Titre : La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences
Auteur : Société héliographique (France). Auteur du texte
Éditeur : Société d'héliographie (Paris)
Éditeur : A. GaudinA. Gaudin (Paris)
Éditeur : M.-A. GaudinM.-A. Gaudin (Paris)
Date d'édition : 1854-05-20
Contributeur : Monfort, Benito R. de (18..-18..). Directeur de publication
Contributeur : Gaudin, Alexis (1816-1894). Directeur de publication
Contributeur : Lacan, Ernest (1829-1879). Rédacteur
Contributeur : Gaudin, Marc-Antoine (1804-1880). Rédacteur. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32809606x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3408 Nombre total de vues : 3408
Description : 20 mai 1854 20 mai 1854
Description : 1854/05/20 (A4,N20). 1854/05/20 (A4,N20).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54271802
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-3100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/09/2008
SOMMAIRE.
LBUM DE M. LE VICOMTE DE DAX. L'Espagne, les
bords du Rhin., le midi de la France, Ribeira, Veîasquez,
Murillo, par M. Ernest Lacan.—ACADÉMIE DES SCIEN-
CES. Election de M. Bravais. Mémoire de M. Regnault.
Nouvelle arme de guerre. Oxyde de carbone pur considéré
comme poison, par M. A.-T. L. — CARTE EN RELIEF
DU THÉÂTRE DE LA GUERRE. Reproduction pur la
photographie.— SEMAINE PHOTOGRAPHIQUE. Obser-
vations générales sur le nettoyage des plaques. Le bain
d'argent, et le bain de sulfate de fer, par M. M.-A. GAC-
DW.—BEAUX-ARTS, PAYSAGES DE TOURAINE (suite), par
M. Paul NIBELLE. — NOTES DE CHIMIE PHOTOGRA-
PHIQUE. Essences, par M. Ernest CONDUCUÉ.
ALBUM DE M. LE VICOMTE DE DAX.
'ESPAGNE, LES BORDS DU RHIN, LE MIDI DE LA FRANCE,
RAPHAËL, VELASQUEZ, MURILLO.
M. le vicomte de Dax est un des amateurs qui ont con-
acré leurs loisirs à la photographie, avec autant de suc-
és que de zèle. Noire journal lui doit plus d'une com-
lunication intéressante ; nous lui devons personuelle-
iient les heures charmantes que nous avons passées à
Builleler ses cartons, si riches et si variés. En parcourant
Espagne, le midi de la France, la Belgique, les bords
lu Rhin, en pénétrant dans les musées de Madrid et de
'aris, M. de Dax a choisi ce que la nature et les arts of-
renl de plus admirable à l'enthousiasme de l'artiste, et il
'a reproduit en photographe de premier ordre. Ne pou-
vant décrire toutes ses oeuvres (le nombre de ses clichés
.'élève à près de 400), nous ferons comme lui : nous
:hoisirons ce qui nous a le plus frappé ; mais, comme lui
îussi, nous regretterons plus d'une fois ce qu'il nous aura
allu laisser de côté.
L'Espagne devait attirer le photographe comme elle
ttire le peintre et le poète. Pour le poète, elle a le charme
mystérieux que Iuidonneson isolement entre les (lots bleus
ela Méditerranée, les plaincs.vcrdoyantcs de l'Océan et les
cimes neigeuses des Pyrénées ; elle a ses grands souve-
nirs, ses luttes gigantesques, ses gloires, ses faiblesses,
ses chutes et ses douleurs ; elle a ses superstitions, ses
amours passionnées, ses danses enivrantes, ses poétiques
chansons, ses nuits parfumées. Pour l'artiste, eile a les
monuments, les chefs-d'oeuvre qui lui restent de ses
splendeurs passées; elle a Séville et PAlhambra , Ri-
beira, Veîasquez et Murillo ; elle a ses sites, ses costumes
et son soleil. Mais on ne voyage pas en Espagne aussi
facilement qu'en France ou en Angleterre ; aussi, les
amateurs seuls ont-ils, jusqu'à présent, profité des moyens
que la photographie leur offrait pour exploiter ces trésors.
Les belles épreuves de M. le vicomte Vigicr et de M. Te-
nison, celles de MM. Mares et ClifTord, ont reproduit
quelques-unes des richesses artistiques que renferme ce
beau pays ; l'album de M. le vicomte de Dax ajoute de
précieuses pages à cette intéressante collection.
Certes, la lumière ne manquait pas sous ce beau ciel ;
mais la différence même du climat faisait, naître de nou-
velles difficultés pour l'artiste. I! les a vaincues avec un
rare bonheur.
J'ai sous les yeux une épreuve qui représente le Palais
des députés à Madrid. Le soleil éclaire vigoureusement
ce monument, que le temps n'a pas encore noirci, et
pourtant les ombres sont d'une incroyable transparence.
Elles laissent voir jusqu'aux plus petits détails des chapi-
teaux corinthiens du portique; elles voilent, sans les ca-
cher, les figures sculptées du fronton, qui se dessinent avec
une finesse de camée. Deux lions semblent garder l'en-
trée de ce palais des représentants de la Nation. Au
premier plan, la statue de Michel Cervantes se modèle sur
un beau piédestal en marbre blanc. On peut distinguer à
la loupe les moindres détails du bas-relief, dans lequel
le sculpteur a placé Don Quichotte et Sancho, ces deux
immortelles créations de l'immortel écrivain, qui mourut
pauvre et persécuté par un ministre dont l'histoire a ou-
blié le nom. Trois soldats espagnols et un caporal, assis
les uns sur un banc, l'autre sur une chaise, servent d'é-
chelle et animent cette épreuve.
Une autre vue très-remarquable est celle qui représente
le palais de la reine. Devant ce vaste édifice italien, sous
le regard de ses mille fenêtres, s'élève, dans une sorte de
square en fleurs, la statue équestre de Philippe II. L'oeil
embrasse une vaste étendue tout inondée de lumière, ce
qui n'empêche pas de distinguer jusqu'aux broderies de
la ceinture qui entoure le corps du monarque, jusqu'aux
lettres de l'inscription que Ton a gravée sur son
piédestal.
La vue générale de Madrid, prise du pied de l'ob-
servatoire au Relira, donne une 'idée exacte et complète
de la ville. Il y a bien de la monotonie dans ces lignes
trop régulières, bien de la tristesse sous ce ciel uniforme
et lourd. Mais l'épreuve dans laquelle M. de Dax a re- .
produit l'arc de triomphe de Charles III présente des
perspectives plus animées et plus pittoresques. Sous une
arcade de ce beau monument, on aperçoit la rue d'Alcala,
qui s'enfonce gracieusement au loin, et le dôme élevé de la
célèbre église de Santa Maria. C'est un point de vue heu-
reusement choisi et admirablement bien rendu.
Il est presque toujours question, dans nos romances les
plus goûtées, des toreros, des boieros, des hidalgos, du
fandango, et surtout du Prado. On le chante à trois temps,
à six-huit, en croches, en triplescroches,et même en ca-
dences perlées. On se le représente comme un lieu de dé-
lices, une manière de paradis terrestre habité par les plus
ravissantes douas, manolas et gitanas de toutes les Espa-
gnes. En voyant l'épreuve que M. de Dax en a rapportée,
on perd quelque peu de ses illusions. Le plus bel orne-
ment de cette promenade est une fontaine représentant
Neptune, debout sur une large coquille que traînent des
chevaux marins. Ce monument manque de caractère, et,
ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que le char du dieu des
mers vogue complètement à sec : trois petits jets imper-
ceptibles, les seuls qui soient alimentés , ne fournissant
pas assez d'eau poui permettre la moindre illusion.
Si les vues que M. le vicomte de Dax a prises d'après
nature présentent un vif intérêt, les reproductions qu'il a
faites dans les Musées n'en offrent pas moins. C'est: Dun
L'althazar et Philippe IV, par Veîasquez; le saint Jean-
Baptiste précurseur, et le Nino Jesu , de Murillo ; les sta-
tues de Vénus et du Gladiateur, par Tliorwaldsen, et le
buste de la reine Isabelle. Il y a surtout une copie d'un
petit tableau de Raphaël, venant de PT.scurial, représen-
tant la Vierge cl saint Joseph auprès du Christ enfant,
assis sur un agneau, qui nous a vivement frappé. Le ca-
dre doré de cette peinture, admirablement reproduit, ajoute
à la beauté de cette épreuve, en indiquant une difficulté
vaincue. On retrouve dans la reproduction des portraits
équestres de Don iîallhazar enfant, cl de Philippe IV,
toute la fermeté du pinceau de Veîasquez, toute la vi-
gueur de son coloris. La valeur exacte des tons, si dif-
ficile à obtenir dans les reproductions de peinture par
la photographie, la netteté du dessin font de ces épreuves
des copies précieuses du grand maître. Pourtant\M. de
Dax n'opérait que dans des conditions extrêmement dé-
favorables. Ainsi, les deux statues de Tliorwaldsen ne
recevaient le jour que par un étroit châssis ; l'artiste a
tiré tout. le parti possible de la situation qui lui était faite,
et celte lumière insuffisante a produit un effet qui ne
manque pas de grâce ni d'harmonie. Le buste de la reine,
mieux éclairé, a donné une charmante épreuve.
Voici toute une série de vues, prises sous un autre
ciel. Ce n'est plus l'Espagne avec son sol ardent, ses
églises gothiques, ses palais mauresques, ses oran-
gers géants, ses fleuves à demi desséchés; ce sont les.
bords du Rhin, avec leurs horizons s'éloignant, se res-
serrant , s'élageant tour à tour, leurs rochers tout ta-
pissés de vignes, au pied desquels reposent de gais villa-
ges, et dont le sommet porte de sombres ruines, des
burgs démantelés, que les légendes peuplent encore de
ligures lugubres et mystérieuses, mais que les cigognes
et les vautours disputent seuls au lierre envahissant : pays
fantastique où la photographie trouve à chaque pas un
tableau différent, plein de contrastes, de poésie, d'effet et
de grandeur.
Nous avons retrouvé, dans l'album de M. le vicomte de
Dax, ces sites qui se gravent si profondément dans le sou-
venir de quiconque a fail le pèlerinage artistique de Co-
logne à Maycncc. Ernest LACAN.
(La suite au prochain numéro.) ,
SCIENCES.
ACADÉMIE DES SCIENCES. .
Séance du 15 mai 1854. — Ouverte à trois heures et
close après six heures, la séance de lundi a été une des
plus brillantes de cette année. Trois rapports, faits par
MM. Becquerel, FayectMilnc Edwards; l'élection de
M. Bravais, des mémoires présentes par MM. Pouillct,
Babinet, Dumas, maréchal Vaillant, Dufresnoy, Leverrier,
Becquerel et Regnault, ont tour à tour captivé l'atten-
tion de l'assemblée. La communication toute orale du
jeune et savant vice - président de l'Académie a été
accueillie et écoutée avec le plus vif intérêt; le célèbre
physicien captive autant son auditoire par la douceur de
son organe que par la netteté de ses démonstrations.
M. Regnault dit qu'il communiquera, dans une série de
mémoires, les résultats de laborieux travaux entrepris
depuis le 18 avril 1833, date de sa première communica-
tion, intitulée : Recherches sur les chaleurs spécifiques
des fluides élastiques. Nous rappellerons les premières
lignes de ce remarquable mémoire, elles suffisent pour
que l'on juge de l'importance de ses nouvelles communi-
cations.
« Je m'occupe depuis plus de douze ans de rassembler
les éléments nécessaires à la solution du problème général
dont voici l'énoncé :
« Une certaine quantité de chaleur étant donnée,rquel
est théoriquement le travail moteur que l'on peut obtenir,
en l'appliquant au développement et à la dilatation des
divers lluides élastiques, dans les diverses circonstances
pratiquement réalisables.
« La solution complète de ce problème donnerait, non-
seulement la véritable théorie des machines à vapeur usi-
tées aujourd'hui, mais encore celle des machines dans
lesquelles la vapeur d'eau serait remplacée par une autre
LBUM DE M. LE VICOMTE DE DAX. L'Espagne, les
bords du Rhin., le midi de la France, Ribeira, Veîasquez,
Murillo, par M. Ernest Lacan.—ACADÉMIE DES SCIEN-
CES. Election de M. Bravais. Mémoire de M. Regnault.
Nouvelle arme de guerre. Oxyde de carbone pur considéré
comme poison, par M. A.-T. L. — CARTE EN RELIEF
DU THÉÂTRE DE LA GUERRE. Reproduction pur la
photographie.— SEMAINE PHOTOGRAPHIQUE. Obser-
vations générales sur le nettoyage des plaques. Le bain
d'argent, et le bain de sulfate de fer, par M. M.-A. GAC-
DW.—BEAUX-ARTS, PAYSAGES DE TOURAINE (suite), par
M. Paul NIBELLE. — NOTES DE CHIMIE PHOTOGRA-
PHIQUE. Essences, par M. Ernest CONDUCUÉ.
ALBUM DE M. LE VICOMTE DE DAX.
'ESPAGNE, LES BORDS DU RHIN, LE MIDI DE LA FRANCE,
RAPHAËL, VELASQUEZ, MURILLO.
M. le vicomte de Dax est un des amateurs qui ont con-
acré leurs loisirs à la photographie, avec autant de suc-
és que de zèle. Noire journal lui doit plus d'une com-
lunication intéressante ; nous lui devons personuelle-
iient les heures charmantes que nous avons passées à
Builleler ses cartons, si riches et si variés. En parcourant
Espagne, le midi de la France, la Belgique, les bords
lu Rhin, en pénétrant dans les musées de Madrid et de
'aris, M. de Dax a choisi ce que la nature et les arts of-
renl de plus admirable à l'enthousiasme de l'artiste, et il
'a reproduit en photographe de premier ordre. Ne pou-
vant décrire toutes ses oeuvres (le nombre de ses clichés
.'élève à près de 400), nous ferons comme lui : nous
:hoisirons ce qui nous a le plus frappé ; mais, comme lui
îussi, nous regretterons plus d'une fois ce qu'il nous aura
allu laisser de côté.
L'Espagne devait attirer le photographe comme elle
ttire le peintre et le poète. Pour le poète, elle a le charme
mystérieux que Iuidonneson isolement entre les (lots bleus
ela Méditerranée, les plaincs.vcrdoyantcs de l'Océan et les
cimes neigeuses des Pyrénées ; elle a ses grands souve-
nirs, ses luttes gigantesques, ses gloires, ses faiblesses,
ses chutes et ses douleurs ; elle a ses superstitions, ses
amours passionnées, ses danses enivrantes, ses poétiques
chansons, ses nuits parfumées. Pour l'artiste, eile a les
monuments, les chefs-d'oeuvre qui lui restent de ses
splendeurs passées; elle a Séville et PAlhambra , Ri-
beira, Veîasquez et Murillo ; elle a ses sites, ses costumes
et son soleil. Mais on ne voyage pas en Espagne aussi
facilement qu'en France ou en Angleterre ; aussi, les
amateurs seuls ont-ils, jusqu'à présent, profité des moyens
que la photographie leur offrait pour exploiter ces trésors.
Les belles épreuves de M. le vicomte Vigicr et de M. Te-
nison, celles de MM. Mares et ClifTord, ont reproduit
quelques-unes des richesses artistiques que renferme ce
beau pays ; l'album de M. le vicomte de Dax ajoute de
précieuses pages à cette intéressante collection.
Certes, la lumière ne manquait pas sous ce beau ciel ;
mais la différence même du climat faisait, naître de nou-
velles difficultés pour l'artiste. I! les a vaincues avec un
rare bonheur.
J'ai sous les yeux une épreuve qui représente le Palais
des députés à Madrid. Le soleil éclaire vigoureusement
ce monument, que le temps n'a pas encore noirci, et
pourtant les ombres sont d'une incroyable transparence.
Elles laissent voir jusqu'aux plus petits détails des chapi-
teaux corinthiens du portique; elles voilent, sans les ca-
cher, les figures sculptées du fronton, qui se dessinent avec
une finesse de camée. Deux lions semblent garder l'en-
trée de ce palais des représentants de la Nation. Au
premier plan, la statue de Michel Cervantes se modèle sur
un beau piédestal en marbre blanc. On peut distinguer à
la loupe les moindres détails du bas-relief, dans lequel
le sculpteur a placé Don Quichotte et Sancho, ces deux
immortelles créations de l'immortel écrivain, qui mourut
pauvre et persécuté par un ministre dont l'histoire a ou-
blié le nom. Trois soldats espagnols et un caporal, assis
les uns sur un banc, l'autre sur une chaise, servent d'é-
chelle et animent cette épreuve.
Une autre vue très-remarquable est celle qui représente
le palais de la reine. Devant ce vaste édifice italien, sous
le regard de ses mille fenêtres, s'élève, dans une sorte de
square en fleurs, la statue équestre de Philippe II. L'oeil
embrasse une vaste étendue tout inondée de lumière, ce
qui n'empêche pas de distinguer jusqu'aux broderies de
la ceinture qui entoure le corps du monarque, jusqu'aux
lettres de l'inscription que Ton a gravée sur son
piédestal.
La vue générale de Madrid, prise du pied de l'ob-
servatoire au Relira, donne une 'idée exacte et complète
de la ville. Il y a bien de la monotonie dans ces lignes
trop régulières, bien de la tristesse sous ce ciel uniforme
et lourd. Mais l'épreuve dans laquelle M. de Dax a re- .
produit l'arc de triomphe de Charles III présente des
perspectives plus animées et plus pittoresques. Sous une
arcade de ce beau monument, on aperçoit la rue d'Alcala,
qui s'enfonce gracieusement au loin, et le dôme élevé de la
célèbre église de Santa Maria. C'est un point de vue heu-
reusement choisi et admirablement bien rendu.
Il est presque toujours question, dans nos romances les
plus goûtées, des toreros, des boieros, des hidalgos, du
fandango, et surtout du Prado. On le chante à trois temps,
à six-huit, en croches, en triplescroches,et même en ca-
dences perlées. On se le représente comme un lieu de dé-
lices, une manière de paradis terrestre habité par les plus
ravissantes douas, manolas et gitanas de toutes les Espa-
gnes. En voyant l'épreuve que M. de Dax en a rapportée,
on perd quelque peu de ses illusions. Le plus bel orne-
ment de cette promenade est une fontaine représentant
Neptune, debout sur une large coquille que traînent des
chevaux marins. Ce monument manque de caractère, et,
ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que le char du dieu des
mers vogue complètement à sec : trois petits jets imper-
ceptibles, les seuls qui soient alimentés , ne fournissant
pas assez d'eau poui permettre la moindre illusion.
Si les vues que M. le vicomte de Dax a prises d'après
nature présentent un vif intérêt, les reproductions qu'il a
faites dans les Musées n'en offrent pas moins. C'est: Dun
L'althazar et Philippe IV, par Veîasquez; le saint Jean-
Baptiste précurseur, et le Nino Jesu , de Murillo ; les sta-
tues de Vénus et du Gladiateur, par Tliorwaldsen, et le
buste de la reine Isabelle. Il y a surtout une copie d'un
petit tableau de Raphaël, venant de PT.scurial, représen-
tant la Vierge cl saint Joseph auprès du Christ enfant,
assis sur un agneau, qui nous a vivement frappé. Le ca-
dre doré de cette peinture, admirablement reproduit, ajoute
à la beauté de cette épreuve, en indiquant une difficulté
vaincue. On retrouve dans la reproduction des portraits
équestres de Don iîallhazar enfant, cl de Philippe IV,
toute la fermeté du pinceau de Veîasquez, toute la vi-
gueur de son coloris. La valeur exacte des tons, si dif-
ficile à obtenir dans les reproductions de peinture par
la photographie, la netteté du dessin font de ces épreuves
des copies précieuses du grand maître. Pourtant\M. de
Dax n'opérait que dans des conditions extrêmement dé-
favorables. Ainsi, les deux statues de Tliorwaldsen ne
recevaient le jour que par un étroit châssis ; l'artiste a
tiré tout. le parti possible de la situation qui lui était faite,
et celte lumière insuffisante a produit un effet qui ne
manque pas de grâce ni d'harmonie. Le buste de la reine,
mieux éclairé, a donné une charmante épreuve.
Voici toute une série de vues, prises sous un autre
ciel. Ce n'est plus l'Espagne avec son sol ardent, ses
églises gothiques, ses palais mauresques, ses oran-
gers géants, ses fleuves à demi desséchés; ce sont les.
bords du Rhin, avec leurs horizons s'éloignant, se res-
serrant , s'élageant tour à tour, leurs rochers tout ta-
pissés de vignes, au pied desquels reposent de gais villa-
ges, et dont le sommet porte de sombres ruines, des
burgs démantelés, que les légendes peuplent encore de
ligures lugubres et mystérieuses, mais que les cigognes
et les vautours disputent seuls au lierre envahissant : pays
fantastique où la photographie trouve à chaque pas un
tableau différent, plein de contrastes, de poésie, d'effet et
de grandeur.
Nous avons retrouvé, dans l'album de M. le vicomte de
Dax, ces sites qui se gravent si profondément dans le sou-
venir de quiconque a fail le pèlerinage artistique de Co-
logne à Maycncc. Ernest LACAN.
(La suite au prochain numéro.) ,
SCIENCES.
ACADÉMIE DES SCIENCES. .
Séance du 15 mai 1854. — Ouverte à trois heures et
close après six heures, la séance de lundi a été une des
plus brillantes de cette année. Trois rapports, faits par
MM. Becquerel, FayectMilnc Edwards; l'élection de
M. Bravais, des mémoires présentes par MM. Pouillct,
Babinet, Dumas, maréchal Vaillant, Dufresnoy, Leverrier,
Becquerel et Regnault, ont tour à tour captivé l'atten-
tion de l'assemblée. La communication toute orale du
jeune et savant vice - président de l'Académie a été
accueillie et écoutée avec le plus vif intérêt; le célèbre
physicien captive autant son auditoire par la douceur de
son organe que par la netteté de ses démonstrations.
M. Regnault dit qu'il communiquera, dans une série de
mémoires, les résultats de laborieux travaux entrepris
depuis le 18 avril 1833, date de sa première communica-
tion, intitulée : Recherches sur les chaleurs spécifiques
des fluides élastiques. Nous rappellerons les premières
lignes de ce remarquable mémoire, elles suffisent pour
que l'on juge de l'importance de ses nouvelles communi-
cations.
« Je m'occupe depuis plus de douze ans de rassembler
les éléments nécessaires à la solution du problème général
dont voici l'énoncé :
« Une certaine quantité de chaleur étant donnée,rquel
est théoriquement le travail moteur que l'on peut obtenir,
en l'appliquant au développement et à la dilatation des
divers lluides élastiques, dans les diverses circonstances
pratiquement réalisables.
« La solution complète de ce problème donnerait, non-
seulement la véritable théorie des machines à vapeur usi-
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