Titre : La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences
Auteur : Société héliographique (France). Auteur du texte
Éditeur : Société d'héliographie (Paris)
Éditeur : A. GaudinA. Gaudin (Paris)
Éditeur : M.-A. GaudinM.-A. Gaudin (Paris)
Date d'édition : 1854-09-02
Contributeur : Monfort, Benito R. de (18..-18..). Directeur de publication
Contributeur : Gaudin, Alexis (1816-1894). Directeur de publication
Contributeur : Lacan, Ernest (1829-1879). Rédacteur
Contributeur : Gaudin, Marc-Antoine (1804-1880). Rédacteur. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32809606x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3408 Nombre total de vues : 3408
Description : 02 septembre 1854 02 septembre 1854
Description : 1854/09/02 (A4,N35). 1854/09/02 (A4,N35).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5427197b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-3100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/09/2008
SOMMAIRE.
UNE PAGE DU COSMOS, parM. Ernest LACArf.-SCIENCES.
Do l'emploi des verres de couleur en photographie, par
M. M.-A. GACDIN. — La photographie et les voyages,
par M. Paul NIBELLB. — CORRESPONDANCE. Lettre de
M. BELLOC. Réponse de M. Ernest LACAN. — NOTES DE
CHIMIE PHOTOGRAPHIQUE. Des produits qui se for-
ment dans le collodion et dans le hain d'argent, par M. E.
CONDUCUÉ.
UNE PAGE DU COSMOS.
« Ab uno disceomîtes!...»
Dans le dernier numéro du Cosmos, M. Moigno, après
avoir indiqué les noms de plusieurs photographes anglais
et les adresses de diverses maisons de commerce de Lon-
dres, ajoute l'incroyable page qu'on va lire et qui porte le
titre de Post-scriptum :
P. S. Depuis notre retour, nous n'avons pas encore dit
un mot de la photographie en France, et si l'on nous de-
mande la raison de notre silence, nous dirons très-fran-
ehernent qu'il a pour cause un sentiment invincible de
répugnance. Les photographes français sont dans un état
d'agitation et d'exaltation vraiment incroyable. Ce ne sont
partout que des réclamations à perle de vue, des discus-
sions interminables, des critiques oiseuses, etc.; et, au
milieu de tout ce bruit, pas un progrès réel, pas une dé-
couverte de quelque importance! La Lumière cl le Propa-
gateur sont transformés en champ clos où les duels suc-
cèdent aux duels d'une manière vraiment désolante ou
ridicule. M. Stéphane Geolfray a inventé une excellente
mélhode de photographie sur papier, laquelle, à l'heure
qu'il est, a fait le tour du monde ; et voici (pie MM. Le
Gray, Lespiault, dePoilly, après de longs mois de silence,
s'acharnent à lui ravir le mérite de sa découverte. M. Bel-
loc a écrit un très-bon livre ; aussitôt MM. Lacan, Henault,
Charles Chevalier, l'accablent sous une nuée d'objections,
de reproches, de rectifications, etc., elc. Nous aurions
bien voulu rcsicr étranger à celle mêlée confuse, d'autant
plus que notre volonté forte est de n'ouvrir les quelques
pages que nous réservons chaque semaine à la photogra-
phie qu'à l'annonce des progrès accomplis, à la descrip-
tion des procédés vraiment utiles, aux éloges justement
mérités, elc. Mais on nous.rend la neutralité impossible
en nous prenant nous-même à partie, en déclarant mau-
vais ce que nous avons jugé bon, vieux ce que nous exal-
tions comme neuf, inexact ce qui nous semblait être,
l'expression delà vérité cl de la justice, elc, elc. Foire
nous est donc de parler et nous parlerons. Nous justifie-
rons M. Belloc des critiques de M. Lacan; nous main-
tiendrons M. .Stéphane Geo (Ira y en possession d'une mé-
lhode qui est sienne, que M. Le Gray no peut en aucune
manière lui disputer, qui diffère absolument du procédé
de M. de Poilly. Nous connaissons enfin ce dernier pro-
cédé et nous le publierions dès aujourd'hui, si l'auteur
n'avait pas accepté de le soumettre à une expérience déci-
sive dont nous attendons les résultais. Jeudi prochain donc
nous prendrons noire coeur à deux mains et nous pro-
noncerons. MM. Belloc, Geofl'ray,de Poilly, Le Gray,
eussent peut-être mieux aimé nous voir publier intégra-
lement les lellres qu'il nous ont adressées, mais cela nous
est absolument impossible, mieux vaudrait cesser la pu-
blication du Cosmos -, qu'on daigne attendre et l'on verra
que nous avons pris le parli le meilleur. F. MOIGNO. .
Nous n'avons absolument rien fait à M. Moigno, et nous
sommes quelque peu surpris qu'il nous attaque ainsi
personnellement en pleine poitrine et à brûle-pourpoint.
Le procédé esl violent, et nous croyons que noire impé-
tueux adversaire eût mieux fait de prendre un peu le
temps de la réflexion. Il lui eût élé facile de voir que la
Lumière, qu'il prend pour un champ clos, est simplement
unelribune ouverte à lotis, de quelque côlé qu'ils viennent
et quel que soit leur nom ; que la Lumière, dont la mission
est de représenter les intérêts de tous les photographes et
d'aider aux progrès de l'art par la libre discussion, ac-
cueille courtoisement toutes les réclamations fondées sur
la raison et sur les faits, comme c'est le devoir d'un jour-
nal qui n'appartient à aucune coterie. — Mais si M. Moi-
gno a été prompt dans son attaque, nous ne le serons pas
moins dans notre réponse.
D'abord nous ne savons pas ce que fait ou ne fait pas
le Propagateur, que nous n'avons jamais lu depuis son
troisième numéro, convaincu que c'était absolument inu-
tile. Nous ne connaissons nullement M. Benault; nous
ignorons si, où et pourquoi il écrit. Nous avons critiqué,
non pas le livre de M. Belloc, mais son historique de la
photographie, parce qu'il renfermait des inexactitudes ; et
c'était encore noire devoir d'en agir ainsi. Enfin, nous ne
voyons pas que M.'Belloc ait du tout besoin que. M. Moigno
le justifie de nos critiques; il sait parfaitement y répon-
dre, ainsi que le prouve sa lettre insérée plus bas; et d'ail-
leurs, pas plus que personne, M. Moigno, si habile que
nous nous plaisions à le reconnaître, ne pourrait oler à des
dates et à des faits leur signification.
Nous ne diionspas un mot de plus pour ce qui nous
concerne; nous avons hàlc de répondre à des attaques
bien autrement graves, parce qu'elles s'adressent non plus
à nous, mais à tous les photographes fiançais.
M. Moigno, rédacteur d'un journal publié en France, et
dans lequel il traite quelquefois de la photographie, ose
écrire que s'il n'a pas dit un mol des photographes français,
c'est par un SENTIMENT INVINCIBLE ni: RÉPUGNANCE ! La phrase
y esl bien, eu toutes lellres. Comment! monsieur, vous re-
venez de Londres,, et parce que, au lieu d'y chercher ce qui
s'y est fait de nouveau et d'utile depuis un au (et la mois-
son cùl élé riche), vous en avez rapporté des nouvelles et
des procédés publiés il y a plus d'une année (I), vous jetez
un regard dédaigneux sur les photographes de voire pays,
sur les arlisles habiles et iaborieux qui vous entourent, et
vous les saluez d'une parole injurieuse! Comment, à
l'heure même où tout le monde admire les merveilleux
résultais de la photographie, et s'élonne de ses progrès
continuels, vous qui devriez, avec bonheur, vous faire
l'écho de celle admiration, vous fermez les yeux, el
vous niez ce que chacun proclame!... Kn vérité, c'est un
étrange système, et que M. Moigno n'est pas seul à sui-
vre. Pendant quelques mois, un journal, que nous ne
nommerons pas par convenance, remplissait ses colonnes
de diatribes grossières el burlesques contre les photogra-
phes de profession. Il semblait qu'il prit à lâche de les
attaquer dans leur industrie el d'éloigner d'eux le public
qui les fait vivre. Encore faisait-il quelques exceptions el
se taisail-il sur certains noms. Mais le rédacteur du Cos-
mos comprend tous les photographes français, quels que
soientleur rang et leur mérite, sous son analhème, et, dans
ce malheureux pays, la photographie ne lui inspire que
répugnance! Nous savions bien (pie M. Moigno ne louait
jamais un artiste qu'au détriment d'un autre; nous savions
qu'il a pour habitude de frapper de la main gauche quand
il encense de la droite ; nous savions qu'il cède toujours
au besoin de comparer, non pour faire ressortir un mé-
rite, mais pour constater une. faiblesse; nous savions tout
cela, et nous le déplorions : car ce n'est pas ainsi qu'on
encourage el qu'on instruit ; mais nous étions loin de nous
attendre à celte page incroyable. Lorsque nous étions à
I'atelicrde peinture, et (pie le savant professeur venait juger
les essais de ses élèves, il prenait les meilleurs et nous di-
sait: «Faites comme cela, »et il nous montrait les moyens
d'y arriver. C'est ainsi que doit procéder un journal de
photographie ; il ne doit pas dire : « Tel artiste fait de mau-
vaises épreuves, et suit une méthode qui ne vaut rien. » II
doit dire: «Tel arlisle produit désoeuvrés qu'on admire,
faites comme lui; voici sa méthode, prenez-la.»
Ali! la photographie en France n'inspire qu'un senti-
ment de répugnance à M. Moigno, cl il ne trouve nulle
part de progrès réel ! — Celte phrase-là est malheureuse,
nous le. répétons, el, celle fois encore, il eût mieux fait
d'allendre avant d'écrire. Kn elfet, s'il avait pris le temps
d'aller dans les aleliers, s'il avait parcouru du regard les
oeuvres nouvelles des photographes ses compatriotes, il
aurait trouvé dans toutes, depuis les productions du plus
modeste praticien, jusqu'à celles des arlistcseldcs amateurs
qui figurent au premier rang, ce progrès dont il nie su-
perbement l'existence. Que M. Moigno jette un seul re-
gard sur les admirables vues prises en Champagne et
dans le Berry, il y a à peine quelques semaines, par M. le
comte Aguado; qu'il voie les nouvelles épreuves de M. le
vicomte Vigier, les paysages de M. de Courmont, les mer-
veilleuses vignettes photographiques de M. Ucilmnnn, les
beaux clichés que M. Balilus a rapportés hier à peine de la
Bourgogne cl de l'Auvergne ; qu'il demande à MM. ltiffaut,
Charles Nègre et Rousseau, quelques-unes de leurs nou-
velles planches gravées; qu'il aille chez MM Pierson,
Plumier et Mayer, voir leurs derniers poitrails ; chez
MM. Braquehais cl Gouin, leurs éludes d'après nature ;
citez M. Billordeaux, ses bas-reliefs; chez M. Moulin, ses
photographies de genre ; chez M. Millet, ses vues de la Fête
du io août; qu'il aille chez M. Niépce de Saint-Victor lui
demander les détails de ses nouvelles expériences ; qu'il
aille partout, et si, à chaque pas, dans chaque album, il
n'a pas rencontré un progrès incontestable, saisissant,
qu'il reprenne la plume avec laquelle il a écrit la malheu-
reuse phrase en question et qu'il nous démente.
Avant de publier ce malencontreux Posl-scriptifii, nous
l'avons dil, M. l'abbé Moigno aurait dû faire le petit
voyage photographique que nous venons de lui indiquer ;
de même, avant de « prononcer» dans la discussion sur
la céroléine, de « maintenir » par un jugement suprême
M. Stéphane Gcoffr.iy dans la possession de sa mélhode,
et de « justifier » victorieusement M. llclloc de nos criti-
ques, nous conseillons a M. Moigno de relire loul ce. qui
a été publié par lu Lumière pendant qu'il élail à Londres,
en train de recueillir des documents lionceaux ( voir le
renvoi précédent), attendu qu'il faut qu'un juge souverain
s'éclaire plus que tout autre. Knlîn, nous nous permet-
trons, pendant que nous y sommes, de lui donner encore
deux conseils : le premier, c'est de remplir les quelques
pages qu'il consacre à la photographie autrement (pie par
des allaques inulilcs^ou intempestives ; le second, d'être
un peu plus juste envers les hommes de talent, de zèle et
(1 ) Voir la Lumière de ls5:i el entre autres les numéros du
11 juin 1B.">:), pour le stéréoscope de M. Whealstone; des 1G
el 23 juillet suivants, pour le procédé de M. le comte de
Monlizon ; et du 28 mai 1853, pour l'exposition de MM. Dela-
mothe el C.«.
UNE PAGE DU COSMOS, parM. Ernest LACArf.-SCIENCES.
Do l'emploi des verres de couleur en photographie, par
M. M.-A. GACDIN. — La photographie et les voyages,
par M. Paul NIBELLB. — CORRESPONDANCE. Lettre de
M. BELLOC. Réponse de M. Ernest LACAN. — NOTES DE
CHIMIE PHOTOGRAPHIQUE. Des produits qui se for-
ment dans le collodion et dans le hain d'argent, par M. E.
CONDUCUÉ.
UNE PAGE DU COSMOS.
« Ab uno disceomîtes!...»
Dans le dernier numéro du Cosmos, M. Moigno, après
avoir indiqué les noms de plusieurs photographes anglais
et les adresses de diverses maisons de commerce de Lon-
dres, ajoute l'incroyable page qu'on va lire et qui porte le
titre de Post-scriptum :
P. S. Depuis notre retour, nous n'avons pas encore dit
un mot de la photographie en France, et si l'on nous de-
mande la raison de notre silence, nous dirons très-fran-
ehernent qu'il a pour cause un sentiment invincible de
répugnance. Les photographes français sont dans un état
d'agitation et d'exaltation vraiment incroyable. Ce ne sont
partout que des réclamations à perle de vue, des discus-
sions interminables, des critiques oiseuses, etc.; et, au
milieu de tout ce bruit, pas un progrès réel, pas une dé-
couverte de quelque importance! La Lumière cl le Propa-
gateur sont transformés en champ clos où les duels suc-
cèdent aux duels d'une manière vraiment désolante ou
ridicule. M. Stéphane Geolfray a inventé une excellente
mélhode de photographie sur papier, laquelle, à l'heure
qu'il est, a fait le tour du monde ; et voici (pie MM. Le
Gray, Lespiault, dePoilly, après de longs mois de silence,
s'acharnent à lui ravir le mérite de sa découverte. M. Bel-
loc a écrit un très-bon livre ; aussitôt MM. Lacan, Henault,
Charles Chevalier, l'accablent sous une nuée d'objections,
de reproches, de rectifications, etc., elc. Nous aurions
bien voulu rcsicr étranger à celle mêlée confuse, d'autant
plus que notre volonté forte est de n'ouvrir les quelques
pages que nous réservons chaque semaine à la photogra-
phie qu'à l'annonce des progrès accomplis, à la descrip-
tion des procédés vraiment utiles, aux éloges justement
mérités, elc. Mais on nous.rend la neutralité impossible
en nous prenant nous-même à partie, en déclarant mau-
vais ce que nous avons jugé bon, vieux ce que nous exal-
tions comme neuf, inexact ce qui nous semblait être,
l'expression delà vérité cl de la justice, elc, elc. Foire
nous est donc de parler et nous parlerons. Nous justifie-
rons M. Belloc des critiques de M. Lacan; nous main-
tiendrons M. .Stéphane Geo (Ira y en possession d'une mé-
lhode qui est sienne, que M. Le Gray no peut en aucune
manière lui disputer, qui diffère absolument du procédé
de M. de Poilly. Nous connaissons enfin ce dernier pro-
cédé et nous le publierions dès aujourd'hui, si l'auteur
n'avait pas accepté de le soumettre à une expérience déci-
sive dont nous attendons les résultais. Jeudi prochain donc
nous prendrons noire coeur à deux mains et nous pro-
noncerons. MM. Belloc, Geofl'ray,de Poilly, Le Gray,
eussent peut-être mieux aimé nous voir publier intégra-
lement les lellres qu'il nous ont adressées, mais cela nous
est absolument impossible, mieux vaudrait cesser la pu-
blication du Cosmos -, qu'on daigne attendre et l'on verra
que nous avons pris le parli le meilleur. F. MOIGNO. .
Nous n'avons absolument rien fait à M. Moigno, et nous
sommes quelque peu surpris qu'il nous attaque ainsi
personnellement en pleine poitrine et à brûle-pourpoint.
Le procédé esl violent, et nous croyons que noire impé-
tueux adversaire eût mieux fait de prendre un peu le
temps de la réflexion. Il lui eût élé facile de voir que la
Lumière, qu'il prend pour un champ clos, est simplement
unelribune ouverte à lotis, de quelque côlé qu'ils viennent
et quel que soit leur nom ; que la Lumière, dont la mission
est de représenter les intérêts de tous les photographes et
d'aider aux progrès de l'art par la libre discussion, ac-
cueille courtoisement toutes les réclamations fondées sur
la raison et sur les faits, comme c'est le devoir d'un jour-
nal qui n'appartient à aucune coterie. — Mais si M. Moi-
gno a été prompt dans son attaque, nous ne le serons pas
moins dans notre réponse.
D'abord nous ne savons pas ce que fait ou ne fait pas
le Propagateur, que nous n'avons jamais lu depuis son
troisième numéro, convaincu que c'était absolument inu-
tile. Nous ne connaissons nullement M. Benault; nous
ignorons si, où et pourquoi il écrit. Nous avons critiqué,
non pas le livre de M. Belloc, mais son historique de la
photographie, parce qu'il renfermait des inexactitudes ; et
c'était encore noire devoir d'en agir ainsi. Enfin, nous ne
voyons pas que M.'Belloc ait du tout besoin que. M. Moigno
le justifie de nos critiques; il sait parfaitement y répon-
dre, ainsi que le prouve sa lettre insérée plus bas; et d'ail-
leurs, pas plus que personne, M. Moigno, si habile que
nous nous plaisions à le reconnaître, ne pourrait oler à des
dates et à des faits leur signification.
Nous ne diionspas un mot de plus pour ce qui nous
concerne; nous avons hàlc de répondre à des attaques
bien autrement graves, parce qu'elles s'adressent non plus
à nous, mais à tous les photographes fiançais.
M. Moigno, rédacteur d'un journal publié en France, et
dans lequel il traite quelquefois de la photographie, ose
écrire que s'il n'a pas dit un mol des photographes français,
c'est par un SENTIMENT INVINCIBLE ni: RÉPUGNANCE ! La phrase
y esl bien, eu toutes lellres. Comment! monsieur, vous re-
venez de Londres,, et parce que, au lieu d'y chercher ce qui
s'y est fait de nouveau et d'utile depuis un au (et la mois-
son cùl élé riche), vous en avez rapporté des nouvelles et
des procédés publiés il y a plus d'une année (I), vous jetez
un regard dédaigneux sur les photographes de voire pays,
sur les arlisles habiles et iaborieux qui vous entourent, et
vous les saluez d'une parole injurieuse! Comment, à
l'heure même où tout le monde admire les merveilleux
résultais de la photographie, et s'élonne de ses progrès
continuels, vous qui devriez, avec bonheur, vous faire
l'écho de celle admiration, vous fermez les yeux, el
vous niez ce que chacun proclame!... Kn vérité, c'est un
étrange système, et que M. Moigno n'est pas seul à sui-
vre. Pendant quelques mois, un journal, que nous ne
nommerons pas par convenance, remplissait ses colonnes
de diatribes grossières el burlesques contre les photogra-
phes de profession. Il semblait qu'il prit à lâche de les
attaquer dans leur industrie el d'éloigner d'eux le public
qui les fait vivre. Encore faisait-il quelques exceptions el
se taisail-il sur certains noms. Mais le rédacteur du Cos-
mos comprend tous les photographes français, quels que
soientleur rang et leur mérite, sous son analhème, et, dans
ce malheureux pays, la photographie ne lui inspire que
répugnance! Nous savions bien (pie M. Moigno ne louait
jamais un artiste qu'au détriment d'un autre; nous savions
qu'il a pour habitude de frapper de la main gauche quand
il encense de la droite ; nous savions qu'il cède toujours
au besoin de comparer, non pour faire ressortir un mé-
rite, mais pour constater une. faiblesse; nous savions tout
cela, et nous le déplorions : car ce n'est pas ainsi qu'on
encourage el qu'on instruit ; mais nous étions loin de nous
attendre à celte page incroyable. Lorsque nous étions à
I'atelicrde peinture, et (pie le savant professeur venait juger
les essais de ses élèves, il prenait les meilleurs et nous di-
sait: «Faites comme cela, »et il nous montrait les moyens
d'y arriver. C'est ainsi que doit procéder un journal de
photographie ; il ne doit pas dire : « Tel artiste fait de mau-
vaises épreuves, et suit une méthode qui ne vaut rien. » II
doit dire: «Tel arlisle produit désoeuvrés qu'on admire,
faites comme lui; voici sa méthode, prenez-la.»
Ali! la photographie en France n'inspire qu'un senti-
ment de répugnance à M. Moigno, cl il ne trouve nulle
part de progrès réel ! — Celte phrase-là est malheureuse,
nous le. répétons, el, celle fois encore, il eût mieux fait
d'allendre avant d'écrire. Kn elfet, s'il avait pris le temps
d'aller dans les aleliers, s'il avait parcouru du regard les
oeuvres nouvelles des photographes ses compatriotes, il
aurait trouvé dans toutes, depuis les productions du plus
modeste praticien, jusqu'à celles des arlistcseldcs amateurs
qui figurent au premier rang, ce progrès dont il nie su-
perbement l'existence. Que M. Moigno jette un seul re-
gard sur les admirables vues prises en Champagne et
dans le Berry, il y a à peine quelques semaines, par M. le
comte Aguado; qu'il voie les nouvelles épreuves de M. le
vicomte Vigier, les paysages de M. de Courmont, les mer-
veilleuses vignettes photographiques de M. Ucilmnnn, les
beaux clichés que M. Balilus a rapportés hier à peine de la
Bourgogne cl de l'Auvergne ; qu'il demande à MM. ltiffaut,
Charles Nègre et Rousseau, quelques-unes de leurs nou-
velles planches gravées; qu'il aille chez MM Pierson,
Plumier et Mayer, voir leurs derniers poitrails ; chez
MM. Braquehais cl Gouin, leurs éludes d'après nature ;
citez M. Billordeaux, ses bas-reliefs; chez M. Moulin, ses
photographies de genre ; chez M. Millet, ses vues de la Fête
du io août; qu'il aille chez M. Niépce de Saint-Victor lui
demander les détails de ses nouvelles expériences ; qu'il
aille partout, et si, à chaque pas, dans chaque album, il
n'a pas rencontré un progrès incontestable, saisissant,
qu'il reprenne la plume avec laquelle il a écrit la malheu-
reuse phrase en question et qu'il nous démente.
Avant de publier ce malencontreux Posl-scriptifii, nous
l'avons dil, M. l'abbé Moigno aurait dû faire le petit
voyage photographique que nous venons de lui indiquer ;
de même, avant de « prononcer» dans la discussion sur
la céroléine, de « maintenir » par un jugement suprême
M. Stéphane Gcoffr.iy dans la possession de sa mélhode,
et de « justifier » victorieusement M. llclloc de nos criti-
ques, nous conseillons a M. Moigno de relire loul ce. qui
a été publié par lu Lumière pendant qu'il élail à Londres,
en train de recueillir des documents lionceaux ( voir le
renvoi précédent), attendu qu'il faut qu'un juge souverain
s'éclaire plus que tout autre. Knlîn, nous nous permet-
trons, pendant que nous y sommes, de lui donner encore
deux conseils : le premier, c'est de remplir les quelques
pages qu'il consacre à la photographie autrement (pie par
des allaques inulilcs^ou intempestives ; le second, d'être
un peu plus juste envers les hommes de talent, de zèle et
(1 ) Voir la Lumière de ls5:i el entre autres les numéros du
11 juin 1B.">:), pour le stéréoscope de M. Whealstone; des 1G
el 23 juillet suivants, pour le procédé de M. le comte de
Monlizon ; et du 28 mai 1853, pour l'exposition de MM. Dela-
mothe el C.«.
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