Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
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IMP
IMP
IMP
improvisatrice, et Tune des plus belles personnes
de Rome, STAEL, Corinne, n, 4.||Adj". Talent im-
provisateur. || Terme de musique. Improvisateur
mécanique, machine qui s'adapte au piano et qui
imprime tout ce que joue un improvisateur.
— ÉTYM. Improviser; ital. improvvisatore.
IMPROVISATION (in-pro-vi-za-sion; en vers,
de six syllabes), s. f. || 1° Action d'improviser.
J'aime surtout l'improvisation dans les gens du
peuple, STAEL, Corinne, m, 3. ||2° Produit de l'im-
provisation. Improvisation brillante, couverte d'ap-
plaudissements.
— ÉTYM. Improviser; ital. improvvisazione.
IMPROVISÉ, ÉE (in-pro-vi-zé, zée), part, passé
d'improviser. Chanson improvisée. Fête improvi-
sée.
IMPROVISER (in-pro-vi-zé). || 1» V. n. Faire
sans préparation et sur-le-champ des vers, de la
musique, un discours. Cet orateur n'improvise pas,
tous ses discours sont écrits d'avance. Il m'est ar-
rivé.... d'entendre tout à coup improviser sur le
clavecin, comme les Italiens improvisent en vers,
STAEL, Allem. i, 2, Moeurs. || 2e V. a. Faire quelque
chose, pièce de vers, dîner, bal, etc. sans prépara-
tion et sur-le-champ. Improviser un dîner. Tous di-
saient qu'on n'avait jamais écrit ni improvisé d'aussi
beaux vers, STAEL, Corinne, n, 4. || Fig. Improviser
un système, une explication, les donner, les expo-
ser sans préparation. || 3e S'improviser, v. réfl. Être
improvise. Une pareille fête ne s'improvise pas.
— HIST. xvie s. Improviser, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Ital. improvvisare, de improvviso, qui
vient de in négatif, et provviso, prévu, du latin
provisus, de pro, en avant, et visus, vu; de vi-
dere, voir (voy. VOIR). On a dit, au xvie siècle, en
imitant l'italien, à l'improvis.
IMPROVISTE (in-pro-vi-sf ) (À. L') , toc. adv.
|| 1° Lorsqu'on y pense le moins, d'une façon inat-
tendue et subite. Il [Persée] conçut qu'en faisant
attaquer de nuit et à Timproviste ce corps de garde
par de bonnes troupes, on pourrait le chasser dp ce
poste et s'en emparer, ROLLIN, ITisf. anc. OEuvres,
t. rx, p 4(6, dans POUGENS. Tout l'alarme : son
ombre seule, vue à Timproviste, est capable de l'a-
giter, MARIV. Pays. par». 4e part. || 2e X Timpro-
viste, en improvisant (sens qui a vieilli). Ce grand
orateur qui fait des harangues à Timproviste,
ignore les choses les plus vulgaires et que les arti-
sans de la Grèce savent, D'ABLANCOORT, Lucien, le
mauvais grammairien. || Ballet des improvistes,
à vingt-six entrées, dansé par Sa Majesté en la
salle du Louvre, le mardi 4 2 février 4636, ainsi
nommé parce qu'il fut inventé, disposé et dansé en
six jours.
— REM. A Timproviste est la forme italienne; à
l'impourvu était la forme française. A Timpourveu
est meilleur qu'à Timproviste, dit MARG. BUFFET,
Observ. p. 67, en 4668. Depuis, à l'impourvu, in-
digène, a complètement disparu devant é l'impro-
viste, étranger.
— HIST. xvie s. En Apollo, disoyt Luculle, quand
festoyer vouloyt ses amyz singulièrement, encores
que on le print à Timproviste, RAB. Pant. v, 20. Il
est vray, monseigneur, que si nos voisins" sont tels
qu'ils nous veulent faire croire, et que à Timpro-
viste fissent icy une course ou à Bayonne, comme
ils ont coustume, je n'en partirois que je ne leur
fisse recevoir telle retraite qu'ils craindraient à
venir jouer icy à leurs barres, MARG. Lett. xcn. Sa
venue ainsi JL Timproviste et inopinée, CARLOIX,
I, 32.
— ÉTYM. Ital. improvvisto, de in négatif, pro,
en avant, et m'sfo, vu.
IMPRUDEMMENT (in-pru-da-man), adv. Avec
imprudence. De sorte que désormais il faut que je
prenne soigneusement garde de ne prendre pas
imprudemment quelque autre chose pour moi,
DESC. ifédifaf. n, 4. La fidélité qu'on garde impru-
demment, Après un peu d'éclat, traîne mn long châ-
timent, CORN. Mort de P.i, 4.
— ÉTYM. Imprudent, et le suffixe ment.
IMPRUDENCE (in-pru-dan-s'), s. f. || 1" Manque
de prudence. Mais c'est une imprudence assez com-
mune aux rois D'écouter trop d'avis et se tromper
au choix, CORN, ifort de P. rv, 4. ....Lâcher ce
qu'on a dans la main, Sous espoir de grosse aven-
ture, Est. imprudence toute pure, LA FONT: Fabl.
ix, 4 0. Imprudence, babil et sotte vanité, Et vaine
curiosité Ont ensemble étroit parentage, ID. ib. x,
■5 De pèlerins une troupe grossière.... Joua les
saints, la Vierge et Dieu, par piété ; Le savoir, à la
fin dissipant l'ignorance, Fit voir de ce projet la
dévote imprudence, BOIL. Art p. m. Je veux bien
excuser son heureuse imprudence, RAC. Iphig. iv,
4 0. Je reconnais en lui la fougueuse imprudence
Qui tantôt sert les dieux, et tantôt les offense,
VOLT. Olymp. i, 6. || 2e Action contraire à la pru-
dence. Si vous avez fait des imprudences, SËV.
450. Mme de Maintenon était pleine jusqu'à ré-
pandre ; il lui échappait des imprudences dans le
particulier, ST-SIM. 66, 4 80. Combien est malheu-
reuse la femme délicate et sensible qui commet
une grande imprudence! STAEL, Corinne, xvn, 3.
— HIST. XIVe s. Et par imprudence il cuide que
les choses qui sent bpnes que ils [elles] soient
malveses, ORESME, Eth. 4 94.
— ÉTYM. Lat. imprudentia, de imprudens, im-
prudent.
IMPRUDENT, ENTE (in-pru-dan, dan-t'), adj.
|| 1° Qui'manque de prudence. Un homme impru-
dent. Un imprudent ami. J'ai failli, je l'avoue, et
mon coeur imprudent A trop cru les transports d'un
désir trop ardent, CORN. Nicom. n, 2. || Substanti-
vement. Un imprudent. Une imprudente. Les im-
prudents. || 2° Il se dit aussi des actions et des dis-
cours. Je n'avais qu'un ami, son imprudente flamme
Du tyran de TÉpire allait ravir la femme, RAC.
Phèd. ni, 5. Enfin, jamais l'amour ne fut moins
imprudent, VOLT. Taiicr. n, 4. Secourons sa valeur
qui devient imprudente, m. ib. v, 2.
— ÉTYM. Lat. imprudentem, de in négatif, et
prudens, prudent.
IMPURÈRE (in-pu-bè-r'), -adj. Terme de droit
romain. Qui n'a pas encore atteint l'âge " de pu-
berté. Le voleur était seulement battu de verges,
s'il était impubère, MONTESQ. Esp. xxvni, 43. || Sub-
stantivement. Un impubère. Une impubère. Les
impubères ne peuvent tester.
— ÉTYM. Lat. impubes, au génitif impuberis, de
in négatif, et puber, pubère.
t IMPUBERTÉ (in-pu-bèr-té), s. f. Âge qui pré-
cède la puberté, enfance. || Absence de puberté.
Son impuberté a été reconnue.
— ÉTYM. Impubère.
f IMPUBLIABLE (in-pu-bli-a-bT), adj". Qu'on no
peut, qu'on ne doit pas publier.
— HIST. xvie s. Je me desplais des pensers
mesmes impubliables, MONT, m, 312.
— ÉTYM. Im..., et publiable.
IMPUDEMMENT (in-pu-da-man), adv. Avec im-
pudence. Un homme de mon âge a cru légèrement
Ce qu'un homme du tien débite impudemment,
CORN, le Menteur, v, 3. Je déclare qu'ils ont menti
très-impudemment, PASC. Prov. xv. Il me nia im-
pudemment que les Caraïbes fussent nés rouges; je
fus obligé de lui envoyer une attestation d'un ancien
procureur du roi de la Guadeloupe, VOLT. Homme
aux 40 écus, lettre.
— HIST. XVe s. Contre les importuns ou contre
les survenans intempestivement, ou contre ceux qui
nous prient impudemment, l'Amant ressuscité, dans
le Dict. de DOCHEZ. || xvie s. Nous donnons à d'autres
qui nous demandent continuellement et impudem-
ment, AMYOT, De la mauvaise honte, 9.
ÉTYM. Impudent, et le suffixe ment.
IMPUDENCE (in-pu-dan-s'), s. f.\\ i° Manque de
ce qui fait la bonne honte. Ton impudence, Témé-
raire vieillard, aura sa récompense, CORN. Cid, i, 7.
Du nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la
fourbe passa pour exquise prudence, Bon,. Sat. xn.
Ah! Que ton impudence excite mon courroux!
RAC. Phèd. iv, 2. Il ne faut rien de moins dans le
monde qu'une vraie et naïve impudence pour réus-
sir, LA BRUY. vm. L'impudence brutale donne de l'in-
dignation, FÉN. Tél. vu. X quoi bon tout cet appa-
reil, je ne dis pas seulement de faste et de vanité,
mais d'immodestie et d'impudence aVec lequel vous
venez paraître dans cette maison de larmes' et de
prières? MASSILL. Carême, Temple. Et qui n'a pour
tout bien qu'un grand fonds d'impudence, BOISSY,
Impatient, m, 3. || 2" Action ou paroles impudentes.
Il mérite d'être châtié pour ses impudences mais
voyez l'impudence ! Qui, moi, j'épouserais un homme
sans naissance! DESTOUÇHES, Phil. mar. v, 6.
— HIST. xvie s. Qu'elles [nos femmes] appren-
nent l'impudence, au moins d'une aultre main,
MONT. I, 2(6.
— ÉTYM. Lat. impudentta, de impudens, impudent.
IMPUDENT,ENTE(in-pu-dan,dan-t'),adj'.|| 1° Qui
offense, qui viole la bonne honte. Voilà deux impu-
dentes carognes, MOL. Pourc. n, 9. || Substantive-
ment. Un impudent. Une impudente. Impudente!
appeler un jargon le langage Fondé sur la raison et
sur le bel usage! MOL. Femm. sav. n, 6.Vousêtesun
sot, un maraud, un coquin et un impudent, ID. l'A-
vare, m, 6. L'impudent est facile à définir: il suffit
de dire que c'est une profession ouverte d'une plai-
santerie outrée, comme de ce qu'il y a de plus con-
traire à la bienséance, LA BRUY. Théophraste, xi.
|| 2° 11 se dit aussi des choses. Je sais que vous êtes
dur, que votre esprit est rebelle et votre front im-
pudent, PASC. Appendice aux Pensées, 52, prophé-
ties, éd. LAHURE, 4860. D'où lui vient, cher ami, cette
impudente audace? RAC. Esth. n, 4. Les calomnies
impudentes d'un Sûillius, le plus méprisable des
hommes de ce temps, DIDER. Claude et Nér. i, 22.
— SYN. IMPUDENT, ÉHONTË. L'impudent est celui
qui n'a pas de pudeur; Téhonté est celui qui n'a
pas de honte. Etre éhonté est donc plus fâcheux
qu'être impudent. L'impudent viole les bienséances,
Téhonté se joue de l'honnêteté et de l'honneur. Im-
pudent est un reproche qui offense, plus l'oreille de
celui à qui on l'adresse ; éhonté est un reproche qui
frappe un mal moral plus profond.
— HIST. xvi" s. Nous estimons effrontés et impu-
dens ceux qui se louent eux-mêmes, AMYOT, dans le
Dict. de nocHEZ.
— ÉTYM. Lat. impudentem, de in négatif, et pu-
dens, qui a honte, pudeur (voy. PUDEUR).
IMPUDEUR (in-pu-deur), s. f. || i" Manque de
pudeur. Discours pleins d'impudeur. L'impudeur des
gestes, de l'attitude. || 2° Défaut, manque de l'hon-
nête honte. Gorgés de biens, ils osent avec impu-
deur solliciter de nouveaux dons, Dict. de l'Acad.
— REM. Impudeur n'est dans le dictionnaire do
l'Académie qu'à partir de l'édition de 4 835.
— SYN. IMPUOEUR, IMPUDENCE. L'impudeur est le
manque de pudeur, et l'impudence le manque de la
bonne honte; or la pudeur a un sens spécial que
n'a pas la bonne honte. Mais toute distinction s'ef-
face pour le deuxième sens.
— ÉTYM. I?n..„, et pudeur.
IMPUDICTTÉ (in-pu-di-si-té), s. f. || i" Vice con-
traire à la pudicité. Ne joins plus, insolente, àl'im-
pudicité Ces mépris orgueilleux et cette vanité, RO-
TROU, Herc. mour. II, 3. Les dissolutions de l'adultère
et de Timpudicité, SACI, Bible, Sagesse, xiv, 26.
|| 2e Action impudique. Placer au milieu d'eux uh
prêtre que son confesseur même envoie de ses ini-
pudicités à l'autel, PASC. Proo.xvi. Après avoir éteint
les flambeaux, ils commettaient les plus énormes
impudicités, VOLT. Dict. phil. Zèle.
— HIST. xve s. Comme Jehanne femme de Philip-
pot de Calan, pour son petit gouvernement et impu-
dicité DU CANGE, immurare. || xvie s. Ceste honte,
venant à corrompre et solliciter Timpudicité, trahit
et rend toutes forteresses foibles, AMYOT, De la mau-
vaise honte, 4. Quelle extresme fureur hors de tci
te transporte.... Que tu veuilles périr d'une mort si
cruelle Pour Timpudicité d'une dame infidèle? DES-
PORTES, Élég. i, 4 9.
— ÉTYM. Im...., et pudicité.
IMPUDIQUE (in-pu-di-k'), adj. || i" Qui fait des ac-
tions contrairesà la pudicité. En cherchant l'amitié de
ce prince numide Qui te rend tout ensemble impudi-
que et perfide, MAIRET, Sophonn, 4. La foi ne tarde
pas à être renversée dans le coeur du pécheur impu-
dique, MASS. Carême, Prodigue, \\ Substantivement.
C'est la femme prostituée qui ne rougit plus, qui,
après avoir longtemps déguisé, son crime et cherché
de vaines excuses à ses infidélités, à la fin étant con-
vaincue, se fait un front d'impudique, comme parle
l'Écriture sainte, BOSSUET, Var. ve avert. §44. Où
est l'impudique qui ne met pas son bonheur dans ses
infâmes voluptés? BOURDAL. Myst.Conc. de la Vierge,
t. n, p. 4 6. || 2e II se dit aussi des choses., Penser
impudique, TRISTAN, Panthée, iv, 4. Je vois de tes
froideurs le principe odieux : Phèdre seule char-
Tnait tes impudiques yeux, RAC. Phèdre, îV, 2.
— HIST. xvi" s. Une Alcine impudique, en tous
charmes instruite, DESPORTES, Diverses amours,
XXXVI.
— ÉTYM. Lat. impudicns, de .tn,négatif, et pu-
dicus, pudique. 5
IMPUDIQUEMENT (in-pu-di-ke-man ), adv.
D'une manière impudique.
— HIST. xvie s. Impudiquement, COTGRAVE.
— ÉTYM. Impudique, et le suffixe ment.
t IMPUGNATION (in-pu-gna-sion), s. f. Terme
vieilli. Action d'impugner.
— HIST. xvie s. Impugnation, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Provenç, et espagn. impugnacipn; ital.
impugnazione; du* lat. impugnationem, ieimpu-
gnare, impugner.
IMPUGNÉ, ÉE (in-pu-gné, gnée), part, passé
d'impugner.
IMPUGNER (in-pu-gné);V. a. Attaquer, combattre
une proposition, un droit. Ceux qui ne travail! ;nt
pas tant à bien concevoir une chose qu'à Tira u-
IMP
IMP
IMP
improvisatrice, et Tune des plus belles personnes
de Rome, STAEL, Corinne, n, 4.||Adj". Talent im-
provisateur. || Terme de musique. Improvisateur
mécanique, machine qui s'adapte au piano et qui
imprime tout ce que joue un improvisateur.
— ÉTYM. Improviser; ital. improvvisatore.
IMPROVISATION (in-pro-vi-za-sion; en vers,
de six syllabes), s. f. || 1° Action d'improviser.
J'aime surtout l'improvisation dans les gens du
peuple, STAEL, Corinne, m, 3. ||2° Produit de l'im-
provisation. Improvisation brillante, couverte d'ap-
plaudissements.
— ÉTYM. Improviser; ital. improvvisazione.
IMPROVISÉ, ÉE (in-pro-vi-zé, zée), part, passé
d'improviser. Chanson improvisée. Fête improvi-
sée.
IMPROVISER (in-pro-vi-zé). || 1» V. n. Faire
sans préparation et sur-le-champ des vers, de la
musique, un discours. Cet orateur n'improvise pas,
tous ses discours sont écrits d'avance. Il m'est ar-
rivé.... d'entendre tout à coup improviser sur le
clavecin, comme les Italiens improvisent en vers,
STAEL, Allem. i, 2, Moeurs. || 2e V. a. Faire quelque
chose, pièce de vers, dîner, bal, etc. sans prépara-
tion et sur-le-champ. Improviser un dîner. Tous di-
saient qu'on n'avait jamais écrit ni improvisé d'aussi
beaux vers, STAEL, Corinne, n, 4. || Fig. Improviser
un système, une explication, les donner, les expo-
ser sans préparation. || 3e S'improviser, v. réfl. Être
improvise. Une pareille fête ne s'improvise pas.
— HIST. xvie s. Improviser, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Ital. improvvisare, de improvviso, qui
vient de in négatif, et provviso, prévu, du latin
provisus, de pro, en avant, et visus, vu; de vi-
dere, voir (voy. VOIR). On a dit, au xvie siècle, en
imitant l'italien, à l'improvis.
IMPROVISTE (in-pro-vi-sf ) (À. L') , toc. adv.
|| 1° Lorsqu'on y pense le moins, d'une façon inat-
tendue et subite. Il [Persée] conçut qu'en faisant
attaquer de nuit et à Timproviste ce corps de garde
par de bonnes troupes, on pourrait le chasser dp ce
poste et s'en emparer, ROLLIN, ITisf. anc. OEuvres,
t. rx, p 4(6, dans POUGENS. Tout l'alarme : son
ombre seule, vue à Timproviste, est capable de l'a-
giter, MARIV. Pays. par». 4e part. || 2e X Timpro-
viste, en improvisant (sens qui a vieilli). Ce grand
orateur qui fait des harangues à Timproviste,
ignore les choses les plus vulgaires et que les arti-
sans de la Grèce savent, D'ABLANCOORT, Lucien, le
mauvais grammairien. || Ballet des improvistes,
à vingt-six entrées, dansé par Sa Majesté en la
salle du Louvre, le mardi 4 2 février 4636, ainsi
nommé parce qu'il fut inventé, disposé et dansé en
six jours.
— REM. A Timproviste est la forme italienne; à
l'impourvu était la forme française. A Timpourveu
est meilleur qu'à Timproviste, dit MARG. BUFFET,
Observ. p. 67, en 4668. Depuis, à l'impourvu, in-
digène, a complètement disparu devant é l'impro-
viste, étranger.
— HIST. xvie s. En Apollo, disoyt Luculle, quand
festoyer vouloyt ses amyz singulièrement, encores
que on le print à Timproviste, RAB. Pant. v, 20. Il
est vray, monseigneur, que si nos voisins" sont tels
qu'ils nous veulent faire croire, et que à Timpro-
viste fissent icy une course ou à Bayonne, comme
ils ont coustume, je n'en partirois que je ne leur
fisse recevoir telle retraite qu'ils craindraient à
venir jouer icy à leurs barres, MARG. Lett. xcn. Sa
venue ainsi JL Timproviste et inopinée, CARLOIX,
I, 32.
— ÉTYM. Ital. improvvisto, de in négatif, pro,
en avant, et m'sfo, vu.
IMPRUDEMMENT (in-pru-da-man), adv. Avec
imprudence. De sorte que désormais il faut que je
prenne soigneusement garde de ne prendre pas
imprudemment quelque autre chose pour moi,
DESC. ifédifaf. n, 4. La fidélité qu'on garde impru-
demment, Après un peu d'éclat, traîne mn long châ-
timent, CORN. Mort de P.i, 4.
— ÉTYM. Imprudent, et le suffixe ment.
IMPRUDENCE (in-pru-dan-s'), s. f. || 1" Manque
de prudence. Mais c'est une imprudence assez com-
mune aux rois D'écouter trop d'avis et se tromper
au choix, CORN, ifort de P. rv, 4. ....Lâcher ce
qu'on a dans la main, Sous espoir de grosse aven-
ture, Est. imprudence toute pure, LA FONT: Fabl.
ix, 4 0. Imprudence, babil et sotte vanité, Et vaine
curiosité Ont ensemble étroit parentage, ID. ib. x,
■5 De pèlerins une troupe grossière.... Joua les
saints, la Vierge et Dieu, par piété ; Le savoir, à la
fin dissipant l'ignorance, Fit voir de ce projet la
dévote imprudence, BOIL. Art p. m. Je veux bien
excuser son heureuse imprudence, RAC. Iphig. iv,
4 0. Je reconnais en lui la fougueuse imprudence
Qui tantôt sert les dieux, et tantôt les offense,
VOLT. Olymp. i, 6. || 2e Action contraire à la pru-
dence. Si vous avez fait des imprudences, SËV.
450. Mme de Maintenon était pleine jusqu'à ré-
pandre ; il lui échappait des imprudences dans le
particulier, ST-SIM. 66, 4 80. Combien est malheu-
reuse la femme délicate et sensible qui commet
une grande imprudence! STAEL, Corinne, xvn, 3.
— HIST. XIVe s. Et par imprudence il cuide que
les choses qui sent bpnes que ils [elles] soient
malveses, ORESME, Eth. 4 94.
— ÉTYM. Lat. imprudentia, de imprudens, im-
prudent.
IMPRUDENT, ENTE (in-pru-dan, dan-t'), adj.
|| 1° Qui'manque de prudence. Un homme impru-
dent. Un imprudent ami. J'ai failli, je l'avoue, et
mon coeur imprudent A trop cru les transports d'un
désir trop ardent, CORN. Nicom. n, 2. || Substanti-
vement. Un imprudent. Une imprudente. Les im-
prudents. || 2° Il se dit aussi des actions et des dis-
cours. Je n'avais qu'un ami, son imprudente flamme
Du tyran de TÉpire allait ravir la femme, RAC.
Phèd. ni, 5. Enfin, jamais l'amour ne fut moins
imprudent, VOLT. Taiicr. n, 4. Secourons sa valeur
qui devient imprudente, m. ib. v, 2.
— ÉTYM. Lat. imprudentem, de in négatif, et
prudens, prudent.
IMPURÈRE (in-pu-bè-r'), -adj. Terme de droit
romain. Qui n'a pas encore atteint l'âge " de pu-
berté. Le voleur était seulement battu de verges,
s'il était impubère, MONTESQ. Esp. xxvni, 43. || Sub-
stantivement. Un impubère. Une impubère. Les
impubères ne peuvent tester.
— ÉTYM. Lat. impubes, au génitif impuberis, de
in négatif, et puber, pubère.
t IMPUBERTÉ (in-pu-bèr-té), s. f. Âge qui pré-
cède la puberté, enfance. || Absence de puberté.
Son impuberté a été reconnue.
— ÉTYM. Impubère.
f IMPUBLIABLE (in-pu-bli-a-bT), adj". Qu'on no
peut, qu'on ne doit pas publier.
— HIST. xvie s. Je me desplais des pensers
mesmes impubliables, MONT, m, 312.
— ÉTYM. Im..., et publiable.
IMPUDEMMENT (in-pu-da-man), adv. Avec im-
pudence. Un homme de mon âge a cru légèrement
Ce qu'un homme du tien débite impudemment,
CORN, le Menteur, v, 3. Je déclare qu'ils ont menti
très-impudemment, PASC. Prov. xv. Il me nia im-
pudemment que les Caraïbes fussent nés rouges; je
fus obligé de lui envoyer une attestation d'un ancien
procureur du roi de la Guadeloupe, VOLT. Homme
aux 40 écus, lettre.
— HIST. XVe s. Contre les importuns ou contre
les survenans intempestivement, ou contre ceux qui
nous prient impudemment, l'Amant ressuscité, dans
le Dict. de DOCHEZ. || xvie s. Nous donnons à d'autres
qui nous demandent continuellement et impudem-
ment, AMYOT, De la mauvaise honte, 9.
ÉTYM. Impudent, et le suffixe ment.
IMPUDENCE (in-pu-dan-s'), s. f.\\ i° Manque de
ce qui fait la bonne honte. Ton impudence, Témé-
raire vieillard, aura sa récompense, CORN. Cid, i, 7.
Du nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la
fourbe passa pour exquise prudence, Bon,. Sat. xn.
Ah! Que ton impudence excite mon courroux!
RAC. Phèd. iv, 2. Il ne faut rien de moins dans le
monde qu'une vraie et naïve impudence pour réus-
sir, LA BRUY. vm. L'impudence brutale donne de l'in-
dignation, FÉN. Tél. vu. X quoi bon tout cet appa-
reil, je ne dis pas seulement de faste et de vanité,
mais d'immodestie et d'impudence aVec lequel vous
venez paraître dans cette maison de larmes' et de
prières? MASSILL. Carême, Temple. Et qui n'a pour
tout bien qu'un grand fonds d'impudence, BOISSY,
Impatient, m, 3. || 2" Action ou paroles impudentes.
Il mérite d'être châtié pour ses impudences mais
voyez l'impudence ! Qui, moi, j'épouserais un homme
sans naissance! DESTOUÇHES, Phil. mar. v, 6.
— HIST. xvie s. Qu'elles [nos femmes] appren-
nent l'impudence, au moins d'une aultre main,
MONT. I, 2(6.
— ÉTYM. Lat. impudentta, de impudens, impudent.
IMPUDENT,ENTE(in-pu-dan,dan-t'),adj'.|| 1° Qui
offense, qui viole la bonne honte. Voilà deux impu-
dentes carognes, MOL. Pourc. n, 9. || Substantive-
ment. Un impudent. Une impudente. Impudente!
appeler un jargon le langage Fondé sur la raison et
sur le bel usage! MOL. Femm. sav. n, 6.Vousêtesun
sot, un maraud, un coquin et un impudent, ID. l'A-
vare, m, 6. L'impudent est facile à définir: il suffit
de dire que c'est une profession ouverte d'une plai-
santerie outrée, comme de ce qu'il y a de plus con-
traire à la bienséance, LA BRUY. Théophraste, xi.
|| 2° 11 se dit aussi des choses. Je sais que vous êtes
dur, que votre esprit est rebelle et votre front im-
pudent, PASC. Appendice aux Pensées, 52, prophé-
ties, éd. LAHURE, 4860. D'où lui vient, cher ami, cette
impudente audace? RAC. Esth. n, 4. Les calomnies
impudentes d'un Sûillius, le plus méprisable des
hommes de ce temps, DIDER. Claude et Nér. i, 22.
— SYN. IMPUDENT, ÉHONTË. L'impudent est celui
qui n'a pas de pudeur; Téhonté est celui qui n'a
pas de honte. Etre éhonté est donc plus fâcheux
qu'être impudent. L'impudent viole les bienséances,
Téhonté se joue de l'honnêteté et de l'honneur. Im-
pudent est un reproche qui offense, plus l'oreille de
celui à qui on l'adresse ; éhonté est un reproche qui
frappe un mal moral plus profond.
— HIST. xvi" s. Nous estimons effrontés et impu-
dens ceux qui se louent eux-mêmes, AMYOT, dans le
Dict. de nocHEZ.
— ÉTYM. Lat. impudentem, de in négatif, et pu-
dens, qui a honte, pudeur (voy. PUDEUR).
IMPUDEUR (in-pu-deur), s. f. || i" Manque de
pudeur. Discours pleins d'impudeur. L'impudeur des
gestes, de l'attitude. || 2° Défaut, manque de l'hon-
nête honte. Gorgés de biens, ils osent avec impu-
deur solliciter de nouveaux dons, Dict. de l'Acad.
— REM. Impudeur n'est dans le dictionnaire do
l'Académie qu'à partir de l'édition de 4 835.
— SYN. IMPUOEUR, IMPUDENCE. L'impudeur est le
manque de pudeur, et l'impudence le manque de la
bonne honte; or la pudeur a un sens spécial que
n'a pas la bonne honte. Mais toute distinction s'ef-
face pour le deuxième sens.
— ÉTYM. I?n..„, et pudeur.
IMPUDICTTÉ (in-pu-di-si-té), s. f. || i" Vice con-
traire à la pudicité. Ne joins plus, insolente, àl'im-
pudicité Ces mépris orgueilleux et cette vanité, RO-
TROU, Herc. mour. II, 3. Les dissolutions de l'adultère
et de Timpudicité, SACI, Bible, Sagesse, xiv, 26.
|| 2e Action impudique. Placer au milieu d'eux uh
prêtre que son confesseur même envoie de ses ini-
pudicités à l'autel, PASC. Proo.xvi. Après avoir éteint
les flambeaux, ils commettaient les plus énormes
impudicités, VOLT. Dict. phil. Zèle.
— HIST. xve s. Comme Jehanne femme de Philip-
pot de Calan, pour son petit gouvernement et impu-
dicité DU CANGE, immurare. || xvie s. Ceste honte,
venant à corrompre et solliciter Timpudicité, trahit
et rend toutes forteresses foibles, AMYOT, De la mau-
vaise honte, 4. Quelle extresme fureur hors de tci
te transporte.... Que tu veuilles périr d'une mort si
cruelle Pour Timpudicité d'une dame infidèle? DES-
PORTES, Élég. i, 4 9.
— ÉTYM. Im...., et pudicité.
IMPUDIQUE (in-pu-di-k'), adj. || i" Qui fait des ac-
tions contrairesà la pudicité. En cherchant l'amitié de
ce prince numide Qui te rend tout ensemble impudi-
que et perfide, MAIRET, Sophonn, 4. La foi ne tarde
pas à être renversée dans le coeur du pécheur impu-
dique, MASS. Carême, Prodigue, \\ Substantivement.
C'est la femme prostituée qui ne rougit plus, qui,
après avoir longtemps déguisé, son crime et cherché
de vaines excuses à ses infidélités, à la fin étant con-
vaincue, se fait un front d'impudique, comme parle
l'Écriture sainte, BOSSUET, Var. ve avert. §44. Où
est l'impudique qui ne met pas son bonheur dans ses
infâmes voluptés? BOURDAL. Myst.Conc. de la Vierge,
t. n, p. 4 6. || 2e II se dit aussi des choses., Penser
impudique, TRISTAN, Panthée, iv, 4. Je vois de tes
froideurs le principe odieux : Phèdre seule char-
Tnait tes impudiques yeux, RAC. Phèdre, îV, 2.
— HIST. xvi" s. Une Alcine impudique, en tous
charmes instruite, DESPORTES, Diverses amours,
XXXVI.
— ÉTYM. Lat. impudicns, de .tn,négatif, et pu-
dicus, pudique. 5
IMPUDIQUEMENT (in-pu-di-ke-man ), adv.
D'une manière impudique.
— HIST. xvie s. Impudiquement, COTGRAVE.
— ÉTYM. Impudique, et le suffixe ment.
t IMPUGNATION (in-pu-gna-sion), s. f. Terme
vieilli. Action d'impugner.
— HIST. xvie s. Impugnation, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Provenç, et espagn. impugnacipn; ital.
impugnazione; du* lat. impugnationem, ieimpu-
gnare, impugner.
IMPUGNÉ, ÉE (in-pu-gné, gnée), part, passé
d'impugner.
IMPUGNER (in-pu-gné);V. a. Attaquer, combattre
une proposition, un droit. Ceux qui ne travail! ;nt
pas tant à bien concevoir une chose qu'à Tira u-
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