Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
IMP
IMP
IMP
37
v, 2. Ah! seignear, est-il rien qui répare l'injure
Que fait à Tinnocence un moment d'imposture ? CORN .
Nicom. iv, 4. Que ne publieront point l'envie et
l'imposture? ID. Cid, ni, 4. Et c'est trop condam-
ner ma bouche d'imposture, MOL. Tart. iv, 3. Ce
nom [de gentilhomme] ne fait aucun scrupule à
prendre.... pour moi.... je trouve que toute impos_-
ture est indigne d'un honnête homme, et qu'il y a
de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait
naître, ID. Bourg, gent. m, 4 2. Votre bouche, dit-il,
est pleine d'imposture, RAC Phèdre, iv, 4. || 2e Par-
ticulièrement. Ce que Ton impute faussement à
quelqu'un dans le dessein de lui nuire. Il est aisé de
détruire cette imposture. Quelqu'un auprès de vous
m'a fait cette imposture, CORN. Ment, ni, 5. Je suis
ravi de voir qu'une telle imposture Ait laissé votre
gloire et plus grande et plus pure, ID. Nicom. m, 8.
Us ont Tart de donner de belles couleurs à toutes
leurs impostures, MOL. 2e pîacet au roi (sur Tartufe).
Vous les verrezbientôt, féconds en impostures, Amas-
ser contre vous des volumes d'injures, BOIL. Sat. ix.
....Tout ce qu'il dit sont autant d'impostures, RAC
Plaid, n, 9.1] 3e Hypocrisie, tromperie dans les
moeurs, dans la conduite. Toute sa Tie n'a été qu'une
imposture continuelle. || 4° Action d tromper en se
faisant passer pour un autre. L'imposture des faux
Démétrius en Russie. Il épousa une maîtresse de la
maison d'York, dont il fut encore aimé, même
quand son imposture fut découverte, VOLT, jlfoeurs,
417. || 5° Figurément. Illusion, en bonne ou en mau-
vaise part. Semblable à ces amants trompés par le
sommeil, Qui rappellent en vain, pendant la nuit
obscure, Le souvenir confus d'une douce imposture,
LA FONT. Adonis. C'est là que, plus touché d'un
ruisseau qui murmure Que de tous ces vains orne-
ments Fiis de Tart et de l'imposture, Je me fais des
amusements, CHAUL. à Mme de Lassay. De vos son-
ges menteurs l'imposture est visible, RAC Alhal.
il, 7. Des arts la magique imposture Fait éclure un
autre univers, SABATIER, l'Enthousiasme, Ode.
— REM. Bouhours (Nouv. Bem.) signalait impos-
ture comme un mat nouveau que le public n'avait
pas admis. On voit par l'historique qu'il est aussi
ancien que la langue.
— HIST. xne s. Mais s'ele [la paix] fust bien clere
e senz nule emposture, [ils] Ne eussent fait as suens
desonur ne enjure, Th. le mart. 4 25. || xvi" s.
C'est don de Dieu que la divination; voylà pourquoi
ce devrait estre une imposture punissable d'en
abuser, MONT, I, 238 Sçachant qu'il y a plu-
sieurs bourdes, faulsetés et impostures reçues au
monde avec approbation et applaudissement, CHAR-
RON, Sagesse, i, 45.
— ÉTYM. Lat. impostura (voy. IMPOSTEUR).
IMPÔT (in-pô ; le t ne se lie pas dans le parler
ordinaire ; au pluriel, Ys se lie : des im-pô-z exces-
sifs), s. m. || 1° Nom qui ne se donnait autrefois
qu'aux levées passagères des deniers que le gouver-
nement imposait pour les besoins de l'État.
|| 2e Charge publique, droit imposé sur certaines
choses. Impôts directs. Impôts indirects. Impôt ter-
ritorial. Impôt foncier. Ils déchargèrent le menu
peuple de tout impôt, BOSS. Hist. m, 6. Si vous ne
les chargez point d'impôts, FÉE. Tél. XH. Je sais,
Sire, l'épuisement de vos peuples et de vos pro-
vinces; je n'ignore pas le dépeuplement de la cam-
pagne et le besoin général où est votre royaume
de se trouver soulagé des impôts dont il est sur-
chargé depuis longtemps (4 742), Corresp. de Louis XV
et de Noailles, 1.1, p. 6. Je trouve les impôts très-
justes, quoique très-lourds, parce que, dans tout
• pays, excepté dans celui des chimères, un État ne
peut payer ses dettes qu'avec de l'argent, VOLT.
Lett. Dupont, 4 6 août 4 763. Questionnez ces bonnes
gens qui nous donnent du pain, ils vous diront
que la façon de lever les impôts est cent fois plus
onéreuse que le tribut même, ID. lett. Bastide, 4768.
|| Absolument. L'impôt, l'ensemble des impôts. Le
vote de l'impôt. L'assiette de l'impôt. On peut dé-
finir l'impôt une contribution pour la dépense pu-
blique, qui est nécessaire à la conservation de la
propriété particulière, RAYNAL, Hist. phil. xm, 51.
Il Refuser l'impôt, se dit d'une chambre législative
■)ui n'accorde pas le budget à un gouvernement,
ou de particuliers qui, sous prétexte de violation
delà constitution, refusent de payer l'impôt. || 3° Fig.
Ce que Ton paye pour des besoins réels ou imagi-
naires, pour dès plaisirs. Des habitudes de luxe
sont un lourd impôt. || L'impôt du sang, s'est dit
souvent pour la conscription militaire.
— SYN. IMPÔT, IMPOSITION. Proprement imposi-
tion est l'action de mettre l'impôt ; et impôt est le
résultat de cette action. Mais quand, à son tour, im-
position signifie le résultat de l'action, les deux
mots se confondent, sauf en un point, c'est que im-
position ne peut pas prendre le caractère général
que impôt prend au singulier, quand on dit : le vote
de l'impôt.
— HIST. xv" s. Impos. et collectes que on impose
sur icelui peuple, Bibl. des ch. 6e série, t. n, p. 443.
Carie vin est trop cher; Timpost, les quatrièmes,
Peste des biberons, BASSEL. XXVIII. || xvi" s. Eschauffé
par Tesperance de mettre un ïmpost sur la rivière,
D'AUB. Hist.n, 442.
— ÉTYM. Lat. impositum, chose imposée.
f IMPOTABLE (in-po-ta-bT), adj. Qu'on ne peut
boire. Ce vin est devenu impotable.
— ÉTYM. Im...; et potable.
IMPOTENCE (in-po-tan-s'), s. f. Terme de mé-
decine. État de celui qui est impotent.
— HIST. xnie s. Après s'en va sans escuier; Mes
por ses membres apuier Ot ausini cum par impo-
tence De traïson une potence, la Rose, 42295.
|| xiv" s. Vieillesce et toute impotence fait les gens
estre illeberaux, ORESME, Eth. 4 4 0. ||xve s. Quand
les nouvelles furent sceues en Angleterre de la ma-
ladie et impotence du roi de France, FROISS. ni, iv,
31. || xvie s. Tu me as reduyct à estre ingrat réputé,
par impotence de gratuité, RAB. Pont, iv, 4.
— ÉTYM. Provenç. inpotencia; espagn. impoten-
ciajital. impotensia; du latin impotentia, de impo-
tens (voy. IMPOTENT).
IMPOTENT, ENTE (in-po-tan, tan-f), adj. Qui
est privé de l'usage d'un membre, soit par vice de
nature, soit par accident. Impotent du bras droit.
Le fils aîné du maréchal de Grammont devint bien-
tôt impotent, puis tout à fait perclus, ST-SIM. 404,
28. Je travaillerai jusqu'à ce que je devienne tout
à fait aveugle et impotent, deux bénéfices dont je
pourrai bientôt être pourvu, VOLT. Lett. d'Argental,
23 mai 4 763. || Substantivement. Un impetent. ||Se
dit aussi des membres. Un bras impotent.
— HIST. xive s. Se il estoit impotent de rendre,
l'autre ne reputereit pas que il li deust rien donner,
ORESME, El h. 265. || xve s. U fait enquérir diligem-
ment où il y ait povres mesnaigers, vieulz et iinpo-
tens, Bouciq. iv, 2. || xvie «. Il ordonna que celuy qui
aurait esté niutCé et rendu impotent de quelque
membre à la guerre, fust nourry tout le temps de sa
vie aux despens de la chose publique, AMYOT, Sol. 66.
— ÉTYM. Provenç. inpotens; espagn. et ital. im-
potente; du latin impotentem, de in négatif, et po-
tens, qui peut.
f IMPOURVU, UE (in-pour-vu, vue), adj. Terme
vieilli. Non prévu. Sans doute il m'aura vue; Et c'est
de là que vient cette fuite "impourvue, CORN. Mél.
li, 8, édit. 4 633. || ATimpburvu, loc. adv. XTimpro-
viste. Soit qu'une'autre modeste à Timpourvu m'a-
vise , RÉGNIER, Sat. vu. Les ennemis sont venus à
Timpourvu, Dict. de l'Acad. de 4 740.
— REM. Vaugelas disait : « X Timproviste, à Tim-
pourvu, tous deux sont bons ; mais à Timproviste,
quoique pris de l'italien, est tellement naturalisé
français qu'il est plus élégant qu'à Timpourvu. » X
Timpourvu n'est plus usité.
— HIST. xvie s. Cleomenes vint une nuit à Tim-
prouveue assaillir la ville de Megalopolis, AMYOT,
Philop. 7.
— ÉTYM. Im..., et pourvoir, qui, venant du lat.
providere, s'est dit pour prévoir.
i IMPRATICABILITÉ (in-pra-ti-ka-bi-li-té), s.f.
État de ce qui est impraticable. La barbarie de la loi
qu'on vous propose est la plus haute preuve de l'im-
praticabilité d'une loi SUT l'émigration, MIRABEAU,
Collection, t. v, p. 402.
IMPRATICABLE (in-pra-ti-ka-bT), adj. || 1" Qui
ne peut se faire, s'exécuter. L'exemple des saints
nous est une preuve convaincante que la sainteté
n'a rien d'impraticable pour nous, BOURDAL. Sain-
teté, 2e avent, p. 314. Ce n'est pas qu'il ne faille
également éviter ce zèle toujours armé de terreur
et de dureté qui est tout propre à confirmer un pé-
cheur dans le vice par l'idée impraticable qu'il lui
donne de la vertu, MASS. Confér. Zèle contre les
vices. Et qu'enfin l'équité.fit régner sur la terre
L'impraticable paix de l'abbé de Saint-Pierre, VOLT.
Tactique. L'entreprise fut jugée impraticable, RAY-
NAL, Hist. phil. vi, 20. || 2° Où Ton ne peut passer,
où Ton ne passe qu'avec beaucoup de difficultés.
Un marais impraticable. Les chemins de Vitré ici
sont devenus si impraticables qu'en lés fait rac-
commoder par ordre du roi et de M. le duc de
Chaumes ; tous les paysans de la baronnie y seront
lundi, SÉV. )5 juin 4680. La police était un peu
négligée; les grands chemins étaient impraticables
de jour, et les rues durant la nuit ; mais on volait
encore plus impunément ailleurs, BAMILT. Gramm.
2. || 3° Il se dit d'une maison, d'un appartement,
d'une chambre qui a des inconvénients tels qu'on
ne peut l'habiter. La. fumée rend cette chambre im-
praticable. || Insupportable. Un hiver est impratica-
ble à Grignan, et très-ruineux à Aix, SÉV. 406.
|| 4e Fig. Insociable, très-difficile à vivre. Il est
d'un caractère, d'une humeur impraticable. Je ne
saurais vous approcher.... Si vous pouviez savoir
les affligeants discours.... Vous seriez moins im-
praticable, DESHOUL. t. n, p. 69. Ce roi toujours
caché, toujours impraticable comme les rois de
l'Orient, FÉN. Dial. des morts mod. 4 2. Il tirait du
fond du coeur de ses sujets la vérité qu'on cache
aux princes orgueilleux et impraticables,'VAUVEN.
Dïal. Louis XI, Commincs.
— ÉTYM. Im..., et praticable.
t IMPRATIQUÉ, ÉE (in-pra-ti-ké, kée), adj. Qui
n'estpaspratiquéjinfréquenté. Chemins impratiqués. -
— ÉTYM. Im..., et pratiqué.
t IMPRÉCATEUR (in-pré-ka-teur), s. m. Néolo-
gisme. Celui qui prononce des imprécations. Ce
grand imprécateur [Dante], à la face sinistre, qui
allait en enfer et qui en revenait, DANIEL STERN,
Rev. germ. t. xxvm, p. 231. |] Adj. X la façon des
poètes hébraïques, dont il a le génie imprécateur, il
[Dante] veut émouvoir d'une terreur salutaire les
âmes endurcies, Û. STERN, Dial. sur Dante et Goe-
the, 2, Rev. germ. t. xxxi, p. 4 99.
•—ÉTÏM. Voy. IMPRÉCATION.
IMPRÉCATION (in-pré-ka-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Souhait qu'on fait contre quel-
qu'un. Il a fait contre moi mille imprécations, TRIS-
TAN, Mariane, i, 3. Bénissez ceux qui font des im-
précations contre vous, et priez pour ceux qui veus
calomnient, SACI, Bible, Saint Luc, vi, 28. C'était
une espèce d'imprécation parmi les Hébreux, de
souhaiter à un homme que le sang d'un autre
homme retombât sur lui, BOURDAL. Exhort. sur le
jug. du peuple contre -J. C. t. rv, p. 56. Ils firent
mille imprécations contre don Alvar, LESAGE, Diable
boit. ch. 43, dans POUGENS. Les imprécations ne nous
secourentpas, VOLT. Scythes, y, 4. Et comment désor-
mais soutenirles approches, Le désespoir, les cris,les
éternels reproches, Les imprécations d'une mère en
fureur? ID. Orphel: de la Chine, n, 2. Je vous fe-
rai présent la première fois d'un recueil d'impréca-
tions et de serments nouvellement inventés par un
capitaine de dragons, BOISSY, Français à Londres.
se. 15. || 2° Terme d'antiquité. Formule solennelie,
par laquelle on flétrissait publiquement un ennemi
de l'État, en l'exilant ou en le condamnant à mort
par contumace. Ce tribun [Ateius], s'étant inutile-
ment opposé au départ de Crassus, courut à la porte
de la ville par où il devait sortir, mit à terre un
brasier plein de feu, et, dès que Crassus fut arrivé
vis-à-vis, il jeta dans ce brasier des parfums, y versa
des libations, et pr-nença dessus des imprécations
terribles qu'on ne put entendre sans frémir d'hor-
reur, ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. ix, p. 487, dans
POUGENS. Ils alléguaient, entre autres raisons, les
imprécations et les exécrations prononcées par les
prêtres et par tous les autres ministres de la reli-
gion contre Alcibiade, et même contre ceux qui
proposeraient de le rappeler, ID. ib. t. iv, p. 4 7.
|| 3° Terme de rhétorique. Figure par laquelle on
souhaite des malheurs à celui dont on parle ou à
qui Ton parle.
— SYN. IMPRÉCATION, MALÉDICTION. L'imprécation
est l'action de faire une prière contre quelqu'un;
la malédiction est l'action de maudire. L'impréca-
tion est une prière ; la malédiction n'est point une
prière, c'est une sorte de sentence prononcée au
nom d'un sentiment religieux par une personne qui
a le droit de la prononcer.
— HIST. xiv" s. Une loy de horrible imprecacion,
BERCHEURE, f" 46, verso. || xvi" s. Quand je tanse
avec mon valet, je tanse du meilleur courage que
j'aye; ce sont vrayes et non feinctes imprécations,
MONT. I, 270
— ÉTYM. Lat. imprecationem, de in, dans, sur,
contre, et precari, prier (voy. ce mot).
t IMPRÉCATOIRE (in-pré-ka-toi-r'), adj. Qui se
fait avec imprécation, qui a rapport à l'imprécation.
— HIST. xvi" s. Monitoires ou excommunications
avec clause satisfactoire.... celles .qui contiennent
clauses imprécatoires contre la forme prescrite par
les conciles.... sont censées abusives, p. PITHOU, 36.
— ÉTYM. Voy. IMPRÉCATION.
t IMPRÉGNATION ( in-pré-gna-sion ; en vers, de
cinq syllabes; quelques-uns donnent au g un son
dur : in-prégh-na-sion; mais il n'y a aucune raison
( de séparer, par la prononciation, imprégnation de
IMP
IMP
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v, 2. Ah! seignear, est-il rien qui répare l'injure
Que fait à Tinnocence un moment d'imposture ? CORN .
Nicom. iv, 4. Que ne publieront point l'envie et
l'imposture? ID. Cid, ni, 4. Et c'est trop condam-
ner ma bouche d'imposture, MOL. Tart. iv, 3. Ce
nom [de gentilhomme] ne fait aucun scrupule à
prendre.... pour moi.... je trouve que toute impos_-
ture est indigne d'un honnête homme, et qu'il y a
de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait
naître, ID. Bourg, gent. m, 4 2. Votre bouche, dit-il,
est pleine d'imposture, RAC Phèdre, iv, 4. || 2e Par-
ticulièrement. Ce que Ton impute faussement à
quelqu'un dans le dessein de lui nuire. Il est aisé de
détruire cette imposture. Quelqu'un auprès de vous
m'a fait cette imposture, CORN. Ment, ni, 5. Je suis
ravi de voir qu'une telle imposture Ait laissé votre
gloire et plus grande et plus pure, ID. Nicom. m, 8.
Us ont Tart de donner de belles couleurs à toutes
leurs impostures, MOL. 2e pîacet au roi (sur Tartufe).
Vous les verrezbientôt, féconds en impostures, Amas-
ser contre vous des volumes d'injures, BOIL. Sat. ix.
....Tout ce qu'il dit sont autant d'impostures, RAC
Plaid, n, 9.1] 3e Hypocrisie, tromperie dans les
moeurs, dans la conduite. Toute sa Tie n'a été qu'une
imposture continuelle. || 4° Action d tromper en se
faisant passer pour un autre. L'imposture des faux
Démétrius en Russie. Il épousa une maîtresse de la
maison d'York, dont il fut encore aimé, même
quand son imposture fut découverte, VOLT, jlfoeurs,
417. || 5° Figurément. Illusion, en bonne ou en mau-
vaise part. Semblable à ces amants trompés par le
sommeil, Qui rappellent en vain, pendant la nuit
obscure, Le souvenir confus d'une douce imposture,
LA FONT. Adonis. C'est là que, plus touché d'un
ruisseau qui murmure Que de tous ces vains orne-
ments Fiis de Tart et de l'imposture, Je me fais des
amusements, CHAUL. à Mme de Lassay. De vos son-
ges menteurs l'imposture est visible, RAC Alhal.
il, 7. Des arts la magique imposture Fait éclure un
autre univers, SABATIER, l'Enthousiasme, Ode.
— REM. Bouhours (Nouv. Bem.) signalait impos-
ture comme un mat nouveau que le public n'avait
pas admis. On voit par l'historique qu'il est aussi
ancien que la langue.
— HIST. xne s. Mais s'ele [la paix] fust bien clere
e senz nule emposture, [ils] Ne eussent fait as suens
desonur ne enjure, Th. le mart. 4 25. || xvi" s.
C'est don de Dieu que la divination; voylà pourquoi
ce devrait estre une imposture punissable d'en
abuser, MONT, I, 238 Sçachant qu'il y a plu-
sieurs bourdes, faulsetés et impostures reçues au
monde avec approbation et applaudissement, CHAR-
RON, Sagesse, i, 45.
— ÉTYM. Lat. impostura (voy. IMPOSTEUR).
IMPÔT (in-pô ; le t ne se lie pas dans le parler
ordinaire ; au pluriel, Ys se lie : des im-pô-z exces-
sifs), s. m. || 1° Nom qui ne se donnait autrefois
qu'aux levées passagères des deniers que le gouver-
nement imposait pour les besoins de l'État.
|| 2e Charge publique, droit imposé sur certaines
choses. Impôts directs. Impôts indirects. Impôt ter-
ritorial. Impôt foncier. Ils déchargèrent le menu
peuple de tout impôt, BOSS. Hist. m, 6. Si vous ne
les chargez point d'impôts, FÉE. Tél. XH. Je sais,
Sire, l'épuisement de vos peuples et de vos pro-
vinces; je n'ignore pas le dépeuplement de la cam-
pagne et le besoin général où est votre royaume
de se trouver soulagé des impôts dont il est sur-
chargé depuis longtemps (4 742), Corresp. de Louis XV
et de Noailles, 1.1, p. 6. Je trouve les impôts très-
justes, quoique très-lourds, parce que, dans tout
• pays, excepté dans celui des chimères, un État ne
peut payer ses dettes qu'avec de l'argent, VOLT.
Lett. Dupont, 4 6 août 4 763. Questionnez ces bonnes
gens qui nous donnent du pain, ils vous diront
que la façon de lever les impôts est cent fois plus
onéreuse que le tribut même, ID. lett. Bastide, 4768.
|| Absolument. L'impôt, l'ensemble des impôts. Le
vote de l'impôt. L'assiette de l'impôt. On peut dé-
finir l'impôt une contribution pour la dépense pu-
blique, qui est nécessaire à la conservation de la
propriété particulière, RAYNAL, Hist. phil. xm, 51.
Il Refuser l'impôt, se dit d'une chambre législative
■)ui n'accorde pas le budget à un gouvernement,
ou de particuliers qui, sous prétexte de violation
delà constitution, refusent de payer l'impôt. || 3° Fig.
Ce que Ton paye pour des besoins réels ou imagi-
naires, pour dès plaisirs. Des habitudes de luxe
sont un lourd impôt. || L'impôt du sang, s'est dit
souvent pour la conscription militaire.
— SYN. IMPÔT, IMPOSITION. Proprement imposi-
tion est l'action de mettre l'impôt ; et impôt est le
résultat de cette action. Mais quand, à son tour, im-
position signifie le résultat de l'action, les deux
mots se confondent, sauf en un point, c'est que im-
position ne peut pas prendre le caractère général
que impôt prend au singulier, quand on dit : le vote
de l'impôt.
— HIST. xv" s. Impos. et collectes que on impose
sur icelui peuple, Bibl. des ch. 6e série, t. n, p. 443.
Carie vin est trop cher; Timpost, les quatrièmes,
Peste des biberons, BASSEL. XXVIII. || xvi" s. Eschauffé
par Tesperance de mettre un ïmpost sur la rivière,
D'AUB. Hist.n, 442.
— ÉTYM. Lat. impositum, chose imposée.
f IMPOTABLE (in-po-ta-bT), adj. Qu'on ne peut
boire. Ce vin est devenu impotable.
— ÉTYM. Im...; et potable.
IMPOTENCE (in-po-tan-s'), s. f. Terme de mé-
decine. État de celui qui est impotent.
— HIST. xnie s. Après s'en va sans escuier; Mes
por ses membres apuier Ot ausini cum par impo-
tence De traïson une potence, la Rose, 42295.
|| xiv" s. Vieillesce et toute impotence fait les gens
estre illeberaux, ORESME, Eth. 4 4 0. ||xve s. Quand
les nouvelles furent sceues en Angleterre de la ma-
ladie et impotence du roi de France, FROISS. ni, iv,
31. || xvie s. Tu me as reduyct à estre ingrat réputé,
par impotence de gratuité, RAB. Pont, iv, 4.
— ÉTYM. Provenç. inpotencia; espagn. impoten-
ciajital. impotensia; du latin impotentia, de impo-
tens (voy. IMPOTENT).
IMPOTENT, ENTE (in-po-tan, tan-f), adj. Qui
est privé de l'usage d'un membre, soit par vice de
nature, soit par accident. Impotent du bras droit.
Le fils aîné du maréchal de Grammont devint bien-
tôt impotent, puis tout à fait perclus, ST-SIM. 404,
28. Je travaillerai jusqu'à ce que je devienne tout
à fait aveugle et impotent, deux bénéfices dont je
pourrai bientôt être pourvu, VOLT. Lett. d'Argental,
23 mai 4 763. || Substantivement. Un impetent. ||Se
dit aussi des membres. Un bras impotent.
— HIST. xive s. Se il estoit impotent de rendre,
l'autre ne reputereit pas que il li deust rien donner,
ORESME, El h. 265. || xve s. U fait enquérir diligem-
ment où il y ait povres mesnaigers, vieulz et iinpo-
tens, Bouciq. iv, 2. || xvie «. Il ordonna que celuy qui
aurait esté niutCé et rendu impotent de quelque
membre à la guerre, fust nourry tout le temps de sa
vie aux despens de la chose publique, AMYOT, Sol. 66.
— ÉTYM. Provenç. inpotens; espagn. et ital. im-
potente; du latin impotentem, de in négatif, et po-
tens, qui peut.
f IMPOURVU, UE (in-pour-vu, vue), adj. Terme
vieilli. Non prévu. Sans doute il m'aura vue; Et c'est
de là que vient cette fuite "impourvue, CORN. Mél.
li, 8, édit. 4 633. || ATimpburvu, loc. adv. XTimpro-
viste. Soit qu'une'autre modeste à Timpourvu m'a-
vise , RÉGNIER, Sat. vu. Les ennemis sont venus à
Timpourvu, Dict. de l'Acad. de 4 740.
— REM. Vaugelas disait : « X Timproviste, à Tim-
pourvu, tous deux sont bons ; mais à Timproviste,
quoique pris de l'italien, est tellement naturalisé
français qu'il est plus élégant qu'à Timpourvu. » X
Timpourvu n'est plus usité.
— HIST. xvie s. Cleomenes vint une nuit à Tim-
prouveue assaillir la ville de Megalopolis, AMYOT,
Philop. 7.
— ÉTYM. Im..., et pourvoir, qui, venant du lat.
providere, s'est dit pour prévoir.
i IMPRATICABILITÉ (in-pra-ti-ka-bi-li-té), s.f.
État de ce qui est impraticable. La barbarie de la loi
qu'on vous propose est la plus haute preuve de l'im-
praticabilité d'une loi SUT l'émigration, MIRABEAU,
Collection, t. v, p. 402.
IMPRATICABLE (in-pra-ti-ka-bT), adj. || 1" Qui
ne peut se faire, s'exécuter. L'exemple des saints
nous est une preuve convaincante que la sainteté
n'a rien d'impraticable pour nous, BOURDAL. Sain-
teté, 2e avent, p. 314. Ce n'est pas qu'il ne faille
également éviter ce zèle toujours armé de terreur
et de dureté qui est tout propre à confirmer un pé-
cheur dans le vice par l'idée impraticable qu'il lui
donne de la vertu, MASS. Confér. Zèle contre les
vices. Et qu'enfin l'équité.fit régner sur la terre
L'impraticable paix de l'abbé de Saint-Pierre, VOLT.
Tactique. L'entreprise fut jugée impraticable, RAY-
NAL, Hist. phil. vi, 20. || 2° Où Ton ne peut passer,
où Ton ne passe qu'avec beaucoup de difficultés.
Un marais impraticable. Les chemins de Vitré ici
sont devenus si impraticables qu'en lés fait rac-
commoder par ordre du roi et de M. le duc de
Chaumes ; tous les paysans de la baronnie y seront
lundi, SÉV. )5 juin 4680. La police était un peu
négligée; les grands chemins étaient impraticables
de jour, et les rues durant la nuit ; mais on volait
encore plus impunément ailleurs, BAMILT. Gramm.
2. || 3° Il se dit d'une maison, d'un appartement,
d'une chambre qui a des inconvénients tels qu'on
ne peut l'habiter. La. fumée rend cette chambre im-
praticable. || Insupportable. Un hiver est impratica-
ble à Grignan, et très-ruineux à Aix, SÉV. 406.
|| 4e Fig. Insociable, très-difficile à vivre. Il est
d'un caractère, d'une humeur impraticable. Je ne
saurais vous approcher.... Si vous pouviez savoir
les affligeants discours.... Vous seriez moins im-
praticable, DESHOUL. t. n, p. 69. Ce roi toujours
caché, toujours impraticable comme les rois de
l'Orient, FÉN. Dial. des morts mod. 4 2. Il tirait du
fond du coeur de ses sujets la vérité qu'on cache
aux princes orgueilleux et impraticables,'VAUVEN.
Dïal. Louis XI, Commincs.
— ÉTYM. Im..., et praticable.
t IMPRATIQUÉ, ÉE (in-pra-ti-ké, kée), adj. Qui
n'estpaspratiquéjinfréquenté. Chemins impratiqués. -
— ÉTYM. Im..., et pratiqué.
t IMPRÉCATEUR (in-pré-ka-teur), s. m. Néolo-
gisme. Celui qui prononce des imprécations. Ce
grand imprécateur [Dante], à la face sinistre, qui
allait en enfer et qui en revenait, DANIEL STERN,
Rev. germ. t. xxvm, p. 231. |] Adj. X la façon des
poètes hébraïques, dont il a le génie imprécateur, il
[Dante] veut émouvoir d'une terreur salutaire les
âmes endurcies, Û. STERN, Dial. sur Dante et Goe-
the, 2, Rev. germ. t. xxxi, p. 4 99.
•—ÉTÏM. Voy. IMPRÉCATION.
IMPRÉCATION (in-pré-ka-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Souhait qu'on fait contre quel-
qu'un. Il a fait contre moi mille imprécations, TRIS-
TAN, Mariane, i, 3. Bénissez ceux qui font des im-
précations contre vous, et priez pour ceux qui veus
calomnient, SACI, Bible, Saint Luc, vi, 28. C'était
une espèce d'imprécation parmi les Hébreux, de
souhaiter à un homme que le sang d'un autre
homme retombât sur lui, BOURDAL. Exhort. sur le
jug. du peuple contre -J. C. t. rv, p. 56. Ils firent
mille imprécations contre don Alvar, LESAGE, Diable
boit. ch. 43, dans POUGENS. Les imprécations ne nous
secourentpas, VOLT. Scythes, y, 4. Et comment désor-
mais soutenirles approches, Le désespoir, les cris,les
éternels reproches, Les imprécations d'une mère en
fureur? ID. Orphel: de la Chine, n, 2. Je vous fe-
rai présent la première fois d'un recueil d'impréca-
tions et de serments nouvellement inventés par un
capitaine de dragons, BOISSY, Français à Londres.
se. 15. || 2° Terme d'antiquité. Formule solennelie,
par laquelle on flétrissait publiquement un ennemi
de l'État, en l'exilant ou en le condamnant à mort
par contumace. Ce tribun [Ateius], s'étant inutile-
ment opposé au départ de Crassus, courut à la porte
de la ville par où il devait sortir, mit à terre un
brasier plein de feu, et, dès que Crassus fut arrivé
vis-à-vis, il jeta dans ce brasier des parfums, y versa
des libations, et pr-nença dessus des imprécations
terribles qu'on ne put entendre sans frémir d'hor-
reur, ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. ix, p. 487, dans
POUGENS. Ils alléguaient, entre autres raisons, les
imprécations et les exécrations prononcées par les
prêtres et par tous les autres ministres de la reli-
gion contre Alcibiade, et même contre ceux qui
proposeraient de le rappeler, ID. ib. t. iv, p. 4 7.
|| 3° Terme de rhétorique. Figure par laquelle on
souhaite des malheurs à celui dont on parle ou à
qui Ton parle.
— SYN. IMPRÉCATION, MALÉDICTION. L'imprécation
est l'action de faire une prière contre quelqu'un;
la malédiction est l'action de maudire. L'impréca-
tion est une prière ; la malédiction n'est point une
prière, c'est une sorte de sentence prononcée au
nom d'un sentiment religieux par une personne qui
a le droit de la prononcer.
— HIST. xiv" s. Une loy de horrible imprecacion,
BERCHEURE, f" 46, verso. || xvi" s. Quand je tanse
avec mon valet, je tanse du meilleur courage que
j'aye; ce sont vrayes et non feinctes imprécations,
MONT. I, 270
— ÉTYM. Lat. imprecationem, de in, dans, sur,
contre, et precari, prier (voy. ce mot).
t IMPRÉCATOIRE (in-pré-ka-toi-r'), adj. Qui se
fait avec imprécation, qui a rapport à l'imprécation.
— HIST. xvi" s. Monitoires ou excommunications
avec clause satisfactoire.... celles .qui contiennent
clauses imprécatoires contre la forme prescrite par
les conciles.... sont censées abusives, p. PITHOU, 36.
— ÉTYM. Voy. IMPRÉCATION.
t IMPRÉGNATION ( in-pré-gna-sion ; en vers, de
cinq syllabes; quelques-uns donnent au g un son
dur : in-prégh-na-sion; mais il n'y a aucune raison
( de séparer, par la prononciation, imprégnation de
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