Presse et revues
8 pages
Titre : La Fronde : revue des lettres & des arts / rédacteur en chef Georges Maillard ; administrateur Théophile Gouzien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-25
Contributeur : Maillard, Georges (1837-1897). Directeur de publication
Contributeur : Gouzien, Théophile. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32778873n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42 Nombre total de vues : 42
Description : 25 avril 1868 25 avril 1868
Description : 1868/04/25 (A1,SER2,N4). 1868/04/25 (A1,SER2,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5445312v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-194
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/09/2008
"J ' « SOMMAIRE
PROFILS ET,ENIGMES OEdipe
LES DROITS DE LA FEMME Francis Magnard
KLES ETOUFFEURS Ivan de Woestyne
.LEJ DÉFINITIONS DU DOCTEUR PANGLOSS. Candide
LES MARCHANDS D'UOMMES "Alfred Roger
UNE GUÉRISON INSTANTANÉE. .... Pierre Boyer
A GOLIATH . " . , Léon Dommartin.
LA SEMAINE ,. , Victor Noir
LES COULISSES. .......... Emile Blavet
PETITS JOURNALISTES ET PETITS JOURNAUX
« Et le Très-Haut dans sa colère nous envoya
« une huititme et dernkrâ plaie.
« ISAÏE. »
- Alors on les vit poindre partout comme des champignons mal-
sains sur un tronc d'arbre pourri.
Ils arrivaient bâton en main et besace au dos, ces pèlerins de
scandale ! Chez eux tout sonnait creux, le coeur, l'esprit et la
bourse !
On les fuyait comme des réprouvés ; les portes se fermaient à
leur approche; les mains se cachaient pour éviter leur étreinte;'
n'avaient-ils pas mis souvent leur plume au service des mau-
vaises passions et bavé sur toutes les gloires,?
. Les gens honnêtes se les montraient du doigt, sur les boule-
vards, dans les rues, et se détournaient en murmurant : « Encore
un folliculaire ! »
Et eux passaient fièrement, drapés dans leurs vices comme en
un manteau royal, traînant à leur suite toute uife bande d'adep-
tes affamés, apôtres de la fainéantise et de l'absinthe !
Quelque jour d'orgie, alors que l'orgueil leur était monté à la
tête, ils avaient tracé leur nônraubas d'une page scandaleuse,
et leurs aînés avaient battu des mains ! « Bien mordu, ser-
pent !»
Ce jour-là ils recevaient le baptême de l'encre — une pauvre
cérémonie où l'orgueil tenait l'encensoir, où les vices, commu-
niaient sous toutes les espèces
Apssi étaient-ils arrivés de tous côtés, se bousculant, jouant
des coudes, afin d'avoir la meilleure place au soleil de la publi-
cité.
Ce fut la belle époque des feuilles de choux. Tous les quinze
jours on en voyait pousser une nouvelle; parfois se glissait
parmi elles une pâle feuil e de nénuphar, que de bons et doux
jeunes gens entreprenaient d'acclimater ; et le bourgeois se nour-.
"rissait avec ravissement de son style sans, couleur et sans
saveur!- v> / ;—-v-^-*—^^^ v , v ,
On se fatigue de tout, même des f illiculaires et des doctrines
pernicieuses, et le bon sens public fit justice de ces créations
malsaines. La plupart de ces feuilles de choux s'étiolèrent et
moururent, et les chevaliers de la plume qui les avaient inven-
tées retournèrent, l'oreille basse et l'air penaud, dans les brasse-
ries qui les avaient vus naître. '
Quelques-unes continuèrent cependant à végéter, malgré l'in-
différence publique, soutenues tant bien que mal par les bons
amis de la rédaction ; mais leur existence est bien éphémère !
" Est-il donc enfin venu le temps où une feuille vivace, poussant
tout à'coup au milieu de ces végétations aux pâles couleurs,'
pourra,' soutenue par l'estime publique, prendre assez d'accrois-
sement pour étouffer les mauvaises herbes?
' "Allons, Fronde, à la rescousse ! tu viens de naître à peine, mais
lès noms de tes parrains t'ont déjà faite hardie et forte. Fais jus-
tice de tous les vices et de toutes les infamies ; sarcle sans pitié
les mauvaises herbes qui t'entourent; fais voir qu'une plume
énergique n'est pas un moyen de chantage, et frappe en plein
front les lâches qui menacent de leur épée vile ceux que leur plume
insulte.
Qu'on sache par toi que le journalisme est une mission
qu'une conscience de rédacteur n'est ni à* vendre, ni à acheter ;
et que les honnêtes gens ne se figurent plus qu'avec 500 francs
on peut faire dire à un critique que maître Aliboron est un pur-
sang, tandis qu'en fait ce n'est qu'un âne.
Et on comptera avec toi ! et toutes les mains se tendront vers
toi!
Tu auras à lutter, sans doute ; mais] la lutte fortifie : et ce
PROFILS ET,ENIGMES OEdipe
LES DROITS DE LA FEMME Francis Magnard
KLES ETOUFFEURS Ivan de Woestyne
.LEJ DÉFINITIONS DU DOCTEUR PANGLOSS. Candide
LES MARCHANDS D'UOMMES "Alfred Roger
UNE GUÉRISON INSTANTANÉE. .... Pierre Boyer
A GOLIATH . " . , Léon Dommartin.
LA SEMAINE ,. , Victor Noir
LES COULISSES. .......... Emile Blavet
PETITS JOURNALISTES ET PETITS JOURNAUX
« Et le Très-Haut dans sa colère nous envoya
« une huititme et dernkrâ plaie.
« ISAÏE. »
- Alors on les vit poindre partout comme des champignons mal-
sains sur un tronc d'arbre pourri.
Ils arrivaient bâton en main et besace au dos, ces pèlerins de
scandale ! Chez eux tout sonnait creux, le coeur, l'esprit et la
bourse !
On les fuyait comme des réprouvés ; les portes se fermaient à
leur approche; les mains se cachaient pour éviter leur étreinte;'
n'avaient-ils pas mis souvent leur plume au service des mau-
vaises passions et bavé sur toutes les gloires,?
. Les gens honnêtes se les montraient du doigt, sur les boule-
vards, dans les rues, et se détournaient en murmurant : « Encore
un folliculaire ! »
Et eux passaient fièrement, drapés dans leurs vices comme en
un manteau royal, traînant à leur suite toute uife bande d'adep-
tes affamés, apôtres de la fainéantise et de l'absinthe !
Quelque jour d'orgie, alors que l'orgueil leur était monté à la
tête, ils avaient tracé leur nônraubas d'une page scandaleuse,
et leurs aînés avaient battu des mains ! « Bien mordu, ser-
pent !»
Ce jour-là ils recevaient le baptême de l'encre — une pauvre
cérémonie où l'orgueil tenait l'encensoir, où les vices, commu-
niaient sous toutes les espèces
Apssi étaient-ils arrivés de tous côtés, se bousculant, jouant
des coudes, afin d'avoir la meilleure place au soleil de la publi-
cité.
Ce fut la belle époque des feuilles de choux. Tous les quinze
jours on en voyait pousser une nouvelle; parfois se glissait
parmi elles une pâle feuil e de nénuphar, que de bons et doux
jeunes gens entreprenaient d'acclimater ; et le bourgeois se nour-.
"rissait avec ravissement de son style sans, couleur et sans
saveur!- v> / ;—-v-^-*—^^^ v , v ,
On se fatigue de tout, même des f illiculaires et des doctrines
pernicieuses, et le bon sens public fit justice de ces créations
malsaines. La plupart de ces feuilles de choux s'étiolèrent et
moururent, et les chevaliers de la plume qui les avaient inven-
tées retournèrent, l'oreille basse et l'air penaud, dans les brasse-
ries qui les avaient vus naître. '
Quelques-unes continuèrent cependant à végéter, malgré l'in-
différence publique, soutenues tant bien que mal par les bons
amis de la rédaction ; mais leur existence est bien éphémère !
" Est-il donc enfin venu le temps où une feuille vivace, poussant
tout à'coup au milieu de ces végétations aux pâles couleurs,'
pourra,' soutenue par l'estime publique, prendre assez d'accrois-
sement pour étouffer les mauvaises herbes?
' "Allons, Fronde, à la rescousse ! tu viens de naître à peine, mais
lès noms de tes parrains t'ont déjà faite hardie et forte. Fais jus-
tice de tous les vices et de toutes les infamies ; sarcle sans pitié
les mauvaises herbes qui t'entourent; fais voir qu'une plume
énergique n'est pas un moyen de chantage, et frappe en plein
front les lâches qui menacent de leur épée vile ceux que leur plume
insulte.
Qu'on sache par toi que le journalisme est une mission
qu'une conscience de rédacteur n'est ni à* vendre, ni à acheter ;
et que les honnêtes gens ne se figurent plus qu'avec 500 francs
on peut faire dire à un critique que maître Aliboron est un pur-
sang, tandis qu'en fait ce n'est qu'un âne.
Et on comptera avec toi ! et toutes les mains se tendront vers
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