Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-04-20
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 20 avril 1876 20 avril 1876
Description : 1876/04/20. 1876/04/20.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/02/2008
LA PRESSE DD JEUDI 20 AVRIL 1876
Cette nuit, Paris a été assailli par une série
de bourrasques qui sont allées, d'après l'Ob-
servatoire de Montsouris,; en croissaRt d'in-
tensité, de manière à donner ce' matin, de
cinq à six heures, des vents Sud-Sud-Ouest
d'une -vitesse moyenne de 60'Mlomètres à
l'heure. Cette nuit, le baromètre a encore
baissé de 5°" II marquait ce matin, à neuf
heures, 734'"=',5. Cette baisse, qui-s'aceroit ré-
gulièrement depuis six jours, est occasionnée
par les bourrasques et le mauvais; temps ac-
tuels, qui peuvent encore se. prolonger un
jour ou deux. La temps est sombre, mais la
température assez douce. Ce matin, il ne
pleuvait qu'à de rares intervalles et en petite
quantité. Hier, la température minima a été
do 7°,8, en hausse do 3",2, et la température
.maxima. de 13",3, en hausse de 3",5. L'éolaire-
ment moyen du ciel a été de 45 0/0, en hausse
dé 27 0/0, Le vent a eu.une vitesse .moyenne
de IS.Iul. 2 à l'heure, suivant une direction
Sud-Sud-Quest. La quantité .de pluie tombée
'égale une coucha de 4'5.
.r,ÿ~
Voici quelques chiS'rès sur les consomma-
tion du gaz à Paris :EM 185.5, on y abrûle-
40,747,400 mètres cubes;'en 1875; la consom-
ma.'ion s'est élevée :Y'.175,938,244 mètres: cu-
bes. Le nombre des particuliers abonnés au
gaz,esL.de.J.i'[,22i. L'éclairage, public com-
prend phjs.-de. 33,030 becs.- La Jo.ugu.eurJ.oia.la-.
des conduites sous les votes publiques est.de
1,675,000 mètres.
L'installation de quatre chanoines de pre-
mier ordre, portant par conséquent' le titre~
d'év&ques, vient d'avoir lieu dans'Ia basilique
de Saint-Denis. À cette occasion, le S~ec~ rap-
pelle que le chapitre de Saint-Denis a éfé ins-
titué Ml.1806 dans le. but do prier pour les
souverains français dont les restes mortels'
sont déposés dans les caveaux da Ïa basili-,
que. Dans l'origine, la chapitre ne devait être
composa que d'évêques. Un décret du 23
mars 185.2 l'a réorganisé sur de nouvelles ba-
sses. Aux termes de ce ;décret,le chapitre se;
compose do six" éveqùes-chahoines de pre-
mier ordre, dont'le traitement est de 10,000
francs, et do huit chanoines de second ordre,
avec un traitement de 2,500 fr. Un des cha-
noines de second ordre fait fonctions de curé
de Saint-Denis, il est nommé par .l'archevê-
ché et agréé par le gouvernement. M n'y a
que les chanoines de second ordre qui soient
tenus à la résidence. Le nonce a procédé à
l'installation des quatre prélats pécem'ment
nommés chanoines-éveques .de l'insigne cha-
pitre. Le primicior, entouré do tous les cha-.
noines, est allé .au devant du nonce. Après la.
lecture des bulles pontiûca.les, le nonce a
conduit les élus ~l'autel et ji.lea a mis en-
suite en possession douleurs stalles. La cérë-.
monie s'est terminée par la bénédiction pon-
tificale. Le nonce, a pro.Sté de sa .visite pour
voir les travaux de restauration de la basili-
que. Le maître-autel, celui de la confession
de saint Denis, le' reliquaire, moyen âge en
pierre percée à. jour, avec :ses neuf cloche-
tons d'une.structure aussi hardie qu'élégante,
le tout enrichi de dorures et de peintures
d'une délicatesse achevée, offrent au regard
un coup d'œil ravissant. Les châsses do saint
Denis et de ses compagnons ont repris leur~
place sous le reliquaire à trois comparti-
ments, quisemble être une copie réduitedo
la basilique. Désormais, les touristes qui se
rendaient eh foule à. Saint-Denis pour 'visiter
la cathédrale et ses chefs-d'œuvre ne trouve-
ront plus, comme pendant ces dernières an-
nées, une barrière qui, pour. être composée~
de quelques planches, n'en était pas moins 1
infranchissable.
Le congrès annuel des délégués, des .socie-
'tës savantes a commencé aujourd'hui à la
Sorbonne. Après la réunion préparatoire, qui
s'est tenue dans la salle du concours général,
les historiens se sont rendus à l'amphithéâtre
de la Faculté des lettres., les archéologues, a.
celui de théologie, les savants à celui des'
sciences. Dans les sections .d.'archéologie .et
d'histoire, les cemmunications auront lieu à
partir de midi et demi dans la section des
sciences, à partir de deux heures (sauf le pre-
mier jour). Samedi 22 avril, à midi, dans la
saMc du concours général, M. Waddington,
ministre.de l'instruction publique, distribuera
des médailles d'or, d'argent ou de bronze
aux délégués. Dans cette séance on enten.dra..
les rapports annuels de M. Hippeau sur les
travaux historiques; de M. Chabouillet sur
les travaux archéologiques de M. BIa.neh.ard
sur les travaux scientifiques.
<
'La Société lorraine des. Amis des arts an-
nonce qu'elle a fixé l'ouverture de. sa. vingt-
et unième exposition au 18 mai prochain. 'Par
suite d'arrangements pris par la Société
avec M. Carpentier-Deforge, à Paris, 6, rue
Halévy, et 6S rue Légendre, les artistes peu-
vent faire déposer chez lui les..eeuvres desti-
nées à l'exposition..
rance de fortune/comme il lui semblait
que cette dot lui appartenait de droit, à ti-
tre de restitution d'un héritage sur lequel
il avait dû compter, il était décide à ne re-
culer devant aucun moyen pour mettre sa
cousine dans la nécessité de devenir sa
femme.
Une lui restait plus d'autre carte en
mains. II résolùtde la jouer avec audace.
Au commencement de juin 185S, Mme
Mason annonça qu'elle allait passer deux
semaines à Tours auprès.de.sa nièce..Elle
devait y conduire Nadine, qui était alors
auprès d'elle.
Macdonald, se-croyant sûr de la compli-
cité de Léa, échafauda. dans .sa tête, sur
cette visite de Mme .Mason et de Nadine au
baron Durinval, ,tout un plan de conduite
dont le succès lui paraissait certain.
Il était coavaincu.que ce plan le condui-
rait infailliblement au but qu'il continuait
de poursuivre avec plus. d'opiniâtreté que
d'honnêteté la fortune.
Il partit de son -côté- _pour Tonrs, dont ~l
II partit deson côté pour Tours, dont il
représentait au Corps législatif la. première
circonscription, qui comprenait le village
'd'Â~nouvilIe.
L'ancien secrétaire de M. Gruizot, sous la
monarchie de 1830; à la 6n du ministère
du29octobre, était devenu bonapartiste,
après le coup d'Etat, à l'heure même où le
marquis de Montboran, son camarade de
classe et son compagnon de voyage, quittait
la France pour n'avoir pas a. compter avec
le gouvernement impérial.
Le départ de Macdonald Bornstorifpour
Tours eut lieu dans les derniers jours de
juin 1858.
Dès son arrivée dans cette ville, il se
rendit à'ia préfecture, où il avait ses gran-
des et petites entrées, et, retenu, comme il
s'v attRnfiait. fi ritner. T)ar le bar~n Durin-
La Société d'agriculture de Meurthe-et-Mo-
selle elle comice agricole de Nancy so prépa-
rent à célébrer,'en 1877, le centenaire de/la.
naissance de leur illustra fondateur Mathieu
de D.ombasIe.;Ce grand, agriculteur, né à
Nancy, le 27 février 17,77, a largement cont.rl-.
bue aux progrès do l'agriculture française en'
démontrant l'utilité des instruments perfec-
tionnés dans l'adoption desquels il prévoyait
toute une révolution agricole. Sa -vie tout
entière fut consacrée à l'étude des. tra-
vaux agricoles dont l'importance .n'était pas
~comprise a cette, époque comme elle. l'a été
depuis. Mathieu de Dombasie a/publié plu-
sieurs ouvrages estimés, parmi lesquels nous.
citerons lo Ca~/KMe)' ~M co)t.CMK!D(~f?:< Un~
~concours régional devant se tenir a Nancy en
1877, il .est probable que les fêtes du conte-.
inaire coïncideront avec cette solennité.
La Fp'ftHM rapporte un curieux pari :"M. le'
comte, de Pratz, a parié da faire en quinze
jours le -voyage de Vienne-à Paris sur un cha-
meau qu'il a acheté en Afrique. Le 27 avril,
à une heure, il doit passer entre les colonnes
de la place du Trône.
w
Les journaux; do Berlin avaient annoncé
dernièrement que, sur les 27,7;2&~h6nimes'qui
..formentles rëgimbnts de là g'ai'de, 'on.c.omp-
.tait en .ce moment 1,048 AlËaciens-Lprrams.
'D'après.les' relevés qfQcieIs, dit Ïo'JifesMs'M- ds
'S~'d'armée prussiens, badois et hessois de l'ar-
mée allemande, 8,647 Alsaciens-Lorrains'. 'Le
même journal'fait observer que dans" ce
chiffre de 8,647 hommes, ne.'Sgurent pas
ceux qui à Strasbourg, à Metz et ailleurs
sont entrés dans les.régiments bavarois, wur-
tembérgoois et saxons, et' qui doivent aug-
menter sensiblement le nombre .total, car,
dans l'origine, les jeunes Alsaciens-Lorrains
avaient une certaine préférence .pour ,entrer;.
dans ces régiments. C.o,n'est que q,uan,d.,cet
~autre chiffre sora publié que l'on saura exac-
tement combien d'Alsaciens-Lorrains satisfont
"actuellement au service militaire dans l'ar-
mée allemande.
'w
On écrit de Berlin, 16 avril, a la 6(MeMe de
Co~o~He, que le règlement dénnitif du budget
de;l'Alsace-Lorraine pour l'exe,rcice .1874 yient.
d'être publié. Les recettes s'élèvent au.chif-.
:fre total de 44,450,639 francs. Les dépenses
s'élèvent à46,859,603 francs. D'outil suit que..
l'excédant des dépenses sur les .recettes .est,
de 2,408,964 francs.
Le paquebot-poste de la Compagnie gêné-,
raie transatlantique jPf~'eM'g, capitaine Dauré,
.venant du Havre, est arrivé a Plym.outh. avant-
hier matin et est reparti le: même jour. -pour
New-York.
Le paquebot-poste de la Compagnie gêné-'
raie transatlantique La~'a~o?', capitaine San-
glier, venant de Blymouth, est arrivé au
Havre.
D'après une dépêche de 'Santander,. 18
avri!, le paquebot-poste de la Compagnie-
générale transatlantique Wtts/ttngtûH, capi-
taine Dardignac, venant de Fort-de-France,
est.arriv~ :'n"~
Lepaoket danois, à destination d'Islande
et dos îles Fœroë, qui'touchait précédemment
!àLerwick (Ecosse), où il embarquait, les
malles d'Angleterre et de France, s'arrêtera.
~dorénavant à' Granton,' 'au -lieu de Lerwïck.
Les nombreux armateurs français 'qui en-~
~voient leurs navires en Islande devront donc,
à l'avenir, expédier leurs courriers <' vi&
Granton. ') Lies départs auront lieu de ce port.
aux dates suivantes 19 avril, 31 mai, 10
juillet; 19 août, I" octobre et 12 novembre.
Un rapport consulaire anglais sur l'île de
'la Réunion donne, touchant notre colonie,
des renseignements intéressants. La culture
du café a été un peu négligëo pour ceHe d.e
:la canne, et, comme à la Dominique, nombre
de plantations de café ont été remplacées par
dos champs de canne. Le caîé,.cependant,.
adonne des récoltes plus régulières quele su-
~creetlës dépenses d'exploitation sqntmoin-;
idrés. La quantité de café produite, qui s'éle-'
'vait entre 3,000 et 4,000 tonnes par année, est
~descendue entre 400 et 600 tonnes. La grande
:demandoquis'est manifestée sur la vanille,
a donné de grands pronts, et les plantations 3
de ce parfum se sont rapidement multipliées,
à tel point, que la prochaine récolte donnera
le double de celle exportée en 1875, qui s'est
élevée à 20,854 lulog.A moins de circonstan-
ces imprévues, la production pourra s'élever
dans quelques années, entre 50,000 et 60,000
kilog. Cette, culture se fait également avec
beaucoup de succès à Maurice et à Madagas-
car mais il est à craindre que l'âbondancedu
produit ne vienne a en déprécier les prix. Il
est cultivé de préférence par les petits pro-
priétaires, et c'est lui qui fournit &n grande
val, il avait le soir une conversation confi-
dentielle avec Léa.
Dès le'surlendemain, après le déjeûner,
a l'heure où la chaleur du jour est 'dans
toute son. intensité, Léa était nonchalam-
ment assise avec Nadine dans lé jardin de
la préfecture, sous un épais berceau de-
feuillages.'
Ce berceau les protégeait contre.les ar-
dents rayons du soleil,
Leur conversation étaitvagabondecomme'
leur imagination, et .leur causerie, toute,
primesautière, chevauchait a travers mille
sujets de la nature la plus variée.
Nadine s'abandonnait franchement, avec
naïveté, à cette causerie tout intime.
Mais Léa avait une arrière-pensée. Elle
avait promis àMacdonald de sonder à fond,
le cœur de Nadine, aiin qu'il sût ce qu'il
avait définitivement à espérer du a. crain-
dre de cëcûté. `
EUe cherchait l'occasion de tenir sa pà-,
rôle, lorsque Nadine la lui fournit d'elle-
même.
'SUR'LES BORDS DE LA MIRE
–A propos, ma chère Léa, demanda
tout à coup Nadine, n'est-ce pas demain
que rious irons visiter le château d'Arnou-
ville ?
Oui, repondit négligemment Léa;
c'est le désir de MmeMason. Ma tante veut
profiter, pour faire cette -promenade, du
séjour de ton cousin, M. Macdonald Born-
storif à Tours. C'est lui qui sera notre ca-
valier. 1 1
Est-ce que ce château n'appartient
pas au plus grand de nos poètes modernes,
au marquis Robert de Montboran?
Justement. C'est'ià'que le plus'grand
"partie aux besoins de la population peu en-
cline au travail. Un sol fertile et humide lui
convient, et une étendue de terrain restrein-
te peut suffire à des milliers de plants de va-
nille. La dernière récolte s'est écoulée au
prix moyen de Ïiv. st. 5 le Ml., soit une som-
me totale de liv. st. 104,000, qui a, presque
en totalité, passé dans les mains des petits
planteurs et de la population de couleur. Mê-
me, en admettant.qu.o la vanille tombe au prix
de liv. sti"21o kilog.sa culture serait toujours
très avantageuse pour la Réunion.
7:- f.
<
.Un ingénieur améidoain, M. 8palding,apNO-
~posé récemment au gouvernement russe de
creuser un canal entre la mer. Noire et la mer
Caspienne. Cette dernière, dit-il dans le. volu-
mineux mémoire qu'il a adressé au gpuver-
~nement russe, menace d'être, comblée par lea
alluvions de l'Oural et du Volga de sort~,
que, dans quelques siècles, elle deviendrait
un vaste marécage dont les bords resteraient
déserts. Le niveau derla mer Caspienne étant'
inférieur'à celui .de la mer.noire, l'ingénieur
~américain a calculé qu'un étroit canal, seràit-
rapidement élargi.par les eaux, qùi.achève-
.ralént seules un travail dont les trais, autre-
mpnt,. sgraient m~nenees.
Lundi dernieTa au lieu, a Bruxelles, une
asooncion. aérostatique. assez remarquable.
Au lieu d'u ballon unique, les voyageurs
~étaiëntportéspar un groupe de cinq ballons
reliés entre, eux, le~plus-gros'êtant au contre.
,A cinq heures, dit l'E~oHeûg~e, le ballon l'jEM-
~ope; flanqué de'ses quatre satellites, s'est
.élevé au grand bassin d'u Parc, aux~applau-
dissoments d'une foule nombreuse. Parmi les'
'spectateurs, on remarquait M. Anspach, bourg-
mestre de la ville de Bruxelles MM. les gé-
néraux baron Prisse, baron Vandersmisse et
.Lambert.; Eortamps ûls 'et tout le. M~ H/'e
~bruxellois. L'ascension a été magninqùe. Mal-
heureusement, le'temps'brumeux a fait dis-
paraître trop tût a. la vue des spectateurs les
aérostats~ Avaient pris~ place dans la nacelle,
sous la direction do M. P'ptevin et d'un aide,
;MM. le marquis Trazegnies et. le comte, Eu-
gène de Robiano. H y avait foule partout aux
abordsdu 'Parc'et jusque sur. les toits des
'ministère~. On remarquait sur Ta corniche de
'la Chambre do.s représentants un prêtre qui
a attendu patiemment pendant trois hour-es
j le: moment où M. Poitevin a prononce le mot
jsacremental «'Lâcher tout. )' Un instant
après, une pluie fine a dispersé la- foule.. On
~annonce, pour 'dimanche prochain, une.as-
jcension plus Intéressante encore. Une dêpô-
'che télégraphique datée 'd'Anvers, 10 h. 4, et
~portant les signatures des trois ascenaion-
inistes, apprend que l'aérostat a. heureuse-
'ment touché terre, près de Lierre, vers 7 h.
du soir.
On lit ce matin dans l''fnt:Mpet:~ t sujet d'u.n suicide que nous avons rapporté
Lesuicidë'deM.AibërtIngenceM, directeur de
la Banque centra.la. anv,ersotaQ,. a causé un gfand
émoi. à 'Anvera. Toutes sortes de bruits ont été
mis en circulation. On dit que des d6missiona
'auraient été données. D'après ce que l'on raconte,
:c'ast a la suite d'un conseil d'administration fort
mouvementé, tenu au local de la Banque dans la
j nuit de vendredi à samedi, queM.iRgeRœhl'a.
~mis un à ses jours. Quoi qu'il' en soit, il est cer-
itam que M.IngeDœhl,reiitr'échez'Miversi.[ne
heure du matin, se mit à se faire là barba et &-
nit par se couper le co.u ayAC une violence telle
que le rasoir atteignit la colonne vertébrale.
L'infortunÉ a néa.nmoina survécu trois heures à
sa'terriMe blessure. Lorsqu'on l'a. trouvé mort,
samedi dernier, à une heure de relevée, il tenait
encore le rasoir ensaag~Btérdans la main droite.
Les administrateurs ont travaillé samedi pendant
une.gBande partie'de la. nuit dans les bureau:
de la Banque, sis Rémpa.rt-Sa.inte-Ca.therine. La
mort du.directeur de'la Banque centra.)~.et lM-,
eiroonstances~dàns lesquelles elle a en lieu'eau- `
sentenviite, et particulièrement à la. Bourse où
le défunt était fort connu, une impression des
plus p&nibles.et des plus. profondes. M. Ingenœhl~l
n'avait que trente-neuf ans.
On mande de la Havane, 12 avril:
K Hier, dans l'une des salles d'audience du tri-
bunal, à. la suite, d~ine controverse & prop&s
{d'une réela.ma.tion, lé marquis d'Argudin, au
jmastMtt ûù it-sortàit de la sa~a;4MLppé M. Sa.B-
iChez Ysnaya. Celui-ci s'est armé d'un revelver
iqu'il 'avait sur lui et a fait feu sur le marquis,
iqui est mort ce matin des suites de sa blessure.
iLes: .adversaires sont des personnes jouissant
-d'une grande fortune et sont bien connus de la.
'~population havanaise. -(
~J
Qnannohce.la mort:àP.a.ris,deM.Davy
'de. Cussé, .conseiller, référendaire honorau'e.j
à la cour des.çomptea de M. Jahan, lieute-
~nant-colonel en retraite, frère de M. Jahan,
~sénateur du Loiret; de M.JulienConstans,
'âgé de ceM ;de mathématiques au lycée Saint-Louis, et de
~M. Pinard, professeur d'histoire au lycée Fon-
itanes;–à Amiens, de M. Richard/profes-
seur agrégé de philosophie, au lycée de cette
i'ville; –à. Bar-le-Duc, de M. Larombardière,
adjoint au maire, ancien processeur de ma.-
f de nos poètes.; modernes habite, lorsqu'il
daigne honorer son pays de sa glorieuse
~présence.
–Sur quel ton d'amère ironie tu en
jparles. On te creirait son ennemie.
–J'admire comme tout le monde son
génie poétique:et littéraire. Mais je ne lui
-pardonne pas d'être toujours l'adversaire
~systématique du gouvernement établi.
C'est sans doute parce que ton père
'!est toujours le serviteur dévoué de celui
qui existe. Gomme mon cousin Macdo-'
~nald.
Que vient faire .la ce pauvre cousin?
~Tuledétëstesdoncbien, que tu ne laisses
passer aucune occasion de critiquer son.
~aract&re ou sa conduite?
–S'il ne voulait pasêtremonmari, j'au-
rais peut-être de l'amitié pour lui. Mais
tantqu'il me poursuivra de son amour, au-
quel d'ailleurs je ne crois pas, je serai mal
~disposée.pourlui.
Tu as tort, Nadine.; Il t'aime sincère-
;ment, non pour ta fortune, qui aurait bien
~un peu dû être la sienne, mais pour toi.
Ta froideur, je pourrais dire ta haine, le
rend tout à iait malheureux. Que peux-tu
luireprocher?
Rien, si ce n'est d'être un prétendant
opiniâtre, un poursuivant entêté.
Il est député peut-être un jour sera-
t-il ministre. Il deviendra certainement
sénateur. Il est très aimé de l'empereur et
de l'impératrice. Si tu étais sa femme, tu
serais- de toutes les fêtes de la cour.
–Je fuis plutôt que je ne recherche le
bruit et l'éclat du, monde..
Gomme ta mëre.
Ma mère. Ah c'est la mon vrai cha-
.grin.
II y a dans son cœu? une douleur qu'elle
me cache, dans sa vie un mystère qu'elle
me tait. Je n'ai pas sa conSance.
thématiques au lycée .–à Wassy (Haute-
Marne), de M. le docteur Lefol –à Bordeaux,
de M. Lerby, directeur des contributions indi-
rectes de M. Leroux, président de chambre
honoraire & la cour d'appel d'Orléans à
Verdun,\ de' M. Poirel, président du tribunal
civil;–à Londres, du seulptéur John Gra-
ham Lough, auteur de la statue de la reine
Victoria à la Bourse do Londres, de.celle du
prince Albert au Lloydj-desdions qui' ornent
le monument de Nelson sur la plaça de Tra-
falgar, et d'un ".grand nombre d'oeuvres re-
marqua.bles qui ont été exposées'a la .Ro
AeM
~ARIÊTÊ~
f PORTRAÏTS DE FEMMES
tMB~tfEBPCH~'rE&ET
Mme du Chatelet fut, pendant quinze
ians, la maîtresse et l'amie, de .'VoÏtaire;,elle:
occupa souverainement le cœur et surtout
~'esprit d'un homme qui avait, comme Mme.
ideTencin le disait de Fontenelle, la plus
grande partie de son cœur en, esprit la
.mort seule trancha une liaison .justement
célèbre qui avait résiste a. tous les orages
de la jalousie,, même à la déception de l'in-
;&délité. Une personne capable d'avoir tenu~
une telle place, joué un tel rôle dans l'eMS-
tence d'un Voltaire, .a dû être ce que Mme
du Chatele.t fut eh euet, douée de. toutes
jles facultés: viriles, de toutes .les grâces Té-
jminiMs, et elle'mérite le portrait aussi
ressemblant que possible, et sans. complai-
sance, que nous allons essayer. `
Précisons d'abord, suivant notre Iiabi-
'tude, Ïes noms e~ les dates.Voltaire. 9.vait
connu' Mme du. Ghatelet enfant chez. son
père; mais ce 'n'avait été là qu'une 'ren-
contre, etieurintupite date'de 1733. A ce ce
moment .Gabrielle-Emnie. Le ~onnnelier,
de Breteuil, née le 17 décembre 1706, ma-
.rice, le 30 juin 1725, au marquis Florent-
'Clàudë\dùÇhatëlet-LQmônt, avait'vingt-
sept ans d'âge et huit années, de, ménage,
c'est-à-dire d'ennui conjugal, car elle était.
trop nne et son mari était trop nul pour
qu'a' l'inévitable illusion du premier jour, J
Qu'ait pas succède,, des le lendemain peut-
!être, l'inévitable désabusement. Toutefois,
il n'y eut pas rupture d'un lien qui se re-
lâcha bien~vit~ assez pour. cesser d~.tre.'in-
commode.
Le mar.quis n'avait que les scrupules.
~qu'on ne peut se dispenser d'avoir. Comme
jla,plupart des m'ans.de san~temps, dans Jâ
ihaute société, il n'avait pris femme que~
Spour avoir des enfants, perpétuer sonnom,
Set, ,c.e devoir accompli, cet'.intérêt assuré,
Sil avait, passé, avec sa femme un de ces ta-
icites contrats d'indulgence, mutuelle, par
lesquels l'époux remettait a l'épouse près-
!quë toute sa liberté, à. la condition'de; ne
jle rendje point ridicule,, et reprenait la-.
sienne, sous la réserve.de~ne point dissiper
le bien commun. Les deux clausës'h'étaient
pas.t6ujd.urs,.ndèlëment obserY.ê.es. Mais il
h'est pas d'aSaires sans risques. Au demeu-
irant, ces ;ménages dos à dos; où les deux
~épouxne fréquentaient ensemble que le
strict nécessaire a l'intérêt commun~au
idécorum, M'éducation ou M'établissement;:
jdesenfaTits,.étaient loin d'être des modèles;
biais il n'était pas raré',qu'ils~ fussent de~'
exemples d'un certain accord relatif, d'un
jeertain bonheur .tempéré, gjcis comme rin-
diSérence, neutres comme la philosophie.
Voltaire,, quand il retrouva à la cour de
SceauxMme du Châtelet.e~'pleine posses-
sion d~un esprit' incontestable et d'une
beauté plus .critiquée, c.ui'ieuse~etdéjaim-~
patiente des revanches que lui devait à
json gre,.le hasard, fatiguée mais: non ras-
jsasiée des expériences de l'amour, avait
'.trente-neuf ans..Ce fut.donc, comme on le
!voit,une. liaison de .maturité,, fondée sur
jdes sympathies- supérieures aux entraîne-~
''ments juvéniles, et 'Où les sens n'àyaient.
que discrëtementïeûr part,-qui, souïevant.
les voiles mystérieux d'une période de lune
~demiel dont il n'y a pas d'histoire, dé-
nonça décemment a.. la société parisienne
le pendant exact, moins des difEérences de
caractère et d'esprit qui étaient à l'avan-
itage du nouveau couple, de cet autre faux
méhagecélèbre du temps, celuiduprési-
!deht Hénault et de la marquise du Def-
ifond. r"
Mme du Chatelet, nous l'avons dit, n~en
jetait pas à sa première aSaire.; et si elle
~cherchait, le port, c'est-a.dire là paix de
il'esprit et du cœur dans sa liaison, avec
~Voltaire (en quoi, comme nous le verrons,
Je serais pourtant si-heureus&' de parta-
ger ses peines secrètes!
–Est-ce qu'ellene t'aime pas?
Oh! peux-tu supposer une chose pa-
'reille ? Est-ce qu'il y a des mères qui n'ai-
'ment pas leur nlle? `
–Alops.dequoi.teplaîns-tu? ?'
Mon Dieu, je ne me plains pas. Je n'en
faipasie~sujet. j.
Ma. mère a pour moi les prévenances que
la sollicitude la plus tendre peut inspirer
àlamèrelaplus aimante.
Ppurtant il y a des jours pu il me semble
:que ma présence l'attriste, Alors elle m'é-
loigne d'auprès d'elle.'
Puis, ily a dans ses caresses je ne sais
quoi de yiolent qui parfois me fait crain-
i~'e qu'elles ne soient plutôt l'eifet du sen-
timent d'un devoir que d'un élan du'cœur.
C'est sans doute mte simple bizarrerie
de caractère.
–Helâs' il doily avoir autre chose. Il,
est des jours qu'elle passe tout entiers dans.
le cimetière du hameau de Sainte-Hélène,
agenouillée sur une pierre tombale où est
le nom de ma pauvre petite sœur.
Ces jours-là, elle est encore plus triste,
et pour me mieux cacher ses larmes, elle
évite de me voir. Mais elle .est ,si bonne, si
bonne, que je l'aime tout de même.
–Qu'est-ce donc que cette petite soeur,.
qui .est enterrée dans le cimetière du ha-
meau deSainte-Hélène?
–Que sais-je. mes souvenirs sont très
confus?'
Je me souviens qu'à une époque très.
éloignée, dans la montagne, presque à
l'entrée d'un'village que l'on nomme
Theys, ma mère habitait u~e maison
isolée.
Alors nous étions deux petites sœurs.
Puis tout à coup, j'ai été seule.
Puis quelque chose s'est passé nue je
elle se trompait singulièrement), ce n'était
pas sans avoir déjà subi plus d'un naufrage
sur cette mer orageuse du Tendre. Selon les
~entoM'es ~e .~M?'e?a:~ elle avait aimé le
le comte de Guébriant,' qui ne .la. payait
point de retour, avec une fureur dont le
désespoir ne trouva point d'autre issue que,
la mort. Pour ne point survivre a la honte
et à la 'douleur de sa déception, elle tenta
de se Suicider. Ces extrémités tragiques
étaient rares alors, surtout dans la haute
société, et les annales delà galahterie,a.'ce
~moment,'en~pn'rent~peu d'exemples.
En gênerai on ~e conduisait en cas d'ë-
chec comme cette_actrice à qui l'on de-
mandait ce qu'elle ferait si. son amant la
quittait. J'en prendrais un autre, ré-
pondit sans hésiter cette naïve enfant.
Puisque Mme du Châtelët devait finir par
la, tout comme une autre, il était assez in-
iutile d'essayer de ~e/'une. dose. d'opium beaucoup plus. forte que
celle nécessaire, pour dormii'.une nuit.
Heureusement pour elle, pour tui et pour
'nous, M, de Gruébriant, qui n'était pas un
mauvais' .diable! âpres .tout, se me&a 'de.
quelque,folie, ehtr.a defôr.çe chez la déses-
pérée, la ilt secourir et sauva du moins la
vie à celle qui voulait mqùrirpour lui.
j Le peu de succes-de cette .première c.anb-
ipagne galante ne découragea point la mar-
quise, au contraire en outre de son cœur
ja. consoler, elle avait sa défaite à venger. v
jElle brouilla du moins Richelieu avec Mme
.de Gruébriant, qu'elle rendit ainsi 'à son
mari, ce qui n'était pas absolument d'un
bon procédé. Mais elle-ne put prolong'er sa
victoire dans une conquête durable. Riche-
lieu était de ceux qufne portent pas.long-
temps les mêmes couleurs. Le mot du
;temps, si énergique dans sa tnavilit'é, ca-
ractérise leur liaison: une passade. Mais.si
'de coeur de Mme du;C,hâtelet fut;afaigé de
'.cette inconstance, sa raison sut s'y rési-
gner, et elle'në songea plus à/se détruire.
On n'a de ces.idées-là qu'une fois.. ,J
Au.,conti'aii'e, elle résolût de vivre,: cer-
taine de trouver encore un certain plaisir;
bile pardonna gracieusement ce qu'elle ne
pouvait punir, demeura l'amie de celui qui
p'ayait pas-voulu l'ester son amant,;et nou~
avec lui une de ces amitiés particulières
pntre homme et femme qui n'ont rien se
refuser ni à se cacher, commerces qui'gar-
jdent toujours quelque chose des.tendresses
jdè l'amour, avec la franchise en plus,
i Maintenant que nous savons un peu à
tquoi nous en tenir sur les antécédents de
~Inie du Châtelët, et au moment ou nous
~a voyons glisser, quelque peu déçue, de Ri-
iehelieu,: demeuré son ami, .& Voltaire~ qui
géra surtout un ami pour elle, posons-nous
}ia vulgaire, monotone, mais inévitable, in-
dispensable, question, celle qui fait le pen-
jdant à la fameuse formule d,u juge d'ins-
truction et de l'historien: Ou' est la fem-
hïe? La femme était-elle jolie où même
belle? NU'un ni l'autre, moins et plus que
t'un et l'autre.
i Mme du'Chatelet, qui passa à aimer et à;
stre aimée tout le temps qu'elle ne ,consa–,
:ra pas à la physique~ à la gourmandise ou.
i la toilette, était, dansioute la force du
.erme, en dépit de plus d'une imperfection
plastique, une admirable femme, douée,
l'une de ,ces Ëgures qui ont le charme ]
[lont on ne remarque passes défauts. Elle .I
possédait la grâce, plus belle encore que la
)eauté; elle était pleine de cet esprit qui
met la.grâce en mouvement. Il ~sté d'ail-
leurs deux portraits ressemblants .de Mme~j
du Châtelët, l'un du au maître du pastel
La Tour, l'autre au pinceau de Marianne
Loir. Ce dernier a ;6té gravéparLanglois
~n 1~86. L'originâr est ùh des ornements.
pu.salon .hospitalier d'un amateur, célèbre,.
M. Feuillet de Conches, chez'qui. nous
ivons pu le voir tout à notre aise, et de fa-
son à nous faire une idée très nette de la
Igure et de la physionomie de la ~'f~e
Emilie.
La marquise était grande, maigre, un
peu osseuse. C'est peut-être du côté des
agréments et des harmonies de la taille et
de la démarche qu'elle pouvait pécher.
Mais la tête était, eh somme, charmante.
C'est, l'avis dés .juges les moins suspects
jd'indulgence, Màupertuis et .Mme Denis.
jC'est le témoignage qui ressort de ce por-
trait de Mlle Loir. Dans cette image, que
tout dit être Mêle,, on -voit ce visage, qui
{respire l'intelligence et la vie,~ émerger,
~souriant, d'un collier de fourrure dont là
jmoelleuse légèreté encadre heureusement.
at fait ressortir sans. violence des traits
,plus agréables que réguliers. La coiB'urë
~st courte et plate/telle qu'elle se maintint
~n'al pas compris, et ma mère m'& emme-
~née au château des Abeilles, où me mon-
trant le baron BornstorS, elle me dit Ma
&Ile, voici ton père d'adoption. aime .le
bien,: aime-le autant que moi. plus que
moi.
Sa voix était très émue, et je crois que
Sans la présence du baron BornstroS elle;
aùraitpleuré.
–Ah le baron BornstroS n'est ton përe
que'par adoption?
Oui. Le jour où il a épouse ma mère,
il m'a adoptée pour sa nlle. Mais il me té-
moigne autant d'aSection que s'il était
réellementniçnpère..
I)u reste, je ne comprends rien à c.es
choses-là.
Je sais seulement que tout cela s'est fait
très régulièrement et que .personne aujour-
d'hui, pas même mon cousin, ne.peut me
disputer mon droit légal à la succession du
baron Bornstôru.
–C'est un peu pour cela, ma pauvre
Nadine, que Maëdonald 'a quelque droit à
devenir ton mari,
Il considère votre mariage comme un
moyen sûr de rentrer dans un héritage sur
lequel il comptait et dont tu le frustres.
–Si jamais cela dépend de moi, je lui
en laisserai bien la moitié, à la condition
de ne pas être sa femme.
-–Oui, mais cela ne dépend pas de toi
maintenant, et, plus tard, si tu fais un au-
tre mariage, cela dépendra de ton mari.
Il a donc raison de ne pas s'en rapporter
uniquement à ta générosité.
D'ailleurs, je te le répète, il t'aime pour
toi, bien plus que pour ta dot, et 11 souffre
beaucoup de ton antipathie pour lui.
Tâche au moins de la lui moins mon-
trer.
Témoigne-lui un peu d'ânëction, ne se-
rait-ce qu'à titre de cousine, et par bonté
d'âme.
pendant le.milieu du siècle, finement ti-
gnonnée, frisonnée, poudrée. Le corsage
échancré découvre, au- sommet de son
échelle de nœuds, des appâts modérés. Ce
qui frappe, dans ce visage d'un ovale un
peu pointu, c'est l'expression spirituelle et
sensuelle des lèvres, d'un savoureux in-
carnat c'est..surtQut l'éclat velouté de ces
yeux baignés de lumière, couronnés de
sourcils épais et bien arqués que surplom-
be un front plein d'idées.
A ce portrait' sans complaisance, car ou
y sent très bien tout ce qui pouvait donner
prise a. la critique, le teint brun, les dents
médiocres, le menton court, les attaches
.du col plus solides qu'élégantes, etc., il
est curieux, il est inévitable même, tant
est demeurée fameuse cette esquisse où
un esprit vipérin a distillé une goutte de
venin dans chaque mot, d'opposer celui
qu'a trace Mme'du.DeG'and.
Quels griefs avait-elle contre Mme du
Ghatelet ? Aucun de précis, sans doute.
Elle prétendait même ne la point haïr.
Mais elle n'osait pas afûrmer qu'elle l'ai- `.
mât.Il aurait été assez dlHicile de le croire,
après avoir lu le portrait suivant, d'une
malveillance si implacable, qu'il produisait
au bon Thomas, l'optimiste auteur 'des
~/o~e~l'eS'ët d'une autopsie.
«Représentez-vous une femme grande et
sèche, sans .hanches, sans gorge, avec de gros
bras, de grosses jambes, des pie.ds énormes,
une très petite tête, le visage aigu, le nez
.pointu, deux petits yeux vert de mer, le teint
noir, rouge., échauifë, la bouche plate, les
:.dents. clair-semées et extrêmement g&têes.
Voilà la ûgure de la..belle Emilie, ligure dont
elle est si contente qu'elle n'épargne rien
pour la. faire valoir frisures, pompons, pier-
reries, verreries, ~tout est à profusion; mais
comme.elle veut être belle'en dépit de la-na-
.ture etiqu'elleveut-être .magnifique en dépit
~de la fortune, elle.est souvent obligée de- se
passer de bas, do chemises, de mouchoirs et
autres bagatelles.)'
La belle Emilie n'était pas mieux traitée
au moral qu'au physique. Mais ce n'est pas
encore le moment de parler de cette épo-
~que où l'amour'ayant dégénéré en amitié,
jet la. liaison de Mme .du' Chatelet avec Vol-
itaire pétant r.éduite à l'intellectuel, les en-
nemis .de .la marquise; portèrent sur ses
igoûtset ses ouvrages scientiûqûes tout.
~'eS'ort de leur malignité. En 17S8, nous en
sommes:aux illusions mutuelles, au bon-
heur sincère.sans doute, puisqu'il sutres-.
ter-discret. Il n'y a que les gens heureux
pour aimer le mystère et pour chercher
dans la vie les douceurs de l'ombre et les
bhemins~ couverts. De cette première pé-
riode il n'y a pas d'histoire, et il est aussi
(nécessaire que; facile d'ailleurs de deviner
pe qui dut .se passer entre un: homme
homme Voltaire, a. trente-neuf ans, au len-
demain de cette ZaM'e.oùil avait déployé une
Sensibilité, une tendresse, une délicatesse
!dont on ne le croyait point capable, et une
Mmme comme Mme du Chatelet, jeune et
passionnéeetqui ne, se piquait point du
cynisme avec lequel Mme du DeSand se
fvantait de n'avoir « ni tempérament, ni rb-
tnan, » c'est-à-dire, en amour du moins, ni
'cœur ni tête.
j ~Quelques lettres à Cedeville et à. la du-
chesse de Saint-Pierre entr'ouvreht a. peine
la porte de cette'liaison à son heure intime
jet secrète, quand par exemple la marquise
jdu Chatelet et la duchesse de Saint-Pierre
idescendaiënt, accompagnées du comte de
Fprçalquier, amant de cette dernière, de
~quelque carrosse de louage à l'entrée de la
Tue du Long-Pont (aujourd'hui rue Jacques-
dë-Brosse), pour se glisser dans la maison.
-habitée par le poète, en face le portail de
~àint-GrerVais. L&, les deux grandes dames
Bn bonne fortune quittaient leur mante.,
leurcoiSe, leur masque, étoiles accep-
taient en riant un souper improvisé par la
cuisinière Marianne, ou .même allaient
~manger en partie carrée, !'ne~M7o, une
fricassée de poulet 'dans le cabinet particu-
lier d'un 'cabaret des environs.
Les choses n'allèrent pas longtemps ain-
si. IJ vint bientôt un moment .ou les deux
amants, n'ayant plus rien .de particulier à
se dire, ne songèrent plus. a se cacher. Le
~uccèsdela~7eMyz'a~e,de Z&M'e, les que-
relles, les procès, la réputation déjà euro-
péenne, la fortune croissante de Voltaire,
'son activité qui embrassait tous les sujets
à la fois, son ambition qui s'étendait à tou-
tes les hardiesses ,de son esprit militant,
sies imprudences de son humeur irascible~
ne pouvaient s'accommoder d'une vie obs-
cure et tranquille, éclairée seulement, de
itemps a autre, par; un rayon de gloire.
Son. caractère et son génie le condam-
t'
Il t~ sera facile de le rendre heureux.
Quand un homme aime une femme
comme il t'aime, il n'est pas exigeant.
;–J'y ferai mes efforts, mais cela me sera
bien difficile. Je ne sais ni cacher ce que
je ressens, ni'feindre ce que je n'éprouve
pas.
Comment ton père s'arrange-t-il de
la vie retirée que mène ta mère ?,
Il est pour elle _plein d'attentions et
de prévenances, elle a pour lui beaucoup
d'amitié mais je ne crois pas que leur
mariage ait été,un mariage .d'amour.
Te rappelles-tu avoir vu, auparavant,
'celui qui est devenu ton père d'adop-
tion ?
II me semble vaguement que je l'avais
déjà. entrevu avec Mme Mason, lorsqu'elle
venait faire à Theys des visites à ma mère.
Mais je ne pourrais pas l'affirmer..
Comment se nommait ta petite
sœur?
–On ma dit, depuis sa mort, qu'elle
s'appelait Berthe. Je croyais pourtant que
ce nom avait d'abord été le mien. J~a~
comme on nous confondait souvent F~ne
avec l'autre, il se peut que je me trompe.
–Tu ne sais rien des circonstances qui ont
amené le mariage de,ta mère avec le baron
Bornstoriî?
–Non. Je me rappelle seulement qu'il a
dû se faire, après la maladie qui a forcé ma
mère de rester plusieurs semaines au châ?
teau d'Uriage où elle m'avait conduite en
promenade.
A.. DE CËSE~A.
(A ~MM~.)
Cette nuit, Paris a été assailli par une série
de bourrasques qui sont allées, d'après l'Ob-
servatoire de Montsouris,; en croissaRt d'in-
tensité, de manière à donner ce' matin, de
cinq à six heures, des vents Sud-Sud-Ouest
d'une -vitesse moyenne de 60'Mlomètres à
l'heure. Cette nuit, le baromètre a encore
baissé de 5°" II marquait ce matin, à neuf
heures, 734'"=',5. Cette baisse, qui-s'aceroit ré-
gulièrement depuis six jours, est occasionnée
par les bourrasques et le mauvais; temps ac-
tuels, qui peuvent encore se. prolonger un
jour ou deux. La temps est sombre, mais la
température assez douce. Ce matin, il ne
pleuvait qu'à de rares intervalles et en petite
quantité. Hier, la température minima a été
do 7°,8, en hausse do 3",2, et la température
.maxima. de 13",3, en hausse de 3",5. L'éolaire-
ment moyen du ciel a été de 45 0/0, en hausse
dé 27 0/0, Le vent a eu.une vitesse .moyenne
de IS.Iul. 2 à l'heure, suivant une direction
Sud-Sud-Quest. La quantité .de pluie tombée
'égale une coucha de 4'5.
.r,ÿ~
Voici quelques chiS'rès sur les consomma-
tion du gaz à Paris :EM 185.5, on y abrûle-
40,747,400 mètres cubes;'en 1875; la consom-
ma.'ion s'est élevée :Y'.175,938,244 mètres: cu-
bes. Le nombre des particuliers abonnés au
gaz,esL.de.J.i'[,22i. L'éclairage, public com-
prend phjs.-de. 33,030 becs.- La Jo.ugu.eurJ.oia.la-.
des conduites sous les votes publiques est.de
1,675,000 mètres.
L'installation de quatre chanoines de pre-
mier ordre, portant par conséquent' le titre~
d'év&ques, vient d'avoir lieu dans'Ia basilique
de Saint-Denis. À cette occasion, le S~ec~ rap-
pelle que le chapitre de Saint-Denis a éfé ins-
titué Ml.1806 dans le. but do prier pour les
souverains français dont les restes mortels'
sont déposés dans les caveaux da Ïa basili-,
que. Dans l'origine, la chapitre ne devait être
composa que d'évêques. Un décret du 23
mars 185.2 l'a réorganisé sur de nouvelles ba-
sses. Aux termes de ce ;décret,le chapitre se;
compose do six" éveqùes-chahoines de pre-
mier ordre, dont'le traitement est de 10,000
francs, et do huit chanoines de second ordre,
avec un traitement de 2,500 fr. Un des cha-
noines de second ordre fait fonctions de curé
de Saint-Denis, il est nommé par .l'archevê-
ché et agréé par le gouvernement. M n'y a
que les chanoines de second ordre qui soient
tenus à la résidence. Le nonce a procédé à
l'installation des quatre prélats pécem'ment
nommés chanoines-éveques .de l'insigne cha-
pitre. Le primicior, entouré do tous les cha-.
noines, est allé .au devant du nonce. Après la.
lecture des bulles pontiûca.les, le nonce a
conduit les élus ~l'autel et ji.lea a mis en-
suite en possession douleurs stalles. La cérë-.
monie s'est terminée par la bénédiction pon-
tificale. Le nonce, a pro.Sté de sa .visite pour
voir les travaux de restauration de la basili-
que. Le maître-autel, celui de la confession
de saint Denis, le' reliquaire, moyen âge en
pierre percée à. jour, avec :ses neuf cloche-
tons d'une.structure aussi hardie qu'élégante,
le tout enrichi de dorures et de peintures
d'une délicatesse achevée, offrent au regard
un coup d'œil ravissant. Les châsses do saint
Denis et de ses compagnons ont repris leur~
place sous le reliquaire à trois comparti-
ments, quisemble être une copie réduitedo
la basilique. Désormais, les touristes qui se
rendaient eh foule à. Saint-Denis pour 'visiter
la cathédrale et ses chefs-d'œuvre ne trouve-
ront plus, comme pendant ces dernières an-
nées, une barrière qui, pour. être composée~
de quelques planches, n'en était pas moins 1
infranchissable.
Le congrès annuel des délégués, des .socie-
'tës savantes a commencé aujourd'hui à la
Sorbonne. Après la réunion préparatoire, qui
s'est tenue dans la salle du concours général,
les historiens se sont rendus à l'amphithéâtre
de la Faculté des lettres., les archéologues, a.
celui de théologie, les savants à celui des'
sciences. Dans les sections .d.'archéologie .et
d'histoire, les cemmunications auront lieu à
partir de midi et demi dans la section des
sciences, à partir de deux heures (sauf le pre-
mier jour). Samedi 22 avril, à midi, dans la
saMc du concours général, M. Waddington,
ministre.de l'instruction publique, distribuera
des médailles d'or, d'argent ou de bronze
aux délégués. Dans cette séance on enten.dra..
les rapports annuels de M. Hippeau sur les
travaux historiques; de M. Chabouillet sur
les travaux archéologiques de M. BIa.neh.ard
sur les travaux scientifiques.
<
'La Société lorraine des. Amis des arts an-
nonce qu'elle a fixé l'ouverture de. sa. vingt-
et unième exposition au 18 mai prochain. 'Par
suite d'arrangements pris par la Société
avec M. Carpentier-Deforge, à Paris, 6, rue
Halévy, et 6S rue Légendre, les artistes peu-
vent faire déposer chez lui les..eeuvres desti-
nées à l'exposition..
rance de fortune/comme il lui semblait
que cette dot lui appartenait de droit, à ti-
tre de restitution d'un héritage sur lequel
il avait dû compter, il était décide à ne re-
culer devant aucun moyen pour mettre sa
cousine dans la nécessité de devenir sa
femme.
Une lui restait plus d'autre carte en
mains. II résolùtde la jouer avec audace.
Au commencement de juin 185S, Mme
Mason annonça qu'elle allait passer deux
semaines à Tours auprès.de.sa nièce..Elle
devait y conduire Nadine, qui était alors
auprès d'elle.
Macdonald, se-croyant sûr de la compli-
cité de Léa, échafauda. dans .sa tête, sur
cette visite de Mme .Mason et de Nadine au
baron Durinval, ,tout un plan de conduite
dont le succès lui paraissait certain.
Il était coavaincu.que ce plan le condui-
rait infailliblement au but qu'il continuait
de poursuivre avec plus. d'opiniâtreté que
d'honnêteté la fortune.
Il partit de son -côté- _pour Tonrs, dont ~l
II partit deson côté pour Tours, dont il
représentait au Corps législatif la. première
circonscription, qui comprenait le village
'd'Â~nouvilIe.
L'ancien secrétaire de M. Gruizot, sous la
monarchie de 1830; à la 6n du ministère
du29octobre, était devenu bonapartiste,
après le coup d'Etat, à l'heure même où le
marquis de Montboran, son camarade de
classe et son compagnon de voyage, quittait
la France pour n'avoir pas a. compter avec
le gouvernement impérial.
Le départ de Macdonald Bornstorifpour
Tours eut lieu dans les derniers jours de
juin 1858.
Dès son arrivée dans cette ville, il se
rendit à'ia préfecture, où il avait ses gran-
des et petites entrées, et, retenu, comme il
s'v attRnfiait. fi ritner. T)ar le bar~n Durin-
La Société d'agriculture de Meurthe-et-Mo-
selle elle comice agricole de Nancy so prépa-
rent à célébrer,'en 1877, le centenaire de/la.
naissance de leur illustra fondateur Mathieu
de D.ombasIe.;Ce grand, agriculteur, né à
Nancy, le 27 février 17,77, a largement cont.rl-.
bue aux progrès do l'agriculture française en'
démontrant l'utilité des instruments perfec-
tionnés dans l'adoption desquels il prévoyait
toute une révolution agricole. Sa -vie tout
entière fut consacrée à l'étude des. tra-
vaux agricoles dont l'importance .n'était pas
~comprise a cette, époque comme elle. l'a été
depuis. Mathieu de Dombasie a/publié plu-
sieurs ouvrages estimés, parmi lesquels nous.
citerons lo Ca~/KMe)' ~M co)t.CMK!D(~f?:< Un~
~concours régional devant se tenir a Nancy en
1877, il .est probable que les fêtes du conte-.
inaire coïncideront avec cette solennité.
La Fp'ftHM rapporte un curieux pari :"M. le'
comte, de Pratz, a parié da faire en quinze
jours le -voyage de Vienne-à Paris sur un cha-
meau qu'il a acheté en Afrique. Le 27 avril,
à une heure, il doit passer entre les colonnes
de la place du Trône.
w
Les journaux; do Berlin avaient annoncé
dernièrement que, sur les 27,7;2&~h6nimes'qui
..formentles rëgimbnts de là g'ai'de, 'on.c.omp-
.tait en .ce moment 1,048 AlËaciens-Lprrams.
'D'après.les' relevés qfQcieIs, dit Ïo'JifesMs'M- ds
'S~'
mée allemande, 8,647 Alsaciens-Lorrains'. 'Le
même journal'fait observer que dans" ce
chiffre de 8,647 hommes, ne.'Sgurent pas
ceux qui à Strasbourg, à Metz et ailleurs
sont entrés dans les.régiments bavarois, wur-
tembérgoois et saxons, et' qui doivent aug-
menter sensiblement le nombre .total, car,
dans l'origine, les jeunes Alsaciens-Lorrains
avaient une certaine préférence .pour ,entrer;.
dans ces régiments. C.o,n'est que q,uan,d.,cet
~autre chiffre sora publié que l'on saura exac-
tement combien d'Alsaciens-Lorrains satisfont
"actuellement au service militaire dans l'ar-
mée allemande.
'w
On écrit de Berlin, 16 avril, a la 6(MeMe de
Co~o~He, que le règlement dénnitif du budget
de;l'Alsace-Lorraine pour l'exe,rcice .1874 yient.
d'être publié. Les recettes s'élèvent au.chif-.
:fre total de 44,450,639 francs. Les dépenses
s'élèvent à46,859,603 francs. D'outil suit que..
l'excédant des dépenses sur les .recettes .est,
de 2,408,964 francs.
Le paquebot-poste de la Compagnie gêné-,
raie transatlantique jPf~'eM'g, capitaine Dauré,
.venant du Havre, est arrivé a Plym.outh. avant-
hier matin et est reparti le: même jour. -pour
New-York.
Le paquebot-poste de la Compagnie gêné-'
raie transatlantique La~'a~o?', capitaine San-
glier, venant de Blymouth, est arrivé au
Havre.
D'après une dépêche de 'Santander,. 18
avri!, le paquebot-poste de la Compagnie-
générale transatlantique Wtts/ttngtûH, capi-
taine Dardignac, venant de Fort-de-France,
est.arriv~ :'n"~
Lepaoket danois, à destination d'Islande
et dos îles Fœroë, qui'touchait précédemment
!àLerwick (Ecosse), où il embarquait, les
malles d'Angleterre et de France, s'arrêtera.
~dorénavant à' Granton,' 'au -lieu de Lerwïck.
Les nombreux armateurs français 'qui en-~
~voient leurs navires en Islande devront donc,
à l'avenir, expédier leurs courriers <' vi&
Granton. ') Lies départs auront lieu de ce port.
aux dates suivantes 19 avril, 31 mai, 10
juillet; 19 août, I" octobre et 12 novembre.
Un rapport consulaire anglais sur l'île de
'la Réunion donne, touchant notre colonie,
des renseignements intéressants. La culture
du café a été un peu négligëo pour ceHe d.e
:la canne, et, comme à la Dominique, nombre
de plantations de café ont été remplacées par
dos champs de canne. Le caîé,.cependant,.
adonne des récoltes plus régulières quele su-
~creetlës dépenses d'exploitation sqntmoin-;
idrés. La quantité de café produite, qui s'éle-'
'vait entre 3,000 et 4,000 tonnes par année, est
~descendue entre 400 et 600 tonnes. La grande
:demandoquis'est manifestée sur la vanille,
a donné de grands pronts, et les plantations 3
de ce parfum se sont rapidement multipliées,
à tel point, que la prochaine récolte donnera
le double de celle exportée en 1875, qui s'est
élevée à 20,854 lulog.A moins de circonstan-
ces imprévues, la production pourra s'élever
dans quelques années, entre 50,000 et 60,000
kilog. Cette, culture se fait également avec
beaucoup de succès à Maurice et à Madagas-
car mais il est à craindre que l'âbondancedu
produit ne vienne a en déprécier les prix. Il
est cultivé de préférence par les petits pro-
priétaires, et c'est lui qui fournit &n grande
val, il avait le soir une conversation confi-
dentielle avec Léa.
Dès le'surlendemain, après le déjeûner,
a l'heure où la chaleur du jour est 'dans
toute son. intensité, Léa était nonchalam-
ment assise avec Nadine dans lé jardin de
la préfecture, sous un épais berceau de-
feuillages.'
Ce berceau les protégeait contre.les ar-
dents rayons du soleil,
Leur conversation étaitvagabondecomme'
leur imagination, et .leur causerie, toute,
primesautière, chevauchait a travers mille
sujets de la nature la plus variée.
Nadine s'abandonnait franchement, avec
naïveté, à cette causerie tout intime.
Mais Léa avait une arrière-pensée. Elle
avait promis àMacdonald de sonder à fond,
le cœur de Nadine, aiin qu'il sût ce qu'il
avait définitivement à espérer du a. crain-
dre de cëcûté. `
EUe cherchait l'occasion de tenir sa pà-,
rôle, lorsque Nadine la lui fournit d'elle-
même.
'SUR'LES BORDS DE LA MIRE
–A propos, ma chère Léa, demanda
tout à coup Nadine, n'est-ce pas demain
que rious irons visiter le château d'Arnou-
ville ?
Oui, repondit négligemment Léa;
c'est le désir de MmeMason. Ma tante veut
profiter, pour faire cette -promenade, du
séjour de ton cousin, M. Macdonald Born-
storif à Tours. C'est lui qui sera notre ca-
valier. 1 1
Est-ce que ce château n'appartient
pas au plus grand de nos poètes modernes,
au marquis Robert de Montboran?
Justement. C'est'ià'que le plus'grand
"partie aux besoins de la population peu en-
cline au travail. Un sol fertile et humide lui
convient, et une étendue de terrain restrein-
te peut suffire à des milliers de plants de va-
nille. La dernière récolte s'est écoulée au
prix moyen de Ïiv. st. 5 le Ml., soit une som-
me totale de liv. st. 104,000, qui a, presque
en totalité, passé dans les mains des petits
planteurs et de la population de couleur. Mê-
me, en admettant.qu.o la vanille tombe au prix
de liv. sti"21o kilog.sa culture serait toujours
très avantageuse pour la Réunion.
7:- f.
<
.Un ingénieur améidoain, M. 8palding,apNO-
~posé récemment au gouvernement russe de
creuser un canal entre la mer. Noire et la mer
Caspienne. Cette dernière, dit-il dans le. volu-
mineux mémoire qu'il a adressé au gpuver-
~nement russe, menace d'être, comblée par lea
alluvions de l'Oural et du Volga de sort~,
que, dans quelques siècles, elle deviendrait
un vaste marécage dont les bords resteraient
déserts. Le niveau derla mer Caspienne étant'
inférieur'à celui .de la mer.noire, l'ingénieur
~américain a calculé qu'un étroit canal, seràit-
rapidement élargi.par les eaux, qùi.achève-
.ralént seules un travail dont les trais, autre-
mpnt,. sgraient m~nenees.
Lundi dernieTa au lieu, a Bruxelles, une
asooncion. aérostatique. assez remarquable.
Au lieu d'u ballon unique, les voyageurs
~étaiëntportéspar un groupe de cinq ballons
reliés entre, eux, le~plus-gros'êtant au contre.
,A cinq heures, dit l'E~oHeûg~e, le ballon l'jEM-
~ope; flanqué de'ses quatre satellites, s'est
.élevé au grand bassin d'u Parc, aux~applau-
dissoments d'une foule nombreuse. Parmi les'
'spectateurs, on remarquait M. Anspach, bourg-
mestre de la ville de Bruxelles MM. les gé-
néraux baron Prisse, baron Vandersmisse et
.Lambert.; Eortamps ûls 'et tout le. M~ H/'e
~bruxellois. L'ascension a été magninqùe. Mal-
heureusement, le'temps'brumeux a fait dis-
paraître trop tût a. la vue des spectateurs les
aérostats~ Avaient pris~ place dans la nacelle,
sous la direction do M. P'ptevin et d'un aide,
;MM. le marquis Trazegnies et. le comte, Eu-
gène de Robiano. H y avait foule partout aux
abordsdu 'Parc'et jusque sur. les toits des
'ministère~. On remarquait sur Ta corniche de
'la Chambre do.s représentants un prêtre qui
a attendu patiemment pendant trois hour-es
j le: moment où M. Poitevin a prononce le mot
jsacremental «'Lâcher tout. )' Un instant
après, une pluie fine a dispersé la- foule.. On
~annonce, pour 'dimanche prochain, une.as-
jcension plus Intéressante encore. Une dêpô-
'che télégraphique datée 'd'Anvers, 10 h. 4, et
~portant les signatures des trois ascenaion-
inistes, apprend que l'aérostat a. heureuse-
'ment touché terre, près de Lierre, vers 7 h.
du soir.
On lit ce matin dans l''fnt:Mpet:~
Lesuicidë'deM.AibërtIngenceM, directeur de
la Banque centra.la. anv,ersotaQ,. a causé un gfand
émoi. à 'Anvera. Toutes sortes de bruits ont été
mis en circulation. On dit que des d6missiona
'auraient été données. D'après ce que l'on raconte,
:c'ast a la suite d'un conseil d'administration fort
mouvementé, tenu au local de la Banque dans la
j nuit de vendredi à samedi, queM.iRgeRœhl'a.
~mis un à ses jours. Quoi qu'il' en soit, il est cer-
itam que M.IngeDœhl,reiitr'échez'Miversi.[ne
heure du matin, se mit à se faire là barba et &-
nit par se couper le co.u ayAC une violence telle
que le rasoir atteignit la colonne vertébrale.
L'infortunÉ a néa.nmoina survécu trois heures à
sa'terriMe blessure. Lorsqu'on l'a. trouvé mort,
samedi dernier, à une heure de relevée, il tenait
encore le rasoir ensaag~Btérdans la main droite.
Les administrateurs ont travaillé samedi pendant
une.gBande partie'de la. nuit dans les bureau:
de la Banque, sis Rémpa.rt-Sa.inte-Ca.therine. La
mort du.directeur de'la Banque centra.)~.et lM-,
eiroonstances~dàns lesquelles elle a en lieu'eau- `
sentenviite, et particulièrement à la. Bourse où
le défunt était fort connu, une impression des
plus p&nibles.et des plus. profondes. M. Ingenœhl~l
n'avait que trente-neuf ans.
On mande de la Havane, 12 avril:
K Hier, dans l'une des salles d'audience du tri-
bunal, à. la suite, d~ine controverse & prop&s
{d'une réela.ma.tion, lé marquis d'Argudin, au
jmastMtt ûù it-sortàit de la sa~a;4MLppé M. Sa.B-
iChez Ysnaya. Celui-ci s'est armé d'un revelver
iqu'il 'avait sur lui et a fait feu sur le marquis,
iqui est mort ce matin des suites de sa blessure.
iLes: .adversaires sont des personnes jouissant
-d'une grande fortune et sont bien connus de la.
'~population havanaise. -(
~J
Qnannohce.la mort:àP.a.ris,deM.Davy
'de. Cussé, .conseiller, référendaire honorau'e.j
à la cour des.çomptea de M. Jahan, lieute-
~nant-colonel en retraite, frère de M. Jahan,
~sénateur du Loiret; de M.JulienConstans,
'âgé de ceM
~M. Pinard, professeur d'histoire au lycée Fon-
itanes;–à Amiens, de M. Richard/profes-
seur agrégé de philosophie, au lycée de cette
i'ville; –à. Bar-le-Duc, de M. Larombardière,
adjoint au maire, ancien processeur de ma.-
f de nos poètes.; modernes habite, lorsqu'il
daigne honorer son pays de sa glorieuse
~présence.
–Sur quel ton d'amère ironie tu en
jparles. On te creirait son ennemie.
–J'admire comme tout le monde son
génie poétique:et littéraire. Mais je ne lui
-pardonne pas d'être toujours l'adversaire
~systématique du gouvernement établi.
C'est sans doute parce que ton père
'!est toujours le serviteur dévoué de celui
qui existe. Gomme mon cousin Macdo-'
~nald.
Que vient faire .la ce pauvre cousin?
~Tuledétëstesdoncbien, que tu ne laisses
passer aucune occasion de critiquer son.
~aract&re ou sa conduite?
–S'il ne voulait pasêtremonmari, j'au-
rais peut-être de l'amitié pour lui. Mais
tantqu'il me poursuivra de son amour, au-
quel d'ailleurs je ne crois pas, je serai mal
~disposée.pourlui.
Tu as tort, Nadine.; Il t'aime sincère-
;ment, non pour ta fortune, qui aurait bien
~un peu dû être la sienne, mais pour toi.
Ta froideur, je pourrais dire ta haine, le
rend tout à iait malheureux. Que peux-tu
luireprocher?
Rien, si ce n'est d'être un prétendant
opiniâtre, un poursuivant entêté.
Il est député peut-être un jour sera-
t-il ministre. Il deviendra certainement
sénateur. Il est très aimé de l'empereur et
de l'impératrice. Si tu étais sa femme, tu
serais- de toutes les fêtes de la cour.
–Je fuis plutôt que je ne recherche le
bruit et l'éclat du, monde..
Gomme ta mëre.
Ma mère. Ah c'est la mon vrai cha-
.grin.
II y a dans son cœu? une douleur qu'elle
me cache, dans sa vie un mystère qu'elle
me tait. Je n'ai pas sa conSance.
thématiques au lycée .–à Wassy (Haute-
Marne), de M. le docteur Lefol –à Bordeaux,
de M. Lerby, directeur des contributions indi-
rectes de M. Leroux, président de chambre
honoraire & la cour d'appel d'Orléans à
Verdun,\ de' M. Poirel, président du tribunal
civil;–à Londres, du seulptéur John Gra-
ham Lough, auteur de la statue de la reine
Victoria à la Bourse do Londres, de.celle du
prince Albert au Lloydj-desdions qui' ornent
le monument de Nelson sur la plaça de Tra-
falgar, et d'un ".grand nombre d'oeuvres re-
marqua.bles qui ont été exposées'a la .Ro
AeM
~ARIÊTÊ~
f PORTRAÏTS DE FEMMES
tMB~tfEBPCH~'rE&ET
Mme du Chatelet fut, pendant quinze
ians, la maîtresse et l'amie, de .'VoÏtaire;,elle:
occupa souverainement le cœur et surtout
~'esprit d'un homme qui avait, comme Mme.
ideTencin le disait de Fontenelle, la plus
grande partie de son cœur en, esprit la
.mort seule trancha une liaison .justement
célèbre qui avait résiste a. tous les orages
de la jalousie,, même à la déception de l'in-
;&délité. Une personne capable d'avoir tenu~
une telle place, joué un tel rôle dans l'eMS-
tence d'un Voltaire, .a dû être ce que Mme
du Chatele.t fut eh euet, douée de. toutes
jles facultés: viriles, de toutes .les grâces Té-
jminiMs, et elle'mérite le portrait aussi
ressemblant que possible, et sans. complai-
sance, que nous allons essayer. `
Précisons d'abord, suivant notre Iiabi-
'tude, Ïes noms e~ les dates.Voltaire. 9.vait
connu' Mme du. Ghatelet enfant chez. son
père; mais ce 'n'avait été là qu'une 'ren-
contre, etieurintupite date'de 1733. A ce ce
moment .Gabrielle-Emnie. Le ~onnnelier,
de Breteuil, née le 17 décembre 1706, ma-
.rice, le 30 juin 1725, au marquis Florent-
'Clàudë\dùÇhatëlet-LQmônt, avait'vingt-
sept ans d'âge et huit années, de, ménage,
c'est-à-dire d'ennui conjugal, car elle était.
trop nne et son mari était trop nul pour
qu'a' l'inévitable illusion du premier jour, J
Qu'ait pas succède,, des le lendemain peut-
!être, l'inévitable désabusement. Toutefois,
il n'y eut pas rupture d'un lien qui se re-
lâcha bien~vit~ assez pour. cesser d~.tre.'in-
commode.
Le mar.quis n'avait que les scrupules.
~qu'on ne peut se dispenser d'avoir. Comme
jla,plupart des m'ans.de san~temps, dans Jâ
ihaute société, il n'avait pris femme que~
Spour avoir des enfants, perpétuer sonnom,
Set, ,c.e devoir accompli, cet'.intérêt assuré,
Sil avait, passé, avec sa femme un de ces ta-
icites contrats d'indulgence, mutuelle, par
lesquels l'époux remettait a l'épouse près-
!quë toute sa liberté, à. la condition'de; ne
jle rendje point ridicule,, et reprenait la-.
sienne, sous la réserve.de~ne point dissiper
le bien commun. Les deux clausës'h'étaient
pas.t6ujd.urs,.ndèlëment obserY.ê.es. Mais il
h'est pas d'aSaires sans risques. Au demeu-
irant, ces ;ménages dos à dos; où les deux
~épouxne fréquentaient ensemble que le
strict nécessaire a l'intérêt commun~au
idécorum, M'éducation ou M'établissement;:
jdesenfaTits,.étaient loin d'être des modèles;
biais il n'était pas raré',qu'ils~ fussent de~'
exemples d'un certain accord relatif, d'un
jeertain bonheur .tempéré, gjcis comme rin-
diSérence, neutres comme la philosophie.
Voltaire,, quand il retrouva à la cour de
SceauxMme du Châtelet.e~'pleine posses-
sion d~un esprit' incontestable et d'une
beauté plus .critiquée, c.ui'ieuse~etdéjaim-~
patiente des revanches que lui devait à
json gre,.le hasard, fatiguée mais: non ras-
jsasiée des expériences de l'amour, avait
'.trente-neuf ans..Ce fut.donc, comme on le
!voit,une. liaison de .maturité,, fondée sur
jdes sympathies- supérieures aux entraîne-~
''ments juvéniles, et 'Où les sens n'àyaient.
que discrëtementïeûr part,-qui, souïevant.
les voiles mystérieux d'une période de lune
~demiel dont il n'y a pas d'histoire, dé-
nonça décemment a.. la société parisienne
le pendant exact, moins des difEérences de
caractère et d'esprit qui étaient à l'avan-
itage du nouveau couple, de cet autre faux
méhagecélèbre du temps, celuiduprési-
!deht Hénault et de la marquise du Def-
ifond. r"
Mme du Chatelet, nous l'avons dit, n~en
jetait pas à sa première aSaire.; et si elle
~cherchait, le port, c'est-a.dire là paix de
il'esprit et du cœur dans sa liaison, avec
~Voltaire (en quoi, comme nous le verrons,
Je serais pourtant si-heureus&' de parta-
ger ses peines secrètes!
–Est-ce qu'ellene t'aime pas?
Oh! peux-tu supposer une chose pa-
'reille ? Est-ce qu'il y a des mères qui n'ai-
'ment pas leur nlle? `
–Alops.dequoi.teplaîns-tu? ?'
Mon Dieu, je ne me plains pas. Je n'en
faipasie~sujet. j.
Ma. mère a pour moi les prévenances que
la sollicitude la plus tendre peut inspirer
àlamèrelaplus aimante.
Ppurtant il y a des jours pu il me semble
:que ma présence l'attriste, Alors elle m'é-
loigne d'auprès d'elle.'
Puis, ily a dans ses caresses je ne sais
quoi de yiolent qui parfois me fait crain-
i~'e qu'elles ne soient plutôt l'eifet du sen-
timent d'un devoir que d'un élan du'cœur.
C'est sans doute mte simple bizarrerie
de caractère.
–Helâs' il doily avoir autre chose. Il,
est des jours qu'elle passe tout entiers dans.
le cimetière du hameau de Sainte-Hélène,
agenouillée sur une pierre tombale où est
le nom de ma pauvre petite sœur.
Ces jours-là, elle est encore plus triste,
et pour me mieux cacher ses larmes, elle
évite de me voir. Mais elle .est ,si bonne, si
bonne, que je l'aime tout de même.
–Qu'est-ce donc que cette petite soeur,.
qui .est enterrée dans le cimetière du ha-
meau deSainte-Hélène?
–Que sais-je. mes souvenirs sont très
confus?'
Je me souviens qu'à une époque très.
éloignée, dans la montagne, presque à
l'entrée d'un'village que l'on nomme
Theys, ma mère habitait u~e maison
isolée.
Alors nous étions deux petites sœurs.
Puis tout à coup, j'ai été seule.
Puis quelque chose s'est passé nue je
elle se trompait singulièrement), ce n'était
pas sans avoir déjà subi plus d'un naufrage
sur cette mer orageuse du Tendre. Selon les
~entoM'es ~e .~M?'e?a:~ elle avait aimé le
le comte de Guébriant,' qui ne .la. payait
point de retour, avec une fureur dont le
désespoir ne trouva point d'autre issue que,
la mort. Pour ne point survivre a la honte
et à la 'douleur de sa déception, elle tenta
de se Suicider. Ces extrémités tragiques
étaient rares alors, surtout dans la haute
société, et les annales delà galahterie,a.'ce
~moment,'en~pn'rent~peu d'exemples.
En gênerai on ~e conduisait en cas d'ë-
chec comme cette_actrice à qui l'on de-
mandait ce qu'elle ferait si. son amant la
quittait. J'en prendrais un autre, ré-
pondit sans hésiter cette naïve enfant.
Puisque Mme du Châtelët devait finir par
la, tout comme une autre, il était assez in-
iutile d'essayer de ~e/
celle nécessaire, pour dormii'.une nuit.
Heureusement pour elle, pour tui et pour
'nous, M, de Gruébriant, qui n'était pas un
mauvais' .diable! âpres .tout, se me&a 'de.
quelque,folie, ehtr.a defôr.çe chez la déses-
pérée, la ilt secourir et sauva du moins la
vie à celle qui voulait mqùrirpour lui.
j Le peu de succes-de cette .première c.anb-
ipagne galante ne découragea point la mar-
quise, au contraire en outre de son cœur
ja. consoler, elle avait sa défaite à venger. v
jElle brouilla du moins Richelieu avec Mme
.de Gruébriant, qu'elle rendit ainsi 'à son
mari, ce qui n'était pas absolument d'un
bon procédé. Mais elle-ne put prolong'er sa
victoire dans une conquête durable. Riche-
lieu était de ceux qufne portent pas.long-
temps les mêmes couleurs. Le mot du
;temps, si énergique dans sa tnavilit'é, ca-
ractérise leur liaison: une passade. Mais.si
'de coeur de Mme du;C,hâtelet fut;afaigé de
'.cette inconstance, sa raison sut s'y rési-
gner, et elle'në songea plus à/se détruire.
On n'a de ces.idées-là qu'une fois.. ,J
Au.,conti'aii'e, elle résolût de vivre,: cer-
taine de trouver encore un certain plaisir;
bile pardonna gracieusement ce qu'elle ne
pouvait punir, demeura l'amie de celui qui
p'ayait pas-voulu l'ester son amant,;et nou~
avec lui une de ces amitiés particulières
pntre homme et femme qui n'ont rien se
refuser ni à se cacher, commerces qui'gar-
jdent toujours quelque chose des.tendresses
jdè l'amour, avec la franchise en plus,
i Maintenant que nous savons un peu à
tquoi nous en tenir sur les antécédents de
~Inie du Châtelët, et au moment ou nous
~a voyons glisser, quelque peu déçue, de Ri-
iehelieu,: demeuré son ami, .& Voltaire~ qui
géra surtout un ami pour elle, posons-nous
}ia vulgaire, monotone, mais inévitable, in-
dispensable, question, celle qui fait le pen-
jdant à la fameuse formule d,u juge d'ins-
truction et de l'historien: Ou' est la fem-
hïe? La femme était-elle jolie où même
belle? NU'un ni l'autre, moins et plus que
t'un et l'autre.
i Mme du'Chatelet, qui passa à aimer et à;
stre aimée tout le temps qu'elle ne ,consa–,
:ra pas à la physique~ à la gourmandise ou.
i la toilette, était, dansioute la force du
.erme, en dépit de plus d'une imperfection
plastique, une admirable femme, douée,
l'une de ,ces Ëgures qui ont le charme ]
[lont on ne remarque passes défauts. Elle .I
possédait la grâce, plus belle encore que la
)eauté; elle était pleine de cet esprit qui
met la.grâce en mouvement. Il ~sté d'ail-
leurs deux portraits ressemblants .de Mme~j
du Châtelët, l'un du au maître du pastel
La Tour, l'autre au pinceau de Marianne
Loir. Ce dernier a ;6té gravéparLanglois
~n 1~86. L'originâr est ùh des ornements.
pu.salon .hospitalier d'un amateur, célèbre,.
M. Feuillet de Conches, chez'qui. nous
ivons pu le voir tout à notre aise, et de fa-
son à nous faire une idée très nette de la
Igure et de la physionomie de la ~'f~e
Emilie.
La marquise était grande, maigre, un
peu osseuse. C'est peut-être du côté des
agréments et des harmonies de la taille et
de la démarche qu'elle pouvait pécher.
Mais la tête était, eh somme, charmante.
C'est, l'avis dés .juges les moins suspects
jd'indulgence, Màupertuis et .Mme Denis.
jC'est le témoignage qui ressort de ce por-
trait de Mlle Loir. Dans cette image, que
tout dit être Mêle,, on -voit ce visage, qui
{respire l'intelligence et la vie,~ émerger,
~souriant, d'un collier de fourrure dont là
jmoelleuse légèreté encadre heureusement.
at fait ressortir sans. violence des traits
,plus agréables que réguliers. La coiB'urë
~st courte et plate/telle qu'elle se maintint
~n'al pas compris, et ma mère m'& emme-
~née au château des Abeilles, où me mon-
trant le baron BornstorS, elle me dit Ma
&Ile, voici ton père d'adoption. aime .le
bien,: aime-le autant que moi. plus que
moi.
Sa voix était très émue, et je crois que
Sans la présence du baron BornstroS elle;
aùraitpleuré.
–Ah le baron BornstroS n'est ton përe
que'par adoption?
Oui. Le jour où il a épouse ma mère,
il m'a adoptée pour sa nlle. Mais il me té-
moigne autant d'aSection que s'il était
réellementniçnpère..
I)u reste, je ne comprends rien à c.es
choses-là.
Je sais seulement que tout cela s'est fait
très régulièrement et que .personne aujour-
d'hui, pas même mon cousin, ne.peut me
disputer mon droit légal à la succession du
baron Bornstôru.
–C'est un peu pour cela, ma pauvre
Nadine, que Maëdonald 'a quelque droit à
devenir ton mari,
Il considère votre mariage comme un
moyen sûr de rentrer dans un héritage sur
lequel il comptait et dont tu le frustres.
–Si jamais cela dépend de moi, je lui
en laisserai bien la moitié, à la condition
de ne pas être sa femme.
-–Oui, mais cela ne dépend pas de toi
maintenant, et, plus tard, si tu fais un au-
tre mariage, cela dépendra de ton mari.
Il a donc raison de ne pas s'en rapporter
uniquement à ta générosité.
D'ailleurs, je te le répète, il t'aime pour
toi, bien plus que pour ta dot, et 11 souffre
beaucoup de ton antipathie pour lui.
Tâche au moins de la lui moins mon-
trer.
Témoigne-lui un peu d'ânëction, ne se-
rait-ce qu'à titre de cousine, et par bonté
d'âme.
pendant le.milieu du siècle, finement ti-
gnonnée, frisonnée, poudrée. Le corsage
échancré découvre, au- sommet de son
échelle de nœuds, des appâts modérés. Ce
qui frappe, dans ce visage d'un ovale un
peu pointu, c'est l'expression spirituelle et
sensuelle des lèvres, d'un savoureux in-
carnat c'est..surtQut l'éclat velouté de ces
yeux baignés de lumière, couronnés de
sourcils épais et bien arqués que surplom-
be un front plein d'idées.
A ce portrait' sans complaisance, car ou
y sent très bien tout ce qui pouvait donner
prise a. la critique, le teint brun, les dents
médiocres, le menton court, les attaches
.du col plus solides qu'élégantes, etc., il
est curieux, il est inévitable même, tant
est demeurée fameuse cette esquisse où
un esprit vipérin a distillé une goutte de
venin dans chaque mot, d'opposer celui
qu'a trace Mme'du.DeG'and.
Quels griefs avait-elle contre Mme du
Ghatelet ? Aucun de précis, sans doute.
Elle prétendait même ne la point haïr.
Mais elle n'osait pas afûrmer qu'elle l'ai- `.
mât.Il aurait été assez dlHicile de le croire,
après avoir lu le portrait suivant, d'une
malveillance si implacable, qu'il produisait
au bon Thomas, l'optimiste auteur 'des
~/o~e~l'eS'ët d'une autopsie.
«Représentez-vous une femme grande et
sèche, sans .hanches, sans gorge, avec de gros
bras, de grosses jambes, des pie.ds énormes,
une très petite tête, le visage aigu, le nez
.pointu, deux petits yeux vert de mer, le teint
noir, rouge., échauifë, la bouche plate, les
:.dents. clair-semées et extrêmement g&têes.
Voilà la ûgure de la..belle Emilie, ligure dont
elle est si contente qu'elle n'épargne rien
pour la. faire valoir frisures, pompons, pier-
reries, verreries, ~tout est à profusion; mais
comme.elle veut être belle'en dépit de la-na-
.ture etiqu'elleveut-être .magnifique en dépit
~de la fortune, elle.est souvent obligée de- se
passer de bas, do chemises, de mouchoirs et
autres bagatelles.)'
La belle Emilie n'était pas mieux traitée
au moral qu'au physique. Mais ce n'est pas
encore le moment de parler de cette épo-
~que où l'amour'ayant dégénéré en amitié,
jet la. liaison de Mme .du' Chatelet avec Vol-
itaire pétant r.éduite à l'intellectuel, les en-
nemis .de .la marquise; portèrent sur ses
igoûtset ses ouvrages scientiûqûes tout.
~'eS'ort de leur malignité. En 17S8, nous en
sommes:aux illusions mutuelles, au bon-
heur sincère.sans doute, puisqu'il sutres-.
ter-discret. Il n'y a que les gens heureux
pour aimer le mystère et pour chercher
dans la vie les douceurs de l'ombre et les
bhemins~ couverts. De cette première pé-
riode il n'y a pas d'histoire, et il est aussi
(nécessaire que; facile d'ailleurs de deviner
pe qui dut .se passer entre un: homme
homme Voltaire, a. trente-neuf ans, au len-
demain de cette ZaM'e.oùil avait déployé une
Sensibilité, une tendresse, une délicatesse
!dont on ne le croyait point capable, et une
Mmme comme Mme du Chatelet, jeune et
passionnéeetqui ne, se piquait point du
cynisme avec lequel Mme du DeSand se
fvantait de n'avoir « ni tempérament, ni rb-
tnan, » c'est-à-dire, en amour du moins, ni
'cœur ni tête.
j ~Quelques lettres à Cedeville et à. la du-
chesse de Saint-Pierre entr'ouvreht a. peine
la porte de cette'liaison à son heure intime
jet secrète, quand par exemple la marquise
jdu Chatelet et la duchesse de Saint-Pierre
idescendaiënt, accompagnées du comte de
Fprçalquier, amant de cette dernière, de
~quelque carrosse de louage à l'entrée de la
Tue du Long-Pont (aujourd'hui rue Jacques-
dë-Brosse), pour se glisser dans la maison.
-habitée par le poète, en face le portail de
~àint-GrerVais. L&, les deux grandes dames
Bn bonne fortune quittaient leur mante.,
leurcoiSe, leur masque, étoiles accep-
taient en riant un souper improvisé par la
cuisinière Marianne, ou .même allaient
~manger en partie carrée, !'ne~M7o, une
fricassée de poulet 'dans le cabinet particu-
lier d'un 'cabaret des environs.
Les choses n'allèrent pas longtemps ain-
si. IJ vint bientôt un moment .ou les deux
amants, n'ayant plus rien .de particulier à
se dire, ne songèrent plus. a se cacher. Le
~uccèsdela~7eMyz'a~e,de Z&M'e, les que-
relles, les procès, la réputation déjà euro-
péenne, la fortune croissante de Voltaire,
'son activité qui embrassait tous les sujets
à la fois, son ambition qui s'étendait à tou-
tes les hardiesses ,de son esprit militant,
sies imprudences de son humeur irascible~
ne pouvaient s'accommoder d'une vie obs-
cure et tranquille, éclairée seulement, de
itemps a autre, par; un rayon de gloire.
Son. caractère et son génie le condam-
t'
Il t~ sera facile de le rendre heureux.
Quand un homme aime une femme
comme il t'aime, il n'est pas exigeant.
;–J'y ferai mes efforts, mais cela me sera
bien difficile. Je ne sais ni cacher ce que
je ressens, ni'feindre ce que je n'éprouve
pas.
Comment ton père s'arrange-t-il de
la vie retirée que mène ta mère ?,
Il est pour elle _plein d'attentions et
de prévenances, elle a pour lui beaucoup
d'amitié mais je ne crois pas que leur
mariage ait été,un mariage .d'amour.
Te rappelles-tu avoir vu, auparavant,
'celui qui est devenu ton père d'adop-
tion ?
II me semble vaguement que je l'avais
déjà. entrevu avec Mme Mason, lorsqu'elle
venait faire à Theys des visites à ma mère.
Mais je ne pourrais pas l'affirmer..
Comment se nommait ta petite
sœur?
–On ma dit, depuis sa mort, qu'elle
s'appelait Berthe. Je croyais pourtant que
ce nom avait d'abord été le mien. J~a~
comme on nous confondait souvent F~ne
avec l'autre, il se peut que je me trompe.
–Tu ne sais rien des circonstances qui ont
amené le mariage de,ta mère avec le baron
Bornstoriî?
–Non. Je me rappelle seulement qu'il a
dû se faire, après la maladie qui a forcé ma
mère de rester plusieurs semaines au châ?
teau d'Uriage où elle m'avait conduite en
promenade.
A.. DE CËSE~A.
(A ~MM~.)
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