Presse et revues
12 pages
Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 janvier 1931 01 janvier 1931
Description : 1931/01/01 (A11,N1)-1931/01/31. 1931/01/01 (A11,N1)-1931/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5410753s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/09/2008
SOMMAIRE
Les organisations antijuives et le gou-
vernement roumain. Alfred BERL
Lettre de Pologne : La population juive
lutté pour l'existence. D' A. T.
En Roumanie : Le gouvernement et les
désordres antijuifs. ISAS
Missim Behar. Jaoques BIQART
i
L'oeuvre soolaire .de I' « Alliance
Israélite ».
A travers les Communautés Israélites
d'Orient. — Visite des Ecoles 4e
I' « Alliance Israélite » (Suite). Y.-D. SEMACH
Les organisations antijuives
et le gouvernement roumain
L'état de trouble que traverse la Roumanie s'est ag-
gravé depuis trois mois ; la propagande antisémite n'a pas
laissé d'y porter ses fruits. Le désordre moral n'est pas
moindre que le désordre matériel.
La guerre déclarée par les étudiants chrétiens à leurs
collègues israélites de l'Université n'a cessé de s'envenimer.
D'ailleurs, le prétexte initial qui avait présidé à la genèse
de l'agitation, à savoir le soi-disant refus des Israélites de
fournir des cadavres pour la dissection, est depuis long-
temps oublié. La prétention d'imposer un numerus clausw
est également dépassée : c'est ^'itiw^-exelusioncompjète
qu'il s'agit à présent : de même les excès ne se bornent plus
au bris de vitres, aux sévices individuels contre les passants
inoffensifs suspectés d'être juifs ; le programme actuel des
Croix gammées, c'est le pillage, la destniction:dej maisons,
de quartiers entiers dans les bourgades et les villes, $e. sont
tes pogromes préparés de longue main, c'est le meuf tre qui
éclate ici, là, en maint endroit à la fois.et se propage, non
pair une génération spontanée et contagieuse, mais comme
un complot aux vastes ramifications, méthodiquement, mi-
nutieusement ourdi, et exécuté sur un mot d'ordre, avec
«autant d'ensemble que de soudaineté. Le sang a déjà coulé,
;t«t "plus seulement le sang juif, niais aussi celui de chrétiens
courageux qui osent défendre le droit de leurs concitoyens
; juifs menacés.
Nous avions signalé dans notre dernier numéro la ten-
tative criminelle dont faillit être victime M. Sokor, le direc-
teur de l'Adeverul, organe traditionnellement dévoué à la
cause du droit et de l'égalité. L'auteur de l'attentat, Procop
Dumitrescu, est un jeune fanatique, émule de l'étudiant
Codreanu (1). Cette fois, le cabinet de Bucarest s'est ému.
Il a mis en branle sa police, habituellement impassible
devant les crimes antijuifs ; l'enquête a amené la découverte
d'organisations très fortes et très étendues, pourvues' de
ressources et de moyens d'action puissants, dont le danger
commence à s'avérer aux yeux les moins clairvoyants.
Ces organismes, « Garde de fer », « Archange Michel »,
s'inspirent des tendances des Hitlériens du Reich, des
Magyars éveillés. Ils empruntent aux bolcheviks leurs
méthodes de propagande, leurs nids, leurs rayons, leurs
cellules : ils y ajoutent la formation et l'entraînement mili-
taire du fascisme, des bataillons, de leurs conducteurs ; on
comprend pour quelles fins et contre quels ennemis ; ils
dressent enfin leurs listes noires; bref, tout l'appareil du
terrorisme perfectionné de l'an 31.
Pour que ces groupements aient pu naître, se dévelop-
per et atteindre ce degré d'efficience, il a fallu la conjonc-
tion de deux causes, dont une eût été déjà fort dangereuse,
même sans le concours de l'autre, mais dont la réunipn
devait fatalement aboutir aux pires violences. '*_'■■
La première de ces causes, nous l'avons indiquée plus
haut, c'est la propagande effrénée que poursuivent depuis
1920 les protagonistes de l'antisémitisme, encouragée par
la faiblesse ou la complaisance des différents ministères qui
se sont succédé à Bucarest. La Roumanie, -il est .vrai, consti-
tuait pour eux, traditionnellement, une terre d'élection. A
l'époque où l'antijudaïsme ne sévissait, à l'état aigu, dans
aucun autre pays de l'Europe civilisée, dès 1840, les Princi-
pautés danubiennes en étaient devenues le refuge et le foyer.
Le préjugé religieux n'en était pas lé facteur prépondérant,
ni mêmei l'idée raciale, encore inconnue i^-^upj^^rien-
taux ; mais plutôt l'intérêt de classe, la jalousie et la peur
économiques. Mal entraîné au travail, assez désarmé dans
la 'lutte pour l'existence, le Roumain redoutait dans le juif
un concurrent actif et habile, intelligent et ambitieux ; chez
les peuples de civilisation aussi peu avancée, étranger est
synonyme d'ennemi. On traitait le juif en étranger, donc
en ennemi. La Constitution se dressait pour lui interdire
— sauf baptême, et encore ! — l'accès delà cité. Lés classes
dirigeantes, grands et petits boïards, décoraient leur xéno-
, phobie du nom de protection et de défense nationales. Aucun -
parti quijhe leur fût hostile, et, durant plus d'un demi-siècle,
leur politique consista presque exclusivement à écarter les
israélites indigènes non seulement de la vie publique, mais
(1) Fils d'un professeur de droit qui, voici trois ans, tiiaid'un coup
de revolver M. Afenciu, préfet de police, qui s'efforçait de protéger la
vie deg juifs contre les violences d'une foule hostile »
Les organisations antijuives et le gou-
vernement roumain. Alfred BERL
Lettre de Pologne : La population juive
lutté pour l'existence. D' A. T.
En Roumanie : Le gouvernement et les
désordres antijuifs. ISAS
Missim Behar. Jaoques BIQART
i
L'oeuvre soolaire .de I' « Alliance
Israélite ».
A travers les Communautés Israélites
d'Orient. — Visite des Ecoles 4e
I' « Alliance Israélite » (Suite). Y.-D. SEMACH
Les organisations antijuives
et le gouvernement roumain
L'état de trouble que traverse la Roumanie s'est ag-
gravé depuis trois mois ; la propagande antisémite n'a pas
laissé d'y porter ses fruits. Le désordre moral n'est pas
moindre que le désordre matériel.
La guerre déclarée par les étudiants chrétiens à leurs
collègues israélites de l'Université n'a cessé de s'envenimer.
D'ailleurs, le prétexte initial qui avait présidé à la genèse
de l'agitation, à savoir le soi-disant refus des Israélites de
fournir des cadavres pour la dissection, est depuis long-
temps oublié. La prétention d'imposer un numerus clausw
est également dépassée : c'est ^'itiw^-exelusioncompjète
qu'il s'agit à présent : de même les excès ne se bornent plus
au bris de vitres, aux sévices individuels contre les passants
inoffensifs suspectés d'être juifs ; le programme actuel des
Croix gammées, c'est le pillage, la destniction:dej maisons,
de quartiers entiers dans les bourgades et les villes, $e. sont
tes pogromes préparés de longue main, c'est le meuf tre qui
éclate ici, là, en maint endroit à la fois.et se propage, non
pair une génération spontanée et contagieuse, mais comme
un complot aux vastes ramifications, méthodiquement, mi-
nutieusement ourdi, et exécuté sur un mot d'ordre, avec
«autant d'ensemble que de soudaineté. Le sang a déjà coulé,
;t«t "plus seulement le sang juif, niais aussi celui de chrétiens
courageux qui osent défendre le droit de leurs concitoyens
; juifs menacés.
Nous avions signalé dans notre dernier numéro la ten-
tative criminelle dont faillit être victime M. Sokor, le direc-
teur de l'Adeverul, organe traditionnellement dévoué à la
cause du droit et de l'égalité. L'auteur de l'attentat, Procop
Dumitrescu, est un jeune fanatique, émule de l'étudiant
Codreanu (1). Cette fois, le cabinet de Bucarest s'est ému.
Il a mis en branle sa police, habituellement impassible
devant les crimes antijuifs ; l'enquête a amené la découverte
d'organisations très fortes et très étendues, pourvues' de
ressources et de moyens d'action puissants, dont le danger
commence à s'avérer aux yeux les moins clairvoyants.
Ces organismes, « Garde de fer », « Archange Michel »,
s'inspirent des tendances des Hitlériens du Reich, des
Magyars éveillés. Ils empruntent aux bolcheviks leurs
méthodes de propagande, leurs nids, leurs rayons, leurs
cellules : ils y ajoutent la formation et l'entraînement mili-
taire du fascisme, des bataillons, de leurs conducteurs ; on
comprend pour quelles fins et contre quels ennemis ; ils
dressent enfin leurs listes noires; bref, tout l'appareil du
terrorisme perfectionné de l'an 31.
Pour que ces groupements aient pu naître, se dévelop-
per et atteindre ce degré d'efficience, il a fallu la conjonc-
tion de deux causes, dont une eût été déjà fort dangereuse,
même sans le concours de l'autre, mais dont la réunipn
devait fatalement aboutir aux pires violences. '*_'■■
La première de ces causes, nous l'avons indiquée plus
haut, c'est la propagande effrénée que poursuivent depuis
1920 les protagonistes de l'antisémitisme, encouragée par
la faiblesse ou la complaisance des différents ministères qui
se sont succédé à Bucarest. La Roumanie, -il est .vrai, consti-
tuait pour eux, traditionnellement, une terre d'élection. A
l'époque où l'antijudaïsme ne sévissait, à l'état aigu, dans
aucun autre pays de l'Europe civilisée, dès 1840, les Princi-
pautés danubiennes en étaient devenues le refuge et le foyer.
Le préjugé religieux n'en était pas lé facteur prépondérant,
ni mêmei l'idée raciale, encore inconnue i^-^upj^^rien-
taux ; mais plutôt l'intérêt de classe, la jalousie et la peur
économiques. Mal entraîné au travail, assez désarmé dans
la 'lutte pour l'existence, le Roumain redoutait dans le juif
un concurrent actif et habile, intelligent et ambitieux ; chez
les peuples de civilisation aussi peu avancée, étranger est
synonyme d'ennemi. On traitait le juif en étranger, donc
en ennemi. La Constitution se dressait pour lui interdire
— sauf baptême, et encore ! — l'accès delà cité. Lés classes
dirigeantes, grands et petits boïards, décoraient leur xéno-
, phobie du nom de protection et de défense nationales. Aucun -
parti quijhe leur fût hostile, et, durant plus d'un demi-siècle,
leur politique consista presque exclusivement à écarter les
israélites indigènes non seulement de la vie publique, mais
(1) Fils d'un professeur de droit qui, voici trois ans, tiiaid'un coup
de revolver M. Afenciu, préfet de police, qui s'efforçait de protéger la
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