Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1841-02-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1408 Nombre total de vues : 1408
Description : 25 février 1841 25 février 1841
Description : 1841/02/25 (A2,N16). 1841/02/25 (A2,N16).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54341523
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2008
DEUXIEME ANNEE.
(N. 16.)
JEUDI, 25 FEVRIER 1841.
DE
MADEMOISELLE FANNY ELSSLER.
. Nos lecteurs n'ont pas oublié l'action judi-
ciaire intentée par le.'directeur de l'Opéra con-
tre Mlle Fanny Elssler, pour cause d'une ab-
sence indéfiniment prolongée. Le congé de la
célèbre danseuse étant expiré depuis quelque
temps, ainsi que nous l'avons déjà dit, et son
retour du Nouveau-Monde ne se faisant pas
généralement pressentir, M. Pillet a cru devoir
en appeler à qui de droit, pour obtenir de sa pen-
sionnaire insaisissable une réparation pécu-
niaire.
En conséquence, le tribunal de commerce
i vient de rendre un jugement par défaut contre
I mademoiselle Elssler. L'agréé de cette dernière
, a déclaré-n'avoir pas de pouvoir régulier pour.
1 plaider au fond. Celui de l'Opéra, M° Durmont,
a conclu à la résiliation pure et simple de l'en-
! gagement, en faisant toutefois ses réserves pour
la condamnation à des dommages et intérêts.
Peut-être ne serions-nous pas revenus sur
I cette affaire si, à travers tous les détails de la
1 jurisprudence commerciale, nous n'avions cru
apercevoir un arrangement prochain , une so-
lution avantageuse aux intérêts de l'art. Cette
modération de M. Pillet, ces demi-rigueurs em-
ployées contre sa pensionnaire absente, nous
font espérer qu'au retour, un arrangement ne
ssra pas difficile entre les deux parties. Il n"y a,
en effet, qu'une place au monde pour mademoi-
. selle Fanny Elssler, comme il n'y a en ce mo-
ment qu'une première danseuse admissible pour
notre grand Opéra. L'un et l'autre se sont deve-
1 nus nécessaires, indispensables, dans la position
des choses, et, nous en avons l'assurance, ils
comprendront aisément combien leurs intérêts
sont aujourd'hui solidaires. Ce procès n'aura
donc été qu'une querelle de ménage.
Au moment où nous écrivons ces lignes, Pa-
ris est transformé en un vaste dortoir. La grande
ville dort depuis vingt-quatre heures son som-
meil de débauche, sommeil si lourd et si inerte,
qu'elle ne peut pas même rêver à ses joies de la
veille.
Ainsi, tout est dit maintenant sur ce furieux
carnaval de 1841, l'un des plus étourdissans, des
plus échevelés, des plus sataniques que nous
ayons vus. Les salles de bal ont éteint leurs
mille lumières; le peuple le plus civilisé et le
plus étourdi du monde est allé promener sur les
hauteurs de Belleville ses dernières folies; le
grand seigneur a bu à la Courfille dans les bu-
vettes du pauvre ; le gentilhomme et le bour-
geois ont pressé de leur gant déchiré la main
caleuse du manant; la roturière et la grande
dame ont coudoyé,- sans rougir, les vertus néga-
tives; les jurons du faubourg se sont mêlés aux
propos pittoresques de ia carnava!ade; après
quoi, bourgeoisie, noblesse et tiers-état sont
rentrés dans la ville, en lavant au canal leur fan-
ge des trois jours... et l'orgie a été close.
Reposez-vous donc, mes gentilles Lurettes,
dont les joies ont été si folks et les mots si ris-
qués!
Reposez-vous, jeunes aines, qui avez cru lar-
gement aux illusions de l'ivresse!
Reposez-vous, importuns dominos, infatiga-
bles titis, avec ou sans bon ton.
Reposez-vous, effrontés débardeurs, cyniques
démons de nos saturnales dansantes.
Reposons-nous tous enfin ; car, plus ou moins
grande, nous avons pris chacun notre part dans
cette, razzia de plaisirs, dans cette curée d'indi-
cibles désordres... •
Mais pendant que tout fait silence autour.de
nous, ceux qui ne dorment pas enlèvent à petit
bruit les débris du banquet. Les préposés à la
mort conduisent hors des murs une pompe lu-
gubre : ce sont deux cercueils qui passent.
Dans le premier est un mendiant qui mourut
de faim aux portes de nos fêtes.
Dans le second est la fille d'un riche qui sor-
tit du bal sans donner une aumône, et que le bal
a tuée.
Yoilà nos plaisirs!...
UN COCIIINCHINOIS LITTÉRAIRE.
Au nombre des illustrations non décorées du
Charivari a long-temps brillé et brille encore,
je crois, M. Albéric Deux, ou Albéric Second —
l'un et l'autre se disent. M. Albéric Deux possède
a lui tout seul une foule de petits talens anodins
qui le mettent, grâce à Dieu, au dessus du be-
soin et des gants à vingt-neuf sous. D'abord, il
à en toute propriété, depuis quelques années,
une magnifique barbe incolore à la Trubert, ce
qui ne l'empêche pas d'être un homme d'esprit.
En outre, il fume le cigarre assez agréablement,
consomme au besoin jusqu'à trois petits verres,
et ne pèche jamais à la ligne, bien qu'on ait pu
le voir suspendu au bras du grand Bocage, son
nouvel ami.
Biais tout ceci appartient de droit aux colon-
nes du grand Moniteur. Nous préférons révéler
(N. 16.)
JEUDI, 25 FEVRIER 1841.
DE
MADEMOISELLE FANNY ELSSLER.
. Nos lecteurs n'ont pas oublié l'action judi-
ciaire intentée par le.'directeur de l'Opéra con-
tre Mlle Fanny Elssler, pour cause d'une ab-
sence indéfiniment prolongée. Le congé de la
célèbre danseuse étant expiré depuis quelque
temps, ainsi que nous l'avons déjà dit, et son
retour du Nouveau-Monde ne se faisant pas
généralement pressentir, M. Pillet a cru devoir
en appeler à qui de droit, pour obtenir de sa pen-
sionnaire insaisissable une réparation pécu-
niaire.
En conséquence, le tribunal de commerce
i vient de rendre un jugement par défaut contre
I mademoiselle Elssler. L'agréé de cette dernière
, a déclaré-n'avoir pas de pouvoir régulier pour.
1 plaider au fond. Celui de l'Opéra, M° Durmont,
a conclu à la résiliation pure et simple de l'en-
! gagement, en faisant toutefois ses réserves pour
la condamnation à des dommages et intérêts.
Peut-être ne serions-nous pas revenus sur
I cette affaire si, à travers tous les détails de la
1 jurisprudence commerciale, nous n'avions cru
apercevoir un arrangement prochain , une so-
lution avantageuse aux intérêts de l'art. Cette
modération de M. Pillet, ces demi-rigueurs em-
ployées contre sa pensionnaire absente, nous
font espérer qu'au retour, un arrangement ne
ssra pas difficile entre les deux parties. Il n"y a,
en effet, qu'une place au monde pour mademoi-
. selle Fanny Elssler, comme il n'y a en ce mo-
ment qu'une première danseuse admissible pour
notre grand Opéra. L'un et l'autre se sont deve-
1 nus nécessaires, indispensables, dans la position
des choses, et, nous en avons l'assurance, ils
comprendront aisément combien leurs intérêts
sont aujourd'hui solidaires. Ce procès n'aura
donc été qu'une querelle de ménage.
Au moment où nous écrivons ces lignes, Pa-
ris est transformé en un vaste dortoir. La grande
ville dort depuis vingt-quatre heures son som-
meil de débauche, sommeil si lourd et si inerte,
qu'elle ne peut pas même rêver à ses joies de la
veille.
Ainsi, tout est dit maintenant sur ce furieux
carnaval de 1841, l'un des plus étourdissans, des
plus échevelés, des plus sataniques que nous
ayons vus. Les salles de bal ont éteint leurs
mille lumières; le peuple le plus civilisé et le
plus étourdi du monde est allé promener sur les
hauteurs de Belleville ses dernières folies; le
grand seigneur a bu à la Courfille dans les bu-
vettes du pauvre ; le gentilhomme et le bour-
geois ont pressé de leur gant déchiré la main
caleuse du manant; la roturière et la grande
dame ont coudoyé,- sans rougir, les vertus néga-
tives; les jurons du faubourg se sont mêlés aux
propos pittoresques de ia carnava!ade; après
quoi, bourgeoisie, noblesse et tiers-état sont
rentrés dans la ville, en lavant au canal leur fan-
ge des trois jours... et l'orgie a été close.
Reposez-vous donc, mes gentilles Lurettes,
dont les joies ont été si folks et les mots si ris-
qués!
Reposez-vous, jeunes aines, qui avez cru lar-
gement aux illusions de l'ivresse!
Reposez-vous, importuns dominos, infatiga-
bles titis, avec ou sans bon ton.
Reposez-vous, effrontés débardeurs, cyniques
démons de nos saturnales dansantes.
Reposons-nous tous enfin ; car, plus ou moins
grande, nous avons pris chacun notre part dans
cette, razzia de plaisirs, dans cette curée d'indi-
cibles désordres... •
Mais pendant que tout fait silence autour.de
nous, ceux qui ne dorment pas enlèvent à petit
bruit les débris du banquet. Les préposés à la
mort conduisent hors des murs une pompe lu-
gubre : ce sont deux cercueils qui passent.
Dans le premier est un mendiant qui mourut
de faim aux portes de nos fêtes.
Dans le second est la fille d'un riche qui sor-
tit du bal sans donner une aumône, et que le bal
a tuée.
Yoilà nos plaisirs!...
UN COCIIINCHINOIS LITTÉRAIRE.
Au nombre des illustrations non décorées du
Charivari a long-temps brillé et brille encore,
je crois, M. Albéric Deux, ou Albéric Second —
l'un et l'autre se disent. M. Albéric Deux possède
a lui tout seul une foule de petits talens anodins
qui le mettent, grâce à Dieu, au dessus du be-
soin et des gants à vingt-neuf sous. D'abord, il
à en toute propriété, depuis quelques années,
une magnifique barbe incolore à la Trubert, ce
qui ne l'empêche pas d'être un homme d'esprit.
En outre, il fume le cigarre assez agréablement,
consomme au besoin jusqu'à trois petits verres,
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