470
MAT MAT MAT
MATÉ, ÉE (mâ-té, tée), port, passé de mâtor.
Pourvu de mâts. || Maté en frégate, maté en brik, se
dit suivant le nombre et la disposition des mâts.
t MATEAU (ma-tô), s. 'm. Voy. MATÏEAU.
MATELAS (ma-te-lâ; l's se lis: un m?-tô-lâ-z
épais), s. m. Il 1° Grand coussin, piqué d'espace en
espace, qui est rempli de laine, de bourre, de crin,
ou même .d'air, et qui fait partie des lits. Un bon, un
mauvais matelas. Coucher par terre sur un matelas.
|| Étouffer entre deux maielas, faire périr'par suffo-
cation entré deux matelas. Il est de tradition qu'à
une certaine époque, on étouffait ainsi les per-
sonnes, devenues enragées à la suite d'une morsure,
soit pour abréger leurs souffrances, soit pour se
préserver de l'envie de mordre qu'elles témoignent
parfois, Que dites-vous de la peinture que ma mère
vous fait des femmes qu'il faudrait étouffer entre
deux "matelas? CH! DE SÉVIGNÉ, dans SÉV. 28 août
1680. || 2° Petit coussin piqué qu'on met aux deux
côtés d'un carrosse. || 3e Par extension, ce qui sert
de protection en jouant.le rôle de matelas. Ses ha-
bits firent matelas, et le coup ne pénétra pas. Un
matelas de, graisse protège celte partie..,
— HIST. xm* s. Ainçois li convint gésir, tant que
nous fumes en Acre, sur les materas que le soudanc
-li avoit baillez, JOINV. 252. || xv" s. Si ne vestent
chemises, et sans langes Gisent de nuit, n'ont pas
coûtes à franges, Mais materas Qui sont couverts
de beaulz tapis d'Arras, CHRIST, DE PISAN, Dit de
Poissy, Estoit par dessus la figure du dit roy, dont
la représentation estoit couchée sur un materas ou
mathelas, J. CHARTIER, Hist. de Charles VU, p. 319,
dans LACURNE. H xvie s. Il se leva et s'en alla l'espée
nue en la main au lict où souloit coucher Pom-
peius, et donna plusieurs coups de poincte dedans
les matterats, AMYOT, Pomp. 6. Elle [la vertu] sçait
estre riche, et puissante, et sçavante, et coucher
dans des matelats musquez, MONT, I, 177.
— ÉTYM. Wallon, matera ; picard, materas ; pro-
venç. almatrac; espagn. et portug. almadraque;
cataî. malalas; ital. malerasso; bas-latin, ma-
teracium, matarilium, almatricium; de l'arabe
al matrasha, couverture dont on garnit les bêtes de
somme. Le préfixe al indique une source arabe.
MATELASSÉ, ÉE (ma-te-Ia-sé,sée). part, passé de
matelasser. Le vieillard reçut les deux étrangers sur
un sophamatelassé de plumes de colibri, VOLT. Can-
dide, 48. l| Par extension. Le nid des merles est
construit à peu près comme celui des grives, excepté
qu'il est matelassé en dedans, BUFF. Ois. t. vi, p. 6.
MATELASSER (ma-te-la-sé), v. a. Garnir de
coussins en forme de matelas. Matelasser des chai-
ses. Matelasser une chambre pour un fou furieux.
— ÉTYM. Matelas.
. MATELASSIER, 1ÈRE (ma-te-la-sié, siè-r'), s.m.
et f. Celui, celle qui fait et rebat des matelas.
— ÉTYM. Matelasser.
t MATELASSURE (ma-te-la-su-r'), s. f. Toile
dont on garnit l'intérieur des panneaux d'une caisse
de carrosse. Il Objets employés à matelasser, à ren-
forcer. Quant à la cuirasse [de la frégate la Nor-
mandie], elle était construite en fer avec une ma-
telassure en bois interposée entre la coque et les
plaques de cuirassement, BERTRAND, Journ. dessav.
juin 4867, p. 343.
— ÉTYM. Matelasser.
f MATELINEUR (ma-te-li-neur), s. m. Un fou,
une tête légère. Ils sont matelineurs, prompts «.
prendre la chèvre, RÉGNIER, Sot. xm.
— HIST. xv" s. En montant, l'hostefut happé Par
son vallet sans dire mot, Disant : je vous ai attrapé;
Il faut que vous payez l'escot ; Ou vous laisserez le
surcot. De quoy il ne fut pas joyeux, Cuidant qu'il
fust mathelineur, VILLON, Tîepuedes.galants.\\ xvi" s.
Apologie pour Clément Marot absent, contre le coup
d'essay fait par un mathelineux nommé Sagon, DU
VERDIES, Biblioth. p. 923, dans LACURNE.
—- ÉTYM. Saint Mathurin se disait saint Ma-
lhelin;.il y avait une maladie qu'on nommait 2e mal
St-Mathelin : La fièvre quarte et la double terçaine,
Le mal Saint-Leu, et le Saint-Mathelin, E. DESCH.
Poés. mss. f° 220. Est-ce de là que vient mateli-
neur? Le mot Sainl-Mathetin était l'ivresse.
MATELOT (ma-te-lo; le t ne se prononce et ne se
lie jamais; au pluriel, l's se lie: des ma-te-lo-z an-
glais), s. m. H 1° Homme de mer qui, sous les ordres
des officiers et des maîtres, exécute toutes les opéra-
tions de la garniture (des mâts et des vergues), du
gréemenl et de la manoeuvre, ROMME. Sur nos deux
mers nos matelots, Quelqu'inconstantsque soient les
flots, Sauront ménager pour nos voiles L'aide des
vents et des étoiles, LA FONT. Lett. xxiv. Je tremble
au seul récit de la tempête furieuse dont sa flotte fut
battue durant dix jours; les matelots furent alarmés
jusqu'à perdre l'esprit, et quelques-uns d'entre eux
se précipitèrent dans les ondes, BOSS. Reine d'Angl.
Le matelot troublé, que son art abandonne, Croit
voir dans chaque flot la mort qui l'environne,
BOIL. Sublime, ch. vm. Les autres [soldats], qui
partaient, s'élancent dans les flots, Ou présen-
tant leurs dards aux yeux des matelots, RAC. Mithr. ,
iv, 6. La Hollande envoie tous les ans aux Indes
un grand nombre de matelots dont il ne revient
que les deux tiers, MONTESQ. Esp. xxm, 25. Il [le
maréchal d'Huxelles] ignorait que c'est [la pêche
de la morue] l'école des meilleurs matelots, DUCLOS,
Mém. rég. OEuv. t. v, p. 292, dans POUGENS. Ulric,
nul oeil des mers n'a mesuré l'abîme, Ni les hérons
plongeurs, ni les vieux matelots, ALFRED DE MUS-
SET, Poésies. 112" Marin qui, par ses services, son
âge et son aptitude comme homme de mer, a ob-
tenu une certaine solde déterminée par les règle-
ments. C'est un vieux matelot. Recevoir la paye de
matelot. || 3° Il s'est dit pour marin. Meusnier, garde
de la marine.... il serait fort propre à remplir la
charge de lieutenant de frégate légère.... bon ma-
telot, et ferme dans l'occasion, Mém. de Villelte,
dans JAL. [Vous Duquesne] ayant affaire au plus
habile matelot et peut-être au plus grand et plus
ferme capitaine qu'il y ait à présent au monde
[Ruyter], Colbert à Duquesne, 1676, dans JAL.
Il 4° Camarade. Quand on ne donnait qu'un hamac
pour deux hommes, les deux marins couchant al-,
ternativement dans le même hamac s'appelaient
matelots l'un de l'autre; par suite, deux amis de
bord se donnent cette dénomination d'amitié, JAL.
Tous deux amis et se nommant mutuellement mon
matelot; ce qui est le plus grand terme d'affection
connu sur le gaillard d'avant, Excentricités du lan-
gage. H 5° Matelot d'un vaisseau, vaisseau qui, dans
une ligne de marche ou de combat, suit ou pré-
cède immédiatement ce vaisseau. Matelot d'arrière.
Matelot d'avant. Chaque vaisseau doit serrer son
matelot d'avant, pour empêcher de couper la ligne.
Du Casse, chef d'escadre, matelot de M. de Villette,
Mém. de Villelte, dans JAL. || Adjectivement. Vais-
seau matelot. || 6° Vêtement que l'on donne aux
petits garçons et même aux petites filles, et dans
lequel le pantalon est attaché à la veste. Elle ha-
bille en matelot sa fille âgée de six ans, GENLIS, Ad.
et Théod. t. m, p. 180, dans LACURNE. [| Se dit aussi
d'un costume de carnaval.
— HIST. xme s. Ly mathelot les voiles tendent ;
Ly autres les avirons prendent, 77ist. des trois Ma-
ries, ms, p. 376, dans LACURNE, au mot journal.
|| xv" s. Ce bateau va passer la mer; Le matelot le
puisse bien mener, Sans péril et sans naufrage,
BASSEL. xxxv.||xvie s. Haye, haye, dist le pilot,
double le cap et les basses. — Doublé est, respon-
doyent les matelotz, RAB. IV, 22.
— ÉTYM. Origine douteuse. Il ne peut venir de
mdt (niosl d'où mastelot, dit JAL), puisque, dès les
premiers temps, l's y,manque. Diez incline à le tirer
de matfo, natte : mattarius, celui qui couche sur des
nattes; cela est bien peu appuyé. Matelot se dit en
allemand Malrose, en danois matros. L'étymologie la
plus vraisemblable est leholland. maat, compagnon,
d'où, par une dérivation non sans difficulté, matelot.
On manque de textes qui montrent que le simple
ait existé en français, ce qui augmente le doute.
f MATELOTAG'E (ma-le-lo-ta-j'), s. m. Art du
matelot. École de matelotage. || Salaire des matelots.
|| Ancien terme de marine.Faire le mateIotage,mettre
des matelots deux à deux pour le service du bord.
— ÉTYM. Matelot.
MATELOTE (ma-te-lo-f), s. f. || 1° Mets composé
de plusieurs sortes de poissons apprêtés à la manière
dont on prétend que les matelots les accommodent.
Matelote d'anguilles. Anguilles en matelote. A dîner
l'on nous donnait de somptueuses matelotes, et pour
fruits d'excellents raisins, MARMONTEL, Mém. x.
Il Sauce matelote, ou sauce à la matelote, sauce
faite avec du vin ou du cidre, en usage parmi les
matelots ; les matelots normands ne mangent guère le
poisson autrement, mais ils appellent le mets ainsi
préparé non la matelote, mais la caudrée (chaudron-
née). Il 2° Sorte de danse en usage parmi les matelots.
Il 3° X la matelote, toc. adv. X la façon des matelots.
— ÉTYM. Matelot.
1. MATER (ma-té), v. n. || 1° Terme du jeu des
échecs. Faire mat. Il le mata avec une tour. || 2° Fig.
ôter force et ressort. Le sort se plaît à dispenser les
choses De la façon; c'est tout mal ou tout bien;
Dans ses faveurs il n'a point de mesures ; Dans sou
courroux de même il n'omet rien Pour nous ma-
ter.... LA FONT. Orais. Quoique la mauvaise fortune
vous ait tellement maté toute votre vie, que votre
bon naturel n'a pas eu toute son étendue ; je crois
que vous entendez le o't de mater, SÉV. A Bussy,
31 mai 1687. Il Par extension. Mater son corps, le
dompter. Une partie essentielle de la pénitence est
de mater sa chair et de la crucifier avec ses vices,
BOURDAL. Myst. Nativité de J. C. t. 1, p. 22. || Terme
de fauconnerie. Dresser un oiseau de proie, ainsi
ditpareequ'on le dompte. || 3° Fig. Humilier, abattre.
Il faut mater ce caractère opiniâtre. Je suis bien
aise après tout de faire mourir un philosophe ; ces
gens-là ont une certaine fierté dans l'esprit qu'il est
bon de mater un peu, VOLT. Sacrale, m, 4.
— HIST. XIe s. Le grant orguil se jà povez ma-
tir, Ch. de Roi. ccxxxi. ||xne s. Et s'il vous fait re-
querre chevage ne treû, Ne soiomes pour ce mata
ne recreQ, Sax. xxvni. Tis orgueilz [ton orgueil] .
est venus devant moi ; pour ce le vueil des or ma-
ter,- Tïois, p. 44 4. Kar li reis nel fait pas pur nului dé-
poser, Mais pur ce qu'il voldroit l'arcevesque ma-
ter, Th. le mari. 25. || xme s. Ainsinc cum il va du
mater, Puisque des eschiés me sovient, 2a Tîose,
6702. y xive s. X Gloriànt son frère isnelement joua;
Par force de science quatre fois le mata, Baud. de
Seb. ix, 724. Il xve s. Il [Demosthène] tant mit peine
à matter le vice de sa langue, que il prononça sou-
verainement ses mots, Bouciq. iv, 10. ||xvie s. Les
herbes trop humides ont besoin, avant que les dis-
tiller, d'estre un peu mattées au soleil, o. DE SERRES,
890. Toutes ces rencontres là ne matterent pas entiè-
rement les vaincus, ÀMYOT, Pélop. 29. Usant de remè-
des à mater, affoiblir et refroidir le corps, MONT, m,
37. Le temps matte toutes choses, RiB. Pant. m,
28.
— ÉTYM. Mat i ; provenç. matar; ital. mattare.
Ce verbe vient de mal des échecs, comme l'emploi
le prouve dans l'historique; mais à côté de ce ma-
ter et se confondant avec lui, il y avait un autre
mater, signifiant tuer, parallèle à l'espagnol matar, et
venant du latin mactare : XIe s. Se truis [si je trouve]
Rolant, ne lerrai que [je] nel mat, Ch. de Roi. LXIX.
xne s. Jo ki sui tis serfs, m'i cumbaterai, e od l'aie
Deu [l'aide de Dieul le materai, Tlois, p. 65.
f 2'. MATER (ma-té), v. a. || 1° Rendre mat. Mater
du verre. 11 2° Rendre mat, compacte. Mater une pâte.
Il 3° Terme de peintre en bâtiment (on écrit aussi
matter). Passer avec le pinceau une couche de colle,
mêlée de safran ou de vermeil sur les parties d'or
qui n'ont pas été brunies. || 4° Serrer avec le matoir
la soudure de deux tuyaux de fontaine (on écrit
aussi matter).
MÂTEU (mâ-té), v. a. || 1° Terme de marine. Met-
tre en place les bas mâts d'un navire. Machine à
mater. || 2° Par extension, dresser, mettre un objet
debout. Mater une barque, une pièce de bois.
Il Mater les avirons, les mettre debout dans l'em-
barcation. Il Mater un canon, le mettre debout sur
la bouche, ou momentanément sur le bouton de sa
culasse. || Mater la bigue, la lever et l'établir dans
une position verticale.
— ÉTYM. Mât.
t MATÉRAT (ma-té-ra), s. m. La mésange à lon-
gue queue.
t MATER DOLOROSA (ma-tèr do-Io-rô-za), s. f.
H 1° Tableau représentant la sainie Vierge dans les
larmes, au pied de la croix, ou soutenant son fils
mort. H 2° Par moquerie, en parlant d'une femme
d'une tristesse excessive ou affectée. Elle a toujours
l'air d'une mater dolorosa.
— ÉTYM. Cette locution vient des paroles qui com-
mencent le Stabal : Slabat mater dolorosa, Juxta
crucem lacrimosa, Dum pendebat filius.
MÂTEREAU (mâ-te-rô), s. m. Terme de marine.
Petit mât. Il Mât d'avant des bâtiments employés à
la pêche du hareng sur les côtes d'Angleterre.
— HIST. xvie s. Pour cinquante liures, suif qui a
esté employé à gresser les mastz et mastereaux,
poullies eteordaiges, 4 541, dans JAL.
— ÉTYM. Diminutif de m<2(.
. MATÉRIALISÉ, ÉE (ma-té-ri-a-li-zé, zée), pc-. .
passé de matérialiser. La gravitation matérialisée
par Newton qui la considérait comme due à une
matière interposée entre les corps gravitants.
MATÉRIALISER (ma-té-ri-a-li-zè), v. a. Consi-
dérer comme matériel. Dans ce siècle où l'on s'ef-
force de matérialiser toutes les opérations de l'âme,
et d'ôter toute moralité aux sentiments humains, je
suis trompé si la nouvelle philosophie ne devient
aussi funeste au bon goût qu'à la vertu, J. J. ROUSS.
7?ss. surl'orig. des lang. ch. 45. Ces arts [peinture,
sculpture, etc.] moitié intellectuels, moitié méca-
niques, où la pensée se personnifie sur la toile et
I dans le marbre, et où le génie se matérialise dans
MAT MAT MAT
MATÉ, ÉE (mâ-té, tée), port, passé de mâtor.
Pourvu de mâts. || Maté en frégate, maté en brik, se
dit suivant le nombre et la disposition des mâts.
t MATEAU (ma-tô), s. 'm. Voy. MATÏEAU.
MATELAS (ma-te-lâ; l's se lis: un m?-tô-lâ-z
épais), s. m. Il 1° Grand coussin, piqué d'espace en
espace, qui est rempli de laine, de bourre, de crin,
ou même .d'air, et qui fait partie des lits. Un bon, un
mauvais matelas. Coucher par terre sur un matelas.
|| Étouffer entre deux maielas, faire périr'par suffo-
cation entré deux matelas. Il est de tradition qu'à
une certaine époque, on étouffait ainsi les per-
sonnes, devenues enragées à la suite d'une morsure,
soit pour abréger leurs souffrances, soit pour se
préserver de l'envie de mordre qu'elles témoignent
parfois, Que dites-vous de la peinture que ma mère
vous fait des femmes qu'il faudrait étouffer entre
deux "matelas? CH! DE SÉVIGNÉ, dans SÉV. 28 août
1680. || 2° Petit coussin piqué qu'on met aux deux
côtés d'un carrosse. || 3e Par extension, ce qui sert
de protection en jouant.le rôle de matelas. Ses ha-
bits firent matelas, et le coup ne pénétra pas. Un
matelas de, graisse protège celte partie..,
— HIST. xm* s. Ainçois li convint gésir, tant que
nous fumes en Acre, sur les materas que le soudanc
-li avoit baillez, JOINV. 252. || xv" s. Si ne vestent
chemises, et sans langes Gisent de nuit, n'ont pas
coûtes à franges, Mais materas Qui sont couverts
de beaulz tapis d'Arras, CHRIST, DE PISAN, Dit de
Poissy, Estoit par dessus la figure du dit roy, dont
la représentation estoit couchée sur un materas ou
mathelas, J. CHARTIER, Hist. de Charles VU, p. 319,
dans LACURNE. H xvie s. Il se leva et s'en alla l'espée
nue en la main au lict où souloit coucher Pom-
peius, et donna plusieurs coups de poincte dedans
les matterats, AMYOT, Pomp. 6. Elle [la vertu] sçait
estre riche, et puissante, et sçavante, et coucher
dans des matelats musquez, MONT, I, 177.
— ÉTYM. Wallon, matera ; picard, materas ; pro-
venç. almatrac; espagn. et portug. almadraque;
cataî. malalas; ital. malerasso; bas-latin, ma-
teracium, matarilium, almatricium; de l'arabe
al matrasha, couverture dont on garnit les bêtes de
somme. Le préfixe al indique une source arabe.
MATELASSÉ, ÉE (ma-te-Ia-sé,sée). part, passé de
matelasser. Le vieillard reçut les deux étrangers sur
un sophamatelassé de plumes de colibri, VOLT. Can-
dide, 48. l| Par extension. Le nid des merles est
construit à peu près comme celui des grives, excepté
qu'il est matelassé en dedans, BUFF. Ois. t. vi, p. 6.
MATELASSER (ma-te-la-sé), v. a. Garnir de
coussins en forme de matelas. Matelasser des chai-
ses. Matelasser une chambre pour un fou furieux.
— ÉTYM. Matelas.
. MATELASSIER, 1ÈRE (ma-te-la-sié, siè-r'), s.m.
et f. Celui, celle qui fait et rebat des matelas.
— ÉTYM. Matelasser.
t MATELASSURE (ma-te-la-su-r'), s. f. Toile
dont on garnit l'intérieur des panneaux d'une caisse
de carrosse. Il Objets employés à matelasser, à ren-
forcer. Quant à la cuirasse [de la frégate la Nor-
mandie], elle était construite en fer avec une ma-
telassure en bois interposée entre la coque et les
plaques de cuirassement, BERTRAND, Journ. dessav.
juin 4867, p. 343.
— ÉTYM. Matelasser.
f MATELINEUR (ma-te-li-neur), s. m. Un fou,
une tête légère. Ils sont matelineurs, prompts «.
prendre la chèvre, RÉGNIER, Sot. xm.
— HIST. xv" s. En montant, l'hostefut happé Par
son vallet sans dire mot, Disant : je vous ai attrapé;
Il faut que vous payez l'escot ; Ou vous laisserez le
surcot. De quoy il ne fut pas joyeux, Cuidant qu'il
fust mathelineur, VILLON, Tîepuedes.galants.\\ xvi" s.
Apologie pour Clément Marot absent, contre le coup
d'essay fait par un mathelineux nommé Sagon, DU
VERDIES, Biblioth. p. 923, dans LACURNE.
—- ÉTYM. Saint Mathurin se disait saint Ma-
lhelin;.il y avait une maladie qu'on nommait 2e mal
St-Mathelin : La fièvre quarte et la double terçaine,
Le mal Saint-Leu, et le Saint-Mathelin, E. DESCH.
Poés. mss. f° 220. Est-ce de là que vient mateli-
neur? Le mot Sainl-Mathetin était l'ivresse.
MATELOT (ma-te-lo; le t ne se prononce et ne se
lie jamais; au pluriel, l's se lie: des ma-te-lo-z an-
glais), s. m. H 1° Homme de mer qui, sous les ordres
des officiers et des maîtres, exécute toutes les opéra-
tions de la garniture (des mâts et des vergues), du
gréemenl et de la manoeuvre, ROMME. Sur nos deux
mers nos matelots, Quelqu'inconstantsque soient les
flots, Sauront ménager pour nos voiles L'aide des
vents et des étoiles, LA FONT. Lett. xxiv. Je tremble
au seul récit de la tempête furieuse dont sa flotte fut
battue durant dix jours; les matelots furent alarmés
jusqu'à perdre l'esprit, et quelques-uns d'entre eux
se précipitèrent dans les ondes, BOSS. Reine d'Angl.
Le matelot troublé, que son art abandonne, Croit
voir dans chaque flot la mort qui l'environne,
BOIL. Sublime, ch. vm. Les autres [soldats], qui
partaient, s'élancent dans les flots, Ou présen-
tant leurs dards aux yeux des matelots, RAC. Mithr. ,
iv, 6. La Hollande envoie tous les ans aux Indes
un grand nombre de matelots dont il ne revient
que les deux tiers, MONTESQ. Esp. xxm, 25. Il [le
maréchal d'Huxelles] ignorait que c'est [la pêche
de la morue] l'école des meilleurs matelots, DUCLOS,
Mém. rég. OEuv. t. v, p. 292, dans POUGENS. Ulric,
nul oeil des mers n'a mesuré l'abîme, Ni les hérons
plongeurs, ni les vieux matelots, ALFRED DE MUS-
SET, Poésies. 112" Marin qui, par ses services, son
âge et son aptitude comme homme de mer, a ob-
tenu une certaine solde déterminée par les règle-
ments. C'est un vieux matelot. Recevoir la paye de
matelot. || 3° Il s'est dit pour marin. Meusnier, garde
de la marine.... il serait fort propre à remplir la
charge de lieutenant de frégate légère.... bon ma-
telot, et ferme dans l'occasion, Mém. de Villelte,
dans JAL. [Vous Duquesne] ayant affaire au plus
habile matelot et peut-être au plus grand et plus
ferme capitaine qu'il y ait à présent au monde
[Ruyter], Colbert à Duquesne, 1676, dans JAL.
Il 4° Camarade. Quand on ne donnait qu'un hamac
pour deux hommes, les deux marins couchant al-,
ternativement dans le même hamac s'appelaient
matelots l'un de l'autre; par suite, deux amis de
bord se donnent cette dénomination d'amitié, JAL.
Tous deux amis et se nommant mutuellement mon
matelot; ce qui est le plus grand terme d'affection
connu sur le gaillard d'avant, Excentricités du lan-
gage. H 5° Matelot d'un vaisseau, vaisseau qui, dans
une ligne de marche ou de combat, suit ou pré-
cède immédiatement ce vaisseau. Matelot d'arrière.
Matelot d'avant. Chaque vaisseau doit serrer son
matelot d'avant, pour empêcher de couper la ligne.
Du Casse, chef d'escadre, matelot de M. de Villette,
Mém. de Villelte, dans JAL. || Adjectivement. Vais-
seau matelot. || 6° Vêtement que l'on donne aux
petits garçons et même aux petites filles, et dans
lequel le pantalon est attaché à la veste. Elle ha-
bille en matelot sa fille âgée de six ans, GENLIS, Ad.
et Théod. t. m, p. 180, dans LACURNE. [| Se dit aussi
d'un costume de carnaval.
— HIST. xme s. Ly mathelot les voiles tendent ;
Ly autres les avirons prendent, 77ist. des trois Ma-
ries, ms, p. 376, dans LACURNE, au mot journal.
|| xv" s. Ce bateau va passer la mer; Le matelot le
puisse bien mener, Sans péril et sans naufrage,
BASSEL. xxxv.||xvie s. Haye, haye, dist le pilot,
double le cap et les basses. — Doublé est, respon-
doyent les matelotz, RAB. IV, 22.
— ÉTYM. Origine douteuse. Il ne peut venir de
mdt (niosl d'où mastelot, dit JAL), puisque, dès les
premiers temps, l's y,manque. Diez incline à le tirer
de matfo, natte : mattarius, celui qui couche sur des
nattes; cela est bien peu appuyé. Matelot se dit en
allemand Malrose, en danois matros. L'étymologie la
plus vraisemblable est leholland. maat, compagnon,
d'où, par une dérivation non sans difficulté, matelot.
On manque de textes qui montrent que le simple
ait existé en français, ce qui augmente le doute.
f MATELOTAG'E (ma-le-lo-ta-j'), s. m. Art du
matelot. École de matelotage. || Salaire des matelots.
|| Ancien terme de marine.Faire le mateIotage,mettre
des matelots deux à deux pour le service du bord.
— ÉTYM. Matelot.
MATELOTE (ma-te-lo-f), s. f. || 1° Mets composé
de plusieurs sortes de poissons apprêtés à la manière
dont on prétend que les matelots les accommodent.
Matelote d'anguilles. Anguilles en matelote. A dîner
l'on nous donnait de somptueuses matelotes, et pour
fruits d'excellents raisins, MARMONTEL, Mém. x.
Il Sauce matelote, ou sauce à la matelote, sauce
faite avec du vin ou du cidre, en usage parmi les
matelots ; les matelots normands ne mangent guère le
poisson autrement, mais ils appellent le mets ainsi
préparé non la matelote, mais la caudrée (chaudron-
née). Il 2° Sorte de danse en usage parmi les matelots.
Il 3° X la matelote, toc. adv. X la façon des matelots.
— ÉTYM. Matelot.
1. MATER (ma-té), v. n. || 1° Terme du jeu des
échecs. Faire mat. Il le mata avec une tour. || 2° Fig.
ôter force et ressort. Le sort se plaît à dispenser les
choses De la façon; c'est tout mal ou tout bien;
Dans ses faveurs il n'a point de mesures ; Dans sou
courroux de même il n'omet rien Pour nous ma-
ter.... LA FONT. Orais. Quoique la mauvaise fortune
vous ait tellement maté toute votre vie, que votre
bon naturel n'a pas eu toute son étendue ; je crois
que vous entendez le o't de mater, SÉV. A Bussy,
31 mai 1687. Il Par extension. Mater son corps, le
dompter. Une partie essentielle de la pénitence est
de mater sa chair et de la crucifier avec ses vices,
BOURDAL. Myst. Nativité de J. C. t. 1, p. 22. || Terme
de fauconnerie. Dresser un oiseau de proie, ainsi
ditpareequ'on le dompte. || 3° Fig. Humilier, abattre.
Il faut mater ce caractère opiniâtre. Je suis bien
aise après tout de faire mourir un philosophe ; ces
gens-là ont une certaine fierté dans l'esprit qu'il est
bon de mater un peu, VOLT. Sacrale, m, 4.
— HIST. XIe s. Le grant orguil se jà povez ma-
tir, Ch. de Roi. ccxxxi. ||xne s. Et s'il vous fait re-
querre chevage ne treû, Ne soiomes pour ce mata
ne recreQ, Sax. xxvni. Tis orgueilz [ton orgueil] .
est venus devant moi ; pour ce le vueil des or ma-
ter,- Tïois, p. 44 4. Kar li reis nel fait pas pur nului dé-
poser, Mais pur ce qu'il voldroit l'arcevesque ma-
ter, Th. le mari. 25. || xme s. Ainsinc cum il va du
mater, Puisque des eschiés me sovient, 2a Tîose,
6702. y xive s. X Gloriànt son frère isnelement joua;
Par force de science quatre fois le mata, Baud. de
Seb. ix, 724. Il xve s. Il [Demosthène] tant mit peine
à matter le vice de sa langue, que il prononça sou-
verainement ses mots, Bouciq. iv, 10. ||xvie s. Les
herbes trop humides ont besoin, avant que les dis-
tiller, d'estre un peu mattées au soleil, o. DE SERRES,
890. Toutes ces rencontres là ne matterent pas entiè-
rement les vaincus, ÀMYOT, Pélop. 29. Usant de remè-
des à mater, affoiblir et refroidir le corps, MONT, m,
37. Le temps matte toutes choses, RiB. Pant. m,
28.
— ÉTYM. Mat i ; provenç. matar; ital. mattare.
Ce verbe vient de mal des échecs, comme l'emploi
le prouve dans l'historique; mais à côté de ce ma-
ter et se confondant avec lui, il y avait un autre
mater, signifiant tuer, parallèle à l'espagnol matar, et
venant du latin mactare : XIe s. Se truis [si je trouve]
Rolant, ne lerrai que [je] nel mat, Ch. de Roi. LXIX.
xne s. Jo ki sui tis serfs, m'i cumbaterai, e od l'aie
Deu [l'aide de Dieul le materai, Tlois, p. 65.
f 2'. MATER (ma-té), v. a. || 1° Rendre mat. Mater
du verre. 11 2° Rendre mat, compacte. Mater une pâte.
Il 3° Terme de peintre en bâtiment (on écrit aussi
matter). Passer avec le pinceau une couche de colle,
mêlée de safran ou de vermeil sur les parties d'or
qui n'ont pas été brunies. || 4° Serrer avec le matoir
la soudure de deux tuyaux de fontaine (on écrit
aussi matter).
MÂTEU (mâ-té), v. a. || 1° Terme de marine. Met-
tre en place les bas mâts d'un navire. Machine à
mater. || 2° Par extension, dresser, mettre un objet
debout. Mater une barque, une pièce de bois.
Il Mater les avirons, les mettre debout dans l'em-
barcation. Il Mater un canon, le mettre debout sur
la bouche, ou momentanément sur le bouton de sa
culasse. || Mater la bigue, la lever et l'établir dans
une position verticale.
— ÉTYM. Mât.
t MATÉRAT (ma-té-ra), s. m. La mésange à lon-
gue queue.
t MATER DOLOROSA (ma-tèr do-Io-rô-za), s. f.
H 1° Tableau représentant la sainie Vierge dans les
larmes, au pied de la croix, ou soutenant son fils
mort. H 2° Par moquerie, en parlant d'une femme
d'une tristesse excessive ou affectée. Elle a toujours
l'air d'une mater dolorosa.
— ÉTYM. Cette locution vient des paroles qui com-
mencent le Stabal : Slabat mater dolorosa, Juxta
crucem lacrimosa, Dum pendebat filius.
MÂTEREAU (mâ-te-rô), s. m. Terme de marine.
Petit mât. Il Mât d'avant des bâtiments employés à
la pêche du hareng sur les côtes d'Angleterre.
— HIST. xvie s. Pour cinquante liures, suif qui a
esté employé à gresser les mastz et mastereaux,
poullies eteordaiges, 4 541, dans JAL.
— ÉTYM. Diminutif de m<2(.
. MATÉRIALISÉ, ÉE (ma-té-ri-a-li-zé, zée), pc-. .
passé de matérialiser. La gravitation matérialisée
par Newton qui la considérait comme due à une
matière interposée entre les corps gravitants.
MATÉRIALISER (ma-té-ri-a-li-zè), v. a. Consi-
dérer comme matériel. Dans ce siècle où l'on s'ef-
force de matérialiser toutes les opérations de l'âme,
et d'ôter toute moralité aux sentiments humains, je
suis trompé si la nouvelle philosophie ne devient
aussi funeste au bon goût qu'à la vertu, J. J. ROUSS.
7?ss. surl'orig. des lang. ch. 45. Ces arts [peinture,
sculpture, etc.] moitié intellectuels, moitié méca-
niques, où la pensée se personnifie sur la toile et
I dans le marbre, et où le génie se matérialise dans
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