Presse et revues
32 pages
Titre : La Culture physique : revue bi-mensuelle illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-05-01
Contributeur : Surier, Albert (1871-1944). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344303451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 15531 Nombre total de vues : 15531
Description : 01 mai 1930 01 mai 1930
Description : 1930/05/01 (A34,N481)-1930/05/31. 1930/05/01 (A34,N481)-1930/05/31.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54318908
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/08/2008
NOS ANECDOTES
Comment Emile Maitrot, professeur de Culture
physique, arbitra un match de boxe
Nous avons déjà évoque à différentes
reprises dans cette revue le souvenir d'Emile
Maitrot et nos lecteurs se rappellent sans
doute que naguère encore nous déplorions
que des hommes de cette qualité soient
décédés sans postérité. Mais si nous sommes
impuissante devant l'irréparable, nous
estimons que la vie publique d'un athlète
appartient à l'histoire de la Force. Autant
pour le montrer en exemple que pour que
son souvenir ne périsse pas, nous considé-
rons comme un devoir de publier sous forme
d'anecdotes ces faits qui illustrent la vie de
l'athlète.
Bien des fois dans nos notes, Emile
Maitrot a tenu un rôle de premier plan.
Mais il est juste de reconnaître que ce
professeur de culture, physique était un des
plus beaux hommes que nous ayons connus
et qu'en même temps il était cloué d'une
force qui tenait du prodige. Nous en avons
une preuve de plus dans cette petite anecdote
que nous relatait il y a quelque temps un de
nos lecteurs et amis, AI. Julien Godard,
entrepreneur de travaux d'électricité.
C'était, Salle Wagram, à Paris, au temps
béni de l'avant-guerre. Un match de boxe
mettait en présence le nègre Bob Scanlon et
Harry Lewis. Les soigneurs étaient Lipp
pour Harry Lewis et Sam Mac Vea pour
Bob Scanlon. L'arbitre était Emile Maitrot.
La boxe jouissait alors d'un réel prestige.
Et ce soir-là, dans la salle houleuse, les
spectateurs discutaient ferme des mérites des
deux champions et s'engageaient pour leur
favori.
Sur le ring, Sam Mac Vea se pavanait
d'aise. 11 s'était taillé une solide réputation,
et, fier de son talent de boxeur à qui nul ne
résistait, il avait l'air de dire: « C'est moi! »
Il était alors dans toute sa force. C'était le
point de mire de tous les sportsmen ; et il
taut bien tenir compte de ce que sa carrure
herculéenne, sa haute taille, son faciès de
gorille, son cou hypertrophié où roulaient
des muscles gros comme le poing en faisaient
une curiosité athlétique.
Les deux adversaires, Scanlon et Lewis
engagent le combat. Bien vite le nègre se
rend compte que Lewis lui est nettement
supérieur. Alors, afin de parer au knock-out
qui lui paraît inévitable, il cherche à se faire
disqualifier et, pour cela, se met à donner
clés coups de tête et frappe plus bas que la
ceinture. Mais Lewis lui rend la pareille et
c est une belle bagarre !
Maitrot met bien le holà en séparant les
adversaires, mais il n'a pas d'action sur les
sentiments contradictoires qui animent
les spectateurs. Ceux-ci, le chauvinisme
aidant, prennent parti pour l'un ou l'autre
des boxeurs et veulent envahir le ring Mais
Lipp et Sam Mac Vea les devancent et sous
couvert de défendre leur poulain respectif
les deux soigneurs en viennent aux mains.
*ameuse bataille et qui n'était pas inscrite
au programme ! C'est sans doute ce qui
explique que les règlements de boxe n'y
furent pas pleinement respectés... En effet,
voyant qu'il va avoir le dessous, Lipp
s'empare d'une bouteille d'embrocation et
veut en fendre le crâne de Sam Mac Vea.
Celui-ci entre alors dans une fureur qui ne
connaît plus de limites et renverse tout ce
qui est autour de lui dans le ring.
Voyant que cela tourne vraiment mal,
Maitrot, l'arbitre, prend une décision
soudaine et intervient de façon inattendue.
Il va faire un coup d'éclat parce qu'en
tacticien il a résolu de paralyser celui qui,
grâce à sa vigueur, peut faire le plus de
dégâts. Marchant droit sur Sam Mac Vea, il
le soulève dans ses bras puissants, le colle
sur sa poitrine herculéenne et l'immobilise
complètement tandis que le nègre furieux
écume de se voir lui, boxeur champion du
monde, réduit à zéro par un arbitre qui n'est
pas même boxeur.
Ce n'est pas faute qu'il se soit débattu
comme un diable en un bénitier, mais
s'appelât-on Sam Mac Vea, lorsqu'on tombait
sous la poigne de Maitrot on était bien tenu
et il n'y avait rien à faire pour se dégager.
Lorsque le nègre se fut bien démené et
qu'il eut bien gigote, notre ami lui dit
posément : « Je te laisserai aller lorsque tu
EMILE MAITROT, culturisle, élève du Profes-
seur Desbonnel, et qui, chose rare, est devenu
champion dans deux branches opposées. Cham-
pion du monde de vitesse en vélo à Saint-Péters-
bourg, champion de force à Paris {en dévelop.
pant à deux mains 105 kilos en barre).
.- 145 —
Comment Emile Maitrot, professeur de Culture
physique, arbitra un match de boxe
Nous avons déjà évoque à différentes
reprises dans cette revue le souvenir d'Emile
Maitrot et nos lecteurs se rappellent sans
doute que naguère encore nous déplorions
que des hommes de cette qualité soient
décédés sans postérité. Mais si nous sommes
impuissante devant l'irréparable, nous
estimons que la vie publique d'un athlète
appartient à l'histoire de la Force. Autant
pour le montrer en exemple que pour que
son souvenir ne périsse pas, nous considé-
rons comme un devoir de publier sous forme
d'anecdotes ces faits qui illustrent la vie de
l'athlète.
Bien des fois dans nos notes, Emile
Maitrot a tenu un rôle de premier plan.
Mais il est juste de reconnaître que ce
professeur de culture, physique était un des
plus beaux hommes que nous ayons connus
et qu'en même temps il était cloué d'une
force qui tenait du prodige. Nous en avons
une preuve de plus dans cette petite anecdote
que nous relatait il y a quelque temps un de
nos lecteurs et amis, AI. Julien Godard,
entrepreneur de travaux d'électricité.
C'était, Salle Wagram, à Paris, au temps
béni de l'avant-guerre. Un match de boxe
mettait en présence le nègre Bob Scanlon et
Harry Lewis. Les soigneurs étaient Lipp
pour Harry Lewis et Sam Mac Vea pour
Bob Scanlon. L'arbitre était Emile Maitrot.
La boxe jouissait alors d'un réel prestige.
Et ce soir-là, dans la salle houleuse, les
spectateurs discutaient ferme des mérites des
deux champions et s'engageaient pour leur
favori.
Sur le ring, Sam Mac Vea se pavanait
d'aise. 11 s'était taillé une solide réputation,
et, fier de son talent de boxeur à qui nul ne
résistait, il avait l'air de dire: « C'est moi! »
Il était alors dans toute sa force. C'était le
point de mire de tous les sportsmen ; et il
taut bien tenir compte de ce que sa carrure
herculéenne, sa haute taille, son faciès de
gorille, son cou hypertrophié où roulaient
des muscles gros comme le poing en faisaient
une curiosité athlétique.
Les deux adversaires, Scanlon et Lewis
engagent le combat. Bien vite le nègre se
rend compte que Lewis lui est nettement
supérieur. Alors, afin de parer au knock-out
qui lui paraît inévitable, il cherche à se faire
disqualifier et, pour cela, se met à donner
clés coups de tête et frappe plus bas que la
ceinture. Mais Lewis lui rend la pareille et
c est une belle bagarre !
Maitrot met bien le holà en séparant les
adversaires, mais il n'a pas d'action sur les
sentiments contradictoires qui animent
les spectateurs. Ceux-ci, le chauvinisme
aidant, prennent parti pour l'un ou l'autre
des boxeurs et veulent envahir le ring Mais
Lipp et Sam Mac Vea les devancent et sous
couvert de défendre leur poulain respectif
les deux soigneurs en viennent aux mains.
*ameuse bataille et qui n'était pas inscrite
au programme ! C'est sans doute ce qui
explique que les règlements de boxe n'y
furent pas pleinement respectés... En effet,
voyant qu'il va avoir le dessous, Lipp
s'empare d'une bouteille d'embrocation et
veut en fendre le crâne de Sam Mac Vea.
Celui-ci entre alors dans une fureur qui ne
connaît plus de limites et renverse tout ce
qui est autour de lui dans le ring.
Voyant que cela tourne vraiment mal,
Maitrot, l'arbitre, prend une décision
soudaine et intervient de façon inattendue.
Il va faire un coup d'éclat parce qu'en
tacticien il a résolu de paralyser celui qui,
grâce à sa vigueur, peut faire le plus de
dégâts. Marchant droit sur Sam Mac Vea, il
le soulève dans ses bras puissants, le colle
sur sa poitrine herculéenne et l'immobilise
complètement tandis que le nègre furieux
écume de se voir lui, boxeur champion du
monde, réduit à zéro par un arbitre qui n'est
pas même boxeur.
Ce n'est pas faute qu'il se soit débattu
comme un diable en un bénitier, mais
s'appelât-on Sam Mac Vea, lorsqu'on tombait
sous la poigne de Maitrot on était bien tenu
et il n'y avait rien à faire pour se dégager.
Lorsque le nègre se fut bien démené et
qu'il eut bien gigote, notre ami lui dit
posément : « Je te laisserai aller lorsque tu
EMILE MAITROT, culturisle, élève du Profes-
seur Desbonnel, et qui, chose rare, est devenu
champion dans deux branches opposées. Cham-
pion du monde de vitesse en vélo à Saint-Péters-
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