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1408 pages
IDÔ
1Ï30
IDO T
f IDOCRASE (i-do-krâ-z'), s. f. Terme de miné-
ralogie. Sorte de pierre précieuse, silicate alumi-
neux double anhydre, espèce de grenat.
IDOINE (i-doi-n'), adj. Propre à quelque chose.
Cet orateur s'appelle Boismont, et non pas Beau-
mont, et n'a de prêtre que ce qu'il en faut pour être
apte et idoine à posséder des bénéfices, D'ALEMB.
Lett. au roi de Prusse, 30 juill. 4 784. || Il est vieux.
— HIST..xive s. Matière ainsi par" pourriture Et
idoine corruption, J\Tat. à l'alch. err. 4 73. || xve s.
Et aussi messagers sages et avisés et bien idoines
ettail-!és de faire ce message, FROISS. I, I, 44. Moy
couchant avec luy [Commiries et le roy Lpuis XI],
combien que n'en fusse point digne et qu'il en
avoit assez d'autres plus ydoines, COMM. VI, 6.
|| xvie s. La guerre leur estoit repos des travaux
que les hommes ordinairement endurent pour se
rendre idoines à la guerre, AMYOT, Lyc. 46.
t- ÉTYM. Génev. idoine, idiot, hébété (par anti-
phrase) ; du latin idoneus.
IDOLÂTRE (i-do-lâ-tr'), adj. || i" Qui adore les
idoles, qui rend un culte divin à des créatures.
Peuple idolâtre, ROTROU, St Genest, v, 2. On de-
vient idolâtre [disent les protestants] en faisant pa-
raître par quelque posture de respect le sentiment
de vénération vraiment sainte qu'on a dans le coeur,
BOSS. Var. xiv, § 4 04. || Fig. Comme un joug impor-
tun les règles rejetées, Le Parnasse idolâtre adorant
de faux dieux, GILBERT, 4 8e siècle. ||I1 se dit égale-
ment du culte même. Rendre un culte idolâtre.
Jusque sur notre autel votre injuste marâtre Veut
offrir à Baal un encens idolâtre, RAC. Alhal. i, 2.
|| Substantivement. Un idolâtre, une idolâtre, Que
je sois tout ensemble idolâtre et chrétien, CORN.
Poly. îv, 3. Mon père, en ce jour -solennel, De l'ido-
lâtre impur fuit l'aspect criminel, RAC. Alhal. m, 2.
|| 2° Fig. Qui ressent un amour passionné ou ser-
vile pour une personne ou pour des choses. Le
voilà donc [le prince] engagé dans l'agrandissement
du sujet, qu'il aime [un favori].... le voilà idolâtre
sans y penser; il adore ce qu'il a fait..., BALZAC,
De la cour, 7e dise. Et cette vieille erreur, que
Cinna veut abattre, Est une heureuse erreur dont
il [le peuple romain] est idolâtre, CORN. Cinna-, n, 4.
À faire, aux nouveautés dont je suis idolâtre, Fi-
gure de savant sur les bancs du théâtre, MOL. Mis.
in, 4.. Cette femme, idolâtre d'elle-même et toute
occupée des vanités du siècle, a pris le parti de la
retraite, BOURDAL. Dim. de la Scxagés. Dominic.
t. i, p. 440. Un avare, idolâtre et fou de son ar-
gent, BOIL. Sat. IV. Je ne prends pas pour juge une
cour idolâtre, RAC. Bérén. u, 2. Pour bannir l'en-
nemi dont j'étais idolâtre, ID. Phèdre, i, 3. Pouvez-
vous être idolâtre d'une chair qui...? MASS. Carême,
Jeûne. Un peuple opiniâtre, De ses liens sacrés im-
bécile idolâtre, VOLT. OEd. m, 6. Périsse le coeur
dur, de soi-même idolâtre, ID. Mérope, i, 4. Jamais
peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ses pré-
jugés au point où l'étaient alors, où le sont peut-
être encore aujourd'hui les Espagnols, RAYNAL, Hist.
phil. vi, 9. || Qui apour quelqu'un un respect outré,
qu'on peut comparer à l'idolâtrie. Les grands pour
la plupart sont masques de théâtre, Leur apparence
impose au vulgaire idolâtre, LA FONT. Fabl. iv, 4.
— HIST. xme s. Tuit cil de la province du Catay
sont tretouz ydolatres, MARC POL, p. 360. Orguilleus
est [l'homme], murdriers, et lerres [voleur], Et in-
constans et foloiables, Idolastres, désagréables, la
Rose, 4 9432. Diex hait avers [les avares] les vilai-
nastres, Et les dampne comme idolastres, ib. 5268.
|| xve s. Doulx Diex, ce m'est le cuer. grevant Que
les gens de ce pais voy Vivre ydolatres sans ta foy
Tenir ne croire en toy, dpulx Diex, Myst. de Barl.
et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p.. 370. ||xvie s.
Un dieu le plus puissant s'es.limeroit heureux D'estre
de vos beaux yeux idolâtre amoureux, RONSARD,
Élég. 7. Ainsi dites vous idolâtre pour idololatre,
RABEL. IV, 40.
— ÉTYM. Lat. idololatra, idololatnts, de EÎSOJXO-
XaTprçç (voy. IDOLÂTRIE). Marc Pol a dit aussi y die et
ydre (p. 450), par confusion entre idole et idolâtre.
IDOLÂTRÉ, È.E (irdo-iâ:tré, tree), port, passé
d'idolâtrer. Aimé passionnément. Un enfant ido-
lâtré par sa mère. Voilà ce dieu vengeur, idolâtré
par vous, VOLT. M. de Ccsar,m, 8.
t IDOLÂTREMENT (i-do-lâ-tre-man), adv. D'une
manière idolâtre. Aimer idolâtrement.
— HIST. xvi" s. L'ayse enivroit mon ame, et
m'estimois heureux D'estre idolâtrement de vos
yeux amoureux, DES PORTES, Élégies, i, 7.
IDOLÂTRER (i-do-lâ-tré). || 1° V. n. Adorer les
idoles. Idolâtrer est rendre à la créature les hon-
neurs divins, BOSS. Avert. sur te reproche d'idolâ-
trie, c. Quelle erreur, donc [à Jurieu] de vouloir
excuser [du culte des saints et des reliques] les
Pères et les chrétiens du quatrième et du cin-
quième siècle, sous prétexte qu'ils n'idolâtraient
qu'en particulier! ID. Var. 3e avert. ||2° V. a. Fig.
Aimer avec trop de passion. Pourquoi perdez-vous
la parole, Aussitôt que vous rencontrez Celle que
vous idolâtrez? RÉGNIER, Amour, transi. Mais,
hélas ! j'idolâtre Emilie, CORN. Cinna, m, 2. J'aime,
que dis-je, aimer? j'idolâtre Junie, RAC. Brit. n, 2.
De tous les favoris qu'idolâtrait Valois, Joyeuse....
D'une faveur si haute était le moins indigne, VOLT.
Henr. m. ||I1 se dit aussi des choses. Mon travail
sans appui monte sur le théâtre ; Chacun en liberté
l'y blâme ou l'idolâtre, CORN. Excuses à Ariste. 11
[Néron] excelle.... X venir prodiguer sa voix sur un
théâtre, Â réciter des chants qu'il veut qu'on ido-
lâtre, RAC. Brit. iv, 4. Il meurt à son corps qu'il
avait toujours idolâtré, MASS. Myst. Assomption.
|| 3° S'idolâtrer, v. réfl. Être idolâtre de soi-même.
Ce jeune fat s'idolâtre. || S'aimer passionnément l'un
l'autre. Ces amants s'idolâtrent.
— HIST. xve s. Chascun les quiert, baise et acole
[l'or et l'argent] En ydolatrant, E. DESC. Poésies
mss. f° 433. Balade que on ne doit mettre es églises
nulz images entailliez fors le crucifis et la vierge,
pour doubte d'ydolatrier, ID. ib. f" 453. || xvie s.
Qui, mesprisant de son Dieu les louanges, Idolâtrait
après les dieux estranges, DU BELLAY, III, 93, verso.
Ils [les paysans] n'ont point de dames gentes et pa-
rées que nous idolâtrons, MARG. Nouv. XXIX. Cet
idolâtre idolâtra des veaux, RONS. SS7.
— ÉTYM. Idolâtre; provenç. et espagn. idolatrar;
ital. idolatrare.
IDOLÂTRIE (î-do-là-tri), s. f. Adoration des ido-
les ; culte rendu aux créatures. Réduite à balancer
son esprit agité Entre Pidolâlrie et l'impudicité,
CORN. Théod. ni, 4. Après, on voit le voyage [des
Israélites] continué dans le désert, les révoltes, les
idolâtries, les châtiments, les consolations du peuple
de Dieu, que ce législateur tout-puissant forme peu
à peu par ce moyen, BOSS. Hist. i, 4. Il [Salomon]
s'abandonne à l'amour des femmes, son esprit
baisse, son coeur s'affaiblit, et sa piété dégénère en
idolâtrie, ID. ib. i, 6. Le sens humain, abruti, ne
pouvait plus s'élever aux choses intellectuelles ; et,
les hommes ne voulant plus adorer que ce qu'ils
voyaient, l'idolâtrie se répandait par tout l'univers,
ID. ib. n, 2. Il y a des erreurs où nous tombons en
raisonnant; car l'homme s'embrouille souvent à
force de raisonner ; mais l'idolâtrie était venue par
l'extrémité opposée: c'était en éteignant tout rai-
sonnement et en laissant dominer les sens qui vou-
laient tout revêtir des qualités dont ils sont touchés,
ID. ib. il, 44. La plus ancienne et la plus générale
idolâtrie a été celle qui a eu le soleil et la lune
pour objet, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. n, p. 43s,
dans POUGENS. Il y a mille témoignages que les
sages abhorraient non-seulement l'idolâtrie, mais
encore le polythéisme, VOLT. Dict. phil. Idolâtrie.
|| Acte d'idolâtrie. Si l'Eglise est vivante malgré les
idolâtries dont on l'accuse, ces idolâtries n'empêchent
pas que la foi et la charité ne s'y trouvent, ni par
conséquent qu'on ne s'y sauve, BOSS. 3e avert. 4.
|| 2e Fig. Amour excessif. Aimer nos ennemis avec
idolâtrie, CORN. Hor. v, 3. Ainsi nous ferons voir
l'amour de la patrie, Pour qui vont les grands coeurs
jusqu'à l'idolâtrie, ID. Sert, m, 2. Des femmes en
qui le démon habite, qui font à de misérables hom-
mes mille plaies mortelles; et des hommes qui per-
cent le coeur de ces femmes par leurs criminelles
idolâtries, NICOLE, Ess. mor. 3e traité, ch. 3. An-
toine, qui l'aima jusqu'à l'idolâtrie, RAC. Bérén. H,
2. Cher Corasmin, je l'aime avec idolâtrie, VOLT.
Zaïre, i, 6. On peut juger avec quelle idolâtrie il
[Pierre le Grand] fut reçu par un peuple de com-
merçants et de gens de mer dont il avait été le
compagnon, ID. Russie, H, 7. D'un peuple adulateur
l'ardente idolâtrie, c. EELAV. Paria, i, 4.
-77- REM. L'Académie écrit latrie sans accent ; on
lui a reproché cela comme une inconséquence;
mais elle n'a voulu sans doute que noter la pro-
nonciation, qui diffère en effet dans latrie et ido-
lâtrie.
— HIST. XIIe s. E le altel ki fud en Bethel, e la
ydolatrie que Jéroboam out faite, Rois, p. 428.
H xiiie. s. Idolâtrie vault autant com mescreance,
C'est cil qui en avoir met toute sa créance, Qui tant
le croit et aime qu'ailleurs n'a sa beance [désir], J. DE
MEUNG, Test. -4 747. || xvie s. Et nous chantons la va-
nité de l'idolâtrie ancienne, nu BELLAY. m, 8.9,
verso.
— ÉTYM. Provenç. ydolatria: espagn. et ital.
idolatria, du lat. idololatria, qui vient de EÎ3WXO>K-
Tpei'ce, de EÏSWXOV, idole, et Xa-pEÏoc, latrie. La forme
complète serait idololatrie ; mais depuis longtemps
les langues romanes ont raccourci ce mot.
tlDOLÂTRIQUE ( i-do-lâ-tri-k'), adj. Qui'aie
caractère de l'idolâtrie. Les uns les soutenaient ries
cérémonies do ConfuciusJ purement civiles; les au-
tres, qu'elles étaient superstitieuses et idolàtriques,
ST-SIM. 78, 8.
- — ÉTYM. Idolâtrie.
IDOLE (i-do-1'), s. f. || i" Figure, statue représen
tant une divinité et exposée à l'adoration. Une idole
de pierre, de bois. Les prêtres des idoles. Si nous
ne courbons les genoux Devant une muette idole,
RAC. Eslh. n, 9. Si personne ne sait quand les hom-
mes commencèrent à se faire des idoles, on sait
qu'elles sont de l'antiquité la plus haute, VOLT. Dict.
phil. Idolâtrie. || Fig. Ces pasteurs cruels.... qui font
servir les trésors du sanctuaire à des décorations
profanes, qui érigent des idoles des débris de l'au-
tel..., MASS. Or. fun. Villars. || La divinité même
que l'idole représente. Jusques à quand, trompeuse
idole [Fortune], D'un culte honteux et frivole Ho-
norerons-nous tes autels ? J. B. ROUSS. Ode à la For-
lune. || Fig. Fléchir le genou devant l'idole, se
courber devant une personne riche, puissante, etc.
On crut que tout fléchirait devant cette idole de la
cour, pATRU , Plaid. 4 3, dans RICHELET. On ne
sait pas combien il reste de bonnes gens qui n'ont
pas fléchi le genou devant l'idole, J. J. ROUSS. Ém. v.
Il Dans le style élevé. Idole d'iniquité, l'iniquité
considérée comme une idole que l'on sert. Elle re-
nonce à cette idole d'iniquité qu'elle s'est faite dans
sa colère, p ATRU, Plaid, a, dans MCHELET. || 2e Fig.
Fersonne à qui on prodigue les honneurs, les
louanges. Il y a toujours eu, dans les cours, des
idoles et des idolâtres, BALZ. le Prince, 5. Au pre-
mier imposteur.... Qui.... Voudra servir d'idole à
son zèle charmé, CORN. Héracl. i, 4. Quelle erreur
à une chrétienne, et encore à une chrétienne pé-
nitente, d'orner ce qui n'est digne que de son mé-
pris, de peindre et de parer l'idole du monde, de
retenir comme par force et avec mille artifices au-
tant indignes qu'inutiles, ces grâces qui s'envolent
avec le temps? B0ss.^.)me de Gons. Quelle créature
fut jamais plus propre à être l'idole du monde?
mais ces idoles que le monde adore, à combien de
tentations délicates ne sont-elles pas exposées? ID.
Duch. d'Orl. Ces petites délicatesses qu'on remar-
que en la plupart des grands, auprès de qui un
simple oubli est un crime qu'à peine mille soins
et de longues assiduités peuvent expier; vaines
idoles qu'on ne peut aborder qu'en rampant...,
ÎIASS. Villars. Il n'est point de prince ni de grand,
malgré la bassesse et le dérèglement de ses moeurs
et de ses penchants, à qui de vaines adulations ne
promettent la gloire.... il est vrai que le monde,
qui avait élevé ces idoles de boue, les renverse
lui-même le lendemain, ID. Petit carême, Gloire.
|| L'idole du jour, de la veille, personne qui ex-
cite l'enthousiasme, l'admiration aujourd'hui, qui
l'excitait hier. || 3° Personne qui est l'objet d'une
ali'ection excessive. Que je faisais de vous une
idole dans mon coeur, SÉV. 48. Le prince [le duc du
Maine] est l'idole du roi; plus sa tendresse pour le
fils augmente, plus il semble que son amour pour la
mère [Mme de Montespan] diminue, MAINTENON, Lett.
à Mme de St Géran,zs oct. 4 679. Te voilà seul avec
toi-même qui étais ton idole, FÉN. Tél. xvm. Quand
je fus de retour auprès de ma mère, j'avais tellement
l'air de la cour et du monde qu'elle eut du respect
pour moi, au lieu de me gronder de mon entêtement
pour les armes; j'étais son idole, HAMILT. Gramm.
9. Le coeur.... se lasse de ses propres idoles, MASS.
Carême, Pécheresse. Le duc de Guise était l'idole des
troupes et du parti catholique, ST-SIM. 374, 3. Gus-
tave Vasa, le héros et l'idole de la Suède, VOLT.
Moeurs, 4 4 9. Blanca de Si var était l'idole de son
père, CHATEAUB. Dem. Abenc. || 4° Ce qui fait le su-
jet de l'affection, de la passion de quelqu'un. Cet
honneur a toujours été l'idole des hommes, PASC.
Prov. 4 4. Je veux me faire une idole de la réputation
et de l'amitié, FÉN. t. xvm, p. 36. Il y a longtemps
que les hommes, toujours vains, font leur idole de
la gloire, MASS. Petit car. Gloire. || 5e 11 se dit d'un
homme qui se tient à ne rien faire. Il est 'là comme
une idole. D'abord nous n'avons su non plus que
d'une idole Lui tirer de la bouche une seule parole,
MAIRET, Soliman, m. 8. Et de n'entrevoir point de
plaisirs plus touchants Qu'une idole d'époux et des
marmots d'enfants, MOL. Femmes-sav. i, 4. tysi-
mon : Le second de mes fils n'est qu'une franche
idole; Vous le savez. — Pyrante : Eh bien? —Lys i-
1Ï30
IDO T
f IDOCRASE (i-do-krâ-z'), s. f. Terme de miné-
ralogie. Sorte de pierre précieuse, silicate alumi-
neux double anhydre, espèce de grenat.
IDOINE (i-doi-n'), adj. Propre à quelque chose.
Cet orateur s'appelle Boismont, et non pas Beau-
mont, et n'a de prêtre que ce qu'il en faut pour être
apte et idoine à posséder des bénéfices, D'ALEMB.
Lett. au roi de Prusse, 30 juill. 4 784. || Il est vieux.
— HIST..xive s. Matière ainsi par" pourriture Et
idoine corruption, J\Tat. à l'alch. err. 4 73. || xve s.
Et aussi messagers sages et avisés et bien idoines
ettail-!és de faire ce message, FROISS. I, I, 44. Moy
couchant avec luy [Commiries et le roy Lpuis XI],
combien que n'en fusse point digne et qu'il en
avoit assez d'autres plus ydoines, COMM. VI, 6.
|| xvie s. La guerre leur estoit repos des travaux
que les hommes ordinairement endurent pour se
rendre idoines à la guerre, AMYOT, Lyc. 46.
t- ÉTYM. Génev. idoine, idiot, hébété (par anti-
phrase) ; du latin idoneus.
IDOLÂTRE (i-do-lâ-tr'), adj. || i" Qui adore les
idoles, qui rend un culte divin à des créatures.
Peuple idolâtre, ROTROU, St Genest, v, 2. On de-
vient idolâtre [disent les protestants] en faisant pa-
raître par quelque posture de respect le sentiment
de vénération vraiment sainte qu'on a dans le coeur,
BOSS. Var. xiv, § 4 04. || Fig. Comme un joug impor-
tun les règles rejetées, Le Parnasse idolâtre adorant
de faux dieux, GILBERT, 4 8e siècle. ||I1 se dit égale-
ment du culte même. Rendre un culte idolâtre.
Jusque sur notre autel votre injuste marâtre Veut
offrir à Baal un encens idolâtre, RAC. Alhal. i, 2.
|| Substantivement. Un idolâtre, une idolâtre, Que
je sois tout ensemble idolâtre et chrétien, CORN.
Poly. îv, 3. Mon père, en ce jour -solennel, De l'ido-
lâtre impur fuit l'aspect criminel, RAC. Alhal. m, 2.
|| 2° Fig. Qui ressent un amour passionné ou ser-
vile pour une personne ou pour des choses. Le
voilà donc [le prince] engagé dans l'agrandissement
du sujet, qu'il aime [un favori].... le voilà idolâtre
sans y penser; il adore ce qu'il a fait..., BALZAC,
De la cour, 7e dise. Et cette vieille erreur, que
Cinna veut abattre, Est une heureuse erreur dont
il [le peuple romain] est idolâtre, CORN. Cinna-, n, 4.
À faire, aux nouveautés dont je suis idolâtre, Fi-
gure de savant sur les bancs du théâtre, MOL. Mis.
in, 4.. Cette femme, idolâtre d'elle-même et toute
occupée des vanités du siècle, a pris le parti de la
retraite, BOURDAL. Dim. de la Scxagés. Dominic.
t. i, p. 440. Un avare, idolâtre et fou de son ar-
gent, BOIL. Sat. IV. Je ne prends pas pour juge une
cour idolâtre, RAC. Bérén. u, 2. Pour bannir l'en-
nemi dont j'étais idolâtre, ID. Phèdre, i, 3. Pouvez-
vous être idolâtre d'une chair qui...? MASS. Carême,
Jeûne. Un peuple opiniâtre, De ses liens sacrés im-
bécile idolâtre, VOLT. OEd. m, 6. Périsse le coeur
dur, de soi-même idolâtre, ID. Mérope, i, 4. Jamais
peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ses pré-
jugés au point où l'étaient alors, où le sont peut-
être encore aujourd'hui les Espagnols, RAYNAL, Hist.
phil. vi, 9. || Qui apour quelqu'un un respect outré,
qu'on peut comparer à l'idolâtrie. Les grands pour
la plupart sont masques de théâtre, Leur apparence
impose au vulgaire idolâtre, LA FONT. Fabl. iv, 4.
— HIST. xme s. Tuit cil de la province du Catay
sont tretouz ydolatres, MARC POL, p. 360. Orguilleus
est [l'homme], murdriers, et lerres [voleur], Et in-
constans et foloiables, Idolastres, désagréables, la
Rose, 4 9432. Diex hait avers [les avares] les vilai-
nastres, Et les dampne comme idolastres, ib. 5268.
|| xve s. Doulx Diex, ce m'est le cuer. grevant Que
les gens de ce pais voy Vivre ydolatres sans ta foy
Tenir ne croire en toy, dpulx Diex, Myst. de Barl.
et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p.. 370. ||xvie s.
Un dieu le plus puissant s'es.limeroit heureux D'estre
de vos beaux yeux idolâtre amoureux, RONSARD,
Élég. 7. Ainsi dites vous idolâtre pour idololatre,
RABEL. IV, 40.
— ÉTYM. Lat. idololatra, idololatnts, de EÎSOJXO-
XaTprçç (voy. IDOLÂTRIE). Marc Pol a dit aussi y die et
ydre (p. 450), par confusion entre idole et idolâtre.
IDOLÂTRÉ, È.E (irdo-iâ:tré, tree), port, passé
d'idolâtrer. Aimé passionnément. Un enfant ido-
lâtré par sa mère. Voilà ce dieu vengeur, idolâtré
par vous, VOLT. M. de Ccsar,m, 8.
t IDOLÂTREMENT (i-do-lâ-tre-man), adv. D'une
manière idolâtre. Aimer idolâtrement.
— HIST. xvi" s. L'ayse enivroit mon ame, et
m'estimois heureux D'estre idolâtrement de vos
yeux amoureux, DES PORTES, Élégies, i, 7.
IDOLÂTRER (i-do-lâ-tré). || 1° V. n. Adorer les
idoles. Idolâtrer est rendre à la créature les hon-
neurs divins, BOSS. Avert. sur te reproche d'idolâ-
trie, c. Quelle erreur, donc [à Jurieu] de vouloir
excuser [du culte des saints et des reliques] les
Pères et les chrétiens du quatrième et du cin-
quième siècle, sous prétexte qu'ils n'idolâtraient
qu'en particulier! ID. Var. 3e avert. ||2° V. a. Fig.
Aimer avec trop de passion. Pourquoi perdez-vous
la parole, Aussitôt que vous rencontrez Celle que
vous idolâtrez? RÉGNIER, Amour, transi. Mais,
hélas ! j'idolâtre Emilie, CORN. Cinna, m, 2. J'aime,
que dis-je, aimer? j'idolâtre Junie, RAC. Brit. n, 2.
De tous les favoris qu'idolâtrait Valois, Joyeuse....
D'une faveur si haute était le moins indigne, VOLT.
Henr. m. ||I1 se dit aussi des choses. Mon travail
sans appui monte sur le théâtre ; Chacun en liberté
l'y blâme ou l'idolâtre, CORN. Excuses à Ariste. 11
[Néron] excelle.... X venir prodiguer sa voix sur un
théâtre, Â réciter des chants qu'il veut qu'on ido-
lâtre, RAC. Brit. iv, 4. Il meurt à son corps qu'il
avait toujours idolâtré, MASS. Myst. Assomption.
|| 3° S'idolâtrer, v. réfl. Être idolâtre de soi-même.
Ce jeune fat s'idolâtre. || S'aimer passionnément l'un
l'autre. Ces amants s'idolâtrent.
— HIST. xve s. Chascun les quiert, baise et acole
[l'or et l'argent] En ydolatrant, E. DESC. Poésies
mss. f° 433. Balade que on ne doit mettre es églises
nulz images entailliez fors le crucifis et la vierge,
pour doubte d'ydolatrier, ID. ib. f" 453. || xvie s.
Qui, mesprisant de son Dieu les louanges, Idolâtrait
après les dieux estranges, DU BELLAY, III, 93, verso.
Ils [les paysans] n'ont point de dames gentes et pa-
rées que nous idolâtrons, MARG. Nouv. XXIX. Cet
idolâtre idolâtra des veaux, RONS. SS7.
— ÉTYM. Idolâtre; provenç. et espagn. idolatrar;
ital. idolatrare.
IDOLÂTRIE (î-do-là-tri), s. f. Adoration des ido-
les ; culte rendu aux créatures. Réduite à balancer
son esprit agité Entre Pidolâlrie et l'impudicité,
CORN. Théod. ni, 4. Après, on voit le voyage [des
Israélites] continué dans le désert, les révoltes, les
idolâtries, les châtiments, les consolations du peuple
de Dieu, que ce législateur tout-puissant forme peu
à peu par ce moyen, BOSS. Hist. i, 4. Il [Salomon]
s'abandonne à l'amour des femmes, son esprit
baisse, son coeur s'affaiblit, et sa piété dégénère en
idolâtrie, ID. ib. i, 6. Le sens humain, abruti, ne
pouvait plus s'élever aux choses intellectuelles ; et,
les hommes ne voulant plus adorer que ce qu'ils
voyaient, l'idolâtrie se répandait par tout l'univers,
ID. ib. n, 2. Il y a des erreurs où nous tombons en
raisonnant; car l'homme s'embrouille souvent à
force de raisonner ; mais l'idolâtrie était venue par
l'extrémité opposée: c'était en éteignant tout rai-
sonnement et en laissant dominer les sens qui vou-
laient tout revêtir des qualités dont ils sont touchés,
ID. ib. il, 44. La plus ancienne et la plus générale
idolâtrie a été celle qui a eu le soleil et la lune
pour objet, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. n, p. 43s,
dans POUGENS. Il y a mille témoignages que les
sages abhorraient non-seulement l'idolâtrie, mais
encore le polythéisme, VOLT. Dict. phil. Idolâtrie.
|| Acte d'idolâtrie. Si l'Eglise est vivante malgré les
idolâtries dont on l'accuse, ces idolâtries n'empêchent
pas que la foi et la charité ne s'y trouvent, ni par
conséquent qu'on ne s'y sauve, BOSS. 3e avert. 4.
|| 2e Fig. Amour excessif. Aimer nos ennemis avec
idolâtrie, CORN. Hor. v, 3. Ainsi nous ferons voir
l'amour de la patrie, Pour qui vont les grands coeurs
jusqu'à l'idolâtrie, ID. Sert, m, 2. Des femmes en
qui le démon habite, qui font à de misérables hom-
mes mille plaies mortelles; et des hommes qui per-
cent le coeur de ces femmes par leurs criminelles
idolâtries, NICOLE, Ess. mor. 3e traité, ch. 3. An-
toine, qui l'aima jusqu'à l'idolâtrie, RAC. Bérén. H,
2. Cher Corasmin, je l'aime avec idolâtrie, VOLT.
Zaïre, i, 6. On peut juger avec quelle idolâtrie il
[Pierre le Grand] fut reçu par un peuple de com-
merçants et de gens de mer dont il avait été le
compagnon, ID. Russie, H, 7. D'un peuple adulateur
l'ardente idolâtrie, c. EELAV. Paria, i, 4.
-77- REM. L'Académie écrit latrie sans accent ; on
lui a reproché cela comme une inconséquence;
mais elle n'a voulu sans doute que noter la pro-
nonciation, qui diffère en effet dans latrie et ido-
lâtrie.
— HIST. XIIe s. E le altel ki fud en Bethel, e la
ydolatrie que Jéroboam out faite, Rois, p. 428.
H xiiie. s. Idolâtrie vault autant com mescreance,
C'est cil qui en avoir met toute sa créance, Qui tant
le croit et aime qu'ailleurs n'a sa beance [désir], J. DE
MEUNG, Test. -4 747. || xvie s. Et nous chantons la va-
nité de l'idolâtrie ancienne, nu BELLAY. m, 8.9,
verso.
— ÉTYM. Provenç. ydolatria: espagn. et ital.
idolatria, du lat. idololatria, qui vient de EÎ3WXO>K-
Tpei'ce, de EÏSWXOV, idole, et Xa-pEÏoc, latrie. La forme
complète serait idololatrie ; mais depuis longtemps
les langues romanes ont raccourci ce mot.
tlDOLÂTRIQUE ( i-do-lâ-tri-k'), adj. Qui'aie
caractère de l'idolâtrie. Les uns les soutenaient ries
cérémonies do ConfuciusJ purement civiles; les au-
tres, qu'elles étaient superstitieuses et idolàtriques,
ST-SIM. 78, 8.
- — ÉTYM. Idolâtrie.
IDOLE (i-do-1'), s. f. || i" Figure, statue représen
tant une divinité et exposée à l'adoration. Une idole
de pierre, de bois. Les prêtres des idoles. Si nous
ne courbons les genoux Devant une muette idole,
RAC. Eslh. n, 9. Si personne ne sait quand les hom-
mes commencèrent à se faire des idoles, on sait
qu'elles sont de l'antiquité la plus haute, VOLT. Dict.
phil. Idolâtrie. || Fig. Ces pasteurs cruels.... qui font
servir les trésors du sanctuaire à des décorations
profanes, qui érigent des idoles des débris de l'au-
tel..., MASS. Or. fun. Villars. || La divinité même
que l'idole représente. Jusques à quand, trompeuse
idole [Fortune], D'un culte honteux et frivole Ho-
norerons-nous tes autels ? J. B. ROUSS. Ode à la For-
lune. || Fig. Fléchir le genou devant l'idole, se
courber devant une personne riche, puissante, etc.
On crut que tout fléchirait devant cette idole de la
cour, pATRU , Plaid. 4 3, dans RICHELET. On ne
sait pas combien il reste de bonnes gens qui n'ont
pas fléchi le genou devant l'idole, J. J. ROUSS. Ém. v.
Il Dans le style élevé. Idole d'iniquité, l'iniquité
considérée comme une idole que l'on sert. Elle re-
nonce à cette idole d'iniquité qu'elle s'est faite dans
sa colère, p ATRU, Plaid, a, dans MCHELET. || 2e Fig.
Fersonne à qui on prodigue les honneurs, les
louanges. Il y a toujours eu, dans les cours, des
idoles et des idolâtres, BALZ. le Prince, 5. Au pre-
mier imposteur.... Qui.... Voudra servir d'idole à
son zèle charmé, CORN. Héracl. i, 4. Quelle erreur
à une chrétienne, et encore à une chrétienne pé-
nitente, d'orner ce qui n'est digne que de son mé-
pris, de peindre et de parer l'idole du monde, de
retenir comme par force et avec mille artifices au-
tant indignes qu'inutiles, ces grâces qui s'envolent
avec le temps? B0ss.^.)me de Gons. Quelle créature
fut jamais plus propre à être l'idole du monde?
mais ces idoles que le monde adore, à combien de
tentations délicates ne sont-elles pas exposées? ID.
Duch. d'Orl. Ces petites délicatesses qu'on remar-
que en la plupart des grands, auprès de qui un
simple oubli est un crime qu'à peine mille soins
et de longues assiduités peuvent expier; vaines
idoles qu'on ne peut aborder qu'en rampant...,
ÎIASS. Villars. Il n'est point de prince ni de grand,
malgré la bassesse et le dérèglement de ses moeurs
et de ses penchants, à qui de vaines adulations ne
promettent la gloire.... il est vrai que le monde,
qui avait élevé ces idoles de boue, les renverse
lui-même le lendemain, ID. Petit carême, Gloire.
|| L'idole du jour, de la veille, personne qui ex-
cite l'enthousiasme, l'admiration aujourd'hui, qui
l'excitait hier. || 3° Personne qui est l'objet d'une
ali'ection excessive. Que je faisais de vous une
idole dans mon coeur, SÉV. 48. Le prince [le duc du
Maine] est l'idole du roi; plus sa tendresse pour le
fils augmente, plus il semble que son amour pour la
mère [Mme de Montespan] diminue, MAINTENON, Lett.
à Mme de St Géran,zs oct. 4 679. Te voilà seul avec
toi-même qui étais ton idole, FÉN. Tél. xvm. Quand
je fus de retour auprès de ma mère, j'avais tellement
l'air de la cour et du monde qu'elle eut du respect
pour moi, au lieu de me gronder de mon entêtement
pour les armes; j'étais son idole, HAMILT. Gramm.
9. Le coeur.... se lasse de ses propres idoles, MASS.
Carême, Pécheresse. Le duc de Guise était l'idole des
troupes et du parti catholique, ST-SIM. 374, 3. Gus-
tave Vasa, le héros et l'idole de la Suède, VOLT.
Moeurs, 4 4 9. Blanca de Si var était l'idole de son
père, CHATEAUB. Dem. Abenc. || 4° Ce qui fait le su-
jet de l'affection, de la passion de quelqu'un. Cet
honneur a toujours été l'idole des hommes, PASC.
Prov. 4 4. Je veux me faire une idole de la réputation
et de l'amitié, FÉN. t. xvm, p. 36. Il y a longtemps
que les hommes, toujours vains, font leur idole de
la gloire, MASS. Petit car. Gloire. || 5e 11 se dit d'un
homme qui se tient à ne rien faire. Il est 'là comme
une idole. D'abord nous n'avons su non plus que
d'une idole Lui tirer de la bouche une seule parole,
MAIRET, Soliman, m. 8. Et de n'entrevoir point de
plaisirs plus touchants Qu'une idole d'époux et des
marmots d'enfants, MOL. Femmes-sav. i, 4. tysi-
mon : Le second de mes fils n'est qu'une franche
idole; Vous le savez. — Pyrante : Eh bien? —Lys i-
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