Presse et revues
12 pages
Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 mars 1930 01 mars 1930
Description : 1930/03/01 (A10,N3)-1930/03/31. 1930/03/01 (A10,N3)-1930/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54106788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/09/2008
SOMMAIRE
Le sionisme et le judaïsme français. Alfred BERL
En Roumanie : Les élections municipales. ISAS
L'émigration juive.
La situation en Palestine.
Le président Masaryk et les Juifs.
INFORMATIONS :
1. — Russie Soviétique : Contre la religion.
( Comment on ferme une synagogue.
2. — Afrique du Sud : La population Juive.
8. — Palestine : Immigration et émigration.
4. — Etats-Unis d'Amérique : Le président Taft.
Le Sionisme etle Judaïsme français
Paix et Droit n'est pas sans avoir déjà signalé la pro-
pagande entreprise par les adeptes du sionisme pour
conquérir les sympathies non seulement théoriques, mais
actives du judaïsme français. Jusqu'à présent, on peut l'af-
firmer, leurs appels étaient demeurés sans écho. Néanmoins
leurs auteurs ne semblent pas vouloir renoncer à la partie ;
ils ont organisé une série de conférences, en certains
quartiers de Paris, pour répandre la bonne parole, et
convaincre les incrédules ou les indifférents. Le thème gé-
néral et les tendances sont connus ; mais on en sait moins
la portée, et c'est là-dessus qu'il convient de faire le point.
La pure doctrine sioniste, c'est-à-dire la théorie herz-
lienne de l'Etat juif, qui était soi-disant l'unique recours des
israélites opprimés de l'Europe orientale, paraît actuelle-
ment abandonnée. On ne proclame plus, comme firent, il y
a quelques années, les chefs indiscutés du mouvement, « que
la Palestine devait être juive, comme l'Angleterre est an-
glaise », ni, comme naguère Israël Zangwill, « que l'on achè-
terait à prix d'argent l'exode des Arabes ». Un tel langage,
était compréhensible pendant l'époque héroïque, où le sio-
nisme n'avait pas à redouter la confrontation avec la réalité
brutale, où l'on n'avait pas à se soucier des objections tirées
de la logique, de la raison positive et de la nature des choses :
telles la disproportion entre le nombre des candidats colons
et la capacité nourricière de la Palestine, ou la concurrence
des Arabes possesseurs du sol et de la primauté politique,
qui viennent de rappeler leur existence d'une façon si san-
glante, ou la répugnance des nations chrétiennes à laisser
les Lieux Saints aux mains de la race déicide... Depuis la
déclaration Balfour, le sionisme s'est heurté aux faits; Il
a fallu adapter le programme à la situation nouvelle. L'Etat
juif a donc fait place au Foyer national. Quel est le juif,
disent alors les sionistes, assez indifférent aux souffrances
de ses coreligionnaires déshérités pour leur refuser son en-
tr'aide et renier son devoir de solidarité ? Les juifs français,
libres et prospères, y sont tenus plus que tous les autres ;
d'abord comme juifs conscients de leur tradition ancestrale :
puis, comme Français, de tout temps dévoués à la cause
des opprimés et à celle de leur rédemption matérielle et mo-
rale. Telle est la nouvelle doctrine sioniste, revisée selon
l'opportunité et réduite, au moins en apparence, à des pro-
portions modestes et à un but sagement limité. Et, de fait,
si cette interprétation est sincère et vraie, le judaïsme fran-
çais n'aurait plus à formuler de réserve, ni de scrupule à y
opposer. Mais l'interprétation est-elle véridique, est-elle
exacte ?
Que les chefs du mouvement aient pris conscience des
difficultés, pour ne point dire des impossibilités, qui se
dressent contre la création de l'Etat juif, et qu'ils aient, à
échéance très lointaine, peut-être même, indéfiniment,
ajourné la réalisation de leur rêve, c'est chose probable, et
l'expérience de ces dernières années n'a pu être tout à
fait perdue pour des hommes capables d'ouvrir les yeux
à l'évidence. Mais là où ceux-ci peuvent réfléchir, et
s'amender, la masse ignorante qu'a fanatisée leur prédica-
tion, n'est pas en mesure de se ressaisir ; elle suit la pre-
mière impulsion donnée par ses chefs, malgré ses chefs.
Elle n'entend pas leur nouveau mot d'ordre : tel l'apprenti
sorcier, qui a pu déchaîner les éléments, mais qui est im-
puissant à conjurer leur fureur. Les foules aveugles pour-
suivront leur chimère au risque de leur repos, de leur sécu-
rité, de leur vie. La catastrophe seule pourra leur enlever
leurs illusions.
Par ailleurs, l'assagissement du programme sioniste
est plus apparent que réel. Quand on presse ses partisans,
ils confessent que la Palestine n'est pas un véritable refuge
pour les parias d'Israël. Il n'y a de place, là-bas •— ils le
savent — que pour un maximum de quatre ou cinq-cent
• mille colons, après une immigration vingtennale à laquelle
on aurait laissé toute liberté. Ce qu'ils prétendent fonder
dépasse singulièrement une oeuvre de philanthropie et même
d'assistance fraternelle. Leur but est plus grand : c'est le
réveil de la corisaience juive, qui s'endort et se dissout dans
le bien-être de l'assimilation avec les peuples occidentaux.
Le juif assimilé de France, d'Angleterre, d'Italie, d'Alle-
magne et de Hollande, adopte non seulement la langue et
le costume, mais les habitudes, les moeurs, les sentiments
de ses concitoyens non juifs. II perd les siens propres, ainsi
t que les défauts et les qualités qui l'ont distingué des autres
l nations ; il perd, en même temps, son originalité ; sa per-
t sonnalité ethnique se dilue et se fond dans le creuset na-
, tional.
s | L'émancipation, l'égalité des droits et des charges,
Le sionisme et le judaïsme français. Alfred BERL
En Roumanie : Les élections municipales. ISAS
L'émigration juive.
La situation en Palestine.
Le président Masaryk et les Juifs.
INFORMATIONS :
1. — Russie Soviétique : Contre la religion.
( Comment on ferme une synagogue.
2. — Afrique du Sud : La population Juive.
8. — Palestine : Immigration et émigration.
4. — Etats-Unis d'Amérique : Le président Taft.
Le Sionisme etle Judaïsme français
Paix et Droit n'est pas sans avoir déjà signalé la pro-
pagande entreprise par les adeptes du sionisme pour
conquérir les sympathies non seulement théoriques, mais
actives du judaïsme français. Jusqu'à présent, on peut l'af-
firmer, leurs appels étaient demeurés sans écho. Néanmoins
leurs auteurs ne semblent pas vouloir renoncer à la partie ;
ils ont organisé une série de conférences, en certains
quartiers de Paris, pour répandre la bonne parole, et
convaincre les incrédules ou les indifférents. Le thème gé-
néral et les tendances sont connus ; mais on en sait moins
la portée, et c'est là-dessus qu'il convient de faire le point.
La pure doctrine sioniste, c'est-à-dire la théorie herz-
lienne de l'Etat juif, qui était soi-disant l'unique recours des
israélites opprimés de l'Europe orientale, paraît actuelle-
ment abandonnée. On ne proclame plus, comme firent, il y
a quelques années, les chefs indiscutés du mouvement, « que
la Palestine devait être juive, comme l'Angleterre est an-
glaise », ni, comme naguère Israël Zangwill, « que l'on achè-
terait à prix d'argent l'exode des Arabes ». Un tel langage,
était compréhensible pendant l'époque héroïque, où le sio-
nisme n'avait pas à redouter la confrontation avec la réalité
brutale, où l'on n'avait pas à se soucier des objections tirées
de la logique, de la raison positive et de la nature des choses :
telles la disproportion entre le nombre des candidats colons
et la capacité nourricière de la Palestine, ou la concurrence
des Arabes possesseurs du sol et de la primauté politique,
qui viennent de rappeler leur existence d'une façon si san-
glante, ou la répugnance des nations chrétiennes à laisser
les Lieux Saints aux mains de la race déicide... Depuis la
déclaration Balfour, le sionisme s'est heurté aux faits; Il
a fallu adapter le programme à la situation nouvelle. L'Etat
juif a donc fait place au Foyer national. Quel est le juif,
disent alors les sionistes, assez indifférent aux souffrances
de ses coreligionnaires déshérités pour leur refuser son en-
tr'aide et renier son devoir de solidarité ? Les juifs français,
libres et prospères, y sont tenus plus que tous les autres ;
d'abord comme juifs conscients de leur tradition ancestrale :
puis, comme Français, de tout temps dévoués à la cause
des opprimés et à celle de leur rédemption matérielle et mo-
rale. Telle est la nouvelle doctrine sioniste, revisée selon
l'opportunité et réduite, au moins en apparence, à des pro-
portions modestes et à un but sagement limité. Et, de fait,
si cette interprétation est sincère et vraie, le judaïsme fran-
çais n'aurait plus à formuler de réserve, ni de scrupule à y
opposer. Mais l'interprétation est-elle véridique, est-elle
exacte ?
Que les chefs du mouvement aient pris conscience des
difficultés, pour ne point dire des impossibilités, qui se
dressent contre la création de l'Etat juif, et qu'ils aient, à
échéance très lointaine, peut-être même, indéfiniment,
ajourné la réalisation de leur rêve, c'est chose probable, et
l'expérience de ces dernières années n'a pu être tout à
fait perdue pour des hommes capables d'ouvrir les yeux
à l'évidence. Mais là où ceux-ci peuvent réfléchir, et
s'amender, la masse ignorante qu'a fanatisée leur prédica-
tion, n'est pas en mesure de se ressaisir ; elle suit la pre-
mière impulsion donnée par ses chefs, malgré ses chefs.
Elle n'entend pas leur nouveau mot d'ordre : tel l'apprenti
sorcier, qui a pu déchaîner les éléments, mais qui est im-
puissant à conjurer leur fureur. Les foules aveugles pour-
suivront leur chimère au risque de leur repos, de leur sécu-
rité, de leur vie. La catastrophe seule pourra leur enlever
leurs illusions.
Par ailleurs, l'assagissement du programme sioniste
est plus apparent que réel. Quand on presse ses partisans,
ils confessent que la Palestine n'est pas un véritable refuge
pour les parias d'Israël. Il n'y a de place, là-bas •— ils le
savent — que pour un maximum de quatre ou cinq-cent
• mille colons, après une immigration vingtennale à laquelle
on aurait laissé toute liberté. Ce qu'ils prétendent fonder
dépasse singulièrement une oeuvre de philanthropie et même
d'assistance fraternelle. Leur but est plus grand : c'est le
réveil de la corisaience juive, qui s'endort et se dissout dans
le bien-être de l'assimilation avec les peuples occidentaux.
Le juif assimilé de France, d'Angleterre, d'Italie, d'Alle-
magne et de Hollande, adopte non seulement la langue et
le costume, mais les habitudes, les moeurs, les sentiments
de ses concitoyens non juifs. II perd les siens propres, ainsi
t que les défauts et les qualités qui l'ont distingué des autres
l nations ; il perd, en même temps, son originalité ; sa per-
t sonnalité ethnique se dilue et se fond dans le creuset na-
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s | L'émancipation, l'égalité des droits et des charges,
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