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1408 pages
LEG LÉG LËG 273
Couci, vm. Grans fu ma joie, et ma peine legiere,
ib. XVIII. || xm" Et toute la puissance du Soudan se
logèrent sur le fleuve de Rexi d'autre part, devant
nostre ost, pour nous deffendre le passage ; laquelle
chose estoit legiére, IOINV. 220. ||xive s. Et un jour
advint qu'ilz allèrent ensemble en la rue où les le-
gieres femmes [de mauvaise vie] sont establies, Cfcroti.
de St-Denis, t. 1, f° 48.||xve s. Or avint un jour à
ces Flamands, qu'ils s'en vinrent environ trois mille,
tous légers et habiles compagnons, FROISS. I, I, 444.
Et firent tant qu'ils vinrent devant les barrières de
Bergerac, qui n'étoient mie légères à prendre, car
une partie de la rivière de Garonne les environne,
ID. 1, 1, 217. Et essayerait de trouver quelque chose
de legier à vaincre où ils peussent estre les niaistres,
pour leur faire revenir le cueur, COMM. H, 2. Vallere
récite non seulement les haults faits «les vaillans et
vertueux hommes, mais aussi ceulx des jongleurs
et des gens de légère vie, Hist. de la Toison d'or,
t. n, f° 52, dans LACURNE. Lancelot estoit en legiere
prison; car l'en le mettoit tous les jours hors de la
tour, Lancelot du lac, t. 11, f° 46, dans LACURNE,
Il xvie s. Il envoya ceulx de ses gens qui estoient
armez à la légère pour harceler les barbares, AMYOT,
Cam. 69. Une navire légère à la Voile, ID. Péricl.
54. Bien vaillant homme de sa personne, mais au
demourant estourdy et léger, ID. Pélop. 26. Uses
hardiment des noms pour les adverbes, comme ils
sombatent obstinez, pour obstineement, ilvole'eger,
pour légèrement, DUBELLAY, I, 32, verso.... Quand
d'un pied léger elle presse Le dos des cerfs léger
courans, ID. II, et, recto. X vous [les vents],
troppe légère, Qui d'aile passagère Par le monde
volez, ID. vu, 6, verso. Léger à croire, recueillir
et ramasser toutes nouvelles, surtout les fasclieuses,
tenant tous rapports pour véritables et asseurés,
CHARRON,Sagesse, 1, 64. Quanta ce que m'honorez
tant par vos lettres, je ne le veux ni puis recognois-
tre; je n'ay pas si.peu vescu avec moy, .que je ne
nie sente léger de plus de grains que ne dites; mais
c'est l'amitié que me portez qui vous aveugle, PAS-
QUIER, Lettres, t. 1, p. 578. Le trop et le peu, le
long et le court, le legier et le poisant, le prez et le
loing, MONT, iv, 4 07. Si la douleur est violente, elle
est courte; si elle est longue, elle est legiere, ID. I ,
»04. Oubli, nouveau plaisir, course du temps léger
N'ont pouvoir d'ébranler mes pensers immuables,
DESPORTES, Diane, n, 75, stances. Jamais plus beauté
si légère Sur moi tant de pouvoir n'aura; Nous
verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira,
in. Bergeries, vi, Tillanelle.
— ÉTYM. Bourguig. ligei; Berry, liger, ou ligère
des deux genres; wallon, lègîr; namur. léger;pro-
venç. teugicr; catal. lleuger ; espagn. ligero; por-
tug. ligeiro; ital. leggiere ; d'une forme latine fictive
leviarius, dérivée de levis, léger. Le provençal avait
le simple, leu, et l'italien avait liere. Levis est pour
legvis; sanscr. lagliu^ léger.
LÉGÈREMENT (lé-jè-re-man), adv. || Ie D'une
. manière légère, non pesante. Il s'avance seul légè-
rement armé, couvert d'un casque d'acier garni
d'or, ombragé de trois queues de cheval blanches
comme la neige, VOLT. Princ. Babyl. 4. || 2° Avec
agilité. Marcher, courir légèrement. Pour moi, je ne
crois pas que sans enchantement On puisse aller
plus loin et plus légèrement, MAIRET, Sophon. iv, 6.
Est-il rien qui aille plus vite ni qui s'écoule, s'é-
chappe et vole plus légèrement que le temps passé
parmi IPS délices? BOSS. Panég. Ste Thér. s. || Fig.
Vous passez légèrement sur des endroits difficiles,
SÉV. 603. Pour sortir du monde plus légèrement,
il [le chrétien] s'est déjà déchargé lui-même d'une
partie de son corps , comme d'un empêchement
importun à l'âme, BOSS. Bourgoing. || 3° Terme de
musique. Se met quelquefois sur les partitions pour
indiquer, dans certains passages, un mouvement ana-
logue à celui de Yallegro vivace et joué de la pointe
de l'archet, ou sans forcer le souffle si ce sont des
instruments à vent. || 4° D'une façon peu copieuse.
Vous avez soupe hier si légèrement que vous serez
malade, si vous ne prenez rien ce matin, MARIV.
Double inconst. 1, 4. || 5° D'une façon peu considé-
rable, peu grave. Nous nous plaignons quelquefois
légèrement de nos amis, pour justifier par avance
notre légèreté, LAROCHEFOUC. Réflex. mor. 479. Il
[le Saint-Esprit] ne descend pas sur la terre pour
passer légèrement sur les coeurs ; il vient établir sa
demeure dans la sainte société des hdèles, BOSS.
2e sermon., Pcntec. Préambule. Les grâces....
ne feront plus alors que vous émouvoir légère-
ment, MASS. Carême, Fausse conf. Je ne con-
nais que légèrement Helvétius; mais je ne puis
m'empêcher d'être indigné de la barbarie avec la-1
quelle on le traite, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 6 mai
4760. Blessé légèrement, M. J. CHÉN. OEdipe roi,
m, 4. Il Par antiphrase, légèrement est quel-
quefois pris aujourd'hui pour fortement, grave-
ment, très-fort. Il dîne ici pour la première
fois, et, comme vous le savez peut-être, on le
dit légèrement pointilleux et moraliste, en. DE
BERNARD, le Gentilhomme campagnard, 1, 4 3.
H 6° Avec délicatesse et agrément. Ce tableau est
légèrement touché. Ce dessin est légèrement fait.
Il 7° D'une façon inconsidérée. Croire légèrement.
Qu'ils ne se seraient pas engagés légèrement au
siège d'une place sur laquelle toute la chrétienté
avait les yeux, VOIT. Lett. 74. Vous en prenez [des
alarmes] sans doute un peu légèrement, ROTR. Ten-
ceslas, iv, t. Il vous dira ses ennuis ; il m'en a dit
assez pour me faire voir qu'il a été trompé ; c'est
dommage ; mais il ne faut pas se marier si légère-
ment, SÉV. 7 déc. 4 689. Si le roi n'avait pas révo-
qué la permission qu'il avait donnée trop légère-
ment, M"" DE CAYLUS, Souvenirs, p. 225, dans
POUGENS. Quelques faits que j'ai trop légèrement
affirmés sur la foi des premiers voyageurs, BUFF.
Suppl. à l'hist.nat. OEuv. t. xi, p. 209, dans POU-
GENS. Il 8° Sans égards suffisants. Et que, pour vos
projets, il fallait sans scrupule Traiter légèrement un
vieillard ridicule, GRESSET, Méchant, 11, 7. Lorsque
Saint-Évremond s'expliquait si légèrement sur Sénè-
que, Une l'avait pas lu, DIDER. Claude el Nér. n, 37.
— SYN. A LA LÉGÈRE, LÉGÈREMENT. Croire à la lé-
gère ou légèrement, s'engager à la légère ou légè-
rement sont des phrases tout à fait synonymes. En
effet légèrement signifie d'une façon légère ; à la
légère signifie à la manière des personnes légères.
La nuance est imperceptible.
— HIST. xne s. Lïgierement [facilement] aurez
les nos [nôtres] vengez, Ronc'sv. p. 79. || xme s. Et
distrent que moût firent grant folie, qui tel gent
avoient chasciés [poursuivis] qui tant estoient ar-
més legierement, VILLEH. CXLII. Memore d'omme
retient plus légèrement poi [peu] de paroles que moût,
DEAUM. r, 4 4. y xive s. Quantil porte legieiement plu-
seurs et grans infortunes, ORESME, Eth. 35. || xve s.
Se déjeunèrent légèrement et puis se couchèrent,
LOUIS XI, A oui), LUI. 11 xvie s. Il ne faut pas croire légère-
ment à tout ce qu'escrit Oppius, AMYOT, Pompée, o.
Combien l'heur des mortels s'enfuit légèrement!
DESPORTES, Élégies, 11, 5, Advanture première.
— ÉTYM. Légère, et le suffixe ment; proverç.
leugieramen; esp. ligeramente; ital, leggieramenle,
leggiermente.
LÉGÈRETÉ (lé-jè-re-té), s. f. || 1° Qualité de ce
qui est léger, peu pesant. La légèreté de cette sub-
stance. La légèreté de l'air. || 2° Agilité, vitesse.
Marcher, courir avec légèreté. La légèreté à la
course. La légèreté d'un danseur. Je voudrais que
vous eussiez vu l'air de M. de Lomaria et de quelle
manière il ôte et remet son chapeau; quelle légèreté,
quelle justesse! SÉV. 75. ||3° Légèreté de main, se
dit d'un homme qui opère, écrit, joue, etc. avec ai-
sance et célérité. || Légèreté de pinceau, se dit d'un
peintre dont la touche est légère. || Légèreté dans la
voix, se dit d'un chanteur qui fait aisément les pas-
sages difficiles. Il 4° Inconstance, instabilité. Tu tour-
nes tes regards du côté d'Angélique ; Est-elle donc
l'objet de tes légèretés? CORN, la Place roy. n, 8.
Vous attendez de lui trop de légèreté, ID. Pcly. 111,
3. Et le roi, plus piqué contre vous que contre
elle.... Blâmera vos frayeurs et nos légèretés, *i>.
Rodog. m, 2. Le sort donne aux plus grands, par
d'infinis exemples, De sa légèreté des marques as-
sez amples, ROTR. Bêlis. 11, 9. Et si de mon amour
ce tendre sacrifice De ta légèreté ne rompt point
l'injustice, TH. CORN. Ariane, ni, 4. Périclès, qui
connaissait la légèreté et l'inconstance des Athé-
niens, ROLLIN, Traité des Études, liv. v, 3e part,
ch. 2. L'inconstance et la légèreté est de tous les
caractères le moins propre au royaume de Dieu,
MASS. Carême, Inconst. U résulte que cette légèreté
particulière aux Français a, dans tous les temps,
produit des catastrophes bien funestes, VOLT. Dict.
phil. Supplices. La légèreté française danse sur le
tombeau des malheureux; pour moi, je n'ai jamais
mis ma légèreté à oublier ce qui fait frémir la
nature, m. Lett. Mme du Deffant, i" juin 1774.
Il 5e Défaut de réflexion. Sur la légèreté d'une
croyance si peu raisonnable, il renonce à une af-
fection dont il était assuré et qui était prête d'a-
voir son effet, CORN. Examen de Mélite. || Insou-
ciance. Ce jeune iomme [duc de Richelieu] se crut
un personnage en se voyant traiter en criminel
d'État, et prit sa prison avec la légèreté qu'il a tou-
jours montrée en amour, en affaires et à la guerre,
DUCLOS, Mém. rég. OEuv. t. v, p. 388, dans POU-
GENS. [| Imprudence. La légèreté de sa conduite, de
ses discours. || 6° Faute commise par légèreté, par
défaut de réflexion. Ils [les juges d'Abbeville] con-
damnèrent deux enfants innocents à une mort aussi
cruelle que celle de Ravaillac et de Damans, pour
une légèreté qui ne méritait pas huit jours de prison,
VOLT: Mél. litt. Comm. hist. sur oeuv. ouf. Henr.
Plusieurs circonstances peuvent faire pardonner
une légèreté, GENLIS, Théât. d'éduc. les Dangers du
monde, ni, 9. || 7° Délicatesse et agrément, en par-
lant de style et de conversation. La légèreté de son
style. Il a de la légèreté dans la conversation. Ce
n'est que légèreté, qu'élégance, que beau naturel
et que délicatesse dans ses ouvrages [de la Fon-
taine, par opposition à ses manières lourdes dans
le monde], LA BRUY. XII. Ce serait ici le lieu de
parler de ces aventures [de jeu, entre Grammontet
Mazarin]; mais qui peut les conter avecassez d'agré-
ment etde légèreté, pour remplir l'attente de ceux qui
en auraient déjà entendu parlei ? HAMILT. Gramm. 5.
— HIST. xrv" s. Comme si, en lacité, y avoir plus
de légèreté et de licence fust y avoir plus de pover
[pouvoir], BERCHEURE, f° 58, recto."
—ÉTYM. Léger. On disait jadis legerie bien plus
que légèreté: Franceis sont mort par vostre legerie,
Ch. de Roi. cxxix.
t LÉGIFÉRER (lé-ji-fé-ré. La syllabe fé prend un
accent gravé quand la syllabe qui suit est muette :
je légifère, excepté au futur et au conditionnel :
je légiférerai, je légiférerais), v. n. Néologisme.Faire
des lois. Us ont tous la manie de légiférer.
— ÉTYM. Lat. legifer, qui donne des lois, de îex,
legis, loi, et ferre, porter.
LÉGION (lé-ji-on), s. f. || 1° Terme d'antiquité ro-
maine. Corps de gens de guerre, composé d'infan-
terie et de cavalerie. Tu sais que, quand l'aigle
romaine Vit choir ses légions aux bords du Trasi-
mène, CORN. Nicom. 1, 5. Vous dont j'ai pu laisser
vieillir, l'ambition Dans les honneurs obscurs de
• quelque légion, RAC. J?rt'f. 1, 2. Les Romains ne le-
vaient jamais que quatre légions dont chacune était
environ de quatre mille hommes et de trois
cents chevaux, ROLLIN.Hist. anc.OEuv. t. I,p. 434,
dans POUGENS. La légion se divisait e:i trois corps,
qui étaient hastali, les hastaires; principes, les
princes; triarii, les triaires, ID. ib. 4,epart. p. 333.
Polybe, avec son bon sens ordinaire, compare l'or-
donnance des Pomains avec celle des Macédo-
niens.... il fait voir les avantages et les incon-
vénients de la phalange et de la légion-, il donne
la préférence à l'ordonnance romaine; et il y a
apparence qu'il a raison, si l'on en juge par tous
les événenents de ces temps-là, MONTESO. Rom. 5.
Les officiers [de l'armée républicaine anglaise] vou-
laient l'égalité et la liberté, avec la fortune, les
honneurs et le pouvoir absolu; c'est ainsi que sous
la tente, depuis les légions romaines jusqu'aux ma-
melouks, on a toujours compris la république, CHA-
TEAUBR. Stuarts, la République. || 2° En France, sous
François Ier, nom de certains corps d'infanterie.
Il 3° Dans les premiers temps de la Restauration,
nom des régiments de ligne. Chaque légion portait
le nom d'un des départements de la France. || 4° Il
se dit des régiments de la garde hationale et de
ceux de la gendarmerie. La première, la seconde,
la troisième iégion. || 5° Au plur. Légions se dit,
dans le style relevé et poétique, des armées. Déjà
ses légions traversaient les Alpes. [M. de Termes,
du haut du ciel] Voit comme fourmis-marcher
nos légions Dans ce petit amas de poussière et
de boue, Dont notre vanité fait tant dé régions,
RACAN, Consolation. || 6° Légion d'honneur, ordre
institué par Napoléon Ier pour récompenser les
services, les vertus, les talents distingués, lés ac-
tions d'éclat de. toute nature. Chevalier, membre
de la Légion d'honneur. La décoration de la légion
d'honneur. || 7° Fig. et familièrement. ' Un grand
nombre de personnes. Ils étaient une légion. Tant
qu'une légion de pédants novateurs Imprimera l'en-
nui pour le vendre aux lecteurs, GILBERT, Mon
apologie. j| 8e Dans le style de l'Écriture. Des lé-
gions d'anges, des légions de démons, des multitu-
des d'anges, de démons. Jésus lui demanda : quel
est ton nom ? il lui dit : je m'appelle Légion, parce
que plusieurs démons étaient entrés dans cet
homme, SACI, Bible, Évang. Si Luc, vm, 30. Un
solitaire paresseux et sans emploi se trouvait sou-
vent, comme ce misérable de l'Evangile, possédé
d'une légion entière, BOURDAL. Dim. de la Septuag.
dominic. t. 1, p. 309. || S'appeler légion, expression
.figurée par laquelle on indique qu'un individu en
représente un grand nombre. || Fig. C'est une légion
DICT. DE LA LAKGUE FRANÇAISE. If_ .._ 35
Couci, vm. Grans fu ma joie, et ma peine legiere,
ib. XVIII. || xm" Et toute la puissance du Soudan se
logèrent sur le fleuve de Rexi d'autre part, devant
nostre ost, pour nous deffendre le passage ; laquelle
chose estoit legiére, IOINV. 220. ||xive s. Et un jour
advint qu'ilz allèrent ensemble en la rue où les le-
gieres femmes [de mauvaise vie] sont establies, Cfcroti.
de St-Denis, t. 1, f° 48.||xve s. Or avint un jour à
ces Flamands, qu'ils s'en vinrent environ trois mille,
tous légers et habiles compagnons, FROISS. I, I, 444.
Et firent tant qu'ils vinrent devant les barrières de
Bergerac, qui n'étoient mie légères à prendre, car
une partie de la rivière de Garonne les environne,
ID. 1, 1, 217. Et essayerait de trouver quelque chose
de legier à vaincre où ils peussent estre les niaistres,
pour leur faire revenir le cueur, COMM. H, 2. Vallere
récite non seulement les haults faits «les vaillans et
vertueux hommes, mais aussi ceulx des jongleurs
et des gens de légère vie, Hist. de la Toison d'or,
t. n, f° 52, dans LACURNE. Lancelot estoit en legiere
prison; car l'en le mettoit tous les jours hors de la
tour, Lancelot du lac, t. 11, f° 46, dans LACURNE,
Il xvie s. Il envoya ceulx de ses gens qui estoient
armez à la légère pour harceler les barbares, AMYOT,
Cam. 69. Une navire légère à la Voile, ID. Péricl.
54. Bien vaillant homme de sa personne, mais au
demourant estourdy et léger, ID. Pélop. 26. Uses
hardiment des noms pour les adverbes, comme ils
sombatent obstinez, pour obstineement, ilvole'eger,
pour légèrement, DUBELLAY, I, 32, verso.... Quand
d'un pied léger elle presse Le dos des cerfs léger
courans, ID. II, et, recto. X vous [les vents],
troppe légère, Qui d'aile passagère Par le monde
volez, ID. vu, 6, verso. Léger à croire, recueillir
et ramasser toutes nouvelles, surtout les fasclieuses,
tenant tous rapports pour véritables et asseurés,
CHARRON,Sagesse, 1, 64. Quanta ce que m'honorez
tant par vos lettres, je ne le veux ni puis recognois-
tre; je n'ay pas si.peu vescu avec moy, .que je ne
nie sente léger de plus de grains que ne dites; mais
c'est l'amitié que me portez qui vous aveugle, PAS-
QUIER, Lettres, t. 1, p. 578. Le trop et le peu, le
long et le court, le legier et le poisant, le prez et le
loing, MONT, iv, 4 07. Si la douleur est violente, elle
est courte; si elle est longue, elle est legiere, ID. I ,
»04. Oubli, nouveau plaisir, course du temps léger
N'ont pouvoir d'ébranler mes pensers immuables,
DESPORTES, Diane, n, 75, stances. Jamais plus beauté
si légère Sur moi tant de pouvoir n'aura; Nous
verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira,
in. Bergeries, vi, Tillanelle.
— ÉTYM. Bourguig. ligei; Berry, liger, ou ligère
des deux genres; wallon, lègîr; namur. léger;pro-
venç. teugicr; catal. lleuger ; espagn. ligero; por-
tug. ligeiro; ital. leggiere ; d'une forme latine fictive
leviarius, dérivée de levis, léger. Le provençal avait
le simple, leu, et l'italien avait liere. Levis est pour
legvis; sanscr. lagliu^ léger.
LÉGÈREMENT (lé-jè-re-man), adv. || Ie D'une
. manière légère, non pesante. Il s'avance seul légè-
rement armé, couvert d'un casque d'acier garni
d'or, ombragé de trois queues de cheval blanches
comme la neige, VOLT. Princ. Babyl. 4. || 2° Avec
agilité. Marcher, courir légèrement. Pour moi, je ne
crois pas que sans enchantement On puisse aller
plus loin et plus légèrement, MAIRET, Sophon. iv, 6.
Est-il rien qui aille plus vite ni qui s'écoule, s'é-
chappe et vole plus légèrement que le temps passé
parmi IPS délices? BOSS. Panég. Ste Thér. s. || Fig.
Vous passez légèrement sur des endroits difficiles,
SÉV. 603. Pour sortir du monde plus légèrement,
il [le chrétien] s'est déjà déchargé lui-même d'une
partie de son corps , comme d'un empêchement
importun à l'âme, BOSS. Bourgoing. || 3° Terme de
musique. Se met quelquefois sur les partitions pour
indiquer, dans certains passages, un mouvement ana-
logue à celui de Yallegro vivace et joué de la pointe
de l'archet, ou sans forcer le souffle si ce sont des
instruments à vent. || 4° D'une façon peu copieuse.
Vous avez soupe hier si légèrement que vous serez
malade, si vous ne prenez rien ce matin, MARIV.
Double inconst. 1, 4. || 5° D'une façon peu considé-
rable, peu grave. Nous nous plaignons quelquefois
légèrement de nos amis, pour justifier par avance
notre légèreté, LAROCHEFOUC. Réflex. mor. 479. Il
[le Saint-Esprit] ne descend pas sur la terre pour
passer légèrement sur les coeurs ; il vient établir sa
demeure dans la sainte société des hdèles, BOSS.
2e sermon., Pcntec. Préambule. Les grâces....
ne feront plus alors que vous émouvoir légère-
ment, MASS. Carême, Fausse conf. Je ne con-
nais que légèrement Helvétius; mais je ne puis
m'empêcher d'être indigné de la barbarie avec la-1
quelle on le traite, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 6 mai
4760. Blessé légèrement, M. J. CHÉN. OEdipe roi,
m, 4. Il Par antiphrase, légèrement est quel-
quefois pris aujourd'hui pour fortement, grave-
ment, très-fort. Il dîne ici pour la première
fois, et, comme vous le savez peut-être, on le
dit légèrement pointilleux et moraliste, en. DE
BERNARD, le Gentilhomme campagnard, 1, 4 3.
H 6° Avec délicatesse et agrément. Ce tableau est
légèrement touché. Ce dessin est légèrement fait.
Il 7° D'une façon inconsidérée. Croire légèrement.
Qu'ils ne se seraient pas engagés légèrement au
siège d'une place sur laquelle toute la chrétienté
avait les yeux, VOIT. Lett. 74. Vous en prenez [des
alarmes] sans doute un peu légèrement, ROTR. Ten-
ceslas, iv, t. Il vous dira ses ennuis ; il m'en a dit
assez pour me faire voir qu'il a été trompé ; c'est
dommage ; mais il ne faut pas se marier si légère-
ment, SÉV. 7 déc. 4 689. Si le roi n'avait pas révo-
qué la permission qu'il avait donnée trop légère-
ment, M"" DE CAYLUS, Souvenirs, p. 225, dans
POUGENS. Quelques faits que j'ai trop légèrement
affirmés sur la foi des premiers voyageurs, BUFF.
Suppl. à l'hist.nat. OEuv. t. xi, p. 209, dans POU-
GENS. Il 8° Sans égards suffisants. Et que, pour vos
projets, il fallait sans scrupule Traiter légèrement un
vieillard ridicule, GRESSET, Méchant, 11, 7. Lorsque
Saint-Évremond s'expliquait si légèrement sur Sénè-
que, Une l'avait pas lu, DIDER. Claude el Nér. n, 37.
— SYN. A LA LÉGÈRE, LÉGÈREMENT. Croire à la lé-
gère ou légèrement, s'engager à la légère ou légè-
rement sont des phrases tout à fait synonymes. En
effet légèrement signifie d'une façon légère ; à la
légère signifie à la manière des personnes légères.
La nuance est imperceptible.
— HIST. xne s. Lïgierement [facilement] aurez
les nos [nôtres] vengez, Ronc'sv. p. 79. || xme s. Et
distrent que moût firent grant folie, qui tel gent
avoient chasciés [poursuivis] qui tant estoient ar-
més legierement, VILLEH. CXLII. Memore d'omme
retient plus légèrement poi [peu] de paroles que moût,
DEAUM. r, 4 4. y xive s. Quantil porte legieiement plu-
seurs et grans infortunes, ORESME, Eth. 35. || xve s.
Se déjeunèrent légèrement et puis se couchèrent,
LOUIS XI, A oui), LUI. 11 xvie s. Il ne faut pas croire légère-
ment à tout ce qu'escrit Oppius, AMYOT, Pompée, o.
Combien l'heur des mortels s'enfuit légèrement!
DESPORTES, Élégies, 11, 5, Advanture première.
— ÉTYM. Légère, et le suffixe ment; proverç.
leugieramen; esp. ligeramente; ital, leggieramenle,
leggiermente.
LÉGÈRETÉ (lé-jè-re-té), s. f. || 1° Qualité de ce
qui est léger, peu pesant. La légèreté de cette sub-
stance. La légèreté de l'air. || 2° Agilité, vitesse.
Marcher, courir avec légèreté. La légèreté à la
course. La légèreté d'un danseur. Je voudrais que
vous eussiez vu l'air de M. de Lomaria et de quelle
manière il ôte et remet son chapeau; quelle légèreté,
quelle justesse! SÉV. 75. ||3° Légèreté de main, se
dit d'un homme qui opère, écrit, joue, etc. avec ai-
sance et célérité. || Légèreté de pinceau, se dit d'un
peintre dont la touche est légère. || Légèreté dans la
voix, se dit d'un chanteur qui fait aisément les pas-
sages difficiles. Il 4° Inconstance, instabilité. Tu tour-
nes tes regards du côté d'Angélique ; Est-elle donc
l'objet de tes légèretés? CORN, la Place roy. n, 8.
Vous attendez de lui trop de légèreté, ID. Pcly. 111,
3. Et le roi, plus piqué contre vous que contre
elle.... Blâmera vos frayeurs et nos légèretés, *i>.
Rodog. m, 2. Le sort donne aux plus grands, par
d'infinis exemples, De sa légèreté des marques as-
sez amples, ROTR. Bêlis. 11, 9. Et si de mon amour
ce tendre sacrifice De ta légèreté ne rompt point
l'injustice, TH. CORN. Ariane, ni, 4. Périclès, qui
connaissait la légèreté et l'inconstance des Athé-
niens, ROLLIN, Traité des Études, liv. v, 3e part,
ch. 2. L'inconstance et la légèreté est de tous les
caractères le moins propre au royaume de Dieu,
MASS. Carême, Inconst. U résulte que cette légèreté
particulière aux Français a, dans tous les temps,
produit des catastrophes bien funestes, VOLT. Dict.
phil. Supplices. La légèreté française danse sur le
tombeau des malheureux; pour moi, je n'ai jamais
mis ma légèreté à oublier ce qui fait frémir la
nature, m. Lett. Mme du Deffant, i" juin 1774.
Il 5e Défaut de réflexion. Sur la légèreté d'une
croyance si peu raisonnable, il renonce à une af-
fection dont il était assuré et qui était prête d'a-
voir son effet, CORN. Examen de Mélite. || Insou-
ciance. Ce jeune iomme [duc de Richelieu] se crut
un personnage en se voyant traiter en criminel
d'État, et prit sa prison avec la légèreté qu'il a tou-
jours montrée en amour, en affaires et à la guerre,
DUCLOS, Mém. rég. OEuv. t. v, p. 388, dans POU-
GENS. [| Imprudence. La légèreté de sa conduite, de
ses discours. || 6° Faute commise par légèreté, par
défaut de réflexion. Ils [les juges d'Abbeville] con-
damnèrent deux enfants innocents à une mort aussi
cruelle que celle de Ravaillac et de Damans, pour
une légèreté qui ne méritait pas huit jours de prison,
VOLT: Mél. litt. Comm. hist. sur oeuv. ouf. Henr.
Plusieurs circonstances peuvent faire pardonner
une légèreté, GENLIS, Théât. d'éduc. les Dangers du
monde, ni, 9. || 7° Délicatesse et agrément, en par-
lant de style et de conversation. La légèreté de son
style. Il a de la légèreté dans la conversation. Ce
n'est que légèreté, qu'élégance, que beau naturel
et que délicatesse dans ses ouvrages [de la Fon-
taine, par opposition à ses manières lourdes dans
le monde], LA BRUY. XII. Ce serait ici le lieu de
parler de ces aventures [de jeu, entre Grammontet
Mazarin]; mais qui peut les conter avecassez d'agré-
ment etde légèreté, pour remplir l'attente de ceux qui
en auraient déjà entendu parlei ? HAMILT. Gramm. 5.
— HIST. xrv" s. Comme si, en lacité, y avoir plus
de légèreté et de licence fust y avoir plus de pover
[pouvoir], BERCHEURE, f° 58, recto."
—ÉTYM. Léger. On disait jadis legerie bien plus
que légèreté: Franceis sont mort par vostre legerie,
Ch. de Roi. cxxix.
t LÉGIFÉRER (lé-ji-fé-ré. La syllabe fé prend un
accent gravé quand la syllabe qui suit est muette :
je légifère, excepté au futur et au conditionnel :
je légiférerai, je légiférerais), v. n. Néologisme.Faire
des lois. Us ont tous la manie de légiférer.
— ÉTYM. Lat. legifer, qui donne des lois, de îex,
legis, loi, et ferre, porter.
LÉGION (lé-ji-on), s. f. || 1° Terme d'antiquité ro-
maine. Corps de gens de guerre, composé d'infan-
terie et de cavalerie. Tu sais que, quand l'aigle
romaine Vit choir ses légions aux bords du Trasi-
mène, CORN. Nicom. 1, 5. Vous dont j'ai pu laisser
vieillir, l'ambition Dans les honneurs obscurs de
• quelque légion, RAC. J?rt'f. 1, 2. Les Romains ne le-
vaient jamais que quatre légions dont chacune était
environ de quatre mille hommes et de trois
cents chevaux, ROLLIN.Hist. anc.OEuv. t. I,p. 434,
dans POUGENS. La légion se divisait e:i trois corps,
qui étaient hastali, les hastaires; principes, les
princes; triarii, les triaires, ID. ib. 4,epart. p. 333.
Polybe, avec son bon sens ordinaire, compare l'or-
donnance des Pomains avec celle des Macédo-
niens.... il fait voir les avantages et les incon-
vénients de la phalange et de la légion-, il donne
la préférence à l'ordonnance romaine; et il y a
apparence qu'il a raison, si l'on en juge par tous
les événenents de ces temps-là, MONTESO. Rom. 5.
Les officiers [de l'armée républicaine anglaise] vou-
laient l'égalité et la liberté, avec la fortune, les
honneurs et le pouvoir absolu; c'est ainsi que sous
la tente, depuis les légions romaines jusqu'aux ma-
melouks, on a toujours compris la république, CHA-
TEAUBR. Stuarts, la République. || 2° En France, sous
François Ier, nom de certains corps d'infanterie.
Il 3° Dans les premiers temps de la Restauration,
nom des régiments de ligne. Chaque légion portait
le nom d'un des départements de la France. || 4° Il
se dit des régiments de la garde hationale et de
ceux de la gendarmerie. La première, la seconde,
la troisième iégion. || 5° Au plur. Légions se dit,
dans le style relevé et poétique, des armées. Déjà
ses légions traversaient les Alpes. [M. de Termes,
du haut du ciel] Voit comme fourmis-marcher
nos légions Dans ce petit amas de poussière et
de boue, Dont notre vanité fait tant dé régions,
RACAN, Consolation. || 6° Légion d'honneur, ordre
institué par Napoléon Ier pour récompenser les
services, les vertus, les talents distingués, lés ac-
tions d'éclat de. toute nature. Chevalier, membre
de la Légion d'honneur. La décoration de la légion
d'honneur. || 7° Fig. et familièrement. ' Un grand
nombre de personnes. Ils étaient une légion. Tant
qu'une légion de pédants novateurs Imprimera l'en-
nui pour le vendre aux lecteurs, GILBERT, Mon
apologie. j| 8e Dans le style de l'Écriture. Des lé-
gions d'anges, des légions de démons, des multitu-
des d'anges, de démons. Jésus lui demanda : quel
est ton nom ? il lui dit : je m'appelle Légion, parce
que plusieurs démons étaient entrés dans cet
homme, SACI, Bible, Évang. Si Luc, vm, 30. Un
solitaire paresseux et sans emploi se trouvait sou-
vent, comme ce misérable de l'Evangile, possédé
d'une légion entière, BOURDAL. Dim. de la Septuag.
dominic. t. 1, p. 309. || S'appeler légion, expression
.figurée par laquelle on indique qu'un individu en
représente un grand nombre. || Fig. C'est une légion
DICT. DE LA LAKGUE FRANÇAISE. If_ .._ 35
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