Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1842-09-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1842 15 septembre 1842
Description : 1842/09/15 (A3,N75). 1842/09/15 (A3,N75).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5433233s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/12/2008
DE LA LIBERTÉ HF.S THEATRES.
îl y o trop do théâtres! — C'est bientôt dit ;
c'est en outre une manière fort commode de rai-
sonner ; cela dispense de s'inquiéter du progrès
ilo l'art, de la protection due aux lettres et à ceux.
qui les cultivent ; cela permet enfin de -se traîner
dans l'ornière, de se prélasser dans une grasse
indifférence et de vivre des abus comme un bon
bourgeois vif de ses rentes. Eh! mon Dieu, ondit
aussi qu'il y a trop de journaux, et cependant
ils sont libres an cautionnement près; et cepen-
dant ils n'ont pas de censure pour répondre
du leurs écarts. Le cautionnement est donc: ce
que vous pouvez imposer de plus rude aux théâ-
tres, en échange d'une liberté qui leur a été pro-
mise, qui leur appartient , qui est dans nos lois
et dans nos moeurs.
Sans doute il serait fort avantageux pour huit
»ii dix privilégiés que les théâtres fussent dans
lotlrs mains. Gaudeant henb NANTIS, comme dit
figaro. Mais alors savez-vous ce qui arriverait?
Los auteurs seraient dans la misère ou dans l'ab-
jection, la littérature dramatique retomberait en
enfance, Je public se trouverait forcé de s'amuser
de ce qu'on voudrait bien lui donner, et les di-
lecleurs auraient cent ou deux cents mille fr. de
rente. Probablement ils en feraient part à quel-
ques-uns.
Mais vous ne voyez donc pas que la liberté
des théâtres, c'est aussi la liberté des artistes,
des auteurs et des lettres; c'est aussi la liberté du
public? Ne voulez-vous pas comprendre que la
ei'Micurrenceprotiteà tout ce qui est capable ou la-
borieux? Qu'importe au gouvernement qu'il y ail
'lix ou cent théâtres puisqu'il se réserve une légiti-
me influence surles cent commesur les dix? Ce qui
lui importe au contraire, c'est de multiplier le
l'Ius possible le nombre des distractions utiles et
''ft moraliser le peuple par ses plaisirs. Vous crai-
gnez les dangers de celte liberté, soit ; mais nous
craignons bien davantage ceux du monopole.
Quel est, du reste, l'homme raisonnable qui
voudrait fie la liberté, des théâtres sans condi-
tions? Ici comme ailleurs, on demande une
charte, ni plus ni moins.
Des esprits profonds prétendent qu'il faut, sou-
Ter les lliéâlres, les auteurs et le public lui-mê-
me de leurs propres caprices. Voyez, disent-ils.
les théâtres meurent par la concurrence. Et non,
mille (ois non; ils meurent parce qu'ils sont mal
dirigés, mal censurés, mal protégés. Le publie
s'est retiré d'eux momentanément pour ces trois
causes et pour une autre encore plus puissante.
Quelques génies incompris.se sont avisés, depuis
quinze ans de chasser du théâtre les hommes de
goût, les pères de famille, les épouses honnêtes
et les jeunes filles modestes, la véritable société
enfin. Ces messieurs ont fait des pièces pour les
libertins, les femmes dépravées, les habitués de
la police correctionnelle et les aspirans au bagne,
mais à qui la l'apte? Si la censure dramatique
avait supprimé les Robert-Macaire, les Lucrèce
Borgia, les Tours de Nesle et. autres drames
hystériques ou de galères, tout n'en iraient-il pas
mieux? Le monopole des théâtres^ donné à ces
monstruosités anli - dramatiques, l'apparence
scandaleuse des sympathies publiques; exemple
dangereux pour la morale du peuple qu'il a fail-
li pervétir et pour la gloire des lettres qu'il a com-
promise.
Ce n'est donc pas le nombre des théâtres qu'il
faut redouter, c'est ce qu'ils peuvent jouer.
Mais disent encore ces mêmes profonds esprits
si les théâtres sont libres, leur multiplicité fera
baisser le prix des places ; or, comment pourront-
ils couvrir leurs frais avec des recettes moitié
moins fortes? Il semblerait d'abord que les théâ-
tres sont trop étroits;- et puis, ces puissans cal-
culateurs ignorent que ce sont les petits prix qui
font les grandes receltes.' Voyez le Cirque des
Champs-Elysées toujours plein à 1 fr. la place,
et qui serait vide à 5 francs; voyez les lettres à
1 penny en Angleterre qui rapportent plus que
si elles étaient à';l schelling; voyez les omnibus à
6 sols pour deux lieues; voyez enfin les che-
mins de fer malgré leurs dangers.
Sans nul doute il faudra diminuer le prix des
places, et c'est ce qu'on aurait dû faire depuis
long-temps, mais en même temps ou supprime-
rait les billets gratis ou à prime, les loges et les
entrées de faveurs et d'abus. Par ces moyens, au
lieu d'avoir du monde une ou deux, fois la se-
maine, les théâtres en auraient tous les jours et
cela n'en vaudrait que mieux. Prenons l'exem-
ple d'une salle de spectacle qui peut contenir
1,200 spectateurs à 5 francs les plus hautes pla-
ces et à 1 franc les plus basses. Cela produit une
moyenne de 3 francs, soit 3,600 francs pour la
salle entière. Eh bien ! avec ces prix vous faites
des recettes de 1,000 francs l'une dans l'autre et
vous avez 1,500 francs de frais. A 3 francs 50 cen-
times les places les plus chères et à 50 cent, les
meilleurs marchés, vous auriez une moyenne de
2 francs et vous feriez 100 louis de recette, avec
un bénéfice de 900 francs. Diminuez ce bénéfice
des trois quarts, et, vous obtiendrez encore de
brillans bénéfices.
Les partisans des prix élevés et du monopole
ne se doutent pas que les théâtres sont faits
principalement pour la bourgeoisie, le commerce
et le peuple, et ils les rendent inaccessibles à
cette immense majorité. Ils les font pour les ri-
ches et les grands qui dînent tard, donnent des
fêtes, courrent les raoûts, les bals et habitent
leurs châteaux pendant neuf mois de l'année.—
Calculez donc avec des arithméticiens de celte
espèce et ^discutez avec des logiciens de cette
force I
LES ABONNES DU THEATRE-ITALIEN
Et la Circulaire du nouveau Directeur.
« La direction du Théâtre-Italien vient d'être
changée ce qui ne prouve pas que l'ancienne ait fait
îl y o trop do théâtres! — C'est bientôt dit ;
c'est en outre une manière fort commode de rai-
sonner ; cela dispense de s'inquiéter du progrès
ilo l'art, de la protection due aux lettres et à ceux.
qui les cultivent ; cela permet enfin de -se traîner
dans l'ornière, de se prélasser dans une grasse
indifférence et de vivre des abus comme un bon
bourgeois vif de ses rentes. Eh! mon Dieu, ondit
aussi qu'il y a trop de journaux, et cependant
ils sont libres an cautionnement près; et cepen-
dant ils n'ont pas de censure pour répondre
du leurs écarts. Le cautionnement est donc: ce
que vous pouvez imposer de plus rude aux théâ-
tres, en échange d'une liberté qui leur a été pro-
mise, qui leur appartient , qui est dans nos lois
et dans nos moeurs.
Sans doute il serait fort avantageux pour huit
»ii dix privilégiés que les théâtres fussent dans
lotlrs mains. Gaudeant henb NANTIS, comme dit
figaro. Mais alors savez-vous ce qui arriverait?
Los auteurs seraient dans la misère ou dans l'ab-
jection, la littérature dramatique retomberait en
enfance, Je public se trouverait forcé de s'amuser
de ce qu'on voudrait bien lui donner, et les di-
lecleurs auraient cent ou deux cents mille fr. de
rente. Probablement ils en feraient part à quel-
ques-uns.
Mais vous ne voyez donc pas que la liberté
des théâtres, c'est aussi la liberté des artistes,
des auteurs et des lettres; c'est aussi la liberté du
public? Ne voulez-vous pas comprendre que la
ei'Micurrenceprotiteà tout ce qui est capable ou la-
borieux? Qu'importe au gouvernement qu'il y ail
'lix ou cent théâtres puisqu'il se réserve une légiti-
me influence surles cent commesur les dix? Ce qui
lui importe au contraire, c'est de multiplier le
l'Ius possible le nombre des distractions utiles et
''ft moraliser le peuple par ses plaisirs. Vous crai-
gnez les dangers de celte liberté, soit ; mais nous
craignons bien davantage ceux du monopole.
Quel est, du reste, l'homme raisonnable qui
voudrait fie la liberté, des théâtres sans condi-
tions? Ici comme ailleurs, on demande une
charte, ni plus ni moins.
Des esprits profonds prétendent qu'il faut, sou-
Ter les lliéâlres, les auteurs et le public lui-mê-
me de leurs propres caprices. Voyez, disent-ils.
les théâtres meurent par la concurrence. Et non,
mille (ois non; ils meurent parce qu'ils sont mal
dirigés, mal censurés, mal protégés. Le publie
s'est retiré d'eux momentanément pour ces trois
causes et pour une autre encore plus puissante.
Quelques génies incompris.se sont avisés, depuis
quinze ans de chasser du théâtre les hommes de
goût, les pères de famille, les épouses honnêtes
et les jeunes filles modestes, la véritable société
enfin. Ces messieurs ont fait des pièces pour les
libertins, les femmes dépravées, les habitués de
la police correctionnelle et les aspirans au bagne,
mais à qui la l'apte? Si la censure dramatique
avait supprimé les Robert-Macaire, les Lucrèce
Borgia, les Tours de Nesle et. autres drames
hystériques ou de galères, tout n'en iraient-il pas
mieux? Le monopole des théâtres^ donné à ces
monstruosités anli - dramatiques, l'apparence
scandaleuse des sympathies publiques; exemple
dangereux pour la morale du peuple qu'il a fail-
li pervétir et pour la gloire des lettres qu'il a com-
promise.
Ce n'est donc pas le nombre des théâtres qu'il
faut redouter, c'est ce qu'ils peuvent jouer.
Mais disent encore ces mêmes profonds esprits
si les théâtres sont libres, leur multiplicité fera
baisser le prix des places ; or, comment pourront-
ils couvrir leurs frais avec des recettes moitié
moins fortes? Il semblerait d'abord que les théâ-
tres sont trop étroits;- et puis, ces puissans cal-
culateurs ignorent que ce sont les petits prix qui
font les grandes receltes.' Voyez le Cirque des
Champs-Elysées toujours plein à 1 fr. la place,
et qui serait vide à 5 francs; voyez les lettres à
1 penny en Angleterre qui rapportent plus que
si elles étaient à';l schelling; voyez les omnibus à
6 sols pour deux lieues; voyez enfin les che-
mins de fer malgré leurs dangers.
Sans nul doute il faudra diminuer le prix des
places, et c'est ce qu'on aurait dû faire depuis
long-temps, mais en même temps ou supprime-
rait les billets gratis ou à prime, les loges et les
entrées de faveurs et d'abus. Par ces moyens, au
lieu d'avoir du monde une ou deux, fois la se-
maine, les théâtres en auraient tous les jours et
cela n'en vaudrait que mieux. Prenons l'exem-
ple d'une salle de spectacle qui peut contenir
1,200 spectateurs à 5 francs les plus hautes pla-
ces et à 1 franc les plus basses. Cela produit une
moyenne de 3 francs, soit 3,600 francs pour la
salle entière. Eh bien ! avec ces prix vous faites
des recettes de 1,000 francs l'une dans l'autre et
vous avez 1,500 francs de frais. A 3 francs 50 cen-
times les places les plus chères et à 50 cent, les
meilleurs marchés, vous auriez une moyenne de
2 francs et vous feriez 100 louis de recette, avec
un bénéfice de 900 francs. Diminuez ce bénéfice
des trois quarts, et, vous obtiendrez encore de
brillans bénéfices.
Les partisans des prix élevés et du monopole
ne se doutent pas que les théâtres sont faits
principalement pour la bourgeoisie, le commerce
et le peuple, et ils les rendent inaccessibles à
cette immense majorité. Ils les font pour les ri-
ches et les grands qui dînent tard, donnent des
fêtes, courrent les raoûts, les bals et habitent
leurs châteaux pendant neuf mois de l'année.—
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espèce et ^discutez avec des logiciens de cette
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