Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1841-05-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mai 1841 16 mai 1841
Description : 1841/05/16 (A2,N39). 1841/05/16 (A2,N39).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54341879
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2008
j ■ TRANSLATION DE L'OPÉRA. •
l L'abandon du bâtiment provisoire qui abrite
j depuis trop long-temps les rossignols de l'Aca-
| demie royale vient d'être remis [sérieusement
■ | en question. L'opinion la plus générale et, di-
; I sons-le aussi, la plus raisonnable, voulait qu'un
| bâtiment définitif fût élevé dans la rue Grange-
I Batelière, à l'endroit occupé par la mairie du 2°
| arrondissement et l'administration de l'octroi.
| Par ce moyen, le quartier des lorettes restait ce
| qu'il doit être indispensablement, le centre de
11 la mode et de l'élégance parisienne 5 il conser-
| vait ses us et coutumes, sa physionomie propre,
| et surtout cette activité artistique qui seule le
J fait vivre.
Mais voici que, d'après certains bruits, il
j s'agirait d'assigner à notre premier théâtre ly-
rique la position qui lui convient le moins. On
I voudrait que le monument définitif fut élevé
' f place du Palais - Royal, sur l'emplacement
f encore occupé par l'ancien Château - d'Eau.
; Concevez - vous l'Opéra, ce foyer de notre
j art moderne, dans les échelles du Palais-
f Royal, ce vieux centre de nos mouvemens
if boutiquiers? Concevez - vous le libre Guil-
laume Tell coudoyant chaque jour un es-
clave du denier-douze ou de la demi-aune?
I Concevez-vous enfin cette émigration de l'art au
milieu du commerce? Et puis, qui vous a dit
que cette partie du monde élégant, assez riche
pour porter des bottes vernies , assez modeste
pour n'avoir pas équipages, consentirait à aller
i se crotter dans les récifs de la rue Saint-Tho-
I nias-du-Louvre et autres impasses analogues?
Prenez-y garde , il y a de ces viens qui sont
beaucoup pour la mode, ia plus capricieuse des
femmes.
On a dit que l'indifférence ou la faiblesse de
la haute administration éiuiApour beaucoup dans
cette faute de sens. En vérité, depuis que les
exploitations théâtrales deviennent chaque jour
plus difficiles, on dirait qu'un mauvais génie
s'acharne à les rendre impossibles.
Nous avons reçu des détails sur les débuts de
mademoiselle Rachet à Queen's-theatre. Le rôle
d'Hermione, qu'elle a joué avec ces sublimes
élans dont elle a le secret, a transporté le fleg-
matique John Bull dans un indicible enthou-
siasme. L'héroïne de cette fête, où assistait en
première ligne le duc de Wellington a été rede-
mandée à la fin du spectacle et saluée par les
salves les mieux nourries d'applaudissemens fré-
nétiques. Il faut avoir vu le peuple anglais dans
ses ovations théâtrales, pour se faire une idée de
cette solennité.
On s'est beaucoup entretenu ces jours-ci ,
dans le grand monde, d'un enlèvement assez
considérable. L'une des filles de l'infant d'Espa-
gne a pris la fuite avec un jeune officier po-
lonais qui lui avait inspiré sentimens. Les télé-
graphes du roi ont été mis aussitôt à la recher-
che de ces deux pauvres fous qui ne tar-
deront pas à être capturés. La fille d'un bour-
geois aurait tout simplement été fiancée à son
ravisseur; la fille d'un prince du sang sera, sans
doute, enfermée dans un cloître.
Un autre enlèvement, celui de mademoiselle {
Albertine Coquillard, de l'Académie royale, a'
réveillé en belle humeur la ville de Paris. Après/-
avoir vendu son riche mobilier, sans oublier sqn
lit à la duchesse, mademoiselle Albertine a sup- ■
plié un jeune danseus assez médiocre, mais fort .
peu gracieux, de vouloir bien l'enlever. En con-
séquence , elle a pris à bras le corps le jeune bon
homme qu'elle a immédiatement jeté dans une
chaise de poste frétée pour l'Italie. On assure
que l'administration de l'Opéra s'est empressée
de ne point faire] courir à la poursuite des fu-
gitifs.
Ces riches diamans sont devenus l'objet d'une
singulière émulation entre mesdames Thillon et
Rossi-Caccia. Chacune, à titre de premier sujet,
aspire à l'héritage de celle qui porta si haut le
nom de M. Auber, ce sublime ingrat. Madame
Thillon parle avec ses petites mines de ce qu'elle
appelle ses droits acquis ; de son côté, ma-
dame Caccia invoque l'autorité de son engage-
ment. Il n'est pas jusqu'à la loge de la grande
cantatrice qui ne soit devenue l'objet de ces pro-
fanations mesquines. On assure pourtant que
madame Thillon doit mirer ses yeux bleuâtres
dans la psyché où l'ambassadrice a miré ses yeux
noirs. Pense-t-elle que cela lui donnera de la
voix ?
Quoi qu'il en soit, mes belles perruches, vous
pourrez bien vous partager les quelques plumes
que le rossignol a laissé tomber en vous disant
adieu, mais sa gloire... Oh! sa gloire, c'est au-
tre chose.
l L'abandon du bâtiment provisoire qui abrite
j depuis trop long-temps les rossignols de l'Aca-
| demie royale vient d'être remis [sérieusement
■ | en question. L'opinion la plus générale et, di-
; I sons-le aussi, la plus raisonnable, voulait qu'un
| bâtiment définitif fût élevé dans la rue Grange-
I Batelière, à l'endroit occupé par la mairie du 2°
| arrondissement et l'administration de l'octroi.
| Par ce moyen, le quartier des lorettes restait ce
| qu'il doit être indispensablement, le centre de
11 la mode et de l'élégance parisienne 5 il conser-
| vait ses us et coutumes, sa physionomie propre,
| et surtout cette activité artistique qui seule le
J fait vivre.
Mais voici que, d'après certains bruits, il
j s'agirait d'assigner à notre premier théâtre ly-
rique la position qui lui convient le moins. On
I voudrait que le monument définitif fut élevé
' f place du Palais - Royal, sur l'emplacement
f encore occupé par l'ancien Château - d'Eau.
; Concevez - vous l'Opéra, ce foyer de notre
j art moderne, dans les échelles du Palais-
f Royal, ce vieux centre de nos mouvemens
if boutiquiers? Concevez - vous le libre Guil-
laume Tell coudoyant chaque jour un es-
clave du denier-douze ou de la demi-aune?
I Concevez-vous enfin cette émigration de l'art au
milieu du commerce? Et puis, qui vous a dit
que cette partie du monde élégant, assez riche
pour porter des bottes vernies , assez modeste
pour n'avoir pas équipages, consentirait à aller
i se crotter dans les récifs de la rue Saint-Tho-
I nias-du-Louvre et autres impasses analogues?
Prenez-y garde , il y a de ces viens qui sont
beaucoup pour la mode, ia plus capricieuse des
femmes.
On a dit que l'indifférence ou la faiblesse de
la haute administration éiuiApour beaucoup dans
cette faute de sens. En vérité, depuis que les
exploitations théâtrales deviennent chaque jour
plus difficiles, on dirait qu'un mauvais génie
s'acharne à les rendre impossibles.
Nous avons reçu des détails sur les débuts de
mademoiselle Rachet à Queen's-theatre. Le rôle
d'Hermione, qu'elle a joué avec ces sublimes
élans dont elle a le secret, a transporté le fleg-
matique John Bull dans un indicible enthou-
siasme. L'héroïne de cette fête, où assistait en
première ligne le duc de Wellington a été rede-
mandée à la fin du spectacle et saluée par les
salves les mieux nourries d'applaudissemens fré-
nétiques. Il faut avoir vu le peuple anglais dans
ses ovations théâtrales, pour se faire une idée de
cette solennité.
On s'est beaucoup entretenu ces jours-ci ,
dans le grand monde, d'un enlèvement assez
considérable. L'une des filles de l'infant d'Espa-
gne a pris la fuite avec un jeune officier po-
lonais qui lui avait inspiré sentimens. Les télé-
graphes du roi ont été mis aussitôt à la recher-
che de ces deux pauvres fous qui ne tar-
deront pas à être capturés. La fille d'un bour-
geois aurait tout simplement été fiancée à son
ravisseur; la fille d'un prince du sang sera, sans
doute, enfermée dans un cloître.
Un autre enlèvement, celui de mademoiselle {
Albertine Coquillard, de l'Académie royale, a'
réveillé en belle humeur la ville de Paris. Après/-
avoir vendu son riche mobilier, sans oublier sqn
lit à la duchesse, mademoiselle Albertine a sup- ■
plié un jeune danseus assez médiocre, mais fort .
peu gracieux, de vouloir bien l'enlever. En con-
séquence , elle a pris à bras le corps le jeune bon
homme qu'elle a immédiatement jeté dans une
chaise de poste frétée pour l'Italie. On assure
que l'administration de l'Opéra s'est empressée
de ne point faire] courir à la poursuite des fu-
gitifs.
Ces riches diamans sont devenus l'objet d'une
singulière émulation entre mesdames Thillon et
Rossi-Caccia. Chacune, à titre de premier sujet,
aspire à l'héritage de celle qui porta si haut le
nom de M. Auber, ce sublime ingrat. Madame
Thillon parle avec ses petites mines de ce qu'elle
appelle ses droits acquis ; de son côté, ma-
dame Caccia invoque l'autorité de son engage-
ment. Il n'est pas jusqu'à la loge de la grande
cantatrice qui ne soit devenue l'objet de ces pro-
fanations mesquines. On assure pourtant que
madame Thillon doit mirer ses yeux bleuâtres
dans la psyché où l'ambassadrice a miré ses yeux
noirs. Pense-t-elle que cela lui donnera de la
voix ?
Quoi qu'il en soit, mes belles perruches, vous
pourrez bien vous partager les quelques plumes
que le rossignol a laissé tomber en vous disant
adieu, mais sa gloire... Oh! sa gloire, c'est au-
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