Livres
1408 pages
MEU
MEU
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649
VOLT. Lett. en vers et en prose, si. La duchesse de
Luxembourg donna le tort à sa vieille amie, et fit
présent d'un meuble complet à Mlle FEspinasse
dans le logement qu'elle prit, MARMONTEL, Mém.
vu. || 3° Par extension, meuble se dit de certains
objets qu'on peut porter sur soi. Ce couteau à plu-
sieurs lames est un meuble fort commode. Vos li-
vres éternels ne me contentent pas ; Et, hors un
vieux Plutarque à mettre mes rabats, Vous devriez
brûler tout ce meuble inutile, MOL. Femmes sav. n,
7. || Fig. Antagoras.... vieil meuble de ruelles où il
parle procès et dit des nouvelles, LA BRUY. XI. Il lui
dit [à un homme tjui voulait une femme de la cour]
qu'une fille élevée à la cour était un terrible meu-
ble pour la campagne, HAMILT. Gramm. 9. || 3° Fig.
Ce qui sert intellectuellement ou moralement comme
fait un meuble. La vertu sans l'argent n'est, qu'un
meuble inutile, BOIL. Épîtrev. La raison n'est pas un
meuble qu'on pose et qu'on reprenne à son gré ; et
quiconque a pu vivre dix ans sans penser ne pensera
de sa vie, J. J. ROUSS. ife'7. u, 4 7. || 4° Fig. Petit meuble
de bouche, phrase qu'on a continuellement à la bou-
che (locution tombée en désuétude). Soleils, flam-
beaux, attraits, appas,Pleurs,désespoirs, tourments,
trépas, Tout ce petit meuble de bouche Dont un amou-
reux s'escarmouche, Je savais bien m'en escrimer,
CORN. J17e'7. poét. || 5° Terme de jurisprudence. Le mo-
bilier. En fait de meubles, la possession vaut titre,
Code Nap. art. 2279. Le mot meuble, employé seul
dans les dispositions de la loi ou de Phomme, sans
autre addition ni désignation, ne comprend pas l'ar-
gent comptant, les pierreries, les dettes actives, les
livres, les médailles, les instruments des sciences,
des arts et métiers, Code Nap. art. 633. || 8° Terme
de blason. Se dit d'un dessin, d'un symbole, qui
charge, brise ou accompagne les pièces et les divi-
sions d'un écu. Des animaux, des fruits, des arbres,
des besants, etc. sont des meubles do l'écu ou des
meubles d'armoiries.
— HIST. xiiie s. Toz mes biens mobles et non
mobles, presenz e. à venir, Bib7. des Chartes, 4e sé-
rie, t. iv, p. 80. Je laisce à Richaut me [ma] feme
tout men meulle [meuble] et tout men catel [avoir],
sau [sauf] ce que ele paiera mes detes, TAILLIAE,
Recueil, p. 4 98. ||xive s. Courtois et larges de don-
ner.... Tout son meule [il] aleuwe [alloue, donne] et
despent, J. DE CONDET, p. 417. Quoique je soie po-
vres et"mal enlinagiez, S'ai-je vaillant en moi, se de
vrai le saviez, Un loial cuer d'ami, enloiauté fiquiez
[fiché] ; Certes c'est tous mes meubles, de plus ne
sui aisiez, Baud. de Séb. m, 94 7. ||xve s. Et disoient
[les serfs] en pillant et en portant hors : Cil chan-
celier d'Angleterre a eu bon marché de ce meuble,
FROISS. n, n, 108. Verres, bouteilies, tonneaux Se-
raient mes meubles plus beaux, BASSEE. xxxn. Et tout
le meuble qu'il recueillit duditconnestable ne valloit
point quatre-vingt mil escuz, COMM. IV, 13. Enpaïs de
paix, ung homme qui perdrait sqn prisonnier, il le
peut poursuivre en toute l'obéissance de son païs; car
c'est son meuble, 7e Jouvencel, dans DE LABORDE,
Émaux, p. 388. Il xvie s. Ceste couppe fut le pre-
mier meuble d'argent qui entra en la maison des
jEliens, AMYOT, P. Mm. 48. Il fit porter ses biens
meubles à l'encan, ID. Cicêr. 42. Or et argent mon-
noyé et à monnoyer, et tout ce qui se peut trans-
porter de lieu en autre, noms, raisons et actions
pour choses mobiliaires, sont meubles, LOYSEL, 21 I.
— ÉTYM. Provenç. moble; esp. moblc, mueble;
port, movel; ital. mobile; du lat. mobilis, qui peut
être mu, remué, de movere, mouvoir.
MEUBLÉ, ÉE (meu-blé, blée), part, passé de
meubler. Garni de meubles. Maison meublée. Appar-
tement meublé. Cette maison meublée est en ma
bienséance, MOL. L'Ét. v, 2. j| Etre bien meublé, être
bien en meubles. Être mal meublé, être mal en
meubles. Les Orientaux, bien que très-voluptueux,
sont tous logés et meublés simplement; ils regar-
dent la vie comme un voyage et leur maison comme
un cabaret, J. J. ROUSS. Ém. iv. ||Êke meublé sui-
vant l'ordonnance, se disait, sous Louis XIV, de
celui qui n'avait que le plus .chétif mobilier, parce
que la dureté des taxes avait réduit les officiers
des compagnies des villes de provinces à avoir pour
tous meubles un lit sans rideaux, une marmite de
•fer et des cuillers de bois. || Familièrement et par ex-
tension. Une cave bien meublée, une cave garnie de
beaucoup de bons vins de différentes espèces. || Avoir
îa bouche bien meublée, avoir les dents belles. Il a
l'air noble, les yeux Tifs, le nez un peu aquilin, la
bouche grande et bien meublée, COMTE DE CAY-
LUS (GROSLEY) , Acad. de ces dames et de ces messieurs,
U xn, p. 312, dans POUGENS. || Fig. Avoir la tête bien
mouillée, avoir beaucoup do connaissances. Mais
nous voulons montrer à de certains esprits.... Que 1
de science aussi les femmes sont meublées, MOL. C
Femm.. sar. ni, 2. Une tête meublée d'un grand s
nombre de choses disparates est assez semblable I
à une bibliothèque de volumes dépareillés, DIDER. I
Lett. sur les sourds el muets. c
MEUBLER (meu-blé), v. a. Il 1° Garnir de meu- t
blés. Meubler un appartement. Il meuble un grand c
hôtel, il invite chez lui Les hommes à talent que 1
l'on cite aujourd'hui, AL. DUVAL, Manie des grand, f.
1, 3. y Absolument. Cette étoffe meuble bien, elle s
fait bon effet employée en tenture, en garnitures ]
de meubles. |l Meubler une ferme, la garnir de ce I
qui est nécessaire pour la faire valoir. Meubler de c
bestiaux une ferme. || 2° Fig. Orner, enrichir, em- e
plir. Se meubler la mémoire de beaux morceaux de c
poésie. Il [le duc de Bourgogne] me donna parole de 1
lire le tout d'un bout à l'autre, de le lire pour s'en c
meubler la tête, ST-SIM. 310, 53. Les honnêtes gens j
ne meublent pas volontiers leurs bibliothèques de c
ces honteuses rapsodies qui ne décrient pas moins |
le libraire qui les imprime que l'auteur qui les a
faites, J. B. ROUSS. Lelt. à Fritsch et Buhm So- j
7e«re, 13 août 4 711. Quelque personne honnête Des j
bons écrits ayant- meublé sa tête, VOLT. Ép. 35. 1
Quiconque croirait connaître la nature en lisant Lu- ]
crèce, meublerait sa tête d'erreurs, ID. Phys. Sin- t
gular. 4 6. || 3° V. réfl. Se meubler, se faire des meu- 1
blés, s'acheter des meubles. Le poil de ces animaux, 1
qui est fin et moelleux, et qui se renouvelle tous les
ans par une mue complète, leur [aux habitants] ]
sert à faire les étoffes dont ils se vêtent et se meu- s
blent, BUFFON, Quadrup. t. v, p. 4 3.
— HIST. xvi°s.Ilsvouloientestrevestusrichement, i
meublez en leurs maisons de lits et de tapisseries <
somptueusement, AMYOT, Philop. 14. Le soing et la (
despense de nos pères ne vise qu'à nous meubler la 1
teste de science, MONT, I, 142. Le méditer est un 1
puissant estude.... j'aime mieulx forger mon ame i
que la meubler, ID. m, 276. Il faut premièrement J
que l'esprit se meuble et se garnisse par l'ouye..., 1
CHARRON. Sagesse, 1, 4 2. t
— ÉTYM. Meuble. c
MEUGLEMENT (meu-gle-man), s. m. Synonyme 1
de beuglement. 1
— HIST. xvi" s. On cognoistra que la vache est en j
rut par son continuel muglement, 0. LÉ SERRES, 280. (
— ÉTYM. Meugler. <
SIEUGLER (meuglé), v. ». Synonyme de heu- ]
gler. Qui plus qu'une hydre affreuse à sept gueules 1
meugioit, RÉGNIER, Epitre 1. Le sot est automate, (
il est machine.... c'est tout au plus le boeuf qui 1
meugle, ou le merle qui siffle, LA BRUY. XI (
— HIST. xvie s. Ifs mugissent comme taureaux, ils
muglent comme baleines, PARÉ, Animaux, 75. \
Meurler, OUDIN, Dict. . (
— ÉTYM. Bourg, meugliai. Meugler est formé du <
latin mugire, avec finale sur le modèle de beugler
(l'onomatopée a sans doute aussi une part dans ce f
mot) ; ital. mugghiarc. (
f MEU1LLE (meu-iP, 77 mouillées), s. f. Poisson •
appelé aussi mulet de mer. 1
— ÉTYM. Lat. mugilem, mulet. (
t MEULARD (meu-lar), s. m. Meule à moudre
de grande dimension. 1
— ÉTYM. Meule 4. 1
f MEULARDE (meu-lar-d'), s. f. Meule à moudre
de moyenne dimension (on dit aussi meuleau). Meu-
lardes au-dessous de 4 pieds, estimées la pièce ,
40 livres, Déclaration du roi, nov. 1640, tarif.
— ÉTYM. Meule 4.
4. MEULE (meu-P), s. f. || 1° Corps solide, rond' ,
et plat qui sert à broyer. Meule de moulin. Meules
à moulins de six à sept pieds de diamètre, 60 li-
vres;» meules à taillandier, 30 sous; meules à ga- 1
gne-petit, 20 sous, Déclaration du roi, nov. 4641, ;
tarif. Au delà de Chevreuse et près de Limours se
trouve l'exploitation de pierres à meules du village ■
des Molières, qui en a pris son nom, CUVIER et
BRONGNIART, Instit. Mém. scienc. 1er sem. p. 209.
La Ferté-sous-Jouarre et Andernach sont les carriè- 1
res à meules les plus abondantes et les plus célèbres
de l'univers," MONGEZ, Instit. Mém. hist. et litt. anc.
1.111, p. 475. X Malte on emploie généralement des :
meules faites avec des quartiers de basalte, ID. ib.
p. 477. Un archevêque de Mayence disait souvent : 1
le coeur humain est comme la meule d'un moulin ;
si l'on y met '% blé, elle l'écrase et en fait de la
farine; si l'on il'en met point, elle tourne toujours, 1
mais elle s'use elle-même, MICHELET, Jlfe'ni. Luther, 1
1.1, ch. i. Il La meule d'en bas s'appelle le gîte ou la :
meule gisante ; la meule d'en haut, meule courante 1
ou tournante. Vous ne recevrez point pour gage la
meule de dessus ou de dessous du moulin, parce
que celui qui vous l'offre vous engage sa propre vie,
SACI, Bible, Deutêron. xxiv, 6. || Fig. C'était [M. le
Duc, sujet aux boutades les plus dangereuses] une
meule toujours en l'air, ST-SIM. t. vm, p. 123, éd.
CHÉRUEL. Il Chez les anciens Romains, condamné à
tourner la meule, à la meule, se disait d'un esclava
condamné à faire mouvoir la meule, qui alors était
mise en mouvement à bras d'homme. || 2° Roue de
grès, de fer ou d'acier, de bois, etc. dont on se
sert dans plusieurs professions pour aiguiser, user,
polir, etc. On trouve dans les mines de charbon, à
Newcastle, en Angleterre, une sorte de grès dont
on fait de petites meules et d'excellentes pierres à
aiguiser, BUFF. Min. t. vu, p. 145. || 3° Meule, nom
donnéà certains fromagesrondsetplatscommeune
meule. Les fromages de Gruyère s'envoient dans
des tonneaux par meules ou pains qu'on appelle
ai;ssi pièces; ces pains sont du poids depuis 35 jus-
qu'à 60 livres, Dict. des arts et mi*. Laitière.
|j 4° Poisson appelé aussi lune de mer. -
— HIST, xnc s. Dune jetad une femme sur lui une
pièce de muele del mur, si l'ocist in Thebes, Rois,
p. 157. ||xmes. Semolesyfaillentougrosmerriens....
li sires du molin le doit réfère, BEAUM. XXXVIII, 17.
Prière est avec Diex plus tost que vent ne vole, Plus
tost queurt et raqueurt que ne tourne une mole, s. DE
MEUNG, Test. 1450. Il xvi" s. Que malle meulle te puisse
moudre ! Moyen de parvenir, p. 70, dans LACURNE.
— ÉTYM. Provenç, molaj esp. mota, muela ; ital.
mo7a; du lat. ?no7a; grec, (JLV/YI, tenant au radical
sanscr. mal, broyer.
. 2. MEULE (meu-P), s. f. || Ie Monceau de four-
rage, de foin ou de paille, établi dans les prairies
ou les champs, au voisinage de la ferme, pour la
conservation des produits. On peut se passer faci-
lement de la multiplicité des granges au moyen des
meules que l'on fait dans les champs, GENLIS, Jlfai-
son rust. 1.1, p. 4 57, dans POUGENS. Les meules de
foin ont souvent pour base un parallélogramme, et
le dessus est cintré, ce qui permet d'en couper des
tranches, tout en facilitant l'écoulement des eaux
de pluie; les meules de blé sont ordinairement en
forme de cône tronqué renversé, ou à peu près cy-
lindriques, et la partie supérieure seule en a la
forme conique, LEGOARANT. || 2° Ternie de jardinage.
Couche à champignons. || Tas de fumier provenant
des couches. || 3° Terme de métallurgie. Base en
briques sur laquelle repose le moule. || Se dit, dans
les verreries, des morceaux de verre qui s'atta-
chent aux cannes. || Massif de maçonnerie qui en-
toure le fourneau des fondeurs de cloches. || 4° Tas
de combustible brut qu'on carbonise en plein air. -
Il 5° Terme de métallurgie. Meule de carbonisa*
tion, masse qui doit être soumise au feu.|| 6° Terme
de vénerie. La racine dure et raboteuse du bois des
cerfs, des daims, des chevreuils.
— HIST. xne s. La moule de frument, Liber psalm.
f° 244. y xive s. Se les meules sont près de la teste,
c'est le plus grand signe qui soit sus le cerf, qu'il
soit vieil, Modus, f° xiv, verso. || xvi° s. Les. joinc-
tures où les meulles sont attachées au test du cerf,
CHARLES ix, Chasse royale, iv.
— ÉTYM. Berry et Normandie, mule; wallon, mole.
Le wallon moie répond au latin meta, borne, co-
lonne, cône ; l'ancienne forme moule, d'où meule,
répond à metula, diminutif de meta, comme boule
(bouleau) répond à betula. La meule de loin est une
espèce de cône.
f MEULEAU (uieu-lô), s. m. Synonyme de meu-
larde. Meuleaux ou oeuillards, la pièce, 6 livres, Dé-
claration du roi, nor. 16*0, tarif.
— ÉTYM. Meule l.
f MEULENARD (meu-le-nar) ou MEUNIER (meu-
nié), s. m. Petit poisson très-déiicat qu'on pêche
à Dunkerque.
f MEULERIE (meu-le-rie), s. f. Atelier où l'on
prépare les meules.
— ÉTYM. Meule 1.
fMEULBTTE (meu-lè-f), s. f. Petite meule
de foin.
— ÉTYM. Meule 2.
f 2. MECLETTE (meu-lè-f),s. f. Estomac des mo-
rues.
j-MEULIER (meu-lié), s. m. Ouvrier nui façonne
les meules.
— ÉTYM. Meule i.
MEULIÈRE (meu-liè-r'), adj. \\ 1° Pierre meu-
lière, pierre propre à faire des meules. Les sables
qui sont mobiles dans le moment où.les flots les
. amoncellent sur les bords, mais qui, par le moyen
du suc calcaire que la mer y infiltre, se durcissent
. graduellement au point de servir à des pierres meu-
MEU
MEU
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VOLT. Lett. en vers et en prose, si. La duchesse de
Luxembourg donna le tort à sa vieille amie, et fit
présent d'un meuble complet à Mlle FEspinasse
dans le logement qu'elle prit, MARMONTEL, Mém.
vu. || 3° Par extension, meuble se dit de certains
objets qu'on peut porter sur soi. Ce couteau à plu-
sieurs lames est un meuble fort commode. Vos li-
vres éternels ne me contentent pas ; Et, hors un
vieux Plutarque à mettre mes rabats, Vous devriez
brûler tout ce meuble inutile, MOL. Femmes sav. n,
7. || Fig. Antagoras.... vieil meuble de ruelles où il
parle procès et dit des nouvelles, LA BRUY. XI. Il lui
dit [à un homme tjui voulait une femme de la cour]
qu'une fille élevée à la cour était un terrible meu-
ble pour la campagne, HAMILT. Gramm. 9. || 3° Fig.
Ce qui sert intellectuellement ou moralement comme
fait un meuble. La vertu sans l'argent n'est, qu'un
meuble inutile, BOIL. Épîtrev. La raison n'est pas un
meuble qu'on pose et qu'on reprenne à son gré ; et
quiconque a pu vivre dix ans sans penser ne pensera
de sa vie, J. J. ROUSS. ife'7. u, 4 7. || 4° Fig. Petit meuble
de bouche, phrase qu'on a continuellement à la bou-
che (locution tombée en désuétude). Soleils, flam-
beaux, attraits, appas,Pleurs,désespoirs, tourments,
trépas, Tout ce petit meuble de bouche Dont un amou-
reux s'escarmouche, Je savais bien m'en escrimer,
CORN. J17e'7. poét. || 5° Terme de jurisprudence. Le mo-
bilier. En fait de meubles, la possession vaut titre,
Code Nap. art. 2279. Le mot meuble, employé seul
dans les dispositions de la loi ou de Phomme, sans
autre addition ni désignation, ne comprend pas l'ar-
gent comptant, les pierreries, les dettes actives, les
livres, les médailles, les instruments des sciences,
des arts et métiers, Code Nap. art. 633. || 8° Terme
de blason. Se dit d'un dessin, d'un symbole, qui
charge, brise ou accompagne les pièces et les divi-
sions d'un écu. Des animaux, des fruits, des arbres,
des besants, etc. sont des meubles do l'écu ou des
meubles d'armoiries.
— HIST. xiiie s. Toz mes biens mobles et non
mobles, presenz e. à venir, Bib7. des Chartes, 4e sé-
rie, t. iv, p. 80. Je laisce à Richaut me [ma] feme
tout men meulle [meuble] et tout men catel [avoir],
sau [sauf] ce que ele paiera mes detes, TAILLIAE,
Recueil, p. 4 98. ||xive s. Courtois et larges de don-
ner.... Tout son meule [il] aleuwe [alloue, donne] et
despent, J. DE CONDET, p. 417. Quoique je soie po-
vres et"mal enlinagiez, S'ai-je vaillant en moi, se de
vrai le saviez, Un loial cuer d'ami, enloiauté fiquiez
[fiché] ; Certes c'est tous mes meubles, de plus ne
sui aisiez, Baud. de Séb. m, 94 7. ||xve s. Et disoient
[les serfs] en pillant et en portant hors : Cil chan-
celier d'Angleterre a eu bon marché de ce meuble,
FROISS. n, n, 108. Verres, bouteilies, tonneaux Se-
raient mes meubles plus beaux, BASSEE. xxxn. Et tout
le meuble qu'il recueillit duditconnestable ne valloit
point quatre-vingt mil escuz, COMM. IV, 13. Enpaïs de
paix, ung homme qui perdrait sqn prisonnier, il le
peut poursuivre en toute l'obéissance de son païs; car
c'est son meuble, 7e Jouvencel, dans DE LABORDE,
Émaux, p. 388. Il xvie s. Ceste couppe fut le pre-
mier meuble d'argent qui entra en la maison des
jEliens, AMYOT, P. Mm. 48. Il fit porter ses biens
meubles à l'encan, ID. Cicêr. 42. Or et argent mon-
noyé et à monnoyer, et tout ce qui se peut trans-
porter de lieu en autre, noms, raisons et actions
pour choses mobiliaires, sont meubles, LOYSEL, 21 I.
— ÉTYM. Provenç. moble; esp. moblc, mueble;
port, movel; ital. mobile; du lat. mobilis, qui peut
être mu, remué, de movere, mouvoir.
MEUBLÉ, ÉE (meu-blé, blée), part, passé de
meubler. Garni de meubles. Maison meublée. Appar-
tement meublé. Cette maison meublée est en ma
bienséance, MOL. L'Ét. v, 2. j| Etre bien meublé, être
bien en meubles. Être mal meublé, être mal en
meubles. Les Orientaux, bien que très-voluptueux,
sont tous logés et meublés simplement; ils regar-
dent la vie comme un voyage et leur maison comme
un cabaret, J. J. ROUSS. Ém. iv. ||Êke meublé sui-
vant l'ordonnance, se disait, sous Louis XIV, de
celui qui n'avait que le plus .chétif mobilier, parce
que la dureté des taxes avait réduit les officiers
des compagnies des villes de provinces à avoir pour
tous meubles un lit sans rideaux, une marmite de
•fer et des cuillers de bois. || Familièrement et par ex-
tension. Une cave bien meublée, une cave garnie de
beaucoup de bons vins de différentes espèces. || Avoir
îa bouche bien meublée, avoir les dents belles. Il a
l'air noble, les yeux Tifs, le nez un peu aquilin, la
bouche grande et bien meublée, COMTE DE CAY-
LUS (GROSLEY) , Acad. de ces dames et de ces messieurs,
U xn, p. 312, dans POUGENS. || Fig. Avoir la tête bien
mouillée, avoir beaucoup do connaissances. Mais
nous voulons montrer à de certains esprits.... Que 1
de science aussi les femmes sont meublées, MOL. C
Femm.. sar. ni, 2. Une tête meublée d'un grand s
nombre de choses disparates est assez semblable I
à une bibliothèque de volumes dépareillés, DIDER. I
Lett. sur les sourds el muets. c
MEUBLER (meu-blé), v. a. Il 1° Garnir de meu- t
blés. Meubler un appartement. Il meuble un grand c
hôtel, il invite chez lui Les hommes à talent que 1
l'on cite aujourd'hui, AL. DUVAL, Manie des grand, f.
1, 3. y Absolument. Cette étoffe meuble bien, elle s
fait bon effet employée en tenture, en garnitures ]
de meubles. |l Meubler une ferme, la garnir de ce I
qui est nécessaire pour la faire valoir. Meubler de c
bestiaux une ferme. || 2° Fig. Orner, enrichir, em- e
plir. Se meubler la mémoire de beaux morceaux de c
poésie. Il [le duc de Bourgogne] me donna parole de 1
lire le tout d'un bout à l'autre, de le lire pour s'en c
meubler la tête, ST-SIM. 310, 53. Les honnêtes gens j
ne meublent pas volontiers leurs bibliothèques de c
ces honteuses rapsodies qui ne décrient pas moins |
le libraire qui les imprime que l'auteur qui les a
faites, J. B. ROUSS. Lelt. à Fritsch et Buhm So- j
7e«re, 13 août 4 711. Quelque personne honnête Des j
bons écrits ayant- meublé sa tête, VOLT. Ép. 35. 1
Quiconque croirait connaître la nature en lisant Lu- ]
crèce, meublerait sa tête d'erreurs, ID. Phys. Sin- t
gular. 4 6. || 3° V. réfl. Se meubler, se faire des meu- 1
blés, s'acheter des meubles. Le poil de ces animaux, 1
qui est fin et moelleux, et qui se renouvelle tous les
ans par une mue complète, leur [aux habitants] ]
sert à faire les étoffes dont ils se vêtent et se meu- s
blent, BUFFON, Quadrup. t. v, p. 4 3.
— HIST. xvi°s.Ilsvouloientestrevestusrichement, i
meublez en leurs maisons de lits et de tapisseries <
somptueusement, AMYOT, Philop. 14. Le soing et la (
despense de nos pères ne vise qu'à nous meubler la 1
teste de science, MONT, I, 142. Le méditer est un 1
puissant estude.... j'aime mieulx forger mon ame i
que la meubler, ID. m, 276. Il faut premièrement J
que l'esprit se meuble et se garnisse par l'ouye..., 1
CHARRON. Sagesse, 1, 4 2. t
— ÉTYM. Meuble. c
MEUGLEMENT (meu-gle-man), s. m. Synonyme 1
de beuglement. 1
— HIST. xvi" s. On cognoistra que la vache est en j
rut par son continuel muglement, 0. LÉ SERRES, 280. (
— ÉTYM. Meugler. <
SIEUGLER (meuglé), v. ». Synonyme de heu- ]
gler. Qui plus qu'une hydre affreuse à sept gueules 1
meugioit, RÉGNIER, Epitre 1. Le sot est automate, (
il est machine.... c'est tout au plus le boeuf qui 1
meugle, ou le merle qui siffle, LA BRUY. XI (
— HIST. xvie s. Ifs mugissent comme taureaux, ils
muglent comme baleines, PARÉ, Animaux, 75. \
Meurler, OUDIN, Dict. . (
— ÉTYM. Bourg, meugliai. Meugler est formé du <
latin mugire, avec finale sur le modèle de beugler
(l'onomatopée a sans doute aussi une part dans ce f
mot) ; ital. mugghiarc. (
f MEU1LLE (meu-iP, 77 mouillées), s. f. Poisson •
appelé aussi mulet de mer. 1
— ÉTYM. Lat. mugilem, mulet. (
t MEULARD (meu-lar), s. m. Meule à moudre
de grande dimension. 1
— ÉTYM. Meule 4. 1
f MEULARDE (meu-lar-d'), s. f. Meule à moudre
de moyenne dimension (on dit aussi meuleau). Meu-
lardes au-dessous de 4 pieds, estimées la pièce ,
40 livres, Déclaration du roi, nov. 1640, tarif.
— ÉTYM. Meule 4.
4. MEULE (meu-P), s. f. || 1° Corps solide, rond' ,
et plat qui sert à broyer. Meule de moulin. Meules
à moulins de six à sept pieds de diamètre, 60 li-
vres;» meules à taillandier, 30 sous; meules à ga- 1
gne-petit, 20 sous, Déclaration du roi, nov. 4641, ;
tarif. Au delà de Chevreuse et près de Limours se
trouve l'exploitation de pierres à meules du village ■
des Molières, qui en a pris son nom, CUVIER et
BRONGNIART, Instit. Mém. scienc. 1er sem. p. 209.
La Ferté-sous-Jouarre et Andernach sont les carriè- 1
res à meules les plus abondantes et les plus célèbres
de l'univers," MONGEZ, Instit. Mém. hist. et litt. anc.
1.111, p. 475. X Malte on emploie généralement des :
meules faites avec des quartiers de basalte, ID. ib.
p. 477. Un archevêque de Mayence disait souvent : 1
le coeur humain est comme la meule d'un moulin ;
si l'on y met '% blé, elle l'écrase et en fait de la
farine; si l'on il'en met point, elle tourne toujours, 1
mais elle s'use elle-même, MICHELET, Jlfe'ni. Luther, 1
1.1, ch. i. Il La meule d'en bas s'appelle le gîte ou la :
meule gisante ; la meule d'en haut, meule courante 1
ou tournante. Vous ne recevrez point pour gage la
meule de dessus ou de dessous du moulin, parce
que celui qui vous l'offre vous engage sa propre vie,
SACI, Bible, Deutêron. xxiv, 6. || Fig. C'était [M. le
Duc, sujet aux boutades les plus dangereuses] une
meule toujours en l'air, ST-SIM. t. vm, p. 123, éd.
CHÉRUEL. Il Chez les anciens Romains, condamné à
tourner la meule, à la meule, se disait d'un esclava
condamné à faire mouvoir la meule, qui alors était
mise en mouvement à bras d'homme. || 2° Roue de
grès, de fer ou d'acier, de bois, etc. dont on se
sert dans plusieurs professions pour aiguiser, user,
polir, etc. On trouve dans les mines de charbon, à
Newcastle, en Angleterre, une sorte de grès dont
on fait de petites meules et d'excellentes pierres à
aiguiser, BUFF. Min. t. vu, p. 145. || 3° Meule, nom
donnéà certains fromagesrondsetplatscommeune
meule. Les fromages de Gruyère s'envoient dans
des tonneaux par meules ou pains qu'on appelle
ai;ssi pièces; ces pains sont du poids depuis 35 jus-
qu'à 60 livres, Dict. des arts et mi*. Laitière.
|j 4° Poisson appelé aussi lune de mer. -
— HIST, xnc s. Dune jetad une femme sur lui une
pièce de muele del mur, si l'ocist in Thebes, Rois,
p. 157. ||xmes. Semolesyfaillentougrosmerriens....
li sires du molin le doit réfère, BEAUM. XXXVIII, 17.
Prière est avec Diex plus tost que vent ne vole, Plus
tost queurt et raqueurt que ne tourne une mole, s. DE
MEUNG, Test. 1450. Il xvi" s. Que malle meulle te puisse
moudre ! Moyen de parvenir, p. 70, dans LACURNE.
— ÉTYM. Provenç, molaj esp. mota, muela ; ital.
mo7a; du lat. ?no7a; grec, (JLV/YI, tenant au radical
sanscr. mal, broyer.
. 2. MEULE (meu-P), s. f. || Ie Monceau de four-
rage, de foin ou de paille, établi dans les prairies
ou les champs, au voisinage de la ferme, pour la
conservation des produits. On peut se passer faci-
lement de la multiplicité des granges au moyen des
meules que l'on fait dans les champs, GENLIS, Jlfai-
son rust. 1.1, p. 4 57, dans POUGENS. Les meules de
foin ont souvent pour base un parallélogramme, et
le dessus est cintré, ce qui permet d'en couper des
tranches, tout en facilitant l'écoulement des eaux
de pluie; les meules de blé sont ordinairement en
forme de cône tronqué renversé, ou à peu près cy-
lindriques, et la partie supérieure seule en a la
forme conique, LEGOARANT. || 2° Ternie de jardinage.
Couche à champignons. || Tas de fumier provenant
des couches. || 3° Terme de métallurgie. Base en
briques sur laquelle repose le moule. || Se dit, dans
les verreries, des morceaux de verre qui s'atta-
chent aux cannes. || Massif de maçonnerie qui en-
toure le fourneau des fondeurs de cloches. || 4° Tas
de combustible brut qu'on carbonise en plein air. -
Il 5° Terme de métallurgie. Meule de carbonisa*
tion, masse qui doit être soumise au feu.|| 6° Terme
de vénerie. La racine dure et raboteuse du bois des
cerfs, des daims, des chevreuils.
— HIST. xne s. La moule de frument, Liber psalm.
f° 244. y xive s. Se les meules sont près de la teste,
c'est le plus grand signe qui soit sus le cerf, qu'il
soit vieil, Modus, f° xiv, verso. || xvi° s. Les. joinc-
tures où les meulles sont attachées au test du cerf,
CHARLES ix, Chasse royale, iv.
— ÉTYM. Berry et Normandie, mule; wallon, mole.
Le wallon moie répond au latin meta, borne, co-
lonne, cône ; l'ancienne forme moule, d'où meule,
répond à metula, diminutif de meta, comme boule
(bouleau) répond à betula. La meule de loin est une
espèce de cône.
f MEULEAU (uieu-lô), s. m. Synonyme de meu-
larde. Meuleaux ou oeuillards, la pièce, 6 livres, Dé-
claration du roi, nor. 16*0, tarif.
— ÉTYM. Meule l.
f MEULENARD (meu-le-nar) ou MEUNIER (meu-
nié), s. m. Petit poisson très-déiicat qu'on pêche
à Dunkerque.
f MEULERIE (meu-le-rie), s. f. Atelier où l'on
prépare les meules.
— ÉTYM. Meule 1.
fMEULBTTE (meu-lè-f), s. f. Petite meule
de foin.
— ÉTYM. Meule 2.
f 2. MECLETTE (meu-lè-f),s. f. Estomac des mo-
rues.
j-MEULIER (meu-lié), s. m. Ouvrier nui façonne
les meules.
— ÉTYM. Meule i.
MEULIÈRE (meu-liè-r'), adj. \\ 1° Pierre meu-
lière, pierre propre à faire des meules. Les sables
qui sont mobiles dans le moment où.les flots les
. amoncellent sur les bords, mais qui, par le moyen
du suc calcaire que la mer y infiltre, se durcissent
. graduellement au point de servir à des pierres meu-
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