Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-05-07
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124274 Nombre total de vues : 124274
Description : 07 mai 1880 07 mai 1880
Description : 1880/05/07 (Numéro 126). 1880/05/07 (Numéro 126).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k543321s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2008
PARIS: -ES CENTIMES.–DÉPARTEMENTS ET GARES &0 CENTIMES
45" ANNÉE.– NUMÉRO 126
VENDREDI 7 MAI 1880
mïMBtUB~
Btftottct
tRNONCKS
BffN. ranchoz, LafHtte <,tLAC
ADMtNMTRATION
ao, ma Bertrèfet ZW
M tH/t MÀTM' M
~Mnementt~ÏMl*~i6dt~)~MHMM
JI lm
J JBtJEtIBUiaj~
Mf«t
ABONNEMENT)!
~m:Trb!emoia. MM!fAItTNMXMS.:Ttomm<~t. M&<
ttEDACTÏOM
M.fnwBM'ctrw.aO
MMtt*tMnm«
~M))HaMMedt<~MMa
e~r~lr~s
Messieurs. les abonnés ~OM< fMeK< c.cj0!rg ~e 15 Ma~'joroeAaM, sont
pr~ t~e le reMOMus/ey !?K?Me6fM~e??!en~
~& Me veulent ~oyoMue?* aMCMn retard dans
/'eHUo: de JeM~ /oMr?K!
LA L(M m LA PRESSE
M. le ministre de la justice a fait, hier,
devant la commission de la presse, des
déclarations inspirées par une profonde
ménancede la liberté.
Le gouvernement consent à la suppres-
sion du cautionnement. mais il demande
qu'on établisse une sanction pour l'exécu-
tion des condamnations.
On cherchera, on ne trouvera pas et on
parviendra & reculer indéfiniment le vote
d'une loisur la liberté de la presse. Le
non-payement de l'amende entraîne la
contrainte par corps c'est là une sanction
sufnsante.
On parle, notamment, de voter la res-
ponsabilité civile du propriétaire. Ce sera
une excellente affaire pour les AoHïMM
6~pa!e quiservent de gérants d&ns cer-,
tains journaux. Ils ne seront pas mis à
pied: on en fera des propriétaires fictifs.
Le gouvernement maintient le délit de
fausse nouvelle de mauvaise foi et de na-
ture à troubler la paix publique, le délit
d'outrage contre les chefs des Etats étran-
gers, envers la République, le président
de la République, le Sénat et la Chambre
des députés. Il maintient également la
législation actuelle sur la diffamation
envers les corps constitués, les fonction-
naires publics et les particuliers.
Le maintien du délit d'outrage à la Ré-
publique, au Sénat et à la Chambre des
députés, permettra de poursuivre tous les
journaux qui seront désagréables. Lors-
qu'on appréciera durement les actes dé M.
Jules Gréyy, de M. Gambetta ou du suc-
cesseur de M. Martel, on tombera sous le
coup de la lojL Le mot outrage est très
élastique il sera interprété selon les pas-
sions du momentet le bon plaisir du jury.
Ce qui permettra de condamner les jour-
nalistes indépendants à un emprisonne-
ment de six mois à deux ans et à une
amende de 100 fr. à 3,000 francs.
Le délit défausse nouvelle de mau-
vaise foi n'avait~asété admis par la com-
mission, qui avait compris qu'il était pué-
ril de punir le propagateur d'une fausse
nouvelle n'ayant pas produit d'effet, et
qu'il était toujours facile d'atteindre le
journal comme complice quand la fausse
nouvelle avait été suivie d'actes délictueux
ou criminels.
Le garde des sceaux tient à conserver le
délit de fausse nouvelle parce que c'est
une arme qu'on peut employer sept.fois
par jour contre un journal redouté des mi-
nistres.
En cas de diffamation, le prévenu de-
vrait être autorisé à fournir la preuve du
fait diffamatoire. Le garde des sceaux n'ad-
met cette preuve en aucun cas, pas môme
au cas où le prévenu autoriserait la
preuve.
EnSn, le gouvernement demande que
l'introduction des journaux étrangers soit
interdite en France. On ne pourra y intro-
duire que les journaux agréables au minis-
tère. Quel libéralisme pis-
Nous protestons contre ces prétentions
du gouvernement. Mais nous engageons la
commission à en nhir, même au prix de
quelques concessions.
~La loi nouvelle sera malgré tout unpro-
.gres..
MMJM~EirOM DME i~~t ~f~
bU VENDREDI 7 MAI 1880
~E
CBEM~ ? MES
ni
LE FAUCHEUR DE NUIT- (SUITE).
Et, sourd aux remontrances des deux
femmes et de Berrendo, qui continuaient
a~voir une apparition surnaturelle dans le
iaucheurdenuit, Andrës rebroussa che-
min au galop et ne tarda pas à disparaî-
tre pour la seconde fois, comme ces che-
valiers errants qui, ners de prouver leur
courage indomptable aux yeux de leur
maîtresse, se lançaient sans hésiter dans
'les plus terribles aventures.
Déjà Berrendo, l'Anglais Robinson et les
deux femmes n'étaient plus qu'a une courte
di&tance deTehuacan; ils allaient désor-
mais sëtrouver en sûreté, quand une trou-
pe d'une vingtaine de cavaliers qui sor-
.taient de la vilie leur barra le chemin. Le
j9ur allait paraître~ et les niets que chaque
cavalier portait avec lui indiquaient qu'ils
se mettaient en route pour les remplir de
fourrage. Telle était en effet leur mission.
Le chef du détachement interrogea les
voyageurs. Le cheval du dragon espagnol
que montait encore l'Anglais conËrma aux
,yeux del'ofacier l'exactitude des rensei-
gnements que lui donna Berrendo en ré-
ponse~ ses questions.
.Elleconsacrëra:
D'abord la liberté de l'imprimerie et
de la librairie;
Là suppression du cautionnement pour
les journaux ou autres écrits périodiques
La suppression des délits d'opinion
actuellement punis par !a loi, savoir 'la
provocation à la désobéiss.ance aux lois
(M de 1819), l'outrage à la morale publi-
que et religieuse (loi de 1819), l'outrage
aux religions reconnues par l'Etat (toi de
1822), l'infidélité de mauvaise foi dans le
compte rendu des séances des Chambres et
des audiences des cours et tribunaux (loi de
1822), les attaques contre la Constitution,
leprincipe de la. souveraineté du peuple et
du suffrage universel (décret du 11 août
1848), les attaques contre la liberté des
cultes, le principe de la propriété et les
droits de la famille (décret du 14 août
1848) l'excitation à la haine et au mépris
du gouvernement (décret du 11 août 1848),
l'excitation au mépris et a. la haine des ci-
toyens les uns contre les autres les atta-
ques contrôle respect dû aux lois et à
l'inviolabilité des droits qu'elles ont con-
sacré (loi du 27 juillet 1849)
La suppression du délit de fausse nou-
vellepuretsimple.
Une telle loi n'est pas parfaite,, mais
c'est un acheminement vers une loi meil-
leure. Tout en faisant nos réserves au nom
des principes, nous pouvons l'accepter à
titre de transition.
Nous engageons donc la commission à
déposer rapidement son rapport, la Cham-
bre à voter rapidement la loi acceptée par
le gouvernement, et le Sénat à ne pas op-
poser son veto. Le mieux ne doitjam&is
être l'ennemi du bon.
Par décret en date du 1" avril 1880, M. le
vicomte de Semalté (Marie-Joseph.Claude-
Edouard-Robert), attaché payé au cabinet du
ministre, a été nommé secrétaire d'ambas-
sade de seconde classe à Pékin, en rempla-
cement de M. le'vicomte de Petiteville.
Par décret en date du 30 avril 1880, rendu
sur la proposition du pressent du conseil
ministre des ajffaires étrangères, M. de Ver-
nouillet (Augustin-Maurice), envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire de la Ré-
publique française à Tenger, est nommé mi-
nistre plénipotentiaire de première classe.
Par décret en date du 30 avril 1880, rendu
sur ]a proposition du président du conseil
ministre des aSaires étrangères
M. Challet (Casimir-Paul), consul de pre-
mière classe a Syra, est chargé du consulat
général de France à Qui'o, en remplacement
de M.BoIlaîgue de Bughas, mis, sur sa. de-
mande, en dispoDibUité.
M. Patin (Louis-Joseph-Alphonse), consul
do seconde classe à Malaga, est appelé, en la
même qualité, au consulat de France à Syra~,
en remplacement de M, Challet. `
M. de Laigue (Loais-AIbert-Marie-Paul),.
consul de seconde classe à Gatatz, estappeté,
en là même qualité, au consulat de France
à Malaga, en remplacement de M. Patin.
M. lecomto d'Héricourt (Charles-Léon de
Servins), consul de seconde classe à Bosna-
Seraï, est appelé, en la même qualité, au
consulat de France à Galatz, en remplacement
de M deLatgue.
M. Moreau (Léopold), consul honoraire, vl-
ce-eoasul de France à Janioa, est nommé
consul de seconde classe, et appelé, en cette
.qualité, au consulat de France à Bosna-Seraï,
en remplacement dé M. le comte d'Héri-
court.
M.Wiet (Gaston), vice-consul de France à
Mostar, est appelé, en la même qualité, au
vice-consulat do Janina, en remplacement do
M. Moreau.
M. Baudais (Auguste), ancien Uentenant de
vaisseau, est nommé vice-consul de France à
Après cette rencontre, la petite caravane
ne fut pas longtemps a. gagner les premiè-
res maisong de Tehuacan.oùje la laisserai
un instant pour dire qui était le voyageur
anglais et le suivre chez le général Teran.
William Robinson était propriétaire d'un
chargement considérable d'armes à bord
d'une goëlette ancrée en deçà de la barre
du Goazacoalcos.
Décidé à conclure un marché pour le
précieux chargement de son navire avec le
premier acheteur qu'il rencontrerait, roya
liste ou insurgé, l'Anglais était tombé en-
tre les mains d'un commandant espagnol
qui avait prêté l'oreiMe aux propositions
d'un arrangement, d'abord au comptant,
puis à crédit. Ce commandant ennn avait
imaginé une conclusion plus avanta-
geuse encore pour lui: il avait projeté
de prendre le chargement d'armes sans
le payer. La première clause du mar-
ché souriait beaucoup à l'Anglais la
seconde lui avait causé quelque inquié-
tude, etennnil s'était récrié de toutes ses
forces contre la troisième. Comme il s'é-
coulera encore un temps inûni avant que
la raison du plus fort cesse d'être la meil-
leure, l'Espagnol avait péremptoirement
signifié à l'Anglais qu'il ne recouvre-
rait sa liberté qu'en lui faisant, par
acte authentique abandon complet de son
chargement. r
Après lui avoir fait .observer qu'il était
encore bien heureux de conserver la goé-
lette qui le portait, le commandant du fort
de Villegas avait emprisonnée malheu-
reux négociant. Celui-ci, dégoûté des
royalistes, avait songé a. Teran et corrompu
ses gardiens, ou plutôt les drôles avaient
eu l'air de se laisser corrompre car après
avoir feint de s'éloigner du: fort, comme la
somme stipulée pour l'évasion du prison-
nier leur avait été payée comptant, ils
Rosario, en remplacement de M. Hébrard,
appelé à une autre destination.
Par arrêté du ministre do l'intérieur et des
cultes, en date du 4 mai ~880, rendu sur !a
proposition du préfet de la Seine, M. Charles
Quentin, membre du conseil municipal de
Paris, a été nommé directeur de l'adminis-
tration générate de l'assistance publique à
Paris, enfemplacement, de M. Michel Moring,
décédé.
L'tNC)DENT_OMEMHN
Le nouveau directeur de l'Assistance
publique par la grâce de M. Gambetta
est-il bien certain d'être installé dans ses
fonctions ?
Nous en doutons fort.Il s'estproduit dans
la presse, dans l'opinion publique, un sen-
timent d'unanime de protestation. Le coup
devenait trop fort.
Depuis plusieurs mois la population pa-
risienne manifestait par son indifférence
le cas qu'elle fait de la politique opportu-
niste et le dégoût que lui inspiraient des
hommes dont elle a pu depuis dix ans
suivre les tristes palinodies.
Mais en présence d~unë série d'actes ou
de mesures qui l'attaquent directement,
elle a peu de patience.
Qu'on place des incapables dans les pré-
fectures et les sous-préfectures, elle n'en
a cure, mais qu'on considère les services
publics comme les Invalides ou la Sainte-
Périne de la République, elle ne peut le
supporter.
La nomination de M. Quentin pourrait
bien tourner à l'événement et précipiter un
'déchirement qui menaçait depuis quelque
temps.
Ce pays a, quoi qu'on en dise, encore du
bon sens et de l'esprit. Il veut la démocra-
tie, il en aime les mœurs plus que jamais
mais il a le sentiment très exact du juste
et du bien.
Il ne conçoit pas que les honneurs et
les emplois puissent être réservés aux plus,
incapables. Eaûn, il a horreur du bon
plaisir, du favoritisme, et il n'a pas à
diverses reprises renverser la monarchie
pour le remplacer par de vulgaires coteries
s'installant dans nos palais nationaux ou
se faunlant dans les emplois les plus lu-
cratifs.
On s'en est ému, après tout, parce qne
cela devient scandaleux et que la direc-
tion de l'Assistance publique est un ser-
vice considérable qui intéresse tout Paris,
et à la tête duquel on aurait voulu voir
placer un de ces hommes considérables, de
ces savants que l'on peut sans rougir pré-
senter aux étrangers.
Le conseil municipal avait choisi M.
Thulié.
Nous avons dit, hier, les mauvaises
raisons opposées par M. Herold à cette no-
mination, et nous apprenons aujourd'hui
que le conseil municipal de Paris est fort
irrité.
'Non-seulement on ne tient pas compte
dé son avis, on répousse un de ses mem-
bres les plus distingués, mais encore on
lui substitue une personnaUté sans talent,
sans autorité, connue au Aa~ ~o~ mais
inconnue et ignorée du Paris intellectuel et
sérieux. Il faut avouer qu'on aurait le droit
de se fâcher pour beaucoup moins.
Le conseil municipal avait quelque droit,
ce nous semble, a. désigner le directeur de
i l'Assistance publique et à espérer qu'on
tiendrait compte de ses propositions.
Nous n'avons pas toujours approuvé les
-actes et le langage f,du conseil municipal
quand il a le tort de sortirde ses attributions
et déjouer au Parlement; mais, dans cette
avaient voulu de nouveau ramener,l'An-
glais enprison, et ils y. auraient réussi sans
l'heureuse intervention d'Andrës.
Malgré l'élévation récente de sa fortune,
le général Teran n'en était pas moins ac-
cessible presque à toute heure de nuit.
comme de jour. L'Anglais ne prit que le
temps, de loger son cheval à la posada, de
manger un morceau et, au moment où
le clairon sonnait la diane, il se-présentait
aux portes du palais. Il ne tarda pas à
y être introduit, et il se trouva en face
d'un jeune homme dont le visage trahis-
sait à la fois la distinction, l'aSabitité et la
plus viveinteDigence. C'était le général in-
dépendant don Manuel deMieryTeran; il
était assis devant une table chargée de pa-
piers et de car tes géographiques, carletra-
vaii de la journée était déjà commencé. Le
chef insurgé était alors en fonds et il ac-
cueillit avec joie la proposition de Robin-
son, qui offrait de lui céder son précieux
chargement d'armes. Comme il était, séance
tenante, occupé à discuter avec le négo-
ciant les clauses de son marché, un gratid
bruit se ntentendre sur la place, ouïes
premiers rayons du soleil éclairaient deux
régiments campés là faute de caserne. Le
général s'approcha delà ienetre pour voir
quelle pouvait être la cause de cette ru-
meur.
–Ah! dit il, ce sont nos fourrageurs
qui reviennent plus abondamment chargés
encore qu'hier; mais que leur veut cet
Homme?
Cet homme, Excellence, lui dit. l'An-
glais., est Andres Tapia, le Chercheur de
traces. C'est lui qui m'a vaillamment arra-
ché aux mains des Espagnols, et si, grâce
aux armes que je vous fournirai; votre
cause nnit par triompher, c'est a. cet hom-
me que Votre Excellence le devra
circonstance, il a agi dans limite de ses
.pouvoirs, et, nous l'ajoutons, il a rempli
spndevoir.Il lui appartient, en euet,de
veiller sur l'organisation et la. direction
des grands services publies de Paris.
Le gouvernement a commis une faute
en refusant une si légitime satisfaction à
une assembléee d'hommes d'élite qui ad-
ministre après tout avec dévouement et
honneur la première cité du monde.
L'acte qui nomme M. Quentin est un-.acte
de bon plaisir qu~ atteste d'ailleurs que les
ministres n'ont plus ni leur indépendance,
ni leur liberté d'action.
On prête au conseil municipal l'intention
de protester. Quelques lignes duj?euex7
sod'un conflit que les électeurs de Paris se-
raient appelés à juger en dernier res-
sort.
Ce n'est pas une idée en l'air, mais une
proposition sérieuse, réfléchie, car elle est
Signée de M. de Lanessan, qui, si nous ne
nous trompons, fait partie du conseil mu-
nicipal.
« Aux électeurs, dit-il, il appartiendra de
dire à leurs mandataires s'ils les ont élus
pour obéir à M, Andrieux, à M. Herold et
à M..&ambëtta, ou pour défendre les droits
et la dignité de la capitale.
)' Aux électeurs il appartiendra de décider
si M. Gambëtta, après avoir fait courber
les fronts du ministre de l'intérieur et du
préfet de la Seine, est assez grand pour
poser son talon sur la tête de Paris. »
On le voit la chose est grave. Nous en
souhaitons laréalisation, car nous en avons
la conviction, la population parisienne con-
damnerait dans un arrêt solennel le grand
Manitou de l'opportuniste.
Chronique Parisienne
LES EPOUX PLAQUET
Voilà un nom bien simple, bien Inconnu'
jusqu'ici, qui est destme à devenir quasi cé-
lèbre.
On dira: Le cas de Mme PIaquet. Pauvre
Mme PIaquet' 1
Connaissez-vous quelque chose do plus
horripilant que sa situation?. Mais j'oublie
que probablement vous ne connaissez pas
cette,infortune._
Or donc, vous tous qui bai'Iez en atten-
dant votre dîner, écoutez, bonnes gens, l'his-
toire de Mme Plaquet.
Cette dame née eu France a eu le triste
honneur de devenir, à Lille, l'épouse de M.
Plaquât, sujet belge.
Mais Monsieur, paraît-il, laissait beaucoup à
désirer; le ménage fut plein de troubles
plein d'orages.
Les conjoints firent appel à lt justice fran-
çaise,et une séparation de corps fut prononcée
entre eux à la requête de la femme, e< e~ sa
yaceMy.
Ma foi se dit l'époux sépare puisque
me vo!H libre, c'est le cas de ma démarier
sérieusement, de façon à pouvoir essayer si
un second conjungo me réussirait mieux que
le premier.
Aussitôt dit, aussî'.ôt fait. Le sieur PIaquet
se transporte de sa personne à Tournai, en
Belgique, c'est l'heureux lieu de sa nais-
sance, et il sollicite de la justice belge que
la séparation soit convertie ~n divorce bien
net.
Cette prétention paraît, fort légitima aux
magistrats du pays, et le divorce est pro-
noncé.
Malheureusement,M. Plaquet aime trop les
Françaises; cela peut le mener loin.
Pour lui, une da perdue, une de retrou-
vée
Andres gesticulait et parlait avec feu, et
des rires répondaient à ses paroles.
S'IL plaisait à Votre Excellence de
l'écouter, s'écria Robinson, je suis con-
vaincu qu'elle serait de son avis.
~4 ue~ (Voyons), dit le général en
donnant l'ordre de lui amener Andres.
Celui-ci, s'adressant à Teran
–Plairait-il à F'Me~(ï\E'~e?!CM, dit-il,
d'ordonner qu'on brûle au plus vite tout
le fourrage que ces soldats viennent d'ap-
porter ?
Et pourquoi, s'il vous plaît? '?
Parce que nos ennemis se servent
de toute espèce d'armes contre nous, et
qu'on a profité d'un préjugé accrédité
dans toute notre province pour empoison-
ner des fourrages que l'on dit coupés par
le faucheur de nuit, et dont on ne sus-
pecte pas la qualité. Ces fourrages nous
coûteront, c'est moi qui le soutiens, les
chevaux de tout un régiment.
Andres paraissait sûr de son fait. Le gé-
néral donna donc l'ordre de séquestrer
provisoirement les fourrages, assez rares
pour n'être pas sacrifiés légèrement jus-
qu'à ce qu'on les eût fait goûter par un
cheval de rebut ce qui fut exécuté.
Ainsi, dit Berrendo à Andres quand
ils se retrouvèrent seuls, ce 'faucheur de
nuit.
–N'était qu'un' drôle qui jouait le rôle
qu'on lui avait tracé, mais qui n'était pas
de force à lutter contre moi.
Il vous a confessé que ce fourrage
était empoisonné ?
–Il-ne m'en a pas dit un. mot; nous n'a-
vons causé que du beau temps et des der-
nières pluies, répondit Aadrès en ache-
vant de débrider son cheval.
Et. cela vous a sufu.?
Parbleu! j'ai deviné la pensée de
bien des gens en moins de mots qu'il ne
Une fois démarié, retourne à Lille et y
demande la main d'une jeune ûlle, qui l'a-
grée.
Mais, arrivés devant M. le maire, ce ma-
gistrat refuse de les marier.
Rage du sieur PIaquet, planté entre l'é-
pouse qu'il n'a plus et celle qu'il n'a pas
encore.
U s'adresse aux tribunaux français à Lille;
en première instance il perd. H en ap-
pelle à Douai même résultat.
Marchons, marchons encore! se dit l'in-
fortuné. (Laûaneée attendait toujours.) lise.
pourvoit en cassation; joie inespérée,.le tri-
bunal de cassation le renvoie devant la cour
d'Amiens.
La cour d'Amiens, prend en pitié les mal-
heurs du citoyen belge et l'attente de la
ïlancëe, et il condamne le maire de. Lille à
marier M. PIaquet au plus vite.
Enfin Mlle X. n'attend plus! 1
Mais, me direz-vous, c'est l'histoire du
mari que vous nous racontez ]à. et Madame?
Celle qui avait obtenu le droit de no plus
avoir l'honorable commerçant (M. Plaquet
est un honorable commerçant) pour mari,
qu'est-ce qui lui est arrivé ?
Ah mon Dieu, peu de chose Son mari
est démarié et ramarië; elle, non.
En. France, quoique par son mariage elle
soit devenue Belge selon la loi qui règle
.ainsi la nationalité de la femme, elle reste
l'épouse séparée de M. Plaquet et ne peut,
elle, convoler en nouvelles noces.
Parce que le divorce, prononce e;: Be~-
{/K~M6,lui rpRi sa qualité de Française et que
comme telle elle ne peut bénéficier de la loi
belge..
Mais c'est la loi belge qui casse son ma-
riage. Si on ne l'admet pas en France, elle
reste donc Belge et est divorcée.
Non, ce n'est pas cela la loi belge est
bonne pour une chose, mauvaise pour une
autre, et Mme Plaquet est là, dans l'impossi~
bi)ité de contracter une union légitime, tan-
dis que son mari se prélasse dans les dou-
ceurs d'un nouvel hymen.
C'est inouï tout simplement! 1
Supposons un Instant que Mme PIaquet
me pardonne cette supposition gratuite,–sup-
posons un instant, dis-je, que cette dame,
se décide à accepter les hommages d'un mon-
sieur quelconque et qu'elle se mette en si-
tuation d'être prise en flagrant délit d'amour
non autorisé..
Elle est adultère, et son mari, l'époux d'une
autre femme, sera excusé s'il l'oceit on com-
pagnie de son complice.
Si l'époux consolé néglige cette formalité,
et que des enfants naissent dudit commerce
illicite, ces malheureux êtres seront des en-
fants adultérins, c'est-à-dire des parias.
Et de plus, pendant tout le temps de sa vie,
Mme PIaquet devra, chaque fois qu'elle vou-
dra vendre cinq francs de rente, demander
un passe-port pu ~<:r en justice, implorer
l'autorisation du mari d'une autre.
« La femme de mon mari Quel vaude-
ville 1
Mais quel drame, peut-être! 1
Eile pourrait, il est vrai, aller se remarier,
elle .aussi, en Belgique.
Elle sera bigame ou adultère au choix il
n'y a pas à sortir de ce dilemme.
Voyez la princesse Bibesco, que les magis-
trats du pays le plus spirituel de la terre no
cessent d'appeler, sur papier timbré, Mme de
Bauffremont, et lesdits papiers timbrés pleu-
vront sur elle jusqu'à ce qu'elle soit entière-
ment ruinée..
Et vous concluez ?
Je conclus, que certaines de nos lois res-
semblent aux puddings anglais, dans lesquels
on met à volonté tes Ingrédients les plus va-
riés. Pour les uns, le raisin de Corlnthe,pour
m'ea a dit. J'avais pu l'observer quelque
temps sans qu'il me vît, et quand je l'ai
accosté je savais déjà presque à quoi m'en
tenir. «L'ami, lui ai-je dit, je suis envoyé
M en courrier extraordinaire au comman-
dant du fort de Villegas pour un mes-
sage de vie ou de mort mon cheval est
M rendu de fatigue, et une botte de luzerne
a que vous me laisserez prendre lui ren-
') dra les forces sans lesquelles il ne
H pourrait arriver cette nuit autrement le
H fort sera pris. )) Je pré voyais la réponse:
le faucheur me dit que mon cheval arri-
veraitencoreplùs vite s'il mangeait ailleurs,
parce que. parce que la luzerne était verte
ethumidedelarosée delà .nuit. « C'est bien,
« répoudis-je j'emporte le; chapeau d'un
sot. » En disant ces mots, je lui arrachai
son chapeau de mascarade, et il n'était pas
revenu de sa stupéfaction, que déjà je ga-
lopais pour vous rejoindre et vous con-
vaincre que le faucheur de nuit n'est qu'un
homme payé pour empoisonner les champs
d'a/ dans le voisinage des postes in-
surgés. D'ici à une demi-heure, nous
irons voir en quel état se trouve le cheval
qui a mangé sa ration de luzerne.
1/éyenement conBrma de tout point
l'assertion du Chercheur de traces. Le pau-
vre ariimal ne tarda pas à expirer dans les
convulsions du poison, et un immense
brasier consuma bientôt sur la place la
dernière parcelle du fourrage qui, sans
l'in-terven.tion d'Andres, eût été si fatal à
là cavalerie de Teran.
~.IV
LA PLATA-VtGENTE
En arrivant, après mille dangers, à Te-
huacan, Andrës et Berrendo s'étaient vai-
nement ûattés de continuer en paix la
lutte courtoise dont Luz devait être le
prix. pleins de huit jours après leur arfi-'
les autres, la mie de pain; la viande pour
les lymphatiques, et la moelle de bœuf pour
lessanguins.
Et je suis sûr que Mme Plaquet n'aime pas
le plum-pudding et qu'elle a une crise de
nerfs chaque fois que, sur un de nos monu-
ments, elle lit « Liberté, Egalité, Frater-
nité. x
La silhouette libératrice du divorce se pro-
file, il est vrai, à l'horizon; mais c'est encore
l'avenir. « Grand fantôme aux mains vides,
qui promet tout et qui n'a rien. »
Et en j attendant) l'heure libératrice nous
sommes forcés de nous écrier:
« Pauvre, pauvre Mme Plaquet!
CAMILLE DELAVULE.
Une grève s'est déclarée hier àDeville,près
de Rouen, dans les fabriques d'Indiennes ap-
partenant à MM. Thibaut, Autin et Laper-
sonne.
Les ouvriers avaient demandé une aug--
mentation de cinq centimes par heure. 7~
Ea présenca du refus des patrons, les ou-
vriers ont quitté les ateliers hier matin.
Hier soir,â Marseille, des siuletsont aceuelDl
certains passages deDaKM~ Roc/tat, dont la
représentation &vait lieu au théâtre Valette.
La pièce, après avoir été interrompue pon-
dant quelques Instants, s'est achevée au mi-
lieu de l'ihdilTérence générale. L'attitude de
la police a été très correcte.
La pièce no sera pas jouée une seconde
fois à Marseille.
Clovis Montai, auteur de l'assassinat com-
mis dans uu wagon, entre Rognac et Miramas,
vient de se pendre dans sa cellule, à la mai-
son d'arrêt d'Aix, au moyen des bandes qui
recouvraient sa blessure à la lèvre.
L'instruction continue néanmoins; car on
croit que Montel appartMattàIabandequI
a fait de nombreuses arrestations aux envi~
rons de Soptêmés.
RAPPORT
SUR LA pMp(mm mm
Parmi les questions qui intéressent
l'opinion publique, celle de la réduction
du service militaire est une de celles
qui passionnent le plus vivement les es-
prits. De nombreuses propositions ont
été faites dans ce sens une entre toutes
est.restée essentiellement populaire, c'est
celle formulée par M. Laisant, le sympa-
thique député de l'Union républicaine.
Abolir le volontariat, réduire la durée du
service a trois ans avec renvois anticipés
au bout de la 1" et de la 2° année, des
soldats suffisamment instruits tel est le
but que s'est proposé M. Laisant.La com-
mis ion nommée par la Chambre pour
examiner cette proposition s'est déclarée
en majorité favorable au projet. Hier,
M. Laisant, qui avait été nomme rappor-
teur, a lu son rapport à la commission
qui en a vote l'adoption à l'unanimité.
Nous sommes en mesure de donner des
aujourd'hui un résumé de cet important.
travail et d'en citer textuellement les pas-
sages les plus importants.
Le rapport, qui est des plus volumi-
neux, débute.par un exposé générai de la
question. La loi de 1872, qui a remplacé
celle de 1832, est une loi précaire, défec-
tueuse, mal équiiibrée la plupart des
hommes spéciaux n'hésitent pas à la trou-
vermauvaise, l'opinion publique lui repro-
che de n'être pas conforme aux principes
de justice etd égalité. Il nous faut aujour-
d'hui une législation tellement en harmo-
nie avec les besoins, les intérêts et les
aspirations du pays, que l'on jl'ait plus
besoin d'y porter la main de longtemps.
Pour arriver à. ce but, deux modifications
s'imposent: la réduction du service, la
suppression du volontariat.
vée a. Tehuaean, nous les retrouvons che-
vauchant tous deux, seuls cette fois, à
une soixantaine de lieues delà, sur les li-
mites de l'Etat de Oajaca et de celui de
Vera-Cruz.
La saison des pluies avait commencé, et
le pays qu'ils traversaient offrait l'aspect
le plus triste et le plus étrange. Du ee?'?'o
Rabon, l'un des points les plus élevés de
la Sierra-Madré, coulent une quantité
considérable decours d'eau quine tardent
pas à se réunir en une masse bientôt divi-
sée elle-même en douze Qeuves distincts;
le rio de Playa-Vicente occupe un des pre-
miers rangs de ce magni&que faisceau de
Heuves. Le lit de ces cours d'eau était de-
venu trop étroit pour les contenir, et leurs
ûots débordés avaient transformé le pays
en un lac immense aux eaux troubles,
au-dessus duquel surgissaient, comme
des navires à Fancre, les clochers des
haciendas inondées.
Au milieu d'étroites bandes de terrains
noyés, semblables a des chaussées ména-
gées sur ce grand lac, les chevaux des
deux aventuriers n'avançaient qu'avec
peine et enfonçaient dans la fange jus-
qu'au poitrail. A une demi-lieue plus loin,
derrière eux, un corps d'armée de quatre
cents hommes environ suivait la trace
des deux guides c'était l'expédition com-
mandée par le général Teran en personne,
pour gagner la Piaya-Vicente, puis la bar-
re du fleuve de Groazacoalcos, et prendre
livraison du chargement d'armes dont le
général avait traité avec Robihson. Les
deux batteurs d'estrade, Andrès surtout,
laissaient percer sur leur physionomie un
air d'abattement mélancolique que justi-
fiaient l'aspect des lieux et, les circonstan-
ces désastreuses au milieu desquelles il
se trouvaient.
(La ~e s a'e~m.) GABRIEL FERRY.
45" ANNÉE.– NUMÉRO 126
VENDREDI 7 MAI 1880
mïMBtUB~
Btftottct
tRNONCKS
BffN. ranchoz, LafHtte <,tLAC
ao, ma Bertrèfet ZW
M tH/t MÀTM' M
~Mnementt~ÏMl*~i6dt~)~MHMM
JI lm
J JBtJEtIBUiaj~
Mf«t
ABONNEMENT)!
~m:Trb!emoia. M
ttEDACTÏOM
M.fnwBM'ctrw.aO
MMtt*tMnm«
~M))HaMMedt<~MMa
e~r~lr~s
Messieurs. les abonnés ~OM< f
pr~ t~e le reMOMus/ey !?K?Me6fM~e??!en~
~& Me veulent ~oyoMue?* aMCMn retard dans
/'eHUo: de JeM~ /oMr?K!
LA L(M m LA PRESSE
M. le ministre de la justice a fait, hier,
devant la commission de la presse, des
déclarations inspirées par une profonde
ménancede la liberté.
Le gouvernement consent à la suppres-
sion du cautionnement. mais il demande
qu'on établisse une sanction pour l'exécu-
tion des condamnations.
On cherchera, on ne trouvera pas et on
parviendra & reculer indéfiniment le vote
d'une loisur la liberté de la presse. Le
non-payement de l'amende entraîne la
contrainte par corps c'est là une sanction
sufnsante.
On parle, notamment, de voter la res-
ponsabilité civile du propriétaire. Ce sera
une excellente affaire pour les AoHïMM
6~pa!e quiservent de gérants d&ns cer-,
tains journaux. Ils ne seront pas mis à
pied: on en fera des propriétaires fictifs.
Le gouvernement maintient le délit de
fausse nouvelle de mauvaise foi et de na-
ture à troubler la paix publique, le délit
d'outrage contre les chefs des Etats étran-
gers, envers la République, le président
de la République, le Sénat et la Chambre
des députés. Il maintient également la
législation actuelle sur la diffamation
envers les corps constitués, les fonction-
naires publics et les particuliers.
Le maintien du délit d'outrage à la Ré-
publique, au Sénat et à la Chambre des
députés, permettra de poursuivre tous les
journaux qui seront désagréables. Lors-
qu'on appréciera durement les actes dé M.
Jules Gréyy, de M. Gambetta ou du suc-
cesseur de M. Martel, on tombera sous le
coup de la lojL Le mot outrage est très
élastique il sera interprété selon les pas-
sions du momentet le bon plaisir du jury.
Ce qui permettra de condamner les jour-
nalistes indépendants à un emprisonne-
ment de six mois à deux ans et à une
amende de 100 fr. à 3,000 francs.
Le délit défausse nouvelle de mau-
vaise foi n'avait~asété admis par la com-
mission, qui avait compris qu'il était pué-
ril de punir le propagateur d'une fausse
nouvelle n'ayant pas produit d'effet, et
qu'il était toujours facile d'atteindre le
journal comme complice quand la fausse
nouvelle avait été suivie d'actes délictueux
ou criminels.
Le garde des sceaux tient à conserver le
délit de fausse nouvelle parce que c'est
une arme qu'on peut employer sept.fois
par jour contre un journal redouté des mi-
nistres.
En cas de diffamation, le prévenu de-
vrait être autorisé à fournir la preuve du
fait diffamatoire. Le garde des sceaux n'ad-
met cette preuve en aucun cas, pas môme
au cas où le prévenu autoriserait la
preuve.
EnSn, le gouvernement demande que
l'introduction des journaux étrangers soit
interdite en France. On ne pourra y intro-
duire que les journaux agréables au minis-
tère. Quel libéralisme pis-
Nous protestons contre ces prétentions
du gouvernement. Mais nous engageons la
commission à en nhir, même au prix de
quelques concessions.
~La loi nouvelle sera malgré tout unpro-
.gres..
MMJM~EirOM DME i~~t ~f~
bU VENDREDI 7 MAI 1880
~E
CBEM~ ? MES
ni
LE FAUCHEUR DE NUIT- (SUITE).
Et, sourd aux remontrances des deux
femmes et de Berrendo, qui continuaient
a~voir une apparition surnaturelle dans le
iaucheurdenuit, Andrës rebroussa che-
min au galop et ne tarda pas à disparaî-
tre pour la seconde fois, comme ces che-
valiers errants qui, ners de prouver leur
courage indomptable aux yeux de leur
maîtresse, se lançaient sans hésiter dans
'les plus terribles aventures.
Déjà Berrendo, l'Anglais Robinson et les
deux femmes n'étaient plus qu'a une courte
di&tance deTehuacan; ils allaient désor-
mais sëtrouver en sûreté, quand une trou-
pe d'une vingtaine de cavaliers qui sor-
.taient de la vilie leur barra le chemin. Le
j9ur allait paraître~ et les niets que chaque
cavalier portait avec lui indiquaient qu'ils
se mettaient en route pour les remplir de
fourrage. Telle était en effet leur mission.
Le chef du détachement interrogea les
voyageurs. Le cheval du dragon espagnol
que montait encore l'Anglais conËrma aux
,yeux del'ofacier l'exactitude des rensei-
gnements que lui donna Berrendo en ré-
ponse~ ses questions.
.Elleconsacrëra:
D'abord la liberté de l'imprimerie et
de la librairie;
Là suppression du cautionnement pour
les journaux ou autres écrits périodiques
La suppression des délits d'opinion
actuellement punis par !a loi, savoir 'la
provocation à la désobéiss.ance aux lois
(M de 1819), l'outrage à la morale publi-
que et religieuse (loi de 1819), l'outrage
aux religions reconnues par l'Etat (toi de
1822), l'infidélité de mauvaise foi dans le
compte rendu des séances des Chambres et
des audiences des cours et tribunaux (loi de
1822), les attaques contre la Constitution,
leprincipe de la. souveraineté du peuple et
du suffrage universel (décret du 11 août
1848), les attaques contre la liberté des
cultes, le principe de la propriété et les
droits de la famille (décret du 14 août
1848) l'excitation à la haine et au mépris
du gouvernement (décret du 11 août 1848),
l'excitation au mépris et a. la haine des ci-
toyens les uns contre les autres les atta-
ques contrôle respect dû aux lois et à
l'inviolabilité des droits qu'elles ont con-
sacré (loi du 27 juillet 1849)
La suppression du délit de fausse nou-
vellepuretsimple.
Une telle loi n'est pas parfaite,, mais
c'est un acheminement vers une loi meil-
leure. Tout en faisant nos réserves au nom
des principes, nous pouvons l'accepter à
titre de transition.
Nous engageons donc la commission à
déposer rapidement son rapport, la Cham-
bre à voter rapidement la loi acceptée par
le gouvernement, et le Sénat à ne pas op-
poser son veto. Le mieux ne doitjam&is
être l'ennemi du bon.
Par décret en date du 1" avril 1880, M. le
vicomte de Semalté (Marie-Joseph.Claude-
Edouard-Robert), attaché payé au cabinet du
ministre, a été nommé secrétaire d'ambas-
sade de seconde classe à Pékin, en rempla-
cement de M. le'vicomte de Petiteville.
Par décret en date du 30 avril 1880, rendu
sur la proposition du pressent du conseil
ministre des ajffaires étrangères, M. de Ver-
nouillet (Augustin-Maurice), envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire de la Ré-
publique française à Tenger, est nommé mi-
nistre plénipotentiaire de première classe.
Par décret en date du 30 avril 1880, rendu
sur ]a proposition du président du conseil
ministre des aSaires étrangères
M. Challet (Casimir-Paul), consul de pre-
mière classe a Syra, est chargé du consulat
général de France à Qui'o, en remplacement
de M.BoIlaîgue de Bughas, mis, sur sa. de-
mande, en dispoDibUité.
M. Patin (Louis-Joseph-Alphonse), consul
do seconde classe à Malaga, est appelé, en la
même qualité, au consulat de France à Syra~,
en remplacement de M, Challet. `
M. de Laigue (Loais-AIbert-Marie-Paul),.
consul de seconde classe à Gatatz, estappeté,
en là même qualité, au consulat de France
à Malaga, en remplacement de M. Patin.
M. lecomto d'Héricourt (Charles-Léon de
Servins), consul de seconde classe à Bosna-
Seraï, est appelé, en la même qualité, au
consulat de France à Galatz, en remplacement
de M deLatgue.
M. Moreau (Léopold), consul honoraire, vl-
ce-eoasul de France à Janioa, est nommé
consul de seconde classe, et appelé, en cette
.qualité, au consulat de France à Bosna-Seraï,
en remplacement dé M. le comte d'Héri-
court.
M.Wiet (Gaston), vice-consul de France à
Mostar, est appelé, en la même qualité, au
vice-consulat do Janina, en remplacement do
M. Moreau.
M. Baudais (Auguste), ancien Uentenant de
vaisseau, est nommé vice-consul de France à
Après cette rencontre, la petite caravane
ne fut pas longtemps a. gagner les premiè-
res maisong de Tehuacan.oùje la laisserai
un instant pour dire qui était le voyageur
anglais et le suivre chez le général Teran.
William Robinson était propriétaire d'un
chargement considérable d'armes à bord
d'une goëlette ancrée en deçà de la barre
du Goazacoalcos.
Décidé à conclure un marché pour le
précieux chargement de son navire avec le
premier acheteur qu'il rencontrerait, roya
liste ou insurgé, l'Anglais était tombé en-
tre les mains d'un commandant espagnol
qui avait prêté l'oreiMe aux propositions
d'un arrangement, d'abord au comptant,
puis à crédit. Ce commandant ennn avait
imaginé une conclusion plus avanta-
geuse encore pour lui: il avait projeté
de prendre le chargement d'armes sans
le payer. La première clause du mar-
ché souriait beaucoup à l'Anglais la
seconde lui avait causé quelque inquié-
tude, etennnil s'était récrié de toutes ses
forces contre la troisième. Comme il s'é-
coulera encore un temps inûni avant que
la raison du plus fort cesse d'être la meil-
leure, l'Espagnol avait péremptoirement
signifié à l'Anglais qu'il ne recouvre-
rait sa liberté qu'en lui faisant, par
acte authentique abandon complet de son
chargement. r
Après lui avoir fait .observer qu'il était
encore bien heureux de conserver la goé-
lette qui le portait, le commandant du fort
de Villegas avait emprisonnée malheu-
reux négociant. Celui-ci, dégoûté des
royalistes, avait songé a. Teran et corrompu
ses gardiens, ou plutôt les drôles avaient
eu l'air de se laisser corrompre car après
avoir feint de s'éloigner du: fort, comme la
somme stipulée pour l'évasion du prison-
nier leur avait été payée comptant, ils
Rosario, en remplacement de M. Hébrard,
appelé à une autre destination.
Par arrêté du ministre do l'intérieur et des
cultes, en date du 4 mai ~880, rendu sur !a
proposition du préfet de la Seine, M. Charles
Quentin, membre du conseil municipal de
Paris, a été nommé directeur de l'adminis-
tration générate de l'assistance publique à
Paris, enfemplacement, de M. Michel Moring,
décédé.
L'tNC)DENT_OMEMHN
Le nouveau directeur de l'Assistance
publique par la grâce de M. Gambetta
est-il bien certain d'être installé dans ses
fonctions ?
Nous en doutons fort.Il s'estproduit dans
la presse, dans l'opinion publique, un sen-
timent d'unanime de protestation. Le coup
devenait trop fort.
Depuis plusieurs mois la population pa-
risienne manifestait par son indifférence
le cas qu'elle fait de la politique opportu-
niste et le dégoût que lui inspiraient des
hommes dont elle a pu depuis dix ans
suivre les tristes palinodies.
Mais en présence d~unë série d'actes ou
de mesures qui l'attaquent directement,
elle a peu de patience.
Qu'on place des incapables dans les pré-
fectures et les sous-préfectures, elle n'en
a cure, mais qu'on considère les services
publics comme les Invalides ou la Sainte-
Périne de la République, elle ne peut le
supporter.
La nomination de M. Quentin pourrait
bien tourner à l'événement et précipiter un
'déchirement qui menaçait depuis quelque
temps.
Ce pays a, quoi qu'on en dise, encore du
bon sens et de l'esprit. Il veut la démocra-
tie, il en aime les mœurs plus que jamais
mais il a le sentiment très exact du juste
et du bien.
Il ne conçoit pas que les honneurs et
les emplois puissent être réservés aux plus,
incapables. Eaûn, il a horreur du bon
plaisir, du favoritisme, et il n'a pas à
diverses reprises renverser la monarchie
pour le remplacer par de vulgaires coteries
s'installant dans nos palais nationaux ou
se faunlant dans les emplois les plus lu-
cratifs.
On s'en est ému, après tout, parce qne
cela devient scandaleux et que la direc-
tion de l'Assistance publique est un ser-
vice considérable qui intéresse tout Paris,
et à la tête duquel on aurait voulu voir
placer un de ces hommes considérables, de
ces savants que l'on peut sans rougir pré-
senter aux étrangers.
Le conseil municipal avait choisi M.
Thulié.
Nous avons dit, hier, les mauvaises
raisons opposées par M. Herold à cette no-
mination, et nous apprenons aujourd'hui
que le conseil municipal de Paris est fort
irrité.
'Non-seulement on ne tient pas compte
dé son avis, on répousse un de ses mem-
bres les plus distingués, mais encore on
lui substitue une personnaUté sans talent,
sans autorité, connue au Aa~ ~o~ mais
inconnue et ignorée du Paris intellectuel et
sérieux. Il faut avouer qu'on aurait le droit
de se fâcher pour beaucoup moins.
Le conseil municipal avait quelque droit,
ce nous semble, a. désigner le directeur de
i l'Assistance publique et à espérer qu'on
tiendrait compte de ses propositions.
Nous n'avons pas toujours approuvé les
-actes et le langage f,du conseil municipal
quand il a le tort de sortirde ses attributions
et déjouer au Parlement; mais, dans cette
avaient voulu de nouveau ramener,l'An-
glais enprison, et ils y. auraient réussi sans
l'heureuse intervention d'Andrës.
Malgré l'élévation récente de sa fortune,
le général Teran n'en était pas moins ac-
cessible presque à toute heure de nuit.
comme de jour. L'Anglais ne prit que le
temps, de loger son cheval à la posada, de
manger un morceau et, au moment où
le clairon sonnait la diane, il se-présentait
aux portes du palais. Il ne tarda pas à
y être introduit, et il se trouva en face
d'un jeune homme dont le visage trahis-
sait à la fois la distinction, l'aSabitité et la
plus viveinteDigence. C'était le général in-
dépendant don Manuel deMieryTeran; il
était assis devant une table chargée de pa-
piers et de car tes géographiques, carletra-
vaii de la journée était déjà commencé. Le
chef insurgé était alors en fonds et il ac-
cueillit avec joie la proposition de Robin-
son, qui offrait de lui céder son précieux
chargement d'armes. Comme il était, séance
tenante, occupé à discuter avec le négo-
ciant les clauses de son marché, un gratid
bruit se ntentendre sur la place, ouïes
premiers rayons du soleil éclairaient deux
régiments campés là faute de caserne. Le
général s'approcha delà ienetre pour voir
quelle pouvait être la cause de cette ru-
meur.
–Ah! dit il, ce sont nos fourrageurs
qui reviennent plus abondamment chargés
encore qu'hier; mais que leur veut cet
Homme?
Cet homme, Excellence, lui dit. l'An-
glais., est Andres Tapia, le Chercheur de
traces. C'est lui qui m'a vaillamment arra-
ché aux mains des Espagnols, et si, grâce
aux armes que je vous fournirai; votre
cause nnit par triompher, c'est a. cet hom-
me que Votre Excellence le devra
circonstance, il a agi dans limite de ses
.pouvoirs, et, nous l'ajoutons, il a rempli
spndevoir.Il lui appartient, en euet,de
veiller sur l'organisation et la. direction
des grands services publies de Paris.
Le gouvernement a commis une faute
en refusant une si légitime satisfaction à
une assembléee d'hommes d'élite qui ad-
ministre après tout avec dévouement et
honneur la première cité du monde.
L'acte qui nomme M. Quentin est un-.acte
de bon plaisir qu~ atteste d'ailleurs que les
ministres n'ont plus ni leur indépendance,
ni leur liberté d'action.
On prête au conseil municipal l'intention
de protester. Quelques lignes duj?euex7
sod'un conflit que les électeurs de Paris se-
raient appelés à juger en dernier res-
sort.
Ce n'est pas une idée en l'air, mais une
proposition sérieuse, réfléchie, car elle est
Signée de M. de Lanessan, qui, si nous ne
nous trompons, fait partie du conseil mu-
nicipal.
« Aux électeurs, dit-il, il appartiendra de
dire à leurs mandataires s'ils les ont élus
pour obéir à M, Andrieux, à M. Herold et
à M..&ambëtta, ou pour défendre les droits
et la dignité de la capitale.
)' Aux électeurs il appartiendra de décider
si M. Gambëtta, après avoir fait courber
les fronts du ministre de l'intérieur et du
préfet de la Seine, est assez grand pour
poser son talon sur la tête de Paris. »
On le voit la chose est grave. Nous en
souhaitons laréalisation, car nous en avons
la conviction, la population parisienne con-
damnerait dans un arrêt solennel le grand
Manitou de l'opportuniste.
Chronique Parisienne
LES EPOUX PLAQUET
Voilà un nom bien simple, bien Inconnu'
jusqu'ici, qui est destme à devenir quasi cé-
lèbre.
On dira: Le cas de Mme PIaquet. Pauvre
Mme PIaquet' 1
Connaissez-vous quelque chose do plus
horripilant que sa situation?. Mais j'oublie
que probablement vous ne connaissez pas
cette,infortune._
Or donc, vous tous qui bai'Iez en atten-
dant votre dîner, écoutez, bonnes gens, l'his-
toire de Mme Plaquet.
Cette dame née eu France a eu le triste
honneur de devenir, à Lille, l'épouse de M.
Plaquât, sujet belge.
Mais Monsieur, paraît-il, laissait beaucoup à
désirer; le ménage fut plein de troubles
plein d'orages.
Les conjoints firent appel à lt justice fran-
çaise,et une séparation de corps fut prononcée
entre eux à la requête de la femme, e< e~ sa
yaceMy.
Ma foi se dit l'époux sépare puisque
me vo!H libre, c'est le cas de ma démarier
sérieusement, de façon à pouvoir essayer si
un second conjungo me réussirait mieux que
le premier.
Aussitôt dit, aussî'.ôt fait. Le sieur PIaquet
se transporte de sa personne à Tournai, en
Belgique, c'est l'heureux lieu de sa nais-
sance, et il sollicite de la justice belge que
la séparation soit convertie ~n divorce bien
net.
Cette prétention paraît, fort légitima aux
magistrats du pays, et le divorce est pro-
noncé.
Malheureusement,M. Plaquet aime trop les
Françaises; cela peut le mener loin.
Pour lui, une da perdue, une de retrou-
vée
Andres gesticulait et parlait avec feu, et
des rires répondaient à ses paroles.
S'IL plaisait à Votre Excellence de
l'écouter, s'écria Robinson, je suis con-
vaincu qu'elle serait de son avis.
~4 ue~ (Voyons), dit le général en
donnant l'ordre de lui amener Andres.
Celui-ci, s'adressant à Teran
–Plairait-il à F'Me~(ï\E'~e?!CM, dit-il,
d'ordonner qu'on brûle au plus vite tout
le fourrage que ces soldats viennent d'ap-
porter ?
Et pourquoi, s'il vous plaît? '?
Parce que nos ennemis se servent
de toute espèce d'armes contre nous, et
qu'on a profité d'un préjugé accrédité
dans toute notre province pour empoison-
ner des fourrages que l'on dit coupés par
le faucheur de nuit, et dont on ne sus-
pecte pas la qualité. Ces fourrages nous
coûteront, c'est moi qui le soutiens, les
chevaux de tout un régiment.
Andres paraissait sûr de son fait. Le gé-
néral donna donc l'ordre de séquestrer
provisoirement les fourrages, assez rares
pour n'être pas sacrifiés légèrement jus-
qu'à ce qu'on les eût fait goûter par un
cheval de rebut ce qui fut exécuté.
Ainsi, dit Berrendo à Andres quand
ils se retrouvèrent seuls, ce 'faucheur de
nuit.
–N'était qu'un' drôle qui jouait le rôle
qu'on lui avait tracé, mais qui n'était pas
de force à lutter contre moi.
Il vous a confessé que ce fourrage
était empoisonné ?
–Il-ne m'en a pas dit un. mot; nous n'a-
vons causé que du beau temps et des der-
nières pluies, répondit Aadrès en ache-
vant de débrider son cheval.
Et. cela vous a sufu.?
Parbleu! j'ai deviné la pensée de
bien des gens en moins de mots qu'il ne
Une fois démarié, retourne à Lille et y
demande la main d'une jeune ûlle, qui l'a-
grée.
Mais, arrivés devant M. le maire, ce ma-
gistrat refuse de les marier.
Rage du sieur PIaquet, planté entre l'é-
pouse qu'il n'a plus et celle qu'il n'a pas
encore.
U s'adresse aux tribunaux français à Lille;
en première instance il perd. H en ap-
pelle à Douai même résultat.
Marchons, marchons encore! se dit l'in-
fortuné. (Laûaneée attendait toujours.) lise.
pourvoit en cassation; joie inespérée,.le tri-
bunal de cassation le renvoie devant la cour
d'Amiens.
La cour d'Amiens, prend en pitié les mal-
heurs du citoyen belge et l'attente de la
ïlancëe, et il condamne le maire de. Lille à
marier M. PIaquet au plus vite.
Enfin Mlle X. n'attend plus! 1
Mais, me direz-vous, c'est l'histoire du
mari que vous nous racontez ]à. et Madame?
Celle qui avait obtenu le droit de no plus
avoir l'honorable commerçant (M. Plaquet
est un honorable commerçant) pour mari,
qu'est-ce qui lui est arrivé ?
Ah mon Dieu, peu de chose Son mari
est démarié et ramarië; elle, non.
En. France, quoique par son mariage elle
soit devenue Belge selon la loi qui règle
.ainsi la nationalité de la femme, elle reste
l'épouse séparée de M. Plaquet et ne peut,
elle, convoler en nouvelles noces.
Parce que le divorce, prononce e;: Be~-
{/K~M6,lui rpRi sa qualité de Française et que
comme telle elle ne peut bénéficier de la loi
belge..
Mais c'est la loi belge qui casse son ma-
riage. Si on ne l'admet pas en France, elle
reste donc Belge et est divorcée.
Non, ce n'est pas cela la loi belge est
bonne pour une chose, mauvaise pour une
autre, et Mme Plaquet est là, dans l'impossi~
bi)ité de contracter une union légitime, tan-
dis que son mari se prélasse dans les dou-
ceurs d'un nouvel hymen.
C'est inouï tout simplement! 1
Supposons un Instant que Mme PIaquet
me pardonne cette supposition gratuite,–sup-
posons un instant, dis-je, que cette dame,
se décide à accepter les hommages d'un mon-
sieur quelconque et qu'elle se mette en si-
tuation d'être prise en flagrant délit d'amour
non autorisé..
Elle est adultère, et son mari, l'époux d'une
autre femme, sera excusé s'il l'oceit on com-
pagnie de son complice.
Si l'époux consolé néglige cette formalité,
et que des enfants naissent dudit commerce
illicite, ces malheureux êtres seront des en-
fants adultérins, c'est-à-dire des parias.
Et de plus, pendant tout le temps de sa vie,
Mme PIaquet devra, chaque fois qu'elle vou-
dra vendre cinq francs de rente, demander
un passe-port pu ~<:r en justice, implorer
l'autorisation du mari d'une autre.
« La femme de mon mari Quel vaude-
ville 1
Mais quel drame, peut-être! 1
Eile pourrait, il est vrai, aller se remarier,
elle .aussi, en Belgique.
Elle sera bigame ou adultère au choix il
n'y a pas à sortir de ce dilemme.
Voyez la princesse Bibesco, que les magis-
trats du pays le plus spirituel de la terre no
cessent d'appeler, sur papier timbré, Mme de
Bauffremont, et lesdits papiers timbrés pleu-
vront sur elle jusqu'à ce qu'elle soit entière-
ment ruinée..
Et vous concluez ?
Je conclus, que certaines de nos lois res-
semblent aux puddings anglais, dans lesquels
on met à volonté tes Ingrédients les plus va-
riés. Pour les uns, le raisin de Corlnthe,pour
m'ea a dit. J'avais pu l'observer quelque
temps sans qu'il me vît, et quand je l'ai
accosté je savais déjà presque à quoi m'en
tenir. «L'ami, lui ai-je dit, je suis envoyé
M en courrier extraordinaire au comman-
dant du fort de Villegas pour un mes-
sage de vie ou de mort mon cheval est
M rendu de fatigue, et une botte de luzerne
a que vous me laisserez prendre lui ren-
') dra les forces sans lesquelles il ne
H pourrait arriver cette nuit autrement le
H fort sera pris. )) Je pré voyais la réponse:
le faucheur me dit que mon cheval arri-
veraitencoreplùs vite s'il mangeait ailleurs,
parce que. parce que la luzerne était verte
ethumidedelarosée delà .nuit. « C'est bien,
« répoudis-je j'emporte le; chapeau d'un
sot. » En disant ces mots, je lui arrachai
son chapeau de mascarade, et il n'était pas
revenu de sa stupéfaction, que déjà je ga-
lopais pour vous rejoindre et vous con-
vaincre que le faucheur de nuit n'est qu'un
homme payé pour empoisonner les champs
d'a/ dans le voisinage des postes in-
surgés. D'ici à une demi-heure, nous
irons voir en quel état se trouve le cheval
qui a mangé sa ration de luzerne.
1/éyenement conBrma de tout point
l'assertion du Chercheur de traces. Le pau-
vre ariimal ne tarda pas à expirer dans les
convulsions du poison, et un immense
brasier consuma bientôt sur la place la
dernière parcelle du fourrage qui, sans
l'in-terven.tion d'Andres, eût été si fatal à
là cavalerie de Teran.
~.IV
LA PLATA-VtGENTE
En arrivant, après mille dangers, à Te-
huacan, Andrës et Berrendo s'étaient vai-
nement ûattés de continuer en paix la
lutte courtoise dont Luz devait être le
prix. pleins de huit jours après leur arfi-'
les autres, la mie de pain; la viande pour
les lymphatiques, et la moelle de bœuf pour
lessanguins.
Et je suis sûr que Mme Plaquet n'aime pas
le plum-pudding et qu'elle a une crise de
nerfs chaque fois que, sur un de nos monu-
ments, elle lit « Liberté, Egalité, Frater-
nité. x
La silhouette libératrice du divorce se pro-
file, il est vrai, à l'horizon; mais c'est encore
l'avenir. « Grand fantôme aux mains vides,
qui promet tout et qui n'a rien. »
Et en j attendant) l'heure libératrice nous
sommes forcés de nous écrier:
« Pauvre, pauvre Mme Plaquet!
CAMILLE DELAVULE.
Une grève s'est déclarée hier àDeville,près
de Rouen, dans les fabriques d'Indiennes ap-
partenant à MM. Thibaut, Autin et Laper-
sonne.
Les ouvriers avaient demandé une aug--
mentation de cinq centimes par heure. 7~
Ea présenca du refus des patrons, les ou-
vriers ont quitté les ateliers hier matin.
Hier soir,â Marseille, des siuletsont aceuelDl
certains passages deDaKM~ Roc/tat, dont la
représentation &vait lieu au théâtre Valette.
La pièce, après avoir été interrompue pon-
dant quelques Instants, s'est achevée au mi-
lieu de l'ihdilTérence générale. L'attitude de
la police a été très correcte.
La pièce no sera pas jouée une seconde
fois à Marseille.
Clovis Montai, auteur de l'assassinat com-
mis dans uu wagon, entre Rognac et Miramas,
vient de se pendre dans sa cellule, à la mai-
son d'arrêt d'Aix, au moyen des bandes qui
recouvraient sa blessure à la lèvre.
L'instruction continue néanmoins; car on
croit que Montel appartMattàIabandequI
a fait de nombreuses arrestations aux envi~
rons de Soptêmés.
RAPPORT
SUR LA pMp(mm mm
Parmi les questions qui intéressent
l'opinion publique, celle de la réduction
du service militaire est une de celles
qui passionnent le plus vivement les es-
prits. De nombreuses propositions ont
été faites dans ce sens une entre toutes
est.restée essentiellement populaire, c'est
celle formulée par M. Laisant, le sympa-
thique député de l'Union républicaine.
Abolir le volontariat, réduire la durée du
service a trois ans avec renvois anticipés
au bout de la 1" et de la 2° année, des
soldats suffisamment instruits tel est le
but que s'est proposé M. Laisant.La com-
mis ion nommée par la Chambre pour
examiner cette proposition s'est déclarée
en majorité favorable au projet. Hier,
M. Laisant, qui avait été nomme rappor-
teur, a lu son rapport à la commission
qui en a vote l'adoption à l'unanimité.
Nous sommes en mesure de donner des
aujourd'hui un résumé de cet important.
travail et d'en citer textuellement les pas-
sages les plus importants.
Le rapport, qui est des plus volumi-
neux, débute.par un exposé générai de la
question. La loi de 1872, qui a remplacé
celle de 1832, est une loi précaire, défec-
tueuse, mal équiiibrée la plupart des
hommes spéciaux n'hésitent pas à la trou-
vermauvaise, l'opinion publique lui repro-
che de n'être pas conforme aux principes
de justice etd égalité. Il nous faut aujour-
d'hui une législation tellement en harmo-
nie avec les besoins, les intérêts et les
aspirations du pays, que l'on jl'ait plus
besoin d'y porter la main de longtemps.
Pour arriver à. ce but, deux modifications
s'imposent: la réduction du service, la
suppression du volontariat.
vée a. Tehuaean, nous les retrouvons che-
vauchant tous deux, seuls cette fois, à
une soixantaine de lieues delà, sur les li-
mites de l'Etat de Oajaca et de celui de
Vera-Cruz.
La saison des pluies avait commencé, et
le pays qu'ils traversaient offrait l'aspect
le plus triste et le plus étrange. Du ee?'?'o
Rabon, l'un des points les plus élevés de
la Sierra-Madré, coulent une quantité
considérable decours d'eau quine tardent
pas à se réunir en une masse bientôt divi-
sée elle-même en douze Qeuves distincts;
le rio de Playa-Vicente occupe un des pre-
miers rangs de ce magni&que faisceau de
Heuves. Le lit de ces cours d'eau était de-
venu trop étroit pour les contenir, et leurs
ûots débordés avaient transformé le pays
en un lac immense aux eaux troubles,
au-dessus duquel surgissaient, comme
des navires à Fancre, les clochers des
haciendas inondées.
Au milieu d'étroites bandes de terrains
noyés, semblables a des chaussées ména-
gées sur ce grand lac, les chevaux des
deux aventuriers n'avançaient qu'avec
peine et enfonçaient dans la fange jus-
qu'au poitrail. A une demi-lieue plus loin,
derrière eux, un corps d'armée de quatre
cents hommes environ suivait la trace
des deux guides c'était l'expédition com-
mandée par le général Teran en personne,
pour gagner la Piaya-Vicente, puis la bar-
re du fleuve de Groazacoalcos, et prendre
livraison du chargement d'armes dont le
général avait traité avec Robihson. Les
deux batteurs d'estrade, Andrès surtout,
laissaient percer sur leur physionomie un
air d'abattement mélancolique que justi-
fiaient l'aspect des lieux et, les circonstan-
ces désastreuses au milieu desquelles il
se trouvaient.
(La ~e s a'e~m.) GABRIEL FERRY.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.73%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.73%.
- Collections numériques similaires Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas" or dc.contributor adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas")Colnet du Ravel Charles Joseph Colnet du Ravel Charles Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Colnet du Ravel Charles Joseph" or dc.contributor adj "Colnet du Ravel Charles Joseph") Porthmann Jules Louis Melchior Porthmann Jules Louis Melchior /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Porthmann Jules Louis Melchior" or dc.contributor adj "Porthmann Jules Louis Melchior")
- Auteurs similaires Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas" or dc.contributor adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas")Colnet du Ravel Charles Joseph Colnet du Ravel Charles Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Colnet du Ravel Charles Joseph" or dc.contributor adj "Colnet du Ravel Charles Joseph") Porthmann Jules Louis Melchior Porthmann Jules Louis Melchior /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Porthmann Jules Louis Melchior" or dc.contributor adj "Porthmann Jules Louis Melchior")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k543321s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k543321s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k543321s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k543321s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k543321s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k543321s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k543321s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest