Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 3 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460034d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49513
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/05/2009
LIC LIC LIC 299
avoir ses licences, MOL..MdJ.imae/.n,6.[| Aujourd'hui,
on ne dit plus ses licences, on dit sa licence, à moins
qu'il ne s'agisse collectivement de la licence es lettres,
de la licenceès sciences, etc. Les quatre licences.
|| Temps que l'on passait sur les bancs avant de pou-
voir devenir licencié. || Licence, nom donné, dans la
faculté de théologie, aux deux ans que les bacheliers
passaient sur les bancs, pour fournir des preuves de
leur capacité avant d'être reçus docteurs. Le cardi-
nal de Guise n'a jamais été que sous-diacre et n'a-
vait jamais songé à entrer en licence, ST-SIM. 58,
226. Il [le cardinal de Fleury] commença sa licence
en 4 676; mais il ne prit le bonnet de docteur que
longtemps après, MAIRAN, Élog. du card. Fleury.
|| Les licences universitaires ont été ainsi nommées
parce qu'elles donnaient la licence, la permission
d'enseigner, de plaider, de traiter les malades, etc.
|| 4° Trop grande liberté, contraire au respect, à la
retenue, à la modestie. Il faut qu'enfin quelqu'un
réprime ses licences, ROTR. Tencesl. ni, 2. Qui
donc est ce coquin qui prend tant de licence Que de
chanter et' m'étourdir ainsi? MOL. Amph. i, 2. Ils
vous l'ont dit [qu'ils vous aimaient] ? — Aucun n'a
pris cette licence, ID. Femm. sav. n, 3. Mon mari
avait le fonds excellent; je l'avais corrigé de ses
licences, MAINTENON, Lett. à Mlle de l'Enclos, 8
mars 4666. Je sais sur ma conduite et contre ma
puissance Jusqu'où de leurs discours ils portent la
licence, RAC Athal. n, 5. ||5° Dérèglement moral,
insubordination. Arrêter la licence par la terreur
des supplices, PATRU , Plaid. 4 o, dans RICHELET. La
licence qu'on a prise d'ébranler les règles, PASC
Prcv. x. Comme la république avait son faible
inévitable, c'est-à-dire la jalousie entre le peuple et
le sénat, la monarchie des Césars avait aussi le sien,
et le faible était la licence des soldats qui les avaient
faits, BOSS. Hist. m, 7. N'a-t-il pas eu, dans la li-
cence même de la guerre, une constante et scru-
puleuse retenue? FLÉCH. DUC de Mont. Enfin de la
licence [de la comédie] on arrêta le cours, BOIL. Art
p. m. Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés; Et
jamais on n'a vu la timide innocence Passer subi-
tement à l'extrême licence, RAC Phèdre, rv, 2. Quel
frein pourrait d'un peuple arrêter la licence? ID.
IV, 4. Cette jeunesse vécut avec une licence sans
bornes, FÉN. Tél. x. Cette ville est toujours dans la
licence, MONTESQ. Esp. vm, 2. Turenne laissa tou-
jours à ses soldats une assez grande licence, VOLT.
Lett. Colini, 24 oct. 4767. Plongé dans la licence,
au vice abandonné, m. Triumv. n, 4. La liberté n'est
pas toujours licence, ID. la Prude, u, 4. || 6° Terme
de littérature. Ce qui se fait contre les règles exactes
de l'art. 11 y a d'heureuses licences qui plaisent plus
que l'observation des règles. Alors qu'une oeuvre
brille, et d'art et de science, La verve quel-
quefois s'égare en la licence, RÉGNIER, Sat. ix.
C'est sur ces exemples [de Grotius et la Passion,
de Buchanan et l'histoire de Jephté] que j'ai ha-
sardé ce poème, où je me suis donné des licences,
qu'ils n'ont pas prises, CORN. Exam. de Poly. Pur-
ger notre théâtre des ordures que les premiers siè-
cles y avaient comme incorporées, et des licences
que les derniers y avaient souffertes, ID. Imit. Ép.
au pape Alexandre TU. Si l'on veut s'arrêter aux li-
cences de la conversation, c'est le vrai moyen d'es-
tropier la langue à tout moment, D'OLIVET, ESS.
gramm. 2e sect. § 6. || Licence poétique, impropriété
dans les termes, irrégularité dans la construction,
la dérivation et la syntaxe qu'on tolère chez les poè-
tes, comme : est-ce pas vous? pour n'est-ce pasvous?
Monsieur, la poésie a ses licences, mais Celle-ci
passe un peu les bornes que j'y mets, PIRON, Métrom.
v, 6. || Fig. et familièrement. Gardez-vous bien de
lâcher le moindre mot qui puisse faire connaître au
bon d'Hacqueville que je vous ai envoyé sa lettre ;
vous le connaissez, la rigueur de son exactitude ne
comprendrait point cette licence poétique, SÉV. 4 "
janv. 4676. || Il se dit avec le même sens, en pein-
ture, en sculpture, en architecture, en musique. Les
colonnes accouplées ont été une licence en archi-
tecture. || 7° Au plur. Traits de plume hardis, com-
posés pour orner les pagesd'écriture.
— HIST. xir s. Madoc bailla les lettres, qui de
l'aler contence; 11 les bailla la pape [au pape] quant
il en out licence, Th. le mart. 412. || xme s. Li rois
commende que nus ne soit semons qui n'ait li-
cence de venir à son jor, Liv. de jost. 93. Dame, à
moi vous serez confesse, Car cil frères n'a pas li-
cence De vous enjoindre pénitence, RUTEB. 267.
|| xive s. Et en toutes autres commutacions, des-
queles faire la loy donne licence, ORESME, Eih. 4 49.
Lesquels se complegnoient les uns aus autres, de ce
ftont il avoient perdu celle licence et manière de
vivre, BERCHEURE, f° 28, recto. || xvie s. Hz abandon-
nèrent de tout poinct la ville, appellans servitude
le non avoir pleine licence de pouvoir vivre entière-
ment à leur plaisir, AMYOT, Pyrrh. 33. En pleine
licence de divorces, il se passa 500 ans avant que
nul s'en servist, MONT, in, 6. Chacun désireux de
voir, l'un son frère, l'autre son oncle, demandoit
licence aux supérieurs, LANOUE, 557.
— ÉTYM. Provenç. licencia; calai, llicencia; es-
pagn. licencia; ital. licenzia; du lat. licentia, de
Jicere, être permis (voy. LICET) .
LICENCIÉ, ÉE (li-san-si-é, ée), part, passé de li-
cencier. || 1° Congédié. Les troupes licenciées à la
paix. || 2° S. m. Celui qui a pris ses degrés de li-
cence. Licencié es lettres. Licencié es sciences.
Licencié en droit.
LICENCIEMENT (li-san-si-man), s. «i. Action de
licencier, de congédier. La paix a été suivie du li-
cenciement d'une partie de l'armée.
— HIST. xvie s. L'armée des princes, incontinent
après le licenciement de là nostre, prit plusieurs
petites places, CASTELN. 247.
— ÉTYM. Licencier.
LICENCIER ( li-san-si-é), je licenciais, nous li-
cenciions, vous licenciiez; que je licencie, que
nous licenciions, que vous licenciiez, v. a. || 1° Con-
gédier. Après la paix on licencia une partie de l'ar-
mée. Le roi n'aime pas qu'on le serve par force ;
allez, je vous licencie, LE SAGE, Est. Gonz. ch. 46.
Le cordelier Ganganelli, devenu pape, détruisit
l'ordre entier [des jésuites] par une bulle; et, après
avoir soutenu pendant deux cents ans que le pape
pouvait tout, les jésuites furent obligés de soutenir
peu à peu qu'il ne peut même licencier un régi-
ment ae moines, VOLT. Hist. pari. ch. Lxxm. ||2° Re-
jeter, refuser (vieilli en ce sens). Mais en vain son
dépit pour ses fautes commises Lui fait licencier
mes soins et mon appui, MOL. l'Ét. v, 4 4. || 3° Se li-
cencier, v. réfl. S'accorder trop de liberté, passer les
bornes de la- discrétion, du devoir. Et les po-
litiques qui se sont le plus licenciés.... ont estimé
toute sorte de sujétion.... peu compatible avec
la royauté, BALZ. 7e dise, sur la cour. Ce vermillon
nouveau qui colore ta joue, M'invite expressément
à me licencier, CORN. Clit. v, 3 (4™ 1 édit. jusqu'à
4 644). Quoi! ta bouche se licencie X te donner en-
core un nom que je défends ! MOL. Amph. m, 7. Plus
elles chercheront à s'émanciper et à se licencier, plus
elles seront exposées aux mécontentements et aux
ennuis, BOURDAL. Exhort. sur l'obs. des règles, 1.1,
p. 223. Il [l'avocat] tint trois audiences en beaucoup
de fatras, et, à la quatrième, il se licencia fort sur
nos avocats, ST-SIM. 3C, I 59. Il revint au roi qu'on
s'était licencié chez elle [la duchesse de PortsmouthJ,
et elle-même, de parler fort librement -de lui et de
Mme de Maintenon, ID. 427,449.
— ItEM. On dit, avec un infinitif, ordinairement
se licencier à, et, quelquefois, se licencier de.
— SYN. SE LICENCIER, S'ÉMANCIPER. Se licencier,
c'est se donner licence, prendre une trop grande li-
berté; s'émanciper, c'est sortir de la tutelle où l'on
était et faire quelque chose qu'on n'est pas autorisé
à faire. Dans se licencier il n'y a que l'idée d'un
abus de liberté ; mais dans s'émanciper il y a l'idée
que celui qui s'émancipe était retenu et dans une
position subordonnée.
— HIST. xv" s. Quant messire Pierre de Craon se
vit ainsi licencié [congédié], si fut tout honteux; et
prit ce en grand felonnie et despit, FROISS. HT, IV, 24.
Un clerc licencié en droit qui estoit archidiacre de
Lussebonne, ID. H, m, 4 8. Et quant vient au licen-
cier [à faire un licencié].... E. DESCH. Poésies mss.
f° 454. || xvie s. Pourtant vouloyt-il translater leurs
festes en hyver, les jeenciant de gresler lors et ge-
ler tant que ilz vouldi-oyent, RAB. Pant. m, 33..
Sous l'ombre d'estre mal payez, ils se licentient à
actions violentes et infâmes, LANOUE, 4 06. Mes dis-
cours me licencieroient aysement à des actions que
cette naturelle inclination me faict haïr, MONT, II,
4 24. Licencié sous la cheminée, COTGRAVE. Qu'il me
trouvast une occasion de parler à la reine pour me
licencier d'elle [prendre congé], BASSOMPIERRE, Mém.
t. i, p. 392, dans LACURNE. Un bedeau de nostre
université ayant leu l'edit de paix, où il estoit dit
que touz estrangers seroient licentiez, tant d'une
part que d'autre, il s'en vint aux docteurs, leur di-
sant : messieurs, regardez de faire bonne composi-
tion des licences, nous gaignerons ce que nous vou-
drons; car le roy veut que touz estrangers, tant
d'une religion que d'autre, soient licentiez, BOÙCHET,
Serées, liv. m, p. 253, dâne, LACURNE. Je ne veux
rien d'amour, fors qu'il me licencie ; Je l'ay suivy dix
ans, les plus beaux de ma vie, DESP. Cléon. LXXXVII.
— ÉTYM. Licence; provenç. et espagn licenciar;
ital. licenziare.
LICENCIEUSEMENT (li-san-si-eû-ze-man), adv.
D'une manière licencieuse.il a vécu licencieusement.
— HIST. xvie s. Hz alloient tensans le peuple, en
demandant comment ilz estoient si bestes, que d'en-
durer qu'on se moquast et se jouast aussi licencieu-
sement d'eulx, AMYOT, Pyrrh. 28. Ayans es guerres
civiles vescu licentieusement et de proye, LANOUE,
4 79. Quelques uns en ont parlé el mesme escrit li-
centieusement, qui n'ont jamais bien congneu ni la
place, ni que c'est d'estre le premier obstacle à une
armée victorieuse, D'AUB. I, 34 0.
— ÉTYM. Licencieuse, et le suffixe ment.
LICENCIEUX, EUSE (li-san-si-eû, eû-z'), adj.
|| 1° Qui agit avec licence; déréglé. De là vient que
le peuple trop licencieux, abusant du pouvoir qu'on
lui avait laissé, en a été dépouillé sans contradic-
tion, FÉN. Du minist. des pasteurs, ch. 4 6. Je n'a-
vais jamais aimé cette société spirituelle, mais licen-
cieuse, dont, depuis quelques années, Lafare et
Chaulieu faisaient les délices, GENLIS, Jlfme de Main-
tenon, t. n, p. 483, dans POUGENS. || Il se dit au°?i
des choses. Mener une vie licencieuse. Quand tout
était barbare, ce prélat |le cardinal Bibiena] avait
fait jouer sa Calendra, pièce d'intrigue et d'un vrai
comique, à laquelle'on ne reproche qui des moeurs
un peu trop licencieuses ainsi qu'à la Mandragore
de Machiavel, VOLT. Dict. phil. Art dramatique.
|| 2° Qui offense la pudeur. Il est très-licencieux en
paroles. ]| Il se dit aussi des choses. Ces conversa-
tions licencieuses qui d'un jour à un autre vous font
perdre insensiblement la pudeur et l'horreur du
vice, BOURDAL. Myst. Circonc. de J. C. t. I, p. 84.
En prêchant contre la licence des moeurs, il com-
pose un roman licencieux, DIDER. Claude et Nér. l,
66. || 3° Il se dit quelquefois, dans la littérature et
les beaux-arts, de ce qui se fait par une licence
trop grande et non autorisée. Cet architecte a fait
un emploi licencieux de tel ornement. Quant à l'u-
nité de lieu, je n'en trouve aucun précepte ni dans
Aristote ni dans Horace ; c'est ce qui porte quelques-
uns à croire que la règle ne s'en est établie qu'en
conséquence de l'unité du jour, et à se persuader
ensuite qu'on le peut étendre jusques où un homme
peut aller et revenir en vingt-quatre heures ; cette
opinion est un peu licencieuse, CORN. 3e dise. Il
[Malherbe] s'obstina avec un nommé M. de Laleu à
faire des sonnets licencieux dont les deux quatrains
ne fussent pas sur mêmes rimes, PELLISSON, Hisl
de l'Acad. iv, Maynard. Les auteurs français, à-
l'exemple des Latins, ont été fort licencieux à for-
mer de semblables mots [composés avec le préfixe
négatif in], MÉNAGE, Observ. sur la langue franc.
2e part. ch. 84. Ce qui produit9Ies variations, les'
incertitudes, les égarements de ce ministre [JurieuJ,
et toUs les autres excès de sa licencieuse théologie,
BOSS. 6e av. m, 4. Homère est si excessivement licen-
cieux qu'il ne paraît presque pas possible d'y rien
ajouter à cet égard, FONTENELLE, Disc, à l'Acad.
franc. 25 août 1749. Entre cette prononciation licen-
cieuse et irréguliêre que l'usage a introduite dans
l'entretien familier et la prononciation des prédica-
teurs et autres orateurs, il y a une moyenne qui n'est
ni tout à fait si licencieuse que celle de la conversa-
tion, ni tout à fait si régulière que celle du barreau
et de la chaire, SAINT-RËAL, De la crit. ch. 4 2.
— HIST. xvi" s. En la saison la plus licentieuse
de mon aage, MONT, I, 77.
— ÉTYM. Licence.
f LICERON (li-se-ron), s. m. Petit morceau de
bois plat qui soutient les fils dans la fabrication du
ruban.
— ÉTYM. Dérivé de lice 2.
LICET (li-sèt'),s. m. Permission. Obtenir un licet.
— ÉTYM. Lat. licet, il est permis; comparez
LOISIR. Suivant Curtius, licet est l'intransitif de
linquere, laisser, comme pendet de pendëre, candet
de ac-cendêre, jacet de jacëre, etc.
t LICEUSE (li-seû-z'), s. f. Ouvrière en soie qui
fabrique les lices entre lesquéllss passent les fils de
la chaîne des étoffes.
— ÉTYM. Lice 2 .
f LICHAVEN (li-cha-vën'), s. m. Monument cel-
tique formé de trois pierres, l'une plate superposée
sur les deux autres qui lui servent de support.
j-LICHE (li-ch'), s. /. Nom donné par les ardoi-
sière à de petites surfaces douces au toucher, cou-
pant en tous sens le plan de fissilité, de manière à
empêcher la séparation du schiste en feuillets de
dimension suffisante pour faire de l'ardoise.
LICHEN (li-kèn'), s. m. || 1° Terme de botanique.
Végétaux agames, très-avides d'humidité, vivaces,
avoir ses licences, MOL..MdJ.imae/.n,6.[| Aujourd'hui,
on ne dit plus ses licences, on dit sa licence, à moins
qu'il ne s'agisse collectivement de la licence es lettres,
de la licenceès sciences, etc. Les quatre licences.
|| Temps que l'on passait sur les bancs avant de pou-
voir devenir licencié. || Licence, nom donné, dans la
faculté de théologie, aux deux ans que les bacheliers
passaient sur les bancs, pour fournir des preuves de
leur capacité avant d'être reçus docteurs. Le cardi-
nal de Guise n'a jamais été que sous-diacre et n'a-
vait jamais songé à entrer en licence, ST-SIM. 58,
226. Il [le cardinal de Fleury] commença sa licence
en 4 676; mais il ne prit le bonnet de docteur que
longtemps après, MAIRAN, Élog. du card. Fleury.
|| Les licences universitaires ont été ainsi nommées
parce qu'elles donnaient la licence, la permission
d'enseigner, de plaider, de traiter les malades, etc.
|| 4° Trop grande liberté, contraire au respect, à la
retenue, à la modestie. Il faut qu'enfin quelqu'un
réprime ses licences, ROTR. Tencesl. ni, 2. Qui
donc est ce coquin qui prend tant de licence Que de
chanter et' m'étourdir ainsi? MOL. Amph. i, 2. Ils
vous l'ont dit [qu'ils vous aimaient] ? — Aucun n'a
pris cette licence, ID. Femm. sav. n, 3. Mon mari
avait le fonds excellent; je l'avais corrigé de ses
licences, MAINTENON, Lett. à Mlle de l'Enclos, 8
mars 4666. Je sais sur ma conduite et contre ma
puissance Jusqu'où de leurs discours ils portent la
licence, RAC Athal. n, 5. ||5° Dérèglement moral,
insubordination. Arrêter la licence par la terreur
des supplices, PATRU , Plaid. 4 o, dans RICHELET. La
licence qu'on a prise d'ébranler les règles, PASC
Prcv. x. Comme la république avait son faible
inévitable, c'est-à-dire la jalousie entre le peuple et
le sénat, la monarchie des Césars avait aussi le sien,
et le faible était la licence des soldats qui les avaient
faits, BOSS. Hist. m, 7. N'a-t-il pas eu, dans la li-
cence même de la guerre, une constante et scru-
puleuse retenue? FLÉCH. DUC de Mont. Enfin de la
licence [de la comédie] on arrêta le cours, BOIL. Art
p. m. Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés; Et
jamais on n'a vu la timide innocence Passer subi-
tement à l'extrême licence, RAC Phèdre, rv, 2. Quel
frein pourrait d'un peuple arrêter la licence? ID.
IV, 4. Cette jeunesse vécut avec une licence sans
bornes, FÉN. Tél. x. Cette ville est toujours dans la
licence, MONTESQ. Esp. vm, 2. Turenne laissa tou-
jours à ses soldats une assez grande licence, VOLT.
Lett. Colini, 24 oct. 4767. Plongé dans la licence,
au vice abandonné, m. Triumv. n, 4. La liberté n'est
pas toujours licence, ID. la Prude, u, 4. || 6° Terme
de littérature. Ce qui se fait contre les règles exactes
de l'art. 11 y a d'heureuses licences qui plaisent plus
que l'observation des règles. Alors qu'une oeuvre
brille, et d'art et de science, La verve quel-
quefois s'égare en la licence, RÉGNIER, Sat. ix.
C'est sur ces exemples [de Grotius et la Passion,
de Buchanan et l'histoire de Jephté] que j'ai ha-
sardé ce poème, où je me suis donné des licences,
qu'ils n'ont pas prises, CORN. Exam. de Poly. Pur-
ger notre théâtre des ordures que les premiers siè-
cles y avaient comme incorporées, et des licences
que les derniers y avaient souffertes, ID. Imit. Ép.
au pape Alexandre TU. Si l'on veut s'arrêter aux li-
cences de la conversation, c'est le vrai moyen d'es-
tropier la langue à tout moment, D'OLIVET, ESS.
gramm. 2e sect. § 6. || Licence poétique, impropriété
dans les termes, irrégularité dans la construction,
la dérivation et la syntaxe qu'on tolère chez les poè-
tes, comme : est-ce pas vous? pour n'est-ce pasvous?
Monsieur, la poésie a ses licences, mais Celle-ci
passe un peu les bornes que j'y mets, PIRON, Métrom.
v, 6. || Fig. et familièrement. Gardez-vous bien de
lâcher le moindre mot qui puisse faire connaître au
bon d'Hacqueville que je vous ai envoyé sa lettre ;
vous le connaissez, la rigueur de son exactitude ne
comprendrait point cette licence poétique, SÉV. 4 "
janv. 4676. || Il se dit avec le même sens, en pein-
ture, en sculpture, en architecture, en musique. Les
colonnes accouplées ont été une licence en archi-
tecture. || 7° Au plur. Traits de plume hardis, com-
posés pour orner les pagesd'écriture.
— HIST. xir s. Madoc bailla les lettres, qui de
l'aler contence; 11 les bailla la pape [au pape] quant
il en out licence, Th. le mart. 412. || xme s. Li rois
commende que nus ne soit semons qui n'ait li-
cence de venir à son jor, Liv. de jost. 93. Dame, à
moi vous serez confesse, Car cil frères n'a pas li-
cence De vous enjoindre pénitence, RUTEB. 267.
|| xive s. Et en toutes autres commutacions, des-
queles faire la loy donne licence, ORESME, Eih. 4 49.
Lesquels se complegnoient les uns aus autres, de ce
ftont il avoient perdu celle licence et manière de
vivre, BERCHEURE, f° 28, recto. || xvie s. Hz abandon-
nèrent de tout poinct la ville, appellans servitude
le non avoir pleine licence de pouvoir vivre entière-
ment à leur plaisir, AMYOT, Pyrrh. 33. En pleine
licence de divorces, il se passa 500 ans avant que
nul s'en servist, MONT, in, 6. Chacun désireux de
voir, l'un son frère, l'autre son oncle, demandoit
licence aux supérieurs, LANOUE, 557.
— ÉTYM. Provenç. licencia; calai, llicencia; es-
pagn. licencia; ital. licenzia; du lat. licentia, de
Jicere, être permis (voy. LICET) .
LICENCIÉ, ÉE (li-san-si-é, ée), part, passé de li-
cencier. || 1° Congédié. Les troupes licenciées à la
paix. || 2° S. m. Celui qui a pris ses degrés de li-
cence. Licencié es lettres. Licencié es sciences.
Licencié en droit.
LICENCIEMENT (li-san-si-man), s. «i. Action de
licencier, de congédier. La paix a été suivie du li-
cenciement d'une partie de l'armée.
— HIST. xvie s. L'armée des princes, incontinent
après le licenciement de là nostre, prit plusieurs
petites places, CASTELN. 247.
— ÉTYM. Licencier.
LICENCIER ( li-san-si-é), je licenciais, nous li-
cenciions, vous licenciiez; que je licencie, que
nous licenciions, que vous licenciiez, v. a. || 1° Con-
gédier. Après la paix on licencia une partie de l'ar-
mée. Le roi n'aime pas qu'on le serve par force ;
allez, je vous licencie, LE SAGE, Est. Gonz. ch. 46.
Le cordelier Ganganelli, devenu pape, détruisit
l'ordre entier [des jésuites] par une bulle; et, après
avoir soutenu pendant deux cents ans que le pape
pouvait tout, les jésuites furent obligés de soutenir
peu à peu qu'il ne peut même licencier un régi-
ment ae moines, VOLT. Hist. pari. ch. Lxxm. ||2° Re-
jeter, refuser (vieilli en ce sens). Mais en vain son
dépit pour ses fautes commises Lui fait licencier
mes soins et mon appui, MOL. l'Ét. v, 4 4. || 3° Se li-
cencier, v. réfl. S'accorder trop de liberté, passer les
bornes de la- discrétion, du devoir. Et les po-
litiques qui se sont le plus licenciés.... ont estimé
toute sorte de sujétion.... peu compatible avec
la royauté, BALZ. 7e dise, sur la cour. Ce vermillon
nouveau qui colore ta joue, M'invite expressément
à me licencier, CORN. Clit. v, 3 (4™ 1 édit. jusqu'à
4 644). Quoi! ta bouche se licencie X te donner en-
core un nom que je défends ! MOL. Amph. m, 7. Plus
elles chercheront à s'émanciper et à se licencier, plus
elles seront exposées aux mécontentements et aux
ennuis, BOURDAL. Exhort. sur l'obs. des règles, 1.1,
p. 223. Il [l'avocat] tint trois audiences en beaucoup
de fatras, et, à la quatrième, il se licencia fort sur
nos avocats, ST-SIM. 3C, I 59. Il revint au roi qu'on
s'était licencié chez elle [la duchesse de PortsmouthJ,
et elle-même, de parler fort librement -de lui et de
Mme de Maintenon, ID. 427,449.
— ItEM. On dit, avec un infinitif, ordinairement
se licencier à, et, quelquefois, se licencier de.
— SYN. SE LICENCIER, S'ÉMANCIPER. Se licencier,
c'est se donner licence, prendre une trop grande li-
berté; s'émanciper, c'est sortir de la tutelle où l'on
était et faire quelque chose qu'on n'est pas autorisé
à faire. Dans se licencier il n'y a que l'idée d'un
abus de liberté ; mais dans s'émanciper il y a l'idée
que celui qui s'émancipe était retenu et dans une
position subordonnée.
— HIST. xv" s. Quant messire Pierre de Craon se
vit ainsi licencié [congédié], si fut tout honteux; et
prit ce en grand felonnie et despit, FROISS. HT, IV, 24.
Un clerc licencié en droit qui estoit archidiacre de
Lussebonne, ID. H, m, 4 8. Et quant vient au licen-
cier [à faire un licencié].... E. DESCH. Poésies mss.
f° 454. || xvie s. Pourtant vouloyt-il translater leurs
festes en hyver, les jeenciant de gresler lors et ge-
ler tant que ilz vouldi-oyent, RAB. Pant. m, 33..
Sous l'ombre d'estre mal payez, ils se licentient à
actions violentes et infâmes, LANOUE, 4 06. Mes dis-
cours me licencieroient aysement à des actions que
cette naturelle inclination me faict haïr, MONT, II,
4 24. Licencié sous la cheminée, COTGRAVE. Qu'il me
trouvast une occasion de parler à la reine pour me
licencier d'elle [prendre congé], BASSOMPIERRE, Mém.
t. i, p. 392, dans LACURNE. Un bedeau de nostre
université ayant leu l'edit de paix, où il estoit dit
que touz estrangers seroient licentiez, tant d'une
part que d'autre, il s'en vint aux docteurs, leur di-
sant : messieurs, regardez de faire bonne composi-
tion des licences, nous gaignerons ce que nous vou-
drons; car le roy veut que touz estrangers, tant
d'une religion que d'autre, soient licentiez, BOÙCHET,
Serées, liv. m, p. 253, dâne, LACURNE. Je ne veux
rien d'amour, fors qu'il me licencie ; Je l'ay suivy dix
ans, les plus beaux de ma vie, DESP. Cléon. LXXXVII.
— ÉTYM. Licence; provenç. et espagn licenciar;
ital. licenziare.
LICENCIEUSEMENT (li-san-si-eû-ze-man), adv.
D'une manière licencieuse.il a vécu licencieusement.
— HIST. xvie s. Hz alloient tensans le peuple, en
demandant comment ilz estoient si bestes, que d'en-
durer qu'on se moquast et se jouast aussi licencieu-
sement d'eulx, AMYOT, Pyrrh. 28. Ayans es guerres
civiles vescu licentieusement et de proye, LANOUE,
4 79. Quelques uns en ont parlé el mesme escrit li-
centieusement, qui n'ont jamais bien congneu ni la
place, ni que c'est d'estre le premier obstacle à une
armée victorieuse, D'AUB. I, 34 0.
— ÉTYM. Licencieuse, et le suffixe ment.
LICENCIEUX, EUSE (li-san-si-eû, eû-z'), adj.
|| 1° Qui agit avec licence; déréglé. De là vient que
le peuple trop licencieux, abusant du pouvoir qu'on
lui avait laissé, en a été dépouillé sans contradic-
tion, FÉN. Du minist. des pasteurs, ch. 4 6. Je n'a-
vais jamais aimé cette société spirituelle, mais licen-
cieuse, dont, depuis quelques années, Lafare et
Chaulieu faisaient les délices, GENLIS, Jlfme de Main-
tenon, t. n, p. 483, dans POUGENS. || Il se dit au°?i
des choses. Mener une vie licencieuse. Quand tout
était barbare, ce prélat |le cardinal Bibiena] avait
fait jouer sa Calendra, pièce d'intrigue et d'un vrai
comique, à laquelle'on ne reproche qui des moeurs
un peu trop licencieuses ainsi qu'à la Mandragore
de Machiavel, VOLT. Dict. phil. Art dramatique.
|| 2° Qui offense la pudeur. Il est très-licencieux en
paroles. ]| Il se dit aussi des choses. Ces conversa-
tions licencieuses qui d'un jour à un autre vous font
perdre insensiblement la pudeur et l'horreur du
vice, BOURDAL. Myst. Circonc. de J. C. t. I, p. 84.
En prêchant contre la licence des moeurs, il com-
pose un roman licencieux, DIDER. Claude et Nér. l,
66. || 3° Il se dit quelquefois, dans la littérature et
les beaux-arts, de ce qui se fait par une licence
trop grande et non autorisée. Cet architecte a fait
un emploi licencieux de tel ornement. Quant à l'u-
nité de lieu, je n'en trouve aucun précepte ni dans
Aristote ni dans Horace ; c'est ce qui porte quelques-
uns à croire que la règle ne s'en est établie qu'en
conséquence de l'unité du jour, et à se persuader
ensuite qu'on le peut étendre jusques où un homme
peut aller et revenir en vingt-quatre heures ; cette
opinion est un peu licencieuse, CORN. 3e dise. Il
[Malherbe] s'obstina avec un nommé M. de Laleu à
faire des sonnets licencieux dont les deux quatrains
ne fussent pas sur mêmes rimes, PELLISSON, Hisl
de l'Acad. iv, Maynard. Les auteurs français, à-
l'exemple des Latins, ont été fort licencieux à for-
mer de semblables mots [composés avec le préfixe
négatif in], MÉNAGE, Observ. sur la langue franc.
2e part. ch. 84. Ce qui produit9Ies variations, les'
incertitudes, les égarements de ce ministre [JurieuJ,
et toUs les autres excès de sa licencieuse théologie,
BOSS. 6e av. m, 4. Homère est si excessivement licen-
cieux qu'il ne paraît presque pas possible d'y rien
ajouter à cet égard, FONTENELLE, Disc, à l'Acad.
franc. 25 août 1749. Entre cette prononciation licen-
cieuse et irréguliêre que l'usage a introduite dans
l'entretien familier et la prononciation des prédica-
teurs et autres orateurs, il y a une moyenne qui n'est
ni tout à fait si licencieuse que celle de la conversa-
tion, ni tout à fait si régulière que celle du barreau
et de la chaire, SAINT-RËAL, De la crit. ch. 4 2.
— HIST. xvi" s. En la saison la plus licentieuse
de mon aage, MONT, I, 77.
— ÉTYM. Licence.
f LICERON (li-se-ron), s. m. Petit morceau de
bois plat qui soutient les fils dans la fabrication du
ruban.
— ÉTYM. Dérivé de lice 2.
LICET (li-sèt'),s. m. Permission. Obtenir un licet.
— ÉTYM. Lat. licet, il est permis; comparez
LOISIR. Suivant Curtius, licet est l'intransitif de
linquere, laisser, comme pendet de pendëre, candet
de ac-cendêre, jacet de jacëre, etc.
t LICEUSE (li-seû-z'), s. f. Ouvrière en soie qui
fabrique les lices entre lesquéllss passent les fils de
la chaîne des étoffes.
— ÉTYM. Lice 2 .
f LICHAVEN (li-cha-vën'), s. m. Monument cel-
tique formé de trois pierres, l'une plate superposée
sur les deux autres qui lui servent de support.
j-LICHE (li-ch'), s. /. Nom donné par les ardoi-
sière à de petites surfaces douces au toucher, cou-
pant en tous sens le plan de fissilité, de manière à
empêcher la séparation du schiste en feuillets de
dimension suffisante pour faire de l'ardoise.
LICHEN (li-kèn'), s. m. || 1° Terme de botanique.
Végétaux agames, très-avides d'humidité, vivaces,
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