûtes. || Mauvais
- moellon, sorte de calcaire tendre. || 2° Dans les
manufactures de glaces, dalle, pierre dont on se
sert pour polir et qu'on fait mouvoir en tous sens,
avec interposition d'eau et de sable ou de poudre
usante, sur la face des pièces de marbre, des glaces,
des miroirs, etc.
— HIST. xive s. En la ville y avoit un nohile
donjon ; 11 ruèrent tout jus la pierre et le moilon,
X la fin que François n'y prennent mansion, Guescl.
Y. 21365. || xvie s. Es carrières de Paris, lesdites
pierres tendres sont appelées môilons, à cause
qu'elles sont mal condensées, PALISSY, 292. Ne
pourront estre basties.... d'autres matières que de
pierres de taille, bricques, ou massonerie de moi-
lon, nu pierres, Ordonn. janv. 1660.
— ÉTYM. Wallon, môielon, môlion; Hainaut,
molon. Origine incertaine. Palissy, comme on voit
à l'historique, le tire de moelle, à cause que cette
pierre est tendre. Scheler est disposé à y rapporter
l'espagnol mnj'on, le sarde mullone, pierre servant de
borne, tas. "Grandgagnage le tire du verbe wallon
môieler, môlier, qui veut dire bloquer, remplir de
pierres ; lequel verbe, à son tour, vient de môie,
meule de foin (voy. MEULE '2). U y a dans le lan-
gage de la maçonnerie le mot moye qui signifie
la partie tendre d'une pierre dure ; moe77on y tient-
il ? On remarquera que l'historique n'a pas de textes
au delà du xiV siècle, et que moellon, écrit toujours
moilon, n'est que de deux syllabes, ce qui concorde
mal avec l'étymologie par moelle.
t MOELLONAILLE (moi-lo-nâ-lP, 77 mouillées),
s. /. Menus moellons.
t MOELLONIER (moi-lo-nié), s. m. Coin dont on
se sert pour diviser ia pierre.
— ÉTYM. Jtfoelion.
-j- MOETTES (mo-è-t')%s. f. Terme d'agriculture.
Tenailles en bois à longs mancherons, dont on se
sert pour échardonner.
MOEUF (meuf), s. m. Terme de-grammaire. An-
cien nom des modes des verbes. S'il s'agit de grec,
surtout dans les commencements, il faut que le ré-
pondant soit en état de rendre raison de chaque
mot, où il est, en quel sens et pourquoi, en quel
temps, en quel moeuf.... ROLLIN, OEuvr. t.-jn,p. 300,
éd. F1RMIN DIDOT, 1846.
— HIST. xive s. Musique ou armonie selon tel
meuf. Meuf doriste [dorien], frigiste [phrygien], etc.
ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Lat. modus, mode (voy. MODE i); le d
ou f changé en /, changement rare, mais dont on a
un autre exemple dans soif de sitis.
MOEURS (meur; plusieurs prononcent meurs',
en faisant sentir l's, ce n'est pas une bonne pro-
nonciation; l's ne se lie pas : des meur honnêtes;
cependant quelques-uns la lient : des meur-z hon-
nêtes) , s. /. pi. || 1° Habitudes considérées par rap-
port au bien ou au mal dans la conduite de la vie.
De mauvaises moeurs. La France devant [avant] ces
orages, Pleine de moeurs et de courages Qu'on ne
pouvait assez louer, MALH. II, 4. Enfin chez les chré-
tiens les moeurs sont innocentes, CORN. Poly. iv, 6.
Ô temps, ô moeurs ! j'ai beau crier, Tout le monde
se fait payer, LA FONT. Fabl. xn, 6. La réforma-
tion des moeurs, PASC. Pens. xxm, 44, édit. HAVET.
La science des choses extérieures ne me consolera
pas de l'ignorance de la morale au temps d'afflic-
t on ; mais la science des moeurs me consolera tou-
jours de l'ignorance des sciences.extérieures, ID. ib.
vi, 41. L'Église fera unp assemblée d'hommes dont
les moeurs extérieures soient si pures, qu'elles con-
fondent les moeurs des païens, ID. Pens. xxiv, 62.
Jouissez de votre dépense, sans en faire une plus
grande, qui serait superflue et contre les bonnes
moeurs dont nous faisons profession, SÉV. 13 juin
1685. D'où lui viennent [à l'esprit] ces règles im-
muables qui dirigent le raisonnement, qui forment
les moeurs, par lesquelles il découvre les propor-
tions secrètes des figures et des monuments? BOSS.
Connaiss. iv, 9. Vous ne l'avez pas [la .foi].... c'est
pourquoi tout tombe en ruine dans vos moeurs, m.
Mar.-Thér. Nos fausses pénitences qui ne sont suivies
d'aucun changement de nos moeurs, m. ib. Ce sont
de jeunes gens dont les moeurs sont assez réglées,
BOURD. Pensées, t. ii, p. 370. Ses moeurs avaient
toujours été telles que les forment un grand atta-
chement à l'étude et l'heureuse privation du com-
merce du monde, FONTEN. Ro7Je. Il est vrai que ce vol
[du calcul des infiniment petits] ne peut avoir été
que très-subtil, et qu'il ne faudrait pas d'autre preuve
d'un grand génie que de l'avoir fait ; mais enfin il
vaut mieux ne l'avoir pas fait, et par rapport au
génie, et par rapport aux moeurs, ID. Leibnitz. Les
moeurs publiques devenues des scandales publics,
MASS. Carême, Motifs de conv. 11 ne faut pas être
étonné, si les législateurs de Lacédémone et de la
Chine confondirent les lois, les moeurs et les ma-
nières ; c'est que les moeurs représentent les lois, et
les manières représentent les moeurs, MONTESQ.
Esp. xix, 16. 11 y a cette différence entre les lois et
les moeurs, que les lois règlent plus les actions du
citoyen, et que les moeurs règlent plus les actions
de l'homme, ID. Esp. xix, 16. Il [Brutus] changera
de moeurs en changeant de fortune, VOLT. Jlf. de
Ces. i, l. Caton forma tes moeurs, Caton seul est
ton père, ID. Mort de Ces. ni, 2. Gouvernant sans
conquête, et régnant par les moeurs, ID. Orphel. iv,
2. Avant que de parler de moeurs, commençons par
déterminer les différentes idées qu'on attache à ce
terme; car, loin d'avoir des synonymes, il admet
plusieurs acceptions : dans la plus générale, il si-
gnifie les habitudes naturelles ou acquises pour le
bien et le mal, DUCLOS, Consid. moeurs, ch. l. Les
moeurs, en parlant d'un particulier et de sa vie pri-
vée, ne signifient autre chose que la pratique des
vertus morales, ou le dérèglement de la conduite,
suivant que ce terme est pris en bien ou en mal,
ID. ib. Je désigne ces actions de l'être intelligent
par les termes dictions morales ou, plus briève-
ment, par celui de moeurs, pour les distinguer des
actions purement machinales et de celles qui n'oiit
pas une liaison sensible avec la pratique ou le bon-
heur, BONNET, OEuv. mêlées, t. xvm, p. 326, dans
POUGENS. Il Certificat de vie et de moeurs, de vie et
moeurs, de bonne vie et moeurs, certilicat attestant
qu'il n'y a rien à reprocher à une telle personne.
|| Faire information de vie et moeurs, se dit de
l'autorité judiciaire ou autre qui prend des infor-
mations sur la conduite d'une personne. || 2° Ab-
solument. Moeurs se dit pour bonnes moeurs. N'a-
voir point de moeurs, en avoir de mauvaises.
Un homme, une femme sans moeurs. Les moeurs
sans épithète s'entendent toujours des bonnes
moeurs, DUCLOS, Consid. moeurs, ch. i. La sain-
teté, la paix, les moeurs vont disparaître, VOLT.
Olymp. II, 5. On n'est rien sans les moeurs, ID. Pé-
lopides, u, 2. Pesez, monsieur, ce mot de moeurs ;
j'ose vous dire que ni ma famille, ni mes amis, ni
la famille des Calas, ni celle des Sirven, ni la petite-
fille du grand Corneille ne m'accuseront de man-
quer de moeurs, m. Lett. Dorât, 28 janv. 1767.|| Cet
homme a des moeurs, c'est-à-dire il est sage, de con-
duite régulière. || Dans un sens plus restreint, avoir
des' moeurs, être d'une conduite régulière par rapport
aux femmes. Je connaîtrais un homme qui a des
moeurs entre cent mille débauchés, J. J. ROUSS. Ém.
iv. Le vice auprès des moeurs n'est jamais sans effroi,
DUCIS, Abufar, i, 2. || 3° Il se dit de la manière de
vivre, des usages, coutumes, préjugés, qui varient
chez les différents peuples et dans les différents
siècles. Autres temps, autres moeurs. 11 est bon de
savoir quelque chose des moeurs de divers peuples,
afin de juger des nôtres plus sainement, et que
nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos
modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont
coutume de faire ceux qui n'ont rien vu, DESC.
Méth. i, 8. La corruption de la raison paraît par
tant de différentes et extravagantes moeurs, PASC.
Pens. xxv, 90. Cette maxime, la plus générale de
toutes celles qui sont parmi les hommes, que cha-
cun suive les moeurs de son pays, ID. ib. ni, 8. Des
siècles, des pays étudiez les moeurs, BOIL. Art p. m..
Les moeurs, plus que les lois, font et caractérisent
une nation, DUCLOS, OEuvr. t. vi, p. 59. Les ama-
teurs de l'antiquité, ceux qui se plaisent à comparer
les génies des nations, verront avec plaisir combien
les moeurs, les usages du temps de Mahomet, d'A-
bubeker, d'Omar ressemblaient aux moeurs antiques
dont Homère a été le peintre fidèle, VOLT. Moeurs, 6.
Aux moeurs de l'Occident laissons cette bassesse,
ID. Zaïre, in, 7. Étudiez nos moeurs avant de les
blâmer; Ces moeurs sont vos devoirs : il faut s'y
conformer, ID. Alg. vi, 2. Les moeurs consistent dans
la conformité d'un grand nombre de volontés, DI-
DER. Opin. des anc. philos. (Thomasius). |[ Cela est,
n'est pas dans les moeurs de telle nation, c'est-à-dire
cela est, n'est pas conforme aux usages de telle nation.
Cette intempérance qui n'estplusmêmedenosmoeurs,
MASS. Avent, Noël. || 4° Les habitudes, les inclina-
tions des individus. Cet homme a des moeurs sim-
ples, des moeurs douces. Il était prêtre par son
zèle, par la gravité de ses moeurs, par l'innocence
de sa vie, BOSS. Rourgoing. Chaque âge a ses plai-
sirs, son esprit et ses moeurs, BOIL. Art p. m. Que
votre âme et vos moeurs, peintes dans vos ouvra-
ges, N'offrent jamais de vous que de nobles ima-
ges, ID. ib. iv. US" Les moeurs des animaux, les
habitudes naturelles des différentes espèces d'ani-
maux, les habitudes qui résultent de leur instinct.
Si un observateur aussi exact que M. de Manoncour
ne nous avait pas fait connaître les moeurs de cet
oiseau, il ne serait guère possible de le reconnaître
à la simple inspection pour un fourmilier, BUFF.
Ois. t. vm, p. 231. || 6" Terme de poétique. Ce qui
est conforme aux habitudes morales des pays, des
lieux, des personnages qui figurent dans un poëme,
dans une pièce de théâtre, etc. (on dit aujoujv
d'hui plus souvent couleur locale). Les moeurs sont
bien gardées dans cette tragédie, dans ce poème.
Vous savez en quel état se trouvait la scène fran-
çaise, lorsqu'il [Corneille] commença à travailler....
les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la
plupart des sujets extravagants et dénués de vrai-
semblance, point de moeurs, point de caractères,
RAC. Disc, à l'Acad. franc. On appellerait fausses
les moeurs d'un poëme dans lequel un auteur aurait
transféré aux Romains les usages, les coutumes,
le culte religieux et tous les préjugés des Grecs,
Mercure, 1717, janv. p. 31. Cette pièce de Thomp-
son, qui devait nous transporter dans les moeurs
poétiques du moyen âge, qui devait montrer un
roi d'Angleterre à la'croisade, sous les murs de
Ptolémaïs....viLLEMAiN, Littér. Tabl. du xnn° siècle,
2e partie, 2e Jeçon. || Terme de peinture. Le cos-
tume, les usages des différents temps, des diffé-
rents lieux. Les moeurs sont bien observées dans
ce tableau. || 7° Terme de rhétorique. La partie de
l'éloquence qui a pour objet ne gagner la confiance
des auditeurs. Dans la rhétorique, la probité, la mo-
destie, la bienveillance et la prudence, voilà les
moeurs que l'orateur doit constamment montrer, et
ce sont là les moeurs considérées dans l'orateur;
mais on doit les considérer aussi dans l'auditeur :
si Part prescrit à l'orateur de connaître les moeurs
de ceux à qui il parle,' c'est afin de proportionner
son discours à leur intelligence, à leurs senti-
ments, de remuer les passions qui leur sont le plus
familières, BATTEUX, Éléments de littérature.\\ Terme
de musique. Partie de la musique grecque qui en
fixait les convenances et l'utilité. || Proverbes. Les
honneurs changent les moeurs, c'est-à-dire un homme
dont la fortune s'élève se méconnaît et néglige ses.
amis qui sont demeurés dans la pauvreté. Tienne
qui voudra pour sentence Que les honneurs chan-
gent les moeurs; Je crois plutôt que les honneurs
Mettent les moeurs en évidence, PONS (de Verdun),
Réflexion. || Une fille suit les moeurs de sa mère,
c'est-à-dire l'exemple de sa mère la rend sage ou la
pousse au désordre.
— HIST. xne s. La grâce Deu vus fist enuindre e
coruner; Pur ce vous devez mult constraindre e
guverner, E tute nostre vie en buens murs afer-
mer, Que vus puissiez as autres buens essamples
duner, Th. le mart. 78. Cil fu bons emperere; Deus
li duna sa grâce; Saint Iglise l'eshauce ; il voit Deu
face à face; Li reis devreit ensivre et ses mors et sa
trace, ib. 91 ||xnr s. Humles et frans, de boines
mours, Très gentix et de grans honors, Amadas et
Ydoine, ms. 6987. Convenence qui est fête contre
bonnes meurs.... ne sunt pas à tenir, BEAUM. XXXIV,
24. Qui porroit toutes ces mours traire El cuer à un
riche jone home, Hon en feroit bien un preudome,"
RHTEB. 52. Honors muent et varient les mors, Prov.
ruraus et vulgaus. Tiex [telles] mors avoir doivent
et seulent [ont coutume], Qui parfetement amer
veulent, 7a Rose, v. 4717. ||xive s. Amisté qui est
selon bonnes meurs est amisté selon soy et est per-
manente et durable, ORESME, Eth. 258. U congnoist
les meurs de son ami et scet en queles choses il se
delette, ID. ib. 290. Quant l'en veult user de astro-
logie pour avoir congnoissance des choses avenir,
ce est contre philosophie et aussi contre bonnes
meurs, le Songe du vergier, i, 186. ]|xves. S'en soy
meismes [il] ne povoit refréner Les meurs mauvais
de sa cdndicion, E. DESCH. Des vertus nécess. au
pfince.|| xvie s. Les Grecs transportèrent ce nom [bar-
bare] aux meurs brutaux et cruelz, appelant toutes
nations hors la Grèce, barbares, DU BELLAY, Deffense
de la langue franc, i, l.
— ÉTYM. Provenç. mor, s. f. ; du lat. mos, ma-
ris, mores, habitude, moeurs, qui se rattache au
sanscrit ma, mesurer, faire.
MOFETTE (mo-fè-f), s. f. |[ 1° Terme d'ancienne
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