Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1842-08-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1408 Nombre total de vues : 1408
Description : 07 août 1842 07 août 1842
Description : 1842/08/07 (A3,N62). 1842/08/07 (A3,N62).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54332220
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/12/2008
tiAUCHERIES DE LA «Al'CHK.
. La gauche .est hien nommée, aussi est-elle j
tïève de. son nom, de ses titres et de son blason,
surmonté;de deux pattes d'oie qu'elle étale en
Inus lieux et en.toutes circonstances.
Aussitôt qu'il y a une gaucherie possible, elle
réfléchit profondément aux moyens d'en, faire
deux; une qui lui nuise et une autre qui pro-
Qtle a ses adversaires ; car, au fond, la gauche
possède un esprit de justice et d'impartialité qui
ne.lui permet pas de ne travailler que pour
elle.
C'est ainsi qu'elle parle quand il faut se taire,
et qu'elle se tait lorsqu'il devient nécessaire de
parler ; elle- appelle cela du libre arbitre et de
l'indépendance.
La gauche porte des gaucheries comme un
prunier porte des prunes. C'est son fruit. Il mû-
rit sans culture, et le plus naturellement du
monde.
Quand elle ne recherche pas les choses impos-
sibles, elle s'occupe des choses inutiles. Après les
douze travaux d'Hercule, ce qu'elle préfère c'est
la trame de Pénélope ; non pour se conserver au
pouvoir (pi'elle attend, comme la reine d'Itaque
attendait son époux, mais tout bonnement pour
recommencer un labeur accompli. Elle est active
s être laborieuse ; progressive sans pouvoir
avancer. Comme la terre, elle tourne sur elle-
même; c'est son système.
Les grandes questions l'éblouissent, elle est
laupe, elle n'y voit rien. Mais elle est lynx dans
les petites, elle y voit tout.
Kilo a de grandes haines et de petites amitiés ;.
'le grandes liâmes pour les petits hommes et de
petites amitiés pour les grandes choses. Elle ne
se passionne pas ; elle s'engoue, ce qui. lui fait
■'«ire des gaucheries sans nombre, c'est-à-dire
J'es folies pour réparer des sottises et des sottises
pour racheter des folies.
Elle est souvenfd'une confiance naïve ou d'une
méticulosité-incroyable. Comme le Sganarelle de
la comédie, elle se fâche quand il lui plaît,
mais rarement lorsqu'il le faut.
El cependant la gauche a des qualités, et mê-
me des vertus, ou plutôt ces qualités et ces vertus
l'accompagnent et sont son escorte. Il est vrai
que par gaucherie elle les oublie ou les aban-
donne souvent sur la route ; cependant il lui
en reste assez pour inspirer encore de singuliè-
res passions. On parle d'un observateur prévenu,
qui, après dix ans d'une élude approfondie, se
déclara subitement son admirateur. Comme cet
amour tardif excitait une grande surprise, il ex-
pliqua sa conduite par l'anecdote suivante :
« Un juif, un jour, s'en vînt à Rome; le sage
» Rabin y fut témoin de tant de choses honteu-
» ses, qu'il se hàla de se convertir au calholi-
» cisme. Celte religion doit être la bonne, dit-il,
» puisqu'elle existe encore après les crimes des
» Borgia, les debordemens et les iniquités de leurs
» successeurs. »
Ces notes nous arrivent à l'instant du Mono-
molapa, pays qui depuis 50,000 ans environ,
jouit comme nous-du régime constitutionnel sans
pi us s'en douter.
- Un journal disait l'autre jour que Germanicus
fut regretté à cause des vices de sa famille, et
que M. le duc d'Orléans est regretté malgré les
vertus de la sienne.
Nous .aurions dit tout bonnement ce qui est
vrai que M. le duc d'Orléans et Germanicus ont
été regrettés à cause de leurs vertus; mais nous
aurions perdu le mérite de l'antithèse. Ce que
c'est que d'être courtisan ; on lire parti de tout,
même de l'histoire.
On lit dans Rabelais au cliap. 24 de la vie de
Gargantua:
« Il allait voir les basleleurs traiectaires et thé-
riacleurs, et considérait leurs gestes, leurs so-
brcssaulx cl beau parler: singulièrement de ceux
de Ghaunys, en Picardie, car ils sont de nature
grands jaseurs;et beaux badlcurs de baillivernes
en matière de singes verds.
ÇA VIENT DE P.UUITltE !
Quoi? — La huitième merveille.— Mais en-
core'? —Un nouveau journal.
Ces choses-là naissent comme les champignons
et vivent ce que vivent les roses, au parfum
près.
Mais enfin, il s'est rencontré tout, nouvelle-
ment trois ou quatre 'hommes, plus ou moins,
qui se sont dit un beau matin : faisons un jour-
nal!
Il n'y a pas un d'individu tant soit peu phi-
lanthrope qui n'ait formé ce projet une fois au
moins dans sa vie.
— Belle idée ! s'est écrié le plus avisé de la
troupe, pourvu que nous fassions un journal
quine ressemble à rien, car le public est las de
tout.
— Bravo ! mais le moyen !
— Le moyen, c'est d'emprunter |aux Débats
leur format, h la Pressées au Siècle leurs feuil-
letons, ou National sa démocratie , aux jour-
naux dynastiques leurs scrupules, aux feuilles
conservatrices leur ferveur ministérielle et ainsi
de suite faisant du tout un oliapodrida de haut
fumet.
— Bravissimo ! de celle manière nous ne res-
semblerons à rien à force de ressembler à tout.
J'opine cependant pourjqu'on n'emprunte rien au
Constitutionnel.
— Point d'ostracisme; être impartial avant
tout.
. La gauche .est hien nommée, aussi est-elle j
tïève de. son nom, de ses titres et de son blason,
surmonté;de deux pattes d'oie qu'elle étale en
Inus lieux et en.toutes circonstances.
Aussitôt qu'il y a une gaucherie possible, elle
réfléchit profondément aux moyens d'en, faire
deux; une qui lui nuise et une autre qui pro-
Qtle a ses adversaires ; car, au fond, la gauche
possède un esprit de justice et d'impartialité qui
ne.lui permet pas de ne travailler que pour
elle.
C'est ainsi qu'elle parle quand il faut se taire,
et qu'elle se tait lorsqu'il devient nécessaire de
parler ; elle- appelle cela du libre arbitre et de
l'indépendance.
La gauche porte des gaucheries comme un
prunier porte des prunes. C'est son fruit. Il mû-
rit sans culture, et le plus naturellement du
monde.
Quand elle ne recherche pas les choses impos-
sibles, elle s'occupe des choses inutiles. Après les
douze travaux d'Hercule, ce qu'elle préfère c'est
la trame de Pénélope ; non pour se conserver au
pouvoir (pi'elle attend, comme la reine d'Itaque
attendait son époux, mais tout bonnement pour
recommencer un labeur accompli. Elle est active
s être laborieuse ; progressive sans pouvoir
avancer. Comme la terre, elle tourne sur elle-
même; c'est son système.
Les grandes questions l'éblouissent, elle est
laupe, elle n'y voit rien. Mais elle est lynx dans
les petites, elle y voit tout.
Kilo a de grandes haines et de petites amitiés ;.
'le grandes liâmes pour les petits hommes et de
petites amitiés pour les grandes choses. Elle ne
se passionne pas ; elle s'engoue, ce qui. lui fait
■'«ire des gaucheries sans nombre, c'est-à-dire
J'es folies pour réparer des sottises et des sottises
pour racheter des folies.
Elle est souvenfd'une confiance naïve ou d'une
méticulosité-incroyable. Comme le Sganarelle de
la comédie, elle se fâche quand il lui plaît,
mais rarement lorsqu'il le faut.
El cependant la gauche a des qualités, et mê-
me des vertus, ou plutôt ces qualités et ces vertus
l'accompagnent et sont son escorte. Il est vrai
que par gaucherie elle les oublie ou les aban-
donne souvent sur la route ; cependant il lui
en reste assez pour inspirer encore de singuliè-
res passions. On parle d'un observateur prévenu,
qui, après dix ans d'une élude approfondie, se
déclara subitement son admirateur. Comme cet
amour tardif excitait une grande surprise, il ex-
pliqua sa conduite par l'anecdote suivante :
« Un juif, un jour, s'en vînt à Rome; le sage
» Rabin y fut témoin de tant de choses honteu-
» ses, qu'il se hàla de se convertir au calholi-
» cisme. Celte religion doit être la bonne, dit-il,
» puisqu'elle existe encore après les crimes des
» Borgia, les debordemens et les iniquités de leurs
» successeurs. »
Ces notes nous arrivent à l'instant du Mono-
molapa, pays qui depuis 50,000 ans environ,
jouit comme nous-du régime constitutionnel sans
pi us s'en douter.
- Un journal disait l'autre jour que Germanicus
fut regretté à cause des vices de sa famille, et
que M. le duc d'Orléans est regretté malgré les
vertus de la sienne.
Nous .aurions dit tout bonnement ce qui est
vrai que M. le duc d'Orléans et Germanicus ont
été regrettés à cause de leurs vertus; mais nous
aurions perdu le mérite de l'antithèse. Ce que
c'est que d'être courtisan ; on lire parti de tout,
même de l'histoire.
On lit dans Rabelais au cliap. 24 de la vie de
Gargantua:
« Il allait voir les basleleurs traiectaires et thé-
riacleurs, et considérait leurs gestes, leurs so-
brcssaulx cl beau parler: singulièrement de ceux
de Ghaunys, en Picardie, car ils sont de nature
grands jaseurs;et beaux badlcurs de baillivernes
en matière de singes verds.
ÇA VIENT DE P.UUITltE !
Quoi? — La huitième merveille.— Mais en-
core'? —Un nouveau journal.
Ces choses-là naissent comme les champignons
et vivent ce que vivent les roses, au parfum
près.
Mais enfin, il s'est rencontré tout, nouvelle-
ment trois ou quatre 'hommes, plus ou moins,
qui se sont dit un beau matin : faisons un jour-
nal!
Il n'y a pas un d'individu tant soit peu phi-
lanthrope qui n'ait formé ce projet une fois au
moins dans sa vie.
— Belle idée ! s'est écrié le plus avisé de la
troupe, pourvu que nous fassions un journal
quine ressemble à rien, car le public est las de
tout.
— Bravo ! mais le moyen !
— Le moyen, c'est d'emprunter |aux Débats
leur format, h la Pressées au Siècle leurs feuil-
letons, ou National sa démocratie , aux jour-
naux dynastiques leurs scrupules, aux feuilles
conservatrices leur ferveur ministérielle et ainsi
de suite faisant du tout un oliapodrida de haut
fumet.
— Bravissimo ! de celle manière nous ne res-
semblerons à rien à force de ressembler à tout.
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