PARAMÉ S'ÉVEILLE
Après la pluie vient le beau temps;
après les mauvais jours les bons, après
le doux et charmant repos, le gracieux
et gai réveil !
Depuis un mois tout faisait pressentir
que l'éveil était proche, nombre d'étran-
gers, soucieux de se confortablement
loger, ambitieux de se choisir un chez
eux à leur goût et près du soleil (lise/
Casino) arrivaient déjà, afin que toute
installation fut faite lorsque sonnerait
(pardon, j'allais dire la diane le carrillon
des fêtes.
Et ce carillon si désiré sonne ce soir:
toutes grandes vont s'ouvrir les portes de
notre splendide Casino et parfait sera
l'accueil de son aimable directeur, chacun
le sait, aussi chacun s'empresse, car nul
parmi les nombreux habitués n'y veut
manquer.
E. RUAI,
PENDANT LA TEMPÊTE
La barque est petite et la mer immense;
La vague nous jette au ciel en courroux,
Le ciel nous renvoie au flot en démence
Prés du màt rompu prions i genoux !
De nous à la tombe il n'est qu'une planche.
Peut-être ce soir dans un lit amer,
Sous un froid linceul fait d'écume blanche
Irons-nous dormir; veillés par l'éclair !
Fleur du Paradis, sainte Notre-Dame,
Si bonne aux marins en péril de mort.
Apaise le vent, fais taire la lame
Et pousse du doigt notre esquif au port.
Nous te donnerons, si tu nous délivres,
Une belle robe en papier d'argent,
Un cierge à festons pesant quatre livres
Et pour ton Jésus un petit Saint-Jean.
Théophile GAUTIER.
|
Jm
de
KERMORËIi
PAR
TiiRopniLK JANVRAIS
Au tendre souvenir des deux êtres
chéris nui m'ont lnissû nrplie.
lin. je dédie ces pnge*.
Th. J.
1
C'était le jour de la Toussaint, il y a deux
ans.
Passant ma soirée dans un petit bourg de
h côte bretonne, tout près des rives de la
Rancc et sur le bord de cette bolle mer, la
Manche, qui venait de voir partir ses der-
niers admirateurs, je fis une courte prome-
nade aux environs, avant de retourner à
l'hôtel pour lu repas du soir.
Tranquillement, je m'en revenais par un
petit sentier longeant le cimetière, lorsque la
vue du Champ du Repos me plongea dans
une erandc rêverie.
La solennité de la Toussaint, les vêpres
des morts, la longue procession au cimetière
des fidèles en grand deuil, la visite faite par
moi chaque année à la tombe des deux êtres
chéris qui m'ont laissé seul ici-bas. le culte
pieux que l'on rend en Bretagne à tous les
enfants défunts de la paroisse ; à tous les
amis que l'on a connus et qui sont dans un
monde meilleur ; tout cela me revint à la
mémoire en ce moment, car
Le souvenir de* morts pénétre les vivants :
Leurs esprits sont pensifs, leurs devoirs entou-
rants.
Et ces pensées n'étaient que plus intenses,
plus troublantes même, à cet instant où
j'étais loin du pays natal.
A ce souvenir, je ne sais quel serrement de
coeur me saisit, me tenant sous le coup d'une
violente et bien attendrissante émotion t
La grille qui ouvrait l'entrée du cimetière
me rappela à la réalité. Heureux d'accomplir
la pieuse coutnme chère aux Bretons, j'en-
trai rendre une visite à ceux qui ne sont
plus.
Avec des allées propres, fraîchement sa-
blées et bien alignées ; des ifs, des cyprès,
des pins, des saules-pleureurs dispersés avec
goût ; d -s tombes garnies de fleurs et dte
verdure ; entourées de cordons de buis artis-
tement taillé ; des croix de toutes formes et
de toutes dimensions, blanches, grises ou
noires, aux nombreuses inscriptions cachées
par les couronnes de perles, couleur de
vierge ou de ténèbres ; ajoutons à cela quel-
ques tombeaux de granit rose tt le beau
caveau de famille des Kerléon de la Rivière,
ainsi que la grande croix en joli granit vert
de Kcrsanton, de la mission de 1880, et nous
aurons une exquisse de ce petit cimetière
perdu au milieu de la campagne verdoyante,
à quelques ceniaincs de mètres de la mer.
L'heure tardive qui venait de sonner au
vieux clocher me permit de visiter le lieu du
repos dans ses différentes parties sans gêner
les pieux habitants qui venaient là méditer
sur la tombe de leurs parents ou amis dé-
funts — accomplissant un devoir sacré et
cher.
J'errais ainsi à travers les sépultures, son-
geant au passé, lorsque j'arrivai dans un
coin du-cimetière où une tombe attira mon.
attention.
Dans cet endroit solitaire, un grand cyprès
étalait majestueusement jusqu'à terre ses
flexibles et épaisses ramures, dérobant pres-
que à la vue du visiteur un tombeau de
granit surmonté d'une petite croix de même
roche.
Pas une couronne, aucun de ces ornements
funéraires, des feuilles sèches, pas un de ces
souvenirs qu'on rencontre ordinairement au
Champ des Morts ; rien qui pût rappeler que
celui qui dormait là eût encore sur la terre
une âme pensant à lui, ni qu'une personne
amie l'eût seulement accompagné à sa der-
.ière demeure... La tombe d'un; orphelin
probablement?... Peut-être même celle d'un
exilé?
Que de sentiments troublants vous agitent
& cette pensée ! Que de souvenirs douloureux
dans ces mots qui me venaient naturellement
aux lèvres!...
L'exilé partout est seul.'...
Après la pluie vient le beau temps;
après les mauvais jours les bons, après
le doux et charmant repos, le gracieux
et gai réveil !
Depuis un mois tout faisait pressentir
que l'éveil était proche, nombre d'étran-
gers, soucieux de se confortablement
loger, ambitieux de se choisir un chez
eux à leur goût et près du soleil (lise/
Casino) arrivaient déjà, afin que toute
installation fut faite lorsque sonnerait
(pardon, j'allais dire la diane le carrillon
des fêtes.
Et ce carillon si désiré sonne ce soir:
toutes grandes vont s'ouvrir les portes de
notre splendide Casino et parfait sera
l'accueil de son aimable directeur, chacun
le sait, aussi chacun s'empresse, car nul
parmi les nombreux habitués n'y veut
manquer.
E. RUAI,
PENDANT LA TEMPÊTE
La barque est petite et la mer immense;
La vague nous jette au ciel en courroux,
Le ciel nous renvoie au flot en démence
Prés du màt rompu prions i genoux !
De nous à la tombe il n'est qu'une planche.
Peut-être ce soir dans un lit amer,
Sous un froid linceul fait d'écume blanche
Irons-nous dormir; veillés par l'éclair !
Fleur du Paradis, sainte Notre-Dame,
Si bonne aux marins en péril de mort.
Apaise le vent, fais taire la lame
Et pousse du doigt notre esquif au port.
Nous te donnerons, si tu nous délivres,
Une belle robe en papier d'argent,
Un cierge à festons pesant quatre livres
Et pour ton Jésus un petit Saint-Jean.
Théophile GAUTIER.
|
Jm
de
KERMORËIi
PAR
TiiRopniLK JANVRAIS
Au tendre souvenir des deux êtres
chéris nui m'ont lnissû nrplie.
lin. je dédie ces pnge*.
Th. J.
1
C'était le jour de la Toussaint, il y a deux
ans.
Passant ma soirée dans un petit bourg de
h côte bretonne, tout près des rives de la
Rancc et sur le bord de cette bolle mer, la
Manche, qui venait de voir partir ses der-
niers admirateurs, je fis une courte prome-
nade aux environs, avant de retourner à
l'hôtel pour lu repas du soir.
Tranquillement, je m'en revenais par un
petit sentier longeant le cimetière, lorsque la
vue du Champ du Repos me plongea dans
une erandc rêverie.
La solennité de la Toussaint, les vêpres
des morts, la longue procession au cimetière
des fidèles en grand deuil, la visite faite par
moi chaque année à la tombe des deux êtres
chéris qui m'ont laissé seul ici-bas. le culte
pieux que l'on rend en Bretagne à tous les
enfants défunts de la paroisse ; à tous les
amis que l'on a connus et qui sont dans un
monde meilleur ; tout cela me revint à la
mémoire en ce moment, car
Le souvenir de* morts pénétre les vivants :
Leurs esprits sont pensifs, leurs devoirs entou-
rants.
Et ces pensées n'étaient que plus intenses,
plus troublantes même, à cet instant où
j'étais loin du pays natal.
A ce souvenir, je ne sais quel serrement de
coeur me saisit, me tenant sous le coup d'une
violente et bien attendrissante émotion t
La grille qui ouvrait l'entrée du cimetière
me rappela à la réalité. Heureux d'accomplir
la pieuse coutnme chère aux Bretons, j'en-
trai rendre une visite à ceux qui ne sont
plus.
Avec des allées propres, fraîchement sa-
blées et bien alignées ; des ifs, des cyprès,
des pins, des saules-pleureurs dispersés avec
goût ; d -s tombes garnies de fleurs et dte
verdure ; entourées de cordons de buis artis-
tement taillé ; des croix de toutes formes et
de toutes dimensions, blanches, grises ou
noires, aux nombreuses inscriptions cachées
par les couronnes de perles, couleur de
vierge ou de ténèbres ; ajoutons à cela quel-
ques tombeaux de granit rose tt le beau
caveau de famille des Kerléon de la Rivière,
ainsi que la grande croix en joli granit vert
de Kcrsanton, de la mission de 1880, et nous
aurons une exquisse de ce petit cimetière
perdu au milieu de la campagne verdoyante,
à quelques ceniaincs de mètres de la mer.
L'heure tardive qui venait de sonner au
vieux clocher me permit de visiter le lieu du
repos dans ses différentes parties sans gêner
les pieux habitants qui venaient là méditer
sur la tombe de leurs parents ou amis dé-
funts — accomplissant un devoir sacré et
cher.
J'errais ainsi à travers les sépultures, son-
geant au passé, lorsque j'arrivai dans un
coin du-cimetière où une tombe attira mon.
attention.
Dans cet endroit solitaire, un grand cyprès
étalait majestueusement jusqu'à terre ses
flexibles et épaisses ramures, dérobant pres-
que à la vue du visiteur un tombeau de
granit surmonté d'une petite croix de même
roche.
Pas une couronne, aucun de ces ornements
funéraires, des feuilles sèches, pas un de ces
souvenirs qu'on rencontre ordinairement au
Champ des Morts ; rien qui pût rappeler que
celui qui dormait là eût encore sur la terre
une âme pensant à lui, ni qu'une personne
amie l'eût seulement accompagné à sa der-
.ière demeure... La tombe d'un; orphelin
probablement?... Peut-être même celle d'un
exilé?
Que de sentiments troublants vous agitent
& cette pensée ! Que de souvenirs douloureux
dans ces mots qui me venaient naturellement
aux lèvres!...
L'exilé partout est seul.'...
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