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MIN
MIN
MIN
— ÉTYM. Lat. mina, du grec p.vâ, contraction
de p.(va, Le mot n'est pas grec, mais égyptien.
MINÉ, EE (mi-né, née), part, passé de miner.
Sous lequel on a creusé une mine. Un bastion miné.
|| Fig. Voilà la puissance infinie de Dieu sauvée ;
mais voilà aussi le principe fondamental de l'auteur
[Malebranche] miné sans ressource,FÉN, t. m,p. 55.
t MINEL (mi-nèl) DU CANADA, s. m. Un des noms
donnés au cerisier canadien, appelé aussi ragoumi-
nier, et, dans son pays, nega.
MINER(mi-né),«.a. || 1° Anciennement, creuser le
dessous d'une muraille pour la faire écrouler. || Au-
jourd'hui, creuser le dessous d'une muraille, trouer
un roc, pour y loger une mine. En cet instant, le
bruit se répand que le Kremlin est miné ; des Russes
l'ont dit, des écrits l'attestent, SËGUR, jïist. de JVap.
TIII, 6. |{ 2° Creuser, caver lentement. En supposant
qu'elle [la mer] avance toujours également, elle mi-
nerait mille toises, ou une petite demi-lieue de moel-
lon en douze mille ans, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor.
de la terre, OEuv. t. n, p. 44i. || 3° Fig. Consumer,
ruiner peu à peu. Au lieu qu'on nous mange, on
nous gruge, On nous miné par des longueurs, LA
FONT. Fabl. i, 21. Ce mal dont la peur vous mine
et vous consume, ID. Coupe. Tel est le caractère
de ce vice de laisser dans le coeur un fond de tris-
tesse qui le niine, quilesuit partout, MASS. Carême,
Enf. prod. Elles [les petites fautes] minent peu à
peu cette habitude de sainteté, ID. Carême, Fautes
légères. Un chagrin qui nous mine et nous dessèche,
ID. Panég. St Franc, ie Paule. Une fièvre brû-
lante, attaquant tes ressorts, Vient à pas inégaux
miner ton faible corps, VOLT. Disc. 2. Tandis que les
croisés fondaient sur la Syrie, les Turcs minaient
les Arabes, ID. jtfoewrs, 68. || 4° Terme d'agriculture.
Défoncer un sol pierreux. || 5° Se miner, v. réfl.
Etre miné, consumé. Souvent le vain orgueil parla
se déracine, L'amour-propre se mine, Et fait place
aux vertus avec facilité, CORN. Imit. u, 2. TJnjoueur
dont la fortune, exposée chaque jour aux coups du
hasard, se mine peu à peu et se trouve enfin néces-
sairement détruite, n'a ttribue ces pertes qu'à ce même
hasard qu'il accuse d'injustice, BUFF. Ess. arith. mor.
— HIST. xiie s. Tant ont miné souz terre chascun
à son cisel, Que des murs de Cologne ont trait maint
grant carrel, Saxons, ix. || xni' s. En la fin lor fu ren-
due [une ville], et la lisent miner et boutèrent le feu
dedens, CTir. de Rains, 184. ||xive s. Helas, dame,
je vous ay tant chieri, En désirant de merci la dou-
çoùr, Que je n'ay mais sens ne pooir en mi, Tant
m'ont miné mi soupir et mi plour, MACHAUT, p. 66.
Quand elle [la femme] a fait de l'homme tout ce
qu'elle vorra, Et elle l'a miné si bien que rien n'i
a, Dont lui tourne le dos, à un autre s'en va, Baud.
dé Séb. vi, 606. || xv' s. Voirement, il n'est nul sire
chrétien.... qui hors de leur pays puissent trois ni
quatre ans tenir tel peuple de gens d'armes.... que
il ne fust tout usé et miné de chevance et de fi-
nance, FROISS. U, II, 136. |J xvi* s. Je voy que Peau
par temps le marbre myhe, J. MAROT, V, 263. H
pouvoit miner ses ennemis, indiscrètement advan-
cez en ses terres, MONT, III, 93.
— ÉTYM. Provenç; espagn. et portug. minar ;
ital. minore. On a indiqué le celtique : gaél. mein-,
meiun, meun,mine; kymri, mmii; irl. minn.Diez
pense qu'il n'y a pas lieu de s'écarter ici du latin;
miner est minare, qui a donné mener, et qui a
pris ici un sens spécial : mener Un travail, une
fouille. X la vérité il y a une difficulté dans la
voyelle, et on devrait dire mener, non miner; mais
on trouve en effet dans le provençal mena, mine, à
côté de mina, et meniera pour minière ; et les deux
formations mener et miner ont pu coexister. Au
contraire, Rossignol pense que le mot primitif est
nw'niéVe, du latin miniaria, mine de minium, puis
généralisé pour signifier toute espèce de mine. Il
est en effet très-tentant de dériver minière dé mi-
niâfià; d'autant plus que minium se disait mine
dans l'ancienne langue (vôy. MINIUM). Cela parait
plus probable que minare. Mine [minttim] se sera
généralisé eh toute espèce de métal; d'où miner.
MINERAI (mi-ne-rè), s. m. En minéralogie,
toute substance qui renferme un métal. Nous nom-
merons minerais les espèces métalliques qui résul-
tent de la combinaison d'un métal avec un minéra-
lisateur, AL. BRONGNIART, Traité de minir. t. n,
p. 82; dans POUGENS. ||En métallurgie, toute sub-
stance métallifère formée d'un où dé plusieurs mé-
taux et de gangue. Laver, broyer, fondre lé minerai.
—*REM. D'après l'Académie, on né dit point un
minerai d'or, Un minerai de cuivre ; il faut dire une
mine d'or, une mine dé cuivre. Cela n'est point
exact, car on trouve cet emploi du mot minerai dans
de bons auteurs : La pyrite jaune n'est qu'un mine-
rai de cuivre ; la pyrite martiale, un minerai de fer,
BUFF. Jlfin. t. VIII, p. 2. Le minerai dans lequel l'or
est renfermé est presque partout une pyrite jaune
sulfureuse, SAUSSURE, FOU. Alpes, t. vin, p. 39,
dans POUGENS. Sur cette remarque de l'Académie,
Legoarant observe que le terme minerai reçott toute
l'extension possible ; mais qu'on dit beaucoup plus
rarement un minerai que du minerai, un morceau,
un échantillon de minerai d'or, etc.
— ÉTYM. Ce mot, qui n'a pas d'historique et qui
dérive de mine 2, paraît être une altération de mi-
neraille, qui s'est dit au xvi' siècle (voy. MINÉRAL).
MINÉRAL (mi-né-ral). || 1° S. m. Tout corps non
organisé, qui se trouve dans l'intérieur de la terre
ou à sa surface, tels que métaux, pierres, substances
combustibles. Les minéraux et les végétaux. Le mi-
néral n'est qu'une matière brute, inactive, insensi-
ble, n'agissant que par la contrainte des lois de la
mécanique, n'obéissant qu'à la force généralement
répandue dans l'univers, sans organisation, sans
puissance, BUFF. Hist. anim. ch. i, OEuv. t. m,
p. 8. Les caractères ou propriétés communes dis-
tinctives des minéraux se réduisent aux deux sui-
vantes : croître par juxtaposition ; être composés de
parties similaires, AL. BRONGNIART, Traité min. t. i,
p. 6, danspouGENS.|| Minéraux accidentels, minéraux
dont les gîtes existent dans les roches d'une manière
accidentelle et secondaire.|| Terme de géologie. Les
minéraux, les éléments constitutifs des roches.
|| 2° Adj". Qui appartient aux minéraux. Les compo-
sés minéraux. Une substance minérale. || Règne mi-
néral, ensemble de tous les corps dépourvus d'or-
ganisation. |! Etux minérales, eaux naturelles,
chaudes ou froides, qui sortent de la terre impré-
gnées de quelques substances minérales, et dont on
se sert pour la guérison de diverses maladies. Il
abolit des tributs qu'il trouvait établis sur les no-
minations aux chaires royales de professeur en mé-
decine et sur les intendances des eaux minérales
du royaume, FONTEN. Fagon.
— REM. Minerai n'a point d'accent, et minéral
en a un ; l'usage l'a voulu ainsi.
— HIST. xvie s. Poudres minérales, PARÉ, X, I».
De la terre au large sein Tire de soigneuse main
Cant sortes de minerailles, R. BELLEAU, Poésies, 1.1,
p. 46, dans LACURNE.
— ÊTYM. Bas-lat. minérale, dérivé de minera,
minière.
t MINERALISABLE (mi-né-ra-li-za-bP), adj.
Terme de minéralogie. Corps minéralisables, corps
qui, pour se réunir entre eux, ont besoin de l'ac-
tion médiate d'autres corps dits minéralisateurs.
— ÊTYM. Minéraliser.
MINÉRALISATEUR (mi-né-ra-li-za-teur), s. m.
Terme de chimie et de minéralogie. Corps qui en
minéralisé un autre, c'est-à-dire qui le fait passer de
l'état de métalàl'état déminerai. Ce sel [Pârsenic],
acre et corrosif, est l'un des plus puissants minéra-
lisateurs par l'action qu'il exerce sur les métaux,
BUFF. Jlfin. t. vi, p. 66. Le nom de mines suppose
des métaux combinés avec quelque substance étran-
gère qui masque -leurs propriétés et qu'on a nom-
mée minéralisateur, FOURCROY, Connaiss. chim.
t. v, p. 25, dans POUGENS. j| Adj. Minéralisateur,
minéralisatrice. Substances minéralisatrices, nom
donné principalement au soufre et àl'oxygène, parce
qu'en se combinant aux métaux, ils en altèrent pro-
fondément les caractères et les changent en minerais.
— ÉTYM. Minéraliser.
MINÉRALISATION (mi-né-ra-li-za-sion), s. f.
[| 1° Terme de chimie et de minéralogie. Transfor-
mation des métaux en minerais. X l'exception de
Por qui se trouve presque toujours dans l'état de
métal, tous, les autres métaux se présentent
le plus souvent dans l'état de minéralisation,
BUFF. jlfin. t. iv. Si l'on veut avoir Une idée
nette de ce que signifie le mot de minéralisa-
tion, on ne peut l'interpréter que par celui de
l'altération que certaines substances actives pro-
duisent sur les minéraux métalliques, ID. ib. t. vi,
p. 69. || 2° Combinaison de substances métalliques
avec les eaux de source. La minéralisation de ces
eaux est faible. Je me rappelle les plaintes philoso-
phiques de mes premiers maîtres, Macquer, Roux
etBucquet, sur l'impossibilité de découvrir l'origine
de la minéralisation des eaux, FOURCROY, Con-
naiss. chim. t. ï, p. 13, dans POUGENS.
— ÊTYM. Minéraliser.
MINÉRALISÉ, ËE (mi-né-fâ-li-zé, zée), port.
passé de miuéîalisër. La quantité dès métaux purs
est très-petite en comparaison dé celle des métaux
minéralisés, BUFF. Jlfin. t. iv, p. 1. L'argent se trouve
assez souvent, comme l'or, dans l'état de métal pur;
mais il est encore plus souvent mêlé avec le plomb,
ou minéralisé, c'est-à-dire altéré par les sels de ia
terre, ID. ib. t. v, p. 278.
MINÉRALISER (mi-né-ra-li-zé), v. a. Terme de
chimie et de minéralogie. Tranformer en minéral
ou en minerai.
— ÉTYM. Minéral, et la finale iser, qui signifie
faire, réduire en.
f MINÉRALISTE (mi-né-ra-li-sf), s. m. Syno-
nyme peu usité de minéralogiste.
— ÊTYM. Minéral.
MINÉRALOGIE (mi-né-ra-lo-jie), s. f. Partie de
l'histoire naturelle qui traite des minéraux, c'est-à-
dire des combinaisons non organiques des éléments
telles qu'elles se trouvent dans lanature. Depuis que
la minéralogie s'est éclairée du flambeau de la chimie
et de la physique, elle a fait des progrès rapides.
LELIÈVRE, Instit. Mém. scienc. t. v, p. 383. || Livre,
traité de minéralogie. La Minéralogie de Beudant.
— ÉTYM. Minéral, et Aoyoç, traité.
MINÉRALOGIQUE (mi-né-ra-lo-ji-k'), adj. Qui a
rapport àla minéralogie. || Étude minéralogique d'un
corps, description de ses caractères dans son état de
nature.
t MINËRALOGIQUEMENT ( mi-né-ra-lo-ji-ke-
man), adv. Ds.ns le langage minéralogique.
MINÉRALOGISTE (mi-né-ra-lo-ji-sf), s.m. Celui
qui connaît la minéralogie. La minéralogie étant
une branche de l'histoire naturelle, les mêmes
principes qui dirigent les naturalistes en général,
doivent diriger aussi le minéralogiste, AL. BRON-
GNIART, Traité déminer, t.-i, p. 2. || On dit quel-
quefois, mais rarement, minéralogue.
t MINÉRALURGIE (mi-né-ra-lur-jie), s. f. Art.
de traiter les minéraux pour les rendre plus utiles.
La minéralurgie convertit en chaux vive les carbo-
nates de chaux.
— ÉTYM. Minéral, et Êpyov, oeuvre, travail,
•t MLNÉRALURGIQUE (mi-né-ra-lur-ji-k'), adj.
Qui appartient à la minéralurgie.
t MINERIE (mi-ne-rie), s. f. Etat misérable. C'est
une minerie et la chose du monde la plus malsaine,
SÉV. 388.
— ÉTYM. Miner.
t MINÉROGRAPHEE (mi-né-ro-gra-fie), s. f. Des-
cription des minéraux.
— ÉTYM; Minéral, etypâçeiv, décrire,
t M1NERVAL, ALE (mUnèr-val, va-P) ou MINER-
VIEN, IENNE (mi-nèr-viin, viè-n'), adj. Qui appar-
tient, qui est consacré à Minerve. |j S. m. Minerval,
dans quelques collèges d'Allemagne et des Pays-
Bas, rétribution payée par les élèves externes.
— ÉTYM. Lat. Minerva, Minerve, et minerwai, sa-
laire donné au maître par l'écolier.
MINERVE (mi-nèr-v'), s. f. || 1° Nom, chez les
Romains, de la déesse de la sagesse. || Poétique-
ment , arbre de Minerve ou de Pallas, l'olivier que
cette déesse fit naître. Fruit de Minerve ou de Pal-
las, l'olive. Oiseau de Minerve, le hibou. || Rimer
malgré Minerve, faire de mauvais vers. Maudit soit
l'auteur dur dont l'âpre et rude verve, Son cerveau
tenaillant, rima malgré Minerve.... BOIL. Épigr. xiv.
|| 2° Par extension, tête, cervelle. Une douzaine
de flandrins fatiguer leur minerve à maintenir un
intarissable flux de paroles; la belle occupation!
j. J. ROUSS. Conf. Y. || On ne met point de majus-
cule en ce dernier sens. || 3° Fig. Femme aussi sage
que belle (on met une majuscule). || Femme instruite
ou adroite au travail. || 4° Appareil orthopédique
destiné à redresser la tête en cas de déviation- cau-
sée par la contracture des muscles du cou.
— ÉTYM. Lat. Minerva, qui tenait au verbe me-
nervare, avertir, soigner (promenervat dans les
chants saliens).
f MlNERVIKN, voy. MINERVAL.
f MlNERVIUM (mi-nèr-vi-om'), s. m. Terme
d'antiquité. Temple de Minerve.
MINET, MINETTE (mi-nè3 nè-t')* s. m. et [.
|| 1° Petit chat, petite chatte. Tu réveilles ta maî-
trësse, Minette, par tes longs Cris, BÉRANG. Chatte^ || Il
se dit aussi, en termes d'amitié, aux petites filles,
jeunes filles, jeunes femmes. Oui, minette, je leferai.
|| On dit quelquefois minêt en parlant d'un jeune
garçon Qu'on l'aimait fort [le jeune Grignan],
qu'on prenait quelquefois la liberté de l'appeler le
petit matou, d'autres, plus polis, à cause de la jeu-
nesse, le minet, SÉV. 4 févr. 1689. ||2° Dès le patron
minet, voy. PATRÔS.
-^ HIST. XVe s. Mais tdtis ses mots ne me sont
que ihiflettes [petites initiés] Que souvent font les
j dames Sâdinettês Aux pâùvrèS sots qui ne sont pas
rusez, 7e Loyer des folles amours, p. 322, dans LA-
MIN
MIN
MIN
— ÉTYM. Lat. mina, du grec p.vâ, contraction
de p.(va, Le mot n'est pas grec, mais égyptien.
MINÉ, EE (mi-né, née), part, passé de miner.
Sous lequel on a creusé une mine. Un bastion miné.
|| Fig. Voilà la puissance infinie de Dieu sauvée ;
mais voilà aussi le principe fondamental de l'auteur
[Malebranche] miné sans ressource,FÉN, t. m,p. 55.
t MINEL (mi-nèl) DU CANADA, s. m. Un des noms
donnés au cerisier canadien, appelé aussi ragoumi-
nier, et, dans son pays, nega.
MINER(mi-né),«.a. || 1° Anciennement, creuser le
dessous d'une muraille pour la faire écrouler. || Au-
jourd'hui, creuser le dessous d'une muraille, trouer
un roc, pour y loger une mine. En cet instant, le
bruit se répand que le Kremlin est miné ; des Russes
l'ont dit, des écrits l'attestent, SËGUR, jïist. de JVap.
TIII, 6. |{ 2° Creuser, caver lentement. En supposant
qu'elle [la mer] avance toujours également, elle mi-
nerait mille toises, ou une petite demi-lieue de moel-
lon en douze mille ans, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor.
de la terre, OEuv. t. n, p. 44i. || 3° Fig. Consumer,
ruiner peu à peu. Au lieu qu'on nous mange, on
nous gruge, On nous miné par des longueurs, LA
FONT. Fabl. i, 21. Ce mal dont la peur vous mine
et vous consume, ID. Coupe. Tel est le caractère
de ce vice de laisser dans le coeur un fond de tris-
tesse qui le niine, quilesuit partout, MASS. Carême,
Enf. prod. Elles [les petites fautes] minent peu à
peu cette habitude de sainteté, ID. Carême, Fautes
légères. Un chagrin qui nous mine et nous dessèche,
ID. Panég. St Franc, ie Paule. Une fièvre brû-
lante, attaquant tes ressorts, Vient à pas inégaux
miner ton faible corps, VOLT. Disc. 2. Tandis que les
croisés fondaient sur la Syrie, les Turcs minaient
les Arabes, ID. jtfoewrs, 68. || 4° Terme d'agriculture.
Défoncer un sol pierreux. || 5° Se miner, v. réfl.
Etre miné, consumé. Souvent le vain orgueil parla
se déracine, L'amour-propre se mine, Et fait place
aux vertus avec facilité, CORN. Imit. u, 2. TJnjoueur
dont la fortune, exposée chaque jour aux coups du
hasard, se mine peu à peu et se trouve enfin néces-
sairement détruite, n'a ttribue ces pertes qu'à ce même
hasard qu'il accuse d'injustice, BUFF. Ess. arith. mor.
— HIST. xiie s. Tant ont miné souz terre chascun
à son cisel, Que des murs de Cologne ont trait maint
grant carrel, Saxons, ix. || xni' s. En la fin lor fu ren-
due [une ville], et la lisent miner et boutèrent le feu
dedens, CTir. de Rains, 184. ||xive s. Helas, dame,
je vous ay tant chieri, En désirant de merci la dou-
çoùr, Que je n'ay mais sens ne pooir en mi, Tant
m'ont miné mi soupir et mi plour, MACHAUT, p. 66.
Quand elle [la femme] a fait de l'homme tout ce
qu'elle vorra, Et elle l'a miné si bien que rien n'i
a, Dont lui tourne le dos, à un autre s'en va, Baud.
dé Séb. vi, 606. || xv' s. Voirement, il n'est nul sire
chrétien.... qui hors de leur pays puissent trois ni
quatre ans tenir tel peuple de gens d'armes.... que
il ne fust tout usé et miné de chevance et de fi-
nance, FROISS. U, II, 136. |J xvi* s. Je voy que Peau
par temps le marbre myhe, J. MAROT, V, 263. H
pouvoit miner ses ennemis, indiscrètement advan-
cez en ses terres, MONT, III, 93.
— ÉTYM. Provenç; espagn. et portug. minar ;
ital. minore. On a indiqué le celtique : gaél. mein-,
meiun, meun,mine; kymri, mmii; irl. minn.Diez
pense qu'il n'y a pas lieu de s'écarter ici du latin;
miner est minare, qui a donné mener, et qui a
pris ici un sens spécial : mener Un travail, une
fouille. X la vérité il y a une difficulté dans la
voyelle, et on devrait dire mener, non miner; mais
on trouve en effet dans le provençal mena, mine, à
côté de mina, et meniera pour minière ; et les deux
formations mener et miner ont pu coexister. Au
contraire, Rossignol pense que le mot primitif est
nw'niéVe, du latin miniaria, mine de minium, puis
généralisé pour signifier toute espèce de mine. Il
est en effet très-tentant de dériver minière dé mi-
niâfià; d'autant plus que minium se disait mine
dans l'ancienne langue (vôy. MINIUM). Cela parait
plus probable que minare. Mine [minttim] se sera
généralisé eh toute espèce de métal; d'où miner.
MINERAI (mi-ne-rè), s. m. En minéralogie,
toute substance qui renferme un métal. Nous nom-
merons minerais les espèces métalliques qui résul-
tent de la combinaison d'un métal avec un minéra-
lisateur, AL. BRONGNIART, Traité de minir. t. n,
p. 82; dans POUGENS. ||En métallurgie, toute sub-
stance métallifère formée d'un où dé plusieurs mé-
taux et de gangue. Laver, broyer, fondre lé minerai.
—*REM. D'après l'Académie, on né dit point un
minerai d'or, Un minerai de cuivre ; il faut dire une
mine d'or, une mine dé cuivre. Cela n'est point
exact, car on trouve cet emploi du mot minerai dans
de bons auteurs : La pyrite jaune n'est qu'un mine-
rai de cuivre ; la pyrite martiale, un minerai de fer,
BUFF. Jlfin. t. VIII, p. 2. Le minerai dans lequel l'or
est renfermé est presque partout une pyrite jaune
sulfureuse, SAUSSURE, FOU. Alpes, t. vin, p. 39,
dans POUGENS. Sur cette remarque de l'Académie,
Legoarant observe que le terme minerai reçott toute
l'extension possible ; mais qu'on dit beaucoup plus
rarement un minerai que du minerai, un morceau,
un échantillon de minerai d'or, etc.
— ÉTYM. Ce mot, qui n'a pas d'historique et qui
dérive de mine 2, paraît être une altération de mi-
neraille, qui s'est dit au xvi' siècle (voy. MINÉRAL).
MINÉRAL (mi-né-ral). || 1° S. m. Tout corps non
organisé, qui se trouve dans l'intérieur de la terre
ou à sa surface, tels que métaux, pierres, substances
combustibles. Les minéraux et les végétaux. Le mi-
néral n'est qu'une matière brute, inactive, insensi-
ble, n'agissant que par la contrainte des lois de la
mécanique, n'obéissant qu'à la force généralement
répandue dans l'univers, sans organisation, sans
puissance, BUFF. Hist. anim. ch. i, OEuv. t. m,
p. 8. Les caractères ou propriétés communes dis-
tinctives des minéraux se réduisent aux deux sui-
vantes : croître par juxtaposition ; être composés de
parties similaires, AL. BRONGNIART, Traité min. t. i,
p. 6, danspouGENS.|| Minéraux accidentels, minéraux
dont les gîtes existent dans les roches d'une manière
accidentelle et secondaire.|| Terme de géologie. Les
minéraux, les éléments constitutifs des roches.
|| 2° Adj". Qui appartient aux minéraux. Les compo-
sés minéraux. Une substance minérale. || Règne mi-
néral, ensemble de tous les corps dépourvus d'or-
ganisation. |! Etux minérales, eaux naturelles,
chaudes ou froides, qui sortent de la terre impré-
gnées de quelques substances minérales, et dont on
se sert pour la guérison de diverses maladies. Il
abolit des tributs qu'il trouvait établis sur les no-
minations aux chaires royales de professeur en mé-
decine et sur les intendances des eaux minérales
du royaume, FONTEN. Fagon.
— REM. Minerai n'a point d'accent, et minéral
en a un ; l'usage l'a voulu ainsi.
— HIST. xvie s. Poudres minérales, PARÉ, X, I».
De la terre au large sein Tire de soigneuse main
Cant sortes de minerailles, R. BELLEAU, Poésies, 1.1,
p. 46, dans LACURNE.
— ÊTYM. Bas-lat. minérale, dérivé de minera,
minière.
t MINERALISABLE (mi-né-ra-li-za-bP), adj.
Terme de minéralogie. Corps minéralisables, corps
qui, pour se réunir entre eux, ont besoin de l'ac-
tion médiate d'autres corps dits minéralisateurs.
— ÊTYM. Minéraliser.
MINÉRALISATEUR (mi-né-ra-li-za-teur), s. m.
Terme de chimie et de minéralogie. Corps qui en
minéralisé un autre, c'est-à-dire qui le fait passer de
l'état de métalàl'état déminerai. Ce sel [Pârsenic],
acre et corrosif, est l'un des plus puissants minéra-
lisateurs par l'action qu'il exerce sur les métaux,
BUFF. Jlfin. t. vi, p. 66. Le nom de mines suppose
des métaux combinés avec quelque substance étran-
gère qui masque -leurs propriétés et qu'on a nom-
mée minéralisateur, FOURCROY, Connaiss. chim.
t. v, p. 25, dans POUGENS. j| Adj. Minéralisateur,
minéralisatrice. Substances minéralisatrices, nom
donné principalement au soufre et àl'oxygène, parce
qu'en se combinant aux métaux, ils en altèrent pro-
fondément les caractères et les changent en minerais.
— ÉTYM. Minéraliser.
MINÉRALISATION (mi-né-ra-li-za-sion), s. f.
[| 1° Terme de chimie et de minéralogie. Transfor-
mation des métaux en minerais. X l'exception de
Por qui se trouve presque toujours dans l'état de
métal, tous, les autres métaux se présentent
le plus souvent dans l'état de minéralisation,
BUFF. jlfin. t. iv. Si l'on veut avoir Une idée
nette de ce que signifie le mot de minéralisa-
tion, on ne peut l'interpréter que par celui de
l'altération que certaines substances actives pro-
duisent sur les minéraux métalliques, ID. ib. t. vi,
p. 69. || 2° Combinaison de substances métalliques
avec les eaux de source. La minéralisation de ces
eaux est faible. Je me rappelle les plaintes philoso-
phiques de mes premiers maîtres, Macquer, Roux
etBucquet, sur l'impossibilité de découvrir l'origine
de la minéralisation des eaux, FOURCROY, Con-
naiss. chim. t. ï, p. 13, dans POUGENS.
— ÊTYM. Minéraliser.
MINÉRALISÉ, ËE (mi-né-fâ-li-zé, zée), port.
passé de miuéîalisër. La quantité dès métaux purs
est très-petite en comparaison dé celle des métaux
minéralisés, BUFF. Jlfin. t. iv, p. 1. L'argent se trouve
assez souvent, comme l'or, dans l'état de métal pur;
mais il est encore plus souvent mêlé avec le plomb,
ou minéralisé, c'est-à-dire altéré par les sels de ia
terre, ID. ib. t. v, p. 278.
MINÉRALISER (mi-né-ra-li-zé), v. a. Terme de
chimie et de minéralogie. Tranformer en minéral
ou en minerai.
— ÉTYM. Minéral, et la finale iser, qui signifie
faire, réduire en.
f MINÉRALISTE (mi-né-ra-li-sf), s. m. Syno-
nyme peu usité de minéralogiste.
— ÊTYM. Minéral.
MINÉRALOGIE (mi-né-ra-lo-jie), s. f. Partie de
l'histoire naturelle qui traite des minéraux, c'est-à-
dire des combinaisons non organiques des éléments
telles qu'elles se trouvent dans lanature. Depuis que
la minéralogie s'est éclairée du flambeau de la chimie
et de la physique, elle a fait des progrès rapides.
LELIÈVRE, Instit. Mém. scienc. t. v, p. 383. || Livre,
traité de minéralogie. La Minéralogie de Beudant.
— ÉTYM. Minéral, et Aoyoç, traité.
MINÉRALOGIQUE (mi-né-ra-lo-ji-k'), adj. Qui a
rapport àla minéralogie. || Étude minéralogique d'un
corps, description de ses caractères dans son état de
nature.
t MINËRALOGIQUEMENT ( mi-né-ra-lo-ji-ke-
man), adv. Ds.ns le langage minéralogique.
MINÉRALOGISTE (mi-né-ra-lo-ji-sf), s.m. Celui
qui connaît la minéralogie. La minéralogie étant
une branche de l'histoire naturelle, les mêmes
principes qui dirigent les naturalistes en général,
doivent diriger aussi le minéralogiste, AL. BRON-
GNIART, Traité déminer, t.-i, p. 2. || On dit quel-
quefois, mais rarement, minéralogue.
t MINÉRALURGIE (mi-né-ra-lur-jie), s. f. Art.
de traiter les minéraux pour les rendre plus utiles.
La minéralurgie convertit en chaux vive les carbo-
nates de chaux.
— ÉTYM. Minéral, et Êpyov, oeuvre, travail,
•t MLNÉRALURGIQUE (mi-né-ra-lur-ji-k'), adj.
Qui appartient à la minéralurgie.
t MINERIE (mi-ne-rie), s. f. Etat misérable. C'est
une minerie et la chose du monde la plus malsaine,
SÉV. 388.
— ÉTYM. Miner.
t MINÉROGRAPHEE (mi-né-ro-gra-fie), s. f. Des-
cription des minéraux.
— ÉTYM; Minéral, etypâçeiv, décrire,
t M1NERVAL, ALE (mUnèr-val, va-P) ou MINER-
VIEN, IENNE (mi-nèr-viin, viè-n'), adj. Qui appar-
tient, qui est consacré à Minerve. |j S. m. Minerval,
dans quelques collèges d'Allemagne et des Pays-
Bas, rétribution payée par les élèves externes.
— ÉTYM. Lat. Minerva, Minerve, et minerwai, sa-
laire donné au maître par l'écolier.
MINERVE (mi-nèr-v'), s. f. || 1° Nom, chez les
Romains, de la déesse de la sagesse. || Poétique-
ment , arbre de Minerve ou de Pallas, l'olivier que
cette déesse fit naître. Fruit de Minerve ou de Pal-
las, l'olive. Oiseau de Minerve, le hibou. || Rimer
malgré Minerve, faire de mauvais vers. Maudit soit
l'auteur dur dont l'âpre et rude verve, Son cerveau
tenaillant, rima malgré Minerve.... BOIL. Épigr. xiv.
|| 2° Par extension, tête, cervelle. Une douzaine
de flandrins fatiguer leur minerve à maintenir un
intarissable flux de paroles; la belle occupation!
j. J. ROUSS. Conf. Y. || On ne met point de majus-
cule en ce dernier sens. || 3° Fig. Femme aussi sage
que belle (on met une majuscule). || Femme instruite
ou adroite au travail. || 4° Appareil orthopédique
destiné à redresser la tête en cas de déviation- cau-
sée par la contracture des muscles du cou.
— ÉTYM. Lat. Minerva, qui tenait au verbe me-
nervare, avertir, soigner (promenervat dans les
chants saliens).
f MlNERVIKN, voy. MINERVAL.
f MlNERVIUM (mi-nèr-vi-om'), s. m. Terme
d'antiquité. Temple de Minerve.
MINET, MINETTE (mi-nè3 nè-t')* s. m. et [.
|| 1° Petit chat, petite chatte. Tu réveilles ta maî-
trësse, Minette, par tes longs Cris, BÉRANG. Chatte^ || Il
se dit aussi, en termes d'amitié, aux petites filles,
jeunes filles, jeunes femmes. Oui, minette, je leferai.
|| On dit quelquefois minêt en parlant d'un jeune
garçon Qu'on l'aimait fort [le jeune Grignan],
qu'on prenait quelquefois la liberté de l'appeler le
petit matou, d'autres, plus polis, à cause de la jeu-
nesse, le minet, SÉV. 4 févr. 1689. ||2° Dès le patron
minet, voy. PATRÔS.
-^ HIST. XVe s. Mais tdtis ses mots ne me sont
que ihiflettes [petites initiés] Que souvent font les
j dames Sâdinettês Aux pâùvrèS sots qui ne sont pas
rusez, 7e Loyer des folles amours, p. 322, dans LA-
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