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MER
MER
MER
COUR. lettre v. || Travailler comme" un mercenaire,
travailler beaucoup. || 4° Eu général, tout homme qui
travaille pour de l'argent, mais avec l'idée dépré-
ciative qu'il n'a aucune indépendance de caractère.
Dieu nous préserve de penser que vous sacrifiez la
vérité à un vil intérêt; que vous êtes du nombre
de ces malheureux mercenaires qui combattent par
des arguments, pour assurer et pour faire respecter
les immenses fortunes de leurs maîtres, VOLT. Phi-
los. Vons. à M. Bergier, xx. Je ne vous ai point
abandonné au sain du mercenaire; je vous ai
appris moi-même à parler, à penser, à sentir,
DIDER. Père de famille,u, 6. Des esclaves et des mer-
cenaires ne sont pas faits pour élever des Spartia-
tes; c'est la patrie elle-même qui remplit cette fonc-
tion importante, BARTHÉL. Anach. ch. 43. || 5° Nom
donné aux étrangers qui servent dans une armée
pour de l'argent. Pour t'en donner avis ce lâche
mercenaire S'en vint dedans ton camp en faveur de
la irait, MAIRET, Mort d'Asdr. m, 3. || Guerre des
•mercenaires, guerre terrible que Cartbage eut à
soutenir contre les troupes étrangères à sa solde,
entre la première guerre punique et la seconde.
|| 6° Fig. Homme intéressé et facile à corrompre
pour de l'argent. C'est un vil mercenaire. «.
— HIST. xne s. Vus estes merceniers : des verais
poi i a; Li relis le veit très bien : plus vils vus en
aura, Th. le mart. 29. || xiv° s. Mercenaires qui la-
bourent pour loyer, comme sont recouvreurs de
maisons, vignerons et teles gens, ORESME, Thèse de
MEUNIER. Jehan Adam, prestre, chappellain mercem-
naire de Rhetet, DU CANGE, merccnarius. Le merce-
naire est digne de son loyer, Songe du verg. i, 46..
Il xve s. Là furent ordonnés le sire de.... messireHenri
de Kakeren, un chevalier mercenaire, FROISS. I, I,I 39.
11 xvie s. La vraye vertu ne demande aucun loyer mer-
cenaire de ses actes louables, AMYOT, Préf. vi; 31. Il
ne fault pas s'en reposer et rapporter du tout à la
discrétion de quelques maistres mercenaires, ID.
Comment il faut nourrir 7es enfants,2i.
— ÉTYM. Provenç. mercenari; esp. et ital. mer-
cenario; du lat. mercenarius, de me», marchan-
dise (voy. MARCHAND) ; mercenarius avait donné
mercenier comme mercenaire.
MERCENA1KEMENT (mèr-se-nê-re-man), adv.
D'une manière mercenaire. Ce chétif écrivain qui
n'aura pas manqué d'écrire mercenairement et de
prostituer sa plume.... GUI PATIN, Lett. t. n,
. p. -331. Ceux qui tiennent le rang de maîtres,
servent, par nécessité et par devoir, ceux-là mêmes
qui les, servent mercenairement et par intérêt,
BOURD. Sera. Dim. t. n, p. 48.
— ÉTYM. Mercenaire j et le suffixe men/..
MERCERIE (mèr-se-rie), s. f..\\i° Commerce du
mercier. Il est dans la mercerie. || 2° Les diverses
marchandises dont les merciers font trafic. || Fig..
11 a plu sur sa mercerie, c'est-à-dire son commerce
va mal, il est dans de mauvaises affaires. || La mer-
cerie, l'ensemble des merciers.
— HIST. xve s. Et avoient [les Gantois] en leur
ost de toutes choses à plenté : halles de draps,
....de mercerie; et marché tous les samedis, FROISS.
II , n, 161. Ce jour [de la mort de Charles VI] il ne
fut rien ouvert, ny merceries, ny autres marchan-
dises, non plus qu'en un jour de grande feste, JUV.
DES URSINS, 1422.4e rang, qui sont les mestiers d'en-
tre les médiocres et petits : mercier vendant petites
■merceries, comme cousteaux, ciseaux, rubans et es-
guillettes, Édit, avril 1497. |[xvie s. En nostre dicte
ville de Paris il y avoit au dist mestier et estât de
grosserie-mercerie [épicerie et mercerie] quatre
gardes jurés, Ordonn. 2 mars, 1507. Et Dieu sait
comment il plut sur sa mercerie [comment on le
rossa], DESPER. Contes, xu. La mercierie que je
porte, Bertran, est bien d'une autre sorte Que celle
que l'usurier vend Dedans ses boutiques avares,
HORS. 384. '
— ÉTYM. Mercier.
MERCI (mèr-si), s. /. sans pluriel. || 1° Grâce,
faveur, récompense; usité seulement en ce sens
dans cette locution du style des romans de che-
valerie : Don d'amoureuse merci, les dernières
faveurs de l'amour. Conclusion, que Renaud sur la
place Obtint le don d'amoureuse merci, LA FONT.
Orais. || 2° Il est aussi usité avec le sens de grâce,
faveur, dans la locution : Dieu merci, c'est-à-dire par
la merci, la grâce de Dieu. Quelque rare que soit le
mérite des belles, Je pense, Dieu merci'," qu'on vaut
son prix comme elles, MOL. Mis. m, i. Dieu merci,
tout alla à souhait, SÉV. 296. Dieu merci, les ennemis
de la raison sont aussj bêtes que fanatiques,
D'ALEMB. Lelt. au roi de Pr. 3 juill. 1778. || Dans
cette locution merci est féminin; la locution com-
plète est : la Dieu merci, ou la merci Dieu, comme
on peut yoir à l'historique; Dieu y est régime : merci
de Dieu, comme dans hôtel-Dieu, c'est-à-dire hôtel
de Dieu. Cela signifie proprement non pas remercie-
ment à Dieu, ' mais grâce, faveur de Dieu. || Une
merci de Dieu, poignard qu'on a aussi nommé mi-
séricorde. || Merci de ma vie, merci de moi, excla-
mations populaires qui annoncent l'impatience, la
colère. Merci de moi, lui dit la mère, Tu mange-
ras mon fils? l'ai-je fait à dessein Qu'il assouvisse
un jour ta faim? LA FONT. Fabl. iv, 16. Hé! merci
de ma v'e ! il en irait bien mieux, Si tout se gou-
vernait par ses ordres pieux, MCL. Tart. i, l. Merci
de ma vie, le premier qui avance, je lui donnerai
de ces deux épées dans le ventre, DANCOURT, Chev.
à la mode, v, 3. Eh ! oui, merci de ma vie, je m'y
suis intéressée, elle nous coûte assez pour cela, LE
SAGE, Tnrcaref, i, 9. || 3° Par une extension de sens
qui est aussi dans grâce (comparez faire grâce, deman-
der grâce), sentiment par lequel ou fait i.ux autres la
faveur de les épargner. Un homme sans merci. Dans
cette circonstance, n'attendez aucune merci. Selon
d'anciennes coutumes féodales, le peuple était réputé
corvéable et taillable à merci et miséricorde, Dict.
de l'Acad. L'exemple de leur race à jamais abolie,
Devait sous ta merci tes rebelles ployer, MALH. u, I 2.
|| Être, se mettre à la merci de quelqu'un, être,
se mettre à sa discrétion, c'est-à-dire dans une
situation telle qu'il fera grâce, qu'il donnera merci,
s'il veut. Je me rends donc sans résistance X la
merci d'elle et du sort, MALH. V, 18. Ce public en-
nemi, cette peste du monde [l'Amour].... Se trouve
à la merci de' nos petites mains, ID. vi, 5. Ce
même Antiochus, se cachant à ma vue, Me laisse à
la merci d'une foule inconnue, RAC Bérén. i, 4. Ils
n'ont pas voulu livrer tant de peuples à la merci
d'un homme fougueux, FÉN. Tél. xix. Les innocents
sont à la merci des envieux, ID. ib. xx. Me ?oilà,
grâce à vous, à la merci de mes gens, DIDEROT,
Père de famille, m, 3. || Par extension. Si j'étais
quelque enfant épargné des tempêtes, Livré dans
un désert à la merci des bêtes, CORN. D. Sanche,
iv, S. Il espère vous voir encofe à la merci des
voleurs et des loups, et de tout ce que Marion espé-
rait dans sa jolie abbaye, SÉV. 444. || Fig. X la
merci de, en parlant des choses qui nous dominent
et dont nous sommes le jouet. Ma nef est portée X
la triste merci de la vague indomptée, RÉGNIER,
Sat. vu. M. d'Aumont a envoyé un courrier au roi,
lui dire qu'on avait vu des vaisseaux à la merci des
vents, et quelques marques de débris et de nau-
frage, SÉV. 478. Sa femme [de .M. de Sévigné] est
bien fâchée que vous laissiez vos beaux orangers
d'Avignot à la merci de la bise, ID. 664. Je vous
plains à l'excès d'être si longtemps à la merci de
votre imagination, qui est la plus cruelle et la plus
dévorante compagnie que vous. puissiez avoir, ID.
1er nov. 1688. Voilà les horreurs de la séparation;
on, est à la merci de toutes ces pensées ; on peut
croire sans folie que tout ce qui est possible peut
arriver, ID. 6 mai 1671. Le bonheur de l'impie est
toujours agité ; Il erre à la merci de sa propre
inconstance, RAC. Esth. n, 9. Seriez-vous insensible
au malheur d'un fils qui, cherchant son père à la
merci des vents et des flots, a vu briser son navire
contre vos rochers? FÉN. Tél. i. || Crier merci, de-
mander merci, demander la merci, la faveur de
celui que l'on supplie, demander d'être épargné.
Et du peuple effrayé le plus pressant souci Est de
sauver sa vie en lui criant merci, TRISTAN, Panthée,
il, 3. Monsieur, vous qui venez de me parler ainsi,
Ne demandez jamais ni grâce ni merci, v. HUGO,
Hernani, u, 3. || Prendre à merci, recevoir à merci,
faire grâce. Et par quelle raison dois-je prendre à
merci Ce peuple qui toujours fut de crimes noirci ?
MAIRET, Mort d'Asdrub. i, l. |j 4° L'ordre de la
Merci, de Notre-Dame de la Merci (avec une ma-
juscule), ordre religieux institué pour racheter les
captifs des mains des infidèles. L'ordre de la Merci
fut institué en 1223 par saint Pierre Nolasque, sous
la règle de saint Augustin. || 5° S. m. Un grand
merci, un remerciement. Je veux q'ie la docte co-
horte Vous en doive le grand merci, CHAPELLE,
Voyage. Goûtez bien cela, il est de Léandre, et
il ne me coûte qu'un grand merciv LA BRUY. m.
|| Par forme de plainte. Voilà le grand merci
que j'en ai, c'est-à-dire voilà la reconnaissance
qu'on me témoigne pour les services que j'ai rendus.
Voici le grand merci que j'aurai de mes peines, RÉ-
GNIER, Sat. xn. || Dire merci, remercier, il ne
m'en a pas seulement dit merci. || Absolument,
merci, grand merci, c'est-à-dire je vous rends
grâce. Vous me donnez cela, merci, grand merci.
Le dauphin dit : bien grand merci, LA FONT.
Fabl. iv, 7. Bien grand merci du soin, ID. IfonoV.
|| Merci, grand merci, se dit aussi pour refuser. Re-
naud oit à Damon : grand merci de la coupe,
LA FONT. Coupe. || Merci, isolé de grand, s'emploie
toujours saM article. || On n'a qu'à parcourir l'his-
torique et à se référer à l'étymologie, et l'on verra
que merci est féminin d'origine et a toujours été
employé au féminin. S'il est devenu masculin dans
grand merci, c'est que, dans l'ancienne langue,
grand était aussi bien féminin que masculin, et
grand merci était régulier. Mais au xvie siècle on a
cru que grand était au masculin, ef cela a entraîné
à dire -an grand merci.
— SYN. MERCI, MISÉRICORDE. Dans miséricorde il
y.ta l'idée de misère ; c'est la misère qui touche
notre coeur. Merci ne renferme aucune idée de ce
genre ; il signifie proprement faveur, et indique la
faveur que nous faisons en épargnant. C'est pour
cela qu'or: dit figurément être à la merci des flots,
et non à la miséricorde des flots.
— HIST. xe s. Qued avuisset de nos Christus
mercit, Éulalie. ||xie s. Parle sien Deu, qu'il ait
mercit de moi, C7t. de Roi. xi. Clamez vos coulpes,
si priez Deu merci, ib. LXXXVII. Ce camp [champ de
bataille] est vostre, mercit Deu, et le mien, ib.
eux. || xue s. Sire, dist-ele, grant merci [je] vous
en rent, Ronc. 172. Vous, dame, doit-il membrer
[souvenir], Qu'en gentil cuer [coeur] doit-on trover
merci, Couci, i.v Et quant je plus merci vous
doi crier, ib. x. || xme s. Dame, lonc temps [j'] ai
fait vostre service, La merci Dieu ; qu'or n'en ai
mais talent [volonté], QUESNES, Romane, p. 90.
Seigneur, en tel manière vuellent cil de la cité
rendre la ville en ma merci, sauves leur vies,
VILLEH. XLVIH. Toutes les gens qui avoec lui es-
toient par où li empereres Baudoins passa, vin-
drent à merci, ID. cxv. Se il le fesoit, il serait en
la merci le roi, de cors et d'avoir, Liv. des met. 94.
Iln'est nule[chose] quisitostmete X merci dame ou
damoisele, la Rose, 1836. Sans faille, voirs est que
li Diex D'amors trois dons, soe merci, Me donna...
ib. 4125. Sire, fist le preudomme, vous me faites
grant honneur, la vostre merci,J0iNV.2l6. ||xves.l
Et à votre povre peuple qui crie merci.... veuillez
donner grâce et remission, FROISS. II, m, 18. Et
quand ledit messire Guillaume peut parler, il dit :
Gentil et noble roy, cent mille mercis du grant
honneur que vous me faites, ID. i, i, 47. Ledit
comte Derby, qui fut moult noble et très gentil de
coeur, repondit : Qui merci prie, merci doit avoir, ID.
ib. i, i, 221. || xvie s. Proprement merci est accorder
la grâce qu'on demande, MARG. Nouv. LVI. On leur
pensoit porter les accidens des estats, mais ils les
avoient sceus par un "Walon qui quelques jours au-
paravant, à la merci de trente harquebusades,
.«'estoit, jette dans le fossé, D'AUB. 7iis(. m, 159.
Mes beaux pères religieux, Vous disnez pour un
grammercy, MAROT, m, 66. Rends à Plutarque, o
Grec, un grand-mercy, ID. m, 198. Il avoit esté pré-
sent quand ilz furent exposez à la mercy de la for-
tune, AMYOT, Rom. 10. Le meilleur de ses plus
glorieux actes estoit, ne s'estre jamais sans mercy
vengé d'aucun sien ennemv, ID. Péric. 74* Le peu-
ple romain leur devoit bien le grand mercy de
beaucoup de richesses, de despouilles, etc. qu'ilz
luy avoient acquises, ID. Cicér. 26. Dont plus que
jamais je loue le créateur, redoublant les mercis,
comme il nous a redoublé nostre félicité, MARG.
lett. xxxiv. Quel appétit ne se rebuteroit à veoir
trois cents femmes à sa mercy? MONT, I, 332. Le
cerf nous demande mercy par ses larmes, ID. II,
131. Il se trouva riche, mercy à cettre trafique, ID.
m, 266. Nous aultres ignorants estions perdus, si
ce livre [le Plutarque d'Aruyot] ne nous eust relevés
du bourbier ; sa mercy, nous osons à cett'heure et
parler et escrire, ID. II, 41. Quand les pitaux de vil-
lage ont pris un loup, on emporte, la teste par les
paroisses circonvoisines pour en tirer-du commun
peuple quelques grandsmercis en oeufs, fromages
ou autrement, PASQUIER, l'Interprétation des insti-
lutes de Justinian, n, 21.
— ÉTYM. Berry et bourg, marci; provenç. merce,
mercey ; esp. merced; port, mercé; ital. mercèj du
lat. mercedem, récompense, grâce, faveur. Merces,
comme mera;, se rattache à mereri (voy. MARCHAND)
Du sens de faveur, de grâce, on a passé à celui du
sentiment qui fait faire faveur, faire grâce, épargner.
Grand merci, c'est la grande faveur (que vous me
faites), de là le sens de remerclment.
MERCIER, 1ÈRE (mèr-sié, siè-r'), s. m. et f.
|| 1° Celui, celle qui vend toutes sortes de menues
marchandises, surtout de o>Ues qui servent à l'ba-
MER
MER
MER
COUR. lettre v. || Travailler comme" un mercenaire,
travailler beaucoup. || 4° Eu général, tout homme qui
travaille pour de l'argent, mais avec l'idée dépré-
ciative qu'il n'a aucune indépendance de caractère.
Dieu nous préserve de penser que vous sacrifiez la
vérité à un vil intérêt; que vous êtes du nombre
de ces malheureux mercenaires qui combattent par
des arguments, pour assurer et pour faire respecter
les immenses fortunes de leurs maîtres, VOLT. Phi-
los. Vons. à M. Bergier, xx. Je ne vous ai point
abandonné au sain du mercenaire; je vous ai
appris moi-même à parler, à penser, à sentir,
DIDER. Père de famille,u, 6. Des esclaves et des mer-
cenaires ne sont pas faits pour élever des Spartia-
tes; c'est la patrie elle-même qui remplit cette fonc-
tion importante, BARTHÉL. Anach. ch. 43. || 5° Nom
donné aux étrangers qui servent dans une armée
pour de l'argent. Pour t'en donner avis ce lâche
mercenaire S'en vint dedans ton camp en faveur de
la irait, MAIRET, Mort d'Asdr. m, 3. || Guerre des
•mercenaires, guerre terrible que Cartbage eut à
soutenir contre les troupes étrangères à sa solde,
entre la première guerre punique et la seconde.
|| 6° Fig. Homme intéressé et facile à corrompre
pour de l'argent. C'est un vil mercenaire. «.
— HIST. xne s. Vus estes merceniers : des verais
poi i a; Li relis le veit très bien : plus vils vus en
aura, Th. le mart. 29. || xiv° s. Mercenaires qui la-
bourent pour loyer, comme sont recouvreurs de
maisons, vignerons et teles gens, ORESME, Thèse de
MEUNIER. Jehan Adam, prestre, chappellain mercem-
naire de Rhetet, DU CANGE, merccnarius. Le merce-
naire est digne de son loyer, Songe du verg. i, 46..
Il xve s. Là furent ordonnés le sire de.... messireHenri
de Kakeren, un chevalier mercenaire, FROISS. I, I,I 39.
11 xvie s. La vraye vertu ne demande aucun loyer mer-
cenaire de ses actes louables, AMYOT, Préf. vi; 31. Il
ne fault pas s'en reposer et rapporter du tout à la
discrétion de quelques maistres mercenaires, ID.
Comment il faut nourrir 7es enfants,2i.
— ÉTYM. Provenç. mercenari; esp. et ital. mer-
cenario; du lat. mercenarius, de me», marchan-
dise (voy. MARCHAND) ; mercenarius avait donné
mercenier comme mercenaire.
MERCENA1KEMENT (mèr-se-nê-re-man), adv.
D'une manière mercenaire. Ce chétif écrivain qui
n'aura pas manqué d'écrire mercenairement et de
prostituer sa plume.... GUI PATIN, Lett. t. n,
. p. -331. Ceux qui tiennent le rang de maîtres,
servent, par nécessité et par devoir, ceux-là mêmes
qui les, servent mercenairement et par intérêt,
BOURD. Sera. Dim. t. n, p. 48.
— ÉTYM. Mercenaire j et le suffixe men/..
MERCERIE (mèr-se-rie), s. f..\\i° Commerce du
mercier. Il est dans la mercerie. || 2° Les diverses
marchandises dont les merciers font trafic. || Fig..
11 a plu sur sa mercerie, c'est-à-dire son commerce
va mal, il est dans de mauvaises affaires. || La mer-
cerie, l'ensemble des merciers.
— HIST. xve s. Et avoient [les Gantois] en leur
ost de toutes choses à plenté : halles de draps,
....de mercerie; et marché tous les samedis, FROISS.
II , n, 161. Ce jour [de la mort de Charles VI] il ne
fut rien ouvert, ny merceries, ny autres marchan-
dises, non plus qu'en un jour de grande feste, JUV.
DES URSINS, 1422.4e rang, qui sont les mestiers d'en-
tre les médiocres et petits : mercier vendant petites
■merceries, comme cousteaux, ciseaux, rubans et es-
guillettes, Édit, avril 1497. |[xvie s. En nostre dicte
ville de Paris il y avoit au dist mestier et estât de
grosserie-mercerie [épicerie et mercerie] quatre
gardes jurés, Ordonn. 2 mars, 1507. Et Dieu sait
comment il plut sur sa mercerie [comment on le
rossa], DESPER. Contes, xu. La mercierie que je
porte, Bertran, est bien d'une autre sorte Que celle
que l'usurier vend Dedans ses boutiques avares,
HORS. 384. '
— ÉTYM. Mercier.
MERCI (mèr-si), s. /. sans pluriel. || 1° Grâce,
faveur, récompense; usité seulement en ce sens
dans cette locution du style des romans de che-
valerie : Don d'amoureuse merci, les dernières
faveurs de l'amour. Conclusion, que Renaud sur la
place Obtint le don d'amoureuse merci, LA FONT.
Orais. || 2° Il est aussi usité avec le sens de grâce,
faveur, dans la locution : Dieu merci, c'est-à-dire par
la merci, la grâce de Dieu. Quelque rare que soit le
mérite des belles, Je pense, Dieu merci'," qu'on vaut
son prix comme elles, MOL. Mis. m, i. Dieu merci,
tout alla à souhait, SÉV. 296. Dieu merci, les ennemis
de la raison sont aussj bêtes que fanatiques,
D'ALEMB. Lelt. au roi de Pr. 3 juill. 1778. || Dans
cette locution merci est féminin; la locution com-
plète est : la Dieu merci, ou la merci Dieu, comme
on peut yoir à l'historique; Dieu y est régime : merci
de Dieu, comme dans hôtel-Dieu, c'est-à-dire hôtel
de Dieu. Cela signifie proprement non pas remercie-
ment à Dieu, ' mais grâce, faveur de Dieu. || Une
merci de Dieu, poignard qu'on a aussi nommé mi-
séricorde. || Merci de ma vie, merci de moi, excla-
mations populaires qui annoncent l'impatience, la
colère. Merci de moi, lui dit la mère, Tu mange-
ras mon fils? l'ai-je fait à dessein Qu'il assouvisse
un jour ta faim? LA FONT. Fabl. iv, 16. Hé! merci
de ma v'e ! il en irait bien mieux, Si tout se gou-
vernait par ses ordres pieux, MCL. Tart. i, l. Merci
de ma vie, le premier qui avance, je lui donnerai
de ces deux épées dans le ventre, DANCOURT, Chev.
à la mode, v, 3. Eh ! oui, merci de ma vie, je m'y
suis intéressée, elle nous coûte assez pour cela, LE
SAGE, Tnrcaref, i, 9. || 3° Par une extension de sens
qui est aussi dans grâce (comparez faire grâce, deman-
der grâce), sentiment par lequel ou fait i.ux autres la
faveur de les épargner. Un homme sans merci. Dans
cette circonstance, n'attendez aucune merci. Selon
d'anciennes coutumes féodales, le peuple était réputé
corvéable et taillable à merci et miséricorde, Dict.
de l'Acad. L'exemple de leur race à jamais abolie,
Devait sous ta merci tes rebelles ployer, MALH. u, I 2.
|| Être, se mettre à la merci de quelqu'un, être,
se mettre à sa discrétion, c'est-à-dire dans une
situation telle qu'il fera grâce, qu'il donnera merci,
s'il veut. Je me rends donc sans résistance X la
merci d'elle et du sort, MALH. V, 18. Ce public en-
nemi, cette peste du monde [l'Amour].... Se trouve
à la merci de' nos petites mains, ID. vi, 5. Ce
même Antiochus, se cachant à ma vue, Me laisse à
la merci d'une foule inconnue, RAC Bérén. i, 4. Ils
n'ont pas voulu livrer tant de peuples à la merci
d'un homme fougueux, FÉN. Tél. xix. Les innocents
sont à la merci des envieux, ID. ib. xx. Me ?oilà,
grâce à vous, à la merci de mes gens, DIDEROT,
Père de famille, m, 3. || Par extension. Si j'étais
quelque enfant épargné des tempêtes, Livré dans
un désert à la merci des bêtes, CORN. D. Sanche,
iv, S. Il espère vous voir encofe à la merci des
voleurs et des loups, et de tout ce que Marion espé-
rait dans sa jolie abbaye, SÉV. 444. || Fig. X la
merci de, en parlant des choses qui nous dominent
et dont nous sommes le jouet. Ma nef est portée X
la triste merci de la vague indomptée, RÉGNIER,
Sat. vu. M. d'Aumont a envoyé un courrier au roi,
lui dire qu'on avait vu des vaisseaux à la merci des
vents, et quelques marques de débris et de nau-
frage, SÉV. 478. Sa femme [de .M. de Sévigné] est
bien fâchée que vous laissiez vos beaux orangers
d'Avignot à la merci de la bise, ID. 664. Je vous
plains à l'excès d'être si longtemps à la merci de
votre imagination, qui est la plus cruelle et la plus
dévorante compagnie que vous. puissiez avoir, ID.
1er nov. 1688. Voilà les horreurs de la séparation;
on, est à la merci de toutes ces pensées ; on peut
croire sans folie que tout ce qui est possible peut
arriver, ID. 6 mai 1671. Le bonheur de l'impie est
toujours agité ; Il erre à la merci de sa propre
inconstance, RAC. Esth. n, 9. Seriez-vous insensible
au malheur d'un fils qui, cherchant son père à la
merci des vents et des flots, a vu briser son navire
contre vos rochers? FÉN. Tél. i. || Crier merci, de-
mander merci, demander la merci, la faveur de
celui que l'on supplie, demander d'être épargné.
Et du peuple effrayé le plus pressant souci Est de
sauver sa vie en lui criant merci, TRISTAN, Panthée,
il, 3. Monsieur, vous qui venez de me parler ainsi,
Ne demandez jamais ni grâce ni merci, v. HUGO,
Hernani, u, 3. || Prendre à merci, recevoir à merci,
faire grâce. Et par quelle raison dois-je prendre à
merci Ce peuple qui toujours fut de crimes noirci ?
MAIRET, Mort d'Asdrub. i, l. |j 4° L'ordre de la
Merci, de Notre-Dame de la Merci (avec une ma-
juscule), ordre religieux institué pour racheter les
captifs des mains des infidèles. L'ordre de la Merci
fut institué en 1223 par saint Pierre Nolasque, sous
la règle de saint Augustin. || 5° S. m. Un grand
merci, un remerciement. Je veux q'ie la docte co-
horte Vous en doive le grand merci, CHAPELLE,
Voyage. Goûtez bien cela, il est de Léandre, et
il ne me coûte qu'un grand merciv LA BRUY. m.
|| Par forme de plainte. Voilà le grand merci
que j'en ai, c'est-à-dire voilà la reconnaissance
qu'on me témoigne pour les services que j'ai rendus.
Voici le grand merci que j'aurai de mes peines, RÉ-
GNIER, Sat. xn. || Dire merci, remercier, il ne
m'en a pas seulement dit merci. || Absolument,
merci, grand merci, c'est-à-dire je vous rends
grâce. Vous me donnez cela, merci, grand merci.
Le dauphin dit : bien grand merci, LA FONT.
Fabl. iv, 7. Bien grand merci du soin, ID. IfonoV.
|| Merci, grand merci, se dit aussi pour refuser. Re-
naud oit à Damon : grand merci de la coupe,
LA FONT. Coupe. || Merci, isolé de grand, s'emploie
toujours saM article. || On n'a qu'à parcourir l'his-
torique et à se référer à l'étymologie, et l'on verra
que merci est féminin d'origine et a toujours été
employé au féminin. S'il est devenu masculin dans
grand merci, c'est que, dans l'ancienne langue,
grand était aussi bien féminin que masculin, et
grand merci était régulier. Mais au xvie siècle on a
cru que grand était au masculin, ef cela a entraîné
à dire -an grand merci.
— SYN. MERCI, MISÉRICORDE. Dans miséricorde il
y.ta l'idée de misère ; c'est la misère qui touche
notre coeur. Merci ne renferme aucune idée de ce
genre ; il signifie proprement faveur, et indique la
faveur que nous faisons en épargnant. C'est pour
cela qu'or: dit figurément être à la merci des flots,
et non à la miséricorde des flots.
— HIST. xe s. Qued avuisset de nos Christus
mercit, Éulalie. ||xie s. Parle sien Deu, qu'il ait
mercit de moi, C7t. de Roi. xi. Clamez vos coulpes,
si priez Deu merci, ib. LXXXVII. Ce camp [champ de
bataille] est vostre, mercit Deu, et le mien, ib.
eux. || xue s. Sire, dist-ele, grant merci [je] vous
en rent, Ronc. 172. Vous, dame, doit-il membrer
[souvenir], Qu'en gentil cuer [coeur] doit-on trover
merci, Couci, i.v Et quant je plus merci vous
doi crier, ib. x. || xme s. Dame, lonc temps [j'] ai
fait vostre service, La merci Dieu ; qu'or n'en ai
mais talent [volonté], QUESNES, Romane, p. 90.
Seigneur, en tel manière vuellent cil de la cité
rendre la ville en ma merci, sauves leur vies,
VILLEH. XLVIH. Toutes les gens qui avoec lui es-
toient par où li empereres Baudoins passa, vin-
drent à merci, ID. cxv. Se il le fesoit, il serait en
la merci le roi, de cors et d'avoir, Liv. des met. 94.
Iln'est nule[chose] quisitostmete X merci dame ou
damoisele, la Rose, 1836. Sans faille, voirs est que
li Diex D'amors trois dons, soe merci, Me donna...
ib. 4125. Sire, fist le preudomme, vous me faites
grant honneur, la vostre merci,J0iNV.2l6. ||xves.l
Et à votre povre peuple qui crie merci.... veuillez
donner grâce et remission, FROISS. II, m, 18. Et
quand ledit messire Guillaume peut parler, il dit :
Gentil et noble roy, cent mille mercis du grant
honneur que vous me faites, ID. i, i, 47. Ledit
comte Derby, qui fut moult noble et très gentil de
coeur, repondit : Qui merci prie, merci doit avoir, ID.
ib. i, i, 221. || xvie s. Proprement merci est accorder
la grâce qu'on demande, MARG. Nouv. LVI. On leur
pensoit porter les accidens des estats, mais ils les
avoient sceus par un "Walon qui quelques jours au-
paravant, à la merci de trente harquebusades,
.«'estoit, jette dans le fossé, D'AUB. 7iis(. m, 159.
Mes beaux pères religieux, Vous disnez pour un
grammercy, MAROT, m, 66. Rends à Plutarque, o
Grec, un grand-mercy, ID. m, 198. Il avoit esté pré-
sent quand ilz furent exposez à la mercy de la for-
tune, AMYOT, Rom. 10. Le meilleur de ses plus
glorieux actes estoit, ne s'estre jamais sans mercy
vengé d'aucun sien ennemv, ID. Péric. 74* Le peu-
ple romain leur devoit bien le grand mercy de
beaucoup de richesses, de despouilles, etc. qu'ilz
luy avoient acquises, ID. Cicér. 26. Dont plus que
jamais je loue le créateur, redoublant les mercis,
comme il nous a redoublé nostre félicité, MARG.
lett. xxxiv. Quel appétit ne se rebuteroit à veoir
trois cents femmes à sa mercy? MONT, I, 332. Le
cerf nous demande mercy par ses larmes, ID. II,
131. Il se trouva riche, mercy à cettre trafique, ID.
m, 266. Nous aultres ignorants estions perdus, si
ce livre [le Plutarque d'Aruyot] ne nous eust relevés
du bourbier ; sa mercy, nous osons à cett'heure et
parler et escrire, ID. II, 41. Quand les pitaux de vil-
lage ont pris un loup, on emporte, la teste par les
paroisses circonvoisines pour en tirer-du commun
peuple quelques grandsmercis en oeufs, fromages
ou autrement, PASQUIER, l'Interprétation des insti-
lutes de Justinian, n, 21.
— ÉTYM. Berry et bourg, marci; provenç. merce,
mercey ; esp. merced; port, mercé; ital. mercèj du
lat. mercedem, récompense, grâce, faveur. Merces,
comme mera;, se rattache à mereri (voy. MARCHAND)
Du sens de faveur, de grâce, on a passé à celui du
sentiment qui fait faire faveur, faire grâce, épargner.
Grand merci, c'est la grande faveur (que vous me
faites), de là le sens de remerclment.
MERCIER, 1ÈRE (mèr-sié, siè-r'), s. m. et f.
|| 1° Celui, celle qui vend toutes sortes de menues
marchandises, surtout de o>Ues qui servent à l'ba-
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