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LIB
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LIB
— ÉTYM. Provenç libertat; catal. llibertat; es-
pagn. libertad; ital. libertà ; du latin libertatem,
de liber, libre.
t LIBERTICIDE (li-bèr-ti-si-d'), adj. Néologisme.
Qui attente aux-libertés publiques. Ordonnance liber-
ticide. Projets liberticides, BABOEUF, Pièces, i, 95.
— ÉTYM. Lat. libertas, liberté, et cxdere, tuer.
LIBERTIN, INE (li-bèr-tin, ti-n'), adj". || l°Qui ne
s'assujettit ni aux croyances ni aux pratiques de la
religion (vieilli en ce sens). C'est être libertin que
d'avoir de bons yeux, MOL. Tarf. i, 6. Je le soupçonne
encor d'être un peu libertin, Je ne remarque point
qu'il hante les églises, ID. ib. n, 2. Pour débrouil-
ler le chaos des consciences libertines, FLÉCH.
Panég. n, 418. || Il se dit aussi des opinions, pen-
sées, etc. Pourvu que le magistrat les laisse en
reposées indifférents en religion], ils jouiront tran-
quillement de la liberté qu'ils se donnent à eux-
mêmes de penser tout ce qu'il leur plaît, qui est le
charme par où ces esprits sont jetés dans les opi-
nions libertines, BOSS. 6e avertiss. m, 41. Un roi
de.Castille, grand mathématicien, mais appa-
remment peu dévot, disait que, si Dieu l'eût ap-
pelé à son conseil quand il fit le monde, il lui
eût donné de bons avis ; la pensée est trop li-
bertine; mais cela même est assez plaisant que ce
svstème fût alors une occasion de péché, parce qu'il
était trop confus, FONTEN. .Mondes, 4" soir. || S. m.
Par le mot de libertin je n'entends ni un huguenot,
Ui un athée, ni un catholique, ni un hérétique, ni
un politique, mais un certain composé de toutes ces
qualités, GARASSE, Rech. desrech. p. 684, dans LA-
CURNE, au mot politique. Laissez aux libertins ces
sottes conséquences, MOL. Tart. v, 4. Rien, pour
l'ordinaire, de plus ignorant en matière de religion
■ que ce qu'on appelle les libertins du siècle, BOUR-
DAL. Jugem. dern. favent, p. 69. Un libertin [met
l'honneur] à rompre et jeûnes et carême, BOIL. Sat.
xi. Sainte Geneviève a toujours protégé, dit-on, le
royaume; et, quoi que les libertins puissent penser,
on en a vu autrefois des miracles, et le peuple a
une grande confiance en elle, MAINTENON, Lett. au
card. de Noailles, 44 juillet 4707. Alcibiade : La sot-
tise du peuple met en fureur quand il est question
de toutes vos divinités.— Mercure : Voilà un langage
de libertin, FÉN, t. xix, p. 24 4. || Libertins de Genève,
parti qui, au xv!" siècle, réclama la liberté civile
contre la domination religieuse. Les bourgeois s'é-
taient primitivement divisés en Mamelus et en Eid-
guenots ; les Eidguenots, vainqueurs des Mamelus,
étaient divisés en catholiques et en évangéliques ;
les évangéliques, vainqueurs des catholiques, se
divisèrent en libertins et en calvinistes ; les liber-
tins formèrent dans Genève le parti conservateur
des anciennes moeurs et de la liberté civile, MIGNET,
Établissement de laréforme àGenève,v. 334,éd.4843.
|| 2° Désireux d'indépendance. U y a de quoi s'é-
tonner qu'un homme aussi libertin que moi se hâte
de quitter tout cela pour aller trouver un maître,
VOIT. Lett. 39. || Vieilli en ce sens. || Terme de fau-
connerie. Se dit de l'oiseau de proie qui s'écarte et
ne revient pas. || S. m. Membre d'une secte ana-
baptiste qui croit toute servitude contraire à l'es-
prit du christianisme. || 3° Qui dépasse la mesure.
C'était un tempérament a-,ie je croyais fort raison-
nable entre la rigueur des vingt-quatre heures [pour
le théâtre], et cette étendue libertine qui n'avait
aucunes bornes, CORN. Examen de la Veuve. || Vieilli
en ce sens. || 4° Qui va à l'aventure. Vous écrivez si
bien, ma chère enfant, quand vous n'avez point de
sujets, que je n'aime pas moins ces lettres-là toutes
libertines que celles où vous faites réponse, ssv.
604. Je suis tellement libertine quand j'écris, que le
premier tour que je prends règne tout du long de
ma lettre, ID. à Bussy, 20 juill. 4679. Quelle triste
date [aux Rochers] auprès de la vôtre [à Rome],
mon aimable cousin ! elle convient à une solitaire
comme moi, et celle de Rome à celui dont l'étoile
est errante etlfbertine,iD. à Coulanges, 8 janv. 1690,
C'est aujourd'hui notre style ordinaire, décousu et
libertin, vagabond et inégal, sans nombre, sans me-
sure,, sans liaison, sans proportion ni entre les cho-
ses ni entre les mots, p. ANDRÉ, ESS. sur le beau,
ch. 3.. C'est qu'ils s'abandonnent à toutes sortes de
pensées, et leur esprit libertin, qui ne veut point
se gêner, se laisse gagner à celles qui se présen-
tent quoiqu'elles l'éloignent de ce qu'il devrait con-
sidérer, LAMY, Entret. sur les sciences, Idée de la
logique, n. || U a vieilli en cette signification, et au-
jourd'hui il ne se dit plus guère qu'avec imagina-
tion. Son imagination libertine l'écarté sans cesse
de son sujet. || 5° Dissipé, qui néglige ses devoirs
pour le jeu, en parlant d'un écolier. Cet enfant est
fort libertin. Soyez persuadés que c'est à cause que
vous êtes si exactes à les veiller [les pensionnaires
de Saint-Cyr] qu'elles sont si aisées à conduire, et
qu'aussitôt que vous cesserez de les observer, elles
deviendront libertines, MAINTENON, Entret. sur l'é-
duc. juin 4 704. || Substantivement. C'est un petit
libertin. || 6° Déréglé par rapport à la moralité entre
les deux sexes. Vous voyez, messieurs, combien la
jeunesse est libertine, et le peu d'autorité que les
pères ont sur leurs enfants, FURETIÈRE, le Roman
bourg, i. On doit considérer que, dans la querelle
des Troyens, il ne s'agissait que d'une vieille femme
fort libertine qui s'était fait enlever deux fois, au
lieu qu'ici il s'agissait de deux filles et d'un oiseau,
VOLT. Princ. de Babyl. 4. Je devins polisson, mais
non libertin, j. j. ROUSS. Conf. n. U est plutôt indis-
cret que confiant, et libertin que voluptueux, RAY'-
NAL, Hist. phil. v, 4 6. À l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin, Un jour je.
soulevai mon verre, A. DE MUSSET, Poés. nouv.
Nuit de décembre. || Il se dit aussi des choses. Ton
libertin. Et les jours libertins, Quand je voudrai
donner des repas clandestins, REGNARD, Ménechm.
iv, 2. Les entretiens polissons préparent les moeurs
libertines, J. i. ROUSS. Ém. iv. 11| Substantivement.
C'est un libertin, un grand, un franc libertin. C'est
une libertine.
— REM. 1. Le latin libertinus signifiant : qui a
ie caractère d'un affranchi, on n'a pas historique-
ment l'explication des diverses significations fran-
çaises. La première fois qu'on trouve ce mot, au
xvie siècle, il a la signification de : indocile aux
croyances religieuses. C'est ce fait qui a déterminé
le classement des sens. || 2. Le sens particulier qu'a
pris libertin par rapport aux moeurs a, dans le lan-
gage moderne, mis en désuétude les autres sens
qui étaient si vivants au xvne siècle.
— HIST. xvi" s. Nos libertins, qui ne discordent
gueres en particulier, s'accordent très bien entr'eux
en gênerai à mespriser et rejetter la sainte profes-
sion de la vie chrestienne, LANOUE, 54 2. Tant d'épi-
curiens libertins et moqueurs, CHARRON, Sagesse, i, 8.
— ÉTYM. Provenç. libertin, affranchi ; du lat.
?ibertinus,qui regarde les affranchis.Z.ibertimts vient
de libcrtus, esclave affranchi ; libertus est pour libe-
ratus, délivré, de liberare (voy. LIBÉRER), comme
sectus de secare.
LIBERTINAGE (li-bèr-ti-na-j'), s. m. |] 1° Licence
de l'esprit qui rejette les croyances religieuses. Mon
frère, ce discours sent te libertinage, MOL. Tart. i,
6. Il y en a bien qui croient, mais par superstition ;
il y en a bien qui ne croient pas, mais par liberti-
nage : peu sont entre deux, PASC Pens. xxv,
47, édit. HAVET. Un des prétextes du libertinage
est de prétendre que l'on ne croit point, que l'on
n'a point de foi, BOURDAL. 3e dim. après l'Épiph.
Domin.t. i, p. 140. Le libertinage ne demande point
précisément d'être applaudi, d'être soutenu et ap-
puyé; il se contente qu'on le tolère, ID. Dim. oct.
de l'Ascens. Dominic. t. n, p. S54. Est-ce en effet
par un libertinage de créance qu'ils vivent dans une
telle insensibilité à l'égard du salut? ID. Pensées,
t. i, p. 47. || Ce sens a vieilli. || 2° Caractère de ce
qui va à l'aventure. J'aime fort la liberté et le liber-
tinage de votre vie et de vos repas, et qu'un coup
de marteau ne soit pas votre maître, SÉV. 25 juill.
1689. Tout le libertinage de vos conversations, ID.
4 5 juin 4 680. La liberté sans ordre est un libertinage
qui attire le despotisme, FÉN. t. XXII, p. 34 8. || En ce
sens il ne se dit plus guère aujourd'hui qu'avec esprit,
imagination, plume. Cet écrivain s'abandonne au
libertinage de son imagination. Un libertinage d'es-
prit qui ne laisse approfondir aucun sujet. Voyez
un peu où me porte le libertinage de ma plume ;
mais vous jugez bien que les conversations sont
pleines de ces grands événements, SÉV. Lett. du
5 janv. 4689. || 3° État de celui qui est libertin, dé-
réglé dans ses moeurs. Vivre dans le libertinage.
— ËTYM.'Libprtin.
LIBERTINES (li-bèr-ti-né), ». n. || 1° Terme fa-
milier. Être trop dissipé, en parlant des enfants, des
écoliers. Cet enfant ne l'ait que libertiner. j| 2° Faire
le libertin, être déréglé dans ses moeurs. Depuis
qu'il ne voit plus mauvaise compagnie, il a cessé de
bbertiner. || 3° Se libertiner, v. rèfl. Devenir liber-
tin. U commence à se libertiner.
— ÉTYM. Libertin.
f LIBERUM-VETO (li-bè-rom'-vé-to), s. m. Droit
qu'avait tout membre de la diète polonaise de ren-
dre nulle, d'arrêter une résolution.
— ÉTYM. Lat. liberum veto, un veto libre.
t LIBETTE (li-bè-f ) s. f. Joli insecte coléoptère.
j LLBIDD3I (li-bi-di-bi), s. m. Nom de pays des
gousses du cesalpinia coriaria, Vv'ildenow (légumi-
neuses) , qui se trouve à Curaçao.
LIBIDINEUX, EUSE (li-bi-di-neû, neû-z'), adj.
Livré aux désirs charnels. Appétits libidineux.
— ÉTYM. Lat. libidinosus, de libido, désir, pas-
sion, débauche, de libère ou lubets, avou envie;
sanscr. lubh, désirer; comparez l'ail, lieben, aimer,
le goth. liubs, amour, et le grec XiTCToiiat, désirer.
t LIBIDINOSITÉ (li-bi-di-nô-zi-té), s. f. Vice de
celui qui est libidineux.
— HIST. xve s. La libidinosité et outrage effréné
d'aucuns hommes à tousjours attendre de descirer
et de destrencher l'unité d'icelle [Église], MONSTRE-
LET, t. n, p. 4 60, dans LACURNE. ||XVI° s. Libidino-
sité, COTGRAVE.
— ÉTYM. Libidineux; ital. libidinosità.
t LIBITUM (AD) (ad-li-bi-tom'), locution !ar-ue
qui s'emploie quelquefois et qui signifie à volonté,
Cela est ad libitum. || H est très-usité en musique.
Sonates pour piano, violon ou violoncelle ad libitum,
c'est-à-dire qu'un seul de ces deux derniers instru-
ments est utile. Sonate avec accompagnement de
violon ad libitum, c'est-à-dire que l'accompagnement
n'est pas obligé. || Ces mots, écrits au-dessous d'un
trait de musique, signifient que l'exécutant le fait
sans se gêner, sans s'astreindre à suivre la mesure.
— ÊTYM. Lat. ad, à, et libitum, volonté, de li-
bère (voy. LIBIDINEUX) .
t LIBOT (li-bo), s. m. Espèce de patelle, la pa-
telle ombelle de Linné.
t LIBOURET (li-bou-rè), s. m. Nom d'une ligne
pour la pêche des maquereaux ; elle est composée
de deux ou trois petites cordes où l'on attache au-
tant d'hameçons.
LIBRAIHÊ (li-brê-r'), s. m. ||1° Au moyen âge,
religieux qui, dans les monastères, était chargé de
transcrire et de garder les livres (copiste de livres
est le sens propre dans le latin). || 2° Par extension,
celui qui fait le commerce des livres. Un libraire,
imprimant les essais de ma plume, Donna, pour
mon malheur, un trop heureux volume, BOIL. Êpit.
vi. Un pauvre savant qui avait travaillé dix ans
pour les libraires à Amsterdam, VOLT. Candide, 19.
Les libraires hollandais gagnent un million par an,
parce que les Français ont eu de l'esprit, ID. Mél.
littér. À un premier commis. On ne goûtait plus
que ce qui venait de ce pays [l'Angleterre], ou qui
passait pour en venir; les libraires, qui sont des
marchands de modes, vendaient des romans anglais
comme on vend des rubans et des dentelles de
point, sous le nom d'Angleterre, ID. ib. À l'Acad. fr.
X la honte aguerris, ces forbans littéraires Ont mis
leur conscience aux gages des libraires, M. J.
CHÉNIER, la Calomnie. || Au féminin. On dit une
libraire, et aussi une marchande libraire. || Libraire-
éditeur, celui qui achète des- manuscrits et fait im-
primer des livres à ses frais. || Libraire d'assortiment
ou commissionnaire, celui qui, moyennant un droit
de commission, s'occupe du placement et de l'expé-
dition des ouvrages fabriqués par les éditeurs. || Im-
primeur-libraire, imprimeur qui est en même temps
libraire, || Commis libraire, ou commis de librairie,
commis dans une librairie. 1| Libraire juré, libraire
qui prêtait un serment rédigé par l'université de
Paris et contenant l'obligation d'observer les règle-
ments. || 3° Se dit aussi des personnes qui louent des
livres, qui tiennent un cabinet de lecture.
— HIST. XVe s. Et la Ioy faut êscripre à un li-
braire [il faut qu'un copiste écrive la loi], E. DESCH.
Poésies mss. f° 219. ||xvie s. De là m'en iray aux
libraires, pour chercher quelque chose de nouveau
à Pallas, DESPER. Cymb. 70.
— ÉTYM. Provenç. librari; espagn. librero ;
portug. livreiro; ital. libraio; du lat. librarius, de
liber, livre.
LIBRAIRIE (li-brê-rie),s. f. [| 1° Autrefois, biblio-
thèque. La librairie du Louvre, du temps de Char-
les V. Henri IV dit à Casaubon qu'il voulait qu'il
eût soin de sa librairie, COLOMIÈS , Mélanges hist.
dans RICHELET. || Maître de la librairie, se disait du
bibliothécaire du roi. || 2° Aujourd'hui,boutique,ma-
gasin d'un libraire. Il y aplusieurs librairies dans
cette ville. || 3° Profession de libraire, commerce des
livres. La librairie de Paris. On ne trouve pas ce li-
vredans toute la librairie. || L'ensemble des libraires.
Délégué de la librairie de Paris.
— HIST. xve s. Et s'en allèrent en grand tumulte
• au collège de Navarre, et là pillèrent et robberent ce
qu'i's trouvèrent, excepté la librairie, JUV. DES URS.
Charles TI, 4448. ||xv. sance [le mérite] loge en leurs sumptueuses librairies,
MONT, i, 4 44. Comment Pantagruel vint à Paris, et
des beaux livres de la librairie de St-Vietor, RAB.II,7.
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— ÉTYM. Provenç libertat; catal. llibertat; es-
pagn. libertad; ital. libertà ; du latin libertatem,
de liber, libre.
t LIBERTICIDE (li-bèr-ti-si-d'), adj. Néologisme.
Qui attente aux-libertés publiques. Ordonnance liber-
ticide. Projets liberticides, BABOEUF, Pièces, i, 95.
— ÉTYM. Lat. libertas, liberté, et cxdere, tuer.
LIBERTIN, INE (li-bèr-tin, ti-n'), adj". || l°Qui ne
s'assujettit ni aux croyances ni aux pratiques de la
religion (vieilli en ce sens). C'est être libertin que
d'avoir de bons yeux, MOL. Tarf. i, 6. Je le soupçonne
encor d'être un peu libertin, Je ne remarque point
qu'il hante les églises, ID. ib. n, 2. Pour débrouil-
ler le chaos des consciences libertines, FLÉCH.
Panég. n, 418. || Il se dit aussi des opinions, pen-
sées, etc. Pourvu que le magistrat les laisse en
reposées indifférents en religion], ils jouiront tran-
quillement de la liberté qu'ils se donnent à eux-
mêmes de penser tout ce qu'il leur plaît, qui est le
charme par où ces esprits sont jetés dans les opi-
nions libertines, BOSS. 6e avertiss. m, 41. Un roi
de.Castille, grand mathématicien, mais appa-
remment peu dévot, disait que, si Dieu l'eût ap-
pelé à son conseil quand il fit le monde, il lui
eût donné de bons avis ; la pensée est trop li-
bertine; mais cela même est assez plaisant que ce
svstème fût alors une occasion de péché, parce qu'il
était trop confus, FONTEN. .Mondes, 4" soir. || S. m.
Par le mot de libertin je n'entends ni un huguenot,
Ui un athée, ni un catholique, ni un hérétique, ni
un politique, mais un certain composé de toutes ces
qualités, GARASSE, Rech. desrech. p. 684, dans LA-
CURNE, au mot politique. Laissez aux libertins ces
sottes conséquences, MOL. Tart. v, 4. Rien, pour
l'ordinaire, de plus ignorant en matière de religion
■ que ce qu'on appelle les libertins du siècle, BOUR-
DAL. Jugem. dern. favent, p. 69. Un libertin [met
l'honneur] à rompre et jeûnes et carême, BOIL. Sat.
xi. Sainte Geneviève a toujours protégé, dit-on, le
royaume; et, quoi que les libertins puissent penser,
on en a vu autrefois des miracles, et le peuple a
une grande confiance en elle, MAINTENON, Lett. au
card. de Noailles, 44 juillet 4707. Alcibiade : La sot-
tise du peuple met en fureur quand il est question
de toutes vos divinités.— Mercure : Voilà un langage
de libertin, FÉN, t. xix, p. 24 4. || Libertins de Genève,
parti qui, au xv!" siècle, réclama la liberté civile
contre la domination religieuse. Les bourgeois s'é-
taient primitivement divisés en Mamelus et en Eid-
guenots ; les Eidguenots, vainqueurs des Mamelus,
étaient divisés en catholiques et en évangéliques ;
les évangéliques, vainqueurs des catholiques, se
divisèrent en libertins et en calvinistes ; les liber-
tins formèrent dans Genève le parti conservateur
des anciennes moeurs et de la liberté civile, MIGNET,
Établissement de laréforme àGenève,v. 334,éd.4843.
|| 2° Désireux d'indépendance. U y a de quoi s'é-
tonner qu'un homme aussi libertin que moi se hâte
de quitter tout cela pour aller trouver un maître,
VOIT. Lett. 39. || Vieilli en ce sens. || Terme de fau-
connerie. Se dit de l'oiseau de proie qui s'écarte et
ne revient pas. || S. m. Membre d'une secte ana-
baptiste qui croit toute servitude contraire à l'es-
prit du christianisme. || 3° Qui dépasse la mesure.
C'était un tempérament a-,ie je croyais fort raison-
nable entre la rigueur des vingt-quatre heures [pour
le théâtre], et cette étendue libertine qui n'avait
aucunes bornes, CORN. Examen de la Veuve. || Vieilli
en ce sens. || 4° Qui va à l'aventure. Vous écrivez si
bien, ma chère enfant, quand vous n'avez point de
sujets, que je n'aime pas moins ces lettres-là toutes
libertines que celles où vous faites réponse, ssv.
604. Je suis tellement libertine quand j'écris, que le
premier tour que je prends règne tout du long de
ma lettre, ID. à Bussy, 20 juill. 4679. Quelle triste
date [aux Rochers] auprès de la vôtre [à Rome],
mon aimable cousin ! elle convient à une solitaire
comme moi, et celle de Rome à celui dont l'étoile
est errante etlfbertine,iD. à Coulanges, 8 janv. 1690,
C'est aujourd'hui notre style ordinaire, décousu et
libertin, vagabond et inégal, sans nombre, sans me-
sure,, sans liaison, sans proportion ni entre les cho-
ses ni entre les mots, p. ANDRÉ, ESS. sur le beau,
ch. 3.. C'est qu'ils s'abandonnent à toutes sortes de
pensées, et leur esprit libertin, qui ne veut point
se gêner, se laisse gagner à celles qui se présen-
tent quoiqu'elles l'éloignent de ce qu'il devrait con-
sidérer, LAMY, Entret. sur les sciences, Idée de la
logique, n. || U a vieilli en cette signification, et au-
jourd'hui il ne se dit plus guère qu'avec imagina-
tion. Son imagination libertine l'écarté sans cesse
de son sujet. || 5° Dissipé, qui néglige ses devoirs
pour le jeu, en parlant d'un écolier. Cet enfant est
fort libertin. Soyez persuadés que c'est à cause que
vous êtes si exactes à les veiller [les pensionnaires
de Saint-Cyr] qu'elles sont si aisées à conduire, et
qu'aussitôt que vous cesserez de les observer, elles
deviendront libertines, MAINTENON, Entret. sur l'é-
duc. juin 4 704. || Substantivement. C'est un petit
libertin. || 6° Déréglé par rapport à la moralité entre
les deux sexes. Vous voyez, messieurs, combien la
jeunesse est libertine, et le peu d'autorité que les
pères ont sur leurs enfants, FURETIÈRE, le Roman
bourg, i. On doit considérer que, dans la querelle
des Troyens, il ne s'agissait que d'une vieille femme
fort libertine qui s'était fait enlever deux fois, au
lieu qu'ici il s'agissait de deux filles et d'un oiseau,
VOLT. Princ. de Babyl. 4. Je devins polisson, mais
non libertin, j. j. ROUSS. Conf. n. U est plutôt indis-
cret que confiant, et libertin que voluptueux, RAY'-
NAL, Hist. phil. v, 4 6. À l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin, Un jour je.
soulevai mon verre, A. DE MUSSET, Poés. nouv.
Nuit de décembre. || Il se dit aussi des choses. Ton
libertin. Et les jours libertins, Quand je voudrai
donner des repas clandestins, REGNARD, Ménechm.
iv, 2. Les entretiens polissons préparent les moeurs
libertines, J. i. ROUSS. Ém. iv. 11| Substantivement.
C'est un libertin, un grand, un franc libertin. C'est
une libertine.
— REM. 1. Le latin libertinus signifiant : qui a
ie caractère d'un affranchi, on n'a pas historique-
ment l'explication des diverses significations fran-
çaises. La première fois qu'on trouve ce mot, au
xvie siècle, il a la signification de : indocile aux
croyances religieuses. C'est ce fait qui a déterminé
le classement des sens. || 2. Le sens particulier qu'a
pris libertin par rapport aux moeurs a, dans le lan-
gage moderne, mis en désuétude les autres sens
qui étaient si vivants au xvne siècle.
— HIST. xvi" s. Nos libertins, qui ne discordent
gueres en particulier, s'accordent très bien entr'eux
en gênerai à mespriser et rejetter la sainte profes-
sion de la vie chrestienne, LANOUE, 54 2. Tant d'épi-
curiens libertins et moqueurs, CHARRON, Sagesse, i, 8.
— ÉTYM. Provenç. libertin, affranchi ; du lat.
?ibertinus,qui regarde les affranchis.Z.ibertimts vient
de libcrtus, esclave affranchi ; libertus est pour libe-
ratus, délivré, de liberare (voy. LIBÉRER), comme
sectus de secare.
LIBERTINAGE (li-bèr-ti-na-j'), s. m. |] 1° Licence
de l'esprit qui rejette les croyances religieuses. Mon
frère, ce discours sent te libertinage, MOL. Tart. i,
6. Il y en a bien qui croient, mais par superstition ;
il y en a bien qui ne croient pas, mais par liberti-
nage : peu sont entre deux, PASC Pens. xxv,
47, édit. HAVET. Un des prétextes du libertinage
est de prétendre que l'on ne croit point, que l'on
n'a point de foi, BOURDAL. 3e dim. après l'Épiph.
Domin.t. i, p. 140. Le libertinage ne demande point
précisément d'être applaudi, d'être soutenu et ap-
puyé; il se contente qu'on le tolère, ID. Dim. oct.
de l'Ascens. Dominic. t. n, p. S54. Est-ce en effet
par un libertinage de créance qu'ils vivent dans une
telle insensibilité à l'égard du salut? ID. Pensées,
t. i, p. 47. || Ce sens a vieilli. || 2° Caractère de ce
qui va à l'aventure. J'aime fort la liberté et le liber-
tinage de votre vie et de vos repas, et qu'un coup
de marteau ne soit pas votre maître, SÉV. 25 juill.
1689. Tout le libertinage de vos conversations, ID.
4 5 juin 4 680. La liberté sans ordre est un libertinage
qui attire le despotisme, FÉN. t. XXII, p. 34 8. || En ce
sens il ne se dit plus guère aujourd'hui qu'avec esprit,
imagination, plume. Cet écrivain s'abandonne au
libertinage de son imagination. Un libertinage d'es-
prit qui ne laisse approfondir aucun sujet. Voyez
un peu où me porte le libertinage de ma plume ;
mais vous jugez bien que les conversations sont
pleines de ces grands événements, SÉV. Lett. du
5 janv. 4689. || 3° État de celui qui est libertin, dé-
réglé dans ses moeurs. Vivre dans le libertinage.
— ËTYM.'Libprtin.
LIBERTINES (li-bèr-ti-né), ». n. || 1° Terme fa-
milier. Être trop dissipé, en parlant des enfants, des
écoliers. Cet enfant ne l'ait que libertiner. j| 2° Faire
le libertin, être déréglé dans ses moeurs. Depuis
qu'il ne voit plus mauvaise compagnie, il a cessé de
bbertiner. || 3° Se libertiner, v. rèfl. Devenir liber-
tin. U commence à se libertiner.
— ÉTYM. Libertin.
f LIBERUM-VETO (li-bè-rom'-vé-to), s. m. Droit
qu'avait tout membre de la diète polonaise de ren-
dre nulle, d'arrêter une résolution.
— ÉTYM. Lat. liberum veto, un veto libre.
t LIBETTE (li-bè-f ) s. f. Joli insecte coléoptère.
j LLBIDD3I (li-bi-di-bi), s. m. Nom de pays des
gousses du cesalpinia coriaria, Vv'ildenow (légumi-
neuses) , qui se trouve à Curaçao.
LIBIDINEUX, EUSE (li-bi-di-neû, neû-z'), adj.
Livré aux désirs charnels. Appétits libidineux.
— ÉTYM. Lat. libidinosus, de libido, désir, pas-
sion, débauche, de libère ou lubets, avou envie;
sanscr. lubh, désirer; comparez l'ail, lieben, aimer,
le goth. liubs, amour, et le grec XiTCToiiat, désirer.
t LIBIDINOSITÉ (li-bi-di-nô-zi-té), s. f. Vice de
celui qui est libidineux.
— HIST. xve s. La libidinosité et outrage effréné
d'aucuns hommes à tousjours attendre de descirer
et de destrencher l'unité d'icelle [Église], MONSTRE-
LET, t. n, p. 4 60, dans LACURNE. ||XVI° s. Libidino-
sité, COTGRAVE.
— ÉTYM. Libidineux; ital. libidinosità.
t LIBITUM (AD) (ad-li-bi-tom'), locution !ar-ue
qui s'emploie quelquefois et qui signifie à volonté,
Cela est ad libitum. || H est très-usité en musique.
Sonates pour piano, violon ou violoncelle ad libitum,
c'est-à-dire qu'un seul de ces deux derniers instru-
ments est utile. Sonate avec accompagnement de
violon ad libitum, c'est-à-dire que l'accompagnement
n'est pas obligé. || Ces mots, écrits au-dessous d'un
trait de musique, signifient que l'exécutant le fait
sans se gêner, sans s'astreindre à suivre la mesure.
— ÊTYM. Lat. ad, à, et libitum, volonté, de li-
bère (voy. LIBIDINEUX) .
t LIBOT (li-bo), s. m. Espèce de patelle, la pa-
telle ombelle de Linné.
t LIBOURET (li-bou-rè), s. m. Nom d'une ligne
pour la pêche des maquereaux ; elle est composée
de deux ou trois petites cordes où l'on attache au-
tant d'hameçons.
LIBRAIHÊ (li-brê-r'), s. m. ||1° Au moyen âge,
religieux qui, dans les monastères, était chargé de
transcrire et de garder les livres (copiste de livres
est le sens propre dans le latin). || 2° Par extension,
celui qui fait le commerce des livres. Un libraire,
imprimant les essais de ma plume, Donna, pour
mon malheur, un trop heureux volume, BOIL. Êpit.
vi. Un pauvre savant qui avait travaillé dix ans
pour les libraires à Amsterdam, VOLT. Candide, 19.
Les libraires hollandais gagnent un million par an,
parce que les Français ont eu de l'esprit, ID. Mél.
littér. À un premier commis. On ne goûtait plus
que ce qui venait de ce pays [l'Angleterre], ou qui
passait pour en venir; les libraires, qui sont des
marchands de modes, vendaient des romans anglais
comme on vend des rubans et des dentelles de
point, sous le nom d'Angleterre, ID. ib. À l'Acad. fr.
X la honte aguerris, ces forbans littéraires Ont mis
leur conscience aux gages des libraires, M. J.
CHÉNIER, la Calomnie. || Au féminin. On dit une
libraire, et aussi une marchande libraire. || Libraire-
éditeur, celui qui achète des- manuscrits et fait im-
primer des livres à ses frais. || Libraire d'assortiment
ou commissionnaire, celui qui, moyennant un droit
de commission, s'occupe du placement et de l'expé-
dition des ouvrages fabriqués par les éditeurs. || Im-
primeur-libraire, imprimeur qui est en même temps
libraire, || Commis libraire, ou commis de librairie,
commis dans une librairie. 1| Libraire juré, libraire
qui prêtait un serment rédigé par l'université de
Paris et contenant l'obligation d'observer les règle-
ments. || 3° Se dit aussi des personnes qui louent des
livres, qui tiennent un cabinet de lecture.
— HIST. XVe s. Et la Ioy faut êscripre à un li-
braire [il faut qu'un copiste écrive la loi], E. DESCH.
Poésies mss. f° 219. ||xvie s. De là m'en iray aux
libraires, pour chercher quelque chose de nouveau
à Pallas, DESPER. Cymb. 70.
— ÉTYM. Provenç. librari; espagn. librero ;
portug. livreiro; ital. libraio; du lat. librarius, de
liber, livre.
LIBRAIRIE (li-brê-rie),s. f. [| 1° Autrefois, biblio-
thèque. La librairie du Louvre, du temps de Char-
les V. Henri IV dit à Casaubon qu'il voulait qu'il
eût soin de sa librairie, COLOMIÈS , Mélanges hist.
dans RICHELET. || Maître de la librairie, se disait du
bibliothécaire du roi. || 2° Aujourd'hui,boutique,ma-
gasin d'un libraire. Il y aplusieurs librairies dans
cette ville. || 3° Profession de libraire, commerce des
livres. La librairie de Paris. On ne trouve pas ce li-
vredans toute la librairie. || L'ensemble des libraires.
Délégué de la librairie de Paris.
— HIST. xve s. Et s'en allèrent en grand tumulte
• au collège de Navarre, et là pillèrent et robberent ce
qu'i's trouvèrent, excepté la librairie, JUV. DES URS.
Charles TI, 4448. ||xv.
MONT, i, 4 44. Comment Pantagruel vint à Paris, et
des beaux livres de la librairie de St-Vietor, RAB.II,7.
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