MÊR
MÉR
MÉR
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ne l'escorte, MONTFLEURY, Fem. juge et part, n, 4.
CMS hommes ne se rendent d'ordinaire sur le mérite
d'autrui qu'à la dernière extrémité, VAUVENARGUES,
Conseils à un jeune homme. Il est plus nécessaire,
pour vivre en paix, de cacher son mérite que
ses défauts, COMTE DE CAYLUS (GKOSLEY), OEuv. t. xu,
p. 197, dans POUGENS. Le mérite a sa pudeur
comme la chasteté, DUCLOS, Consid. moeurs, 3. Il se
trouvait en ce moment dans cette heureuse position
où le mérite peut espérer une indulgence qu'il
.n'éprouve qu'une fois et même qu'il n'éprouve pas
toujours, CONDORCET, Haller. Vanter sa race, c'est
louer le mérite d'autrui, M"e DE LAMBERT, Avis d'une
mère à son fils. || Avoir du mérite, avoir des qua-
lités, du talent. Ma soeur a du mérite, elle est ai-
mable et belle, TH. CORN. Ariane, il, 4. Théramène
était riche et avait du mérite; il a hérité, il est
donc très-ricb". et d'un très-grand mérite, LA BRUY.
vu. || De mérite, se dit des personnes qui ont du
mérite. Nommez cet ecclésiastique de mérite, que
vous dites avoir assisté à cette assemblée.... PASC.
Prov. xvi. Chrysanthe, homme opulent et imper-
tinent, ne veut pas être vu avec Eugène, qui est
homme de mérite, mais pauvre, il croirait en être
déshonoré, LA BRUY. VI. Les personnes de mérite et
de service sont utiles aux rois, ID. XI. Parmi les
officiers de l'armée, on voyait des gens de mérite,
HAMILT. Gramm. 2. Madame la maréchale d'Albret
était une personne de mérite sans esprit, MADAME
DE CAYLUS, Souvenirs, p. 17, dans POUGENS. || Du
premier mérite, qui est au premier rang par son
mérite. 11 [Scipion] avait toujours auprès de lui des
savants du premier mérite, comme Panétius et Po-
lybe, qu: l'accompagnaient même dans ses campa-
gnes, ROLL. 7iïst. anc. OEuvres, xi, 2e part. p. 668,
dans POLGENS.II AU plur. Ces deux hommes ont des
mérites différents. Que si ton heur était pareil X
tes admirables mérites, MALH. m, 2. Qu'il ne vante
donc plus ses mérites frivoles, CORN. Pomp. i, 1.
Demeurez avec moi d'accord de vos mérites,' ID. 7a
Veuve, n, 4. Dans le monde on voit tous les jours
des mérites médiocres l'emporter sur des mérites
éclatants, BOURDAL. Mysl. Ascens. deJ. C. t. i, p. 403.
Si la réputation et la vertu pouvaient dispenser
d'une loi commune, l'illustre et la vertueuse Julie
vivrait encore avec son époux; ce peu de terre que
nous voyons dans cette chapelle couvre ces grands
noms et ces grands mérites, FLÉCH. duc de Monlau-
sier. On lui dut [à Patru] l'ordre, la clarté, la bien-
séance, l'élégance du discours, mérites absolument
inconnus avant lui, VOLT. louis XIV, 32. Molière
fut, si on ose le dire, un législateur des,bienséances
du monde; je ne parle ici que de ce service rendu
à son siècle, on sait assez ses autres mérites, ID.
ib. 32. |1 5° Ce qu'une chose a de digne d'éloge. Le
mérite du style. Cette pièce n'est pas sans mérite.
On ôte du mérite aux bienfaits qu'on retarde,
ROTR. Bélis. u, 4G\ Et sans considérer quel sera le
loyer D'une action de ce mérite, LA FONTAIKE,
Fabl. vi, 4 3. Si, pour faire un système, on peut po-
ser toutes sortes de principes, prendre les plus ab-
surdes comme les plus évidents, et faire une
complication de causes sans raison, quel mé-
rite peut-il y avoir dans des ouvrages de cette es-
pèce? CONDILLAC, Traité des syst. ch. 3. Je préférai
toujours X ce mérite faux des politesses vaines
La grossière vertu des moeurs républicaines, VOLT.
Tancr. i, 2. Le mérite de la difficulté surmontée
est quelque chose, m. Lelt. Mme Denis, 22 août 1760.
|| 6° Habileté, talent. On cherche les-rieurs; et moi
je les évite; Cet ar' veut sur tout autre un suprême
mérite, LA FONT. Fabl. vm, 8. 11 [le chevalier de
Grignan] estbon jugedu mérite de la guerre [mérite
militaire], SÉV. 18 juill. 1890. || 7° Mérite, les gens
de mérite. Honorer le mérite. Affable à tous avec
dignité, elle savait estimer les uns, sans fâcher les
autres; et, quoique le mérite fût distingué, la fai-
blesse ne se sentait pas dédaignée, BOSS. Duch.
d'Orl. || On l'a dit au singulier pour signifier un
homme de mérite. Et l'on peut pour époux refuser
un mérite Que pour adorateur on veut bien à sa
suite, MOL. F. sav.J, 1. || 8° Fig. Importance, en par-
lant d'une chose. Il a vu cet homme que je vous ai
dit qui est habile [un médecin] ,'et qui le traite ac-
tuellement selon le mérite de cernai, SÉV, 6 oct!
4680. |j 9° Terme de marine. Apostille favorable por-
tée sur le congé d'un marin, ou à côté de son nom
sur les matricules. || 10" Mérite militaire, nom d'un
ordre fondé par Louis XV.
— REM. On dit un homme de mérite, on dit
aussi le mérite d'un ouvrage; mais on ne dit pas un
ouvrage de mérite.
— HIST. xm' s. Helasî se nus [nuls] se doit.sau-
ver [-faire son salut] dqlans, Dont doit par droit ma
mérite estre grans, Car plus dolans ne s'en part nus
de France, QUESN-^S, Romane.]). 96. Ainçois le
donne [ton coeur] en don tout quile : Si en auras
greignor [plus grand] mérite, 7a Jîose, 2264. Si
vous rens grâces et mérites De la bonté que vous
me dites, ib. 2821.' Pechié porte sa peine et bienfait'
sa mérite, J.DE MEUNG, Test. 209. Diex 1' [lui] en
rendra encore, sachez, tout son mérite [tout ce
qu'elle mérite], Berte, LIV. |j xive s. À cely doit en
rendre grâces et mérites, qui est souverain de tous
les rois, Chr. de St Denis, t. 1, f° 17. Si cest-j oppi-
nion estoit vraye que toutes choses adviendroient
de nscessité selon la constellation des corps céles-
tes, nul n'auroit mérite, Sonne d« vergier, I, 17).
Il xve s. Bienfait ne se doit sans mérite [recompense]
passer, Perceforest, t. v, f° 82. |J xvie s. Croire est de
don, mn point de mérite, CALV. Inst. 46).Dieu ap-
plique le loyer au mérite, et la peine au démérite,
AMYOT, Moral. Épît. 11.
— ÊTYM. Provenç. mert'7, mérite; cat. men't;
esp. port, et ital. merito ; du lat. merilum, chose
méritée. L'espagnol et l'italien, qui ont l'accent sur
me, viennent du latin mertVwm, qui al'accent sur la
même syllabe ; mais le provençal et le français font
difficulté d'abord pour la forme : l'accent est déplacé ;
puis pourlesens : mérite y signifie récompense; tout
porte à croire qu'il faut y voir un substantif tiré du
participe meri, de l'ancien verbe merir, qui, tout en
venant du latinmereri, avait prisle sens de récom-
penser. Le sens primitif de mereri est avoir en
partage ; comparez pipo;, puôpoç, (xa'pojiai.
MÉRITÉ, ÉE (mé-ri-té, tée), part, possède mériter.
Récompense méritée. Mais cette amour si ferme et
si bien méritée, CORN. Foly. iv, 3. L'Évangile à
l'esprit n'offre de tous côtés Que pénitence à faire
et tourments mérités; Et de vos fictions le mélange
coupable Même à ses vérités donne l'air de 5a
fable, BOIL. Art p. 111.
MÉRITER (mé-ri-té), v. a. || 1° Être digne de,
en parlant des personnes. Et concevez enfin des
voeux plus élevés, Pour mériter les biens qui vous
sont réservés, CORN. Nicom. 1, 2. Je m'en vais seul
au temple où leur hymen s'apprête, Où vous n'osez
aller mériter ma conquête, RAC Andr. iv, 3. Vous
méritiez, ma fille, un père plus heureux, ID. ïphig.
11, 3. L'on croit mériter les bons succès, mais n'y
devoir compter que fort rarement, LA BRUY. XI.
Il Mériter de, avec l'infinitif. II mérite d'être pro-
tégé. Plus vous me commandez de vous être infi-
dèle, Madame, plus je vois combien vous méritez
De ne point obtenir ce que vous souhaitez..., RAC
Bajas. n, 6. Il Mériter que, avec le subjonctif. Son-
geons que ce sacrifice [la messe].... serait inutile à
la reine, si elle n'avait mérité par sa bonne vie que
l'effet en pût passer jusqu'à elle, BOSS. Mar.-Thér.
Il Mériter une femme, l'obtenir en raison de son
mérite. Pendant que tant de naissance, tant de
biens, tant de grâces qui l'accompagnaient lui atti-
raient les regards de toute l'Europe, le prince Edouard
de Bavière.... la mérita, BOSS. Anne de Gong. || Ab-
solument, mériter beaucoup, être digne de récom-
pense par ses talents par ses services. Cet homme
mérite beaucoup.H Bien mériter de, rendre de grands
services à. On coupait la tête à un vieillard véné-
rable, lorsque j'arrivai à la Haie; c'était la tête
chauve du premier ministre Barnevelt, l'homme
qui avait le mieux mérité de la république, VOLT.
Scarmentado. Ah! Wallstein de nous deux avait bien
mérité, BÉNI, CONST. Wallslcin, n, 8. || 11 a bien mé-
rité de la patrie, mention que la Convention et la
Constituante de 1848 décernaient comme une su-
prême récompense à des armées victorieuses ou à des
hommes qui s'étaient signalés par quelque grand
service. H On dit aussi quelquefois mériter tout seul
au sens de bien mériter. Descartes a mérité de
l'astronomie pour avoir découvert la force centri-
fuge, BAILLY, I/is7. de l'astron. mod. iv, § 20.
Il 2° En mauvaise part, encourir, attirer sur soi.
Mériter une punition. 11 est bien plus juste de con-
server à tant de personnes que vous avez décriées
la réputation de piété qu'ils ne méritent pas de per-
dre, que de vous laisser la réputation de sincérité
que vous ne méritez pas d'avoir, PASC Prov. xv.
Hélas! si jeune encore Par quel crime ai-je pu mé-
riter mon malheur? RAC Esth. 1, 6.11s [lesenfantsj
savent précisément el mieux que personne ce
ce qu'ils méritent [en fait de châtiment], et ils ne
méritent guère- que ce qu'ils craignent, LA BRUY.
XI. H 3° 11 se dit des choses qui font obtenir quelque
grâce, quelque récompense. Cette action mérite ré-
compense. Et cette ressemblance, où son courage
aspire, Mérite mieux que toi de gouverner l'empire,
CORN. Hêracl. 1,2.11 [ColignyJ appelait de loin le jeune
Téligny ; Téligny, dont l'amour a mérité sa fille, voi T.
Henr. 11. || Cette nouvelle mérite confirmation, elle a
besoin d'être confirmée. || 4° Absolument. Avoir, du
mérite, être digne. Le plus grand des maux est les
guerres civiles ■. elles sont sûres si on veut récom-
penser les mérites; car tous diront qu'ils méritent,
PASC. .Pens. v, 3, éd. HAVET. || Etre méritoire. Plus
elle [la mort] est volontaire, et plus elle mérite, CORN.
Poly. 11, 6. Ce ne sont ni les austérités du corps,
ni les agitations de l'esprit, mais les bons mou-
vements du coeur qui méritent,, PASC Lett. à
Mlle Roannez, 6. || 5° Mériter quelque chose à quel-
qu'un, se dit de ce qui nous fait obtenir quelque
avantage. Sa justice, sa prudence, la facilité qu'il ap-
portait aux affaires, lui méritaient la vénération et
l'amour de tous :es peuples, BOSS. le Tellier. Jésus-
Christ, pour nous mériter la rémission de nos crimes...
ID. 3e sermon, Passion, 2. Comment voulez-vous
qu'Êrophile, à qui le manque de parole, les mau-
vais offices, bien loin de nuire, ont mérité des
grâces et des bienfaits.... LA BRUY. XI. || En mau-
vaise part. Avant que de César la trame soit
coupée, Il faut que son orgueil lui mérite aux en-,
fers Tout ce qu'on lui prépare et d'opprobre et de
fers, BRÉBEUF, P7iars. vi. || 6° Etre assez important
pour.... en parlant soit des choses, soit des personnes.
Ce que le prince fit ensuite mériterait' d'être ra-
contera toute la terre, BOSS. Louis de Bourbon. Exa-.
minons ce bruit, remontons à sa source; S'il ne mé-
rite pas d'interrompre ma course, Partons.... RAC.
Phèdre, 11, 6. Si ton sang méritait qu'on daigntt le
répandre.... VOLT. OEdipe, m, 4. Il ne méritait pas
de tomber sous ma main, ip. Sémiram. v, S.
Il 7° Se mériter, v. rèfl. Être mérité Ces bien-
faits dont j'ose me vanter, Par des vers immortels
ont dû se mériter, BOIL. Ep. v. || 8° Être dignes l'un
de l'autre. Par des droits secrets que le ciel avait dé-
cidés, la princesse du monde la plus parfaite [la
jeune Marie-Thérèse] appartenait déjà au plus grand
des rois [le jeune Louis XIV]; ils travaillaient, sans
y penser, à se plaire et à se mériter l'un l'autre,
FLÉCH. Mar.-Thér.
— REM. J. J. Rousseau écrit : Les petits événe-
ments de mon voyage ne méritent pas, madame,
de vous en occuper, Lett. à Mme de Boufflers, 6 ayr,
1766. La phrase est incorrecte; il faut : que voua
vous en occupiez.
— SYN. MÉRITER , ÊTRE DIGNE. On a essayé d'éta-
blir, la synonymie entre ces deux expressions, en
disant que mériter se rapportait aux actes, et être di-
gne aux qualités. Mais, en examinant les emplois di-
vers, on n'aperçoit aucune nuance sensible entre
mériter et être digne; l'usage les confond sans
cesse.
— HIST. xve s. Sans en rien l'avoir mérité,
COMM. V, 18. Vous me pourrez dorénavant très bien
servir; à mon pouvoir, vous le mériterai, LOUIS xi,
Nouv. xm. ||xvi° s. En close main, à regret esten-
due, Don ne mérite, et grâce est confondue, J. MA-
ROT, v, 193. Cestuy Jason avoit bien mérité Estre
des preux, ID. V, 289. [Livre] non sans bien grande
et méritée recommandation, MONT, I, 206. Il avoit
bien mérité la honte que l'on luy avoit failte, AMYOT,
Flamin. 37. Nous les [les acteurs] voyons es théâ-
tres ne plorer ny ne rire pas à leur plaisir quand
ilz veulent, ains quand la matière de ce qu'ilz reci-
tent le requiert et le mérite, ID. Démosth. 31.
— ÉTYM. Mérite.
t MÉRITHALLE (mé-ri-ta-1'), s. m. Terme dû
botanique. Intervalle qui existe entre deux noeuds
ou entre deux insertions de feuilles sur un rameau.
— ÉTYM. Mspl;, partie, et 6à).).oç, tige.
MÉRITOIRE (mé-ri-toi-r'), adj. || 1° Attirant des
mérites, digne d'être récompensé,, en parlant des
choses. Il est méritoire de pardonner les injures. Et
je "croirais, en le volant, faire une action méritoire,
MOL. 7'AU. n,4. H 2° Particulièrement. Qui attire la
miséricorde divine. Quand mes prières seraient inu-
tiles pour les morts, elles seront toujours méritoires
pour moi, BOURDAL. Commémorât, des morts, Myst.
t. 11, p. 498. Rendre nos souffrances méritoires,
MASS. ArentjAfflict. C'est un acte très-méritoire aux
Indes de prier Dieu dans l'eau courante, MONTESQ-
Esp. xxiv, 26. Le prêtre boit dans le vin pur le
sang méritoire de l'agneau, CHATEAUBR. Génie, 1,1,7.
— HIST. xme s. Riens, quant.à pardurable gloire,
N'estoit, devant croix, méritoire, J. DE MEUNG, Tr.
674. Il xvie s. X Rome entra sur le char de victoire,
Où il receut triumphe méritoire, J. MAROT, V, aïo.
Les jésuites qui apeloient acte méritoire de tuer les
tyrans, D'ÀUB. Hist. m, 339. Les bonnes oeuvres sont
méritoires des grâces que Dieu nous confère en ceste
MÉR
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ne l'escorte, MONTFLEURY, Fem. juge et part, n, 4.
CMS hommes ne se rendent d'ordinaire sur le mérite
d'autrui qu'à la dernière extrémité, VAUVENARGUES,
Conseils à un jeune homme. Il est plus nécessaire,
pour vivre en paix, de cacher son mérite que
ses défauts, COMTE DE CAYLUS (GKOSLEY), OEuv. t. xu,
p. 197, dans POUGENS. Le mérite a sa pudeur
comme la chasteté, DUCLOS, Consid. moeurs, 3. Il se
trouvait en ce moment dans cette heureuse position
où le mérite peut espérer une indulgence qu'il
.n'éprouve qu'une fois et même qu'il n'éprouve pas
toujours, CONDORCET, Haller. Vanter sa race, c'est
louer le mérite d'autrui, M"e DE LAMBERT, Avis d'une
mère à son fils. || Avoir du mérite, avoir des qua-
lités, du talent. Ma soeur a du mérite, elle est ai-
mable et belle, TH. CORN. Ariane, il, 4. Théramène
était riche et avait du mérite; il a hérité, il est
donc très-ricb". et d'un très-grand mérite, LA BRUY.
vu. || De mérite, se dit des personnes qui ont du
mérite. Nommez cet ecclésiastique de mérite, que
vous dites avoir assisté à cette assemblée.... PASC.
Prov. xvi. Chrysanthe, homme opulent et imper-
tinent, ne veut pas être vu avec Eugène, qui est
homme de mérite, mais pauvre, il croirait en être
déshonoré, LA BRUY. VI. Les personnes de mérite et
de service sont utiles aux rois, ID. XI. Parmi les
officiers de l'armée, on voyait des gens de mérite,
HAMILT. Gramm. 2. Madame la maréchale d'Albret
était une personne de mérite sans esprit, MADAME
DE CAYLUS, Souvenirs, p. 17, dans POUGENS. || Du
premier mérite, qui est au premier rang par son
mérite. 11 [Scipion] avait toujours auprès de lui des
savants du premier mérite, comme Panétius et Po-
lybe, qu: l'accompagnaient même dans ses campa-
gnes, ROLL. 7iïst. anc. OEuvres, xi, 2e part. p. 668,
dans POLGENS.II AU plur. Ces deux hommes ont des
mérites différents. Que si ton heur était pareil X
tes admirables mérites, MALH. m, 2. Qu'il ne vante
donc plus ses mérites frivoles, CORN. Pomp. i, 1.
Demeurez avec moi d'accord de vos mérites,' ID. 7a
Veuve, n, 4. Dans le monde on voit tous les jours
des mérites médiocres l'emporter sur des mérites
éclatants, BOURDAL. Mysl. Ascens. deJ. C. t. i, p. 403.
Si la réputation et la vertu pouvaient dispenser
d'une loi commune, l'illustre et la vertueuse Julie
vivrait encore avec son époux; ce peu de terre que
nous voyons dans cette chapelle couvre ces grands
noms et ces grands mérites, FLÉCH. duc de Monlau-
sier. On lui dut [à Patru] l'ordre, la clarté, la bien-
séance, l'élégance du discours, mérites absolument
inconnus avant lui, VOLT. louis XIV, 32. Molière
fut, si on ose le dire, un législateur des,bienséances
du monde; je ne parle ici que de ce service rendu
à son siècle, on sait assez ses autres mérites, ID.
ib. 32. |1 5° Ce qu'une chose a de digne d'éloge. Le
mérite du style. Cette pièce n'est pas sans mérite.
On ôte du mérite aux bienfaits qu'on retarde,
ROTR. Bélis. u, 4G\ Et sans considérer quel sera le
loyer D'une action de ce mérite, LA FONTAIKE,
Fabl. vi, 4 3. Si, pour faire un système, on peut po-
ser toutes sortes de principes, prendre les plus ab-
surdes comme les plus évidents, et faire une
complication de causes sans raison, quel mé-
rite peut-il y avoir dans des ouvrages de cette es-
pèce? CONDILLAC, Traité des syst. ch. 3. Je préférai
toujours X ce mérite faux des politesses vaines
La grossière vertu des moeurs républicaines, VOLT.
Tancr. i, 2. Le mérite de la difficulté surmontée
est quelque chose, m. Lelt. Mme Denis, 22 août 1760.
|| 6° Habileté, talent. On cherche les-rieurs; et moi
je les évite; Cet ar' veut sur tout autre un suprême
mérite, LA FONT. Fabl. vm, 8. 11 [le chevalier de
Grignan] estbon jugedu mérite de la guerre [mérite
militaire], SÉV. 18 juill. 1890. || 7° Mérite, les gens
de mérite. Honorer le mérite. Affable à tous avec
dignité, elle savait estimer les uns, sans fâcher les
autres; et, quoique le mérite fût distingué, la fai-
blesse ne se sentait pas dédaignée, BOSS. Duch.
d'Orl. || On l'a dit au singulier pour signifier un
homme de mérite. Et l'on peut pour époux refuser
un mérite Que pour adorateur on veut bien à sa
suite, MOL. F. sav.J, 1. || 8° Fig. Importance, en par-
lant d'une chose. Il a vu cet homme que je vous ai
dit qui est habile [un médecin] ,'et qui le traite ac-
tuellement selon le mérite de cernai, SÉV, 6 oct!
4680. |j 9° Terme de marine. Apostille favorable por-
tée sur le congé d'un marin, ou à côté de son nom
sur les matricules. || 10" Mérite militaire, nom d'un
ordre fondé par Louis XV.
— REM. On dit un homme de mérite, on dit
aussi le mérite d'un ouvrage; mais on ne dit pas un
ouvrage de mérite.
— HIST. xm' s. Helasî se nus [nuls] se doit.sau-
ver [-faire son salut] dqlans, Dont doit par droit ma
mérite estre grans, Car plus dolans ne s'en part nus
de France, QUESN-^S, Romane.]). 96. Ainçois le
donne [ton coeur] en don tout quile : Si en auras
greignor [plus grand] mérite, 7a Jîose, 2264. Si
vous rens grâces et mérites De la bonté que vous
me dites, ib. 2821.' Pechié porte sa peine et bienfait'
sa mérite, J.DE MEUNG, Test. 209. Diex 1' [lui] en
rendra encore, sachez, tout son mérite [tout ce
qu'elle mérite], Berte, LIV. |j xive s. À cely doit en
rendre grâces et mérites, qui est souverain de tous
les rois, Chr. de St Denis, t. 1, f° 17. Si cest-j oppi-
nion estoit vraye que toutes choses adviendroient
de nscessité selon la constellation des corps céles-
tes, nul n'auroit mérite, Sonne d« vergier, I, 17).
Il xve s. Bienfait ne se doit sans mérite [recompense]
passer, Perceforest, t. v, f° 82. |J xvie s. Croire est de
don, mn point de mérite, CALV. Inst. 46).Dieu ap-
plique le loyer au mérite, et la peine au démérite,
AMYOT, Moral. Épît. 11.
— ÊTYM. Provenç. mert'7, mérite; cat. men't;
esp. port, et ital. merito ; du lat. merilum, chose
méritée. L'espagnol et l'italien, qui ont l'accent sur
me, viennent du latin mertVwm, qui al'accent sur la
même syllabe ; mais le provençal et le français font
difficulté d'abord pour la forme : l'accent est déplacé ;
puis pourlesens : mérite y signifie récompense; tout
porte à croire qu'il faut y voir un substantif tiré du
participe meri, de l'ancien verbe merir, qui, tout en
venant du latinmereri, avait prisle sens de récom-
penser. Le sens primitif de mereri est avoir en
partage ; comparez pipo;, puôpoç, (xa'pojiai.
MÉRITÉ, ÉE (mé-ri-té, tée), part, possède mériter.
Récompense méritée. Mais cette amour si ferme et
si bien méritée, CORN. Foly. iv, 3. L'Évangile à
l'esprit n'offre de tous côtés Que pénitence à faire
et tourments mérités; Et de vos fictions le mélange
coupable Même à ses vérités donne l'air de 5a
fable, BOIL. Art p. 111.
MÉRITER (mé-ri-té), v. a. || 1° Être digne de,
en parlant des personnes. Et concevez enfin des
voeux plus élevés, Pour mériter les biens qui vous
sont réservés, CORN. Nicom. 1, 2. Je m'en vais seul
au temple où leur hymen s'apprête, Où vous n'osez
aller mériter ma conquête, RAC Andr. iv, 3. Vous
méritiez, ma fille, un père plus heureux, ID. ïphig.
11, 3. L'on croit mériter les bons succès, mais n'y
devoir compter que fort rarement, LA BRUY. XI.
Il Mériter de, avec l'infinitif. II mérite d'être pro-
tégé. Plus vous me commandez de vous être infi-
dèle, Madame, plus je vois combien vous méritez
De ne point obtenir ce que vous souhaitez..., RAC
Bajas. n, 6. Il Mériter que, avec le subjonctif. Son-
geons que ce sacrifice [la messe].... serait inutile à
la reine, si elle n'avait mérité par sa bonne vie que
l'effet en pût passer jusqu'à elle, BOSS. Mar.-Thér.
Il Mériter une femme, l'obtenir en raison de son
mérite. Pendant que tant de naissance, tant de
biens, tant de grâces qui l'accompagnaient lui atti-
raient les regards de toute l'Europe, le prince Edouard
de Bavière.... la mérita, BOSS. Anne de Gong. || Ab-
solument, mériter beaucoup, être digne de récom-
pense par ses talents par ses services. Cet homme
mérite beaucoup.H Bien mériter de, rendre de grands
services à. On coupait la tête à un vieillard véné-
rable, lorsque j'arrivai à la Haie; c'était la tête
chauve du premier ministre Barnevelt, l'homme
qui avait le mieux mérité de la république, VOLT.
Scarmentado. Ah! Wallstein de nous deux avait bien
mérité, BÉNI, CONST. Wallslcin, n, 8. || 11 a bien mé-
rité de la patrie, mention que la Convention et la
Constituante de 1848 décernaient comme une su-
prême récompense à des armées victorieuses ou à des
hommes qui s'étaient signalés par quelque grand
service. H On dit aussi quelquefois mériter tout seul
au sens de bien mériter. Descartes a mérité de
l'astronomie pour avoir découvert la force centri-
fuge, BAILLY, I/is7. de l'astron. mod. iv, § 20.
Il 2° En mauvaise part, encourir, attirer sur soi.
Mériter une punition. 11 est bien plus juste de con-
server à tant de personnes que vous avez décriées
la réputation de piété qu'ils ne méritent pas de per-
dre, que de vous laisser la réputation de sincérité
que vous ne méritez pas d'avoir, PASC Prov. xv.
Hélas! si jeune encore Par quel crime ai-je pu mé-
riter mon malheur? RAC Esth. 1, 6.11s [lesenfantsj
savent précisément el mieux que personne ce
ce qu'ils méritent [en fait de châtiment], et ils ne
méritent guère- que ce qu'ils craignent, LA BRUY.
XI. H 3° 11 se dit des choses qui font obtenir quelque
grâce, quelque récompense. Cette action mérite ré-
compense. Et cette ressemblance, où son courage
aspire, Mérite mieux que toi de gouverner l'empire,
CORN. Hêracl. 1,2.11 [ColignyJ appelait de loin le jeune
Téligny ; Téligny, dont l'amour a mérité sa fille, voi T.
Henr. 11. || Cette nouvelle mérite confirmation, elle a
besoin d'être confirmée. || 4° Absolument. Avoir, du
mérite, être digne. Le plus grand des maux est les
guerres civiles ■. elles sont sûres si on veut récom-
penser les mérites; car tous diront qu'ils méritent,
PASC. .Pens. v, 3, éd. HAVET. || Etre méritoire. Plus
elle [la mort] est volontaire, et plus elle mérite, CORN.
Poly. 11, 6. Ce ne sont ni les austérités du corps,
ni les agitations de l'esprit, mais les bons mou-
vements du coeur qui méritent,, PASC Lett. à
Mlle Roannez, 6. || 5° Mériter quelque chose à quel-
qu'un, se dit de ce qui nous fait obtenir quelque
avantage. Sa justice, sa prudence, la facilité qu'il ap-
portait aux affaires, lui méritaient la vénération et
l'amour de tous :es peuples, BOSS. le Tellier. Jésus-
Christ, pour nous mériter la rémission de nos crimes...
ID. 3e sermon, Passion, 2. Comment voulez-vous
qu'Êrophile, à qui le manque de parole, les mau-
vais offices, bien loin de nuire, ont mérité des
grâces et des bienfaits.... LA BRUY. XI. || En mau-
vaise part. Avant que de César la trame soit
coupée, Il faut que son orgueil lui mérite aux en-,
fers Tout ce qu'on lui prépare et d'opprobre et de
fers, BRÉBEUF, P7iars. vi. || 6° Etre assez important
pour.... en parlant soit des choses, soit des personnes.
Ce que le prince fit ensuite mériterait' d'être ra-
contera toute la terre, BOSS. Louis de Bourbon. Exa-.
minons ce bruit, remontons à sa source; S'il ne mé-
rite pas d'interrompre ma course, Partons.... RAC.
Phèdre, 11, 6. Si ton sang méritait qu'on daigntt le
répandre.... VOLT. OEdipe, m, 4. Il ne méritait pas
de tomber sous ma main, ip. Sémiram. v, S.
Il 7° Se mériter, v. rèfl. Être mérité Ces bien-
faits dont j'ose me vanter, Par des vers immortels
ont dû se mériter, BOIL. Ep. v. || 8° Être dignes l'un
de l'autre. Par des droits secrets que le ciel avait dé-
cidés, la princesse du monde la plus parfaite [la
jeune Marie-Thérèse] appartenait déjà au plus grand
des rois [le jeune Louis XIV]; ils travaillaient, sans
y penser, à se plaire et à se mériter l'un l'autre,
FLÉCH. Mar.-Thér.
— REM. J. J. Rousseau écrit : Les petits événe-
ments de mon voyage ne méritent pas, madame,
de vous en occuper, Lett. à Mme de Boufflers, 6 ayr,
1766. La phrase est incorrecte; il faut : que voua
vous en occupiez.
— SYN. MÉRITER , ÊTRE DIGNE. On a essayé d'éta-
blir, la synonymie entre ces deux expressions, en
disant que mériter se rapportait aux actes, et être di-
gne aux qualités. Mais, en examinant les emplois di-
vers, on n'aperçoit aucune nuance sensible entre
mériter et être digne; l'usage les confond sans
cesse.
— HIST. xve s. Sans en rien l'avoir mérité,
COMM. V, 18. Vous me pourrez dorénavant très bien
servir; à mon pouvoir, vous le mériterai, LOUIS xi,
Nouv. xm. ||xvi° s. En close main, à regret esten-
due, Don ne mérite, et grâce est confondue, J. MA-
ROT, v, 193. Cestuy Jason avoit bien mérité Estre
des preux, ID. V, 289. [Livre] non sans bien grande
et méritée recommandation, MONT, I, 206. Il avoit
bien mérité la honte que l'on luy avoit failte, AMYOT,
Flamin. 37. Nous les [les acteurs] voyons es théâ-
tres ne plorer ny ne rire pas à leur plaisir quand
ilz veulent, ains quand la matière de ce qu'ilz reci-
tent le requiert et le mérite, ID. Démosth. 31.
— ÉTYM. Mérite.
t MÉRITHALLE (mé-ri-ta-1'), s. m. Terme dû
botanique. Intervalle qui existe entre deux noeuds
ou entre deux insertions de feuilles sur un rameau.
— ÉTYM. Mspl;, partie, et 6à).).oç, tige.
MÉRITOIRE (mé-ri-toi-r'), adj. || 1° Attirant des
mérites, digne d'être récompensé,, en parlant des
choses. Il est méritoire de pardonner les injures. Et
je "croirais, en le volant, faire une action méritoire,
MOL. 7'AU. n,4. H 2° Particulièrement. Qui attire la
miséricorde divine. Quand mes prières seraient inu-
tiles pour les morts, elles seront toujours méritoires
pour moi, BOURDAL. Commémorât, des morts, Myst.
t. 11, p. 498. Rendre nos souffrances méritoires,
MASS. ArentjAfflict. C'est un acte très-méritoire aux
Indes de prier Dieu dans l'eau courante, MONTESQ-
Esp. xxiv, 26. Le prêtre boit dans le vin pur le
sang méritoire de l'agneau, CHATEAUBR. Génie, 1,1,7.
— HIST. xme s. Riens, quant.à pardurable gloire,
N'estoit, devant croix, méritoire, J. DE MEUNG, Tr.
674. Il xvie s. X Rome entra sur le char de victoire,
Où il receut triumphe méritoire, J. MAROT, V, aïo.
Les jésuites qui apeloient acte méritoire de tuer les
tyrans, D'ÀUB. Hist. m, 339. Les bonnes oeuvres sont
méritoires des grâces que Dieu nous confère en ceste
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