Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-03-16
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 16 mars 1912 16 mars 1912
Description : 1912/03/16 (A52,N11). 1912/03/16 (A52,N11).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54566238
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
LE MONDE ARTISTE
louer la sautillante verve de M. Dehelly (c'est le che-
valier) ; la justesse de ton de Mlle Lara sous les traits
de la de Brie ; la rutilance de Mlle Rachel Boyer, vé-
ritable soubrette de Molière ; le rire sonore de
Mlle Faber (la Beauval), et ne point oublier non plus
la chacone (musiquée par M. Léon), si heureusement
reglée par Mlle Chasles, et si remarquablement
dansée par ces dames de la Comédie-Française gra-
cieusement empanachées qu'à la répétition géné-
rale on la voulut bisser.
Le Roi a reparu aux Variétés, et d'ici longtemps
encore, on peut le prévoir, la triomphante pièce de
MM. G.-A. de Caillavet, Robert de Fiers et Emma-
nuel Arène ne quittera pas l'affiche.
Pièce aristophanesque, ou comédie de moeurs,
l'oeuvre montre trop de belle humeur ou d'abon-
dante gaieté pour avoir l'âpreté de la satire poli-
tique, et elle représente avec trop de pénétration,
de finesse et de mesure, dans l'excès voulu de sa
bouffonnerie, certains aspects de la vie parlemen-
taire pour ne point garder la portée d'une véritable
peinture sociale. C'est, on l'a dit, un des plus heu-
reux essais du genre où excellèrent Meilhac et
Halévy, et qui permet à des philosophes qui ne s'en
font pas accroire de présenter la vérité sous le
couvert de la fantaisie.
Dans le cadre tout pimpant et tout battant neuf
que lui a donné M. Fernand Samuel, la pièce a
d'ailleurs retrouvé son éblouissante interprétation
du premier soir. Vous savez l'inoubliable création
que fit Albert Brasseur du roi Jean IV de Cerdagne.
Impossible d'être plus comique, tout en gardant
autant de mesure. A peine impertinent, sceptique
et bon garçon, et avec cela un brin sentimental,
il est tout cela, et il le révèle par un geste, un clin
d'oeil, un sourire dans sa grande barbe blonde. C'est
de l'art le plus fin. Et jamais, croyons-nous, l'éton-
nante Eve Lavallière ne nous montra plus complè-
tement l'étendue et la variété de son talent que
dans le rôle de Marthe Bourdier, où, tour à tour
tendre, émue, gamine, elle prodigue une verve folle,
une exquise sensibilité et une indescriptible drô-
lerie... Faut-il donc redire l'extraordinaire bouffon-
nerie de M. Max Dearly sous les divers travestis-
sements de M. Blond, l'irrésistible comique de
chacune de ses attitudes, de chacune de ses into-
nations ? Policier correct et chauve, domestique de
grand style, coiffeur chevelu et lyrique, tapissier
au visage broussailleux et à la démarche pénible,
c'est toujours pour le public une joie nouvelle, et il
suffit qu'il apparaisse pour que les spectateurs
éclatent de rire... Et vous vous rappelez la compo-
sition achevée du rôle épisodique du marquis de
Chamarande que nous offrit M. Guy, flatteusement
comparé à Thiron ; la très fine silhouette du prési-
dent du Conseil, 'esquissée par M. Prince ; le poli-
ticien millionnaire, aussi vaniteux que l'était
l'immortel Jourdain, représenté avec beaucoup de
tact et de naturel par M. Numès ; l'impayable
caricature du ministre bohème que fit applaudir
M. Moricey. Vous n'avez point oublié avec quelle
maîtrise et quelle autorité Mlle Lender, si somp-
tueusement élégante, joua les scènes de Thérèse
Marnix, comédienne également accomplie en amour
et en politique ; de quelle fraîche grâce, enfin,
Mlle Diéterle éclairait le bout de rôle de Suzette
Bourdier... Allez revoir le Roi.
Et, comme par hasard, nous retrouvons les au-
teurs du Roi — qui sont aussi ceux de Primerose —
dans les X, sous lesquels prétendent se dissimuler,
les habiles adaptateurs du Comte de Luxembourg,
en la nouvelle édition que vient de nous donner
l'Apollo.
Vous raconterai-je l'aventure du jeune comte dé-
cavé devenu, moyennant un chèque de cent mille
francs, le mari postiche et provisoire d'une comé-
dienne convoitée par un riche boyard... Pourquoi ce
mariage ? Pour que le boyard, vieux prince, puisse
épouser et faire princesse de la cour du tsar, non
pas une cabotine seulement, mais déjà une com-
tesse. Qu'arrive-t-il ensuite ? C'est que les conjoints
qui ne devaient jamais se voir et devaient divorcer
au bout de trois mois, se retrouvent tout naturelle-
ment, " se reconnaissent » et s'aiment, et... qu'ils
resteront unis, vous n'en avez jamais douté, je
pense, et vous avez eu mille fois raison.
Que vous dirai-je ? C'est que la pièce a " amusé »
— les X ont accompli ce tour de force — autant
qu'a plu la souple et jolie partition de Franz Lehar,
applaudie partout en Europe, et naguère au Vaude-
ville, en la saison viennoise que nous donna M. Léon
Poirier. Musique mélodique et charmante ; valses
chantées et dansées qui ont ravi le public, extra-
ordinairement diverti par Galipaux, l'incomparable
Galipaux, qui jamais n'obtint un plus grand succès.
A côté du merveilleux artiste, on a justement
applaudi les débuts d'une adroite et sympathique
chanteuse, Mme Brigitte Régent (pseudonyme d'une
femme du monde, dont le mari, M. Roussel, est un
médecin connu), et aussi l'apparition, sur une
grande scène, d'un comique plein de fantaisie,
M. Fernand Frey, partenaire de la mignonne et
verveuse Angèle Gril. Et n'oublions pas M. Defreyn,
un fort élégant comte de Luxembourg, à la voix si
prenante. Ainsi interprétée, montée avec un goût
parfait, la pièce a toutes les chances pour devenir,
à l'Apollo, le pendant de la Veuve Joyeuse...
EDMOND STOULLIG.
NOS GRAVURES
Cette semaine, nous sommes heureux de pouvoir
reproduire à notre première page le portrait de
Lecocq, le musicien si populaire au talent si délicat,
si gai, si gracieux, si spirituel, si français enfin,
français dans la bonne et franche acception du mot.
Ce portrait qui il y a vingt ans aurait été d'actualité,
l'est encore en 1912, et la Fille de Madame Angot,
qui vient d'obtenir le plus spontané des succès, l'est
aussi et le sera longtemps.
A la Comédie-Française, Ménage de Molière, la nou-
velle pièce de M. Maurice Donnay, fut aussi bien
accueillie que possible et l'interprétation admirable :
MM. Paul Mounet, Grand ; MMmes Leconte et Cerny
fut très applaudies.
Ces croquis sont dus au crayon de notre collabo-
rateur Renefer.
*t- 167 U
louer la sautillante verve de M. Dehelly (c'est le che-
valier) ; la justesse de ton de Mlle Lara sous les traits
de la de Brie ; la rutilance de Mlle Rachel Boyer, vé-
ritable soubrette de Molière ; le rire sonore de
Mlle Faber (la Beauval), et ne point oublier non plus
la chacone (musiquée par M. Léon), si heureusement
reglée par Mlle Chasles, et si remarquablement
dansée par ces dames de la Comédie-Française gra-
cieusement empanachées qu'à la répétition géné-
rale on la voulut bisser.
Le Roi a reparu aux Variétés, et d'ici longtemps
encore, on peut le prévoir, la triomphante pièce de
MM. G.-A. de Caillavet, Robert de Fiers et Emma-
nuel Arène ne quittera pas l'affiche.
Pièce aristophanesque, ou comédie de moeurs,
l'oeuvre montre trop de belle humeur ou d'abon-
dante gaieté pour avoir l'âpreté de la satire poli-
tique, et elle représente avec trop de pénétration,
de finesse et de mesure, dans l'excès voulu de sa
bouffonnerie, certains aspects de la vie parlemen-
taire pour ne point garder la portée d'une véritable
peinture sociale. C'est, on l'a dit, un des plus heu-
reux essais du genre où excellèrent Meilhac et
Halévy, et qui permet à des philosophes qui ne s'en
font pas accroire de présenter la vérité sous le
couvert de la fantaisie.
Dans le cadre tout pimpant et tout battant neuf
que lui a donné M. Fernand Samuel, la pièce a
d'ailleurs retrouvé son éblouissante interprétation
du premier soir. Vous savez l'inoubliable création
que fit Albert Brasseur du roi Jean IV de Cerdagne.
Impossible d'être plus comique, tout en gardant
autant de mesure. A peine impertinent, sceptique
et bon garçon, et avec cela un brin sentimental,
il est tout cela, et il le révèle par un geste, un clin
d'oeil, un sourire dans sa grande barbe blonde. C'est
de l'art le plus fin. Et jamais, croyons-nous, l'éton-
nante Eve Lavallière ne nous montra plus complè-
tement l'étendue et la variété de son talent que
dans le rôle de Marthe Bourdier, où, tour à tour
tendre, émue, gamine, elle prodigue une verve folle,
une exquise sensibilité et une indescriptible drô-
lerie... Faut-il donc redire l'extraordinaire bouffon-
nerie de M. Max Dearly sous les divers travestis-
sements de M. Blond, l'irrésistible comique de
chacune de ses attitudes, de chacune de ses into-
nations ? Policier correct et chauve, domestique de
grand style, coiffeur chevelu et lyrique, tapissier
au visage broussailleux et à la démarche pénible,
c'est toujours pour le public une joie nouvelle, et il
suffit qu'il apparaisse pour que les spectateurs
éclatent de rire... Et vous vous rappelez la compo-
sition achevée du rôle épisodique du marquis de
Chamarande que nous offrit M. Guy, flatteusement
comparé à Thiron ; la très fine silhouette du prési-
dent du Conseil, 'esquissée par M. Prince ; le poli-
ticien millionnaire, aussi vaniteux que l'était
l'immortel Jourdain, représenté avec beaucoup de
tact et de naturel par M. Numès ; l'impayable
caricature du ministre bohème que fit applaudir
M. Moricey. Vous n'avez point oublié avec quelle
maîtrise et quelle autorité Mlle Lender, si somp-
tueusement élégante, joua les scènes de Thérèse
Marnix, comédienne également accomplie en amour
et en politique ; de quelle fraîche grâce, enfin,
Mlle Diéterle éclairait le bout de rôle de Suzette
Bourdier... Allez revoir le Roi.
Et, comme par hasard, nous retrouvons les au-
teurs du Roi — qui sont aussi ceux de Primerose —
dans les X, sous lesquels prétendent se dissimuler,
les habiles adaptateurs du Comte de Luxembourg,
en la nouvelle édition que vient de nous donner
l'Apollo.
Vous raconterai-je l'aventure du jeune comte dé-
cavé devenu, moyennant un chèque de cent mille
francs, le mari postiche et provisoire d'une comé-
dienne convoitée par un riche boyard... Pourquoi ce
mariage ? Pour que le boyard, vieux prince, puisse
épouser et faire princesse de la cour du tsar, non
pas une cabotine seulement, mais déjà une com-
tesse. Qu'arrive-t-il ensuite ? C'est que les conjoints
qui ne devaient jamais se voir et devaient divorcer
au bout de trois mois, se retrouvent tout naturelle-
ment, " se reconnaissent » et s'aiment, et... qu'ils
resteront unis, vous n'en avez jamais douté, je
pense, et vous avez eu mille fois raison.
Que vous dirai-je ? C'est que la pièce a " amusé »
— les X ont accompli ce tour de force — autant
qu'a plu la souple et jolie partition de Franz Lehar,
applaudie partout en Europe, et naguère au Vaude-
ville, en la saison viennoise que nous donna M. Léon
Poirier. Musique mélodique et charmante ; valses
chantées et dansées qui ont ravi le public, extra-
ordinairement diverti par Galipaux, l'incomparable
Galipaux, qui jamais n'obtint un plus grand succès.
A côté du merveilleux artiste, on a justement
applaudi les débuts d'une adroite et sympathique
chanteuse, Mme Brigitte Régent (pseudonyme d'une
femme du monde, dont le mari, M. Roussel, est un
médecin connu), et aussi l'apparition, sur une
grande scène, d'un comique plein de fantaisie,
M. Fernand Frey, partenaire de la mignonne et
verveuse Angèle Gril. Et n'oublions pas M. Defreyn,
un fort élégant comte de Luxembourg, à la voix si
prenante. Ainsi interprétée, montée avec un goût
parfait, la pièce a toutes les chances pour devenir,
à l'Apollo, le pendant de la Veuve Joyeuse...
EDMOND STOULLIG.
NOS GRAVURES
Cette semaine, nous sommes heureux de pouvoir
reproduire à notre première page le portrait de
Lecocq, le musicien si populaire au talent si délicat,
si gai, si gracieux, si spirituel, si français enfin,
français dans la bonne et franche acception du mot.
Ce portrait qui il y a vingt ans aurait été d'actualité,
l'est encore en 1912, et la Fille de Madame Angot,
qui vient d'obtenir le plus spontané des succès, l'est
aussi et le sera longtemps.
A la Comédie-Française, Ménage de Molière, la nou-
velle pièce de M. Maurice Donnay, fut aussi bien
accueillie que possible et l'interprétation admirable :
MM. Paul Mounet, Grand ; MMmes Leconte et Cerny
fut très applaudies.
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