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lais, Couci, XXII. || XIII" s." Issi [ainsi] avient, cum
dit vus ai; Li Bretun en firent un lai De Equitan,
cum il fina, E la dame qui tant Fama, MARIE, Equi-
tan. Lais d'amors et sonnés cortois Chantoit chascun
en son patois, Li uns en haut, li autre en bas,
la Rose, loi. || xvi" s. Et au livre que je vous donne,
Qui est plain de laiz et ballades, ST-GEL. 13S.
— ÉTYM. Provenç. Jais, lays; angl. lay; du cel-
tique : kymri, liais, son, mélodie; gaélique, laoith;
comparez le bas-latin leudus, sorte de chant guer-
rier qui se trouve dans Fortunat, et l'allemand Lied,
chanson.
LAÏC (la-ik), voy. LAÏQUE.
LAICHE (lê-ch'), s. f. Terme de botanique. Genre
de la famille des cypéracées, genre carex.
— ÉTYM. Piémont, lesca; ital. lisca, fétu; de
Fane, haut-allem. ïisca, fougère, roseau; allem.
Liesch, Lieschgras.
t LAÏCISME (la-i-si-sm'), s. m. Nom d'une doctrine
répandue au xvie siècle en Angleterre, qui recon-
naissait aux laïques le droit de gouverner l'Église.
LAID, AIDE (le, lè-d'; le d se lie dans les cas
rares où cet adjectif précède son substantif : un lè-t
animal; Chifflet, même en ce cas, dit que.lednese
prononce pas, Gramm. p.213. Autrement, ilneselie
pas, prononcez : le à faire peur; au pluriel, l's se lie :
de lè-z animaux),adj. || l°Qui déplaît à la vue, pour
quelque défectuosité dans la forme ou la couleur, en
parlant du corps et de ses parties. Un visage laid. Elle
a les mains laides, la gorge laide. Elle est laide à
faire peur. Il est laid comme une chenille. M. Arnauld
[le célèbre Arnauld) est un petit homme noir et
laid, né à Paris, fils d'un savant avocat qui a autre-
fois plaidé vigoureusement contre les jésuites,
GUI PATIN, Lettres, t. n, p. 237. On ne saurait dire si
Ésope eut sujet de remercier la nature, ou bien de
se plaindre d'elle; car, en le douant d'un très-bel
esprit, elle le fit naître difforme et laid de visage,
LA FONT. Vie d'Ésope. Mlle d'Arpajon est fiancée
aujourd'hui à Versailles avec M. le comte de Rouci;
on veut qu'il ait dit à Mlle d'Arpajon : Mademoi-
selle, encore que vous soyez laide, je ne laisserai
pas de vous bien aimer, SÉV. 7 fév. 1689. Guillera-
gues disait hier que Pellisson abusait de la permis-
sion qu'ont les hommes d'être laids, ID. 6 janv.
1874. Ne trouvez-vous pas qu'elle ressemble à Ja-
votte (c'était une fille qui la servait, et qui
en effet me ressemblait, mais en laid) ? MARIV.
Marianne, 6e part. Et si c'était un monstre?— Oh!
tais-toi; tu m'excèdes; Les personnes d'esprit sont-
elles jamais laides? PIRON, jlfc'tromanie, n,
8. J'ai souvent remarqué que, dans les vil-
lages où la pauvreté est moins grande que dans
les autres villages voisins, les hommes y sont aussi
mieux faits et les visages moins laids, BUFF. JJisf.
nat. homme. Quoiqu'il [Cratès] fût laid de visage et
bossu, il inspira là passion la plus violente à Hip-
parchia, soeur du philosophe Métrocle, DIDER. Opin.
des anc. phil. (cyniques). || Familièrement. Un laid
magot, homme extrêmement laid ; une laide gue-
non, femme extrêmement laide. || 11 se dit aussi des
animaux. Un chien fort laid. || 2° En général, désa-
gréable à voir. Cette maison est laide. Le temps est
bien laid aujourd'hui. lis me firent laide grimace,
SCARRON, Virg. m. Un magister, s'empressant d'é-
touffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un
coup dans l'oeil se fit apostropher, Dont il tomba
faisant laide grimace, J. B. ROUSSEAU, Épigr.
1, 26. Il 3e Déshonnète, contraire à la bienséance,
au devoir. Ce que vous dites là est bien laid.
Il est bien laid à vous, d'avoir manqué à votre
promesse. || 4° S. m. et f. Celui qui est laid, celle
qui est laide. Fi ! le laid ! Mlle de Noailles, sans
exception, la plus aimable laide du monde, MAIN-
TENON, Lett. au duc de Noailles, 22 fév. 1706. Si
une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdu-
ment, LA BRUY. rv. ||- 5° S. m. Ce qui est laid, par
opposition au beau. Des artistes ont préconisé le
laid, y Ce qu'il y a de laid en quelque chose. Je
vous ai dit le beau de l'aventure, mais voici le laid.
Mais le premier [le début du plaidoyer], monsieur',
c'est, le beau. — C'est le laid, BAC. Plaid, ni, 3.
|] Proverbe. Il n'y a point de belle prison ni de
laides amours, il n'y a point de prison qui plaise,
ni de fomme aimée qui ne plaise.
— HIST. xie s. La première [eschele, escadron]
est des Canelius les laiz, Ch. de Roi. ccxxxv. || xues.
Signof., dit l'apostoles, moult est cist hontes [du
masculin] lais, Sax. xv. 11 nous orent jugié à mort
laide et vilaine, ib. xxx. Prendre mari est chose à
remenant; N'est pas marchés qu'on laist quant [on]
se repenti Tenir l'esteut [il faut le tenir], soit lait
ou avenant, Jtomanc. p. 73. Membrer [souvenir]
vous doit que laide cruauté Fait qui ocist son lige
home demaine, Coud, xiv. Signor, se je vous di le voir
[vrai], D'un affaire tous certains sui ; Ferés m'en vous
lait [du mal] ne anui ? Le lai d'Ignaurès. | |xme s. [Elle]'
Moût faisoit laide chère [figure] et moût ert [état]
emplorée, Berte, xvi. Cil jour [il] fit moût lait temps
et de froide manière, ib. xx. Si nous semble que
des ores en avant nousaveriesmes nul lait [honte] dou
rendre le castiel, Chr. de Rains, 139. Quant aucuns
est tenus en prison par lais dis ou por ce qu'il ne
veut respondre en cort, BEAUM. XXX, 25. Lede estoit
et sale et foulée Celé ymage, et megre et chetive,
Et aussi vert cum une cive, Ja Rose, v. 190.... il ne
fu onques nulz lais amans Ne laide amie ; ensi en
est li dis [le dit], Poésies franc. Vatic. f° 169, dans
LACURNE. Il xvie s. Disant qu'il trouvoit cela laid et
mal séant à une personne d'honneur, que de tensor
ses serviteurs, et quereller avec eulx pour son ven-
tre, AMYOT, Caton, 44. Quant à sa personne, il
n'estait pas laid de son visage, ID. Philop. 3. La
couleur en est belle, ressemblant au velours orangé;
mais tant plus laide en est la senteur, puante, et
qui pis est mal saine, 0. DE SERRES, 672. Le cas sera
tenu et réputé pour laid et vilain, Nouv. coust. gén. ■
t. II, p. 13.
— ÉTYM. Provenç. Jaid, laig, lait, îag, lai; ital.
laido; du germanique : anglo-sax. ladh, odieux;
anc. haut-allem. Jeid, désagréable; suéd. Jed. Laid
a donc signifié haïssable, avant de signifier vilain.
Le latin Ixdere, à cause du sens, ne peut entrer en
ligne de compte; Ja;sus n'aurait pu donner les sens
que Jaid a dans l'historique, et que l'étymologie
germanique justifie très-bien.
t LAIDEMENT (lè-de-man), adv. D'une laide
manière. Ce ne fut tout : car à grands coups de
gaule Le pèlerin vous lui froisse une épaule, De
horions laidement l'accoutra, LA FONT. COC.
— HIST. XIe s. Sur la vert herbe moût laidement
[il] se culche, Ch. de Roi. 182. ||xiir» s. Là me sou-
vint des gens de- maie guise Qui m'ont mis sus
mensonge à escient, Que j'ai chanté des dames
laidement, QUESNES, Jiomanc. p. 89. Car toute
nostre gent s'enfuirent si laidement que il y en
ot plusieurs qui de désespérance se noierent en
la mer, JOINV. 271. || xive s. Aucuns jettent leurs
armeures, ou se rendent, ou font aucunes autres
choses laidement, ORESME, Eth. 99. || xvi" s. Et [toi
Minerve] prens en main les armes, sans enfler Si
laidement tes joues à soufler, AMYOT, Comment
refréner la colère, 12.
— ÉTYM, Laide, et le suffixe ment; provenç.
laiamen ; ital. JaidamenM.
LAIDERON (lè-de-ron), s. f. Jeune fille ou jeune
femme laide. Je vous avertis que Mlle Corneille
est une laideron extrêmement piquante, VOLT. Lett.
Richelieu, 27 jànv. 1762.
— REM. 1. Voltaire et Béranger ont écrit laidron.
Est-il vrai que vous vous êtes opposé à la réception
de la petite Duranci ? pourquoi ? il me semble qu'on
en peut faire une très-jolie laidron de soubrette,
VOLT. Lett. d'Argental,25 juill. 1760. D'un laidron je
deviens F-4pouX, Priant qu'il ne soit que volage,
BÉRANG. Ange gard. \\ 2. On voit aussi que Béranger
Fa fait masculin. En effet quelques personnes, à
cause de la finale, disent un laidron.
— HIST. xvie s. La bonne laideron ressemble à la
poule de qui la plume est méprisée, et la chair es-
timée, YVER, p. 662.
— ÉTYM. Dérivé de laid.
LAIDEUR (lè-deur), s. f. État de ce qui est laid.
La laideur du visage. L'or même à la laideur donne
un teint de beauté ; Mais tout devient affreux avec
la pauvreté, BOIL. Sat. vm. Vous n'avez point dé-
daigné la laideur, Vous méritez que la beauté vous
aime, VOLT. Ce qui plaît, etc. || Au sens moral.
Quand ils [les pasteurs réfugiés] vous exhortent à
rejeter les adoucissements du papisme pour en con-
sidérer sans cesse toutes les laideurs, BOSS. Lett.
pastor. sur la comm. pascale, 6. N'aimez point les
spectacies du monde qui le font paraître beau et en
couvrent *a vanité et la laideur, us. Concupisc. 31.
Quand Dieu, malgré le péché et son énorme et infinie
laideur, en tire le bien qu'il veut, ID. Élevai, sur myst.
xn, 10. Il est impossible qu'elle [une âme mondaine]
montre dans toute leur laideur des difformités
qu'elle ne connaît pas et qu'elle aime encore, MASS.
Car. Lazare. On avoue que la comédie du Tartuffe,
ce chef-d'oeuvre qu'aucune nation n'a égalé, a fait
beaucoup de bien aux hommes, en montrant l'hy-
pocrisie- dans toute sa laideur, VOLT. Mahom. Lett.
La sagesse est la beauté de l'âme, le vice en est la
laideur, DIDEROT, Opin. des anc. philos, (socraliq).
— HIST. xme 3. Laidor ait ores mal dehé [mau-
vaise fortune], Quant si guerroie chasteé [la chas-
teté], Que deffendre et tenser [protéger] deûst, Ja
Jlosc,9033. Il xiv" s. Garde surtout ta loyauté, Ne ne
soit laideurs ne biauté, Amours, ne faveur, ne
liaîne, Ne chose en monde qui t'encline X faire
riens de desloial, MACHAUT, p. 107. || xvie s. La
vieillesse a de soy-mesmes assez d'autres laideurs ;
n'y adjouste point encore celle qui procède de vice,
AMYOT, Caton, 18. Par temps, maladie ou souci,
Laydeur les tire en sa nasselle ; Mais rien ne peut
enlaidir celle Que servir sans fin je prétends, MA-
ROT, 11, 277.
— ÊTYM. Laid. On disait aussi laidure et laidece
t LAIDIR (lè-dir), v. n. Devenir laid. Je crains
fort de vous voir jomme un géant grandir, Et tout
votre visage affreusement laidir, MOL. l'Étourdi-,
II, B.
— HIST. xn° s. Donc fu au rei nuncié cum hum
le fist huer, Et que Fum le voleit et laidir [insulter]
et tuer, Th. le mart. 48. || xnr s. Vo marastre vous
a et férue et laidile, Berte, LIV. || xvie s. La jalousie
laidit et corromnt tout "ce qu'elles [les femmes] ont
de bel et de bon d'ailleurs, MONT, m, 341.
— ETYM. Laid : ' provenç. laidir, outrager, lai-
dezir, enlaidir ; ital. laidire,laidare. Laidir voulait
dire outrager.
1. LAIE (le), s. f. La femelle du sanglier.Voyez-
vous à nos pieds fouir incessamment Cette maudite
laie et creuser une mine ? C'est pour déraciner le
chêne assurément, LA FONT. Fabl. m, 6. La laie,
qui ressemble à fous autres égards à la truie, ne
porte qu'une fois l'an, BUFF. Quadrup. t. 1, p. 296.
— HIST. xm* s. Bien i puet on les pors et les lé.es
chasser, Et les cers et les biches berser et archoier,
Renaud de Montauban. \\ xvi' s. Les truyes plei-
nes, et les layes qui ont cochonné veulent avoir
chacune son tact à part, o. DE SERBES, 333 (ici,
laie veut dire la femelle du porc, quand elle a mis
bas).
— ÉTYM. Origine inconnue. Bas-lat. lea, Je/m,
lefa. D'après Borel, au mot Jais, p. 2115, dans LA-
CURNE, la laie est ainsi dite, parce que les chasseurs
la laissent pour faire des sangliers, ou parce qu'elle
demeure parmi les arbrisseaux appelés Jais ; une
telle ètymologie n'a rien de réel.
2. LAIE (le), s. f. Terme d'eaux et forêts. Route ,
étroite percée dans une forêt, dans une futaie. Une
laie de trois pieds de large. Prenant un matin son
chemin par une grande laie de la forest de Lafère.
VILLEROY, Jfe'm. t. v, p. 79, dans LACURNE || Pour
laie les forestiers disent aujourd'hui ligne. || 11 s'est
dit aussi d'une partie de bois et même d'une forêt.
— ÉTYM. Bas-latin, Jeia, lia, laia, leda, lada.
Les formes avec d excluent l'allemand Lâche qui a
le même sens, et favorisent l'ancien Scandinave
leid, anglo-sax. lâd, flamand leyde, passage, voie,
conduit, que Diez indique. Du Cange au contraire
y voit l'adjectif latin lata, via lata, voie large;
mais le sens de passage vaut mieux pour désigner
une voie que celui de largeur. On a dit laier des bois
pour y tracer des allées; et St-Germainen Laye pa-
raît signifier St-Germain dans la forêt.
t S- LAIE (le), s. f. Marteau du tailleur de pierre
dont le tranchant est dentelé. || Traces formées sur
la pierre par les dents du marteau.
f 4. LAIE (le), s. f. Espèce de boîte, dans l'or-
gue, qui renferme les soupapes et le vent venant
des soufflets par le gros porte-vent de bois.
— ÉTYM. Radical de layette (voy. ce mot).
f 5. LAIE (le), s. f. Auge sur laquelle on place le
marc de vin ou d'huile qu'on veut soumettre à une
forte pression.
LAINAGE (le-na-j'), s. m. || 1° Marchandise de
laine. La production française pour les lainages en
général est évaluée à 850 millions de francs par
an, Moniteur, 20 sept, 1866. || 2° Toison des mou-
tons. Ce mouton, cette brebis a un ,beau lai-
nage. H 3° Façon qu'on donne aux draps et aux
étoffes de laine, qui consiste, pour les garnir de du-
vet, de poils, à les faire passer sur un gros cylindre
recouvert de chardons végétaux. || i" Terme d'an-
cienne coutume. Droit sur la tonte des bêtes à laine.
— ÉTYM. laine. '
LAINE (lè-n'), s. f. [| 1° Poil doux, épais et long
qui croît sur la peau des moutons et de quelques
autres animaux. Laine de mouton, de mérinos, de
vigogne. Et la laine et la soie en cent façons nou-
velles Apprirent à quitter leurs couleurs naturelles,
Bon.. Epît. ix. Les montagnes sont couvertes de
troupeaux qui fournissent des laines fines recher-
chées de toutes les nations connues, FÉN. Tél. vin.
Les femmes filent cette belle laine, et en font des
étoffes fines, ID. ih. Dans les animaux, la chaleu
n. —30
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
LAI
LAI
233
lais, Couci, XXII. || XIII" s." Issi [ainsi] avient, cum
dit vus ai; Li Bretun en firent un lai De Equitan,
cum il fina, E la dame qui tant Fama, MARIE, Equi-
tan. Lais d'amors et sonnés cortois Chantoit chascun
en son patois, Li uns en haut, li autre en bas,
la Rose, loi. || xvi" s. Et au livre que je vous donne,
Qui est plain de laiz et ballades, ST-GEL. 13S.
— ÉTYM. Provenç. Jais, lays; angl. lay; du cel-
tique : kymri, liais, son, mélodie; gaélique, laoith;
comparez le bas-latin leudus, sorte de chant guer-
rier qui se trouve dans Fortunat, et l'allemand Lied,
chanson.
LAÏC (la-ik), voy. LAÏQUE.
LAICHE (lê-ch'), s. f. Terme de botanique. Genre
de la famille des cypéracées, genre carex.
— ÉTYM. Piémont, lesca; ital. lisca, fétu; de
Fane, haut-allem. ïisca, fougère, roseau; allem.
Liesch, Lieschgras.
t LAÏCISME (la-i-si-sm'), s. m. Nom d'une doctrine
répandue au xvie siècle en Angleterre, qui recon-
naissait aux laïques le droit de gouverner l'Église.
LAID, AIDE (le, lè-d'; le d se lie dans les cas
rares où cet adjectif précède son substantif : un lè-t
animal; Chifflet, même en ce cas, dit que.lednese
prononce pas, Gramm. p.213. Autrement, ilneselie
pas, prononcez : le à faire peur; au pluriel, l's se lie :
de lè-z animaux),adj. || l°Qui déplaît à la vue, pour
quelque défectuosité dans la forme ou la couleur, en
parlant du corps et de ses parties. Un visage laid. Elle
a les mains laides, la gorge laide. Elle est laide à
faire peur. Il est laid comme une chenille. M. Arnauld
[le célèbre Arnauld) est un petit homme noir et
laid, né à Paris, fils d'un savant avocat qui a autre-
fois plaidé vigoureusement contre les jésuites,
GUI PATIN, Lettres, t. n, p. 237. On ne saurait dire si
Ésope eut sujet de remercier la nature, ou bien de
se plaindre d'elle; car, en le douant d'un très-bel
esprit, elle le fit naître difforme et laid de visage,
LA FONT. Vie d'Ésope. Mlle d'Arpajon est fiancée
aujourd'hui à Versailles avec M. le comte de Rouci;
on veut qu'il ait dit à Mlle d'Arpajon : Mademoi-
selle, encore que vous soyez laide, je ne laisserai
pas de vous bien aimer, SÉV. 7 fév. 1689. Guillera-
gues disait hier que Pellisson abusait de la permis-
sion qu'ont les hommes d'être laids, ID. 6 janv.
1874. Ne trouvez-vous pas qu'elle ressemble à Ja-
votte (c'était une fille qui la servait, et qui
en effet me ressemblait, mais en laid) ? MARIV.
Marianne, 6e part. Et si c'était un monstre?— Oh!
tais-toi; tu m'excèdes; Les personnes d'esprit sont-
elles jamais laides? PIRON, jlfc'tromanie, n,
8. J'ai souvent remarqué que, dans les vil-
lages où la pauvreté est moins grande que dans
les autres villages voisins, les hommes y sont aussi
mieux faits et les visages moins laids, BUFF. JJisf.
nat. homme. Quoiqu'il [Cratès] fût laid de visage et
bossu, il inspira là passion la plus violente à Hip-
parchia, soeur du philosophe Métrocle, DIDER. Opin.
des anc. phil. (cyniques). || Familièrement. Un laid
magot, homme extrêmement laid ; une laide gue-
non, femme extrêmement laide. || 11 se dit aussi des
animaux. Un chien fort laid. || 2° En général, désa-
gréable à voir. Cette maison est laide. Le temps est
bien laid aujourd'hui. lis me firent laide grimace,
SCARRON, Virg. m. Un magister, s'empressant d'é-
touffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un
coup dans l'oeil se fit apostropher, Dont il tomba
faisant laide grimace, J. B. ROUSSEAU, Épigr.
1, 26. Il 3e Déshonnète, contraire à la bienséance,
au devoir. Ce que vous dites là est bien laid.
Il est bien laid à vous, d'avoir manqué à votre
promesse. || 4° S. m. et f. Celui qui est laid, celle
qui est laide. Fi ! le laid ! Mlle de Noailles, sans
exception, la plus aimable laide du monde, MAIN-
TENON, Lett. au duc de Noailles, 22 fév. 1706. Si
une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdu-
ment, LA BRUY. rv. ||- 5° S. m. Ce qui est laid, par
opposition au beau. Des artistes ont préconisé le
laid, y Ce qu'il y a de laid en quelque chose. Je
vous ai dit le beau de l'aventure, mais voici le laid.
Mais le premier [le début du plaidoyer], monsieur',
c'est, le beau. — C'est le laid, BAC. Plaid, ni, 3.
|] Proverbe. Il n'y a point de belle prison ni de
laides amours, il n'y a point de prison qui plaise,
ni de fomme aimée qui ne plaise.
— HIST. xie s. La première [eschele, escadron]
est des Canelius les laiz, Ch. de Roi. ccxxxv. || xues.
Signof., dit l'apostoles, moult est cist hontes [du
masculin] lais, Sax. xv. 11 nous orent jugié à mort
laide et vilaine, ib. xxx. Prendre mari est chose à
remenant; N'est pas marchés qu'on laist quant [on]
se repenti Tenir l'esteut [il faut le tenir], soit lait
ou avenant, Jtomanc. p. 73. Membrer [souvenir]
vous doit que laide cruauté Fait qui ocist son lige
home demaine, Coud, xiv. Signor, se je vous di le voir
[vrai], D'un affaire tous certains sui ; Ferés m'en vous
lait [du mal] ne anui ? Le lai d'Ignaurès. | |xme s. [Elle]'
Moût faisoit laide chère [figure] et moût ert [état]
emplorée, Berte, xvi. Cil jour [il] fit moût lait temps
et de froide manière, ib. xx. Si nous semble que
des ores en avant nousaveriesmes nul lait [honte] dou
rendre le castiel, Chr. de Rains, 139. Quant aucuns
est tenus en prison par lais dis ou por ce qu'il ne
veut respondre en cort, BEAUM. XXX, 25. Lede estoit
et sale et foulée Celé ymage, et megre et chetive,
Et aussi vert cum une cive, Ja Rose, v. 190.... il ne
fu onques nulz lais amans Ne laide amie ; ensi en
est li dis [le dit], Poésies franc. Vatic. f° 169, dans
LACURNE. Il xvie s. Disant qu'il trouvoit cela laid et
mal séant à une personne d'honneur, que de tensor
ses serviteurs, et quereller avec eulx pour son ven-
tre, AMYOT, Caton, 44. Quant à sa personne, il
n'estait pas laid de son visage, ID. Philop. 3. La
couleur en est belle, ressemblant au velours orangé;
mais tant plus laide en est la senteur, puante, et
qui pis est mal saine, 0. DE SERRES, 672. Le cas sera
tenu et réputé pour laid et vilain, Nouv. coust. gén. ■
t. II, p. 13.
— ÉTYM. Provenç. Jaid, laig, lait, îag, lai; ital.
laido; du germanique : anglo-sax. ladh, odieux;
anc. haut-allem. Jeid, désagréable; suéd. Jed. Laid
a donc signifié haïssable, avant de signifier vilain.
Le latin Ixdere, à cause du sens, ne peut entrer en
ligne de compte; Ja;sus n'aurait pu donner les sens
que Jaid a dans l'historique, et que l'étymologie
germanique justifie très-bien.
t LAIDEMENT (lè-de-man), adv. D'une laide
manière. Ce ne fut tout : car à grands coups de
gaule Le pèlerin vous lui froisse une épaule, De
horions laidement l'accoutra, LA FONT. COC.
— HIST. XIe s. Sur la vert herbe moût laidement
[il] se culche, Ch. de Roi. 182. ||xiir» s. Là me sou-
vint des gens de- maie guise Qui m'ont mis sus
mensonge à escient, Que j'ai chanté des dames
laidement, QUESNES, Jiomanc. p. 89. Car toute
nostre gent s'enfuirent si laidement que il y en
ot plusieurs qui de désespérance se noierent en
la mer, JOINV. 271. || xive s. Aucuns jettent leurs
armeures, ou se rendent, ou font aucunes autres
choses laidement, ORESME, Eth. 99. || xvi" s. Et [toi
Minerve] prens en main les armes, sans enfler Si
laidement tes joues à soufler, AMYOT, Comment
refréner la colère, 12.
— ÉTYM, Laide, et le suffixe ment; provenç.
laiamen ; ital. JaidamenM.
LAIDERON (lè-de-ron), s. f. Jeune fille ou jeune
femme laide. Je vous avertis que Mlle Corneille
est une laideron extrêmement piquante, VOLT. Lett.
Richelieu, 27 jànv. 1762.
— REM. 1. Voltaire et Béranger ont écrit laidron.
Est-il vrai que vous vous êtes opposé à la réception
de la petite Duranci ? pourquoi ? il me semble qu'on
en peut faire une très-jolie laidron de soubrette,
VOLT. Lett. d'Argental,25 juill. 1760. D'un laidron je
deviens F-4pouX, Priant qu'il ne soit que volage,
BÉRANG. Ange gard. \\ 2. On voit aussi que Béranger
Fa fait masculin. En effet quelques personnes, à
cause de la finale, disent un laidron.
— HIST. xvie s. La bonne laideron ressemble à la
poule de qui la plume est méprisée, et la chair es-
timée, YVER, p. 662.
— ÉTYM. Dérivé de laid.
LAIDEUR (lè-deur), s. f. État de ce qui est laid.
La laideur du visage. L'or même à la laideur donne
un teint de beauté ; Mais tout devient affreux avec
la pauvreté, BOIL. Sat. vm. Vous n'avez point dé-
daigné la laideur, Vous méritez que la beauté vous
aime, VOLT. Ce qui plaît, etc. || Au sens moral.
Quand ils [les pasteurs réfugiés] vous exhortent à
rejeter les adoucissements du papisme pour en con-
sidérer sans cesse toutes les laideurs, BOSS. Lett.
pastor. sur la comm. pascale, 6. N'aimez point les
spectacies du monde qui le font paraître beau et en
couvrent *a vanité et la laideur, us. Concupisc. 31.
Quand Dieu, malgré le péché et son énorme et infinie
laideur, en tire le bien qu'il veut, ID. Élevai, sur myst.
xn, 10. Il est impossible qu'elle [une âme mondaine]
montre dans toute leur laideur des difformités
qu'elle ne connaît pas et qu'elle aime encore, MASS.
Car. Lazare. On avoue que la comédie du Tartuffe,
ce chef-d'oeuvre qu'aucune nation n'a égalé, a fait
beaucoup de bien aux hommes, en montrant l'hy-
pocrisie- dans toute sa laideur, VOLT. Mahom. Lett.
La sagesse est la beauté de l'âme, le vice en est la
laideur, DIDEROT, Opin. des anc. philos, (socraliq).
— HIST. xme 3. Laidor ait ores mal dehé [mau-
vaise fortune], Quant si guerroie chasteé [la chas-
teté], Que deffendre et tenser [protéger] deûst, Ja
Jlosc,9033. Il xiv" s. Garde surtout ta loyauté, Ne ne
soit laideurs ne biauté, Amours, ne faveur, ne
liaîne, Ne chose en monde qui t'encline X faire
riens de desloial, MACHAUT, p. 107. || xvie s. La
vieillesse a de soy-mesmes assez d'autres laideurs ;
n'y adjouste point encore celle qui procède de vice,
AMYOT, Caton, 18. Par temps, maladie ou souci,
Laydeur les tire en sa nasselle ; Mais rien ne peut
enlaidir celle Que servir sans fin je prétends, MA-
ROT, 11, 277.
— ÊTYM. Laid. On disait aussi laidure et laidece
t LAIDIR (lè-dir), v. n. Devenir laid. Je crains
fort de vous voir jomme un géant grandir, Et tout
votre visage affreusement laidir, MOL. l'Étourdi-,
II, B.
— HIST. xn° s. Donc fu au rei nuncié cum hum
le fist huer, Et que Fum le voleit et laidir [insulter]
et tuer, Th. le mart. 48. || xnr s. Vo marastre vous
a et férue et laidile, Berte, LIV. || xvie s. La jalousie
laidit et corromnt tout "ce qu'elles [les femmes] ont
de bel et de bon d'ailleurs, MONT, m, 341.
— ETYM. Laid : ' provenç. laidir, outrager, lai-
dezir, enlaidir ; ital. laidire,laidare. Laidir voulait
dire outrager.
1. LAIE (le), s. f. La femelle du sanglier.Voyez-
vous à nos pieds fouir incessamment Cette maudite
laie et creuser une mine ? C'est pour déraciner le
chêne assurément, LA FONT. Fabl. m, 6. La laie,
qui ressemble à fous autres égards à la truie, ne
porte qu'une fois l'an, BUFF. Quadrup. t. 1, p. 296.
— HIST. xm* s. Bien i puet on les pors et les lé.es
chasser, Et les cers et les biches berser et archoier,
Renaud de Montauban. \\ xvi' s. Les truyes plei-
nes, et les layes qui ont cochonné veulent avoir
chacune son tact à part, o. DE SERBES, 333 (ici,
laie veut dire la femelle du porc, quand elle a mis
bas).
— ÉTYM. Origine inconnue. Bas-lat. lea, Je/m,
lefa. D'après Borel, au mot Jais, p. 2115, dans LA-
CURNE, la laie est ainsi dite, parce que les chasseurs
la laissent pour faire des sangliers, ou parce qu'elle
demeure parmi les arbrisseaux appelés Jais ; une
telle ètymologie n'a rien de réel.
2. LAIE (le), s. f. Terme d'eaux et forêts. Route ,
étroite percée dans une forêt, dans une futaie. Une
laie de trois pieds de large. Prenant un matin son
chemin par une grande laie de la forest de Lafère.
VILLEROY, Jfe'm. t. v, p. 79, dans LACURNE || Pour
laie les forestiers disent aujourd'hui ligne. || 11 s'est
dit aussi d'une partie de bois et même d'une forêt.
— ÉTYM. Bas-latin, Jeia, lia, laia, leda, lada.
Les formes avec d excluent l'allemand Lâche qui a
le même sens, et favorisent l'ancien Scandinave
leid, anglo-sax. lâd, flamand leyde, passage, voie,
conduit, que Diez indique. Du Cange au contraire
y voit l'adjectif latin lata, via lata, voie large;
mais le sens de passage vaut mieux pour désigner
une voie que celui de largeur. On a dit laier des bois
pour y tracer des allées; et St-Germainen Laye pa-
raît signifier St-Germain dans la forêt.
t S- LAIE (le), s. f. Marteau du tailleur de pierre
dont le tranchant est dentelé. || Traces formées sur
la pierre par les dents du marteau.
f 4. LAIE (le), s. f. Espèce de boîte, dans l'or-
gue, qui renferme les soupapes et le vent venant
des soufflets par le gros porte-vent de bois.
— ÉTYM. Radical de layette (voy. ce mot).
f 5. LAIE (le), s. f. Auge sur laquelle on place le
marc de vin ou d'huile qu'on veut soumettre à une
forte pression.
LAINAGE (le-na-j'), s. m. || 1° Marchandise de
laine. La production française pour les lainages en
général est évaluée à 850 millions de francs par
an, Moniteur, 20 sept, 1866. || 2° Toison des mou-
tons. Ce mouton, cette brebis a un ,beau lai-
nage. H 3° Façon qu'on donne aux draps et aux
étoffes de laine, qui consiste, pour les garnir de du-
vet, de poils, à les faire passer sur un gros cylindre
recouvert de chardons végétaux. || i" Terme d'an-
cienne coutume. Droit sur la tonte des bêtes à laine.
— ÉTYM. laine. '
LAINE (lè-n'), s. f. [| 1° Poil doux, épais et long
qui croît sur la peau des moutons et de quelques
autres animaux. Laine de mouton, de mérinos, de
vigogne. Et la laine et la soie en cent façons nou-
velles Apprirent à quitter leurs couleurs naturelles,
Bon.. Epît. ix. Les montagnes sont couvertes de
troupeaux qui fournissent des laines fines recher-
chées de toutes les nations connues, FÉN. Tél. vin.
Les femmes filent cette belle laine, et en font des
étoffes fines, ID. ih. Dans les animaux, la chaleu
n. —30
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
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