Titre : Le Papillon : arts, lettres, industrie / directrice Olympe Audouard
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1862-05-25
Contributeur : Audouard, Olympe (1832-1890). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32831916r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1980 Nombre total de vues : 1980
Description : 25 mai 1862 25 mai 1862
Description : 1862/05/25 (A2,N34). 1862/05/25 (A2,N34).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5439932n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1048
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
2e ANNÉE.
25 MAI 1862.
N° 34.
LE PAPILLON
ARTS — LETTRES - INDUSTRIE
COURRIER DE LA PROVENGE
Je pourrais, chers et aimables lecteurs, vous
mentir, dater mon courrier de Paris, vous parler des
courses, des derniers bals; vous dire qu'autour du
lac, la blonde et sentimentale madame X a toujours
ses airs de saule pleureur, un bouquet de violettes
à la main; que madame *** a ajouté deux couches
de blanc sur ses joues, deux de carmin sur'ses
•lèvres, a augmenté la dose de pyromé oriental qui
a mission de donner à ses yeux un feu éteint depuis
longtemps. Je pourrais vous bavarder quatre co-
lonnes durant sur la capitale, et ne point vous
avouer que j'ai pris la clef des champs pour aller
me réchauffer au brillant soleil de la belle Provence.
Mais j'ai le mensonge en horreur; je trouve que
c'est' le plus vilain vice du monde, dont il faut
laisser le monopole.aux hommes... Je vous fais en
conséquence mes très-sincères excuses : vous n'aurez
pas de courrier de Paris. Votre chroniqueuse vous
demande quinze jours de congé, quinze jours d'air
pur, de ciel bleu, de soleil chaud : il faut bien cela
après un hiver passé à Paris, à barboter dans sa
boue noirâtre, à respirer son atmosphère brumeuse
sous son ciel terne et gris.
Paris, dans cette saison, est insupportable : les
théâtres ferment, ceux qui ne ferment pas ont à leur
ordre du jour une chaleur suffocante, une odeur
d'huile à quinquet, de gaz, de je ne sais quoi qui
Vous porte â siffler la pièce la mieux réussie.
Mais, me direz-vous, pourquoi aller chercher la
campagne si loin, alors que près de Paris elle est si
belle?... Ah oui ! parlez-en, de votre campagne ! Vue
de loin, c'est vrai, elle est superbe; mais descendez
de voiture et promènez-vous dans ces forêts, celle
de Saint-Germain par exemple : vous y avez des
allées tapissées de gazon, ombragées par de beaux
arbres , des rossignols y gazouillent agréable-
ment. Mais... il y a un mais... et quel mais, grand
Dieu!... les arbres ne sont pas peuplés seulement
de rossignols et de fauvettes ; ils sont, hélas! couverts
de chenilles!... de sorte qu'en vous promenant, il
vous en tombe une pluie sur la tête, dans le cou,
dans les cheveux!... Tenez, j'ai le frisson rien que
d'y songer!... Connaissez-vous rien de plus affreux
que la chenille?... regardez-la rampant sur les
feuilles , se tortillant, relevant la tête, déposant sa
bave et son venin partout... Un jour, un prêtre de.
l'Orient disait dans un discours qu'il faisait dans une
mosquée : « Dieu n'a rien fait d'inutile dans la créa-
tion ; toute chose a son "but, toute bête son uti-
lité... » Un poëte, présent, l'interrompit et lui dit:
« Mais si Dieu, en créant la punaise, avait respiré
son odeur, je crois bien qu'il l'aurait renvoyée dans
le néant. » Eh bien, j'en dis autant pour la chenille ;
je crois que s'il l'avait examinée attentivement, il ne
l'aurait point laissée vivre... Tout a son envers dans
ce monde. La campagne, si belle, si séduisante, a la
chenille!... Le monde a des chenilles de mille
formes, à la bave venimeuse et empestée... »
La campagne de Paris, suivant l'exemple de la
capitale, est une grande menteuse : elle séduit, elle
attire... et une fois que l'on est sous ses ombrages,
25 MAI 1862.
N° 34.
LE PAPILLON
ARTS — LETTRES - INDUSTRIE
COURRIER DE LA PROVENGE
Je pourrais, chers et aimables lecteurs, vous
mentir, dater mon courrier de Paris, vous parler des
courses, des derniers bals; vous dire qu'autour du
lac, la blonde et sentimentale madame X a toujours
ses airs de saule pleureur, un bouquet de violettes
à la main; que madame *** a ajouté deux couches
de blanc sur ses joues, deux de carmin sur'ses
•lèvres, a augmenté la dose de pyromé oriental qui
a mission de donner à ses yeux un feu éteint depuis
longtemps. Je pourrais vous bavarder quatre co-
lonnes durant sur la capitale, et ne point vous
avouer que j'ai pris la clef des champs pour aller
me réchauffer au brillant soleil de la belle Provence.
Mais j'ai le mensonge en horreur; je trouve que
c'est' le plus vilain vice du monde, dont il faut
laisser le monopole.aux hommes... Je vous fais en
conséquence mes très-sincères excuses : vous n'aurez
pas de courrier de Paris. Votre chroniqueuse vous
demande quinze jours de congé, quinze jours d'air
pur, de ciel bleu, de soleil chaud : il faut bien cela
après un hiver passé à Paris, à barboter dans sa
boue noirâtre, à respirer son atmosphère brumeuse
sous son ciel terne et gris.
Paris, dans cette saison, est insupportable : les
théâtres ferment, ceux qui ne ferment pas ont à leur
ordre du jour une chaleur suffocante, une odeur
d'huile à quinquet, de gaz, de je ne sais quoi qui
Vous porte â siffler la pièce la mieux réussie.
Mais, me direz-vous, pourquoi aller chercher la
campagne si loin, alors que près de Paris elle est si
belle?... Ah oui ! parlez-en, de votre campagne ! Vue
de loin, c'est vrai, elle est superbe; mais descendez
de voiture et promènez-vous dans ces forêts, celle
de Saint-Germain par exemple : vous y avez des
allées tapissées de gazon, ombragées par de beaux
arbres , des rossignols y gazouillent agréable-
ment. Mais... il y a un mais... et quel mais, grand
Dieu!... les arbres ne sont pas peuplés seulement
de rossignols et de fauvettes ; ils sont, hélas! couverts
de chenilles!... de sorte qu'en vous promenant, il
vous en tombe une pluie sur la tête, dans le cou,
dans les cheveux!... Tenez, j'ai le frisson rien que
d'y songer!... Connaissez-vous rien de plus affreux
que la chenille?... regardez-la rampant sur les
feuilles , se tortillant, relevant la tête, déposant sa
bave et son venin partout... Un jour, un prêtre de.
l'Orient disait dans un discours qu'il faisait dans une
mosquée : « Dieu n'a rien fait d'inutile dans la créa-
tion ; toute chose a son "but, toute bête son uti-
lité... » Un poëte, présent, l'interrompit et lui dit:
« Mais si Dieu, en créant la punaise, avait respiré
son odeur, je crois bien qu'il l'aurait renvoyée dans
le néant. » Eh bien, j'en dis autant pour la chenille ;
je crois que s'il l'avait examinée attentivement, il ne
l'aurait point laissée vivre... Tout a son envers dans
ce monde. La campagne, si belle, si séduisante, a la
chenille!... Le monde a des chenilles de mille
formes, à la bave venimeuse et empestée... »
La campagne de Paris, suivant l'exemple de la
capitale, est une grande menteuse : elle séduit, elle
attire... et une fois que l'on est sous ses ombrages,
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