Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1841-09-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 septembre 1841 16 septembre 1841
Description : 1841/09/16 (A2,N73). 1841/09/16 (A2,N73).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54342333
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2008
les Temps où nous vivons.
Si l'on vous avait dit lundi dernier : Trois jeu-
nes frères long-temps séparés se revoyaient pour la
première fois. Après plusieurs mois d'éloignement
ils se donnaient la main au nom de la famille, au
nom de l'amitié du sang. Tous trois nobles et bra-
ves, tous trois soldats du pays, rapportaient par-
mi nous un vieux drapeau déchiré par les balles ,
que le plus jeune avait défendu sur les champs de
batailles.
Si, sans vous nommer ces trois frères, on avait
ajouté: la balle d'un assassin a menacé leurs jours.
1 N'est-il pas vrai que ce crime social vous aurait
semblé impossible ?
Pour ma part, je n'ai pas besoin de me dire que
ces jeunes hommes étaient des fils de roi, pour
trouver leur amitié touchante, et l'attentat du meur-
trier inouï.
A Dieu ne plaise que j'aborde jamais en pareille
matière les considérations politiques, ces grands
dessicatifs du coeur. Ce n'est point là d'ailleurs
qu'il faut chercher les causes de nos infamies iso-
lées. Pendant que les grands journaux s'évertuent
à faire miroiter l'attentat selon les besoins de leur
communion politique, ils ne voient pas que notre
ontologie morale est la première maladie de l'épo-
que.
Si le peuple est mauvais , messieurs, si sa bou-
che qui bénissait jadis la majesté royale n'a plus au-
jourd'hui que des malédictions, si sa main, autre-
fois laborieuse, s'essaye maintenant à l'assassinat,
gardez-vous d'en rejeter l'opprobre sur telle ou
telle façon ministérielle.
J Petites gens et petites pensées ! Vous ne voyez
donc pas que les existences réunies de vingt, de
trente ministères, ne pourraient jamais, si dépra-
vées qu'elles fussent, occasionner la consomption
qui nous tue. Le mal n'est pas là, croyez-le ; il est
précisément où vous ne le cherchez pas, il est dans
cet orgueil furieux et dépravé qui a élevé l'homme-
peuple, non seulement au dessus des trônes, mais
au dessus de Dieu.
Qu'avons-nous fait depuis près d'un siècle, ou,
pour mieux dire, qu'ont fait lés philosophes, les
socialistes, les humanitaires et les réformateurs ?
Ils ont détourné pièce à pièce le coeur de l'homme
de toutes les idées religieuses ; ils ont brisé tous
les autels et jeté aux vents des partis leurs débris
consacrés. Qu'en est-il résulté ? C'est que le peu-
ple, n'ayant plus de foi, partant plus de lumière,
a erré dans la nuit de son coeur et de son intelli-
gence. Cette âme collective est tombée dans le
o
doute, et le doute l'a glacée. Quand le peuple n'a
plus rien aimé, il s'est mis à haïr. Le jour où on a
enlevé de son coeur sa dernière croyance, on a
mis dans sa main l'arme des meurtriers ; le jour
où l'on a tué ses dieux, il a voulu tuer ses rois.
Voilà notre époque.
Concevez-vous maintenant qu'une foi quelcon-
que est nécessaire à l'homme ? que Cette foi s'ap-
pelle Visnou, Mahomet ou le Christ, peu importe
à la société : mais cette société ne peut vivre qu'a-
vec des croyances, des autels et des cultes.
Je ne sais quel monarque avait écrit en tête de
ses lois cet article unique qui me semble fort sage :
«Nul ne pourra habiter le royaume, s'il ne jus-
» tifie de la pratique d'une religion quelconque. »
.. M III Mil"
L'administration de l'Opéra vient de vanner le
menu de son grain. Elle a mis hors la loi, et, ce
qui Yaut mieux encore, hors de son personnel,
, cinq ou six RATS célèbres dans un monde peu dilet-
tante. En conséquence, Mmes Ronge-tout, Brise-
maille, Passe-partout, Grignottine et autr^^ttB^'x.
cessé d'édifier le public de la rue LepelMierS Qtt ■-f^\
ignore quel est aujourd'hui le nouvel étMjj^tjique'-Q:||v
de ces clames ; on ne dit pas si elles smtj^fyé^'^W
dans la vie privée. ^filWM
. H!^03>
Quant à Mme Stoltz, nous n'apprenons pas en'
core qu'elle se soit indisposée pour "cause de dé-
part. Nous désirons tellement, dans l'intérêt de
l'Opéra, la rupture de cet engagement, que nous
avons cru récemment sur parole un habitué qui
nous disait :
■— M. Léon Pillet a perdu Mme Stoltz.
A propos de Mme Stoltz, nous lui demanderons
en passant,- quels motifs impérieux faisaient lundi
dernier obliquer ses regards. Peu soucieuse du pu-
blic qui se trouvait en face d'elle, elle a chanté tout
son rôle dans le Comte Ory en fixant une loge
d'avant-scène à gauche de l'acteur. •
Plusieurs habitués ont vainement cherché la
cause de ces préoccupations. Ils ont arbitré cepen-
dant que cette loge ayant tout au plus trois pieds
de large, devait être une loge d'un mètre.
Une personne digne de foi nous transmet au-
jourd'hui de nouveaux renseignemens sur Mlle
Fanny Elssler. 11 paraît certain qu'au lieu de pas-
ser encore une année à New-York, comme on l'a-
vait dit, la célèbre danseuse revient en France
pour soutenir son procès contre l'Opéra. Déjà
même, Mlle Thérèse, sa soeur, a reçu contre-or-
dre, au moment de partir pour aller la rejoindre.'
Si l'on vous avait dit lundi dernier : Trois jeu-
nes frères long-temps séparés se revoyaient pour la
première fois. Après plusieurs mois d'éloignement
ils se donnaient la main au nom de la famille, au
nom de l'amitié du sang. Tous trois nobles et bra-
ves, tous trois soldats du pays, rapportaient par-
mi nous un vieux drapeau déchiré par les balles ,
que le plus jeune avait défendu sur les champs de
batailles.
Si, sans vous nommer ces trois frères, on avait
ajouté: la balle d'un assassin a menacé leurs jours.
1 N'est-il pas vrai que ce crime social vous aurait
semblé impossible ?
Pour ma part, je n'ai pas besoin de me dire que
ces jeunes hommes étaient des fils de roi, pour
trouver leur amitié touchante, et l'attentat du meur-
trier inouï.
A Dieu ne plaise que j'aborde jamais en pareille
matière les considérations politiques, ces grands
dessicatifs du coeur. Ce n'est point là d'ailleurs
qu'il faut chercher les causes de nos infamies iso-
lées. Pendant que les grands journaux s'évertuent
à faire miroiter l'attentat selon les besoins de leur
communion politique, ils ne voient pas que notre
ontologie morale est la première maladie de l'épo-
que.
Si le peuple est mauvais , messieurs, si sa bou-
che qui bénissait jadis la majesté royale n'a plus au-
jourd'hui que des malédictions, si sa main, autre-
fois laborieuse, s'essaye maintenant à l'assassinat,
gardez-vous d'en rejeter l'opprobre sur telle ou
telle façon ministérielle.
J Petites gens et petites pensées ! Vous ne voyez
donc pas que les existences réunies de vingt, de
trente ministères, ne pourraient jamais, si dépra-
vées qu'elles fussent, occasionner la consomption
qui nous tue. Le mal n'est pas là, croyez-le ; il est
précisément où vous ne le cherchez pas, il est dans
cet orgueil furieux et dépravé qui a élevé l'homme-
peuple, non seulement au dessus des trônes, mais
au dessus de Dieu.
Qu'avons-nous fait depuis près d'un siècle, ou,
pour mieux dire, qu'ont fait lés philosophes, les
socialistes, les humanitaires et les réformateurs ?
Ils ont détourné pièce à pièce le coeur de l'homme
de toutes les idées religieuses ; ils ont brisé tous
les autels et jeté aux vents des partis leurs débris
consacrés. Qu'en est-il résulté ? C'est que le peu-
ple, n'ayant plus de foi, partant plus de lumière,
a erré dans la nuit de son coeur et de son intelli-
gence. Cette âme collective est tombée dans le
o
doute, et le doute l'a glacée. Quand le peuple n'a
plus rien aimé, il s'est mis à haïr. Le jour où on a
enlevé de son coeur sa dernière croyance, on a
mis dans sa main l'arme des meurtriers ; le jour
où l'on a tué ses dieux, il a voulu tuer ses rois.
Voilà notre époque.
Concevez-vous maintenant qu'une foi quelcon-
que est nécessaire à l'homme ? que Cette foi s'ap-
pelle Visnou, Mahomet ou le Christ, peu importe
à la société : mais cette société ne peut vivre qu'a-
vec des croyances, des autels et des cultes.
Je ne sais quel monarque avait écrit en tête de
ses lois cet article unique qui me semble fort sage :
«Nul ne pourra habiter le royaume, s'il ne jus-
» tifie de la pratique d'une religion quelconque. »
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L'administration de l'Opéra vient de vanner le
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, cinq ou six RATS célèbres dans un monde peu dilet-
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maille, Passe-partout, Grignottine et autr^^ttB^'x.
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. H!^03>
Quant à Mme Stoltz, nous n'apprenons pas en'
core qu'elle se soit indisposée pour "cause de dé-
part. Nous désirons tellement, dans l'intérêt de
l'Opéra, la rupture de cet engagement, que nous
avons cru récemment sur parole un habitué qui
nous disait :
■— M. Léon Pillet a perdu Mme Stoltz.
A propos de Mme Stoltz, nous lui demanderons
en passant,- quels motifs impérieux faisaient lundi
dernier obliquer ses regards. Peu soucieuse du pu-
blic qui se trouvait en face d'elle, elle a chanté tout
son rôle dans le Comte Ory en fixant une loge
d'avant-scène à gauche de l'acteur. •
Plusieurs habitués ont vainement cherché la
cause de ces préoccupations. Ils ont arbitré cepen-
dant que cette loge ayant tout au plus trois pieds
de large, devait être une loge d'un mètre.
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Fanny Elssler. 11 paraît certain qu'au lieu de pas-
ser encore une année à New-York, comme on l'a-
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pour soutenir son procès contre l'Opéra. Déjà
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