MAT
MAT
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nées. La coutume de dire matines dès le soir
vers les quatre à cinq heures pour le lende-
main, est si répandue, que je ne crois pas qu'on
en doive faire aucun scrupule, BOSS. 7,e(t. abb.
39. Je finis hier ma journée par les malines poul-
ie service du roi [Louis XIV mort) ; jugez de l'état
où je suis,. MAINTENON , Lett. à Mme de Caylus,
30 août 4 716. Sans sortir de leurs lits, plus doux
que leurs hermines, Ces pieux fainéants faisaient
chanter matines, BOIL. Lutr. î. || 11 est étourdi
comme le premier coup de matines, locution prise
de ce qu'au premier coup de matines on est encore
à demi endormi. || Le. magnificat à matines,
voy. MAGNIFICAT. || 2° Livre d'église contenant les
prières du matin, et surtout l'office de la Vierge.
|| 3° Matines de Paris, le massacre de la Saint-Bar-
thélémy, ainsi dit à cause de l'heure à laquelle il
commença. || Proverbes. Des matines bien sonnées
sont à demi dites. || Le retour est pire,, est pis que
matines, que les matines, c'est-à-dire les suites d'une
mauvaise affaire sont plus fâcheuses que les com-
mencements.. Le retour vaudra bien matines, le re-
tour vaudra pis que matines, c'est-à-dire la ven-
geance qu'on prendra d'une offense sera sévère.
||.Dans un sens contraire, le retour vaudra mieux-
que matines. || Donner du retour de matines, mettre
à mal. Tant lui donna du retour de matines.... LA
FONT. 77erm.
— HIST. xie s. Messe et matines a li reis escouté,
Ch. de Roi. xi. || xne s. Einsi fu sainte iglise hunie
et violée; Ne matines, ne vespres, messe n'i fu
chantée, Ne Deusn'i fu serviz ne chandeille allumée,
Th. le mart, 153. ||xme s. Mi ami de l'ordene de
Cystiaus sont relevé pour canter matines et pour
proier pour nous, Chr. de Rains, 49. ||xve s. Les-
quelz du dit colleige diront et chanteront toutes les
heures canoniales, savoir est, matines, prime, tierce,
midi, nonne, vespres et compiles, la grand messe
dévotement et convenablement, Ordonn. mai 1482.
Ne s'en souvient-on non plus que des vieilles ma-
tines, Aresfa dmorum, p. 291, dans LACURNE.
|| xvie s. L'heure doncques de la nuict et des ma-
tines de ceste sanglante feste [la Saint-Barthélémy]
estant venue... BRANTÔME, l'Admirai de Chastillon.
— ÉTYM. Matin; bourg, mattaigne; provenç. ma-
tinas; esp. maylines; port, matinas.
MATINEUX, EUSE (ma-ti-neû, neû-z'), adj. Qui
est dans l'habitude de se lever matin. Les coqs, lui
disait-il, ont beau chanter matin, Je suis plus mati-
neux encore, LA FONT. Fabl. vn, il. Quel charme...
De venir visiter sa couche matineuse! A. CHÉN.
Élégies, édit. 4 862, p. 250. || Substantivement. La
Belle matineuse, titre de deux sonnets de Voiture et
de Malleville sur le même sujet.
- HIST. xvie s. Homme matineux, sain, alaigre
et soigneux, COTGRAVE.
— ÉTYM. Matin.
MATINIER, 1ÈRE (ma-ti-nié, niè-r'), adj.
IIIe Qui appartient au matin. Il n'est guère usité
que dans cette expression : l'étoile matinière, la pla-
nète Vénus. || 2° S. m. Chantre, chapelain à gages.
|| Partie de l'office que l'on chante à matines.
— HIST. xvi" s. Iceliui gendarme dist à Jehan
Delpiat telles paroles ou semblables : soyez mati-
nier demain, DU CANGE, matutinatus. Brouée mati-
nière, MONT, II, 4 90.
— ÉTYM. Matin; provenç, matinier, matiner;
cat. malinér.
MATIR (ma-tir), v. a. || 1° Rendre mat de l'or ou
de l'argent. || 2° Faire disparaître la raie qui indi-
que la jonction de deux pièces de fer soudées en-
semble. On dit aussi mater.
— HIST. xine s. Plus pale que cire matie, Bl. et
7e'iaji,"362l.
— ÉTYM. Mat 2.
t MATITÉ ma-ti-té), s. f. Qualité particulière du
son quand il est mat.
— ÉTYM. Mat 2.
t MATOIR (ma-toir), s. m. Outil servant à matir.
Il Marteau qui sert à river les clous ou boulons
chauffés à une haute température. || Espèce de
ciseau non tranchant servant à comprimer le plomb
■ qui soude deux tuyaux. .-.
MATOIS, OISE (ma-toî, toî-z'), adj. || 1° Terme
familier. Qui a, comme le renard, la rusé et la har-
diesse. Souvent le plus matois ne passe que pour
dupe, RÉGNIER, Sot. x. Un vieux coq adroit et ma-
tois, LA FONT. Fab'l. u, 15. || Il se dit aussi des cho-
ses. Le chat dit au renard : fouille en ton sac, ami;
Cherche en ta cervelle matoise Un stratagème sûr,
ID. Fabl. ix, 14. Une femme grande, âgée, maigre,
pâle, vêtue en femme du commun, mais propre-
ment pourtant, qui avait un air posé et matois, MA-
RIVAUX, Pays. parv. part. 6. Jamais physionomie
n'exprime mieux que la physionomie matoise de
Vespasien la nature d'un personnage historique,
habile,, prosaïque, ironique, qui savait admini-
strer et mépriser les hommes, AMPÈRE , Hist.
rom. à Rome, Introd. p. LI. |] 2° Substantivement.
Un matois, une matoise. Nous sommes une cabale
De plus subtils que Dédale, Plus dissimulés et plus
fins Que l'énigmatique Sphynx ; Nous avons vu plus
qu'Ulysses, De sirènes et de Circés; Le Gange au
languide pas, L'Ob et le Nil à sept bras, Hâtant leur
course animée, Fiers de notre renommée, Rechan-
tent en leur patois Ce que c'est que des matois, la
cabale des matois, v. 13, dans FR. MICHEL, Argot.
Les bibliophiles connaissent parfaitement le matois
ou le marchand meslé propre à tout faire (Paris,
Anthoine du Breuil, 1614, in-8°), FR. MICHEL. Ar-
got. Rosen était-un matois rusé qui n'avait garde de
se blesser [de s'offenser], ST-SIM. 25, 32. Il est bien
vrai que je me représentai aussi que ce pouvait être
une matoisedes plus raffinées, LE SAGE, Gi2 Blas,
ni, 6.
— HIST. xvi" s. On a beau estre agile et subtil
de la main comme un basteleur ou un matois à cou-
per une bourse, BRANT. Cap. franc, t. m, p. 385,
dans LACURNE. Le capitaine Lachambe, bon soldat
et bon matois, ib. p. 181. Ils furent chargez de gayeté
de coeur par treize mattois armez de Jacques de
mailles, D'AUB. Vie, xxxi.
— ÉTYM. Mate; wallon mot', rusé. Voy. cepen-
dant : Ribler, tromper soir et matois, COQUILLART,
Monol. des perruques. Matois paraît ici signifier
matin; et en effet quelques-uns ont prétendu que
la maie, signifiai! ceux qui se levaient de grand ma-
tin pour faire leurs mauvais "coups. Fr. Michel y
voit un dérivé de motto, fou; mais rien n'appuie
cette étymologie. La finale ois, qui indique souvent
extraction d'un pays, d'un lieu, favorise la dériva-
tion de la mate, place de Paris. .
f MATOISEMENT (ma-toi-ze-man), adv. En ma-
tois. Il est venu matoisement, Dict. de l'Acad. 174 8.
MATOISERIE (ma-toi-ze-rie), s. f. Qualité du
matois. Vous ne connaissez pas sa matoiserie.
|| Tromperie, fourberie. Voilà une fine matoiserie.
Mais d'où vient qu'au renard Ésope accorde un point,
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie? LA
FONT. Fabl. xi, 6. Quelquefois les pièges sont déten-
dus sans que le gibier y soit resté ; cet accident est
l'effet de la matoiserie des renards : ils attaquent
l'amorce en avançant la patte par le côté de la plan-
che, au lieu de s'engager sous la trappe, CHATEAUBR.
Amer, chasse.
— HIST. xvi" s. O le beau temps pour la galante-
rie, Qu'estoit le temps de la chevalerie ! Point de
matois ni de matoiserie; Dames et preux sur la belle
prairie, Sur le gazon et sur l'herbe fleurie Faisoient
entre eux une honneste frairie, PERRIN, Poésies,
p. 201, dans LACURNE.
— ÉTYM. Matois.
f MATON (ma-ton), s. m. || 1° Lait caillé ou ré-
duit en grumeaux (dit les mattes, en Normandie).
|| 2° Il s'est dit, par assimilation, de petits pelotons
de laine qui prouvent qu'elle n'a pas été touchée
également par la carde dans toutes ses parties.
— HIST. xiv" s. Gruyau destrempé en lait, ou
matons de lait, Mênagier, u, 5. || xve s. Tout leur
mathon, ne toute leur potée Ne prise un ail, je te
dy sans noisier, VILLON, Ballade des contredicts de
franc Gantier. |j xvi" s. Une bonne, belle et grande
platelée de mattes sures, Nouvelle fabrique des
excellents traits de vérité, p. 71 (édit. JANNET).
C'estoit un grand petit homme trapu et quarré, le
plus entendu- à jurer et boire des mattes qu'il y
eust dans toute la paroisse ; or un jour que les
fumées du lait caillé lui avoient monté à la teste...
ib. p. 178.
— ÉTYM. Allem. ifatte, lait caillé, auquel il faut
joindre le gaél. meog, l'irl. meidgh, le kimry meog,
petit-lait. e
MATOU (ma-tou), s. m. || 1° Chat mâle et en-
tier. Cependant, de dépit, il semble qu'on me tire
Par la queue un matou qui m'écrit sur les reins
Des griffes et des dents.... RÉGNIER, Sat. XI. Sou-
vent, durant la nuit obscure, Un oiseau de mau-
vais augure, Nommé chat-huant ou hibou, Concerte
avec un gros matou, ' SCARR. Virg. iv. Chaque rat
rentre dans son trou-: Et, si quelqu'un en sort, gare
encor le matou, LA FONT. Fabl. xn, 26. Et deux
matous, autrefois en faveur, Dépérissaient d'envie
et de langueur, GRESSET, Vert-Vert, i. \\ 2° Fig. et
par plaisanterie. Un homme en général, le mari.
J'embrasse le matou [votre mari], SÉV. 218. || Homme
désagréable par la figure et par le caractère. Il faut
à vieux matou jeune et tendre souris, DANCOURT,
■SanchoPança, n, 4. Toute la nuit .entière Un vieux
vilain matou Me guette sur la gouttière; Ah! qu'il
est fou! REGNARD, Folies amour, n, 6.
— HIST. xvie s. Un gros matou de goutiere, OU-
DIN, Curios. franc.
— ÉTYM. Origine incertaine. Matou est-il une
corruption et dérivation de mite dans chatte-mite?
Est-ce un nom propre devenu un nom d'animal ?
Cela semble certain pour marcou, qui s'est dit pour
chat mâle : Et de nuict n'alloit point criant Comme
ses gros marcoux terribles, En longs miaudemens
horribles, DU -BELLAY, VU, 47, recto: Le picard dit
marlou, équivalent à maslou, le mâle. JKorcou se
dit encore à Rouen. ; :
, - f MATOURE (ma-tou-r'), s. m. ou MATOURÉE
(ma-tou-rêe), s. f. ou MATOURI (ma-tou-ri), s. m.
Genre vandellia de Vahl, maiourea d'Aublet, fa-
mille des personnées; ces plantes croissent dans
l'Amérique tropicale; les créoles appellent basilic
sauvage le matouri des prés.
4. MATRAS (ma-trâ), s. m. Vase de verre, qui a
le col long et étroit, et qui s'emploie dans les opé-
rations chimiques et pharmaceutiques. Ragotin
passa l'après-dîné auprès de lui qui avait un ma-
tas sur le feu, SCARR. Rom. com. n, 18.
— HIST. xive s. Par alembics et descensoires,
Cucurbites, distillatoires, Par pélicans et mathe-
ras, Onques tu ne l'arresteras Cestuy vif argent
tant folage, Nat. à l'alch. err. 44. ]| xvi" s. Vous
prendrez un pot de terre assez grand, dans lequel
vous mettrez vostre matelas ou fiole, PARÉ, xxv, 32.
— ÉTYM. Origine inconnue; à moins qu'on n'y
voie une assimilation de forme avec malras 2 ; et,
en effet, on trouve dans un dictionnaire anglais :
Boit, a dart; et bolthead, a long sttait-necked glas
vessél, a matrass, or receiver.
f 2. MATRAS (ma-trâ), s.m. || 1° Gros trait lancé
par l'arbalète. Un carquois chargeait son échine,
Garni de matras empennés, Très-artistement fa-
çonnés, SCARR. Virg. Vf. [\ Inusité aujourd'hui hors
l'emploi historique, quand on parle des'armes du
moyen âge. || 2e Barre de fer dont les' savonniers se
servent pour ouvrir ou fermer le canal de la chau-
dière.
— HIST. xiv" s. Rommet du Bos avoit une arba-
leste et quatre matelas, DU CANGE, motorus. || xv" s.
Le suppliant benda une arbaleste et tira une ma-
trasse, ID. ib.
— ÉTYM. Provenç. matrat; du lat. matara, ma-
taris, materis, qui était un mot gaulois. On trouve
dans le kimry medyr, celui qui lance.
t MATRASSER (ma-tra-sé), v. a. Terme hors
d'usage. Frapper, percer de coups de matras.
Scaliger, accoutumé, pendant qu'il portait les ar-
mes, de matrasser une telle canaille, NAUDÉ, Rose-
croix, vu, 3.
— ËTYM. Matras 2.
MATRICAIRE (ma-tri-kê-r'), s. f. Genre de
plantes où l'on distingue la matricaire officinale
(malricaria parthenium, L.), qui exhale une odeur
forte et désagréable (famille des composées).
— HIST. xvi" s. Herbes à chat, matricaire, ar-
moise, PARÉ, xvm, 83.
— ÉTYM. Matrice, à cause que cette plante a été
employée comme emménagogue.
MATRICE (ma-tri-s'), s. f. || 1° Terme d'anatomie.
Organe creux qui, chez la femme et les femelles
des mammifères, contient le produit de la concep-
tion jusqu'à la mise au monde. Chute de la matrice.
Inflammation de la matrice. ||2° Terme de minéra-
logie. Lieu ou substance dans laquelle se forment
les minéraux. Ils [certains spaths] sont plus'pesants
que le rubis, qui, déboutes ces pierres, est la plus
dense ; ils conservent aussi plus longtemps là lu-
mière, et pourraient bien être là matrice de ces
brillants produits de la nature, BUFF. Min. t. vm,
p. 194. Là, différents de poids, de forme, de figure,
Dans la dure épaisseur de leur matrice obscure, Se
forment ces métaux qu'on tâche d'arracher Aux
veines de la terre, aux fentes du rocher, DELILLE,
Trois règnes, v. || 3° Terme d'anatomie. Matrice des
poils, le follicule où se forme le poil: || 4e Terme
d'imprimerie. Pièce de cuivre qui a reçu en creux
l'empreinte de la lettre gravée sur le poinçon, et
qui en donne le relief par le moyen de la fpnte.
|| 5° Terme de monnaies et de médailles. Nom
donné aux carrés originaux gravés avec le poinçon.
Il y a les matrices d'effigie, les matrices de croix,
ou d'écusson, et les matrices de légende. || 6° Moule
dont on se sert pour frapper des ornements de mé-
tal ou pour les redresser. || 7° Dessin quelconque en
creux ou en relief destiné à reproduire des dessins
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nées. La coutume de dire matines dès le soir
vers les quatre à cinq heures pour le lende-
main, est si répandue, que je ne crois pas qu'on
en doive faire aucun scrupule, BOSS. 7,e(t. abb.
39. Je finis hier ma journée par les malines poul-
ie service du roi [Louis XIV mort) ; jugez de l'état
où je suis,. MAINTENON , Lett. à Mme de Caylus,
30 août 4 716. Sans sortir de leurs lits, plus doux
que leurs hermines, Ces pieux fainéants faisaient
chanter matines, BOIL. Lutr. î. || 11 est étourdi
comme le premier coup de matines, locution prise
de ce qu'au premier coup de matines on est encore
à demi endormi. || Le. magnificat à matines,
voy. MAGNIFICAT. || 2° Livre d'église contenant les
prières du matin, et surtout l'office de la Vierge.
|| 3° Matines de Paris, le massacre de la Saint-Bar-
thélémy, ainsi dit à cause de l'heure à laquelle il
commença. || Proverbes. Des matines bien sonnées
sont à demi dites. || Le retour est pire,, est pis que
matines, que les matines, c'est-à-dire les suites d'une
mauvaise affaire sont plus fâcheuses que les com-
mencements.. Le retour vaudra bien matines, le re-
tour vaudra pis que matines, c'est-à-dire la ven-
geance qu'on prendra d'une offense sera sévère.
||.Dans un sens contraire, le retour vaudra mieux-
que matines. || Donner du retour de matines, mettre
à mal. Tant lui donna du retour de matines.... LA
FONT. 77erm.
— HIST. xie s. Messe et matines a li reis escouté,
Ch. de Roi. xi. || xne s. Einsi fu sainte iglise hunie
et violée; Ne matines, ne vespres, messe n'i fu
chantée, Ne Deusn'i fu serviz ne chandeille allumée,
Th. le mart, 153. ||xme s. Mi ami de l'ordene de
Cystiaus sont relevé pour canter matines et pour
proier pour nous, Chr. de Rains, 49. ||xve s. Les-
quelz du dit colleige diront et chanteront toutes les
heures canoniales, savoir est, matines, prime, tierce,
midi, nonne, vespres et compiles, la grand messe
dévotement et convenablement, Ordonn. mai 1482.
Ne s'en souvient-on non plus que des vieilles ma-
tines, Aresfa dmorum, p. 291, dans LACURNE.
|| xvie s. L'heure doncques de la nuict et des ma-
tines de ceste sanglante feste [la Saint-Barthélémy]
estant venue... BRANTÔME, l'Admirai de Chastillon.
— ÉTYM. Matin; bourg, mattaigne; provenç. ma-
tinas; esp. maylines; port, matinas.
MATINEUX, EUSE (ma-ti-neû, neû-z'), adj. Qui
est dans l'habitude de se lever matin. Les coqs, lui
disait-il, ont beau chanter matin, Je suis plus mati-
neux encore, LA FONT. Fabl. vn, il. Quel charme...
De venir visiter sa couche matineuse! A. CHÉN.
Élégies, édit. 4 862, p. 250. || Substantivement. La
Belle matineuse, titre de deux sonnets de Voiture et
de Malleville sur le même sujet.
- HIST. xvie s. Homme matineux, sain, alaigre
et soigneux, COTGRAVE.
— ÉTYM. Matin.
MATINIER, 1ÈRE (ma-ti-nié, niè-r'), adj.
IIIe Qui appartient au matin. Il n'est guère usité
que dans cette expression : l'étoile matinière, la pla-
nète Vénus. || 2° S. m. Chantre, chapelain à gages.
|| Partie de l'office que l'on chante à matines.
— HIST. xvi" s. Iceliui gendarme dist à Jehan
Delpiat telles paroles ou semblables : soyez mati-
nier demain, DU CANGE, matutinatus. Brouée mati-
nière, MONT, II, 4 90.
— ÉTYM. Matin; provenç, matinier, matiner;
cat. malinér.
MATIR (ma-tir), v. a. || 1° Rendre mat de l'or ou
de l'argent. || 2° Faire disparaître la raie qui indi-
que la jonction de deux pièces de fer soudées en-
semble. On dit aussi mater.
— HIST. xine s. Plus pale que cire matie, Bl. et
7e'iaji,"362l.
— ÉTYM. Mat 2.
t MATITÉ ma-ti-té), s. f. Qualité particulière du
son quand il est mat.
— ÉTYM. Mat 2.
t MATOIR (ma-toir), s. m. Outil servant à matir.
Il Marteau qui sert à river les clous ou boulons
chauffés à une haute température. || Espèce de
ciseau non tranchant servant à comprimer le plomb
■ qui soude deux tuyaux. .-.
MATOIS, OISE (ma-toî, toî-z'), adj. || 1° Terme
familier. Qui a, comme le renard, la rusé et la har-
diesse. Souvent le plus matois ne passe que pour
dupe, RÉGNIER, Sot. x. Un vieux coq adroit et ma-
tois, LA FONT. Fab'l. u, 15. || Il se dit aussi des cho-
ses. Le chat dit au renard : fouille en ton sac, ami;
Cherche en ta cervelle matoise Un stratagème sûr,
ID. Fabl. ix, 14. Une femme grande, âgée, maigre,
pâle, vêtue en femme du commun, mais propre-
ment pourtant, qui avait un air posé et matois, MA-
RIVAUX, Pays. parv. part. 6. Jamais physionomie
n'exprime mieux que la physionomie matoise de
Vespasien la nature d'un personnage historique,
habile,, prosaïque, ironique, qui savait admini-
strer et mépriser les hommes, AMPÈRE , Hist.
rom. à Rome, Introd. p. LI. |] 2° Substantivement.
Un matois, une matoise. Nous sommes une cabale
De plus subtils que Dédale, Plus dissimulés et plus
fins Que l'énigmatique Sphynx ; Nous avons vu plus
qu'Ulysses, De sirènes et de Circés; Le Gange au
languide pas, L'Ob et le Nil à sept bras, Hâtant leur
course animée, Fiers de notre renommée, Rechan-
tent en leur patois Ce que c'est que des matois, la
cabale des matois, v. 13, dans FR. MICHEL, Argot.
Les bibliophiles connaissent parfaitement le matois
ou le marchand meslé propre à tout faire (Paris,
Anthoine du Breuil, 1614, in-8°), FR. MICHEL. Ar-
got. Rosen était-un matois rusé qui n'avait garde de
se blesser [de s'offenser], ST-SIM. 25, 32. Il est bien
vrai que je me représentai aussi que ce pouvait être
une matoisedes plus raffinées, LE SAGE, Gi2 Blas,
ni, 6.
— HIST. xvi" s. On a beau estre agile et subtil
de la main comme un basteleur ou un matois à cou-
per une bourse, BRANT. Cap. franc, t. m, p. 385,
dans LACURNE. Le capitaine Lachambe, bon soldat
et bon matois, ib. p. 181. Ils furent chargez de gayeté
de coeur par treize mattois armez de Jacques de
mailles, D'AUB. Vie, xxxi.
— ÉTYM. Mate; wallon mot', rusé. Voy. cepen-
dant : Ribler, tromper soir et matois, COQUILLART,
Monol. des perruques. Matois paraît ici signifier
matin; et en effet quelques-uns ont prétendu que
la maie, signifiai! ceux qui se levaient de grand ma-
tin pour faire leurs mauvais "coups. Fr. Michel y
voit un dérivé de motto, fou; mais rien n'appuie
cette étymologie. La finale ois, qui indique souvent
extraction d'un pays, d'un lieu, favorise la dériva-
tion de la mate, place de Paris. .
f MATOISEMENT (ma-toi-ze-man), adv. En ma-
tois. Il est venu matoisement, Dict. de l'Acad. 174 8.
MATOISERIE (ma-toi-ze-rie), s. f. Qualité du
matois. Vous ne connaissez pas sa matoiserie.
|| Tromperie, fourberie. Voilà une fine matoiserie.
Mais d'où vient qu'au renard Ésope accorde un point,
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie? LA
FONT. Fabl. xi, 6. Quelquefois les pièges sont déten-
dus sans que le gibier y soit resté ; cet accident est
l'effet de la matoiserie des renards : ils attaquent
l'amorce en avançant la patte par le côté de la plan-
che, au lieu de s'engager sous la trappe, CHATEAUBR.
Amer, chasse.
— HIST. xvi" s. O le beau temps pour la galante-
rie, Qu'estoit le temps de la chevalerie ! Point de
matois ni de matoiserie; Dames et preux sur la belle
prairie, Sur le gazon et sur l'herbe fleurie Faisoient
entre eux une honneste frairie, PERRIN, Poésies,
p. 201, dans LACURNE.
— ÉTYM. Matois.
f MATON (ma-ton), s. m. || 1° Lait caillé ou ré-
duit en grumeaux (dit les mattes, en Normandie).
|| 2° Il s'est dit, par assimilation, de petits pelotons
de laine qui prouvent qu'elle n'a pas été touchée
également par la carde dans toutes ses parties.
— HIST. xiv" s. Gruyau destrempé en lait, ou
matons de lait, Mênagier, u, 5. || xve s. Tout leur
mathon, ne toute leur potée Ne prise un ail, je te
dy sans noisier, VILLON, Ballade des contredicts de
franc Gantier. |j xvi" s. Une bonne, belle et grande
platelée de mattes sures, Nouvelle fabrique des
excellents traits de vérité, p. 71 (édit. JANNET).
C'estoit un grand petit homme trapu et quarré, le
plus entendu- à jurer et boire des mattes qu'il y
eust dans toute la paroisse ; or un jour que les
fumées du lait caillé lui avoient monté à la teste...
ib. p. 178.
— ÉTYM. Allem. ifatte, lait caillé, auquel il faut
joindre le gaél. meog, l'irl. meidgh, le kimry meog,
petit-lait. e
MATOU (ma-tou), s. m. || 1° Chat mâle et en-
tier. Cependant, de dépit, il semble qu'on me tire
Par la queue un matou qui m'écrit sur les reins
Des griffes et des dents.... RÉGNIER, Sat. XI. Sou-
vent, durant la nuit obscure, Un oiseau de mau-
vais augure, Nommé chat-huant ou hibou, Concerte
avec un gros matou, ' SCARR. Virg. iv. Chaque rat
rentre dans son trou-: Et, si quelqu'un en sort, gare
encor le matou, LA FONT. Fabl. xn, 26. Et deux
matous, autrefois en faveur, Dépérissaient d'envie
et de langueur, GRESSET, Vert-Vert, i. \\ 2° Fig. et
par plaisanterie. Un homme en général, le mari.
J'embrasse le matou [votre mari], SÉV. 218. || Homme
désagréable par la figure et par le caractère. Il faut
à vieux matou jeune et tendre souris, DANCOURT,
■SanchoPança, n, 4. Toute la nuit .entière Un vieux
vilain matou Me guette sur la gouttière; Ah! qu'il
est fou! REGNARD, Folies amour, n, 6.
— HIST. xvie s. Un gros matou de goutiere, OU-
DIN, Curios. franc.
— ÉTYM. Origine incertaine. Matou est-il une
corruption et dérivation de mite dans chatte-mite?
Est-ce un nom propre devenu un nom d'animal ?
Cela semble certain pour marcou, qui s'est dit pour
chat mâle : Et de nuict n'alloit point criant Comme
ses gros marcoux terribles, En longs miaudemens
horribles, DU -BELLAY, VU, 47, recto: Le picard dit
marlou, équivalent à maslou, le mâle. JKorcou se
dit encore à Rouen. ; :
, - f MATOURE (ma-tou-r'), s. m. ou MATOURÉE
(ma-tou-rêe), s. f. ou MATOURI (ma-tou-ri), s. m.
Genre vandellia de Vahl, maiourea d'Aublet, fa-
mille des personnées; ces plantes croissent dans
l'Amérique tropicale; les créoles appellent basilic
sauvage le matouri des prés.
4. MATRAS (ma-trâ), s. m. Vase de verre, qui a
le col long et étroit, et qui s'emploie dans les opé-
rations chimiques et pharmaceutiques. Ragotin
passa l'après-dîné auprès de lui qui avait un ma-
tas sur le feu, SCARR. Rom. com. n, 18.
— HIST. xive s. Par alembics et descensoires,
Cucurbites, distillatoires, Par pélicans et mathe-
ras, Onques tu ne l'arresteras Cestuy vif argent
tant folage, Nat. à l'alch. err. 44. ]| xvi" s. Vous
prendrez un pot de terre assez grand, dans lequel
vous mettrez vostre matelas ou fiole, PARÉ, xxv, 32.
— ÉTYM. Origine inconnue; à moins qu'on n'y
voie une assimilation de forme avec malras 2 ; et,
en effet, on trouve dans un dictionnaire anglais :
Boit, a dart; et bolthead, a long sttait-necked glas
vessél, a matrass, or receiver.
f 2. MATRAS (ma-trâ), s.m. || 1° Gros trait lancé
par l'arbalète. Un carquois chargeait son échine,
Garni de matras empennés, Très-artistement fa-
çonnés, SCARR. Virg. Vf. [\ Inusité aujourd'hui hors
l'emploi historique, quand on parle des'armes du
moyen âge. || 2e Barre de fer dont les' savonniers se
servent pour ouvrir ou fermer le canal de la chau-
dière.
— HIST. xiv" s. Rommet du Bos avoit une arba-
leste et quatre matelas, DU CANGE, motorus. || xv" s.
Le suppliant benda une arbaleste et tira une ma-
trasse, ID. ib.
— ÉTYM. Provenç. matrat; du lat. matara, ma-
taris, materis, qui était un mot gaulois. On trouve
dans le kimry medyr, celui qui lance.
t MATRASSER (ma-tra-sé), v. a. Terme hors
d'usage. Frapper, percer de coups de matras.
Scaliger, accoutumé, pendant qu'il portait les ar-
mes, de matrasser une telle canaille, NAUDÉ, Rose-
croix, vu, 3.
— ËTYM. Matras 2.
MATRICAIRE (ma-tri-kê-r'), s. f. Genre de
plantes où l'on distingue la matricaire officinale
(malricaria parthenium, L.), qui exhale une odeur
forte et désagréable (famille des composées).
— HIST. xvi" s. Herbes à chat, matricaire, ar-
moise, PARÉ, xvm, 83.
— ÉTYM. Matrice, à cause que cette plante a été
employée comme emménagogue.
MATRICE (ma-tri-s'), s. f. || 1° Terme d'anatomie.
Organe creux qui, chez la femme et les femelles
des mammifères, contient le produit de la concep-
tion jusqu'à la mise au monde. Chute de la matrice.
Inflammation de la matrice. ||2° Terme de minéra-
logie. Lieu ou substance dans laquelle se forment
les minéraux. Ils [certains spaths] sont plus'pesants
que le rubis, qui, déboutes ces pierres, est la plus
dense ; ils conservent aussi plus longtemps là lu-
mière, et pourraient bien être là matrice de ces
brillants produits de la nature, BUFF. Min. t. vm,
p. 194. Là, différents de poids, de forme, de figure,
Dans la dure épaisseur de leur matrice obscure, Se
forment ces métaux qu'on tâche d'arracher Aux
veines de la terre, aux fentes du rocher, DELILLE,
Trois règnes, v. || 3° Terme d'anatomie. Matrice des
poils, le follicule où se forme le poil: || 4e Terme
d'imprimerie. Pièce de cuivre qui a reçu en creux
l'empreinte de la lettre gravée sur le poinçon, et
qui en donne le relief par le moyen de la fpnte.
|| 5° Terme de monnaies et de médailles. Nom
donné aux carrés originaux gravés avec le poinçon.
Il y a les matrices d'effigie, les matrices de croix,
ou d'écusson, et les matrices de légende. || 6° Moule
dont on se sert pour frapper des ornements de mé-
tal ou pour les redresser. || 7° Dessin quelconque en
creux ou en relief destiné à reproduire des dessins
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